Texte intégral
Claude Bartolone et moi-même avons confié à Edmond HERVE, maire de Rennes, une mission ambitieuse : aider à concevoir et à promouvoir une organisation des villes porteuse d'harmonie et de qualité de vie pour toutes les femmes et tous les hommes qui y vivent.
Je tiens à remercier Edmond HERVE pour le rapport tout à fait remarquable qu'il vient de nous présenter. Il représente une synthèse magistrale des réflexions qui avaient été menées sur le sujet du "temps des villes" et constitue une mine d'idées et de propositions innovantes qui serviront, j'en suis certaine, de base à d'autres élus locaux pour mettre en uvre chez eux une politique concertée des temps.
En tant que Secrétaire d'Etat aux droits des femmes, je suis particulièrement sensible à la partie de ton rapport que tu intitules "Temps des femmes et des hommes", consacrée à l'articulation des temps de vie.
Je sais depuis longtemps combien tu es personnellement attaché à l'égalité entre les femmes et les hommes. J'ai eu l'honneur de te remettre une Olympe d'or en mars 2000 pour les actions que tu réalises en ce sens à RENNES.
En portant une attention particulière à la situation des femmes et en s'appuyant sur un maillage associatif dynamique, la municipalité de RENNES a mis en uvre une politique innovante permettant d'adapter le temps des villes aux temps des femmes. Car la question du temps des villes est particulièrement aiguë pour les femmes.
Historiquement, la question des temps et des rythmes de vie a d'abord été portée par des femmes, notamment en Italie, aux Pays-Bas et dans certaines villes d'Allemagne, comme à Brême, et particulièrement par les associations.
L'enquête qualitative de la SOFRES que j'ai commandée pour la première réunion publique organisée en France sur ce thème, à Poitiers le 18 mai 2000, montre que les femmes sont pleinement conscientes des conquêtes du XXe siècle : l'accès au même enseignement que les garçons en 1924, le droit de vote en 1944, l'émancipation dans le cadre du mariage en 1965, l'IVG en 1975, l'égalité professionnelle en 1983 - principe réaffirmé et complété par la loi du 9 mai 2001 -, et en 2000 la parité. Pourtant la gestion difficile du temps reste encore aujourd'hui essentiellement une question de femmes. L'entrée massive des femmes dans le monde du travail n'a pas été prise en compte dans l'organisation de l'offre de service qui est restée figée sur le modèle en place lorsque les femmes n'exerçaient pas d'activité à l'extérieur de leur domicile. Edmond HERVE emploie à ce sujet dans son rapport l'expression "d'imprévoyance". En effet, les femmes entre 25 et 50 ans exercent à 80 % une activité professionnelle et elles continuent néanmoins à assurer 70 % des tâches familiales et domestiques. Elles consacrent tous les jours une part de temps de plus du double que les hommes à des activités non rémunérées. Ce constat est encore aggravé pour les mères actives de famille monoparentale. De plus, les femmes sont les principales utilisatrices des services offerts par la ville, notamment des transports en commun.
Le sondage SOFRES qui vient de vous être présenté, indique que 43 % des femmes interrogées souhaiteraient disposer de plus de temps pour elles-mêmes, 56 % que les heures d'ouverture des services publics soient développées et 39 % que les horaires d'ouverture des commerces soient élargis.
Les femmes demandent aujourd'hui des moyens concrets pour assumer leurs nouvelles responsabilités et pour avoir une véritable égalité des chances dans les faits.
Sur ces sujets, le gouvernement n'est pas seul à pouvoir agir. Beaucoup de choses dépendent de la volonté des femmes et des hommes eux-mêmes, dans leur vie privée, des acteurs socio-économiques, des collectivités territoriales. Je suis convaincue que la mise en uvre de la parité politique favorisera un élan dans ce sens.
Mais nous pouvons impulser des dynamiques qui puissent être soutenues et prolongées par tous afin de mieux organiser les services offerts aux femmes et aux hommes, les aidant ainsi à mieux articuler leurs différents temps de vie : vie professionnelle, vie familiale, vie citoyenne.
