Texte intégral
STEPHANE SOUMIER
On rentre avec Fleur PELLERIN, bonjour Fleur PELLERIN.
FLEUR PELLERIN
Bonjour.
STEPHANE SOUMIER
Je suis absolument ravi de vous recevoir.
FLEUR PELLERIN
Merci.
STEPHANE SOUMIER
Vous portez en fait les deux vrais grands sujets qui sont les sujets de nos auditeurs téléspectateurs. On va démarrer, on va parler ensemble des PME, et puis il y a quand même la prospective, alors il y a un rendez-vous très particulier, là aujourdhui, pour le gouvernement, mais globalement la prospective et léconomie numérique cest votre sujet. Mais on démarre avec les PME, est-ce que cest une nouvelle rentrée dans lincertitude économique pour les PME, Madame PELLERIN ?
FLEUR PELLERIN
Je crois quil ne faut pas parler dincertitude. Nous avons mis en place et je regardais justement, je faisais mon travail juste avant de venir dans votre émission je regardais toutes les mesures que nous avons mises en place au cours de lannée passée en faveur des PME, quil sagisse de la trésorerie, de favoriser linvestissement, de favoriser lemploi, et en réalité nous avons posés des jalons au cours de lannée passée, et je compte bien, moi, quelles produisent leurs effets dans lannée qui vient. Je comprends très bien lincertitude de nos concitoyens et en particulier des chefs dentreprise, qui se disent « mais la croissance sera-t-elle là, puis-je embaucher, puis-je investir ? », je crois que nous avons fait en sorte de profiter au maximum des instruments dont nous disposions pour créer le meilleur environnement possible pour les PME. Et donc, je comprends à la fois ce climat un petit peu dincertitude que peuvent ressentir les entrepreneurs, mais je leur dis, nous avons mis en place les instruments qui vont vous permettre dinvestir, davoir confiance en lavenir, daller conquérir de nouveaux marchés, et je pense que ces instruments vont produire leurs effets cette année.
STEPHANE SOUMIER
Le problème, Madame, alors il y a un double problème, il y a un problème macroéconomique, dont on va parler ensemble, mais il y a un problème gouvernemental, cest des signaux contradictoires. C'est-à-dire quon sort des Assises et alors pour le coup cest toujours très compliqué de vous recevoir parce que, vous, globalement, on sent bien que vous essayez de toutes vos forces de porter l'entrepreneuriat, mais face à cela on a par exemple, boom, la loi HAMON qui tombe, économie sociale et solidaire, je pense que vous avez suivi ça cet été, c'est-à-dire lidée de prévenir les salariés en cas de cession dentreprise qui tombe, et qui on ne va pas parler ensemble de la loi HAMON, ce nest pas votre sujet mais qui envoie un signe, qui est un signe qui pourrait faire penser aux chefs dentreprise que non, finalement, ce gouvernement na toujours pas compris comment marchait une entreprise.
FLEUR PELLERIN
Je ne crois pas quil faille prendre les choses de cette façon. Nous sommes un gouvernement de gauche, mais qui est ouvert à, à la fois l'entrepreneuriat, qui veut créer les conditions, de la croissance, de linvestissement, de lemploi dans les entreprises, et donc nous favorisons les équilibres. Je pense quon peut avoir une politique qui est favorable aux entreprises, mais qui en même temps essaye de créer de nouvelles garanties pour les salariés, essaye de créer un équilibre entre les intérêts des chefs dentreprise et les intérêts des salariés, je crois que cest ça le sens de la politique que nous menons, ce ne sont pas des signaux contradictoires, cest la recherche dun équilibre qui favorise à la fois les droits sociaux des salariés et qui permette en même temps aux entrepreneurs dévoluer dans un environnement qui soit favorable à la création demplois et à linvestissement. Donc je pense que vraiment il ne faut pas laborder dune manière qui soit toujours conflictuelle.
