Texte intégral
THOMAS SOTTO
L'interview politique d'Europe 1, Jean-Pierre ELKABBACH vous recevez ce matin le ministre délégué à l'Agroalimentaire Guillaume GAROT, messieurs c'est à vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et c'est la première fois, Guillaume GAROT, bonjour et bienvenue.
GUILLAUME GAROT
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci d'être là, surtout aujourd'hui, ça va être votre journée. Aujourd'hui la Bretagne est traversée par le son tocsin et par un seul slogan « LA BRETAGNE BRÜLE », La Bretagne brûle, comment éteindre l'incendie ?
GUILLAUME GAROT
En agissant, monsieur ELKABBACH, et c'est ce que nous faisons depuis dix-huit mois. D'abord, là, il y a la souffrance des salariés, des familles, des habitants du Nord Finistère
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et justement la
GUILLAUME GAROT
Et c'est d'abord à cette souffrance-là que nous voulons répondre
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui ! Oui, justement pourquoi
GUILLAUME GAROT
Et de façon très concrète.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pourquoi faut-il des cris et la souffrance, et la colère, pour chercher dans l'urgence des solutions à une crise qui remonte loin ? Vous avez peut-être entendu avec Thomas SOTTO tout à l'heure l'intervention, linterpellation de Nadine HOURMANT
NADINE HOURMANT, SALARIEE DE GAD
On a recruté les ministres, on a rencontré le Premier ministre, on a rencontré monsieur HOLLANDE, il n'y a rien qui n'a été fait aujourd'hui. Je suis désolée de taper sur eux mais ils ne font pas leur boulot, ils sont dans les ministères, ils sont à l'Assemblée nationale, ils ne touchent que leurs indemnités et ils ne sont pas sur le terrain, et ils ne voient pas la détresse des gens.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Elle est un peu sévère, Guillaume GAROT ?
GUILLAUME GAROT
Oui ! J'entends bien la détresse finalement, l'angoisse très profonde de Nadine HOURMANT avec laquelle en effet j'ai eu plusieurs rencontres, parce que je me suis rendu moi-même
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous avez vu qu'elle dit qu'il n'y a aucun effet ?
GUILLAUME GAROT
Je me suis rendu moi-même dans le Finistère, j'ai été à Lampaul- Guimiliau, j'ai été à Quimper encore au mis de septembre, et nous cherchons aujourd'hui de vraies solutions. Mais nous savons aussi que la situation de la filière porcine en particulier, il s'agit de GAD, elle est complexe. Pourquoi ? Parce qu'il y a une baisse de la production porcine et donc ça met en fragilité tous nos abattoirs de porcs en Bretagne.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a dix abattoirs de porcs en Bretagne
GUILLAUME GAROT
Oui ! Absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'il n'y en a pas trop ? Si on est honnêtes, est-ce qu'on ne peut pas dire qu'il y en a trop ?
GUILLAUME GAROT
Si on est honnêtes, on essaie de voir comment on peut relancer la filière porcine et c'est ce que nous faisons avec Stéphane LE FOLL.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Eh bien le scénario, il me semble, est partout le même : face à la mondialisation, il faut moderniser
GUILLAUME GAROT
Oui !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Innover, vous le disiez déjà en juin au Figaro : il faut des investissements, il faut innover, il faut un nouveau modèle de développement
GUILLAUME GAROT
Il faut investir, il faut innover, il faut exploiter
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, on l'a entendu.
GUILLAUME GAROT
Il faut former.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Absolument ! Et, dans certains, il faut fermer l'une pour rationaliser, sauver l'autre quand il s'agit d'entreprises ?
GUILLAUME GAROT
Oui ! Mais vous conviendrez, monsieur ELKABBACH, que c'est une rationalisation à la hache et qu'on ne peut pas se satisfaire de ce qui se passe aujourd'hui parce que je le redis ce sont des salariés et des familles qui sont directement en cause.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et pour la Bretagne c'est terrible parce que tout est en crise, l'automobile avec PSA, les télécoms ALCATEL avec Rennes qui va relancer Lannion - on l'a entendu hier avec Michel COMBES et
GUILLAUME GAROT
Et c'est la raison précisément de cette réunion autour du Premier ministre
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Voilà ! Les poulets, les découpes de saumon.
