Texte intégral
INTERVENANT
Place tout de suite à l'invité politique de LCI MATIN et de RADIO CLASSIQUE, c'est Bernard CAZENEUVE, le ministre de l'Intérieur interrogé par Guillaume DURAND, bonjour à tous les deux.
GUILLAUME DURAND
Nous recevons le ministre de l'Intérieur, Bernard CAZENEUVE - qui a été ministre du Budget - et les sujets ne manquent pas, on va parler évidemment des annonces d'hier et puis de vos projets en matière de sécurité en France. Commençons par hier ! Alors est-ce que c'est un tournant de la rigueur, parce qu'on a l'impression que VALLS hésite autour du mot ?
BERNARD CAZENEUVE
Non ! Ce n'est pas un tournant de la rigueur, le gouvernement de Jean-Marc AYRAULT avait déjà engagé le redressement des comptes publics. D'ailleurs les déficits, depuis que nous sommes en responsabilité, diminuent : c'était 5,3 % du PIB en 2012, nous étions à 4,8 à la fin de l'année 2012, 4,3 en 2013 et l'idée est de continuer cette réduction des déficits pour que nous puissions maîtriser notre dette, nous donner des marges de manoeuvre, des marges de manoeuvre pour réussir le redressement de notre appareil productif, pour investir sur les territoires, pour faire en sorte que la bataille contre le chômage soit gagnée.
GUILLAUME DURAND
Mais est-ce que vous considérez, comme l'expriment certains maires, par exemple comme Jean-Claude BOULARD au Mans, que finalement - avec ce régime drastique - il va devenir pour les maires impossible d'investir, il a déjà les associations familiales qui se plaignent du gel des prestations familiales, les fonctionnaires qui vont se plaindre forcément du gel de l'indice des fonctionnaires, donc est-ce que ce n'est pas un problème politique aussi pour vous maintenant ?
BERNARD CAZENEUVE
Non ! Ce n'est pas un problème politique, parce que ce qui fait l'économie c'est la réforme. J'entendais tout à l'heure que c'est une logique de rabot qui a présidé à la mise en oeuvre de ce plan de 50 milliards et qu'il n'y a pas de réforme structurelle, c'est l'inverse, ce sont les réformes qui font les économies. Vous prenez les collectivités territoriales ! Quel est le gouvernement qui a engagé un tel champ de réformes pour les collectivités territoriales avec la refonte de la carte des Régions, pour des Régions moins nombreuses, plus puissantes
GUILLAUME DURAND
D'accord ! Mais, alors, on peut redonner le calendrier ?
BERNARD CAZENEUVE
Ayant une capacité
GUILLAUME DURAND
On peut redonner le calendrier ?
BERNARD CAZENEUVE
Oui ! Je vais vous donner le calendrier. Quel est le gouvernement qui a profilé sur les Conseils généraux une ambition de modification de l'ordre existant avec autant de force que nous le faisons aujourd'hui ? Quel est le gouvernement qui a engagé une refonte de la carte des intercommunalités comme nous nous apprêtons à le faire ? Nous voulons des collectivités locales moins nombreuses, qui soient plus riches, qui aient une capacité d'investissement plus significative. J'ai fait l'expérience dans mon propre territoire de la fusion des collectivités locales - j'ai fusionné ma ville de Cherbourg avec la ville d'Octeville - et qu'avons-nous constaté ? Nous avons constaté une diminution des dépenses de fonctionnement de près de 20 %, que nous avons réutilisée pour investir
GUILLAUME DURAND
Mais on va y revenir ! Mais je voudrais qu'on reste
BERNARD CAZENEUVE
Maîtriser la fiscalité.
GUILLAUME DURAND
Mais je voudrais qu'on reste sur les 50 milliards
BERNARD CAZENEUVE
Donc sur l'investissement des collectivités locales, si nous modifions comme nous le souhaitons, c'est une vraie réforme structurelle, une ample réforme structurelle, la carte des territoires comme nous nous proposons de le faire, alors nous aurons des collectivités locales plus riches avec une capacité d'investissement plus forte.
GUILLAUME DURAND
Alors, j'ai plein de questions. COPE dit c'est de la com. VALLS, c'est de la com., et, de toute façon, il manque les 20 milliards qui vont financer la baisse
BERNARD CAZENEUVE
Mais que voulez-vous que dise Jean-François COPE ? Il a été en soutien d'une majorité qui a augmenté de 170 milliards la dépense publique entre 2007 et 2012. Sur le plan des collectivités territoriales, à part le conseiller territorial qui était un être hybride, qui soi-disant préfigurait une réforme des collectivités locales, que s'est-il passé ? Rien ! La dépense publique a augmenté de plus de 2 % pendant le quinquennat précédent, nous sommes à 0,4 % d'augmentation de la dépense publique
GUILLAUME DURAND
Oui ! Mais quand il dit : tout ça n'est pas financé
BERNARD CAZENEUVE
Et les déficits in fine c'était inférieur à 5 %...
GUILLAUME DURAND
Il manque 20 milliards bien précis, documentés, qui permettraient d'expliquer
BERNARD CAZENEUVE
Mais les 50 milliards sont parfaitement documentés et j'ai d'ailleurs contribué à l'élaboration de ce plan - je sais où il se trouve et le Premier ministre l'a rappelé très clairement
GUILLAUME DURAND
Mais alors pourquoi tout le monde, ce matin, écrit : il y a un mystère, on ne sait pas où ils sont ces 20 milliards ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais il n'y a pas de mystère ! Je vais vous redonner les chiffres : il y a 18 milliards sur l'Etat, là aussi les 18 milliards sur l'Etat contrairement à ce que j'entends sur les ondes, il faudrait se plonger dans le dossier ne relèvent pas d'une logique de rabot mais d'une vraie réforme structurelle, les opérateurs de l'Etat dont le budget a augmenté de près de 15 % entre 2007 et 2012, qui ont vu
GUILLAUME DURAND
C'est quoi, le CNC, l'ADEME, etc. ?
BERNARD CAZENEUVE
Exactement ! Ce sont tous les démembrements de l'Etat qui concourent à des missions de service public.
