Texte intégral
LAURENT BAZIN
Jean-Michel APHATIE, vous recevez donc ce matin le ministre des Finances, Michel SAPIN.
JEAN-MICHEL APHATIE
Bonjour Michel SAPIN.
MICHEL SAPIN
Bonjour.
JEAN-MICHEL APHATIE
Si j'ai gagné l'élection présidentielle en 2012, ce n'est pas parce que j'avais un programme étincelant, c'est parce que mon prédécesseur avait échoué. François HOLLANDE a formulé ainsi les choses hier. A quoi ça sert ce type d'aveu, Michel SAPIN, d'être un président par défaut ?
MICHEL SAPIN
Il ne faut pas chercher des explications compliquées ou pas trop compliquées, je dis ça par rapport aux commentaires que je viens d'entendre, qu'est-ce que la France a connu pendant cinq ans, de 2008 à 2012
JEAN-MICHEL APHATIE
Quatre ans.
MICHEL SAPIN
Oui, quatre ans, mais de 2007
JEAN-MICHEL APHATIE
D'accord.
MICHEL SAPIN
De 2008 à 2012
JEAN-MICHEL APHATIE
La crise
MICHEL SAPIN
C'est ce qu'elle a connu la crise. Est-ce que la France est sortie de la crise en 2012 ? Non. Est-ce que les Français étaient satisfaits de la situation de la France ? Non. Qu'est-ce qu'ils ont fait ? Ils ont changé de président de la République, ils ont changé de président de la République
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais donc uniquement
MICHEL SAPIN
Parce que le précédent avait échoué
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est ça
MICHEL SAPIN
Et parce que celui qui se présentait avait un certain nombre de propositions
JEAN-MICHEL APHATIE
Le discours du Bourget, les envolées, tout ça, on pensait que c'était
MICHEL SAPIN
Non
JEAN-MICHEL APHATIE
Enfin, on pensait que François HOLLANDE se sentait porté par quelque chose, mais
MICHEL SAPIN
Non, mais ça, c'est l'interprétation que je viens d'entendre
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais c'est ça
MICHEL SAPIN
Mais ça n'est pas exact. Mais la cause principale, là, cette fois-ci, comme d'autres fois, et comme dans d'autres pays d'Europe, qui sont plongés dans la crise, c'est lorsque les Français voient la crise, voient la crise qui se répète, année après année, chômage chaque mois, chômage qui augmente, déficits qui augmentent, ils se disent : il a échoué, j'en prends un autre. Et c'est exactement ça, et qu'est-ce que François HOLLANDE
JEAN-MICHEL APHATIE
Et François HOLLANDE a fait une erreur en formulant les choses comme ça hier ?
MICHEL SAPIN
Non, pas du tout, c'est regarder les choses en face, c'est regarder la vérité et y compris la vérité, je suis persuadé que beaucoup de Français se sont reconnus dans la description qu'il a faite de ce moment-là. Et qu'est-ce que dit le président de la République ? Il dit que si on est dans la même situation, là, cinq ans après sa propre élection, il y aura le même résultat, c'est aussi regarder la vérité en face. C'est de ne pas se voiler la face, et donc dire les choses, c'est aussi le meilleur moyen de retrouver le contact qui est nécessaire pour faire comprendre le sens des réformes, le sens des décisions qui sont prises aujourd'hui.
JEAN-MICHEL APHATIE
Alors pour tenter d'améliorer les choses, François HOLLANDE l'a expliqué hier, et vous êtes un peu le gardien de cette ligne, Michel SAPIN, aux Finances, le gouvernement a décidé, à la fois d'alléger les charges des entreprises et de réduire les dépenses publiques. Cécile DUFLOT a repris la parole hier, elle était ministre il y a un mois, elle est devenue députée hier, et elle a dit hier, sur FRANCE 2, que si elle avait été députée la semaine dernière, quand Manuel VALLS a présenté son programme de trajectoire budgétaire, elle aurait voté contre ce programme. Vous êtes lâchés par une partie de la gauche, Michel SAPIN.