GUILLAUME GAROT
Ce midi à Matignon.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Encore un mot pour expliquer la situation dans laquelle est la Bretagne, elle subit la concurrence des pays émergents et en Europe de l'Allemagne qui paie deux fois moins cher les salaires des Roumains et des Bulgares
GUILLAUME GAROT
Vous avez complètement raison et je vous rejoins complètement là-dessus !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et est-ce que vous réclamez de la Chancelière MERKEL, qui va peut-être faire bientôt une coalition avec le SPD, la création d'un salaire minimum ?
GUILLAUME GAROT
Ca, c'est aux Allemands de régler cette question du salaire minimum. Mais ce que nous faisons, nous, la France et hier Michel SAPIN était à un Conseil européen précisément sur cette question de la directive détachement des travailleurs pour encadrer, pour réécrire cette directive qui crée une vraie distorsion de concurrence et en particulier au détriment de nos abattoirs porcins en France.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et on apprend en plus que chaque semaine des camions quittent la Bretagne avec des milliers de porcs qui sont abattus ou traités en Allemagne !
GUILLAUME GAROT
C'est la raison pour laquelle, monsieur ELKABBACH, il faut restructurer la filière porcine, mais ça ne se fait pas d'un coup de baguette magique, ça se fait sur du moyen terme - c'est ce que nous faisons précisément mais d'abord, d'abord répondre à l'urgence sociale, c'est le sens de cette réunion de ce midi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien ! Vous allez nous dire, c'est vrai que ça fait un an que les dirigeants Bretons cherchent des solutions et qu'ils attendent du concret de la part de votre gouvernement, par exemple est-ce que vous allez maintenir au moins un an les salaires de tous ceux qui sont affectés par ces secousses sociales ?
GUILLAUME GAROT
Oui ! La réponse elle est claire, c'est oui, à travers le contrat de sécurisation professionnelle. Ca veut dire quoi concrètement pour les salariés licenciés ? Ca veut dire qu'on maintient quasiment 100% du net pendant un an avec un aide à la formation, une aide à la recherche d'emploi, pour permettre des vraies reconversions, pour permettre aux salariés de rebondir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Cette nuit le sénateur PS du Finistère, François MARC, réclamait sur Public Sénat des primes, des reclassements, de la formation pour les licenciés et il disait : Oh secours ! Oh secours, une plateforme spéciale pour le Finistère qui est au bout du bout de la péninsule, est-ce qu'il peut être entendu ?
GUILLAUME GAROT
C'est une proposition parfaitement intéressante ! Mais je veux ajouter une chose, moi vous savez depuis la semaine dernière j'ai pris évidemment mon téléphone pour appeler des entreprises, des grandes entreprises de la filière alimentaire et pour voir avec elles comment elles pouvaient offrir des reclassements à ces salariés chez GAD aujourd'hui qui sont dans la tourmente
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, c'est une manière de répondre à François MARC et à d'autres.
GUILLAUME GAROT
Bien sûr ! Mais ça c'est concret aussi
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous demanderez
GUILLAUME GAROT
Parce que ce sont des reclassements qui vont permettre d'offrir de vraies perspectives.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, on l'a dit, maintien des salaires, reclassement. Est-ce que vous demanderez aux banques d'accepter un moratoire ?
GUILLAUME GAROT
Eh bien tous les leviers seront actionnés et, s'il est possible que les banques nous aident, bien évidemment que nous allons les solliciter, ça va de soi. Mais je veux dire, au-delà de ça
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Allez-y !