STEPHANE SOUMIER
Mais non, et vous le savez dailleurs, cest compliqué pour vous, je le répète, mais cest un point fondamental. Je comprends tout ce que vous dites Madame PELLERIN, et je pense que beaucoup de chefs dentreprise sont prêts à écouter ce que vous dites, sauf que du jour au lendemain on a limpression que vous êtes en capacité de changer des éléments, mais qui sont des éléments fondamentaux dans la conduite de long terme des entreprises.
FLEUR PELLERIN
Je crois que nous faisons, nous avons envoyé des signaux encore, vous lavez rappelé tout à lheure, très récemment, lors des Assises de l'entrepreneuriat, qui ont été conclues par le président de la République.
STEPHANE SOUMIER
Cest vrai.
FLEUR PELLERIN
Nous avons envoyé un certain nombre de signaux depuis lannée dernière, il y a eu le Pacte national pour la compétitivité, la croissance et lemploi, il y a eu laccord national interprofessionnel, par lequel nous avons créé les conditions dune flexibilisation du marché du travail, il faut bien lappeler comme ça, et donc ça ce nétait pas évident pour un gouvernement de gauche de le faire, nous lavons fait néanmoins.
STEPHANE SOUMIER
Tout à fait.
FLEUR PELLERIN
Nous avons créé la Banque Publique dInvestissement, nous en faisions le bilan juste avant les vacances, la Banque Publique dInvestissement a commencé à investir massivement. Nous créons des fonds dinvestissement grâce à cet instrument, à cette Banque Publique, qui va permettre de réinjecter du financement, de largent, issu de lépargne, notamment de nos concitoyens, dans léconomie, cet argent qui fait défaut parce que les banques aujourdhui sont contraintes par de nouvelles formes de régulation prudentielle. Donc, aujourdhui, nous avons mis en place ces instruments-là, il y a eu les Assises de l'entrepreneuriat par lesquelles nous avons pris un certain nombre de mesures qui sont très favorables, qui sont des signaux très positifs, et qui ont été perçus comme tels par les entrepreneurs. Maintenant je pense que la plus grande crainte des entrepreneurs elle est liée au contexte macroéconomique, et je pense que tous les signaux que nous avons envoyés, et pas seulement les signaux dailleurs, les actions que nous avons mises en oeuvre, et qui continueront à être mises en oeuvre dans le cadre du projet de loi de finances pour lannée prochaine, puisquun certain nombre de promesses qui ont été faites seront actées dans le cadre de la loi de finances, eh bien ce sont des actes concrets qui montrent bien vers quelle orientation se dirige ce gouvernement.
STEPHANE SOUMIER
On va y venir, mais jai encore une question. Vous allez me dire cest une question idiote, cest une question classique ni Jean-Marc AYRAULT, ni François HOLLANDE, ne vont à lUniversité du MEDEF, lUniversité dété du MEDEF. Vous allez me dire, cest idiot, mais simplement, ça fait partie de ces espèces de petits symboles où on se dit, mais est-ce quils ne sont pas en train de jouer un jeu étrange, avec justement le patronat, avec justement les entreprises ? Vous comprenez Madame PELLERIN, le sens de la question ?
FLEUR PELLERIN
Oui, mais François HOLLANDE, le président de la République, la semaine dernière, cétait il y a peu de temps, a fait un certain nombre de déplacements, il a rencontré des chefs dentreprise, il est allé visiter des entreprises, ce nest pas un signe de défiance. Lannée dernière Jean-Marc AYRAULT était présent, il y avait six ou sept ministres qui étaient présents aux Universités dété du MEDEF.
STEPHANE SOUMIER
Oui, pas cette année. Forcément on va dire il y a un bug, il y a un truc.
FLEUR PELLERIN
Cette année il y a un certain nombre de dossiers qui impliquent des consultations, la réforme des retraites, vous en avez parlé tout à lheure, il y a beaucoup de dossiers qui impliquent de consulter à la fois les organisations syndicales, mais aussi les organisations patronales, donc ce nest pas parce que le Premier ministre et le président de la République ne sont pas à Jouy-en-Josas la semaine prochaine, quils ne voient pas de manière quasi-hebdomadaire les responsables des organisations patronales.