MICHEL SAPIN
Non, mais le groupe des écologistes a effectivement dans sa majorité
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est divisé ?
MICHEL SAPIN
Il n'y en a eu que trois qui ont voté pour, tant mieux, c'est bien
JEAN-MICHEL APHATIE
Et d'autres se sont abstenus.
MICHEL SAPIN
Ça prouve que au sein des écologistes, il y en a un certain nombre qui sont comment dirais-je qui ont le sens de la continuité de l'action parce qu'il y a beaucoup de continuité dans ce que nous faisons aujourd'hui, mais nous le faisons avec plus de clarté, plus de netteté, parce que c'est cette clarté qui est nécessaire pour que chacun comprenne bien, oui, aujourd'hui
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais Cécile DUFLOT, elle, elle vous lâche, voyez
MICHEL SAPIN
Mais écoutez, elle fait les choix qu'elle souhaite, comme elle le souhaite, comme elle le veut
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est un mauvais signal quand même !
MICHEL SAPIN
Mais ce qui compte, c'est ce que nous proposons, c'est ce qui a été adopté par une majorité à l'Assemblée nationale, ce qui va donc être mis en oeuvre, oui, il faut diminuer les cotisations dans les entreprises, il faut qu'on diminue un certain nombre d'impôts pour qu'il y ait plus d'investissements et d'emplois, oui, il faut financer tout cela, y compris la baisse du déficit, non pas par des augmentations d'impôts, ce qui a été fait pendant des années et des années, SARKOZY, comme le début des années de François HOLLANDE, il faut le faire par des économies. Ce n'est pas simple, c'est simple à dire, je suis bien placé pour savoir que ça n'est pas simple à faire, et pourtant, on va le faire.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et les gens qui ont partagé votre action gouvernementale ne comprennent pas cette
MICHEL SAPIN
Eh bien oui, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle ils ne sont pas là aujourd'hui
JEAN-MICHEL APHATIE
Et dans ce contexte, le scepticisme paraît général, puisque la Commission européenne a dit au début de la semaine, la prévision du gouvernement VALLS, donc de Michel SAPIN, 3% de déficit l'année prochaine, on n'y croit pas.
MICHEL SAPIN
Non, elle n'a pas dit ça comme ça.
JEAN-MICHEL APHATIE
Oh, elle l'a un peu dit comme ça, elle dit 3,4 plutôt que 3.
MICHEL SAPIN
Vous préférez le présenter comme ça, mais je vais vous dire exactement comment elle me l'a présenté, à moi, et les yeux dans les yeux
JEAN-MICHEL APHATIE
Puisque vous étiez à Bruxelles hier
MICHEL SAPIN
J'étais à Bruxelles pendant deux jours pour justement partager les orientations du gouvernement aujourd'hui et faire comprendre quelles sont ces orientations et ses conséquences. Elle a dit : premièrement, vous souhaitez arriver aux 3%, vous avez raison. Elle a dit, deuxièmement : en l'état actuel de mes informations, parce que je n'ai pas toutes les informations, je n'avais pas encore transmis à la Commission le pacte de responsabilité tel qu'il a été adopté par l'Assemblée, je pense que vous serez plutôt aux alentours de 3,4%, et elle a dit, troisièmement : je vais analyser l'ensemble de vos propositions, et nous nous retrouverons au début du mois de juin. Puis-je dire simplement qu'il y a un autre organisme qui s'appelle l'OCDE, qui, hier, a prévu pour l'année prochaine, en l'état actuel des choses, 3,1% de déficit. Mais enfin, écoutez, des chiffres comme ça
JEAN-MICHEL APHATIE
A 0,1%, on ne bataille pas
MICHEL SAPIN
A 0,1%, bon, on ne bataille pas.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous êtes sur la trajectoire.
