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C'est pour moi une joie de vous accueillir aujourd'hui au ministère de la Culture pour vous remettre ces titres de Maîtres d'art qui sont le signe de l'excellence de la culture dans notre pays.
Les métiers d'art, avec les autres entreprises de la création, incarnent la très grande valeur du secteur culturel français : sa créativité, ses savoir-faire et sa haute qualité.
Ancrés dans des traditions souvent centenaires et tournés vers les évolutions techniques les plus innovantes, ces métiers, entre artisanat et art, sont inscrits au cur de nos territoires, à la croisée du patrimoine et de la création contemporaine.
Ces métiers, vos métiers, d'hier et d'aujourd'hui, liens vivants et toujours repensés entre la transmission de savoir-faire perfectionnés par les ans et les techniques innovantes, sont aussi, et avant tout, des métiers de demain. Un véritable atout pour le redressement créatif de la France. Qui est, vous le savez parce que j'ai souvent eu l'occasion de le rappeler, à la culture, ce que le redressement productif est à l'industrie.
La culture, c'est de la valeur. Ce sont aussi des emplois.
Des emplois souvent hautement qualifiés et à forte valeur ajoutée. Aujourd'hui, c'est une grande joie pour moi de les mettre en avant et de distinguer 8 professionnels que j'ai voulu nommer de Maîtres d'art sur proposition de l'Institut national des métiers d'art.
La filiation professionnelle que nous célébrons ici entre les maîtres d'art et leur élève est au cur de la politique volontariste que le président de la République a voulu mener en matière d'emploi.
C'est un véritable contrat de génération au service de la création que nous célébrons aujourd'hui. Un contrat développé dans des secteurs d'excellence exigeant une formation de qualité en prise directe avec les enjeux créatifs et économiques auxquels ils sont confrontés aujourd'hui.
En remettant aujourd'hui ces titres de Maîtres d'art, je veux saluer le savoir-faire et la créativité des professionnels des métiers d'art. Je veux aussi encourager les élèves, ces Maîtres en devenir, qui sont l'avenir de nos secteurs d'excellence.
Pour commencer le riche et large tour d'horizon de nos métiers d'art, je salue Nelly Gable et Annie Bocel qui représentent aujourd'hui la gravure de poinçons typographiques.
Nelly Gable, vous êtes graveur/se de poinçons typographiques de l'Atelier du livre et de l'estampe de l'Imprimerie nationale et la Responsable du cabinet des poinçons. L'imprimerie nationale a décidé d'accompagner la transmission de vos savoir-faire en salariant Annie Bocel, votre élève, titulaire d'un diplôme des métiers d'art en gravure de l'Ecole Estienne.
Après la gravure de poinçons typographiques, je me tourne vers Francine Nicolle et Muriel Perez pour la broderie au boutis.
C'est à vous, chère Francine Nicolle que l'on doit la renaissance de cette technique de broderie provençale qui avait progressivement disparu. Avec Muriel Perez, votre élève, vous partagez le projet de développer l'activité économique et de diversifier la production de l'atelier d'art que vous avez créé pour faire vivre cette technique en zone rurale.
Autrefois représenté dans toutes les grandes maisons, le métier de boîtier est désormais une spécialité rare. Je tiens donc à saluer Stéphane Bondu et Claire-Marie Polo qui représentent ce métier à mi-chemin entre l'orfèvrerie et la joaillerie.
C'est avec votre jeune équipe de 13 salariés de l'Atelier de l'objet que vous créez, cher Stéphane Bondu, des objets uniques au service des plus grandes maisons de création. Vous avez choisi Claire-Marie Polo qui est salariée de votre entreprise depuis sept ans, pour être votre élève.
C'est ensuite la passementerie et l'extrême minutie du retordeur que je tiens à mettre en avant avec Yves Dorget et Anne Valérie Blezot.