STEPHANE SOUMIER
Et en termes macroéconomique on a limpression que le gouvernement se laisse faire, que vous vous laissez porter par le cycle finalement.
FLEUR PELLERIN
Ah non je vous rappelais tout à lheure un certain nombre de mesures que nous avons mises en oeuvre.
STEPHANE SOUMIER
Oui, les éléments de structure, je veux bien, mais
FLEUR PELLERIN
Le Pacte national pour la compétitivité, la croissance et lemploi, avec le crédit impôt compétitivité emploi, cest quand même un coût, en année pleine, de 20 milliards deuros, on ne peut pas dire que ce soit
STEPHANE SOUMIER
Oui, mais ce nest pas pour maintenant.
FLEUR PELLERIN
Si, mais bien sûr que si.
STEPHANE SOUMIER
Non, ce nest pas pour maintenant, parce quil nest pas massivement adopté par les entreprises, qui justement, et cest un signe de cette incertitude
FLEUR PELLERIN
Je crois quil y a une confusion entre les gens qui font les chefs dentreprise qui optent pour le préfinancement du crédit impôt compétitivité emploi, c'est-à-dire qui demandent
STEPHANE SOUMIER
Oui, cest ça que vous espériez.
FLEUR PELLERIN
Mais ça représente déjà 6 ou 700 millions deuros jusquà présent, cest quand même beaucoup.
STEPHANE SOUMIER
Non
FLEUR PELLERIN
700 millions deuros cest beaucoup, cest seulement le préfinancement, mais à partir de cette année lensemble des entreprises, qui emploient des personnes qui sont payées en dessous de 2,5 fois le SMIC, seront bénéficiaires. Ce nest pas une question dopter ou de ne pas opter, elles seront de facto bénéficiaires.
STEPHANE SOUMIER
Mais ça cest 2014 !
FLEUR PELLERIN
Cest 2013 et 2014, ça va commencer cette année, et donc je pense que cet instrument, effectivement il y a une petite confusion entre le préfinancement et le fait de pouvoir en bénéficier, toutes les entreprises pourront en bénéficier, donc ça représente une baisse du coût du travail qui est quand même très massive, qui représente pratiquement 10 milliards deuros, enfin 14 milliards cette année et 20 milliards lannée prochaine, donc cest une baisse massive du coût du travail pour les entreprises. Donc, vous ne pouvez pas dire que nous nous laissons porter
STEPHANE SOUMIER
1,5%...
FLEUR PELLERIN
Il y a un certain nombre dinstruments qui ont été mis en place, pour aider les entreprises dans leurs difficultés, pour surmonter leurs difficultés de trésorerie par exemple, des nouveaux prêts pour accompagner linnovation, pour accompagner les PME à lexport, beaucoup de choses ont été mises en oeuvre. Encore une fois, je regardais tout à lheure la liste de toutes ces mesures qui ont été mises en oeuvre, on ne peut pas dire que nous soyons attentistes ou passifs, je crois que cest vraiment tout le contraire.
STEPHANE SOUMIER
Et la reprise est là ou pas Madame PELLERIN, la reprise est là ? Ce que vous dites là, enfin jimagine quil y a des batteries dindicateurs à Bercy, qui moulinent en permanence.
FLEUR PELLERIN
Cest lINSEE qui produit ces indicateurs et effectivement il y a des signaux, dans certains pays, pas seulement la France, au Portugal, en Allemagne, il y a des signaux de redémarrage, de sortie de récession, en tout cas au deuxième trimestre, qui sont encourageants. Maintenant cest vrai quil faut consolider cette reprise et cest bien la raison pour laquelle nous nous mettons en ordre de bataille, et nous sommes en ordre de bataille depuis 1 an, pour essayer de consolider cette reprise que nous attendions impatiemment, mais je crois que nous sommes en mesure daider nos entreprises à en profiter en tout cas, immédiatement.