GUILLAUME GAROT
Il y a bien sûr l'urgence qu'il faut traiter, mais il y a aussi des perspectives qu'il faut ouvrir pour la Bretagne et pour l'agroalimentaire en Bretagne. Parce qu'on voit aujourd'hui ce qui ne marche pas - et nous travaillons depuis des mois pour relancer ces filières - mais il y a aussi des filières qui marchent et qui marchent très bien en Bretagne, aujourd'hui l'agroalimentaire
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce que la Bretagne a des atouts
GUILLAUME GAROT
Voilà !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La Bretagne des atouts, elle
GUILLAUME GAROT
C'est soixante mille emplois en Bretagne l'agroalimentaire, soixante mille emplois.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ca reste la première région agricole d'Europe la Bretagne
GUILLAUME GAROT
Absolument !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, elle a des atouts. Mais est-ce que le système actuel, cest-à-dire la production à tout-va, n'est pas obsolète ? Est-ce que ça ce n'est pas fini ? Est-ce qu'il ne faut pas à long terme encourager les entrepreneurs de l'agroalimentaire par exemple à se reconvertir vers des produits de haute valeur ajoutée, ce qu'on entend ?
GUILLAUME GAROT
C'est précisément là-dessus que nous travaillons ! Il nous faut la fois produire plus mais produire mieux également, ça vaut pour la partie agricole - cest tout le travail que conduit aujourd'hui Stéphane LE FOLL avec l'agro-écologie mais ça vaut aussi bien sûr pour l'agroalimentaire, monter en gamme davantage de valeur ajoutée, c'est comme ça qu'on maintiendra et qu'on créera de nouveaux emplois.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce que vous disiez en juin, c'est-à-dire changer de modèle, un nouveau modèle. Le gouvernement veut sauver ou a sauvé la Lorraine avec des crédits exceptionnels, est-ce qu'il peut appliquer à la Bretagne un même plan d'urgence de développement global de l'économie bretonne ?
GUILLAUME GAROT
Oui ! La réponse est oui. C'est bien le sens d'ailleurs de cette réunion de travail autour du Premier ministre ce midi, à la fois donc l'urgence - je vous le disais mais aussi ouvrir de nouvelles perspectives, c'est toute la Bretagne qu'il faut mobiliser.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous commencez à donner - et je vous en remercie avec Thomas SOTTO beaucoup de réponses aux questions qui se posent dans l'urgence.
GUILLAUME GAROT
Bien sûr !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le gouvernement a décidé une écotaxe pour les poids lourds applicable en principe au 1er janvier, elle déclenche un tollé - et pas seulement en Bretagne mais en Bretagne et elle va couter très cher, est-ce que vous pourriez reporter l'écotaxe ?
GUILLAUME GAROT
Ecoutez ! Ce n'est pas à l'ordre du jour, mais ce qui est vrai
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mettez-la à l'ordre du jour !
GUILLAUME GAROT
Mais ce qui est vrai, monsieur ELKABBACH, c'est que nous avons d'ores et déjà procéder à des adaptions, à des aménagements pour tenir compte de la situation périphérique de la Bretagne.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ca veut dire qu'il peut y avoir des dérogations régionales ?
GUILLAUME GAROT
Ca veut dire que des dérogations ont d'ores et déjà été mises sur la table.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais qu'il peut y en avoir d'autres dans la situation d'urgence ?
GUILLAUME GAROT
Ca veut dire que des dérogations ont été présentées et que nous regardons tout ce qui est possible de faire, bien sûr, parce qu'il faut redonner confiance, espoir à la Bretagne, ça va de soi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Surtout qu'elle a voté à gauche et qu'avec le Front National
GUILLAUME GAROT
Mais ce n'est pas une question électorale ! Ce n'est pas une question
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avez des épreuves, non ?
GUILLAUME GAROT
Ce n'est pas une question politicienne, excusez-moi, c'est là la question de l'avenir de la Bretagne et de l'avenir pour les Bretons, c'est ça qui compte.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous avez vu le Figaro, le Figaro très vite un fléau s'abat sur les agriculteurs que Catherine NAY dénonçait depuis l'été, des gangs spécialisés raflent dans les campagnes des productions saisonnières, du bétail, des matériels, quelle est votre réponse ?
GUILLAUME GAROT
Nous prenons la question très au sérieux et Stéphane LE FOLL - avec Manuel VALLS - prépare des mesures pour répondre à ce qui est inacceptable évidemment.