GUILLAUME DURAND
Et, alors, on va en supprimer ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais 5 % d'augmentation de leur budget entre 2007 et 2012
GUILLAUME DURAND
Et on va en supprimer ?
BERNARD CAZENEUVE
Une augmentation de 6 % de leur effectif, eh bien nous allons effectivement fusionner des opérateurs...
GUILLAUME DURAND
Lesquels ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais nous allons par exemple créer un grand opérateur de la biodiversité parce qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un opérateur par espèce à protéger, ce n'est pas indispensable si on veut être efficace en termes de politique publique.
GUILLAUME DURAND
Et est-ce qu'il y en a qui seront supprimés ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais bien entendu qu'il y a des opérateurs qui seront supprimés, puisqu'il y aura
GUILLAUME DURAND
Parce qu'on demande beaucoup, c'est aussi
BERNARD CAZENEUVE
Puisqu'il y aura des fusions, qu'il y aura des mutualisations, qu'il y aura des réorganisations et par con
GUILLAUME DURAND
Mais il y aura quand, qui quoi ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais là ! Le problème
GUILLAUME DURAND
Donnez-moi un exemple !
BERNARD CAZENEUVE
Non ! Mais je vous ai pris un exemple très concret qui est celui des opérateurs de la biodiversité
GUILLAUME DURAND
Oui !
BERNARD CAZENEUVE
Il y a énormément d'opérateurs qui s'occupent des questions d'environnement et de biodiversité, est-ce qu'il faut des opérateurs éparpillés qui pour chacun d'entre eux bénéficient de taxes affectées ou est-ce qu'il faut un grand opérateur qui mutualise ces fonctions en support de manière à pouvoir faire des économies
GUILLAUME DURAND
Donc, l'ADEME pourrait devenir le réceptacle de tout ça ?
BERNARD CAZENEUVE
Je ne suis pas ministre en charge de ce secteur et je ne peux pas faire des annonces ici à la place de mes collègues. Ce que je veux simplement vous dire c'est que là où nous avons des opérateurs qui ont vu leur budget augmenter de 15 %, leurs dépenses de personnel augmenter de 6 % avec leur effectif, nous allons procéder à un vrai travail de rationalisation, mais ça c'est une réforme structurelle. Sur la santé, les 10 milliards sur la santé, ce ne sont pas 10 milliards qui relèvent dune logique du rabot, lorsque l'on décide de développer l'hospitalisation à domicile, la chirurgie ambulatoire, de réarticuler la relation entre l'hôpital et
GUILLAUME DURAND
Mais on est dans le combat politique, vous comprenez leurs arguments ?
BERNARD CAZENEUVE
Non ! Mais je comprends très bien que nous sommes dans le combat politique, je comprends aussi
GUILLAUME DURAND
Et vous aussi vous êtes dans le combat politique ?
BERNARD CAZENEUVE
Non ! Moi j'essaie, sur ce sujet-là - dans un pays qui est inquiet, qui souhaite son redressement, le redressement de son appareil productif, le redressement de ses comptes, le retour de la croissance, qui souhaite réussir la lutte contre le chômage de dire avec non pas l'esprit de la polémique, non pas l'esprit de la petite politique, mais l'esprit de Pierre MENDES-FRANCE, voilà quel est le chemin, voilà quel est le but, voilà quel est le calendrier.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous considérez que les socialistes qui vont vous suivre et est-ce que vous craignez des manifestations des syndicats, parce que les syndicats la CGT par exemple dit de VALLS : il est dur avec les faibles.
BERNARD CAZENEUVE
Non ! Mais ça ce n'est pas juste de dire cela. Si nous engageons cette politique-là c'est parce que nous voulons et parce que nous y sommes attachés sauver le modèle social français et les services publics français
GUILLAUME DURAND
Ils disent le contraire !
BERNARD CAZENEUVE
Ce n'est pas
GUILLAUME DURAND
Ils disent le contraire ce matin
BERNARD CAZENEUVE
Peut-être ! Mais nous avons
GUILLAUME DURAND
Ils disent : le modèle social français c'est terminé
BERNARD CAZENEUVE
Peut-être ! Mais nous avons, nous, un travail de conviction à faire pour montrer que si nous ne maîtrisons pas nos dettes, si nous ne maîtrisons pas nos déficits, nous perdrons notre souveraineté qui est la garantie de notre capacité à faire monter en gamme nos services publics, notre système de protection sociale. C'est parce que nous sommes viscéralement attachés au modèle social français que nous voulons faire ces efforts pour assurer la soutenabilité de son financement, c'est parce que nous sommes viscéralement attachés au modèle social français et aux services publics
GUILLAUME DURAND
Il va falloir convaincre !
BERNARD CAZENEUVE
Que nous voulons réformer.
GUILLAUME DURAND
Il va falloir convaincre.
BERNARD CAZENEUVE
Mais la politique c'est un art de la conviction, notamment quand...
GUILLAUME DURAND
Le 30 avril il y a un vote, est-ce que les députés socialistes vont voter ?
BERNARD CAZENEUVE
Notamment, Guillaume DURAND, lorsque l'on est confrontés à de telles difficultés la politique ça consiste à regarder le pays les yeux dans les yeux, à lui dire quel est le chemin, à lui dire quelles sont les étapes, à lui dire quel est le calendrier et d'aller devant la représentation nationale comme l'a fait le Premier ministre à l'occasion de son discours de politique générale pour dire que ce chemin est un chemin de redressement et faire en sorte, non pas par des arguments d'autorité mais par la conviction
GUILLAUME DURAND
D'accord !
BERNARD CAZENEUVE
Par la puissance des arguments, d'emporter le
GUILLAUME DURAND
Donc, il y a un travail à partir de ce matin à l'égard de la gauche de la gauche pour lui demander de voter le 30 avril le fameux enfin c'est le programme de stabilité ?
BERNARD CAZENEUVE
Il y a un travail à l'égard de l'ensemble du pays...
GUILLAUME DURAND
D'accord !