STEPHANE SOUMIER
Economie numérique, madame STANTON alors je ne sais pas, elle est numéro 2, numéro 3 vous laviez vue dailleurs quand vous aviez été
FLEUR PELLERIN
Oui, oui, à plusieurs reprises.
STEPHANE SOUMIER
A San Francisco, cétait à la fin de lhiver dernier, juste après laffaire DAILYMOTION, elle débarque à Paris, une personnalité considérable au monde dans le monde de léconomie numérique américaine, on va le dire comme ça Madame PELLERIN, même si elle est numéro 2 ou numéro 3 du réseau social Twitter. Est-ce quelle arrive en terre hostile, en France ?
FLEUR PELLERIN
Non.
STEPHANE SOUMIER
On lui parle de plaintes, il y a de nouvelles plaintes déposées contre Twitter, ou on va exiger bientôt alors Twitter ce nest pas encore le sujet malheureusement pour eux mais que les géants du web américain payent davantage dimpôts. Est-ce quelle arrive en terre hostile ?
FLEUR PELLERIN
Non, elle narrive pas du tout en terre hostile. Cest vrai quelle arrive à un moment où Twitter, mais aussi dautres réseaux sociaux, ou dautres plateformes qui opèrent sur Internet, sont soumises à un environnement qui change parce que les Etats se rendent compte quil faut réguler, il faut réguler, il ne faut pas brider linnovation, il ne faut pas empêcher de nouveaux services de se développer, mais il faut réguler. Regardez, David CAMERON en Grande-Bretagne, on ne peut pas le soupçonner dêtre liberticide etc., il sest offusqué du fait que sur Twitter une femme a été la cible dattaques sexistes parce que
STEPHANE SOUMIER
Cest vrai.
FLEUR PELLERIN
Donc lensemble des pays européens, en réalité
STEPHANE SOUMIER
Parce quelle voulait un visage de femme sur un billet de la Banque dAngleterre.
FLEUR PELLERIN
Voilà, sur un billet, Jane AUSTEN, et pourtant cétait une bonne demande. Donc je crois quaujourdhui nous voyons encore cet été récemment des messages à caractère raciste, homophobe, sexiste, dun certain nombre de personnes qui se réfugient derrière lanonymat que procurent ces réseaux sociaux pour se croire tout permis et insulter les uns et les autres, ou des groupes de personnes, à raison de leur religion, de leur orientation politique, sexuelle, etc. Donc cest vrai quil faut trouver aujourdhui un nouveau mode de régulation, parce que ce qui est permis dans lespace public réel ne peut pas lêtre dans lespace public virtuel.
STEPHANE SOUMIER
Et ils sont volontaires pour ça les géants du web ?
FLEUR PELLERIN
Les géants du web se rendent bien compte quils sont forcés aujourdhui de sadapter aux philosophies politiques, à la conception de lEtat de droit qui existe dans les différents pays dans lesquels ils opèrent. Ils doivent bien composer avec ça, et je crois quils le comprennent très bien. Ils ont connu un moment - Twitter est une jeune société, qui a à peine plus de 5 ans ils ont connu un développement exponentiel en termes de nombre dabonnées, de publics touchés au cours des cinq dernières années, aujourdhui ils doivent sinstitutionnaliser un petit peu et faire en sorte que leurs opérations dans les différents pays dans lesquels ils réalisent des bénéfices, ils opèrent, etc., soient adaptées aux cultures juridiques, politiques, et philosophiques, locales. Donc elle narrive pas du tout, bien au contraire, en terre hostile, mais je pense que le fait de vivre en France va lui permettre de mieux, aussi, appréhender notre culture, et moi jen suis ravie.
STEPHANE SOUMIER
Merci dêtre venue nous voir ce matin.
FLEUR PELLERIN
Merci à vous.
STEPHANE SOUMIER
Fleur PELLERIN, avec nous sur BFM BUSINESS
source : Service d'information du Gouvernement, le 20 août 2013
On rentre avec Fleur PELLERIN, bonjour Fleur PELLERIN.
