Texte intégral
Monsieur le Premier Président de la Cour des Comptes, Didier Migaud
Monsieur le Ministre, Francis MAUDE,
Monsieur le Ministre, Brendan HOWLIN,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi pour commencer de remercier Didier Migaud qui accueille cette grande conférence sur l'open data et le gouvernement ouvert. La Cour des Comptes est - depuis sa création il y a plus de 200 ans - un acteur essentiel pour l'information du public et le contrôle de l'action des administrations dans notre pays.
Je salue également Francis Maude et Brendan Howlin qui nous font l'amitié de venir partager leurs expériences sur les questions d'ouverture des données, et car c'est le terme consacré dans votre langue - d'"accountability" (de redevabilité) de l'Etat.
Je souhaite aussi la bienvenue à l'ensemble des intervenants qui se sont mobilisés pour participer à cette conférence. Certains d'entre vous sont venus de loin, voire de très loin. Je tiens tout particulièrement à les en remercier : Madame Ania Calderon Mariscal, de la présidence de la République du Mexique / Monsieur Rufus Pollock, président de l'Open Knowledge Foundation et Monsieur Gavin Starcks, directeur de l'Open Data Institute / Monsieur Michaël Flowers et Monsieur Shankar Prasad, de l'université de New-York / Madame Amira Yahyaoui, du mouvement civil tunisien. J'oublie très certainement de citer certains d'entre vous. Veuillez, je vous prie, m'en excuser.
Je tiens à saluer enfin, Monsieur Serges Lasvignes, secrétaire général du gouvernement / Monsieur Jean-Paul Delevoye, Président du CESE / et Monsieur Rolf Alter de l'OCDE, qui sont également présents aujourd'hui.
De l'open data au gouvernement ouvert - le thème de la conférence qui nous réunit aujourd'hui est un sujet fondamental pour la modernisation de l'action publique.
* Concertation et élaboration commune des politiques publiques,
* Stratégie numérique et évolutions de l'action de l'Etat,
* Rôle des données et nouveaux pouvoirs de la société civile,
* Gouvernance de la donnée et gouvernement ouvert
Autant de questions, au creuset de la puissance publique du 21ème siècle, sur lesquelles nous allons - vous allez - pouvoir échanger.
Mesdames et messieurs, dans un monde où le numérique transforme notre vie quotidienne et remodèle les chaînes de distribution de l'information, l'ouverture des données publiques l'open data, comme nous l'appelons représente une opportunité unique pour des institutions et des Etats historiquement établis.
Innover, construire l'action publique de demain, c'est bien là tout l'enjeu. Pour mener à bien ce vaste projet, j'ai - en tant que Ministre française de la Décentralisation, de la Réforme de l'Etat et de la Fonction Publique une conviction profonde. Pour moderniser l'action publique, il faut partir de ce qui fait l'identité et la force de nos services publics des agents qualifiés et engagés, des valeurs, des compétences et aussi une histoire.
Cette histoire, c'est d'abord celle de la démocratie française. Notre pays, fort d'une longue tradition démocratique travaille depuis longtemps sur la question de la transparence et du contrôle citoyen. En 1789, la déclaration des droits de l'homme et du citoyen proclamait déjà le droit de la société « à demander compte à tout agent public de son administration ». Ce droit fondamental, nous l'avons gravé dans le marbre, au sens propre vous pouvez le voir dans cette salle comme au sens figuré.
Et nous n'avons cessé depuis lors de l'approfondir.
* En 1793, lorsqu'a été confiée - aux toutes jeunes Archives nationales - la mission de communiquer les documents au public.
* Lors de la création d'un grand service public de l'information statistique puis, du service public de l'accès au droit.
* En 1978, enfin, lorsque la loi CADA a créé la Commission d'accès aux documents administratifs. Je salue à cette occasion Serge Daël qui, à sa tête, met quotidiennement en oeuvre, ce droit fondamental de contrôle des citoyens.
