Texte intégral
Madame et Monsieur les co-Présidents du GISA,
Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureuse d'être parmi vous aujourd'hui pour l'ouverture de cette réunion plénière du GISA.
J'ai en effet souhaité tenir cette rencontre à mon retour de l'Assemblée générale des Nations unies et avant mon déplacement à Rome où je me rends pour participer à la 41ème session du Comité de la sécurité alimentaire mondiale.
Je souhaite échanger avec vous sur les principaux enjeux de sécurité alimentaire et vous faire part de mes grandes orientations sur ce sujet.
Je voudrais tout d'abord vous dire ma satisfaction et mon intérêt pour le GISA. Cette plateforme multi-acteurs et multisectorielle s'inscrit parfaitement dans la démarche du ministère en matière de concertation avec tous les acteurs, démarche confirmée par la loi d'orientation et de programmation relative à la politique de développement et de solidarité internationale.
Je préside dans cet esprit le Conseil national pour le développement et la solidarité internationale, le CNDSI, qui assure une concertation régulière entre les différents acteurs du développement et de la solidarité internationale sur les objectifs et les orientations de la politique française de développement.
La question de la sécurité alimentaire reste un enjeu mondial majeur.
Le rapport sur «L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde», que viennent de publier les trois institutions des Nations unies basées à Rome montre que beaucoup reste à faire pour assurer un monde sans faim.
Si le rapport note une évolution positive de la situation au cours des dix dernières années, plus de 800 millions de personnes sont encore aujourd'hui touchées par la faim. Ce chiffre est inacceptable. Nous devons tous - États, ONG, bailleurs multilatéraux - rester mobilisés pour réduire vite et durablement le nombre de personnes touchées.
Un autre défi majeur pour l'agriculture et la sécurité alimentaire est celui de l'emploi. Le défi est immense notamment en Afrique sub-saharienne où 330 millions de jeunes vont entrer sur le marché de l'emploi au cours des quinze prochaines années.
Face à ces constats, nous devons maintenir la sécurité alimentaire en tête de l'agenda international - ce qui ne va pas de soi dans le contexte actuel. Je voudrais vous confirmer la pleine mobilisation de mon ministère sur cet enjeu, et plus généralement de la France. Je me félicite de la forte implication des autres ministères sur ce sujet et notamment celle du ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt.
La loi d'orientation et de programmation relative à la politique de développement et de solidarité internationale, publiée le 7 juillet dernier, fait de l'agriculture et de la sécurité alimentaire et nutritionnelle une de ses priorités.
Je me félicite, dans ce contexte, du renforcement de notre coopération bilatérale au travers de l'adoption par l'AFD, après un processus participatif dense, d'un cadre d'intervention sectoriel 2013-2016 sur la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne qui guidera son action.
Notre action se situe également au plan international et multilatéral, pour orienter les politiques, mobiliser nos partenaires dans les principales instances qui traitent d'agriculture et de sécurité alimentaire.
Le GISA constitue un dispositif clef pour la préparation des échéances internationales.
Je vous félicite pour la richesse et la qualité de vos travaux. La liste des sujets traités est impressionnante : volatilité des prix, acquisitions foncières à grande échelle, relations entre dérèglement climatique et sécurité alimentaire, nutrition, cohérence des politiques en faveur de la sécurité alimentaire...
Tous ces travaux menés au sein du GISA sont essentiels pour notre travail et pour la crédibilité de nos positions internationales.
Je serais heureuse d'entendre vos retours sur son fonctionnement, ses résultats et sur les chantiers prioritaires pour cette enceinte en 2015.
Je voudrais rapidement rappeler quelques thématiques majeures qui guident notre action.
1/ L'agriculture familiale
Dans le cadre de l'année internationale de l'agriculture familiale, ouverte en France le 18 décembre 2013 par Stéphane Le Foll et Pascal Canfin, la France a poursuivi avec détermination son engagement sur ce sujet.
Nous pouvons d'ores et déjà nous féliciter de l'engagement de tous et du grand nombre d'actions lancées par les acteurs français. Il convient de poursuivre nos efforts au-delà de 2014 pour la promotion de ce modèle d'agriculture, qui n'est pas une évidence pour tous les politiques, notamment dans les pays du Sud.
2/ L'investissement agricole responsable
C'est un autre sujet majeur : d'un côté, le développement du secteur agricole dans les pays les plus pauvres nécessite des investissements massifs. De l'autre, la fragilité de ces mêmes pays impose des règles strictes, notamment dans les domaines social et environnemental.
