Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre invité ce matin est Stéphane LE FOLL, porte-parole du gouvernement, Ministre de l'Agriculture. Bonjour.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous parlerai d'agriculture tout à l'heure parce que plusieurs auditeurs me l'ont demandé, notamment les aides de la PAC parce qu'il y a des formulaires à remplir. Nous allons y revenir tout à l'heure. Stéphane LE FOLL, vous êtes fan de foot. Vous avez regardé le Paris Saint-Germain hier soir.
STEPHANE LE FOLL
Oui, mais pas la totalité parce que je suis arrivé en retard. Je n'ai vu qu'une partie de la deuxième mi-temps puis bien sûr les prolongations. Je ne peux pas dire autre chose que d'abord c'était un grand match pour ce que j'ai vu, et puis deux beaux buts de la tête par deux Brésiliens de Paris et une victoire enfin, pas une victoire mais une qualification. Un beau match et une belle équipe.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Stéphane LE FOLL, vous êtes en campagne en ce moment partout en France.
STEPHANE LE FOLL
Oui. Je vais soutenir les candidats qui le souhaitent et le demandent. Je suis sur le terrain et je constate à la fois la mobilisation des candidats, et en même temps un accueil qui est plutôt, j'allais dire agréable. C'est tout le paradoxe et je n'en tire aucune conclusion. Il n'est pas du tout revendicatif, ni rejetant ce qui est peut-être d'ailleurs souvent le doute.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais on vous dit la plupart du temps : « Je n'irai pas voter », mais vous le ressentez.
STEPHANE LE FOLL
C'est peut-être ce qu'il faut interpréter. Je n'en sais rien. Je sais que ce ne sera pas facile.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai vu un député Europe Ecologie-Les Verts demander le vote obligatoire. C'est une proposition de loi qui a été déposée. Vous êtes favorable au vote obligatoire ?
STEPHANE LE FOLL
Je me dis qu'à dix jours du premier tour des élections départementales, je rappelle le 22 mars, la première des choses eut été pour la gauche d'être en capacité de se rassembler. Parce que c'est une manière de rendre obligatoire pour les électeurs le vote alors qu'on n'est pas capable, nous, et je pense en particulier aux Verts, de rendre obligatoire l'idée toute simple quand il y a une menace celle du Front national existe- on commence par se rassembler. Je ne veux pas rentrer dans le débat pour savoir si je serais ou pas favorable à cette loi. Je rappelle simplement que chacun a des obligations.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A titre personnel, vous y êtes favorable ou pas ?
STEPHANE LE FOLL
Non, non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que Manuel VALLS avait cosigné en 2003 une proposition de loi identique pour rendre le vote obligatoire. François HOLLANDE avait approuvé mais vous, vous dites non.
STEPHANE LE FOLL
Non. Vous me demandez personnellement et pour le coup, voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord, on va oublier ça. Vous parliez de désunion, elle est patente. Je me mets à la place de l'électeur. L'électeur socialiste qui a voté François HOLLANDE, qui a vu les frondeurs ne pas voter l'un des textes majeurs du quinquennat de François HOLLANDE, ces mêmes frondeurs reçus à l'Elysée pour un apéritif sympathique hier soir. Mais l'électeur ne comprend plus !
STEPHANE LE FOLL
Les électeurs doivent savoir d'abord que le président de la République reçoit des députés, des députés de la majorité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il ne devait pas le faire d'ailleurs.
STEPHANE LE FOLL
Oui. Ce n'est pas des grandes réunions mais c'est normal qu'il ait des rencontres avec ceux qui votent
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il avait dit : »e ne recevrai jamais de députés à l'Elysée ».
STEPHANE LE FOLL
Non. Il avait dit : « Je ne ferai pas de réunions politiques avec les députés à l'Elysée », ce que faisait Nicolas SARKOZY qui faisait un grand discours en rassemblant tout le monde.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il a même beaucoup critiqué Nicolas SARKOZY pour ça.