MICHEL SAPIN
On ne bataille pas, on fait.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et alors j'ai compris qu'à la Commission, peut-être vous le confirmerez, certains s'inquiètent notamment de savoir, il y a des recettes qui étaient prévues, et puis, finalement, elles manquent, on pense à l'écotaxe, il y avait un milliard de recettes prévues, et à Bruxelles, on dit : ben, ça, on ne nous a pas dit par exemple comment on allait remplacer l'écotaxe
MICHEL SAPIN
Ça, c'est une question qui se pose à Bruxelles mais qui se pose surtout à Paris.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et vous la posez, vous, il faut remplacer l'écotaxe ?
MICHEL SAPIN
Eh bien évidemment, et ce n'est pas qu'il faut remplacer l'écotaxe, l'écotaxe avait
JEAN-MICHEL APHATIE
Elle est abandonnée, on peut le dire déjà
MICHEL SAPIN
L'écotaxe je n'ai pas dit qu'elle était abandonnée, elle posait énormément de problèmes, bien
JEAN-MICHEL APHATIE
Puisqu'on pense à la remplacer
MICHEL SAPIN
Elle pose énormément non, non, si elle ne posait pas de problèmes, ceux qui l'ont inventée il y a cinq ans l'auraient mise en place il y a trois ans ; et on n'en parlerait même plus aujourd'hui, ça posait tellement de problèmes qu'ils ont repoussé devant eux le petit paquet de poussières. Bien, alors, il faut le traiter. Nous le traitons. Donc l'écotaxe, c'étaient des recettes, ces recettes, elles étaient affectées à quoi ? A des travaux, à des travaux sur les routes ou à des travaux sur les voies de chemin de fer, ou dans les transports urbains. S'il n'y a pas la recette, il n'y a pas les dépenses, du point de vue du ministre de la
JEAN-MICHEL APHATIE
De la Dépense
MICHEL SAPIN
De la dépense, oui
JEAN-MICHEL APHATIE
Des Finances
MICHEL SAPIN
Et des Finances, c'est égal, sauf que j'ai envie qu'il y ait des travaux qui soient faits, sauf que j'ai envie que, il y ait des routes qui soient refaites
JEAN-MICHEL APHATIE
Et alors comment vous allez faire ? Vous allez trouver d'autres recettes ?
MICHEL SAPIN
Sauf que j'ai envie qu'il y ait des nouvelles voies ferrées qui soient plus rapides et qui soient plus confortables
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous allez trouver d'autres recettes ?
MICHEL SAPIN
Donc soit, on trouve d'autres recettes, soit, on diminue le programme de travaux. Vous savez, il n'y a pas de miracle dans ce domaine-là, c'est comme pour vous ou comme pour moi
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, mais on peut dire que
MICHEL SAPIN
Dans mon ménage, il n'y a pas de miracle
JEAN-MICHEL APHATIE
Il n'y a pas de miracle. On peut dire ce matin, Michel SAPIN, que l'écotaxe est abandonnée ?
MICHEL SAPIN
Non, non, pas du tout, je ne vous dis pas ça comme ça, l'écotaxe aujourd'hui, elle est examinée par une mission à l'Assemblée nationale, par les ministres qui sont chargés de regarder ça, et comme l'a dit Ségolène ROYAL, nous ferons dans quelques semaines de nouvelles propositions de réformes, on ne va pas maintenir l'écotaxe telle qu'elle était et qui a abouti, on le sait, à ce rejet, à ce rejet, y compris du fond même, du fond même de cette écotaxe, c'est-à-dire quelque chose qui permet de faire payer à ceux qui utilisent les grandes infrastructures le coût de ces grandes infrastructures, y compris lorsque ce sont des camions étrangers qui traversent sans payer.
JEAN-MICHEL APHATIE
Rendez-vous dans quelques semaines pour avoir la solution, on ne votera pas alors l'année prochaine pour les élections régionales, elles vont être reportées ?
