Texte intégral
Monsieur le Maire,
Madame la Ministre, chère collègue,
Monsieur le Préfet,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrai vous dire le plaisir qui est le mien de pouvoir participer aujourd’hui à cette inauguration, à bien des égards exemplaires d’une réflexion et d’une démarche qui concrétisent de nouvelles manières d’aborder la question si importante des déplacements urbains.
Je considère en effet et cela inspire la politique mise en oeuvre par le gouvernement non seulement qu’il faut éviter d’opposer les modes de transport les uns aux autres, mais qu’il faut organiser leur coopération et leur complémentarité, en s’attachant à valoriser les atouts des modes les plus respectueux de l’environnement.
La communauté urbaine de Strasbourg fait dans ce domaine figure de pionnier. Sa politique en faveur du vélo, la façon dont elle prend en compte ce mode de déplacement dans l’aménagement de l’espace urbain, en est une illustration éloquente.
Cet élan, Strasbourg contribue à la communiquer à d’autres villes, à travers le Club des Villes Cyclables, dont le dernier congrès d’Annecy a démontré toute la vitalité.
Si en effet le renouveau du vélo doit beaucoup aux associations d’usagers, elle doit également beaucoup aux villes qui, innovent, expérimentent, et maintenant démontrent le bien-fondé de leur démarche, une démarche qui s’inscrit dans une action d’ensemble en faveur de la recherche d’un nouveau type de développement urbain, plus harmonieux et plus durable.
De ce point de vue, l’inauguration d’un nouveau centre de location de vélos « vélocation » me conduit à mettre l’accent sur deux éléments essentiels de la politique en faveur du vélo que je souhaite favoriser.
Le vélo doit être considéré comme mode de transport à part entière, dans les réflexions sur la pluri-modalité, et dans le cadre des plans de déplacements urbains. Une attention particulière me semble devoir être portée notamment à l’articulation entre le vélo et les transports en commun et la communauté urbaine de Strasbourg met l’accent à juste titre sur cet impératif depuis de nombreuses années. Parmi les objectifs prioritaires, on peut citer : l’accès des vélos dans les transports en commun, le gardiennage des vélos dans les parcs de stationnement des gares, la généralisation de la location des vélos dans les stations de transports en commun.
Je sais que la communauté urbaine de Strasbourg favorise ce genre d’initiatives et le système « vélocation » mis en place s’inscrit pleinement dans cette dynamique.
Il est clair en même temps que nous ne pourrons assurer la promotion de ce mode de déplacement avec l’ampleur nécessaire, qui si nous sommes en mesure de créer un environnement plus sûr pour les cyclistes comme pour l’ensemble des usagers de la route.
Le gouvernement a, vous le savez, renoué avec la pratique des comités interministériels de la sécurité routière qui périodiquement, permet à l’ensemble des Ministres concernés de réunir leurs efforts pour faire reculer le fléau des accidents de la circulation.
Le Comité interministériel du 26 novembre 1997 avait exprimé la volonté de placer la lutte contre l’insécurité routière au premier rang de ses priorités et de suivre chaque année la mise en oeuvre des mesures adoptées, en se fixant comme objectif la réduction par deux du nombre de morts en cinq ans.
C’est dans ce cadre qu’ont été prises les mesures en faveur des cyclistes dans le code de la route (décret du 14 septembre 1998). Elles concernent notamment les pistes et les bandes cyclables exclusivement réservées aux cycles, la circulation des cycles dans les aires piétonnes, l’autorisation des cycles conduits par des enfants de moins de huit ans sur les trottoirs, l’introduction réglementaire du concept de sas, etc.
D’autres mesures figurent au projet de loi dont l’adoption interviendra avant l’été.
Le comité interministériel de la sécurité routière du 1er avril dernier a décidé de renforcer encore la politique de lutte contre l’insécurité routière par des actions nouvelles visant mieux encore à mobiliser nos concitoyens pour que la sécurité routière soit l’affaire de tous. C’est ainsi que la sécurité routière sera déclarée « grande cause nationale » en l’an 2000.