Après deux ans de négociation multilatérale, les Principes pour un investissement agricole responsable, les «RAI», devraient être adoptés lors de la 41ème session du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, à laquelle je participerai la semaine prochaine.
La mise en oeuvre de ces principes est un enjeu majeur. Un de nos chantiers prioritaire sera de s'assurer de leur prise en compte dans la Nouvelle alliance sur la sécurité alimentaire et la nutrition.
Ma participation à la dernière réunion du conseil de direction de cette alliance m'a donné l'occasion de faire passer ce message, entendu et partagé par de nombreux autres membres de l'initiative.
Je voudrais vous remercier pour l'important travail collectif mené au sein du GISA afin d'établir une position française et de faire entendre la voix de la France dans les négociations.
3/ La nutrition
C'est un impératif moral autant qu'économique.
Nous devons poursuivre notre engagement sur ce sujet dans les enceintes internationales pour mobiliser davantage nos partenaires.
Nous devons également mieux prendre en compte ce sujet dans nos actions de coopération bilatérale. Dans ce domaine, des efforts sont en cours, avec l'AFD, pour mieux intégrer la nutrition dans les projets des différents secteurs d'intervention (agriculture, santé, eau, etc.). Je crois qu'il existe aujourd'hui une réelle dynamique pour identifier des pistes concrètes.
Je saisis l'occasion pour saluer les travaux effectués dans le cadre du sous-groupe du GISA consacré à la nutrition, que je sais très actif, et qui nous permettra de concrétiser cet élan en faveur de la nutrition. Je tiens également à remercier les ONG impliquées dans la campagne «Génération nutrition» pour leur précieuse contribution. Nous étudierons avec attention les recommandations présentées dans le rapport qu'elles m'ont tout récemment adressé.
4/ La recherche
Je voudrais souligner le rôle majeur de la recherche, qui identifie les grands défis, de plus en plus complexes, que nous devons relever et qui oeuvre pour y apporter des réponses. Le ministère est fortement impliqué dans ce domaine, que ce soit dans le cadre de la Commission pour la recherche agricole internationale, la CRAI, qui réunit les acteurs publics concernés - ministères et organismes de recherche - ou des conseils d'administration du CIRAD, de l'IRD et d'Agreenium.
Je remercie les représentants des organismes de recherche français présents aujourd'hui pour leur mobilisation et engagement constant en appui aux politiques publiques, que ce soit dans le cadre de l'année internationale de l'agriculture familiale ou sur le dérèglement climatique.
5/ Le climat
Ce thème, vous le savez, est une priorité pour le ministère et la France. La conférence scientifique sur l'agriculture intelligente face au climat qui sera organisée en mars prochain à Montpellier est une initiative bienvenue. Nous suivrons avec un intérêt particulier ces travaux dont les conclusions contribueront à alimenter le débat en amont de la COP21.
Votre mobilisation est d'autant plus importante que le climat est l'une des plus grande menace qui pèse, à moyen terme, sur la sécurité alimentaire.
La France vient d'adhérer à l'alliance pour une agriculture intelligente face au climat lors du sommet climat de New York, le 23 septembre dernier.
Cette Alliance suscite des réserves de certains acteurs et je sais, pour avoir échangé avec certains d'entre vous, que la décision française n'est pas soutenue par toutes et tous. J'ai eu l'occasion de vous le dire : cette Alliance peut devenir une plateforme multi-acteurs, transparente et porteuse d'innovations.
Pour autant, nous partageons certaines de vos inquiétudes : l'absence d'interférences possibles avec la COP21, une gouvernance ouverte et la promotion de modèles et de pratiques agricoles durables seront des points de vigilance constante.
Même si l'expérience nous a montré toute la difficulté d'infléchir les orientations d'une initiative internationale, nous considérons qu'il est préférable, pour porter nos positions, d'être à l'intérieur plutôt que de rester à l'extérieur.
6/ La jeunesse
Je finirai mon propos introductif en mentionnant la thématique de la jeunesse, qui constitue une priorité de mon action. Un plan d'actions est en cours de préparation, vous y serez associés. La jeunesse rurale pourrait être une de ses composantes importantes. Les jeunes ruraux constituent une ressource humaine précieuse : le contexte peu incitatif en termes d'emploi, de conditions de travail et de conditions de vie, d'accès aux services de base impose de réfléchir à la création d'un environnement qui les encourage à se maintenir en milieu rural.
Vous le savez, les enjeux sont immenses, les chantiers nombreux et l'atteinte de nos objectifs nécessite la mobilisation de tous les acteurs français. Le GISA est une enceinte précieuse dont la contribution est déterminante. Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 octobre 2014
Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureuse d'être parmi vous aujourd'hui pour l'ouverture de cette réunion plénière du GISA.