FLEUR PELLERIN
Bonjour.
STEPHANE SOUMIER
Je suis absolument ravi de vous recevoir.
FLEUR PELLERIN
Merci.
STEPHANE SOUMIER
Vous portez en fait les deux vrais grands sujets qui sont les sujets de nos auditeurs téléspectateurs. On va démarrer, on va parler ensemble des PME, et puis il y a quand même la prospective, alors il y a un rendez-vous très particulier, là aujourdhui, pour le gouvernement, mais globalement la prospective et léconomie numérique cest votre sujet. Mais on démarre avec les PME, est-ce que cest une nouvelle rentrée dans lincertitude économique pour les PME, Madame PELLERIN ?
FLEUR PELLERIN
Je crois quil ne faut pas parler dincertitude. Nous avons mis en place et je regardais justement, je faisais mon travail juste avant de venir dans votre émission je regardais toutes les mesures que nous avons mises en place au cours de lannée passée en faveur des PME, quil sagisse de la trésorerie, de favoriser linvestissement, de favoriser lemploi, et en réalité nous avons posés des jalons au cours de lannée passée, et je compte bien, moi, quelles produisent leurs effets dans lannée qui vient. Je comprends très bien lincertitude de nos concitoyens et en particulier des chefs dentreprise, qui se disent « mais la croissance sera-t-elle là, puis-je embaucher, puis-je investir ? », je crois que nous avons fait en sorte de profiter au maximum des instruments dont nous disposions pour créer le meilleur environnement possible pour les PME. Et donc, je comprends à la fois ce climat un petit peu dincertitude que peuvent ressentir les entrepreneurs, mais je leur dis, nous avons mis en place les instruments qui vont vous permettre dinvestir, davoir confiance en lavenir, daller conquérir de nouveaux marchés, et je pense que ces instruments vont produire leurs effets cette année.
STEPHANE SOUMIER
Le problème, Madame, alors il y a un double problème, il y a un problème macroéconomique, dont on va parler ensemble, mais il y a un problème gouvernemental, cest des signaux contradictoires. C'est-à-dire quon sort des Assises et alors pour le coup cest toujours très compliqué de vous recevoir parce que, vous, globalement, on sent bien que vous essayez de toutes vos forces de porter l'entrepreneuriat, mais face à cela on a par exemple, boom, la loi HAMON qui tombe, économie sociale et solidaire, je pense que vous avez suivi ça cet été, c'est-à-dire lidée de prévenir les salariés en cas de cession dentreprise qui tombe, et qui on ne va pas parler ensemble de la loi HAMON, ce nest pas votre sujet mais qui envoie un signe, qui est un signe qui pourrait faire penser aux chefs dentreprise que non, finalement, ce gouvernement na toujours pas compris comment marchait une entreprise.
FLEUR PELLERIN
Je ne crois pas quil faille prendre les choses de cette façon. Nous sommes un gouvernement de gauche, mais qui est ouvert à, à la fois l'entrepreneuriat, qui veut créer les conditions, de la croissance, de linvestissement, de lemploi dans les entreprises, et donc nous favorisons les équilibres. Je pense quon peut avoir une politique qui est favorable aux entreprises, mais qui en même temps essaye de créer de nouvelles garanties pour les salariés, essaye de créer un équilibre entre les intérêts des chefs dentreprise et les intérêts des salariés, je crois que cest ça le sens de la politique que nous menons, ce ne sont pas des signaux contradictoires, cest la recherche dun équilibre qui favorise à la fois les droits sociaux des salariés et qui permette en même temps aux entrepreneurs dévoluer dans un environnement qui soit favorable à la création demplois et à linvestissement. Donc je pense que vraiment il ne faut pas laborder dune manière qui soit toujours conflictuelle.
