Texte intégral
C'est avec beaucoup de plaisir et d'optimisme que je participe à ces rencontres interrégionales.
Lancées en juin 2014, elles ont eu à chaque fois beaucoup de succès. Les participants y font part de leur adhésion aux nouvelles orientations de la politique de la ville, mais aussi, c'est bien normal, de leurs attentes, de leurs inquiétudes, de leurs divergences quelquefois.
Ces débats sont la preuve de la mobilisation des acteurs pour l'amélioration les conditions de vie dans les quartiers populaires.
Améliorer la vie de nos concitoyens des quartiers populaires : nous n'avons pas d'autre but. Et ce but, nous devons le garder en tête tout au long de ces rencontres.
Nous devons nous demander : comment rétablir l'égalité, d'accès à l'emploi, aux soins, à des logements de qualité, aux loisirs, à la culture dans les quartiers populaires ?
Comment faire en sorte que la politique de la ville soit une politique de transition qui disparaisse progressivement au profit d'un droit commun également réparti sur notre territoire ?
Voilà les questions qui doivent guider toutes les autres que nous nous poserons aujourd'hui.
Faire des conditions de vie des habitants des quartiers les plus démunis une priorité absolue doit être un objectif autour duquel tous les Français doivent être rassemblés. C'est ce qu'a rappelé le prix Nobel d'économie Jean Tirole : l'avenir économique et social de notre pays est intimement lié à celui des quartiers les plus démunis.
Nous devons agir sans attendre et de façon coordonnée. C'est à quoi servent les contrats de ville.
Les contrats de ville formalisent la nécessité d'une approche globale des problèmes qui sont actuellement ceux des quartiers populaires. Ils permettent la déclinaison territoriale des principes posés par la loi Lamy, votée en février 2014 à une large majorité.
La loi simplifie la politique de la ville, en ne retenant qu'un seul critère, celui des revenus, pour établir la cartographie de la géographie urbaine.
Elle mobilise des investissements lourds à travers le lancement d'un nouveau plan de rénovation urbaine doté de 5 milliards d'euros.
Enfin, elle renoue les liens souvent distendus entre habitants des quartiers et politiques publiques à travers l'instauration des conseils citoyens dans les 1300 quartiers prioritaires et les Maisons du projet dans les 200 quartiers bénéficiant du plan de rénovation urbaine.
L'approche définie par les contrats de ville est globale parce qu'elle doit tenir compte de tous les aspects de la vie quotidienne des habitants.
Il n'y a pas lieu de séparer le renouvellement urbain des questions d'emploi, de développement économique, de cohésion sociale ou de vie culturelle.
Non, nous ne devons pas séparer l'urbain de l'humain. Nous devons même placer l'urbain au service de l'humain pris dans toutes ses dimensions.
Et c'est le sens ultime des nouveaux contrats de ville que de lier toutes ces finalités qui se rejoignent dans celle, unique, de l'amélioration de la vie quotidienne dans les quartiers.
L'approche de ces contrats est globale parce qu'elle réunit tous les acteurs, tant publics que privés, tant nationaux que locaux.
C'est à partir du terrain que doivent être établis les diagnostics et élaborées les solutions.
Etat, maires, agglomérations, conseil général, conseil régional, administrations, acteurs économiques : tout le monde doit s'engager et se coordonner pour les quartiers prioritaires.
Enfin, l'approche des contrats de ville est globale parce qu'une politique d'égalité pour les quartiers, cohérente à l'échelle nationale et efficace à l'échelle locale, doit être guidée par la connaissance précise des réalités territoriales.
La politique de la ville, ce n'est pas la politique des quartiers. C'est pourquoi l'échelle intercommunale est la bonne échelle. Elle donne le champ nécessaire pour arrimer des quartiers aux dynamiques des agglomérations, tout en assurant aux acteurs une approche fine des réalités du terrain.
Une circulaire précisant le cadre d'élaboration des contrats de ville a été adressée mercredi à tous les préfets de région et de département. Elle rappelle les principes structurants de ces contrats que vous connaissez et la manière dont les trois piliers qui sont les siens - cohésion sociale, cadre de vie et renouvellement urbain, emploi et développement économique - peuvent soutenir localement notre action pour les habitants des quartiers.
Je ne vais pas détailler devant vous cette circulaire.
Mais je voudrais simplement insister sur un point : la situation des services publics, des équipements publics et des opérateurs associatifs qui se trouvent en lisière des nouveaux quartiers prioritaires mais ont pour usagers les habitants de ces quartiers, dans ce qu'on a appelé " les quartiers vécus".
La circulaire rappelle sans ambiguïté que toutes ces structures pourront continuer de bénéficier des crédits spécifiques d'intervention de mon ministère.
Il n'est pas question de sacrifier l'amélioration de la vie quotidienne des habitants des quartiers à des logiques technico-administratives !
Il ne s'agit pas non plus de tout dicter d'en haut. Les contrats de ville doivent faire l'objet d'une déclinaison minutieuse, épousant la complexité des territoires. Vous le faites ici à Rouen, en donnant une large place à la participation des habitants par la consultation des conseils citoyens et par là-même à la participation des habitants. Je m'en réjouis. Et c'est pour permettre à toutes les agglomérations concernées par les 400 contrats de ville d'en faire de même que j'avais décidé dès mon arrivée d'élargir jusqu'à juin 2015 la période d'élaboration des contrats.
Depuis ce matin, j'ai pu constater à quel point la dynamique des contrats de ville était lancée, ici, à Rouen.
Lors d'une table ronde, j'ai pu voir à quel point les élus de la Communauté d'Agglomération Rouen Elbeuf Austreberthe étaient investis dans les nouveaux contrats de ville.
Je salue l'engagement qui est le vôtre et j'encourage chacun à rejoindre la dynamique que vous avez impulsée depuis plus d'un an déjà.
Car je veux y insister à nouveau pour finir : derrière les termes souvent très techniques de la politique de la ville, il y a les habitants des quartiers.
Il y a tous ces jeunes qui trépignent quelquefois tant leur désir de vivre et de contribuer pleinement au dynamisme de notre pays est grand. Lors de son discours de Valenciennes la semaine dernière à l'occasion des 10 ans de l'ANRU, le Premier ministre a rappelé combien notre responsabilité envers eux était grande, combien il nous fallait répondre à leur juste impatience, à leur juste exigence, à leur juste colère.
Il y a ces femmes et ces hommes qui se battent au quotidien pour une vie meilleure, pour eux-mêmes et leurs proches.
J'irai tout à l'heure à leur rencontre dans le quartier de Grammont, qui s'est littéralement transformé ces dernières années, même si de nombreux problèmes y persistent.
Patrick Kanner et moi-même ne perdons jamais de vue ces habitantes et ces habitants qui donnent sens à notre action collective. C'est pour eux que nous travaillons chaque jour. L'immense confiance qu'ils placent en nous doit nous obliger et nous donner du courage.
Je vous remercie.
Source http://www.ville.gouv.fr, le 16 octobre 2014