Déclaration de Mme Sylvia Pinel, ministre de l'artisanat, du commerce et du tourisme, sur le développement du secteur de l'artisanat, Chartres le 11 octobre 2013.

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Circonstance : Les Artisanales de Chartres, du 11 au 14 octobre 2013

Texte intégral

Mesdames et messieurs,
Permettez-moi de vous remercier de votre accueil aujourd’hui à l’occasion des 20 ans des artisanales de Chartres.
Cet événement constitue un lieu d’échanges à l’échelle de la région, et aussi de la France. Rassembler plus d’un million de visiteurs en 20 ans, plus de 500 exposants et des centaines de métiers différents, cela constitue un défi permanent, et je tiens à féliciter ici tous ceux qui permettent chaque année à ce beau projet d’aboutir.
20 ans, c’est temps d’une génération, c’est le temps de voir les évolutions et les mutations de la société et des métiers.
Les artisanales de Chartres, c’est donc tout cela, comme vous avez pu le rappeler, Monsieur le président de la chambre des métiers d’Eure-et-Loir : un lieu de rencontre des jeunes apprentis avec des artisans confirmés, un lieu d’échanges et de débats, enfin, un lieu où les métiers de l’artisanat sont mis en valeur, dans toute leur diversité – avec plus de 150 métiers représentés !
Et c’est avec beaucoup d’enthousiasme qu’à l’issue de cette table-ronde sur les nouveaux entrepreneurs et les nouveaux métiers de l’artisanat, je me tourne vers vous pour vous dire toute la confiance que le Gouvernement place dans vos activités.
Je crois en effet que l’artisanat est à la fois un moteur clé du redressement économique de notre pays, et qu’aujourd’hui ces métiers souvent anciens vivent une mutation profonde et revêtent un attrait nouveau.
Aujourd’hui, l’artisanat représente 1 million d’entreprises, 3 millions d’actifs et 10% du PIB.
Au-delà des chiffres que vous connaissez et du poids économique, c’est surtout une chance pour la France d’avoir toutes ces entreprises qui maintiennent et développent une activité, qui fabriquent et exportent des produits de qualité, bref, font rayonner nos savoir-faire. Et les Français sont attachés à ces entreprises de proximité, qui animent les centres-villes comme les communes rurales.
Car elles créent des emplois, des emplois pérennes, des emplois non-délocalisables, comme vous l’avez tous rappelé, des emplois qualifiants.
Chaque année, de nombreux emplois sont d’ailleurs à pourvoir dans certains secteurs de l’artisanat, comme les métiers de bouche ou le bâtiment qui est à l’honneur aujourd’hui. C’est pourquoi inciter les jeunes à s’orienter vers ces filières, tout en renforçant l’attractivité de ses métiers est un enjeu majeur.
C’est pour cela que l’action du Gouvernement est résolument tournée vers la valorisation des métiers de l’artisanat. Il est nécessaire de faire savoir aux jeunes, à leurs parents, à leurs enseignants, que ces filières sont riches de savoir-faire et d’innovations, que ce sont des filières d'avenir.
Je salue à ce titre l’animation, soutenue par la Région, « Quartiers des Métiers » proposée par la chambre des métiers et d’artisanat d’Eure-et-Loir : un millier de jeunes sont présents aujourd’hui avec leurs formateurs afin de faire découvrir leurs métiers et leurs formations aux visiteurs. Je tiens à les féliciter pour ce beau projet ; vous êtes la preuve que l’exigence et l’excellence que demandent les métiers artisanaux sont une voie d’épanouissement professionnel mais aussi personnel.
La revalorisation de ce secteur était le premier enjeu du Pacte pour l’artisanat que j’ai présenté le 23 janvier dernier ; je suis heureuse de voir qu’il commence dès à présent à porter ses fruits et que nous parvenons à donner à nos jeunes l’envie de s’engager dans l’un des 250 métiers qui s’y rattache.
Je veux par-dessus tout que les jeunes sachent que le secteur de l’artisanat représente à lui seul un potentiel d’emplois important : 30.000 artisans vont partir à la retraite tous les ans dans les 5 prochaines années et 63 % des entreprises du secteur cessent leur activité faute de repreneur.
C’est pour cela que les contrats de générations garantissent la transmission de ces savoirs d’excellence qui animent ces professions. Parce que je suis convaincue que la modernité puise sa force dans l’expérience, et qu’il nous est impératif de garantir la transmission de celle-ci.