Ce droit, il est également mis en oeuvre par :
* la Cour des Comptes au travers de ses rapports annuels et thématiques et plus récemment, grâce à une action volontariste de mise en ligne de ses productions ;
* la Commission Nationale du Débat Public - dont la vice-présidente, Madame Laurence MONNOYER SMITH est présente aujourd'hui ;
* et depuis 2011, la mission Etalab qui pilote - au sein du Secrétariat général pour la modernisation de l'action publique - la politique d'ouverture et de partage des données publiques. Je les remercie pour le travail effectué depuis trois ans et pour l'organisation de cette conférence.
Désormais, avec le numérique - véritable infrastructure au service de l'innovation - le droit d'accès aux données publiques et aux documents administratifs, prend une nouvelle dimension. Il ne s'agit plus uniquement de rendre des comptes mais également de renouveler notre manière de concevoir, de produire et d'évaluer l'action publique.
C'est tout le sens bien que je ne sois pas favorable aux anglicismes - de l'open data. A l'heure où la puissance publique ne peut plus agir seule et de façon «descendante» ; où les citoyens conquièrent et revendiquent de nouveaux pouvoirs, les outils du numérique nous offrent de très nombreuses opportunités.
# Pour réinventer le fonctionnement de l'Etat et renforcer la qualité de la vie démocratique.
Grâce à une plus grande transparence bien sûr. Mais en ouvrant la voie, surtout, à la concertation, à la co-construction et à l'engagement des citoyens pour l'intérêt général, au côté de l'Etat.
# Pour mobiliser davantage les énergies et stimuler l'innovation ouverte. Car avec ces données, les entreprises, les associations, les citoyens innovent. Ils inventent des services à grande valeur sociale ; ils créent des emplois ; ils surprennent l'administration et la rendent plus intelligente encore.
# Pour garantir une meilleure conduite des administrations elles-mêmes et ainsi moderniser les services publics.
Parce que le partage des données est souvent la meilleure manière de casser les silos. Parce que c'est aussi, grâce aux utilisateurs, la meilleure manière d'améliorer les données. Et surtout, parce que le service public est l'un des tous premiers utilisateurs de ces données qui ont été produites par des agents publics, au service des missions qui sont les leurs.
Pour exploiter au mieux l'ensemble de ces opportunités, l'Etat doit réussir sa modernisation numérique : il doit apprendre à utiliser les données, à leur poser des questions intelligentes, à utiliser tout leur potentiel. Et il devra, comme toute la société française, développer une culture de la donnée au service de l'administration elle-même.
C'est une société de la concertation, de la négociation et de l'innovation qu'il nous est permis de construire. Il nous faut pour ce faire approfondir le mouvement amorcé et passer d'une réflexion exclusive sur l'open data à une réflexion élargie sur le gouvernement ouvert.
Nous pourrons ainsi redonner tout son sens à l'action publique. Nous pourrons ainsi redonner confiance à nos concitoyens. Nous pourrons ainsi faire en sorte que la parole publique cesse d'être pour eux, une « langue morte ».
C'est fort de cette conviction que le gouvernement français a ouvert la voie avec l'inauguration du tout nouveau portail de données, data.gouv.fr. En décembre dernier - de l'open data social. Regroupant des « données d'intérêt général », il permet aux administrations de partager un large éventail de données, mais également aux citoyens - chercheurs, entreprises, collectifs d'améliorer ces données, de déclarer leurs propres réutilisations, et d'en déposer de nouvelles.
Je suis fière aujourd'hui, de partager avec vous les succès de cette approche. La dynamique sociale a pris corps permettant, quatre mois seulement après l'ouverture du site - des avancées nombreuses :
* L'administration a déposé de nouvelles données d'un intérêt majeur : base de données publiques des médicaments, cartographie des données de santé, effectifs des polices municipales par commune
* La société civile - et notamment des collectifs comme OpenStreetMap, Regards Citoyens ou l'OpenKnowledge Foundation - nous ont apporté des données captivantes : données comptables et de fiscalité? locale directe publiées, chiffres de consommation du Mediator, contours géographiques des établissements publics de coopération intercommunale
* Les journalistes, les startups et les citoyens ont enrichi ces données de plus de 900 réutilisations passionnantes.
