Interview de M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du gouvernement, à "Europe 1" le 8 octobre 2014, sur les priorités budgétaires du gouvernement.

Prononcé le

Média : Europe 1

Texte intégral

THOMAS SOTTO
L'INTERVIEW POLITIQUE d'EUROPE ! Jean-Pierre ELKABBACH vous recevez le ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement, Stéphane LE FOLL, messieurs c'est à vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'abord le porte-parole du gouvernement, bienvenue et bonjour Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour Jean-Pierre ELKABBACH.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce matin le conseil des ministres adopte donc le budget 2015 sur la Sécurité Sociale, il faut 10 milliards d'économies sur 3 ans, Bruno LE ROUX - au nom des députés PS – va proposer un amendement lors du débat parlementaire pour proportionner les allocations familiales en fonction des revenus. Est-ce que le gouvernement peut le soutenir ?
STEPHANE LE FOLL
Le gouvernement a fait des propositions ! Je vous rappelle que ce matin, au conseil des ministres, Marisol TOURAINE proposera et présentera plutôt son budget sur la Sécurité Sociale avec un certain nombre de propositions. Les députés, et ce n'est pas les députés, c'est le président du groupe, s'est exprimé pour dire que la réflexion qui est au groupe c'est plutôt d'aller vers une modulation des allocations familiales en fonction de…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est justement ce que je dis ! Eh bien, maintenant, c'est la réponse qui est intéressante.
STEPHANE LE FOLL
Et Jean-Pierre ELKABBACH donc ce matin vous me posez la question toute simple, comme Marisol TOURAINE présente son budget au conseil des ministres et que Bruno LE ROUX présente une proposition, un amendement, lequel choisissez-vous ? Eh bien j'attendrai que Marisol TOURAINE présente son budget quand même ce matin - je serai chargé d'ailleurs de le relayer – et puis après il y a un débat parlementaire, je ne dirai pas autre chose.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est génial, le porte-parole qui ne porte aucune parole ?
STEPHANE LE FOLL
Il porte la parole, eh bien, de la présentation du budget.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Eh bien c'est-à-dire je ne sais pas, je ne sais pas. Mais est-ce qu‘il est normal que les allocations continuent…
STEPHANE LE FOLL
Jean-Pierre ELKABBACH, ce matin Marisol TOURAINE présente son budget…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non ! Mais est-ce qu'il est...
STEPHANE LE FOLL
Je ne vais quand même pas, à peine Marisol TOURAINE son budget, dire : « Ah ! Eh bien, écoutez, j'ai une autre solution », non, sur le budget.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'il est normal que les allocations continuent d'être attribuées sans tenir compte des ressources ?
STEPHANE LE FOLL
C'est une question qui a été posée il y a longtemps, sous JOSPIN il y a eu un débat.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui ! Et il est revenu un an après.
STEPHANE LE FOLL
Oui ! Il y avait une grande question. Oui un an après ! Et peu de temps après d'ailleurs après le débat qu'il y avait eu sur ce sujet. Donc, c'est une question je dois dire très importante sur une politique familiale entre l'universalité des allocations versées quel que soit l'enfant et l'idée tout simple qui consiste – d'ailleurs c'est ce qu'on a fait et en particulier sur le quotient familial – à dire : « eh bien il faut qu'on essaie de proportionner, c'est ce que vous avez dit, de moduler en fonction du revenu », débat important, débat qui pose la question plus globale je l'ai dit de cette universalité ou pas de la politique familiale.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous pensez, puisque vous posez bien le diagnostic, que vous exclurez cette décision, que vous la rejetterez, ou vous en tiendrez compte ?
STEPHANE LE FOLL
Je pense qu'il y a déjà dans les propositions, en particulier sur les primes 1er, 2ème, 3ème enfant, il y avait des modulations…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Information mal reçue, hein, ça ?
STEPHANE LE FOLL
Il y avait des modulations qui étaient prévues, donc on a déjà engagé cette réflexion avec des propositions. La globalisation du sujet, je ne peux pas dire autre chose ce matin qu'il y a un débat qui va s'engager, pour nous la priorité du gouvernement c'est…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est 700 millions !