Une des conditions essentielles de la réussite dans ce domaine est la convergence des efforts de tous pour concevoir et mettre en oeuvre les actions appropriées. Le Club des Villes Cyclables et l’ensemble de ses partenaires, sont tout naturellement partie intégrante de cette dynamique.
Concernant précisément le vélo, nous entendons examiner quelles nouvelles mesures réglementaires pourraient compléter le dispositif récemment mis en place. Ces mesures doivent être élaborées dans la concertation au sein du comité de suivi de la politique en faveur du vélo et être proposées pour la fin de cette année. Il me semble en outre nécessaire de prendre en compte lors de la concertation les enseignements résultant de la mise en oeuvre du décret du 14 septembre 1998 par les collectivités locales.
Je sais également c’est un autre volet de la sécurité que vous êtes très attaché à l’instauration d’un marquage des vélos pour lutter contre le vol. Cette mesure fait l’objet d’un amendement au projet de loi sur la sécurité routière qui sera adopté prochainement. Les modalités d’application seront élaborées en concertation avec le ministère de l’Intérieur et le Club des villes cyclables.
Promouvoir l’utilisation du vélo en toute sécurité consiste aussi à offrir aux cyclistes une continuité des itinéraires et des déplacements, avec des équipements conçus d’abord en fonction de la sécurité.
L’article 20 de la loi sur l’air ouvre à ce titre des opportunités intéressantes qui doivent se concrétiser dans les plans de déplacements urbains. La continuité d’itinéraires doit être recherchée par une combinaison harmonieuse de multiples solutions, prenant en compte la diversité de l’environnement urbain : la traversée de « zones 30 », les pistes et bandes cyclables conquises sur les espaces affectées traditionnellement à la circulation des voitures ou à leur stationnement, le partage des couloirs d’autobus, le partage des espaces avec les piétons dans les zones piétonnières, etc. Bien entendu, une large part d’initiative doit être ici laissée aux collectivités territoriales, mais les services de l’Etat se doivent aussi de favoriser les évolutions nécessaires.
Ces itinéraires cyclables doivent au-delà s’inscrire dans une démarche d’aménagement du territoire dans laquelle financements publics pourront être dégagés dans le cadre des contrats de plan Etat-Région, des contrats de Pays ou des contrats d’agglomération.
J’ajoute qu’à mon sens, notre réflexion doit encore s’élargir. C’est le sens de l’initiative que j’ai prise voici quelques mois en organisant un grand débat national sur le thème « habiter, se déplacer, vivre la ville ».
Ce dont il est question avec ce débat, c’est bien sûr de l’organisation des déplacements et de la place respective de la voiture, des transports collectifs et des autres modes de déplacement, dont le vélo, dans la ville.
Mais c’est aussi du problème de l’étalement urbain, des fractures urbaines, des ségrégations spatiales et sociales qui trop souvent se superposent. Et c’est également des difficultés de construction du logement social, quand par exemple nous sommes conduits à constater que les projets recensés n’arrivent pas à consommer tous les crédits inscrits en loi en finances, alors même que le besoin en logements est criant
Naturellement, l’objet de ce débat n’est pas d’imposer je ne sais quel modèle uniforme de développement urbain. C’est de rechercher à la fois un cadre cohérent pour une politique nationale telle quelle va par exemple s’exprimer au travers des contrats de Plan -, et des outils nouveaux pour permettre aux collectivités territoriales, aux villes principalement, de mieux opérer leurs choix et de mieux maîtriser leur avenir.
Ce débat trouvera son point d’orgue le 19 mai à Paris, par une journée de synthèse au cours de laquelle le Premier ministre présentera les orientations et les choix sur la base desquels des décisions de différents ordres, législatifs et financiers notamment, pourront ensuite être retenues.
Soyez assurés que ce que j’ai vu et entendu ici à Strasbourg, les discussions que j’y ai eues avec vos élus, contribueront de manière particulièrement pertinente à nourrir ce débat et à inspirer les orientations qui seront proposées.
Merci donc pour votre accueil, pour votre travail, et pour tout ce que vous apportez d’innovant à notre réflexion commune !