STEPHANE SOUMIER
Mais non, et vous le savez dailleurs, cest compliqué pour vous, je le répète, mais cest un point fondamental. Je comprends tout ce que vous dites Madame PELLERIN, et je pense que beaucoup de chefs dentreprise sont prêts à écouter ce que vous dites, sauf que du jour au lendemain on a limpression que vous êtes en capacité de changer des éléments, mais qui sont des éléments fondamentaux dans la conduite de long terme des entreprises.
FLEUR PELLERIN
Je crois que nous faisons, nous avons envoyé des signaux encore, vous lavez rappelé tout à lheure, très récemment, lors des Assises de l'entrepreneuriat, qui ont été conclues par le président de la République.
STEPHANE SOUMIER
Cest vrai.
FLEUR PELLERIN
Nous avons envoyé un certain nombre de signaux depuis lannée dernière, il y a eu le Pacte national pour la compétitivité, la croissance et lemploi, il y a eu laccord national interprofessionnel, par lequel nous avons créé les conditions dune flexibilisation du marché du travail, il faut bien lappeler comme ça, et donc ça ce nétait pas évident pour un gouvernement de gauche de le faire, nous lavons fait néanmoins.
STEPHANE SOUMIER
Tout à fait.
FLEUR PELLERIN
Nous avons créé la Banque Publique dInvestissement, nous en faisions le bilan juste avant les vacances, la Banque Publique dInvestissement a commencé à investir massivement. Nous créons des fonds dinvestissement grâce à cet instrument, à cette Banque Publique, qui va permettre de réinjecter du financement, de largent, issu de lépargne, notamment de nos concitoyens, dans léconomie, cet argent qui fait défaut parce que les banques aujourdhui sont contraintes par de nouvelles formes de régulation prudentielle. Donc, aujourdhui, nous avons mis en place ces instruments-là, il y a eu les Assises de l'entrepreneuriat par lesquelles nous avons pris un certain nombre de mesures qui sont très favorables, qui sont des signaux très positifs, et qui ont été perçus comme tels par les entrepreneurs. Maintenant je pense que la plus grande crainte des entrepreneurs elle est liée au contexte macroéconomique, et je pense que tous les signaux que nous avons envoyés, et pas seulement les signaux dailleurs, les actions que nous avons mises en oeuvre, et qui continueront à être mises en oeuvre dans le cadre du projet de loi de finances pour lannée prochaine, puisquun certain nombre de promesses qui ont été faites seront actées dans le cadre de la loi de finances, eh bien ce sont des actes concrets qui montrent bien vers quelle orientation se dirige ce gouvernement.
STEPHANE SOUMIER
On va y venir, mais jai encore une question. Vous allez me dire cest une question idiote, cest une question classique ni Jean-Marc AYRAULT, ni François HOLLANDE, ne vont à lUniversité du MEDEF, lUniversité dété du MEDEF. Vous allez me dire, cest idiot, mais simplement, ça fait partie de ces espèces de petits symboles où on se dit, mais est-ce quils ne sont pas en train de jouer un jeu étrange, avec justement le patronat, avec justement les entreprises ? Vous comprenez Madame PELLERIN, le sens de la question ?
FLEUR PELLERIN
Oui, mais François HOLLANDE, le président de la République, la semaine dernière, cétait il y a peu de temps, a fait un certain nombre de déplacements, il a rencontré des chefs dentreprise, il est allé visiter des entreprises, ce nest pas un signe de défiance. Lannée dernière Jean-Marc AYRAULT était présent, il y avait six ou sept ministres qui étaient présents aux Universités dété du MEDEF.
STEPHANE SOUMIER
Oui, pas cette année. Forcément on va dire il y a un bug, il y a un truc.
FLEUR PELLERIN
Cette année il y a un certain nombre de dossiers qui impliquent des consultations, la réforme des retraites, vous en avez parlé tout à lheure, il y a beaucoup de dossiers qui impliquent de consulter à la fois les organisations syndicales, mais aussi les organisations patronales, donc ce nest pas parce que le Premier ministre et le président de la République ne sont pas à Jouy-en-Josas la semaine prochaine, quils ne voient pas de manière quasi-hebdomadaire les responsables des organisations patronales.