J'ai en effet souhaité tenir cette rencontre à mon retour de l'Assemblée générale des Nations unies et avant mon déplacement à Rome où je me rends pour participer à la 41ème session du Comité de la sécurité alimentaire mondiale.
Je souhaite échanger avec vous sur les principaux enjeux de sécurité alimentaire et vous faire part de mes grandes orientations sur ce sujet.
Je voudrais tout d'abord vous dire ma satisfaction et mon intérêt pour le GISA. Cette plateforme multi-acteurs et multisectorielle s'inscrit parfaitement dans la démarche du ministère en matière de concertation avec tous les acteurs, démarche confirmée par la loi d'orientation et de programmation relative à la politique de développement et de solidarité internationale.
Je préside dans cet esprit le Conseil national pour le développement et la solidarité internationale, le CNDSI, qui assure une concertation régulière entre les différents acteurs du développement et de la solidarité internationale sur les objectifs et les orientations de la politique française de développement.
La question de la sécurité alimentaire reste un enjeu mondial majeur.
Le rapport sur «L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde», que viennent de publier les trois institutions des Nations unies basées à Rome montre que beaucoup reste à faire pour assurer un monde sans faim.
Si le rapport note une évolution positive de la situation au cours des dix dernières années, plus de 800 millions de personnes sont encore aujourd'hui touchées par la faim. Ce chiffre est inacceptable. Nous devons tous - États, ONG, bailleurs multilatéraux - rester mobilisés pour réduire vite et durablement le nombre de personnes touchées.
Un autre défi majeur pour l'agriculture et la sécurité alimentaire est celui de l'emploi. Le défi est immense notamment en Afrique sub-saharienne où 330 millions de jeunes vont entrer sur le marché de l'emploi au cours des quinze prochaines années.
Face à ces constats, nous devons maintenir la sécurité alimentaire en tête de l'agenda international - ce qui ne va pas de soi dans le contexte actuel. Je voudrais vous confirmer la pleine mobilisation de mon ministère sur cet enjeu, et plus généralement de la France. Je me félicite de la forte implication des autres ministères sur ce sujet et notamment celle du ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt.
La loi d'orientation et de programmation relative à la politique de développement et de solidarité internationale, publiée le 7 juillet dernier, fait de l'agriculture et de la sécurité alimentaire et nutritionnelle une de ses priorités.
Je me félicite, dans ce contexte, du renforcement de notre coopération bilatérale au travers de l'adoption par l'AFD, après un processus participatif dense, d'un cadre d'intervention sectoriel 2013-2016 sur la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne qui guidera son action.
Notre action se situe également au plan international et multilatéral, pour orienter les politiques, mobiliser nos partenaires dans les principales instances qui traitent d'agriculture et de sécurité alimentaire.
Le GISA constitue un dispositif clef pour la préparation des échéances internationales.
Je vous félicite pour la richesse et la qualité de vos travaux. La liste des sujets traités est impressionnante : volatilité des prix, acquisitions foncières à grande échelle, relations entre dérèglement climatique et sécurité alimentaire, nutrition, cohérence des politiques en faveur de la sécurité alimentaire...
Tous ces travaux menés au sein du GISA sont essentiels pour notre travail et pour la crédibilité de nos positions internationales.
Je serais heureuse d'entendre vos retours sur son fonctionnement, ses résultats et sur les chantiers prioritaires pour cette enceinte en 2015.
Je voudrais rapidement rappeler quelques thématiques majeures qui guident notre action.
1/ L'agriculture familiale
Dans le cadre de l'année internationale de l'agriculture familiale, ouverte en France le 18 décembre 2013 par Stéphane Le Foll et Pascal Canfin, la France a poursuivi avec détermination son engagement sur ce sujet.
Nous pouvons d'ores et déjà nous féliciter de l'engagement de tous et du grand nombre d'actions lancées par les acteurs français. Il convient de poursuivre nos efforts au-delà de 2014 pour la promotion de ce modèle d'agriculture, qui n'est pas une évidence pour tous les politiques, notamment dans les pays du Sud.
2/ L'investissement agricole responsable
C'est un autre sujet majeur : d'un côté, le développement du secteur agricole dans les pays les plus pauvres nécessite des investissements massifs. De l'autre, la fragilité de ces mêmes pays impose des règles strictes, notamment dans les domaines social et environnemental.