BERNARD CAZENEUVE
Et bien entendu de la majorité
GUILLAUME DURAND
Donc, c'est
BERNARD CAZENEUVE
Et l'opposition doit aussi prendre ses responsabilités, elle a laissé le pays dans la situation que l'on sait, les réformes elle ne les a pas faites parce que si elles les avaient faites nous n'aurions pas à les faire aujourd'hui et, si nous sommes aujourd'hui dans une situation, nous devons courageusement prendre des décisions pour le redressement, pour l'emploi, pour le redressement
GUILLAUME DURAND
Eh bien c'est possible ! Parce que vous n'avez pas fait grand-chose pendant 2 ans ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais comment ça ?
GUILLAUME DURAND
Eh bien vous dites c'est l'opposition, l'opposition c'est
BERNARD CAZENEUVE
Mais depuis 2 ans qu'avons-nous fait ? Nous avons commencé la réduction des déficits, nous avons engagé une politique de maîtrise de nos comptes sociaux comme jamais cela n'avait été fait, le déficit de la Sécurité Sociale était de plus de 20 milliards lorsque nous sommes arrivés en situation de responsabilité, si nous continuons à tenir nos comptes il sera d'un peu plus de 12 milliards en 2014 c'est-à-dire 8 milliards de diminution des déficits des comptes sociaux depuis que nous sommes en responsabilité ce ne sont pas des résultats ça ?
GUILLAUME DURAND
Donc vous nous dites, ce matin, l'opposition ment depuis le début ?
BERNARD CAZENEUVE
Je dis ce matin qu'il serait souhaitable, je l'ai déjà dit sur votre antenne à plusieurs reprises, que sur ces questions qui engagent l'avenir du pays il y ait moins de polémiques, davantage
GUILLAUME DURAND
Mais moi je parle de mensonge, c'est important, parce que c'est
BERNARD CAZENEUVE
Mais je
GUILLAUME DURAND
Vous dites il faut s'expliquer face aux Français, on est face aux Français.
BERNARD CAZENEUVE
Moins de polémiques ! Et, Guillaume DURAND, ça veut dire aussi moins de mensonges. Parce que lorsque l'opposition a la majorité décide de fréquenter la vérité, les compromis sont plus faciles sur les questions essentielles, je ne dis pas qu'il faille être d'accord sur tout, je dis que dans les grandes démocraties lorsqu'il y a des grands défis on doit être capables sur certaines questions de dire ensemble, donc je pense effectivement que la vérité est une excellente manière lorsqu'on la fréquente d'aboutir à des solutions
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous avez peur
BERNARD CAZENEUVE
Sur la base de davantage de compromis
GUILLAUME DURAND
Qu'il vous manque des votes à gauche ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais on ne fait pas un travail comme celui dans lequel nous sommes engagés, qui est courageux, en ayant la peur au ventre, moi je ne vais pas dans mon ministère le matin en ayant la peur au ventre, je vais dans mon ministère le matin
GUILLAUME DURAND
Enfin vous êtes protégé
BERNARD CAZENEUVE
Mais peut-être
GUILLAUME DURAND
Au Ministère de l'Intérieur il y a du monde.
BERNARD CAZENEUVE
Peut-être, mais je n'y vais pas en ayant la peur au ventre, pas davantage que je n'allais au Ministère du Budget lorsque j'ai élaboré ce plan en ayant la peur au ventre, quand on est en charge de la direction d'un pays, qu'on aime son pays, qu'on veut le sortir des difficultés, on exerce la responsabilité du pouvoir avec lucidité, avec une exigence de vérité qui est la détermination.
GUILLAUME DURAND
Alors j'ai plein de questions, il nous reste moins de 5 minutes. MONTEBOURG ce matin, dans les Echos : la croissance ne doit pas être entravée par la réduction des déficits, est-ce que vous avez l'impression que les problèmes qui se posent à gauche peuvent se poser aussi au gouvernement, c'est-à-dire avec des couacs à venir, ou est-ce que maintenant la ligne est claire, tous derrière VALLS ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais la ligne est claire et, pardon, MONTEBOURG a raison de dire cela. D'ailleurs c'est parce que nous sommes soucieux de faire en sorte que l'effort d'ajustement budgétaire ne vienne pas obérer les chances de la croissance que nous mettons en place un Pacte de responsabilité et un Pacte de solidarité, qui va conduire à baisser les impôts sur les ménages et qui va conduire à réduire le coût du travail pour les entreprises de manière à ce que les entreprises reconstituant leurs marges investissent, investissent dans l'innovation, investissent dans la montée en gamme de nos produits.
GUILLAUME DURAND
Donc, il n'y a pas de différentiel d'analyse au gouvernement ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais pas du tout ! Nous étions hier
GUILLAUME DURAND
C'est fini ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais en tous les cas je ne sens pas cela lorsque nous sommes moins nombreux autour de la table du conseil des ministres, que le président de la République et le Premier ministre montrent le chemin, il y a des débats et ces débats montrent que notre politique repose sur un équilibre : ajustement des comptes, chance donnée à la croissance, et cet équilibre-là rassemble autour du président de la République et du Premier ministre tout le gouvernement.
GUILLAUME DURAND
Vous avez vu les métaphores qui courent ce matin dans les journaux, Cécile CORNUDET, hier LES GUIGNOLS, VALLS c'est le shérif quoi, après non pas l'approximation de Jean-Marc AYRAULT ce serait tout à fait injuste mais après disons une certaine forme de discrétion, VALLS ce serait une sorte de Clint EASTWOOD français ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais personne ne ressemble à personne en politique, c'est d'ailleurs fort bien comme ça, ça permet à des personnalités qui ont des sensibilités multiples d'exercer des responsabilités. Manuel VALLS c'est un homme qui a une qualité, la détermination et la rigueur, il est précis, il veut délivrer, il est désireux de faire en sorte que les engagements pris puissent se décliner dans le cadre d'un calendrier maîtrisé - c'est un homme qui est en maîtrise - et, lorsqu'on est confronté à une crise et qu'on veut la surmonter, avoir un président de la République, un Premier ministre
GUILLAUME DURAND
Donc, c'est encore un homme de gauche ? On n'est pas face à un personnage autoritaire qui finalement aurait un itinéraire de gauche mais arriverait au pouvoir ferait une politique de droite ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais je travaille moi depuis des mois avec Manuel VALLS, je n'ai pas en face de moi quelqu'un d'autoritaire, j'ai en face de moi quelqu'un qui a de la détermination, de l'autorité, mais qui est dans la relation de respect avec ses ministres, qui les écoute, qui échange avec eux, qui est dans la profondeur des choses, ce sont des qualités qui sont des qualités utiles dans le contexte.