STEPHANE SOUMIER
Et en termes macroéconomique on a limpression que le gouvernement se laisse faire, que vous vous laissez porter par le cycle finalement.
FLEUR PELLERIN
Ah non je vous rappelais tout à lheure un certain nombre de mesures que nous avons mises en oeuvre.
STEPHANE SOUMIER
Oui, les éléments de structure, je veux bien, mais
FLEUR PELLERIN
Le Pacte national pour la compétitivité, la croissance et lemploi, avec le crédit impôt compétitivité emploi, cest quand même un coût, en année pleine, de 20 milliards deuros, on ne peut pas dire que ce soit
STEPHANE SOUMIER
Oui, mais ce nest pas pour maintenant.
FLEUR PELLERIN
Si, mais bien sûr que si.
STEPHANE SOUMIER
Non, ce nest pas pour maintenant, parce quil nest pas massivement adopté par les entreprises, qui justement, et cest un signe de cette incertitude
FLEUR PELLERIN
Je crois quil y a une confusion entre les gens qui font les chefs dentreprise qui optent pour le préfinancement du crédit impôt compétitivité emploi, c'est-à-dire qui demandent
STEPHANE SOUMIER
Oui, cest ça que vous espériez.
FLEUR PELLERIN
Mais ça représente déjà 6 ou 700 millions deuros jusquà présent, cest quand même beaucoup.
STEPHANE SOUMIER
Non
FLEUR PELLERIN
700 millions deuros cest beaucoup, cest seulement le préfinancement, mais à partir de cette année lensemble des entreprises, qui emploient des personnes qui sont payées en dessous de 2,5 fois le SMIC, seront bénéficiaires. Ce nest pas une question dopter ou de ne pas opter, elles seront de facto bénéficiaires.
STEPHANE SOUMIER
Mais ça cest 2014 !
FLEUR PELLERIN
Cest 2013 et 2014, ça va commencer cette année, et donc je pense que cet instrument, effectivement il y a une petite confusion entre le préfinancement et le fait de pouvoir en bénéficier, toutes les entreprises pourront en bénéficier, donc ça représente une baisse du coût du travail qui est quand même très massive, qui représente pratiquement 10 milliards deuros, enfin 14 milliards cette année et 20 milliards lannée prochaine, donc cest une baisse massive du coût du travail pour les entreprises. Donc, vous ne pouvez pas dire que nous nous laissons porter
STEPHANE SOUMIER
1,5%...
FLEUR PELLERIN
Il y a un certain nombre dinstruments qui ont été mis en place, pour aider les entreprises dans leurs difficultés, pour surmonter leurs difficultés de trésorerie par exemple, des nouveaux prêts pour accompagner linnovation, pour accompagner les PME à lexport, beaucoup de choses ont été mises en oeuvre. Encore une fois, je regardais tout à lheure la liste de toutes ces mesures qui ont été mises en oeuvre, on ne peut pas dire que nous soyons attentistes ou passifs, je crois que cest vraiment tout le contraire.
STEPHANE SOUMIER
Et la reprise est là ou pas Madame PELLERIN, la reprise est là ? Ce que vous dites là, enfin jimagine quil y a des batteries dindicateurs à Bercy, qui moulinent en permanence.
FLEUR PELLERIN
Cest lINSEE qui produit ces indicateurs et effectivement il y a des signaux, dans certains pays, pas seulement la France, au Portugal, en Allemagne, il y a des signaux de redémarrage, de sortie de récession, en tout cas au deuxième trimestre, qui sont encourageants. Maintenant cest vrai quil faut consolider cette reprise et cest bien la raison pour laquelle nous nous mettons en ordre de bataille, et nous sommes en ordre de bataille depuis 1 an, pour essayer de consolider cette reprise que nous attendions impatiemment, mais je crois que nous sommes en mesure daider nos entreprises à en profiter en tout cas, immédiatement.