MICHEL SAPIN
Ça, c'est la manière petit bout de la lorgnette, si je peux dire
JEAN-MICHEL APHATIE
Ah, je suis désolé, tout le monde a compris ça
MICHEL SAPIN
Si on ne fait pas de réforme territoriale, on votera l'année prochaine. Si on veut faire une réforme territoriale, et j'ai cru comprendre que c'était le cas à gauche, c'est la volonté du président de la République et du Premier ministre et du gouvernement, mais aussi à droite, dans ce cas-là, est-ce qu'on va faire une réforme territoriale en changeant ensuite, un an après, là, l'élection d'une nouvelle assemblée départementale ou d'une nouvelle assemblée régionale, la donne ? Non. La logique, si on fait la réforme, si on la fait vite, c'est évidemment que les nouvelles élections aient lieu dans le cadre du nouveau territoire.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça, c'est dit
MICHEL SAPIN
S'il n'y a plus de conseils généraux, on va élire des conseillers généraux ?
JEAN-MICHEL APHATIE
Un référendum pour
MICHEL SAPIN
S'il y a deux fois moins de régions, on va élire les mêmes régions qu'aujourd'hui ? Non
JEAN-MICHEL APHATIE
Un référendum pour faire la réforme ?
MICHEL SAPIN
Non, je pense que chacun peut prendre ses responsabilités, souvent, vous savez, l'appel au référendum, c'est quand on ne veut pas prendre soi-même ses responsabilités. Nous, on prend nos responsabilités.
JEAN-MICHEL APHATIE
Allez, c'est dit. Michel SAPIN, ministre de la Défense (sic)
LAURENT BAZIN
De la Dépense !
JEAN-MICHEL APHATIE
De la Dépense
MICHEL SAPIN
Et de la lutte contre la Dépense !
LAURENT BAZIN
Et des recettes, j'imagine également. Merci d'avoir été notre invité ce matin. Merci Jean-Michel, à demain.
MICHEL SAPIN
Merci.
JEAN-MICHEL APHATIE
A demain.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 mai 2014
Jean-Michel APHATIE, vous recevez donc ce matin le ministre des Finances, Michel SAPIN.
JEAN-MICHEL APHATIE
Bonjour Michel SAPIN.
MICHEL SAPIN
Bonjour.
JEAN-MICHEL APHATIE
Si j'ai gagné l'élection présidentielle en 2012, ce n'est pas parce que j'avais un programme étincelant, c'est parce que mon prédécesseur avait échoué. François HOLLANDE a formulé ainsi les choses hier. A quoi ça sert ce type d'aveu, Michel SAPIN, d'être un président par défaut ?
MICHEL SAPIN
Il ne faut pas chercher des explications compliquées ou pas trop compliquées, je dis ça par rapport aux commentaires que je viens d'entendre, qu'est-ce que la France a connu pendant cinq ans, de 2008 à 2012
JEAN-MICHEL APHATIE
Quatre ans.
MICHEL SAPIN
Oui, quatre ans, mais de 2007
JEAN-MICHEL APHATIE
D'accord.
MICHEL SAPIN
De 2008 à 2012
JEAN-MICHEL APHATIE
La crise
MICHEL SAPIN
C'est ce qu'elle a connu la crise. Est-ce que la France est sortie de la crise en 2012 ? Non. Est-ce que les Français étaient satisfaits de la situation de la France ? Non. Qu'est-ce qu'ils ont fait ? Ils ont changé de président de la République, ils ont changé de président de la République
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais donc uniquement
MICHEL SAPIN
Parce que le précédent avait échoué
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est ça
MICHEL SAPIN
Et parce que celui qui se présentait avait un certain nombre de propositions
JEAN-MICHEL APHATIE
Le discours du Bourget, les envolées, tout ça, on pensait que c'était
MICHEL SAPIN
Non
JEAN-MICHEL APHATIE
Enfin, on pensait que François HOLLANDE se sentait porté par quelque chose, mais
MICHEL SAPIN
Non, mais ça, c'est l'interprétation que je viens d'entendre
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais c'est ça
MICHEL SAPIN
Mais ça n'est pas exact. Mais la cause principale, là, cette fois-ci, comme d'autres fois, et comme dans d'autres pays d'Europe, qui sont plongés dans la crise, c'est lorsque les Français voient la crise, voient la crise qui se répète, année après année, chômage chaque mois, chômage qui augmente, déficits qui augmentent, ils se disent : il a échoué, j'en prends un autre. Et c'est exactement ça, et qu'est-ce que François HOLLANDE
JEAN-MICHEL APHATIE
Et François HOLLANDE a fait une erreur en formulant les choses comme ça hier ?