STEPHANE LE FOLL
Personne ne parle de tous ces apéros qui ont lieu et c'est normal qu'il y ait aussi de temps en temps de la part du président un dialogue pour remonter et voir remonter ce que chacun de ses députés dans sa circonscription, et lui d'ailleurs sur la perception que les Français peuvent avoir et des choix, et de la politique qui est conduite. C'est normal. A partir du moment où c'est normal, il y a des députés socialistes et dans les députés socialistes, il y a ce qu'on appelle, et je vais mettre ça entre guillemets, des frondeurs qui souhaitaient avoir une rencontre et une discussion. Il est normal d'écouter de discuter. Voilà ce qui s'est passé, rien de plus. Je n'étais pas là, je n'étais pas à cet apéritif mais j'imagine que ça a été une discussion où chacun a pu évoquer ce qu'il avait à dire, mais le président de la République l'a dit dans une interview, la ligne, le cap est fixé et donc il faut continuer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, on ne changera pas de politique. « Je ne changerai pas de politique, je ne changerai pas de Premier ministre, et éventuellement un petit remaniement pour rassembler et pour préparer l'élection présidentielle de 2017 ». Non ?
STEPHANE LE FOLL
En politique et dans une sortie de crise, et gestion d'abord de la crise
JEAN-JACQUES BOURDIN
Une sortie de crise vraiment ?
STEPHANE LE FOLL
Elle est là, elle est là. Tous les indicateurs, et j'écoutais ce matin BFM en prenant mon café, j'ai bien vu qu'économiquement ceux qui s'exprimaient disaient : « Oui, il y a des indicateurs positifs que ce soit sur la consommation des ménages, la production industrielle, les questions d'investissement, la question de la confiance ». On a là des indicateurs positifs. Il faut donc être attentif à garder la dynamique qui est en train d'émerger. Je n'ai pas dit que c'était fait mais c'est en train d'émerger. L'éclaircie est là. Mais on sait, même dans les Cévennes, qu'une éclaircie ce n'est pas toujours demain le beau temps. Il faut faire attention.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même s'il fait souvent beau dans les Cévennes.
STEPHANE LE FOLL
Et une éclaircie en Bretagne, c'est pour longtemps.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Plus que pour la politique française.
STEPHANE LE FOLL
Bon, très bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais c'est vrai. Trente-six millions d'électeurs qui vont aller voter. On leur demande d'aller voter. Ils vont voter sans même connaître les compétences des élus territoriaux qui vont être élus.
STEPHANE LE FOLL
Là, il y a eu une chose que j'ai signalée au moment du point du porte-parolat après le conseil des ministres qui est quand même quelque chose qui est passée, parce que ça n'intéresse pas directement les électeurs : la réforme territoriale, la réorganisation territoriale de la France, elle a été faite en trois grandes lois. La dernière qui a été votée, c'est la loi NOTRe qui définit les compétences pour les départements après 2020 parce que rien n'est changé pour le mandat qui s'engage, après 2021 plutôt. On a donc à la fois ce qui a été voté sur les grandes agglomérations urbaines, les agglos, les communautés urbaines, communautés de villes, renforçant leurs compétences. Il y a les régions qui ont été redessinées, la carte des treize grandes régions françaises votée, adoptée, mise en oeuvre, et puis la loi NOTRe qui fixe les compétences de chacun, maintenant en particulier des départements. En un an, voyez le chemin qui a été parcouru sans que, j'en suis parfaitement conscient, ça n'intéresse beaucoup les Français, même si derrière
JEAN-JACQUES BOURDIN
Malheureusement, tout le monde s'en moque.
STEPHANE LE FOLL
Même si derrière ce sont des choix stratégiques. C'est une organisation différente, c'est des enjeux pour l'investissement et l'économie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr, bien sûr. Nous sommes allés voir les programmes des candidats qu'ils soient de gauche ou de droite. Rien, pratiquement rien dans les programmes sur justement les compétences des départements, peu en tous les cas, assez peu.
STEPHANE LE FOLL
D'ailleurs, le Premier secrétaire du Parti socialiste a raison de rappeler que personne ne conteste les bilans des départements socialistes aujourd'hui. Les investissements dans le collège on va donner des exemples.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Personne ne conteste. Pourquoi les électeurs ne voteront pas socialiste ?