Le gouvernement français veut désormais aller encore plus loin. La dynamique de fluidification des données, et à travers elle, du savoir et de l'intelligence, doit faciliter les relations entre administrations, favoriser les échanges entre les administrations et le monde de la recherche, bénéficier aux administrations elles-mêmes.
C'est la raison pour laquelle, je souhaite que les administrations s'organisent pour mieux collaborer avec les chercheurs et les scientifiques. A l'instar de Monsieur Michaël Flowers - que vous entendrez cet après-midi - ils inventent de nouvelles approches pour trouver des économies intelligentes, identifier des efficacités supplémentaires et développer de meilleurs services publics pour nos concitoyens.
Mesdames et Messieurs, l'open data ne concerne pas seulement l'Etat, au sens de l'administration. En France, ce sont des collectivités pionnières qui ont ouvert la voie. Elles ont développé les premiers portails de diffusion des données publiques et créé une association très engagée, l'association « Open Data France ». C'est dans le but de généraliser cette implication des territoires, que de nouvelles obligations de transparence des collectivités locales ont été intégrées au projet de loi de décentralisation.
Par ailleurs, pour permettre un meilleur pilotage des grandes politiques publiques dont elles ont la responsabilité plusieurs collectivités travaillent - avec l'Etat - pour construire des référentiels de données. Je pense par exemple au département de Saône et Loire, qui est très actif sur ces questions.
Car les collectivités - pour mener à bien l'action publique territoriale doivent avoir un accès simplifié aux données nous généralisions aujourd'hui ce travail d'identification et de publication. Nous pourrions, à cet effet, travailler avec Open Data France, si bien sûr, son président - Pierre Cohen - en est d'accord.
Mesdames et Messieurs, dans ce vaste mouvement d'innovation l'expérience de l'Etat français avec les collectivités territoriales nous le démontre - il ne faut pas travailler seul.
Nous avons tout à gagner à rencontrer d'autres enthousiasmes, d'autres passions, et à apprendre de leurs expériences.
Nous avons tout à gagner aussi à partager nos propres visions et nos propres succès, car le reste du monde s'y intéresse.
Nous avons tout à gagner enfin, à ce que le mouvement mondial de l'open data et du gouvernement ouvert coopère mieux.
Cette conviction d'une nécessaire coopération à l'échelle mondiale est partagée par l'ensemble du gouvernement français et par le Président de la République. C'est la raison pour laquelle, au cours de sa visite d'Etat au Mexique - pays qui co-préside actuellement le Partenariat pour un gouvernement ouvert (l'OGP) il a annoncé la décision prise par la France, de rejoindre cette organisation très stimulante.
J'ai l'honneur, ce matin, de vous confirmer cette annonce devant Madame Ania CALDERON MARISCAL, de la présidence de la République du Mexique mais aussi devant Francis MAUDE qui a exercé une remarquable présidence du partenariat en 2013. Il a beaucoup oeuvré pour le rapprochement de la France. Et, la qualité du sommet mondial organisé sous la présidence britannique, a beaucoup contribué à la décision française de rejoindre le Partenariat pour un gouvernement ouvert.
La France adhère à cette organisation avec une grande détermination. Elle entend contribuer à son dynamisme en s'engageant pleinement et en entretenant un dialogue nourri avec ses partenaires. Pour aller dans ce sens, je souhaiterais dès aujourd'hui inviter mon homologue mexicain à venir échanger avec moi sur ces questions.
