Texte intégral
Q - (Sur la taxe de séjour)
R - Il faut le redire : le tourisme est un secteur majeur, qui crée des emplois non délocalisables.
Une réforme de la taxe de séjour était nécessaire et souhaitée. La formule retenue initialement était sans doute excessive. Après concertation, nous aboutissons à une solution raisonnable, en ayant relevé la taxe sur les séjours dans les 5 étoiles et palaces. S'agissant des plates-formes de réservation, la taxe de séjour sera étendue, selon des modalités de prélèvement à définir, afin que la concurrence joue normalement.
La question des gîtes demande une attention particulière. Là aussi, il y aura concertation. Vous dites que la France est première destination touristique au monde: en nombre de visiteurs, oui, mais nous sommes seulement au troisième rang pour les recettes; il y a un gros effort à faire.
Q - (Sur les métiers du tourisme)
R - Si l'on veut un tourisme actif, efficace, il faut que les salariés soient bien formés et vivent et travaillent dans des conditions correctes.
En matière de formation, nous avons des progrès à faire ; nous souhaitons mettre l'accent sur ce sujet. Le secteur est particulier, avec des contraintes spécifiques, horaires et durée du travail par exemple. Il convient de trouver un équilibre, nous y travaillons.
Quant à la réforme administrative, le gouvernement a souhaité confier aux régions la compétence tourisme ; des offices existent aussi au niveau local, il faudra trouver une bonne articulation, donner une assise régionale à cette activité, sans perdre la vitalité locale.
Q - (Sur le tourisme durable)
R - Il y a une évolution dans la demande des touristes. On veut visiter Paris, Versailles, le Mont Saint-Michel, bien sûr, mais il existe aussi une demande pour un tourisme que je qualifierais de doux, lent, durable, plus individualisé. Nous travaillons, avec M. Thomas Fekl, à constituer un pôle dans ce domaine. Si nous voulons accueillir 100 millions de touristes, il faut diversifier l'offre et les sites. Le tourisme de masse entraîne des risques de déséquilibre, qui pourraient se retourner contre le tourisme lui-même.
Q - (Sur le e-tourisme)
R - Aujourd'hui, le client tapote sur son clavier avant même de savoir quelle sera sa destination. Toute la question est de savoir qui contrôle l'offre. Aujourd'hui, ce sont des plates-formes américaines. Pour être recensés, les hôteliers doivent payer. Il faut donc être excellent en matière de e-tourisme.
J'ai demandé à Mme Faugère et au fondateur d'Easy Voyage de se pencher sur la question. Nous devons défendre nos marques, ce qui exige d'être très performants en matière numérique.
Q - (Sur le tourisme en régions)
R - Pour attirer les touristes, il faut des marques - en nombre raisonnable, certainement pas 500 -, qui parlent, qui disent quelque chose. Le gouvernement propose de donner l'essentiel de la compétence à la région ; cela ne veut pas dire que le reste disparaît. Notamment pour prendre en compte les spécificités de certains territoires comme la montagne. Les départements n'ont pas vocation à disparaître. Il faut cependant une masse critique, d'où le choix de la région. Ce qui va de pair avec une adaptation à la réalité des territoires.
Q - (Sur la simplification administrative)
R - J'étais récemment à Nancy, pour le congrès de l'Union des métiers et industries de l'hôtellerie. Son président a fait un discours très responsable et a évoqué cette question des normes. Le Sénat a examiné une loi d'habilitation en matière de simplification qui touche plusieurs sujets les concernant (urbanisme, équipements...) L'article 31 bis vise explicitement le secteur touristique. Nous allons, dans le cadre des ordonnances, travailler avec vous et avec la profession pour chercher à simplifier. Les hôteliers doivent consacrer leur temps à faire leur métier, pas à remplir des papiers.
Q - (Sur le tourisme industriel)
R - Tourisme industriel, tourisme des savoir-faire, c'est une dimension très importante. EDF fait visiter ses barrages, Veolia, la RATP, les bonbons Haribo font visiter leurs usines. Me rendant récemment au Mont-Saint-Michel, j'en ai profité pour visiter l'entreprise Saint-James, qui fait des marinières et des chandails. Je n'en porte pas aujourd'hui mais leur savoir-faire est magnifique. Ces visites, qui se soldent généralement par un achat, sont positives pour tout le monde.
J'ai demandé au patron de Saint-James, Luc Lesénécal, de prendre la tête d'un pôle d'excellence des savoir-faire. Cela va dans votre sens.
Q - (Sur le tourisme en outre-mer)
R - Question très intéressante, qui a donné lieu à moult rapports qui décrivent tous une situation très difficile outre-mer, avec une baisse du tourisme. Les causes sont multiples. Il faut les regarder avec lucidité : piètre rapport qualité-prix par rapport aux concurrents, qualité de service laissant parfois à désirer, instruments de promotion pas toujours au point ; les dessertes régionales et internationales, également, sont déterminantes ; or ce n'est pas l'aspect le plus facile à modifier. Nous avons pourtant un joyau entre les mains, avec un vrai potentiel. Il faut bien sûr accroître la qualité de l'offre et de l'accueil. Parmi les pistes nouvelles, les croisières, le nautisme, la petite et moyenne hôtellerie, le tourisme de gîte.
La question de la desserte aérienne est primordiale. J'ai demandé au Conseil de promotion du tourisme de travailler plus particulièrement sur l'outre-mer. Nous rendrons nos conclusions au printemps, avec des propositions précises, qui déboucheront sur le plan d'action.
Q - (Sur la promotion de la destination France)
R - C'est la deuxième fois que le Puy du Fou reçoit ce prix. Merci de souligner l'excellence de ce site. Nous sommes toujours heureux de vous entendre vanter l'excellence française.
Le tourisme c'est 2,2 millions d'emplois potentiels, non délocalisables, des perspectives immenses. Preuve qu'il est très important pour la France d'être ouverte sur l'extérieur. Pour être attrayante, elle doit garder cette belle tradition d'ouverture et de qualité.
Chaque site de nos ambassades renverra aux sites et activités touristiques. Chacun doit contribuer à la promotion du tourisme français.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 décembre 2014