GUILLAUME DURAND
Alors concernant votre ministère, d'abord je parlais tout à l'heure des collectivités territoriales, quand est-ce qu'on saura exactement ce qui se passera pour les Régions, combien, est-ce qu'on a maintenant des dates précises ? Elles ont été avancées les dates, hein ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais Marylise LEBRANCHU prépare un texte de loi sur la décentralisation qui reprendra les échéances qui ont été évoquées par le Premier ministre dans son discours de politique générale
GUILLAUME DURAND
C'est-à-dire 2017 !
BERNARD CAZENEUVE
Pour ce qui concerne l'évolution des départements c'est à l'horizon 2020, ce qui nous permet de préparer l'organisation de l'administration territoriale de l'Etat, n'oublions pas la déconcentration et des intercommunalités de manière à faire en sorte que cette réforme se fasse dans un contexte où il y ait davantage de services publics - parce que c'est bien cela le but - et d'ailleurs, comme ministre de l'Intérieur l'organisation des administrations déconcentrées de l'Etat, le réseau des préfectures et des sous- préfectures
GUILLAUME DURAND
Ça vous concerne !
BERNARD CAZENEUVE
Ca me concerne au premier chef et moi je souhaite que cette réforme permette davantage de services publics locaux et de services publics d'Etat sur les territoires c'est le but que nous poursuivrons nous apporterons la démonstration que nous sommes capables de faire cela précisément par la réforme
GUILLAUME DURAND
C'est bien le chiffre de 12 qui est retenu, définitivement, pour les Régions ?
BERNARD CAZENEUVE
Le texte sera présenté moi je ne veux pas si vous voulez me mettre à faire des annonces en ce qui concerne d'autres départements ministériels sur des sujets sur lesquels les arbitrages sont en cours
GUILLAUME DURAND
D'accord !
BERNARD CAZENEUVE
Mais, comme l'a indiqué le Premier ministre dans son discours de politique générale, ces textes seront présentés au Parlement dans les meilleurs délais.
GUILLAUME DURAND
Dernière question, elle est importante puisque vous êtes ministre de l'intérieur, vous savez que Manuel VALLS qu'on caricature comme un homme d'autorité a été aussi largement critiqué concernant son passage au Ministère de l'Intérieur, en disant : les résultats ne sont pas là. Alors, vous, vous allez être quel type de ministre de l'Intérieur ? Parce que la demande des Français en matière de sécurité est forte ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais la demande des Français en matière de sécurité, le besoin d'Etat des Français, tout cela dot être entendu et doit être entendu notamment par le ministre de l'Intérieur qui est ministre de la Sécurité mais qui est aussi ministre des Administrations sur le territoire national avec le réseau des préfectures et des sous-préfectures et qui, par conséquent, est un peu le ministre de l'Etat, y compris d'ailleurs sur le plan des valeurs puisqu'il est ministre des Cultes et que je n'oublie pas cette dimension extrêmement importante de ma mission. Donc, moi ce que je souhaite
GUILLAUME DURAND
Mais dans la tête des Français il y a cambriolages, braquages, exécutions à Marseille
BERNARD CAZENEUVE
Oui ! Mais pour ce qui concerne braquages et cambriolages le plan de lutte contre les cambriolages mis en place par mon prédécesseur donne des résultats extrêmement positifs puisqu'au premier trimestre de l'année 2014 nous avons une diminution de 8 % des cambriolages en zone gendarmerie et de 6 % en zone police, je veux conforter, amplifier, approfondir ce plan. Le résultat des zones de sécurité prioritaire ne sont pas mauvais du tout, ils sont même très bons, comme j'ai pu le constater en visite dans la zone de sécurité prioritaire de Savigny en Seine-et-Marne il y a de cela quelques jours ; je serai demain dans la zone de sécurité prioritaire de Saint-Dizier, il faut approfondir là aussi et amplifier ces dispositifs
GUILLAUME DURAND
Donc, vous serez un ministre de lIntérieur de terrain ?
BERNARD CAZENEUVE
Je serai un ministre de l'Intérieur de terrain, je serai un ministre de l'Intérieur proche de ses troupes, je serai un ministre de l'Intérieur proche des élus locaux et je serai un ministre de l'Intérieur qui cherchera avec fermeté à apaiser un pays qui a besoin de projection.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous vous attendiez, vous donc l'ancien maire de Cherbourg, à faire arrêter un patron de la Camorra à Nice, c'est bizarre dans une carrière politique quand même, toutes les surprises sont possibles ?
BERNARD CAZENEUVE
Oui ! Enfin je veux rendre hommage aux services de police et de gendarmerie qui, sur le territoire national, sont capables d'élucider des faits, de démanteler des filières criminelles - qui ont parfois une dimension européenne au risque de leur vie
GUILLAUME DURAND
Et il faut qu'il soit remis aux autorités italiennes, il s'appelle
BERNARD CAZENEUVE
Et je veux rendre hommage à tous ces policiers, à tous ces gendarmes qui chaque jour
GUILLAUME DURAND
Et on le rend aux Italiens, c'est Antonio LARUSSO.
BERNARD CAZENEUVE
Il y a une procédure qui est en cours - donc les étapes de cette procédure doivent être respectées - et ce que cette affaire révèle c'est le haut niveau de professionnalisme de la police et de la gendarmerie en France.
GUILLAUME DURAND
Merci Bernard CAZENEUVE, je rappelle que vous êtes ministre de l'Intérieur. Bonne journée à vous, selon la formule
BERNARD CAZENEUVE
Merci !