Nos travaux ont permis de garantir que ces contrats, qui aident financièrement l'embauche d'un jeune dans un poste sur lequel est maintenu le senior qui l'occupait jusqu'à présent, intéresseront également des entreprises individuelles pour faciliter leur reprise par les jeunes tout en assurant la transmission des compétences et des savoir-faire.
C’est pour moi une priorité, notamment parce qu’il est souvent plus facile de se lancer dans l’entrepreneuriat par la reprise d’une entreprise et de bénéficier ainsi de la clientèle, des équipements, des compétences qui l’accompagnent.
C’est pour cela, enfin, que je travaille avec les ministres concernés à mieux adapter les CFA et les lycées professionnels aux besoins des entreprises. L’orientation des jeunes, leur formation et la revalorisation des filières artisanales est un enjeu majeur pour le secteur. Environ 200 000 apprentis sont formés chaque année aux métiers de l’artisanat et 80% d’entre eux sont embauchés à l’issue de leur formation. C’est un beau succès !
D’autres mesures, comme le renforcement de la mise en relation entre cédants et repreneurs potentiels, et la distribution d’un kit d’information sur la transmission d’entreprise auprès de chaque artisan âgé de 57 ans, interviendront pour la première fois au mois de décembre cette année.
Je souhaite également que le statut de l’artisan redevienne attractif, et donc qu’il soit simplifié pour montrer clairement qu’être artisan, c’est faire un travail de qualité, sécurisant pour le client et protecteur pour le travailleur.
Etre artisan, cela ne s’invente pas. Cela nécessite un diplôme, cela nécessite d’acquérir une expérience. C’est cela que je veux valoriser et c’est ce que je fais dans mon projet de loi pour l’artisanat, le commerce et les TPE qui sera débattu à l’Assemblée nationale en janvier prochain.
Le message que je souhaite donc vous délivrer aujourd’hui est celui de la nécessité de protéger et de valoriser, peut être encore plus que les autres, les très petites entreprises : les entreprises de proximité dont la petite taille est un atout pour offrir un service adapté à chacun de leurs clients, mais aussi celles qui sont au début de leur développement et ont vocation à grandir.
Celles qui deviendront ensuite des PME et, peut-être à terme, de grandes entreprises. Ce sont elles qui constituent le socle de notre économie.
Ces 1,5 millions d’entreprises réparties dans tous les territoires, y compris les quartiers et les zones rurales, et qui représentent un vivier, une force, un atout, doivent être plus que pour toutes les autres entreprises encouragées et valorisées, parce qu’elles sont les plus vulnérables.
Et, je le sais, les problématiques d’une TPE ne sont pas celles d’une PME de 150 salariés.
Dans de nombreuses filières, les TPE sont aujourd’hui en tension, parce que leurs fonds propres sont souvent insuffisants, et même aussi par difficulté à trouver de la main d’oeuvre qualifiée, comme c’est le cas pour le bâtiment, les métiers d’art ou les métiers de bouche.
Ces entreprises doivent pouvoir s’appuyer sur un accompagnement ciblé, spécifique.
Je sais que les chambres consulaires jouent déjà un grand rôle dans ce domaine. Je salue aujourd’hui leur travail, qui doit être encore approfondi, renforcé et redynamisé. Notre objectif, c’est de mettre oeuvre un meilleur suivi du chef d’entreprise dès le lancement de son activité. 66% des entreprises ayant été accompagnées dans leur création et dans leurs premières phases de développement sont encore en activité 5 ans plus tard. C’est 15 points de moins pour les entreprises qui n’ont pas été accompagnées. Le résultat est éloquent.
Nous y travaillons actuellement avec l’Assemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat. Je remercie Monsieur le Président Griset pour la qualité de nos échanges ; je suis convaincue qu’ensemble nous arriverons à maintenir une dynamique de qualité dans l’accompagnement de nos entreprises artisanales, et ce dans le respect de la trajectoire de redressement de nos finances publiques.
Je voudrais dire quelques mots des mesures d’économies que le Gouvernement demande au réseau des chambres de métiers et de l’artisanat dans le cadre du projet de loi de finances 2014 et sur lesquelles vous avez fait, Messieurs les Présidents, des observations.
