Déclaration de M. Alain Juppé, Premier ministre, en réponse à une question sur les inondations dans l'Hérault et la décision de déclarer l'état de catastrophe naturelle dans ce département, à l'Assemblée nationale le 30 janvier 1996.

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Circonstance : Séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale le 30 janvier 1996

Texte intégral

M. le président. La parole est à M. Marcel Roques.
M. Marcel Roques. Ma question, à laquelle j'associe mon collègue Raymond Couderc, s'adresse à M. le Premier ministre.
Pour la deuxième fois en un mois, de violentes pluies ont ravagé le haut pays héraultais, le Biterrois et les basses plaines de l'Aude. Malgré la rapidité et l'efficacité des secours mis en place par l'Etat dans le cadre du plan ORSEC, nous sommes confrontés à un drame humain puisqu'on déplore la perte de quatre vies, dont celles de deux jeunes enfants, frères et soeurs, de sept et huit ans.
En visitant, accompagné de M. le ministre de l'intérieur, les lieux de la catastrophe et les zones sinistrées, vous avez, monsieur le Premier ministre, soulevé beaucoup d'espoir. Je le comprends et je vous en remercie.
Vous avez pu constater, à cette occasion, que les pertes matérielles sont très élevées. Commerçants, artisans, agriculteurs et particuliers ont vu, en quelques minutes, la totalité de leur patrimoine anéantie. Les bâtiments communaux ont été gravement éprouvés. La commune de Puisserguier est le centre malheureux de cette tragédie qui concerne un peu plus de 100 000 personnes et un territoire très vaste, le long des fleuves Orb et Hérault.
Les populations victimes de ce drame attendent des mesures. Vous en avez déjà évoqué certaines. Je souhaite, pour ma part, vous sensibiliser à la nécessité d'aller vite. Pouvrez-vous dès aujourd'hui, nous donner quelques précisions sur les mesures exceptionnelles que vous comptez prendre dans l'immédiat ?
Je tiens aussi à vous rappeler que, les 17 et 18 décembre dernier, les mêmes communes ont subi de graves inondations. La déclaration de l'état de catastrophe naturelle pour ces premières intempéries doit-elle intervenir rapidement ?
Nous serons très attentifs à vos réponses sur ces deux sujets. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la République.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Alain Juppé, Premier ministre. Monsieur le député, nous étions ensemble hier après-midi à Puisserguier avec les élus départementaux et locaux, et j'ai pu mesurer en votre compagnie le désarroi de la population, qui a été très durement éprouvée. Nous nous sommes inclinés devant les corps des deux jeunes enfants qui, hélas ! Ont péri dans la tourmente. J'ai tenu, par là, à exprimer ma solidarité et mon soutien à la population et à ses élus.
Nous avons aussi pu constater, l'un et l'autre, que les secours avaient été rapides et efficaces, et je veux ici leur rendre hommage. Parmi les forces de sécurité civile, nous avons vu de jeunes appelés du contingent y articiper avec beaucoup de coeur et de dévouement.
Je m'engage personnellement, devant vous et devant la représentation nationale, à ce que les mesures annoncées soient suivies d'effet le plus rapidement possible.
Tout d'abord, le secours d'urgence, dont j'ai fixé le montant à 500 000 francs en accord avec le ministre de l'intérieur, sera mis en place tout de suite.
En second lieu, ainsi que M. Debré l'a indiqué à l'instant, une mission d'experts de la direction de la sécurité civile est dépêchée sur place pour coordonner les secours et prendre les dispositions nécessaires.
En troisième lieu, la commission interministérielle chargée de déclarer l'état de catastrophe naturelle se réunira avant la fin de la semaine pour statuer sur les événements qui se sont produits au cours des derniers jours et sur ceux du mois de décembre, de façon que, là aussi, les indemnisations puissent être attribuées le plus vite possible.
Enfin, j'ai donné aux ministres compétents les instructions nécessaires pour que les problèmes d'équipements publics, et en particulier d'équipements scolaires ? nous avons tous vu ces écoles dévastées ? puissent être réglés dans les meilleurs délais, d'abord par des dispositions transitoires, puis par un réaménagement ou une reconstruction des locaux scolaires dont l'état le justifie.
Les dernières nouvelles météorologiques vont plutôt dans le bon sens. J'espère donc que les souffrances de la population pourront être apaisées très rapidement. En tout cas, vous pouvez compter sur moi pour y veiller. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française et du Centre.)
source http://www.assemblee-nationale.fr, le 18 juillet 2014