GUILLAUME DURAND
Consacrée et sincère.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 avril 2014
Place tout de suite à l'invité politique de LCI MATIN et de RADIO CLASSIQUE, c'est Bernard CAZENEUVE, le ministre de l'Intérieur interrogé par Guillaume DURAND, bonjour à tous les deux.
GUILLAUME DURAND
Nous recevons le ministre de l'Intérieur, Bernard CAZENEUVE - qui a été ministre du Budget - et les sujets ne manquent pas, on va parler évidemment des annonces d'hier et puis de vos projets en matière de sécurité en France. Commençons par hier ! Alors est-ce que c'est un tournant de la rigueur, parce qu'on a l'impression que VALLS hésite autour du mot ?
BERNARD CAZENEUVE
Non ! Ce n'est pas un tournant de la rigueur, le gouvernement de Jean-Marc AYRAULT avait déjà engagé le redressement des comptes publics. D'ailleurs les déficits, depuis que nous sommes en responsabilité, diminuent : c'était 5,3 % du PIB en 2012, nous étions à 4,8 à la fin de l'année 2012, 4,3 en 2013 et l'idée est de continuer cette réduction des déficits pour que nous puissions maîtriser notre dette, nous donner des marges de manoeuvre, des marges de manoeuvre pour réussir le redressement de notre appareil productif, pour investir sur les territoires, pour faire en sorte que la bataille contre le chômage soit gagnée.
GUILLAUME DURAND
Mais est-ce que vous considérez, comme l'expriment certains maires, par exemple comme Jean-Claude BOULARD au Mans, que finalement - avec ce régime drastique - il va devenir pour les maires impossible d'investir, il a déjà les associations familiales qui se plaignent du gel des prestations familiales, les fonctionnaires qui vont se plaindre forcément du gel de l'indice des fonctionnaires, donc est-ce que ce n'est pas un problème politique aussi pour vous maintenant ?
BERNARD CAZENEUVE
Non ! Ce n'est pas un problème politique, parce que ce qui fait l'économie c'est la réforme. J'entendais tout à l'heure que c'est une logique de rabot qui a présidé à la mise en oeuvre de ce plan de 50 milliards et qu'il n'y a pas de réforme structurelle, c'est l'inverse, ce sont les réformes qui font les économies. Vous prenez les collectivités territoriales ! Quel est le gouvernement qui a engagé un tel champ de réformes pour les collectivités territoriales avec la refonte de la carte des Régions, pour des Régions moins nombreuses, plus puissantes
GUILLAUME DURAND
D'accord ! Mais, alors, on peut redonner le calendrier ?
BERNARD CAZENEUVE
Ayant une capacité
GUILLAUME DURAND
On peut redonner le calendrier ?
BERNARD CAZENEUVE
Oui ! Je vais vous donner le calendrier. Quel est le gouvernement qui a profilé sur les Conseils généraux une ambition de modification de l'ordre existant avec autant de force que nous le faisons aujourd'hui ? Quel est le gouvernement qui a engagé une refonte de la carte des intercommunalités comme nous nous apprêtons à le faire ? Nous voulons des collectivités locales moins nombreuses, qui soient plus riches, qui aient une capacité d'investissement plus significative. J'ai fait l'expérience dans mon propre territoire de la fusion des collectivités locales - j'ai fusionné ma ville de Cherbourg avec la ville d'Octeville - et qu'avons-nous constaté ? Nous avons constaté une diminution des dépenses de fonctionnement de près de 20 %, que nous avons réutilisée pour investir
GUILLAUME DURAND
Mais on va y revenir ! Mais je voudrais qu'on reste
BERNARD CAZENEUVE
Maîtriser la fiscalité.
GUILLAUME DURAND
Mais je voudrais qu'on reste sur les 50 milliards
BERNARD CAZENEUVE
Donc sur l'investissement des collectivités locales, si nous modifions comme nous le souhaitons, c'est une vraie réforme structurelle, une ample réforme structurelle, la carte des territoires comme nous nous proposons de le faire, alors nous aurons des collectivités locales plus riches avec une capacité d'investissement plus forte.
GUILLAUME DURAND
Alors, j'ai plein de questions. COPE dit c'est de la com. VALLS, c'est de la com., et, de toute façon, il manque les 20 milliards qui vont financer la baisse
BERNARD CAZENEUVE
Mais que voulez-vous que dise Jean-François COPE ? Il a été en soutien d'une majorité qui a augmenté de 170 milliards la dépense publique entre 2007 et 2012. Sur le plan des collectivités territoriales, à part le conseiller territorial qui était un être hybride, qui soi-disant préfigurait une réforme des collectivités locales, que s'est-il passé ? Rien ! La dépense publique a augmenté de plus de 2 % pendant le quinquennat précédent, nous sommes à 0,4 % d'augmentation de la dépense publique
GUILLAUME DURAND
Oui ! Mais quand il dit : tout ça n'est pas financé
BERNARD CAZENEUVE
Et les déficits in fine c'était inférieur à 5 %...
GUILLAUME DURAND
Il manque 20 milliards bien précis, documentés, qui permettraient d'expliquer
BERNARD CAZENEUVE
Mais les 50 milliards sont parfaitement documentés et j'ai d'ailleurs contribué à l'élaboration de ce plan - je sais où il se trouve et le Premier ministre l'a rappelé très clairement
GUILLAUME DURAND
Mais alors pourquoi tout le monde, ce matin, écrit : il y a un mystère, on ne sait pas où ils sont ces 20 milliards ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais il n'y a pas de mystère ! Je vais vous redonner les chiffres : il y a 18 milliards sur l'Etat, là aussi les 18 milliards sur l'Etat contrairement à ce que j'entends sur les ondes, il faudrait se plonger dans le dossier ne relèvent pas d'une logique de rabot mais d'une vraie réforme structurelle, les opérateurs de l'Etat dont le budget a augmenté de près de 15 % entre 2007 et 2012, qui ont vu
GUILLAUME DURAND
C'est quoi, le CNC, l'ADEME, etc. ?
BERNARD CAZENEUVE
Exactement ! Ce sont tous les démembrements de l'Etat qui concourent à des missions de service public.
