Déclaration de Mme Ségolène Royal, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, sur l'inscription de la politique de l'environnement dans le temps long, à Paris le 22 mai 2014.

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Circonstance : Colloque sur le thème "L'homme peut-il s'adapter à lui-même ? Options futures et marges d'acceptation", au Collège de France, à Paris le 22 mai 2014

Texte intégral

Monsieur l'Administrateur du Collège de France, Serge Haroche
Monsieur le Vice-Président de l'Assemblée de professeurs,
Monsieur le Professeur titulaire de la chaire Développement durable, environnement, énergie et société, cher Gilles Boeuf, qui présidez également aux destinées du Muséum national d'histoire naturelle où nous avons lancé ensemble, il y a deux jours, la Fête de la Nature,
Monsieur le Président d'Humanité et Biodiversité, cher Hubert Reeves,
Mesdames et Messieurs les chercheurs, pardon de ne pas pouvoir vous citer tous,
Je veux saluer Yves Coppens et Boris Cyrulnik,
Mesdames et Messieurs,
J'ai tenu à venir vous saluer pour l'ouverture de ce colloque qui s'inscrit dans une réflexion au long cours ponctuée de rendez-vous désormais réguliers.
Le parti-pris extraordinaire de ces rencontres est de croiser les regards et les apports de toutes les disciplines pour traiter d'un sujet et d'enjeux éminemment transversaux.
J'y vois le souci de ne pas dissocier les différentes dimensions de la question écologique et de ne pas dépecer le monde en catégories impuissantes à rendre compte d'une complexité où, comme le suggère l'étymologie, tout est tissé ensemble et tout se tient : le biologique, l'économique, le social et l'éthique.
C'est bien dans la manière du Collège de France où l'on n'en tient pas pour la solitude altière des frontières disciplinaires et dont la mission est de mettre à la disposition de tous, sans que la barrière de l'argent ou d'une inscription y fasse obstacle, le meilleur des connaissances d'aujourd'hui qui nous aident à penser et comprendre le monde.
Je ne vous ferai pas de grand discours car je ne veux pas empiéter sur le temps de vos travaux mais au contraire vous écouter.
J'ai toujours été convaincue que, pour agir juste, il faut se nourrir des réflexions des chercheurs, accepter au besoin qu'ils bousculent nos certitudes car c'est ainsi que s'enrichit une vision du monde, s'aiguise une perception du temps présent et se libère l'imagination que je crois nécessaire à l'action publique.
J'ai bien vu la contradiction entre les temps : temps court et temps long. Je m'efforce m'inscrire dans le temps long, notamment avec les enjeux dont j'ai la charge, c'est-à-dire à la fois la défense de la biodiversité (en particulier le projet de loi sur la biodiversité) dont nous fêtons la journée mondiale et la charge de la transition écologique et énergétique (je prépare également un texte de loi pour ce qui concerne un enjeu majeur pour notre planète).
Je vous dirais donc simplement que je crois venu le temps d'une réconciliation de l'humanité avec son environnement, c'est tout le défi que vous avez remarquablement souligné à l'instant, que je prends ici au sens que lui donne Philippe Descola, que vous entendrez demain :
« ce qui relie et constitue les humains comme expressions multiples d'un ensemble qui les dépasse ».
Car la mutation que nous devons accomplir dans nos façons de penser et de faire ne doit pas être une contrainte subie mais une chance empoignée à pleines mains pour faire advenir un nouveau modèle de développement et de progrès humain.
Je vous souhaite donc d'excellents travaux.
Je vais rester un petit moment avec vous, pas davantage, je le regrette, car mon programme d'aujourd'hui et de demain est très chargé, notamment pour lancer l'opération « Terre Saine – villes et villages sans pesticides » cet après-midi, avec de nombreux témoignages de Maires de communes rurales qui ont réalisé l'élimination totale des pesticides dans les espaces verts. Je visite également une école sans pesticide pour donner envie à tous les maires de nos 36 000 communes, d'éliminer les pesticides dans tous les espaces verts. Cela a donc à voir avec la biodiversité et avec les vigies de la nature que vous développez si bien, cher Gilles Boeuf, auprès des scolaires et des jeunes pour lesquels nous bâtissons le monde de demain.
Merci beaucoup.
Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 23 mai 2014