THOMAS SOTTO
Merci beaucoup Guillaume GAROT d'être venu ce matin sur Europe 1, demain c'est François BAROIN qui sera votre invité Jean-Pierre ELKABBACH à 8 h 20.
source : Service d'information du Gouvernement, le 17 octobre 2013
L'interview politique d'Europe 1, Jean-Pierre ELKABBACH vous recevez ce matin le ministre délégué à l'Agroalimentaire Guillaume GAROT, messieurs c'est à vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et c'est la première fois, Guillaume GAROT, bonjour et bienvenue.
GUILLAUME GAROT
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci d'être là, surtout aujourd'hui, ça va être votre journée. Aujourd'hui la Bretagne est traversée par le son tocsin et par un seul slogan « LA BRETAGNE BRÜLE », La Bretagne brûle, comment éteindre l'incendie ?
GUILLAUME GAROT
En agissant, monsieur ELKABBACH, et c'est ce que nous faisons depuis dix-huit mois. D'abord, là, il y a la souffrance des salariés, des familles, des habitants du Nord Finistère
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et justement la
GUILLAUME GAROT
Et c'est d'abord à cette souffrance-là que nous voulons répondre
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui ! Oui, justement pourquoi
GUILLAUME GAROT
Et de façon très concrète.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pourquoi faut-il des cris et la souffrance, et la colère, pour chercher dans l'urgence des solutions à une crise qui remonte loin ? Vous avez peut-être entendu avec Thomas SOTTO tout à l'heure l'intervention, linterpellation de Nadine HOURMANT
NADINE HOURMANT, SALARIEE DE GAD
On a recruté les ministres, on a rencontré le Premier ministre, on a rencontré monsieur HOLLANDE, il n'y a rien qui n'a été fait aujourd'hui. Je suis désolée de taper sur eux mais ils ne font pas leur boulot, ils sont dans les ministères, ils sont à l'Assemblée nationale, ils ne touchent que leurs indemnités et ils ne sont pas sur le terrain, et ils ne voient pas la détresse des gens.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Elle est un peu sévère, Guillaume GAROT ?
GUILLAUME GAROT
Oui ! J'entends bien la détresse finalement, l'angoisse très profonde de Nadine HOURMANT avec laquelle en effet j'ai eu plusieurs rencontres, parce que je me suis rendu moi-même
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous avez vu qu'elle dit qu'il n'y a aucun effet ?
GUILLAUME GAROT
Je me suis rendu moi-même dans le Finistère, j'ai été à Lampaul- Guimiliau, j'ai été à Quimper encore au mis de septembre, et nous cherchons aujourd'hui de vraies solutions. Mais nous savons aussi que la situation de la filière porcine en particulier, il s'agit de GAD, elle est complexe. Pourquoi ? Parce qu'il y a une baisse de la production porcine et donc ça met en fragilité tous nos abattoirs de porcs en Bretagne.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a dix abattoirs de porcs en Bretagne
GUILLAUME GAROT
Oui ! Absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'il n'y en a pas trop ? Si on est honnêtes, est-ce qu'on ne peut pas dire qu'il y en a trop ?
GUILLAUME GAROT
Si on est honnêtes, on essaie de voir comment on peut relancer la filière porcine et c'est ce que nous faisons avec Stéphane LE FOLL.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Eh bien le scénario, il me semble, est partout le même : face à la mondialisation, il faut moderniser
GUILLAUME GAROT
Oui !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Innover, vous le disiez déjà en juin au Figaro : il faut des investissements, il faut innover, il faut un nouveau modèle de développement
GUILLAUME GAROT
Il faut investir, il faut innover, il faut exploiter
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, on l'a entendu.
GUILLAUME GAROT
Il faut former.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Absolument ! Et, dans certains, il faut fermer l'une pour rationaliser, sauver l'autre quand il s'agit d'entreprises ?
GUILLAUME GAROT
Oui ! Mais vous conviendrez, monsieur ELKABBACH, que c'est une rationalisation à la hache et qu'on ne peut pas se satisfaire de ce qui se passe aujourd'hui parce que je le redis ce sont des salariés et des familles qui sont directement en cause.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et pour la Bretagne c'est terrible parce que tout est en crise, l'automobile avec PSA, les télécoms ALCATEL avec Rennes qui va relancer Lannion - on l'a entendu hier avec Michel COMBES et
GUILLAUME GAROT
Et c'est la raison précisément de cette réunion autour du Premier ministre
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Voilà ! Les poulets, les découpes de saumon.