Intégrer ce club de pays innovants constitue une chance pour notre pays. Une chance d'apprendre des expériences de chacun de vous. Une opportunité également pour amplifier notre démarche d'ouverture des données. Une occasion enfin, pour approfondir nos pratiques de collaboration avec la société civile.
Cette collaboration avec la société civile, nous l'avons déjà très largement engagée. Avec les débats thématiques sectoriels sur les grands domaines de politiques publiques. Avec, également, la feuille de route du gouvernement français pour l'ouverture et le partage des données publiques, publiée en février 2013.
Notre adhésion à l'OGP nous permet de développer encore davantage ces travaux. Nous allons ainsi coproduire une nouvelle feuille de route. Et si les statuts de l'organisation nous accordent jusqu'en mars 2015 pour la publier, je souhaite pour ma part que nous le terminions en novembre 2014.
J'organise en effet à cette date, une grande rencontre des Etats européens sur le thème des réformes administratives et de l'innovation dans la conduite de l'action publique. Elle sera l'occasion pour nos pays de dialoguer sur des thématiques qui nous concernent tous et notamment sur celles de l'open data et du gouvernement ouvert.
Dès aujourd'hui, vous pourrez échanger autour de 3 questions essentielles, à l'occasion des différentes tables rondes de cette conférence :
- Nouvelle transparence et démocratie ;
- Nouveaux pouvoirs pour la société civile ;
- Nouvelles stratégies d'efficacité.
Vous aurez l'occasion également d'entendre mes collègues Geneviève Fioraso, Secrétaire d'Etat à l'enseignement Supérieur et la Recherche et Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat au numérique. Elles témoigneront aussi de l'expérience française de l'open data.
Je vous remercie d'être là, si nombreux et je vous souhaite une journée pleine de succès. Je ne doute pas que vos échanges seront riches et fructueux. C'est un pari magnifique sur la confiance, l'innovation, la transparence, la coopération que nous faisons. Je suis ravie que nous puissions le faire ensemble, pour relever les défis communs du 21ème siècle.
Source http://www.action-publique.gouv.fr, le 5 mai 2014
Monsieur le Ministre, Francis MAUDE,
Monsieur le Ministre, Brendan HOWLIN,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi pour commencer de remercier Didier Migaud qui accueille cette grande conférence sur l'open data et le gouvernement ouvert. La Cour des Comptes est - depuis sa création il y a plus de 200 ans - un acteur essentiel pour l'information du public et le contrôle de l'action des administrations dans notre pays.
Je salue également Francis Maude et Brendan Howlin qui nous font l'amitié de venir partager leurs expériences sur les questions d'ouverture des données, et car c'est le terme consacré dans votre langue - d'"accountability" (de redevabilité) de l'Etat.
Je souhaite aussi la bienvenue à l'ensemble des intervenants qui se sont mobilisés pour participer à cette conférence. Certains d'entre vous sont venus de loin, voire de très loin. Je tiens tout particulièrement à les en remercier : Madame Ania Calderon Mariscal, de la présidence de la République du Mexique / Monsieur Rufus Pollock, président de l'Open Knowledge Foundation et Monsieur Gavin Starcks, directeur de l'Open Data Institute / Monsieur Michaël Flowers et Monsieur Shankar Prasad, de l'université de New-York / Madame Amira Yahyaoui, du mouvement civil tunisien. J'oublie très certainement de citer certains d'entre vous. Veuillez, je vous prie, m'en excuser.
Je tiens à saluer enfin, Monsieur Serges Lasvignes, secrétaire général du gouvernement / Monsieur Jean-Paul Delevoye, Président du CESE / et Monsieur Rolf Alter de l'OCDE, qui sont également présents aujourd'hui.
De l'open data au gouvernement ouvert - le thème de la conférence qui nous réunit aujourd'hui est un sujet fondamental pour la modernisation de l'action publique.