STEPHANE LE FOLL
C'est 700 millions d'économies…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
700 millions à faire sur…
STEPHANE LE FOLL
Sur 3 milliards, je vous le rappelle, de déficit.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui ! Oui, et vous entendez beaucoup de gens vous dire : « ne touchez pas à notre politique familiale ». Tout à l'heure Gérard BACH, le député PS, disait à 7 h : « à un certain niveau de revenus, les allocations c'est de l'argent de poche », est-ce qu'il a tort ?
STEPHANE LE FOLL
Je pense qu'il y a en partie, oui, un certain niveau de revenus. Je me souviens d'avoir rencontré ou d'avoir quelques amis qui gagnaient assez bien leur vie, c'est… Bon ! Voilà, les allocations elles viennent en plus, mais ce qui est absolument nécessaire c'est vrai, c'est vrai.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, ça peut évoluer ?
STEPHANE LE FOLL
Mais, je vous l'ai déjà dit, dans les propositions qui font faites par Marisol TOURAINE…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ca peut évoluer ?
STEPHANE LE FOLL
Il y a des modulations, il y a une discussion qui va s'ouvrir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ca peut évoluer ?
STEPHANE LE FOLL
Mais bien sûr ! Mais tout peut évoluer, la discussion est ouverte, l'Assemblée nationale est quand même là pour débattre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord ! Tout ça pour 700 millions, c'est beaucoup et c'est peu par rapport aux…
STEPHANE LE FOLL
C'est 3 milliards de déficit !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alain JUPPE disait l'autre jour, dans l'émission de télé sur FRANCE 2 : « il vaut mieux contrôler et réduire les aides médicales d'Etat qui coûtent plus de 1 milliard et quelques »…
STEPHANE LE FOLL
Oui !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que ce n'est pas une piste, ça ?
STEPHANE LE FOLL
Il faut contrôler ! Absolument, il n'y a aucune raison – et ça vaut pour d'autres débats – de laisser penser qu'un modèle doit être un guichet sans aucun contrôle. Si on veut préserver notre modèle, il faut contrôler - et en particulier sur ce sujet-là - on ne peut pas laisser l'AME, puisque c'est de ça dont on parle, être dévoyée de l'objectif qu'elle poursuit, c'est qu'il doit être mis en place en France des moyens qui évitent que des épidémies se propagent, je ne veux même pas rentrer dans les détails, aujourd'hui chacun aura compris.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Stéphane LE FOLL parle comme François REBSAMEN et peut-être même comme le Premier ministre. Le climat de Londres, apparemment il a fait du bien à Manuel VALLS, il repose la question de l'assurance chômage et il dit : « il faut voir le montant de l'indemnisation et la durée de l'indemnisation de l'assurance chômage », quand vous ouvrez ce chantier ?
STEPHANE LE FOLL
Eh bien il y a un chantier qui est ouvert avec les discussions des partenaires sociaux, il y a déjà eu des discussions sur l'UNEDIC - elles vont reprendre - dans ce cadre-là il y a des discussions sur l'ensemble des sujets, j'indique d'ailleurs que dès cette année va être mis en place le système des droits rechargeables sur les indemnités chômage qui avait été négocié l'an dernier. Donc, là…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais on peut imaginer une dégressivité de l'indemnité chômage ?
STEPHANE LE FOLL
On peut imaginer que des discussions vont porter sur l'ensemble, à la fois la durée, les indemnités, les questions liées à l'ensemble de l'équilibre entre indemnités versées et puis nombre de chômeurs, il faut qu'il y ait des objectifs très clairs, c'est : faciliter la reprise, traiter de manière spécifique les chômeurs de longue durée, parce que ça c'est un vrai sujet.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est, pour certains d'entre vous, la fin des tabous ou vous êtes encore bloqués par les tabous ?
STEPHANE LE FOLL
Non ! C'est la volonté de tout faire pour que ce pays et notre économie se redressent et que le chômage baisse.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord ! Il faut aller au-delà des mots. Manuel VALLS à Londres, vous savez ce qu'il a dit, il a rassuré les différents auditoires britanniques - qui l'ont même applaudi – il a dit : « la taxe de 75 % sur les hauts revenus dans 3 mois c'est fini ».
STEPHANE LE FOLL
Oui ! C'est vrai qu'elle avait été prévue pour 2 ans.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Eh bien, donc, elle s'en va.
STEPHANE LE FOLL
Non ! Mais, Jean-Pierre ELKABBACH, vous êtes… il a été le dire à Londres, mais enfin je vous le dis quand même, le président de la République l'avait dit lorsqu'elle a été mise en place : 2 ans.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord ! On est loin, comme disait hier Eric WOERTH : « on est loin du Bourget » - entre Le Bourget, Paris et Londres il y a de la distance - et il a même annoncé….