Le gouvernement s'est fortement engagé en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes et de nombreuses mesures ont été prises dans ce sens. J'en citerai cinq :
1) Mieux articuler les temps de vie a été, dès le 8 mars 2000, le cinquième axe de mon programme d'action, "l'égalité en marche".
2) J'ai conclu avec Jean-Claude GAYSSOT un partenariat concernant la qualité et l'accessibilité des transports collectifs pour les femmes.
3) J'ai initié avec Claude BARTOLONE un programme expérimental de soutien aux modes de gardes innovants dans les quartiers en difficulté. Il s'agit, en particulier de rendre accessible financièrement la garde à domicile pour les salariés qui ont des horaires atypiques : tôt le matin, tard le soir, la nuit ou le week-end. Cette année, 1,5 milliards de francs ont été mobilisés pour financer 40 000 places supplémentaires en crèches et en haltes-garderies. Lors de la Conférence de la famille qui s'est tenue le 11 juin dernier, le Premier ministre a annoncé la reconduction du plan de soutien en faveur des services d'accueil collectifs de la petite enfance pour 2002. Celui ci sera doté d'un milliard supplémentaire, soit 2,5 milliards, et permettra d'accueillir 25 000 à 30 000 enfants de plus.
4) Le congé paternel postnatal de 15 jours, également annoncé par le Premier ministre lors de la Conférence de la famille, est un signe fort de la volonté du gouvernement de promouvoir une nouvelle articulation des temps de vie des femmes et des hommes. Ce congé, qui concernera dans un premier temps environ 40 % des pères, représente un budget de 700 millions de francs et entrera en vigueur le premier janvier 2002.
5) Enfin il convient de saisir l'opportunité historique que constitue le passage aux 35 heures pour repenser une répartition plus égalitaire des rôles entre femmes et hommes. Lors des visites d'entreprises que je réalise au titre de la formation professionnelle, j'engage régulièrement le dialogue sur l'utilisation du temps libéré.
En conclusion, je tiens à rappeler que la Présidence française de l'Union européenne a été pour moi l'occasion de conforter cette orientation. J'ai inscrit l'articulation entre vie familiale et vie professionnelle à l'ordre du jour de la réunion des Ministres en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes du 27 octobre 2000.
(Source http://www.social.gouv.fr, le 27 juin 2001)
Je tiens à remercier Edmond HERVE pour le rapport tout à fait remarquable qu'il vient de nous présenter. Il représente une synthèse magistrale des réflexions qui avaient été menées sur le sujet du "temps des villes" et constitue une mine d'idées et de propositions innovantes qui serviront, j'en suis certaine, de base à d'autres élus locaux pour mettre en uvre chez eux une politique concertée des temps.
En tant que Secrétaire d'Etat aux droits des femmes, je suis particulièrement sensible à la partie de ton rapport que tu intitules "Temps des femmes et des hommes", consacrée à l'articulation des temps de vie.
Je sais depuis longtemps combien tu es personnellement attaché à l'égalité entre les femmes et les hommes. J'ai eu l'honneur de te remettre une Olympe d'or en mars 2000 pour les actions que tu réalises en ce sens à RENNES.
En portant une attention particulière à la situation des femmes et en s'appuyant sur un maillage associatif dynamique, la municipalité de RENNES a mis en uvre une politique innovante permettant d'adapter le temps des villes aux temps des femmes. Car la question du temps des villes est particulièrement aiguë pour les femmes.
Historiquement, la question des temps et des rythmes de vie a d'abord été portée par des femmes, notamment en Italie, aux Pays-Bas et dans certaines villes d'Allemagne, comme à Brême, et particulièrement par les associations.
