Texte intégral
La santé, cest la vie. Rien nest plus important, et par conséquent, rien nest plus injuste que les inégalités face à la maladie, mais aussi que les inégalités daccès aux soins et à la santé. Si les premières sont le fait du destin, il nous appartient de lutter avec acharnement contre les secondes.
Ces inégalités sont des inégalités territoriales. Tous les territoires ne sont pas également dotés quand il sagit de se soigner ; certains sont de véritables déserts médicaux.
Ces inégalités sont des inégalités sociales. La maladie touche davantage les plus démunis, ceux dont le travail est pénible, ceux qui nont pas les moyens de soffrir et doffrir à leurs enfants la meilleure alimentation.
Ces inégalités sont aussi liées à lâge. Vivre plus longtemps est certainement le marqueur du progrès dune société. Mais cela pose des défis immenses, notamment pour que cette vie plus longue soit une vie en bonne santé.
Et ces inégalités sont aussi liées au handicap. Le handicap qui met mal à laise, le handicap qui fait détourner le regard. Et finalement, le handicap que lon ne voit plus, alors quil est là et quil appelle une attention particulière, parfois un accompagnement particulier, pour que les personnes handicapées puissent être prises en charge « comme tout le monde ». Cest bien cela lenjeu : tenir compte des situations particulières pour assurer légalité entre tous.
Actuellement, les personnes handicapées sont trop souvent oubliées des actions de prévention et de santé publique.
Parce que lexpression de leur douleur nest pas habituelle, elle nest pas entendue. Ou mal entendue, mal interprétée.
Parce que la spécificité de leur situation nest pas prise en compte, ces personnes passent largement au travers des campagnes de prévention. Parce quelles sont écartées du marché de lemploi, elles le sont aussi de la médecine du travail, subissant une sorte de double peine. Les difficultés à mener une vie ordinaire, dans lécole, dans lentreprise, dans la cité, se traduisent par une prise en charge sanitaire qui nest pas non plus ordinaire, qui nest pas celle de tout un chacun.
Les personnes handicapées ont également plus de difficultés que les autres à bénéficier de soins courants : soins bucco-dentaires, gynécologie, ophtalmologie, orthodontie, etc
Bien souvent, cest à lhôpital que ces soins, pourtant simples, doivent être réalisés. Et parfois en urgence, avec toutes les difficultés que cela engendre, pour les personnes handicapées, leur entourage et aussi le personnel soignant.
Au final, les personnes handicapées sont plus exposées que la population générale, non seulement du fait de leur handicap qui les prédispose à un risque plus élevé, mais également du fait dune prise en charge insuffisante ou inadéquate.
Les raisons de cette situation sont multiples : la mauvaise accessibilité des lieux de soins ou la délicate coordination des intervenants entre secteurs médico-social et sanitaire sont deux écueils majeurs.
Les réticences des personnes handicapées elles- mêmes constituent parfois un obstacle.
Mais je crois que le cur du problème, cest la méconnaissance mutuelle.
Nous devons, tous, la société entière, nous familiariser avec cette différence quest le handicap. Et en particulier les professionnels de santé.
Nous le devons pour que plus aucune demande de soins ne soit refusée du seul fait du handicap. Nous le devons pour que plus aucune personne handicapée ne ressorte des urgences sans les soins dont elle a besoin. Et si possible pour quelle évite les urgences quand cela nest pas indispensable. Nous le devons aux personnes handicapées dont la santé mérite dêtre protégée au même titre que tout autre personne.
Laccès aux soins et à la santé des personnes handicapées est pour moi une priorité. Et une préoccupation partagée, comme en témoigne la présence aujourdhui de la Ministre de la Santé.
Un sujet que nous avons dailleurs travaillé ensemble en vue du Comité Interministériel du Handicap que jai souhaité réactiver avec laccord du Premier Ministre, alors quil navait jamais été réuni depuis sa création.
Ce sera un rendez-vous majeur pour les personnes handicapées et tous ceux qui les accompagnent. Un rendez-vous qui témoigne de limplication collective de notre Gouvernement pour améliorer la prise en charge du handicap. Un rendez-vous qui traduit notre attachement à la solidarité vis-à-vis de nos concitoyens qui connaissent, temporairement ou durablement, une situation de vulnérabilité.
Laccès aux soins et à la santé est lun des points qui sera abordé à loccasion de ce Comité Interministériel. Nous le ferons avec la volonté ferme daméliorer :
- laccès aux soins courants en sappuyant sur la réorganisation de loffre de premier recours ;
- la prise en charge hospitalière des personnes handicapées en donnant aux établissements de santé les outils nécessaires à un accueil adapté ;
- laccessibilité des lieux de soins grâce à des efforts dorganisation, dinformation, et dun meilleur accompagnement des professionnels de santé, on peut améliorer laccueil des personnes handicapées et de leur famille ;
- laccès à la prévention au plan individuel à travers lamélioration du suivi médical et au plan collectif par ladaptation des actions de santé publique ;
- les pratiques des professionnels de santé par une sensibilisation accrue au handicap lors de leur formation, le développement de la recherche et la diffusion de recommandations de bonnes pratiques ;
- la contribution du secteur médico-social à cet accès aux soins, grâce notamment à une coordination accrue avec le secteur sanitaire ;
- enfin ou plutôt, avant tout, notre connaissance du recours aux soins et du parcours des personnes handicapées.
Il est trop tôt pour que jentre davantage dans le détail mais sachez que le cap est fixé et que des décisions seront prises à lissue du CIH.
Ce travail sappuie sur de nombreuses contributions : laudition publique organisée par la HAS en 2008, les conclusions du groupe de travail « Accès aux soins » du CNCPH, les recommandations de lANESM Et bien sûr le rapport qui nous est remis aujourdhui mais sur lequel nous travaillons depuis près de 2 mois. Ce rapport est dune grande richesse et couvre lensemble des sujets à travers plus dune centaine de propositions.
Ce rapport est précieux car il part de la parole des principaux concernés : les personnes handicapées, les aidants et les professionnels. Il révèle les écarts entre leurs attentes et le système de santé actuel pour en proposer une amélioration.
La méthode est originale puisque elle repose autant sur lécrit que sur limage. Marisol Touraine et moi avions demandé un rapport : il est là, et en plus, il est accompagné de deux films : « si tu savais » que nous avons découvert le 15 janvier et maintenant « Si on voulait ».
Enfin, cest une uvre collective comme en témoigne votre présence aujourdhui. Donc merci à tous.
Et merci en particulier à Pascal Jacob. Jai déjà eu loccasion de le faire plusieurs fois, en privé et en public, mais je tiens encore à vous dire toute mon estime pour le travail accompli.
Un travail qui participe à dessiner une société plus solidaire et plus soudée. Une société plus respectueuse des différences. Une société conforme à notre idéal républicain.
Je vous remercie.
Source http://www.social-sante.gouv.fr, le 7 juin 2013