Texte intégral
A. Hausser Dès que les attentats ont été perpétrés à New York et à Washington, la France a exprimé sa solidarité avec les Etats-Unis, elle a envoyé deux navires de guerre sur zone et J. Chirac a fait état, dimanche soir, de nouvelles demandes de la part de l'armée américaine. Est-ce que J. Chirac a parlé trop tôt ?
- "Personnellement, j'aurai préféré que ce soit la France qui fasse des propositions. La France s'est mise dans une posture de puissance moyenne. Or, la France est un grand pays et doit rester un grand pays. Si la France veut être un grand pays, elle doit prendre des initiatives. C'est à la France de faire des propositions aux Etats-Unis pour la participation militaire, pour expliquer ou pour exposer les moyens qu'elle peut mettre en oeuvre dans le cadre de ce nouveau conflit. J'espère que très rapidement, le président de la République et le Gouvernement ne vont pas attendre qu'on leur demande, mais qu'ils vont faire des propositions."
C'est pourtant ce qui s'est produit ?
- "Je le regrette car, que ce soit au plan diplomatique ou militaire, la France se met toujours en position d'attente. Or, la France a une grande politique arabe, elle a eu une grande politique arabe. Il a été pour le moins étonnant que les plus grandes autorités de l'Etat ne se soient pas mobilisées - je dis bien les plus grandes autorités de l'Etat - pour aller à la rencontre de tous les chefs d'Etat arabes, pour leur expliquer l'enjeu de ce conflit, les problèmes qu'il soulève, la nécessité d'une alliance de tous les pays attachés à la démocratie et à la liberté, contre la barbarie. Deuxièmement, la France a une grande politique africaine : la France est le pays qui a le plus de dialogue avec l'Afrique qui, aujourd'hui, est en train de subir la vague d'islamisme - on le voit au Soudan, au Niger, en Angola, au Nigéria. Il aurait été tout à fait utile qu'il y ait une conférence franco-africaine avec, au coeur de celle-ci, la décision de mettre sur pied un front antiterroriste franco-africain. Voilà trois propositions que je fais, pour que la France puisse participer à l'organisation du nouvel ordre international qui apparaîtra nécessairement après ce conflit."
Vous dites que la France aurait dû dialoguer avec les chefs d'Etat arabes, mais il y a actuellement une grande prudence de la part de ces chefs d'Etat, parce qu'ils craignent leur opinion publique. Alors, fallait-il en rajouter ?
- "Cela se fait de manière diplomatique et donc confidentielle."
Quand il s'agit des plus hautes autorités, cela ne peut pas se faire de manière confidentielle !
- "Cela ne m'aurait pas choquer, au contraire, cela m'aurait enchanté pour ce qui est du statut de la France, que le président de la République ou le Premier ministre, ou des émissaires spéciaux du président de la République ou du Premier ministre, fassent la tournée des capitales. Qui l'a fait ? On va me dire que le ministre des Affaires étrangères, H. Védrine, est allé ici et là, mais c'est T. Blair et le secrétaire d'Etat à la Défense américaine. La France est le pays qui a eu la plus grande politique arabe. La France pouvait prendre toute sa place."
Aujourd'hui, que peut faire la France dans le cadre dans lequel elle s'est engagée ?
- "Trois choses : la première, c'est d'abord une politique antiterroriste au niveau national qui soit renforcée, claire et nette. Pour se faire, il va falloir revoir notre arsenal juridique, car aujourd'hui, le code de procédures pénales, les lois en vigueur, servent les délinquants et le banditisme plus qu'ils ne servent les policiers et la justice. On le sait, - le Premier ministre l'a reconnu : il est urgent dans ce domaine que la France arrête d'avoir mauvaise conscience et prenne des décisions dans le domaine des perquisitions, des écoutes, des fouilles... Ceci a d'ailleurs provoqué des réactions ridicules de la part d'un certain nombre d'organisations. Je souhaite effectivement que la France revoit sa posture juridique dans ce domaine, si on veut lutter contre le terrorisme. Deuxièmement, il me semble nécessaire que la France, comme viennent de le faire les Etats-Unis, mette sur pied une délégation interministérielle auprès du Premier ministre, chargée de la sécurité intérieure."
C'est ce que L. Jospin a pu annoncer il y a deux jours.
- "A force d'annoncer et de ne jamais faire, la France va se retrouver au fond du trou."
Laissez lui trois jours, quand même !
- "On a l'impression que les Etats-Unis prennent leur temps, mais ils font. Hier après midi, ils ont nommé monsieur sécurité intérieure."
Dont la nomination a été annoncée il y a trois semaines.
