Entretien de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, avec RFI et TV5 le 21 janvier 2015, sur l'opération "Goût de France/Good France" en l'honneur de la gastronomie française.

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Média : Radio France Internationale - TV5

Texte intégral


Q - Est-ce avec votre casquette de ministre du tourisme que vous présentez cette opération ?
R - Oui, bien sûr, mais je ne sépare pas ma casquette de chargé du tourisme et de ministre des affaires étrangères.
Qu'est-ce que la tâche d'un ministre des affaires étrangères ? C'est de contribuer au rayonnement de son pays. Le rayonnement de notre pays passe notamment par notre gastronomie, qui a une réputation extraordinaire.
Comme je m'occupe du tourisme, je m'occupe aussi évidemment de la politique internationale proprement dite, de l'aspect culturel, de l'aspect scientifique, tout cela est lié. C'est maintenant une diplomatie globale et la gastronomie fait partie de la diplomatie.
Q - Pourquoi la gastronomie est-elle un outil diplomatique ?
R - C'est assez simple. Lorsque vous demandez aux gens à travers le monde : «Que pensez-vous de l'image de la France ?», ils disent : «Qu'est-ce qu'on mange bien en France ! Et en plus il y a des beaux paysages et en France on boit des vins de qualité».
C'est la dimension d'excellence et de créativité, et c'est vraiment consubstantiel à l'image de la France.
Lorsque vous demandez aux gens où ils souhaitent aller parmi les pays du monde entier, ils vous répondent en numéro un : «la France».
Je suis aussi chargé du développement économique international : s'il y a plus de touristes qui viennent en France, cela créera des emplois en France et cela nous rapportera des devises.
Q - Alors qui a le plus besoin de l'autre, la gastronomie de la diplomatie ou la diplomatie de la gastronomie ?
R - J'ai inventé le concept de la «gastrono-diplomatie».
Q - Et Ban Ki-moon y est très sensible !
R - Je dis souvent à Ban que non seulement il est un théoricien mais il est aussi un praticien.
Q - On a l'impression que vous avez amené cette initiative parce qu'on parle de plus en plus de l'essor de la cuisine danoise, de la cuisine espagnole par exemple ?
R - Il y a en effet d'autres très bonnes cuisines mais la cuisine française est excellente. On parle souvent des grands chefs - et c'est vrai que nous avons des grands chefs d'une qualité formidable - mais il faut aussi parler des bistros, des autres restaurants...
Q - Aviez-vous l'impression que nous étions en perte de vitesse en termes d'image ?
R - Non, mais les chefs eux-mêmes m'ont dit - moi je ne suis pas spécialiste - qu'il y avait besoin d'un coup de pouce positif pour toute la filière.
Q - Alors pourquoi un coup de pouce ? Vous l'avez dit tout à l'heure, certains parlent de déclin de la cuisine française ?
R - Non, il n'y a pas de déclin, mais il y a aussi de très bonnes autres cuisines. Et puis, nous avons parfois des cuisiniers très haut de gamme et qui sont très connus, avec un talent extraordinaire, mais avons-nous l'équivalent de certains succès italiens ou de certains succès espagnols ?
Nous devons donc travailler pour l'ensemble de la filière, et là il y a du travail à faire en effet.
Q - Il y avait un besoin, une demande ?
R - C'est ce que m'ont dit les spécialistes.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 janvier 2015