* Concertation et élaboration commune des politiques publiques,
* Stratégie numérique et évolutions de l'action de l'Etat,
* Rôle des données et nouveaux pouvoirs de la société civile,
* Gouvernance de la donnée et gouvernement ouvert
Autant de questions, au creuset de la puissance publique du 21ème siècle, sur lesquelles nous allons - vous allez - pouvoir échanger.
Mesdames et messieurs, dans un monde où le numérique transforme notre vie quotidienne et remodèle les chaînes de distribution de l'information, l'ouverture des données publiques l'open data, comme nous l'appelons représente une opportunité unique pour des institutions et des Etats historiquement établis.
Innover, construire l'action publique de demain, c'est bien là tout l'enjeu. Pour mener à bien ce vaste projet, j'ai - en tant que Ministre française de la Décentralisation, de la Réforme de l'Etat et de la Fonction Publique une conviction profonde. Pour moderniser l'action publique, il faut partir de ce qui fait l'identité et la force de nos services publics des agents qualifiés et engagés, des valeurs, des compétences et aussi une histoire.
Cette histoire, c'est d'abord celle de la démocratie française. Notre pays, fort d'une longue tradition démocratique travaille depuis longtemps sur la question de la transparence et du contrôle citoyen. En 1789, la déclaration des droits de l'homme et du citoyen proclamait déjà le droit de la société « à demander compte à tout agent public de son administration ». Ce droit fondamental, nous l'avons gravé dans le marbre, au sens propre vous pouvez le voir dans cette salle comme au sens figuré.
Et nous n'avons cessé depuis lors de l'approfondir.
* En 1793, lorsqu'a été confiée - aux toutes jeunes Archives nationales - la mission de communiquer les documents au public.
* Lors de la création d'un grand service public de l'information statistique puis, du service public de l'accès au droit.
* En 1978, enfin, lorsque la loi CADA a créé la Commission d'accès aux documents administratifs. Je salue à cette occasion Serge Daël qui, à sa tête, met quotidiennement en oeuvre, ce droit fondamental de contrôle des citoyens.
Ce droit, il est également mis en oeuvre par :
* la Cour des Comptes au travers de ses rapports annuels et thématiques et plus récemment, grâce à une action volontariste de mise en ligne de ses productions ;
* la Commission Nationale du Débat Public - dont la vice-présidente, Madame Laurence MONNOYER SMITH est présente aujourd'hui ;
* et depuis 2011, la mission Etalab qui pilote - au sein du Secrétariat général pour la modernisation de l'action publique - la politique d'ouverture et de partage des données publiques. Je les remercie pour le travail effectué depuis trois ans et pour l'organisation de cette conférence.
Désormais, avec le numérique - véritable infrastructure au service de l'innovation - le droit d'accès aux données publiques et aux documents administratifs, prend une nouvelle dimension. Il ne s'agit plus uniquement de rendre des comptes mais également de renouveler notre manière de concevoir, de produire et d'évaluer l'action publique.
C'est tout le sens bien que je ne sois pas favorable aux anglicismes - de l'open data. A l'heure où la puissance publique ne peut plus agir seule et de façon «descendante» ; où les citoyens conquièrent et revendiquent de nouveaux pouvoirs, les outils du numérique nous offrent de très nombreuses opportunités.
# Pour réinventer le fonctionnement de l'Etat et renforcer la qualité de la vie démocratique.
Grâce à une plus grande transparence bien sûr. Mais en ouvrant la voie, surtout, à la concertation, à la co-construction et à l'engagement des citoyens pour l'intérêt général, au côté de l'Etat.
# Pour mobiliser davantage les énergies et stimuler l'innovation ouverte. Car avec ces données, les entreprises, les associations, les citoyens innovent. Ils inventent des services à grande valeur sociale ; ils créent des emplois ; ils surprennent l'administration et la rendent plus intelligente encore.
