Déclaration de Mme Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé, sur la recherche en santé publique et la modernisation du système de santé, Paris le 15 avril 2013.

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Circonstance : Rencontres scientifiques du réseau doctoral à Paris le 15 avril 2013

Texte intégral


Je tenais à vous remercier chaleureusement d’être venus au ministère des Affaires sociales et de la Santé pour participer aux rencontres scientifiques du réseau doctoral. Je sais que la majorité d’entre vous est venue de loin, et même de l’étranger, pour échanger et pour partager ses expériences. Votre présence témoigne ainsi, si besoin était, de la vitalité de la recherche française en santé publique.
Il est pour moi essentiel de venir m’adresser régulièrement aux étudiants, aux jeunes médecins en formation, aux chercheurs de demain. La jeunesse est le premier atout de notre pays. C’est la raison pour laquelle elle est la première priorité du gouvernement.
Pour préparer l’avenir, il est indispensable de se tourner vers la jeunesse. Nous avons besoin de vous pour nous projeter, pour construire la santé de demain, et pour faire face aux enjeux, si nombreux, que nous devons collectivement affronter.
Vous êtes les futurs professionnels de santé publique. Il vous revient donc de perpétuer l’excellence de notre système de soins. Cette responsabilité, vous en avez conscience, est immense.
Vos talents et vos savoir-faire vous permettront d’oeuvrer dans de nombreux secteurs. Certains d’entre vous travailleront dans des laboratoires de recherche et seront à l’origine de premières mondiales. D’autres feront le choix de s’engager dans l’administration, au service du plus grand nombre et de l’intérêt général. D’autres encore, opteront pour l’industrie et inventeront les traitements de demain. D’autres enfin, prendront la décision de s’orienter vers les organisations internationales et contribueront à la défense de ce bien public mondial, si précieux, qu’est la santé.
Chacun d’entre vous, au poste qu’il occupera, jouera un rôle décisif.
Je n’oublie pas non plus les professionnels en exercice. Je sais d’ailleurs que vous êtes nombreux à déjà exercer une activité. Le Réseau doctoral permet en effet à des directeurs hospitaliers, à des élèves directeurs, à des médecins ou à des professeurs de s’inscrire en thèse. Ainsi, près de 20% d’entre vous conduisent leurs travaux de recherche en parallèle de leur activité professionnelle.
Je veux vous assurer d’une chose : la modernisation de notre système de santé, nous ne la mènerons pas sans nos chercheurs en santé publique. Nous ne la conduirons pas sans vous.
La santé publique occupe une place centrale dans la stratégie nationale de santé, dont le Premier ministre m’a confié la responsabilité. C’est en nous appuyant sur elle que nous ferons progresser la prévention et donc que nous lutterons efficacement contre les inégalités de santé. Il nous faudra aussi avancer dans le champ de l’éducation thérapeutique, qui est un domaine primordial dans lequel nous accusons encore un trop grand retard.
Mesdames et messieurs,
Parce qu’il est un outil au service du progrès en santé publique, le réseau doctoral est une initiative dont je tiens aujourd’hui à saluer l’exemplarité. En fédérant 10 écoles doctorales au niveau national, il a permis, depuis 5 ans, à une centaine de doctorants de conduire une thèse originale en santé publique.
Dans ses méthodes et dans son approche, le réseau doctoral est un outil résolument moderne et tourné vers l’avenir.
Il illustre cette conviction que nous partageons : la recherche en santé publique doit s’ouvrir.
a/ S’ouvrir, tout d’abord, à toutes les disciplines, à toutes les méthodes et à toutes les approches.
Je crois par exemple que notre pays a pris trop de retard dans les champs de la recherche en économie de la santé, en sciences sociales et humaines appliquées, ou encore en droit sanitaire. Les politiques de santé sont intrinsèquement liées aux enjeux sociétaux, éthiques, juridiques et économiques.
La première force du réseau doctoral, c’est donc d’avoir su associer à la formation par la recherche une formation complémentaire. Il vous est ainsi permis, chers doctorants, de suivre des cours, des séminaires et des conférences qui favorisent l’interdisciplinarité.
La recherche en santé doit se mêler et s’ouvrir à toutes les disciplines. C’est là l’unique moyen de disposer d’un éclairage scientifique pertinent et utile sur les grands défis auxquels nous devons faire face.
b/ Ensuite, je suis convaincue qu’il faut accélérer l’ouverture de la recherche française en santé publique sur le reste du monde.
Les maladies, les pandémies et les virus ne connaissent pas les frontières. C’est pourquoi il est essentiel d’associer tous les talents et toutes les forces pour porter le progrès dans le champ de la santé. Je sais que le réseau doctoral vous incite à mener une partie de vos travaux dans des universités étrangères, et y compris parmi les plus prestigieuses du monde, telles qu’Harvard ou Oxford. Cette ouverture internationale est le moyen, pour les équipes françaises, de tisser des collaborations essentielles au rayonnement de notre pays.
Au-delà même de cette journée, il est fondamental que nos réflexions nous permettent d’imaginer et de forger la santé publique de demain.
Il nous revient tout d’abord de relever le défi du vieillissement de notre population. Il nous faut aussi apporter de nouvelles réponses dans les champs de la santé des jeunes, de la santé mentale et des grandes pathologies chroniques. Il nous faut aller de l’avant pour parvenir à mieux intégrer les personnes en situation de handicap.
La recherche en santé publique doit enfin franchir une nouvelle étape pour mieux prendre en compte les contraintes économiques : nous avons un devoir de qualité et d’efficience pour mieux maîtriser les dépenses de santé.
Voilà les grandes questions auxquelles doit répondre, dès aujourd’hui, la recherche en santé publique. Pour y parvenir, je sais aussi pouvoir compter sur l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique. L’Ecole dont vous êtes le tout nouveau directeur, cher Laurent CHAMBAUD, se situe à la confluence de deux exigences, dont elle doit cultiver l’excellence. La première, c’est celle de la formation des cadres appelés à servir dans le secteur de la santé publique avec de grandes compétences managériales. La seconde, c’est celle de la recherche appliquée, en partenariat avec les plus grandes universités françaises. L’EHESP est ainsi un outil précieux pour le rayonnement de notre pays, pour imaginer et forger la santé publique de demain.
Dans ce domaine, je suis d’ailleurs certaine que les échanges qui ont rythmé cette journée contribueront à avancer sur ces réflexions majeures pour l’avenir de nos concitoyens.
Je vous remercie.
Source www.ehesp.fr, le 11 juin 2013