MICHEL SAPIN
Non, pas du tout, c'est regarder les choses en face, c'est regarder la vérité et y compris la vérité, je suis persuadé que beaucoup de Français se sont reconnus dans la description qu'il a faite de ce moment-là. Et qu'est-ce que dit le président de la République ? Il dit que si on est dans la même situation, là, cinq ans après sa propre élection, il y aura le même résultat, c'est aussi regarder la vérité en face. C'est de ne pas se voiler la face, et donc dire les choses, c'est aussi le meilleur moyen de retrouver le contact qui est nécessaire pour faire comprendre le sens des réformes, le sens des décisions qui sont prises aujourd'hui.
JEAN-MICHEL APHATIE
Alors pour tenter d'améliorer les choses, François HOLLANDE l'a expliqué hier, et vous êtes un peu le gardien de cette ligne, Michel SAPIN, aux Finances, le gouvernement a décidé, à la fois d'alléger les charges des entreprises et de réduire les dépenses publiques. Cécile DUFLOT a repris la parole hier, elle était ministre il y a un mois, elle est devenue députée hier, et elle a dit hier, sur FRANCE 2, que si elle avait été députée la semaine dernière, quand Manuel VALLS a présenté son programme de trajectoire budgétaire, elle aurait voté contre ce programme. Vous êtes lâchés par une partie de la gauche, Michel SAPIN.
MICHEL SAPIN
Non, mais le groupe des écologistes a effectivement dans sa majorité
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est divisé ?
MICHEL SAPIN
Il n'y en a eu que trois qui ont voté pour, tant mieux, c'est bien
JEAN-MICHEL APHATIE
Et d'autres se sont abstenus.
MICHEL SAPIN
Ça prouve que au sein des écologistes, il y en a un certain nombre qui sont comment dirais-je qui ont le sens de la continuité de l'action parce qu'il y a beaucoup de continuité dans ce que nous faisons aujourd'hui, mais nous le faisons avec plus de clarté, plus de netteté, parce que c'est cette clarté qui est nécessaire pour que chacun comprenne bien, oui, aujourd'hui
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais Cécile DUFLOT, elle, elle vous lâche, voyez
MICHEL SAPIN
Mais écoutez, elle fait les choix qu'elle souhaite, comme elle le souhaite, comme elle le veut
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est un mauvais signal quand même !
MICHEL SAPIN
Mais ce qui compte, c'est ce que nous proposons, c'est ce qui a été adopté par une majorité à l'Assemblée nationale, ce qui va donc être mis en oeuvre, oui, il faut diminuer les cotisations dans les entreprises, il faut qu'on diminue un certain nombre d'impôts pour qu'il y ait plus d'investissements et d'emplois, oui, il faut financer tout cela, y compris la baisse du déficit, non pas par des augmentations d'impôts, ce qui a été fait pendant des années et des années, SARKOZY, comme le début des années de François HOLLANDE, il faut le faire par des économies. Ce n'est pas simple, c'est simple à dire, je suis bien placé pour savoir que ça n'est pas simple à faire, et pourtant, on va le faire.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et les gens qui ont partagé votre action gouvernementale ne comprennent pas cette
MICHEL SAPIN
Eh bien oui, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle ils ne sont pas là aujourd'hui
JEAN-MICHEL APHATIE
Et dans ce contexte, le scepticisme paraît général, puisque la Commission européenne a dit au début de la semaine, la prévision du gouvernement VALLS, donc de Michel SAPIN, 3% de déficit l'année prochaine, on n'y croit pas.