GUILLAUME DURAND
Et, alors, on va en supprimer ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais 5 % d'augmentation de leur budget entre 2007 et 2012
GUILLAUME DURAND
Et on va en supprimer ?
BERNARD CAZENEUVE
Une augmentation de 6 % de leur effectif, eh bien nous allons effectivement fusionner des opérateurs...
GUILLAUME DURAND
Lesquels ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais nous allons par exemple créer un grand opérateur de la biodiversité parce qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un opérateur par espèce à protéger, ce n'est pas indispensable si on veut être efficace en termes de politique publique.
GUILLAUME DURAND
Et est-ce qu'il y en a qui seront supprimés ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais bien entendu qu'il y a des opérateurs qui seront supprimés, puisqu'il y aura
GUILLAUME DURAND
Parce qu'on demande beaucoup, c'est aussi
BERNARD CAZENEUVE
Puisqu'il y aura des fusions, qu'il y aura des mutualisations, qu'il y aura des réorganisations et par con
GUILLAUME DURAND
Mais il y aura quand, qui quoi ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais là ! Le problème
GUILLAUME DURAND
Donnez-moi un exemple !
BERNARD CAZENEUVE
Non ! Mais je vous ai pris un exemple très concret qui est celui des opérateurs de la biodiversité
GUILLAUME DURAND
Oui !
BERNARD CAZENEUVE
Il y a énormément d'opérateurs qui s'occupent des questions d'environnement et de biodiversité, est-ce qu'il faut des opérateurs éparpillés qui pour chacun d'entre eux bénéficient de taxes affectées ou est-ce qu'il faut un grand opérateur qui mutualise ces fonctions en support de manière à pouvoir faire des économies
GUILLAUME DURAND
Donc, l'ADEME pourrait devenir le réceptacle de tout ça ?
BERNARD CAZENEUVE
Je ne suis pas ministre en charge de ce secteur et je ne peux pas faire des annonces ici à la place de mes collègues. Ce que je veux simplement vous dire c'est que là où nous avons des opérateurs qui ont vu leur budget augmenter de 15 %, leurs dépenses de personnel augmenter de 6 % avec leur effectif, nous allons procéder à un vrai travail de rationalisation, mais ça c'est une réforme structurelle. Sur la santé, les 10 milliards sur la santé, ce ne sont pas 10 milliards qui relèvent dune logique du rabot, lorsque l'on décide de développer l'hospitalisation à domicile, la chirurgie ambulatoire, de réarticuler la relation entre l'hôpital et
GUILLAUME DURAND
Mais on est dans le combat politique, vous comprenez leurs arguments ?
BERNARD CAZENEUVE
Non ! Mais je comprends très bien que nous sommes dans le combat politique, je comprends aussi
GUILLAUME DURAND
Et vous aussi vous êtes dans le combat politique ?
BERNARD CAZENEUVE
Non ! Moi j'essaie, sur ce sujet-là - dans un pays qui est inquiet, qui souhaite son redressement, le redressement de son appareil productif, le redressement de ses comptes, le retour de la croissance, qui souhaite réussir la lutte contre le chômage de dire avec non pas l'esprit de la polémique, non pas l'esprit de la petite politique, mais l'esprit de Pierre MENDES-FRANCE, voilà quel est le chemin, voilà quel est le but, voilà quel est le calendrier.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous considérez que les socialistes qui vont vous suivre et est-ce que vous craignez des manifestations des syndicats, parce que les syndicats la CGT par exemple dit de VALLS : il est dur avec les faibles.
BERNARD CAZENEUVE
Non ! Mais ça ce n'est pas juste de dire cela. Si nous engageons cette politique-là c'est parce que nous voulons et parce que nous y sommes attachés sauver le modèle social français et les services publics français
GUILLAUME DURAND
Ils disent le contraire !
BERNARD CAZENEUVE
Ce n'est pas
GUILLAUME DURAND
Ils disent le contraire ce matin
BERNARD CAZENEUVE
Peut-être ! Mais nous avons
GUILLAUME DURAND
Ils disent : le modèle social français c'est terminé
BERNARD CAZENEUVE
Peut-être ! Mais nous avons, nous, un travail de conviction à faire pour montrer que si nous ne maîtrisons pas nos dettes, si nous ne maîtrisons pas nos déficits, nous perdrons notre souveraineté qui est la garantie de notre capacité à faire monter en gamme nos services publics, notre système de protection sociale. C'est parce que nous sommes viscéralement attachés au modèle social français que nous voulons faire ces efforts pour assurer la soutenabilité de son financement, c'est parce que nous sommes viscéralement attachés au modèle social français et aux services publics
GUILLAUME DURAND
Il va falloir convaincre !
BERNARD CAZENEUVE
Que nous voulons réformer.
GUILLAUME DURAND
Il va falloir convaincre.
BERNARD CAZENEUVE
Mais la politique c'est un art de la conviction, notamment quand...
GUILLAUME DURAND
Le 30 avril il y a un vote, est-ce que les députés socialistes vont voter ?
BERNARD CAZENEUVE
Notamment, Guillaume DURAND, lorsque l'on est confrontés à de telles difficultés la politique ça consiste à regarder le pays les yeux dans les yeux, à lui dire quel est le chemin, à lui dire quelles sont les étapes, à lui dire quel est le calendrier et d'aller devant la représentation nationale comme l'a fait le Premier ministre à l'occasion de son discours de politique générale pour dire que ce chemin est un chemin de redressement et faire en sorte, non pas par des arguments d'autorité mais par la conviction
GUILLAUME DURAND
D'accord !
BERNARD CAZENEUVE
Par la puissance des arguments, d'emporter le
GUILLAUME DURAND
Donc, il y a un travail à partir de ce matin à l'égard de la gauche de la gauche pour lui demander de voter le 30 avril le fameux enfin c'est le programme de stabilité ?
BERNARD CAZENEUVE
Il y a un travail à l'égard de l'ensemble du pays...
GUILLAUME DURAND
D'accord !