Après deux ans de négociation multilatérale, les Principes pour un investissement agricole responsable, les «RAI», devraient être adoptés lors de la 41ème session du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, à laquelle je participerai la semaine prochaine.
La mise en oeuvre de ces principes est un enjeu majeur. Un de nos chantiers prioritaire sera de s'assurer de leur prise en compte dans la Nouvelle alliance sur la sécurité alimentaire et la nutrition.
Ma participation à la dernière réunion du conseil de direction de cette alliance m'a donné l'occasion de faire passer ce message, entendu et partagé par de nombreux autres membres de l'initiative.
Je voudrais vous remercier pour l'important travail collectif mené au sein du GISA afin d'établir une position française et de faire entendre la voix de la France dans les négociations.
3/ La nutrition
C'est un impératif moral autant qu'économique.
Nous devons poursuivre notre engagement sur ce sujet dans les enceintes internationales pour mobiliser davantage nos partenaires.
Nous devons également mieux prendre en compte ce sujet dans nos actions de coopération bilatérale. Dans ce domaine, des efforts sont en cours, avec l'AFD, pour mieux intégrer la nutrition dans les projets des différents secteurs d'intervention (agriculture, santé, eau, etc.). Je crois qu'il existe aujourd'hui une réelle dynamique pour identifier des pistes concrètes.
Je saisis l'occasion pour saluer les travaux effectués dans le cadre du sous-groupe du GISA consacré à la nutrition, que je sais très actif, et qui nous permettra de concrétiser cet élan en faveur de la nutrition. Je tiens également à remercier les ONG impliquées dans la campagne «Génération nutrition» pour leur précieuse contribution. Nous étudierons avec attention les recommandations présentées dans le rapport qu'elles m'ont tout récemment adressé.
4/ La recherche
Je voudrais souligner le rôle majeur de la recherche, qui identifie les grands défis, de plus en plus complexes, que nous devons relever et qui oeuvre pour y apporter des réponses. Le ministère est fortement impliqué dans ce domaine, que ce soit dans le cadre de la Commission pour la recherche agricole internationale, la CRAI, qui réunit les acteurs publics concernés - ministères et organismes de recherche - ou des conseils d'administration du CIRAD, de l'IRD et d'Agreenium.
Je remercie les représentants des organismes de recherche français présents aujourd'hui pour leur mobilisation et engagement constant en appui aux politiques publiques, que ce soit dans le cadre de l'année internationale de l'agriculture familiale ou sur le dérèglement climatique.
5/ Le climat
Ce thème, vous le savez, est une priorité pour le ministère et la France. La conférence scientifique sur l'agriculture intelligente face au climat qui sera organisée en mars prochain à Montpellier est une initiative bienvenue. Nous suivrons avec un intérêt particulier ces travaux dont les conclusions contribueront à alimenter le débat en amont de la COP21.
Votre mobilisation est d'autant plus importante que le climat est l'une des plus grande menace qui pèse, à moyen terme, sur la sécurité alimentaire.
La France vient d'adhérer à l'alliance pour une agriculture intelligente face au climat lors du sommet climat de New York, le 23 septembre dernier.
Cette Alliance suscite des réserves de certains acteurs et je sais, pour avoir échangé avec certains d'entre vous, que la décision française n'est pas soutenue par toutes et tous. J'ai eu l'occasion de vous le dire : cette Alliance peut devenir une plateforme multi-acteurs, transparente et porteuse d'innovations.
Pour autant, nous partageons certaines de vos inquiétudes : l'absence d'interférences possibles avec la COP21, une gouvernance ouverte et la promotion de modèles et de pratiques agricoles durables seront des points de vigilance constante.
Même si l'expérience nous a montré toute la difficulté d'infléchir les orientations d'une initiative internationale, nous considérons qu'il est préférable, pour porter nos positions, d'être à l'intérieur plutôt que de rester à l'extérieur.
6/ La jeunesse
Je finirai mon propos introductif en mentionnant la thématique de la jeunesse, qui constitue une priorité de mon action. Un plan d'actions est en cours de préparation, vous y serez associés. La jeunesse rurale pourrait être une de ses composantes importantes. Les jeunes ruraux constituent une ressource humaine précieuse : le contexte peu incitatif en termes d'emploi, de conditions de travail et de conditions de vie, d'accès aux services de base impose de réfléchir à la création d'un environnement qui les encourage à se maintenir en milieu rural.
Vous le savez, les enjeux sont immenses, les chantiers nombreux et l'atteinte de nos objectifs nécessite la mobilisation de tous les acteurs français. Le GISA est une enceinte précieuse dont la contribution est déterminante. Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 octobre 2014