Déclaration de Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication, sur les cinquante ans du Conseil de l'Europe et son rôle de promotion des droits de l'Homme et de la culture européenne, Strasbourg, le 26 avril 1999.

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Circonstance : Cérémonie inaugurale du 50ème anniversaire du Conseil de l'Europe, à Strasbourg, le 26 avril 1999

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Monsieur le président de lAssemblée parlementaire,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Le Conseil de lEurope sapprête à célébrer au cours de ces prochains jours ses cinquante années dexistence. Le pays hôte, que jai lhonneur de représenter aujourdhui, souhaite, à cette occasion, rendre hommage à loeuvre majeure quil a accomplie au cours de ce demi-siècle et y puiser son inspiration pour lavenir.
En créant le Conseil de lEurope, quatre années après la fin de la Seconde Guerre mondiale, dix ministres des Affaires étrangères lançaient au continent ravagé par le totalitarisme et larbitraire, un message de paix, fondé sur la démocratie et sur le droit. Strasbourg, ville symbole des déchirement de lEurope, mais aussi de sa faculté de réconciliation, était choisie pour abriter la première des institutions européennes.
Quelle portée garde aujourdhui lambition des pères fondateurs de créer une « unité plus étroite » entre les Etats européens ?
LEurope ne partage pas encore, toute entière, les valeurs fondamentales du Conseil de lEurope, que sont lattachement à la démocratie, à la règle de droit, aux Droits de lHomme et aux libertés individuelles. En Yougoslavie, ces droits sont bafoués ouvertement par un régime totalitaire, qui a jeté sur les routes des centaines de milliers dhommes, de femmes et denfants chassés de leur foyer et privés de toute protection dans leur propre pays.
Une telle atteinte à nos valeurs fondamentales devrait, par contrecoup, renforcer notre détermination à promouvoir le patrimoine commun des peuples européens sur lequel se fonde toute démocratie véritable.
A lheure des bilans, la mission du Conseil de lEurope est donc plus que jamais dactualité. Je suis sûre que sa persévérance permettra à ses valeurs de simposer en cette fin de siècle.
Aussi bien ces cinquante années dexistence ont-elles forgé, par le dialogue entre les peuples et le développement de solidarités nouvelles, une véritable citoyenneté européenne, dont les deux principaux piliers sont les Droits de lHomme et la culture.
La protection des Droits de lHomme, cest, pour plus de 800 millions dEuropéens, le droit davoir recours à un système juridictionnel international sans équivalent dans le reste du monde.
Depuis 1950, date de la signature de la convention européenne des Droits de lHomme, les Etats européens en ont progressivement accepté la contrainte, jusquà en faire la condition essentielle de ladhésion au Conseil de lEurope. Avec lentrée en vigueur du protocole ndeg. 11 et linstitution de la Cour unique des Droits de lHomme, sa portée sest encore vue renforcée.
Les Droits de lHomme cest aussi pour les citoyens une législation internationale faite de plus de 170 conventions, qui encadrent laction de leur gouvernement et les guident dans la quête permanente dune démocratie plus véritable et dans le développement de structures respectueuses de lEtat de droit.
La culture constitue le deuxième pilier dune intégration européenne, désireuse de mettre en valeur notre patrimoine commun et respectueuse des diversités. Elle se fonde sur ladoption de la Convention culturelle qui, depuis 1954, a connu toute une série de développements dans le domaine des échanges artistiques et culturels.
Cest, en effet, la culture qui, en jetant des ponts entre les peuples, joue un rôle essentiel dans la recherche dune plus grande compréhension mutuelle, dune meilleure connaissance de soi-même et de lacceptation de la différence des autres.
A cet égard, les multiples actions engagées par le Conseil de lEurope depuis sa création en faveur de lenseignement de lhistoire, de la protection du patrimoine, de la création cinématographique, de lapprentissage des langues ou encore de la mobilité universitaire, répondent toutes à cette haute exigence.
Voici donc le sens profond que nous donnons à la démarche du Conseil de lEurope et lesprit qui doit continuer à lanimer.
Dans ce contexte, nous devons exprimer notre reconnaissance à tous celles et ceux, membres du personnel, parlementaires, élus régionaux et locaux, experts des capitales, organisations non gouvernementales, qui, pendant ces cinquante ans, ont oeuvré à la réalisation de cette noble tâche. Quils voient dans leur succès comme dans leurs échecs, une incitation à poursuivre cette grande aventure, et à remettre, autant de fois quil sera nécessaire leur ouvrage sur le métier.
Le Conseil de lEurope a été après la Seconde Guerre mondiale le creuset du projet européen.
Deux voies soffraient alors, celle du fédéralisme et celle de la coopération intergouvernementale. Le Conseil de lEurope a emprunté la deuxième mais non la moindre ; elle lui a permis de progresser patiemment mais inéluctablement pour réunir presque toute lEurope autour de ses valeurs humanistes. Demain il accueillera son 41ème Etat membre, la Géorgie et je men réjouis.
Je souhaite formuler devant vous des voeux de confiance et despoir. Confiance en la patience et en la ténacité du Conseil de lEurope et espoir quil puisse ici à Strasbourg oeuvrer pour construire sans relâche la démocratie./.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 avril 1999)