BERNARD CAZENEUVE
Et bien entendu de la majorité
GUILLAUME DURAND
Donc, c'est
BERNARD CAZENEUVE
Et l'opposition doit aussi prendre ses responsabilités, elle a laissé le pays dans la situation que l'on sait, les réformes elle ne les a pas faites parce que si elles les avaient faites nous n'aurions pas à les faire aujourd'hui et, si nous sommes aujourd'hui dans une situation, nous devons courageusement prendre des décisions pour le redressement, pour l'emploi, pour le redressement
GUILLAUME DURAND
Eh bien c'est possible ! Parce que vous n'avez pas fait grand-chose pendant 2 ans ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais comment ça ?
GUILLAUME DURAND
Eh bien vous dites c'est l'opposition, l'opposition c'est
BERNARD CAZENEUVE
Mais depuis 2 ans qu'avons-nous fait ? Nous avons commencé la réduction des déficits, nous avons engagé une politique de maîtrise de nos comptes sociaux comme jamais cela n'avait été fait, le déficit de la Sécurité Sociale était de plus de 20 milliards lorsque nous sommes arrivés en situation de responsabilité, si nous continuons à tenir nos comptes il sera d'un peu plus de 12 milliards en 2014 c'est-à-dire 8 milliards de diminution des déficits des comptes sociaux depuis que nous sommes en responsabilité ce ne sont pas des résultats ça ?
GUILLAUME DURAND
Donc vous nous dites, ce matin, l'opposition ment depuis le début ?
BERNARD CAZENEUVE
Je dis ce matin qu'il serait souhaitable, je l'ai déjà dit sur votre antenne à plusieurs reprises, que sur ces questions qui engagent l'avenir du pays il y ait moins de polémiques, davantage
GUILLAUME DURAND
Mais moi je parle de mensonge, c'est important, parce que c'est
BERNARD CAZENEUVE
Mais je
GUILLAUME DURAND
Vous dites il faut s'expliquer face aux Français, on est face aux Français.
BERNARD CAZENEUVE
Moins de polémiques ! Et, Guillaume DURAND, ça veut dire aussi moins de mensonges. Parce que lorsque l'opposition a la majorité décide de fréquenter la vérité, les compromis sont plus faciles sur les questions essentielles, je ne dis pas qu'il faille être d'accord sur tout, je dis que dans les grandes démocraties lorsqu'il y a des grands défis on doit être capables sur certaines questions de dire ensemble, donc je pense effectivement que la vérité est une excellente manière lorsqu'on la fréquente d'aboutir à des solutions
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous avez peur
BERNARD CAZENEUVE
Sur la base de davantage de compromis
GUILLAUME DURAND
Qu'il vous manque des votes à gauche ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais on ne fait pas un travail comme celui dans lequel nous sommes engagés, qui est courageux, en ayant la peur au ventre, moi je ne vais pas dans mon ministère le matin en ayant la peur au ventre, je vais dans mon ministère le matin
GUILLAUME DURAND
Enfin vous êtes protégé
BERNARD CAZENEUVE
Mais peut-être
GUILLAUME DURAND
Au Ministère de l'Intérieur il y a du monde.
BERNARD CAZENEUVE
Peut-être, mais je n'y vais pas en ayant la peur au ventre, pas davantage que je n'allais au Ministère du Budget lorsque j'ai élaboré ce plan en ayant la peur au ventre, quand on est en charge de la direction d'un pays, qu'on aime son pays, qu'on veut le sortir des difficultés, on exerce la responsabilité du pouvoir avec lucidité, avec une exigence de vérité qui est la détermination.
GUILLAUME DURAND
Alors j'ai plein de questions, il nous reste moins de 5 minutes. MONTEBOURG ce matin, dans les Echos : la croissance ne doit pas être entravée par la réduction des déficits, est-ce que vous avez l'impression que les problèmes qui se posent à gauche peuvent se poser aussi au gouvernement, c'est-à-dire avec des couacs à venir, ou est-ce que maintenant la ligne est claire, tous derrière VALLS ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais la ligne est claire et, pardon, MONTEBOURG a raison de dire cela. D'ailleurs c'est parce que nous sommes soucieux de faire en sorte que l'effort d'ajustement budgétaire ne vienne pas obérer les chances de la croissance que nous mettons en place un Pacte de responsabilité et un Pacte de solidarité, qui va conduire à baisser les impôts sur les ménages et qui va conduire à réduire le coût du travail pour les entreprises de manière à ce que les entreprises reconstituant leurs marges investissent, investissent dans l'innovation, investissent dans la montée en gamme de nos produits.
GUILLAUME DURAND
Donc, il n'y a pas de différentiel d'analyse au gouvernement ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais pas du tout ! Nous étions hier
GUILLAUME DURAND
C'est fini ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais en tous les cas je ne sens pas cela lorsque nous sommes moins nombreux autour de la table du conseil des ministres, que le président de la République et le Premier ministre montrent le chemin, il y a des débats et ces débats montrent que notre politique repose sur un équilibre : ajustement des comptes, chance donnée à la croissance, et cet équilibre-là rassemble autour du président de la République et du Premier ministre tout le gouvernement.
GUILLAUME DURAND
Vous avez vu les métaphores qui courent ce matin dans les journaux, Cécile CORNUDET, hier LES GUIGNOLS, VALLS c'est le shérif quoi, après non pas l'approximation de Jean-Marc AYRAULT ce serait tout à fait injuste mais après disons une certaine forme de discrétion, VALLS ce serait une sorte de Clint EASTWOOD français ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais personne ne ressemble à personne en politique, c'est d'ailleurs fort bien comme ça, ça permet à des personnalités qui ont des sensibilités multiples d'exercer des responsabilités. Manuel VALLS c'est un homme qui a une qualité, la détermination et la rigueur, il est précis, il veut délivrer, il est désireux de faire en sorte que les engagements pris puissent se décliner dans le cadre d'un calendrier maîtrisé - c'est un homme qui est en maîtrise - et, lorsqu'on est confronté à une crise et qu'on veut la surmonter, avoir un président de la République, un Premier ministre
GUILLAUME DURAND
Donc, c'est encore un homme de gauche ? On n'est pas face à un personnage autoritaire qui finalement aurait un itinéraire de gauche mais arriverait au pouvoir ferait une politique de droite ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais je travaille moi depuis des mois avec Manuel VALLS, je n'ai pas en face de moi quelqu'un d'autoritaire, j'ai en face de moi quelqu'un qui a de la détermination, de l'autorité, mais qui est dans la relation de respect avec ses ministres, qui les écoute, qui échange avec eux, qui est dans la profondeur des choses, ce sont des qualités qui sont des qualités utiles dans le contexte.