MICHEL SAPIN
Non, elle n'a pas dit ça comme ça.
JEAN-MICHEL APHATIE
Oh, elle l'a un peu dit comme ça, elle dit 3,4 plutôt que 3.
MICHEL SAPIN
Vous préférez le présenter comme ça, mais je vais vous dire exactement comment elle me l'a présenté, à moi, et les yeux dans les yeux
JEAN-MICHEL APHATIE
Puisque vous étiez à Bruxelles hier
MICHEL SAPIN
J'étais à Bruxelles pendant deux jours pour justement partager les orientations du gouvernement aujourd'hui et faire comprendre quelles sont ces orientations et ses conséquences. Elle a dit : premièrement, vous souhaitez arriver aux 3%, vous avez raison. Elle a dit, deuxièmement : en l'état actuel de mes informations, parce que je n'ai pas toutes les informations, je n'avais pas encore transmis à la Commission le pacte de responsabilité tel qu'il a été adopté par l'Assemblée, je pense que vous serez plutôt aux alentours de 3,4%, et elle a dit, troisièmement : je vais analyser l'ensemble de vos propositions, et nous nous retrouverons au début du mois de juin. Puis-je dire simplement qu'il y a un autre organisme qui s'appelle l'OCDE, qui, hier, a prévu pour l'année prochaine, en l'état actuel des choses, 3,1% de déficit. Mais enfin, écoutez, des chiffres comme ça
JEAN-MICHEL APHATIE
A 0,1%, on ne bataille pas
MICHEL SAPIN
A 0,1%, bon, on ne bataille pas.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous êtes sur la trajectoire.
MICHEL SAPIN
On ne bataille pas, on fait.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et alors j'ai compris qu'à la Commission, peut-être vous le confirmerez, certains s'inquiètent notamment de savoir, il y a des recettes qui étaient prévues, et puis, finalement, elles manquent, on pense à l'écotaxe, il y avait un milliard de recettes prévues, et à Bruxelles, on dit : ben, ça, on ne nous a pas dit par exemple comment on allait remplacer l'écotaxe
MICHEL SAPIN
Ça, c'est une question qui se pose à Bruxelles mais qui se pose surtout à Paris.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et vous la posez, vous, il faut remplacer l'écotaxe ?
MICHEL SAPIN
Eh bien évidemment, et ce n'est pas qu'il faut remplacer l'écotaxe, l'écotaxe avait
JEAN-MICHEL APHATIE
Elle est abandonnée, on peut le dire déjà
MICHEL SAPIN
L'écotaxe je n'ai pas dit qu'elle était abandonnée, elle posait énormément de problèmes, bien
JEAN-MICHEL APHATIE
Puisqu'on pense à la remplacer
MICHEL SAPIN
Elle pose énormément non, non, si elle ne posait pas de problèmes, ceux qui l'ont inventée il y a cinq ans l'auraient mise en place il y a trois ans ; et on n'en parlerait même plus aujourd'hui, ça posait tellement de problèmes qu'ils ont repoussé devant eux le petit paquet de poussières. Bien, alors, il faut le traiter. Nous le traitons. Donc l'écotaxe, c'étaient des recettes, ces recettes, elles étaient affectées à quoi ? A des travaux, à des travaux sur les routes ou à des travaux sur les voies de chemin de fer, ou dans les transports urbains. S'il n'y a pas la recette, il n'y a pas les dépenses, du point de vue du ministre de la
JEAN-MICHEL APHATIE
De la Dépense
MICHEL SAPIN
De la dépense, oui
JEAN-MICHEL APHATIE
Des Finances
MICHEL SAPIN
Et des Finances, c'est égal, sauf que j'ai envie qu'il y ait des travaux qui soient faits, sauf que j'ai envie que, il y ait des routes qui soient refaites
JEAN-MICHEL APHATIE
Et alors comment vous allez faire ? Vous allez trouver d'autres recettes ?