# Pour garantir une meilleure conduite des administrations elles-mêmes et ainsi moderniser les services publics.
Parce que le partage des données est souvent la meilleure manière de casser les silos. Parce que c'est aussi, grâce aux utilisateurs, la meilleure manière d'améliorer les données. Et surtout, parce que le service public est l'un des tous premiers utilisateurs de ces données qui ont été produites par des agents publics, au service des missions qui sont les leurs.
Pour exploiter au mieux l'ensemble de ces opportunités, l'Etat doit réussir sa modernisation numérique : il doit apprendre à utiliser les données, à leur poser des questions intelligentes, à utiliser tout leur potentiel. Et il devra, comme toute la société française, développer une culture de la donnée au service de l'administration elle-même.
C'est une société de la concertation, de la négociation et de l'innovation qu'il nous est permis de construire. Il nous faut pour ce faire approfondir le mouvement amorcé et passer d'une réflexion exclusive sur l'open data à une réflexion élargie sur le gouvernement ouvert.
Nous pourrons ainsi redonner tout son sens à l'action publique. Nous pourrons ainsi redonner confiance à nos concitoyens. Nous pourrons ainsi faire en sorte que la parole publique cesse d'être pour eux, une « langue morte ».
C'est fort de cette conviction que le gouvernement français a ouvert la voie avec l'inauguration du tout nouveau portail de données, data.gouv.fr. En décembre dernier - de l'open data social. Regroupant des « données d'intérêt général », il permet aux administrations de partager un large éventail de données, mais également aux citoyens - chercheurs, entreprises, collectifs d'améliorer ces données, de déclarer leurs propres réutilisations, et d'en déposer de nouvelles.
Je suis fière aujourd'hui, de partager avec vous les succès de cette approche. La dynamique sociale a pris corps permettant, quatre mois seulement après l'ouverture du site - des avancées nombreuses :
* L'administration a déposé de nouvelles données d'un intérêt majeur : base de données publiques des médicaments, cartographie des données de santé, effectifs des polices municipales par commune
* La société civile - et notamment des collectifs comme OpenStreetMap, Regards Citoyens ou l'OpenKnowledge Foundation - nous ont apporté des données captivantes : données comptables et de fiscalité? locale directe publiées, chiffres de consommation du Mediator, contours géographiques des établissements publics de coopération intercommunale
* Les journalistes, les startups et les citoyens ont enrichi ces données de plus de 900 réutilisations passionnantes.
Le gouvernement français veut désormais aller encore plus loin. La dynamique de fluidification des données, et à travers elle, du savoir et de l'intelligence, doit faciliter les relations entre administrations, favoriser les échanges entre les administrations et le monde de la recherche, bénéficier aux administrations elles-mêmes.
C'est la raison pour laquelle, je souhaite que les administrations s'organisent pour mieux collaborer avec les chercheurs et les scientifiques. A l'instar de Monsieur Michaël Flowers - que vous entendrez cet après-midi - ils inventent de nouvelles approches pour trouver des économies intelligentes, identifier des efficacités supplémentaires et développer de meilleurs services publics pour nos concitoyens.
Mesdames et Messieurs, l'open data ne concerne pas seulement l'Etat, au sens de l'administration. En France, ce sont des collectivités pionnières qui ont ouvert la voie. Elles ont développé les premiers portails de diffusion des données publiques et créé une association très engagée, l'association « Open Data France ». C'est dans le but de généraliser cette implication des territoires, que de nouvelles obligations de transparence des collectivités locales ont été intégrées au projet de loi de décentralisation.
Par ailleurs, pour permettre un meilleur pilotage des grandes politiques publiques dont elles ont la responsabilité plusieurs collectivités travaillent - avec l'Etat - pour construire des référentiels de données. Je pense par exemple au département de Saône et Loire, qui est très actif sur ces questions.
Car les collectivités - pour mener à bien l'action publique territoriale doivent avoir un accès simplifié aux données nous généralisions aujourd'hui ce travail d'identification et de publication. Nous pourrions, à cet effet, travailler avec Open Data France, si bien sûr, son président - Pierre Cohen - en est d'accord.