- "Personnellement, je réclame une délégation interministérielle chargée de la sécurité intérieure, depuis maintenant un an et demi. Parce qu'il y a déjà eu des attentats. Il y en a eu en 1995. Il y a eu Béziers. Il y a des cache-d'armes découvertes. Il me paraît évident qu'il faut coordonner douanes, fisc, gendarmerie, police, parquet si on veut être totalement efficace. Dernier point : il faut que l'union nationale se concrétise. Là, je suis inquiet quand je vois la majorité plurielle qui est en train, aujourd'hui, d'éclater sur le problème du conflit en Afghanistan et sur le problème de cette nouvelle guerre. Quand j'entends M. Mamère, quand j'écoute R. Hue, je suis très préoccupé. Je suis d'autant plus préoccupé que je m'aperçois que M. Jospin est en train d'entrer dans leur jeu. S'il n'était pas entré dans leur jeu, il aurait provoqué une session extraordinaire du Parlement, il aurait convoqué le Parlement."
Aujourd'hui, le Parlement est réuni.
- "M. Blair a été dix fois plus à la hauteur de la situation. Dimanche soir, il convoquait pour lundi. On est en situation de conflit. C'est un conflit qui est tout à fait nouveau et il exige en réalité d'une part une volonté de la part de l'exécutif, mais aussi d'associer la représentation nationale."
Vous souhaitez un vote, si j'ai bien compris. Je voudrais m'adresser à l'ancien ministre de la Défense : concrètement, que peut faire la France sur le terrain en Afghanistan ? Est-ce que ce sont ses commandos qui pourraient être utiles ou est-ce que ce sont ses agents de renseignements, qui sont déjà sur place, comme on vient de l'apprendre ?
- "La France a d'excellents services de renseignements. Je rends hommage à la DGSE qui, dans tous les conflits, a montré qu'elle était à la hauteur. Deuxièmement, on a des troupes aguerries pour pouvoir faire des interventions chirurgicales. Je veux simplement citer les régiments étrangers et les parachutistes, les régiments d'infanterie de marine."
Les commandos d'opérations spéciales ?
- "Bien sûr, ils sont tout à fait a même d'intervenir. C'est la raison pour laquelle j'aurai souhaité que la France propose aux Etats-Unis de participer à des opérations dans ce domaine-là. Enfin, la France a des hommes d'abord et ensuite des équipements, qui sont tout à fait adaptés. C'est là que l'on voit que la professionnalisation était une bonne chose, pour nous permettre de rentrer dans ce type de guerre."
Est-ce qu'elle a assez d'hommes pour les envoyer là-bas ou est-ce qu'ils ne sont pas tous pris en Bosnie actuellement ?
- "Non, la France a assez d'hommes."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 10 octobre 2001)
- "Personnellement, j'aurai préféré que ce soit la France qui fasse des propositions. La France s'est mise dans une posture de puissance moyenne. Or, la France est un grand pays et doit rester un grand pays. Si la France veut être un grand pays, elle doit prendre des initiatives. C'est à la France de faire des propositions aux Etats-Unis pour la participation militaire, pour expliquer ou pour exposer les moyens qu'elle peut mettre en oeuvre dans le cadre de ce nouveau conflit. J'espère que très rapidement, le président de la République et le Gouvernement ne vont pas attendre qu'on leur demande, mais qu'ils vont faire des propositions."
C'est pourtant ce qui s'est produit ?
- "Je le regrette car, que ce soit au plan diplomatique ou militaire, la France se met toujours en position d'attente. Or, la France a une grande politique arabe, elle a eu une grande politique arabe. Il a été pour le moins étonnant que les plus grandes autorités de l'Etat ne se soient pas mobilisées - je dis bien les plus grandes autorités de l'Etat - pour aller à la rencontre de tous les chefs d'Etat arabes, pour leur expliquer l'enjeu de ce conflit, les problèmes qu'il soulève, la nécessité d'une alliance de tous les pays attachés à la démocratie et à la liberté, contre la barbarie. Deuxièmement, la France a une grande politique africaine : la France est le pays qui a le plus de dialogue avec l'Afrique qui, aujourd'hui, est en train de subir la vague d'islamisme - on le voit au Soudan, au Niger, en Angola, au Nigéria. Il aurait été tout à fait utile qu'il y ait une conférence franco-africaine avec, au coeur de celle-ci, la décision de mettre sur pied un front antiterroriste franco-africain. Voilà trois propositions que je fais, pour que la France puisse participer à l'organisation du nouvel ordre international qui apparaîtra nécessairement après ce conflit."
Vous dites que la France aurait dû dialoguer avec les chefs d'Etat arabes, mais il y a actuellement une grande prudence de la part de ces chefs d'Etat, parce qu'ils craignent leur opinion publique. Alors, fallait-il en rajouter ?
- "Cela se fait de manière diplomatique et donc confidentielle."
Quand il s'agit des plus hautes autorités, cela ne peut pas se faire de manière confidentielle !