STEPHANE LE FOLL
De toute façon, je vous le dis au passage, les 75 % sont venus après…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et il a même annoncé à Londres qu'à Paris les grands magasins vont pouvoir rester ouverts le dimanche ?
STEPHANE LE FOLL
Oui ! Il y a une discussion qui est en cours sur la base du…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non ! Mais, apparemment, il annonce que ça va être fait, ses réformes il les annonce à Londres, c'est bien, c'est formidable. Il vaut mieux multi…
STEPHANE LE FOLL
Oui ! Mais les discussions avec les partenaires sociaux sur cette question-là sont engagées sur la base d'un rapport, d'ailleurs de monsieur BAILLY, qui était… Euh ! De monsieur… Oui ! BAILLY, qui était présenté, qui donne les conditions dans lesquelles on doit pouvoir ouvrir un peu plus le dimanche lorsque c'est… ça répond à des besoins, des demandes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dans une semaine votre gouvernement, Stéphane LE FOLL, va envoyer à Bruxelles le budget 2015…
STEPHANE LE FOLL
Oui !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
En espérant peut-être un nouveau délai, jusqu'en 2017, pour les 3 %. Si de nouvelles économies sont suggérées, des remarques sont faites, est-ce que vous avez un Plan B ?
STEPHANE LE FOLL
Il y aura des remarques et c'est normal ! Mais le budget 20105 a été présenté, je constate que dans la zone euro aujourd'hui - et j'ai vu les chiffres pour l'Allemagne ce matin qui sont sortis – il y a un problème de croissance, un problème de déflation, l'un et l'autre font qu‘aujourd'hui le budget en termes de déficit calculé entre les recettes et les dépenses est de plus de 3 %, c'est la ligne de la France, maintenant il faut tout faire pour retrouver la croissance.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui ! D'accord. Mais est-ce que vous avez un Plan B si ça ne marche pas ?
STEPHANE LE FOLL
Oh ! Mais il n'y a pas de Plan B, il y a des remarques certes qui pourraient être faites par la Commission…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est plombé mais pas Plan B ?
STEPHANE LE FOLL
Il n'y aura pas plombé non plus.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pierre MOSCOVICI il a des difficultés avec les députés de toute l'Europe, est-ce qu'il peut être commissaire à Bruxelles ?
STEPHANE LE FOLL
Ecoutez ! Il a fait une très bonne intervention et, comme l'a dit le Premier ministre hier, je trouve quand même dommage que ce soit des députés Français qui l'attaquent non pas parce qu'il n'aurait pas les qualités mais parce qu'il a été membre d'un gouvernement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dernière remarque ! Vous voyez souvent le président HOLLANDE, on dit qu'il n'avait pas le moral, est-ce qu'il a retrouvé le moral ?
STEPHANE LE FOLL
Je l'ai vu ! Il a le moral et il a en tout cas envie de faire mieux pour le pays.
THOMAS SOTTO
Merci !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ah ! On peut, Thomas, dire à Stéphane LE FOLL qu'on a des indications sur AIR FRANCE – KLM, la grève fait chuter de près de 16 % le trafic en septembre et de 17,7 le cargo…
STEPHANE LE FOLL
Oui ! Je sais.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
L'impact de la grève c'est au moins 500 millions d'euros pour 2014. Est-ce qu'il y a un danger sur l'avenir d'AIR FRANCE ?
STEPHANE LE FOLL
Je ne l'espère pas ! J'espère qu'AIR FRANCE va se redresser, mais je mesure tout à fait les conséquences de cette grève.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous n'en êtes pas sûr, il y a un danger ?
STEPHANE LE FOLL
Ah ! Eh bien là je…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a un danger, on peut dire les choses comme elles sont ?
STEPHANE LE FOLL
Voilà !
THOMAS SOTTO
Merci beaucoup Stéphane LE FOLL…
STEPHANE LE FOLL
Merci beaucoup.
THOMAS SOTTO
Merci Jean-Pierre ELKABBACH. Demain c'est Bruno RETAILLEAU, le président du groupe UMP au Sénat qui sera votre invité à 8 h 20.
source : Service d'information du Gouvernement, le 17 octobre 2014