MICHEL SAPIN
Sauf que j'ai envie qu'il y ait des nouvelles voies ferrées qui soient plus rapides et qui soient plus confortables
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous allez trouver d'autres recettes ?
MICHEL SAPIN
Donc soit, on trouve d'autres recettes, soit, on diminue le programme de travaux. Vous savez, il n'y a pas de miracle dans ce domaine-là, c'est comme pour vous ou comme pour moi
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, mais on peut dire que
MICHEL SAPIN
Dans mon ménage, il n'y a pas de miracle
JEAN-MICHEL APHATIE
Il n'y a pas de miracle. On peut dire ce matin, Michel SAPIN, que l'écotaxe est abandonnée ?
MICHEL SAPIN
Non, non, pas du tout, je ne vous dis pas ça comme ça, l'écotaxe aujourd'hui, elle est examinée par une mission à l'Assemblée nationale, par les ministres qui sont chargés de regarder ça, et comme l'a dit Ségolène ROYAL, nous ferons dans quelques semaines de nouvelles propositions de réformes, on ne va pas maintenir l'écotaxe telle qu'elle était et qui a abouti, on le sait, à ce rejet, à ce rejet, y compris du fond même, du fond même de cette écotaxe, c'est-à-dire quelque chose qui permet de faire payer à ceux qui utilisent les grandes infrastructures le coût de ces grandes infrastructures, y compris lorsque ce sont des camions étrangers qui traversent sans payer.
JEAN-MICHEL APHATIE
Rendez-vous dans quelques semaines pour avoir la solution, on ne votera pas alors l'année prochaine pour les élections régionales, elles vont être reportées ?
MICHEL SAPIN
Ça, c'est la manière petit bout de la lorgnette, si je peux dire
JEAN-MICHEL APHATIE
Ah, je suis désolé, tout le monde a compris ça
MICHEL SAPIN
Si on ne fait pas de réforme territoriale, on votera l'année prochaine. Si on veut faire une réforme territoriale, et j'ai cru comprendre que c'était le cas à gauche, c'est la volonté du président de la République et du Premier ministre et du gouvernement, mais aussi à droite, dans ce cas-là, est-ce qu'on va faire une réforme territoriale en changeant ensuite, un an après, là, l'élection d'une nouvelle assemblée départementale ou d'une nouvelle assemblée régionale, la donne ? Non. La logique, si on fait la réforme, si on la fait vite, c'est évidemment que les nouvelles élections aient lieu dans le cadre du nouveau territoire.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça, c'est dit
MICHEL SAPIN
S'il n'y a plus de conseils généraux, on va élire des conseillers généraux ?
JEAN-MICHEL APHATIE
Un référendum pour
MICHEL SAPIN
S'il y a deux fois moins de régions, on va élire les mêmes régions qu'aujourd'hui ? Non
JEAN-MICHEL APHATIE
Un référendum pour faire la réforme ?
MICHEL SAPIN
Non, je pense que chacun peut prendre ses responsabilités, souvent, vous savez, l'appel au référendum, c'est quand on ne veut pas prendre soi-même ses responsabilités. Nous, on prend nos responsabilités.
JEAN-MICHEL APHATIE
Allez, c'est dit. Michel SAPIN, ministre de la Défense (sic)
LAURENT BAZIN
De la Dépense !
JEAN-MICHEL APHATIE
De la Dépense
MICHEL SAPIN
Et de la lutte contre la Dépense !
LAURENT BAZIN
Et des recettes, j'imagine également. Merci d'avoir été notre invité ce matin. Merci Jean-Michel, à demain.
MICHEL SAPIN
Merci.
JEAN-MICHEL APHATIE
A demain.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 mai 2014