L'enquête qualitative de la SOFRES que j'ai commandée pour la première réunion publique organisée en France sur ce thème, à Poitiers le 18 mai 2000, montre que les femmes sont pleinement conscientes des conquêtes du XXe siècle : l'accès au même enseignement que les garçons en 1924, le droit de vote en 1944, l'émancipation dans le cadre du mariage en 1965, l'IVG en 1975, l'égalité professionnelle en 1983 - principe réaffirmé et complété par la loi du 9 mai 2001 -, et en 2000 la parité. Pourtant la gestion difficile du temps reste encore aujourd'hui essentiellement une question de femmes. L'entrée massive des femmes dans le monde du travail n'a pas été prise en compte dans l'organisation de l'offre de service qui est restée figée sur le modèle en place lorsque les femmes n'exerçaient pas d'activité à l'extérieur de leur domicile. Edmond HERVE emploie à ce sujet dans son rapport l'expression "d'imprévoyance". En effet, les femmes entre 25 et 50 ans exercent à 80 % une activité professionnelle et elles continuent néanmoins à assurer 70 % des tâches familiales et domestiques. Elles consacrent tous les jours une part de temps de plus du double que les hommes à des activités non rémunérées. Ce constat est encore aggravé pour les mères actives de famille monoparentale. De plus, les femmes sont les principales utilisatrices des services offerts par la ville, notamment des transports en commun.
Le sondage SOFRES qui vient de vous être présenté, indique que 43 % des femmes interrogées souhaiteraient disposer de plus de temps pour elles-mêmes, 56 % que les heures d'ouverture des services publics soient développées et 39 % que les horaires d'ouverture des commerces soient élargis.
Les femmes demandent aujourd'hui des moyens concrets pour assumer leurs nouvelles responsabilités et pour avoir une véritable égalité des chances dans les faits.
Sur ces sujets, le gouvernement n'est pas seul à pouvoir agir. Beaucoup de choses dépendent de la volonté des femmes et des hommes eux-mêmes, dans leur vie privée, des acteurs socio-économiques, des collectivités territoriales. Je suis convaincue que la mise en uvre de la parité politique favorisera un élan dans ce sens.
Mais nous pouvons impulser des dynamiques qui puissent être soutenues et prolongées par tous afin de mieux organiser les services offerts aux femmes et aux hommes, les aidant ainsi à mieux articuler leurs différents temps de vie : vie professionnelle, vie familiale, vie citoyenne.
Le gouvernement s'est fortement engagé en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes et de nombreuses mesures ont été prises dans ce sens. J'en citerai cinq :
1) Mieux articuler les temps de vie a été, dès le 8 mars 2000, le cinquième axe de mon programme d'action, "l'égalité en marche".
2) J'ai conclu avec Jean-Claude GAYSSOT un partenariat concernant la qualité et l'accessibilité des transports collectifs pour les femmes.
3) J'ai initié avec Claude BARTOLONE un programme expérimental de soutien aux modes de gardes innovants dans les quartiers en difficulté. Il s'agit, en particulier de rendre accessible financièrement la garde à domicile pour les salariés qui ont des horaires atypiques : tôt le matin, tard le soir, la nuit ou le week-end. Cette année, 1,5 milliards de francs ont été mobilisés pour financer 40 000 places supplémentaires en crèches et en haltes-garderies. Lors de la Conférence de la famille qui s'est tenue le 11 juin dernier, le Premier ministre a annoncé la reconduction du plan de soutien en faveur des services d'accueil collectifs de la petite enfance pour 2002. Celui ci sera doté d'un milliard supplémentaire, soit 2,5 milliards, et permettra d'accueillir 25 000 à 30 000 enfants de plus.
4) Le congé paternel postnatal de 15 jours, également annoncé par le Premier ministre lors de la Conférence de la famille, est un signe fort de la volonté du gouvernement de promouvoir une nouvelle articulation des temps de vie des femmes et des hommes. Ce congé, qui concernera dans un premier temps environ 40 % des pères, représente un budget de 700 millions de francs et entrera en vigueur le premier janvier 2002.
5) Enfin il convient de saisir l'opportunité historique que constitue le passage aux 35 heures pour repenser une répartition plus égalitaire des rôles entre femmes et hommes. Lors des visites d'entreprises que je réalise au titre de la formation professionnelle, j'engage régulièrement le dialogue sur l'utilisation du temps libéré.
En conclusion, je tiens à rappeler que la Présidence française de l'Union européenne a été pour moi l'occasion de conforter cette orientation. J'ai inscrit l'articulation entre vie familiale et vie professionnelle à l'ordre du jour de la réunion des Ministres en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes du 27 octobre 2000.
(Source http://www.social.gouv.fr, le 27 juin 2001)