Mesdames et Messieurs, dans ce vaste mouvement d'innovation l'expérience de l'Etat français avec les collectivités territoriales nous le démontre - il ne faut pas travailler seul.
Nous avons tout à gagner à rencontrer d'autres enthousiasmes, d'autres passions, et à apprendre de leurs expériences.
Nous avons tout à gagner aussi à partager nos propres visions et nos propres succès, car le reste du monde s'y intéresse.
Nous avons tout à gagner enfin, à ce que le mouvement mondial de l'open data et du gouvernement ouvert coopère mieux.
Cette conviction d'une nécessaire coopération à l'échelle mondiale est partagée par l'ensemble du gouvernement français et par le Président de la République. C'est la raison pour laquelle, au cours de sa visite d'Etat au Mexique - pays qui co-préside actuellement le Partenariat pour un gouvernement ouvert (l'OGP) il a annoncé la décision prise par la France, de rejoindre cette organisation très stimulante.
J'ai l'honneur, ce matin, de vous confirmer cette annonce devant Madame Ania CALDERON MARISCAL, de la présidence de la République du Mexique mais aussi devant Francis MAUDE qui a exercé une remarquable présidence du partenariat en 2013. Il a beaucoup oeuvré pour le rapprochement de la France. Et, la qualité du sommet mondial organisé sous la présidence britannique, a beaucoup contribué à la décision française de rejoindre le Partenariat pour un gouvernement ouvert.
La France adhère à cette organisation avec une grande détermination. Elle entend contribuer à son dynamisme en s'engageant pleinement et en entretenant un dialogue nourri avec ses partenaires. Pour aller dans ce sens, je souhaiterais dès aujourd'hui inviter mon homologue mexicain à venir échanger avec moi sur ces questions.
Intégrer ce club de pays innovants constitue une chance pour notre pays. Une chance d'apprendre des expériences de chacun de vous. Une opportunité également pour amplifier notre démarche d'ouverture des données. Une occasion enfin, pour approfondir nos pratiques de collaboration avec la société civile.
Cette collaboration avec la société civile, nous l'avons déjà très largement engagée. Avec les débats thématiques sectoriels sur les grands domaines de politiques publiques. Avec, également, la feuille de route du gouvernement français pour l'ouverture et le partage des données publiques, publiée en février 2013.
Notre adhésion à l'OGP nous permet de développer encore davantage ces travaux. Nous allons ainsi coproduire une nouvelle feuille de route. Et si les statuts de l'organisation nous accordent jusqu'en mars 2015 pour la publier, je souhaite pour ma part que nous le terminions en novembre 2014.
J'organise en effet à cette date, une grande rencontre des Etats européens sur le thème des réformes administratives et de l'innovation dans la conduite de l'action publique. Elle sera l'occasion pour nos pays de dialoguer sur des thématiques qui nous concernent tous et notamment sur celles de l'open data et du gouvernement ouvert.
Dès aujourd'hui, vous pourrez échanger autour de 3 questions essentielles, à l'occasion des différentes tables rondes de cette conférence :
- Nouvelle transparence et démocratie ;
- Nouveaux pouvoirs pour la société civile ;
- Nouvelles stratégies d'efficacité.
Vous aurez l'occasion également d'entendre mes collègues Geneviève Fioraso, Secrétaire d'Etat à l'enseignement Supérieur et la Recherche et Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat au numérique. Elles témoigneront aussi de l'expérience française de l'open data.
Je vous remercie d'être là, si nombreux et je vous souhaite une journée pleine de succès. Je ne doute pas que vos échanges seront riches et fructueux. C'est un pari magnifique sur la confiance, l'innovation, la transparence, la coopération que nous faisons. Je suis ravie que nous puissions le faire ensemble, pour relever les défis communs du 21ème siècle.
Source http://www.action-publique.gouv.fr, le 5 mai 2014