GUILLAUME GAROT
Ce midi à Matignon.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Encore un mot pour expliquer la situation dans laquelle est la Bretagne, elle subit la concurrence des pays émergents et en Europe de l'Allemagne qui paie deux fois moins cher les salaires des Roumains et des Bulgares
GUILLAUME GAROT
Vous avez complètement raison et je vous rejoins complètement là-dessus !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et est-ce que vous réclamez de la Chancelière MERKEL, qui va peut-être faire bientôt une coalition avec le SPD, la création d'un salaire minimum ?
GUILLAUME GAROT
Ca, c'est aux Allemands de régler cette question du salaire minimum. Mais ce que nous faisons, nous, la France et hier Michel SAPIN était à un Conseil européen précisément sur cette question de la directive détachement des travailleurs pour encadrer, pour réécrire cette directive qui crée une vraie distorsion de concurrence et en particulier au détriment de nos abattoirs porcins en France.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et on apprend en plus que chaque semaine des camions quittent la Bretagne avec des milliers de porcs qui sont abattus ou traités en Allemagne !
GUILLAUME GAROT
C'est la raison pour laquelle, monsieur ELKABBACH, il faut restructurer la filière porcine, mais ça ne se fait pas d'un coup de baguette magique, ça se fait sur du moyen terme - c'est ce que nous faisons précisément mais d'abord, d'abord répondre à l'urgence sociale, c'est le sens de cette réunion de ce midi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien ! Vous allez nous dire, c'est vrai que ça fait un an que les dirigeants Bretons cherchent des solutions et qu'ils attendent du concret de la part de votre gouvernement, par exemple est-ce que vous allez maintenir au moins un an les salaires de tous ceux qui sont affectés par ces secousses sociales ?
GUILLAUME GAROT
Oui ! La réponse elle est claire, c'est oui, à travers le contrat de sécurisation professionnelle. Ca veut dire quoi concrètement pour les salariés licenciés ? Ca veut dire qu'on maintient quasiment 100% du net pendant un an avec un aide à la formation, une aide à la recherche d'emploi, pour permettre des vraies reconversions, pour permettre aux salariés de rebondir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Cette nuit le sénateur PS du Finistère, François MARC, réclamait sur Public Sénat des primes, des reclassements, de la formation pour les licenciés et il disait : Oh secours ! Oh secours, une plateforme spéciale pour le Finistère qui est au bout du bout de la péninsule, est-ce qu'il peut être entendu ?
GUILLAUME GAROT
C'est une proposition parfaitement intéressante ! Mais je veux ajouter une chose, moi vous savez depuis la semaine dernière j'ai pris évidemment mon téléphone pour appeler des entreprises, des grandes entreprises de la filière alimentaire et pour voir avec elles comment elles pouvaient offrir des reclassements à ces salariés chez GAD aujourd'hui qui sont dans la tourmente
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, c'est une manière de répondre à François MARC et à d'autres.
GUILLAUME GAROT
Bien sûr ! Mais ça c'est concret aussi
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous demanderez
GUILLAUME GAROT
Parce que ce sont des reclassements qui vont permettre d'offrir de vraies perspectives.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, on l'a dit, maintien des salaires, reclassement. Est-ce que vous demanderez aux banques d'accepter un moratoire ?
GUILLAUME GAROT
Eh bien tous les leviers seront actionnés et, s'il est possible que les banques nous aident, bien évidemment que nous allons les solliciter, ça va de soi. Mais je veux dire, au-delà de ça
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Allez-y !