- "Cela ne m'aurait pas choquer, au contraire, cela m'aurait enchanté pour ce qui est du statut de la France, que le président de la République ou le Premier ministre, ou des émissaires spéciaux du président de la République ou du Premier ministre, fassent la tournée des capitales. Qui l'a fait ? On va me dire que le ministre des Affaires étrangères, H. Védrine, est allé ici et là, mais c'est T. Blair et le secrétaire d'Etat à la Défense américaine. La France est le pays qui a eu la plus grande politique arabe. La France pouvait prendre toute sa place."
Aujourd'hui, que peut faire la France dans le cadre dans lequel elle s'est engagée ?
- "Trois choses : la première, c'est d'abord une politique antiterroriste au niveau national qui soit renforcée, claire et nette. Pour se faire, il va falloir revoir notre arsenal juridique, car aujourd'hui, le code de procédures pénales, les lois en vigueur, servent les délinquants et le banditisme plus qu'ils ne servent les policiers et la justice. On le sait, - le Premier ministre l'a reconnu : il est urgent dans ce domaine que la France arrête d'avoir mauvaise conscience et prenne des décisions dans le domaine des perquisitions, des écoutes, des fouilles... Ceci a d'ailleurs provoqué des réactions ridicules de la part d'un certain nombre d'organisations. Je souhaite effectivement que la France revoit sa posture juridique dans ce domaine, si on veut lutter contre le terrorisme. Deuxièmement, il me semble nécessaire que la France, comme viennent de le faire les Etats-Unis, mette sur pied une délégation interministérielle auprès du Premier ministre, chargée de la sécurité intérieure."
C'est ce que L. Jospin a pu annoncer il y a deux jours.
- "A force d'annoncer et de ne jamais faire, la France va se retrouver au fond du trou."
Laissez lui trois jours, quand même !
- "On a l'impression que les Etats-Unis prennent leur temps, mais ils font. Hier après midi, ils ont nommé monsieur sécurité intérieure."
Dont la nomination a été annoncée il y a trois semaines.
- "Personnellement, je réclame une délégation interministérielle chargée de la sécurité intérieure, depuis maintenant un an et demi. Parce qu'il y a déjà eu des attentats. Il y en a eu en 1995. Il y a eu Béziers. Il y a des cache-d'armes découvertes. Il me paraît évident qu'il faut coordonner douanes, fisc, gendarmerie, police, parquet si on veut être totalement efficace. Dernier point : il faut que l'union nationale se concrétise. Là, je suis inquiet quand je vois la majorité plurielle qui est en train, aujourd'hui, d'éclater sur le problème du conflit en Afghanistan et sur le problème de cette nouvelle guerre. Quand j'entends M. Mamère, quand j'écoute R. Hue, je suis très préoccupé. Je suis d'autant plus préoccupé que je m'aperçois que M. Jospin est en train d'entrer dans leur jeu. S'il n'était pas entré dans leur jeu, il aurait provoqué une session extraordinaire du Parlement, il aurait convoqué le Parlement."
Aujourd'hui, le Parlement est réuni.
- "M. Blair a été dix fois plus à la hauteur de la situation. Dimanche soir, il convoquait pour lundi. On est en situation de conflit. C'est un conflit qui est tout à fait nouveau et il exige en réalité d'une part une volonté de la part de l'exécutif, mais aussi d'associer la représentation nationale."
Vous souhaitez un vote, si j'ai bien compris. Je voudrais m'adresser à l'ancien ministre de la Défense : concrètement, que peut faire la France sur le terrain en Afghanistan ? Est-ce que ce sont ses commandos qui pourraient être utiles ou est-ce que ce sont ses agents de renseignements, qui sont déjà sur place, comme on vient de l'apprendre ?
- "La France a d'excellents services de renseignements. Je rends hommage à la DGSE qui, dans tous les conflits, a montré qu'elle était à la hauteur. Deuxièmement, on a des troupes aguerries pour pouvoir faire des interventions chirurgicales. Je veux simplement citer les régiments étrangers et les parachutistes, les régiments d'infanterie de marine."
Les commandos d'opérations spéciales ?
- "Bien sûr, ils sont tout à fait a même d'intervenir. C'est la raison pour laquelle j'aurai souhaité que la France propose aux Etats-Unis de participer à des opérations dans ce domaine-là. Enfin, la France a des hommes d'abord et ensuite des équipements, qui sont tout à fait adaptés. C'est là que l'on voit que la professionnalisation était une bonne chose, pour nous permettre de rentrer dans ce type de guerre."
Est-ce qu'elle a assez d'hommes pour les envoyer là-bas ou est-ce qu'ils ne sont pas tous pris en Bosnie actuellement ?
- "Non, la France a assez d'hommes."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 10 octobre 2001)