STEPHANE SOUMIER
Economie numérique, madame STANTON alors je ne sais pas, elle est numéro 2, numéro 3 vous laviez vue dailleurs quand vous aviez été
FLEUR PELLERIN
Oui, oui, à plusieurs reprises.
STEPHANE SOUMIER
A San Francisco, cétait à la fin de lhiver dernier, juste après laffaire DAILYMOTION, elle débarque à Paris, une personnalité considérable au monde dans le monde de léconomie numérique américaine, on va le dire comme ça Madame PELLERIN, même si elle est numéro 2 ou numéro 3 du réseau social Twitter. Est-ce quelle arrive en terre hostile, en France ?
FLEUR PELLERIN
Non.
STEPHANE SOUMIER
On lui parle de plaintes, il y a de nouvelles plaintes déposées contre Twitter, ou on va exiger bientôt alors Twitter ce nest pas encore le sujet malheureusement pour eux mais que les géants du web américain payent davantage dimpôts. Est-ce quelle arrive en terre hostile ?
FLEUR PELLERIN
Non, elle narrive pas du tout en terre hostile. Cest vrai quelle arrive à un moment où Twitter, mais aussi dautres réseaux sociaux, ou dautres plateformes qui opèrent sur Internet, sont soumises à un environnement qui change parce que les Etats se rendent compte quil faut réguler, il faut réguler, il ne faut pas brider linnovation, il ne faut pas empêcher de nouveaux services de se développer, mais il faut réguler. Regardez, David CAMERON en Grande-Bretagne, on ne peut pas le soupçonner dêtre liberticide etc., il sest offusqué du fait que sur Twitter une femme a été la cible dattaques sexistes parce que
STEPHANE SOUMIER
Cest vrai.
FLEUR PELLERIN
Donc lensemble des pays européens, en réalité
STEPHANE SOUMIER
Parce quelle voulait un visage de femme sur un billet de la Banque dAngleterre.
FLEUR PELLERIN
Voilà, sur un billet, Jane AUSTEN, et pourtant cétait une bonne demande. Donc je crois quaujourdhui nous voyons encore cet été récemment des messages à caractère raciste, homophobe, sexiste, dun certain nombre de personnes qui se réfugient derrière lanonymat que procurent ces réseaux sociaux pour se croire tout permis et insulter les uns et les autres, ou des groupes de personnes, à raison de leur religion, de leur orientation politique, sexuelle, etc. Donc cest vrai quil faut trouver aujourdhui un nouveau mode de régulation, parce que ce qui est permis dans lespace public réel ne peut pas lêtre dans lespace public virtuel.
STEPHANE SOUMIER
Et ils sont volontaires pour ça les géants du web ?
FLEUR PELLERIN
Les géants du web se rendent bien compte quils sont forcés aujourdhui de sadapter aux philosophies politiques, à la conception de lEtat de droit qui existe dans les différents pays dans lesquels ils opèrent. Ils doivent bien composer avec ça, et je crois quils le comprennent très bien. Ils ont connu un moment - Twitter est une jeune société, qui a à peine plus de 5 ans ils ont connu un développement exponentiel en termes de nombre dabonnées, de publics touchés au cours des cinq dernières années, aujourdhui ils doivent sinstitutionnaliser un petit peu et faire en sorte que leurs opérations dans les différents pays dans lesquels ils réalisent des bénéfices, ils opèrent, etc., soient adaptées aux cultures juridiques, politiques, et philosophiques, locales. Donc elle narrive pas du tout, bien au contraire, en terre hostile, mais je pense que le fait de vivre en France va lui permettre de mieux, aussi, appréhender notre culture, et moi jen suis ravie.
STEPHANE SOUMIER
Merci dêtre venue nous voir ce matin.
FLEUR PELLERIN
Merci à vous.
STEPHANE SOUMIER
Fleur PELLERIN, avec nous sur BFM BUSINESS
source : Service d'information du Gouvernement, le 20 août 2013