GUILLAUME GAROT
Il y a bien sûr l'urgence qu'il faut traiter, mais il y a aussi des perspectives qu'il faut ouvrir pour la Bretagne et pour l'agroalimentaire en Bretagne. Parce qu'on voit aujourd'hui ce qui ne marche pas - et nous travaillons depuis des mois pour relancer ces filières - mais il y a aussi des filières qui marchent et qui marchent très bien en Bretagne, aujourd'hui l'agroalimentaire
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce que la Bretagne a des atouts
GUILLAUME GAROT
Voilà !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La Bretagne des atouts, elle
GUILLAUME GAROT
C'est soixante mille emplois en Bretagne l'agroalimentaire, soixante mille emplois.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ca reste la première région agricole d'Europe la Bretagne
GUILLAUME GAROT
Absolument !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, elle a des atouts. Mais est-ce que le système actuel, cest-à-dire la production à tout-va, n'est pas obsolète ? Est-ce que ça ce n'est pas fini ? Est-ce qu'il ne faut pas à long terme encourager les entrepreneurs de l'agroalimentaire par exemple à se reconvertir vers des produits de haute valeur ajoutée, ce qu'on entend ?
GUILLAUME GAROT
C'est précisément là-dessus que nous travaillons ! Il nous faut la fois produire plus mais produire mieux également, ça vaut pour la partie agricole - cest tout le travail que conduit aujourd'hui Stéphane LE FOLL avec l'agro-écologie mais ça vaut aussi bien sûr pour l'agroalimentaire, monter en gamme davantage de valeur ajoutée, c'est comme ça qu'on maintiendra et qu'on créera de nouveaux emplois.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce que vous disiez en juin, c'est-à-dire changer de modèle, un nouveau modèle. Le gouvernement veut sauver ou a sauvé la Lorraine avec des crédits exceptionnels, est-ce qu'il peut appliquer à la Bretagne un même plan d'urgence de développement global de l'économie bretonne ?
GUILLAUME GAROT
Oui ! La réponse est oui. C'est bien le sens d'ailleurs de cette réunion de travail autour du Premier ministre ce midi, à la fois donc l'urgence - je vous le disais mais aussi ouvrir de nouvelles perspectives, c'est toute la Bretagne qu'il faut mobiliser.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous commencez à donner - et je vous en remercie avec Thomas SOTTO beaucoup de réponses aux questions qui se posent dans l'urgence.
GUILLAUME GAROT
Bien sûr !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le gouvernement a décidé une écotaxe pour les poids lourds applicable en principe au 1er janvier, elle déclenche un tollé - et pas seulement en Bretagne mais en Bretagne et elle va couter très cher, est-ce que vous pourriez reporter l'écotaxe ?
GUILLAUME GAROT
Ecoutez ! Ce n'est pas à l'ordre du jour, mais ce qui est vrai
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mettez-la à l'ordre du jour !
GUILLAUME GAROT
Mais ce qui est vrai, monsieur ELKABBACH, c'est que nous avons d'ores et déjà procéder à des adaptions, à des aménagements pour tenir compte de la situation périphérique de la Bretagne.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ca veut dire qu'il peut y avoir des dérogations régionales ?
GUILLAUME GAROT
Ca veut dire que des dérogations ont d'ores et déjà été mises sur la table.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais qu'il peut y en avoir d'autres dans la situation d'urgence ?
GUILLAUME GAROT
Ca veut dire que des dérogations ont été présentées et que nous regardons tout ce qui est possible de faire, bien sûr, parce qu'il faut redonner confiance, espoir à la Bretagne, ça va de soi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Surtout qu'elle a voté à gauche et qu'avec le Front National
GUILLAUME GAROT
Mais ce n'est pas une question électorale ! Ce n'est pas une question
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avez des épreuves, non ?
GUILLAUME GAROT
Ce n'est pas une question politicienne, excusez-moi, c'est là la question de l'avenir de la Bretagne et de l'avenir pour les Bretons, c'est ça qui compte.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous avez vu le Figaro, le Figaro très vite un fléau s'abat sur les agriculteurs que Catherine NAY dénonçait depuis l'été, des gangs spécialisés raflent dans les campagnes des productions saisonnières, du bétail, des matériels, quelle est votre réponse ?
GUILLAUME GAROT
Nous prenons la question très au sérieux et Stéphane LE FOLL - avec Manuel VALLS - prépare des mesures pour répondre à ce qui est inacceptable évidemment.
THOMAS SOTTO
Merci beaucoup Guillaume GAROT d'être venu ce matin sur Europe 1, demain c'est François BAROIN qui sera votre invité Jean-Pierre ELKABBACH à 8 h 20.
source : Service d'information du Gouvernement, le 17 octobre 2013