Vous poursuivez, cher Yves Dorget, une tradition familiale en dirigeant la passementerie de douze personnes où vous êtes le seul à maîtriser la technique du « retord ». C'est à Anne-Valérie Blezot, salariée de l'entreprise depuis huit ans, que vous avez souhaité transmettre cette technique qui exige une patience et une dextérité rares.
Je me tourne désormais vers Michel Heurtault et Andréa Millerand, qui représentent l'art délicat et précis de la parasolerie.
Après avoir travaillé pour les plus grands créateurs, vous fondez en 2008 la parasolerie Heurtault - que j'ai eu le plaisir de visiter ce matin qui allie une activité de création de parapluies et ombrelles entièrement réalisés à la main et un atelier de restauration. Vous avez choisi comme élève, Andréa Millerand, votre apprenti depuis deux ans, titulaire d'un diplôme des techniciens des métiers du spectacle.
C'est ensuite à Jacques Loire que je souhaite exprimer ma reconnaissance pour toute une vie consacrée à la restauration et à la création de vitraux.
En vous nommant Maître d'art à titre honorifique, je salue bien sûr votre savoir-faire, transmis sur trois générations de maîtres verriers, mais aussi votre engagement personnel très fort en faveur du dispositif Maître d'art-élève que vous avez contribué à créer et à faire vivre.
Après avoir célébré la vitalité de la création dans les métiers d'art, je voudrais saluer les métiers du patrimoine et de la restauration avec Denis Mallejac et Marc Brunau.
Cher Denis Mallejac, c'est à vous, et à votre entreprise labélisée « patrimoine vivant », que l'on doit la restauration de bâtiments protégés au titre de monuments historiques. Vous développez aussi des techniques destinées à faire de la terre un matériau moderne pour un habitat contemporain respectueux de l'environnement. Vous avez choisi pour élève, votre salarié, Marc Brunau, maçon de formation, afin de lui transmettre votre savoir-faire.
J'ai commencé par la gravure, c'est par elle que je termine en saluant Didier Mutel et Elsa Maillot, qui partagent cette même passion.
Elève du Maître d'art Pierre Lallier, imprimeur en taille-douce, avant d'être résident à la Villa Médicis, vous voici, cher Didier Mutel, nommé Maître d'art à votre tour. Au delà de ses savoir-faire, Pierre Lallier vous a transmis un matériel historique inestimable que vous avez installé à Besançon où vous enseignez à l'Institut supérieur des beaux arts. Vous souhaitez aujourd'hui transmettre ces techniques à Elsa Maillot pour qu'elle développe à son tour sa propre expression graphique et artistique au sein de l'atelier.
Pour conclure cette cérémonie placée sous le signe de la transmission, je voudrais évoquer avec vous tous la mémoire de deux grands maîtres qui nous quittés cet été : Eric Seydoux et Etienne Vatelot.
Parmi les plus grands sérigraphes français, Eric Seydoux s'est consacré à l'uvre de Jacques Monory, Daniel Buren et d'Aimée Césaire. Il a collaboré avec les plus grands noms de la scène artistique contemporaine : Arman, Sophie Calle, Paul Delvaux, Jean Dubuffet, Gérard Garouste. Je rends hommage aujourd'hui à celui qui a fait de la diffusion de la création, notamment sous sa forme contemporaine, la passion de toute une vie au service de la transmission.
Luthier et fondateur de l'école nationale de lutherie de Mirecourt, Etienne Vatelot a conseillé de nombreux solistes à la renommée internationale. Il fut la voix des métiers d'art en France et leur infatigable ambassadeur à l'étranger. Lui qui aimait à dire que « les Maîtres d'art montrent le chemin de l'avenir » a activement contribué au rayonnement et à la reconnaissance de nos métiers d'art en France et à travers le monde.
Je souhaite que les mots du père de ce dispositif des Maîtres d'art vous accompagnent tout au long de cette belle expérience de transmission au service de la création et du patrimoine.
Je vous remercie.
Source http://www.culturecommunication.gouv.fr, le 19 novembre 2013