GUILLAUME DURAND
Alors concernant votre ministère, d'abord je parlais tout à l'heure des collectivités territoriales, quand est-ce qu'on saura exactement ce qui se passera pour les Régions, combien, est-ce qu'on a maintenant des dates précises ? Elles ont été avancées les dates, hein ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais Marylise LEBRANCHU prépare un texte de loi sur la décentralisation qui reprendra les échéances qui ont été évoquées par le Premier ministre dans son discours de politique générale
GUILLAUME DURAND
C'est-à-dire 2017 !
BERNARD CAZENEUVE
Pour ce qui concerne l'évolution des départements c'est à l'horizon 2020, ce qui nous permet de préparer l'organisation de l'administration territoriale de l'Etat, n'oublions pas la déconcentration et des intercommunalités de manière à faire en sorte que cette réforme se fasse dans un contexte où il y ait davantage de services publics - parce que c'est bien cela le but - et d'ailleurs, comme ministre de l'Intérieur l'organisation des administrations déconcentrées de l'Etat, le réseau des préfectures et des sous- préfectures
GUILLAUME DURAND
Ça vous concerne !
BERNARD CAZENEUVE
Ca me concerne au premier chef et moi je souhaite que cette réforme permette davantage de services publics locaux et de services publics d'Etat sur les territoires c'est le but que nous poursuivrons nous apporterons la démonstration que nous sommes capables de faire cela précisément par la réforme
GUILLAUME DURAND
C'est bien le chiffre de 12 qui est retenu, définitivement, pour les Régions ?
BERNARD CAZENEUVE
Le texte sera présenté moi je ne veux pas si vous voulez me mettre à faire des annonces en ce qui concerne d'autres départements ministériels sur des sujets sur lesquels les arbitrages sont en cours
GUILLAUME DURAND
D'accord !
BERNARD CAZENEUVE
Mais, comme l'a indiqué le Premier ministre dans son discours de politique générale, ces textes seront présentés au Parlement dans les meilleurs délais.
GUILLAUME DURAND
Dernière question, elle est importante puisque vous êtes ministre de l'intérieur, vous savez que Manuel VALLS qu'on caricature comme un homme d'autorité a été aussi largement critiqué concernant son passage au Ministère de l'Intérieur, en disant : les résultats ne sont pas là. Alors, vous, vous allez être quel type de ministre de l'Intérieur ? Parce que la demande des Français en matière de sécurité est forte ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais la demande des Français en matière de sécurité, le besoin d'Etat des Français, tout cela dot être entendu et doit être entendu notamment par le ministre de l'Intérieur qui est ministre de la Sécurité mais qui est aussi ministre des Administrations sur le territoire national avec le réseau des préfectures et des sous-préfectures et qui, par conséquent, est un peu le ministre de l'Etat, y compris d'ailleurs sur le plan des valeurs puisqu'il est ministre des Cultes et que je n'oublie pas cette dimension extrêmement importante de ma mission. Donc, moi ce que je souhaite
GUILLAUME DURAND
Mais dans la tête des Français il y a cambriolages, braquages, exécutions à Marseille
BERNARD CAZENEUVE
Oui ! Mais pour ce qui concerne braquages et cambriolages le plan de lutte contre les cambriolages mis en place par mon prédécesseur donne des résultats extrêmement positifs puisqu'au premier trimestre de l'année 2014 nous avons une diminution de 8 % des cambriolages en zone gendarmerie et de 6 % en zone police, je veux conforter, amplifier, approfondir ce plan. Le résultat des zones de sécurité prioritaire ne sont pas mauvais du tout, ils sont même très bons, comme j'ai pu le constater en visite dans la zone de sécurité prioritaire de Savigny en Seine-et-Marne il y a de cela quelques jours ; je serai demain dans la zone de sécurité prioritaire de Saint-Dizier, il faut approfondir là aussi et amplifier ces dispositifs
GUILLAUME DURAND
Donc, vous serez un ministre de lIntérieur de terrain ?
BERNARD CAZENEUVE
Je serai un ministre de l'Intérieur de terrain, je serai un ministre de l'Intérieur proche de ses troupes, je serai un ministre de l'Intérieur proche des élus locaux et je serai un ministre de l'Intérieur qui cherchera avec fermeté à apaiser un pays qui a besoin de projection.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous vous attendiez, vous donc l'ancien maire de Cherbourg, à faire arrêter un patron de la Camorra à Nice, c'est bizarre dans une carrière politique quand même, toutes les surprises sont possibles ?
BERNARD CAZENEUVE
Oui ! Enfin je veux rendre hommage aux services de police et de gendarmerie qui, sur le territoire national, sont capables d'élucider des faits, de démanteler des filières criminelles - qui ont parfois une dimension européenne au risque de leur vie
GUILLAUME DURAND
Et il faut qu'il soit remis aux autorités italiennes, il s'appelle
BERNARD CAZENEUVE
Et je veux rendre hommage à tous ces policiers, à tous ces gendarmes qui chaque jour
GUILLAUME DURAND
Et on le rend aux Italiens, c'est Antonio LARUSSO.
BERNARD CAZENEUVE
Il y a une procédure qui est en cours - donc les étapes de cette procédure doivent être respectées - et ce que cette affaire révèle c'est le haut niveau de professionnalisme de la police et de la gendarmerie en France.
GUILLAUME DURAND
Merci Bernard CAZENEUVE, je rappelle que vous êtes ministre de l'Intérieur. Bonne journée à vous, selon la formule
BERNARD CAZENEUVE
Merci !
GUILLAUME DURAND
Consacrée et sincère.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 avril 2014