Ces mesures représentent la contribution de votre réseau, comme tous les organismes bénéficiaires d’un financement de l’Etat, - comme d’ailleurs l’Etat lui-même que ce soit au niveau national ou déconcentré - au redressement des comptes publics, après une hausse de la taxe additionnelle à la cotisation foncière des entreprises de plus de 3% entre 2010 et 2012. Ces mesures ne visent aucunement à pénaliser les chambres et encore moins à remettre en cause leurs missions ou à diminuer leurs capacités d’intervention, dont je sais l’importance pour le soutien à la vitalité économique de nos territoires. A cet égard, je veillerai à ce que les échanges approfondis entre l’APCMA, mon ministère et celui du budget permettent de mettre en oeuvre ces mesures dans les meilleures conditions possibles pour le réseau et je serai particulièrement attentive aux difficultés que vous pourriez rencontrer, je pense en particulier aux chambres les plus fragiles.
Enfin, l’artisanat a besoin d’un environnement économique favorable pour se développer. C’est bien là tout le sens de notre action, de celui du Gouvernement et du Président de la République : redresser notre économie pour retrouver le chemin de la croissance et de l’emploi.
Et parce que les petites et moyennes entreprises ont besoin de réponses adaptées à leur situation économique particulière, un vaste chantier de simplification des procédures administratives a été lancé et les TPE en profiteront très directement, par exemple au titre de l’allègement des formalités de publication des comptes.
Je souligne aussi l’importance de la mission que conduit actuellement le député Laurent Grandguillaume pour simplifier les différents régimes de création d’entreprise individuelle, et permettre aux entrepreneurs de s’orienter plus facilement entre les différents dispositifs juridiques, fiscaux et sociaux ; c’est une nécessité, et c’est une opportunité qu’il nous faut saisir pour construire un véritable parcours du créateur d’entreprise, cohérent et progressif.
Cette mission s’inscrit dans le prolongement de la réforme de l’auto-entrepreneur qui prévoit à la fois un renforcement de l’accompagnement des auto-entrepreneurs pour faciliter le passage vers les régimes classiques de création d’entreprise, mais aussi la correction des dérives que ce régime a engendrées, notamment en matière de distorsion de concurrence et de salariat déguisé. Le contrôle des qualifications professionnelles et des assurances des entrepreneurs sera en particulier renforcé. C’était une demande forte de vos professions, et c’est un enjeu de protection des consommateurs particulièrement légitime dans les métiers que vous représentez.
Le Gouvernement a également entendu une plainte récurrente des représentants des entreprises, qui souhaitaient que les entrepreneurs aient droit à une « deuxième chance » lorsque leur premier projet avait échoué. Grâce à la suppression des fichiers de la Banque de France des entrepreneurs ayant subi une faillite, les banques ne pourront plus désormais s’appuyer sur cette information pour refuser de soutenir un projet valable.
Enfin, pour soutenir spécifiquement le secteur du bâtiment, qui est à l’honneur pour ces Artisanales, nous avons mis en place un accompagnement tout particulier notamment dans le cadre du groupe de travail interministériel que j’anime et qui construit des solutions avec tous les professionnels sur la concurrence déloyale ou sur la sous-traitance, pour faire face à la crise.
Nous avons également pris des mesures significatives pour la rénovation thermique : le Président de la République a annoncé une baisse de la TVA au taux réduit de 5,5% pour les travaux de rénovation énergétique. Ceci représente un effort important du Gouvernement pour soutenir votre secteur et il mérite d’être souligné. Il faut aussi ajouter la prime exceptionnelle de 1350 euros qui sera versée aux particuliers qui souhaitent rénover énergétiquement leur logement pendant les deux prochaines années.
Cette prime viendra en plus des aides existantes. Nous travaillons ainsi à la structuration de cette filière d’avenir et au développement de nouveaux métiers en créant de nouveaux cadres de labellisation pour leur reconnaissance, notamment dans le secteur de la rénovation et de la construction.
Vous le voyez, le Gouvernement est aux côtés des entreprises de l’artisanat, de leurs dirigeants comme de leurs salariés pour accompagner les mutations de ce secteur avec des mesures concrètes pour les entreprises comme pour les ménages.
Car l’artisanat d’aujourd’hui c’est aussi – et vous l’avez évoqué ce matin lors des tables rondes – un secteur fait d’innovations techniques.
Ce sont souvent des métiers de passion, qui nécessitent du courage, de la persévérance, du perfectionnisme. Ce sont des métiers divers, épanouissants. Ce sont des métiers qui permettent de se lancer dans l’entreprise entrepreneuriale, de se développer. Cet engagement, cette implication et cette envie de réussir, c’est cela qui fonde l’artisanat d’aujourd’hui.
La France est fière d’avoir des entrepreneurs comme vous !
Source http://www.artisanat-commerce-tourisme.gouv.fr, le 16 octobre 2013