STEPHANE LE FOLL
Mais parce qu'il y a la fois, et vous avez raison de le dire, sur cet enjeu de la proximité, collèges, routes. Vous connaissez ça, Jean-Jacques BOURDIN. On utilise les routes, qui se préoccupe de savoir qui s'en occupe, sauf quand il y a des nids de poule et qu'on commence à dire : « Les routes sont mal entretenues ».
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le conseil général a financé tels ou tels travaux.
STEPHANE LE FOLL
Voilà. Mais tout le monde considère que c'est fait ça, que c'est dû. Le conseil général c'est ça, c'est les collèges, c'est toute l'action sociale. Et je le dis, la question de la solidarité. Quand je vois les programmes pour le coup nationaux, le Front national n'a pas de programme départementaux : il n'y en a pas, il n'en ont rien à faire. Par contre nationalement, la solidarité pour eux, c'est l'assistanat. Ça conduit certains dans certaines communes à supprimer la cantine gratuite pour des enfants qui sont issus de familles de chômeurs. Je le dis aux électeurs : posez-vous les bonnes questions. Mais je sais, et j'ai parfaitement conscience, que sur ces questions-là la définition des compétences, de l'action du département, n'est pas toujours perçue et loin s'en faut.
JEAN-JACQUES BOURDIN
« Suicide politique de la gauche » dit Jean-Christophe CAMBADELIS. Vous êtes d'accord ? Vous diriez la même chose, « suicide politique » ?
STEPHANE LE FOLL
Je dis que la gauche, elle est dans
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais elle est où la gauche ? C'est qui la gauche ? Parce que j'entends Jean-Luc MELENCHON : « Mais c'est nous la gauche ». J'entends le gouvernement dire : « Non, non, c'est nous la gauche ». J'entends les écologistes dire : « Non, non, c'est nous ».
STEPHANE LE FOLL
Vous avez raison, où est-ce qu'elle est ? Elle est dans cette espèce de cacophonie et une forme d'irresponsabilité par rapport à ce qu'est le contexte politique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui est irresponsable ? Qui ?
STEPHANE LE FOLL
Ceux qui considèrent qu'aujourd'hui, la bataille consiste à savoir si on est plus à gauche que le gouvernement et que ça, c'est le critère sur lequel on s'engage et qu'il faut se compter pour savoir qui est le plus à gauche, alors que la bataille politique aujourd'hui dans le contexte politique, c'est de savoir si la République et les valeurs de la gauche sont défendues aujourd'hui et par qui. Une gauche rassemblée défendrait ses valeurs. Une gauche divisée, c'est le risque au deuxième tour qu'il y ait un choix à faire entre le Front national et l'UMP. Voilà le résultat de la division de la gauche et de l'irresponsabilité d'un certain nombre de responsables.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais qui ? qui ? Qui est irresponsable ?
STEPHANE LE FOLL
Le Parti communiste, vous avez évoqué Jean-Luc MELENCHON. J'ai lu ce qu'a dit Cécile DUFLOT.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Cécile DUFLOT est irresponsable ?
STEPHANE LE FOLL
Mais bien sûr. Il y a des choses essentielles. Je vais rappeler une question aussi simple. Sur la question de la retraite, on a souvent entendu parler du fait que remettre et d'allonger la durée de cotisation et d'aller au-delà de soixante ans, c'était pour ceux qui considéraient que soixante ans, c'était être de gauche, et que soixante-deux ans c'était ne plus être à gauche ou être à droite. C'est ça l'enjeu. Etre à gauche, je vais le dire à tous ceux qui m'écoutent, quand le conseil national de la résistance a fait le choix du régime général de la Sécurité sociale et de la retraite par répartition je répète, conseil national de la résistance- communistes, gaullistes, socialistes, radicaux font un choix de société : répartition et Sécurité sociale. L'âge de départ à la retraite, monsieur BOURDIN, il était à quel âge ? Soixante-cinq ans et les communistes font ce choix historique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Soixante-cinq ans avec de GAULLE mais dans une période
STEPHANE LE FOLL
Attendez, je finis, parce que là il était question d'un modèle, d'un choix de société et de relancer la France mais à un moment historique. Aujourd'hui, on doit défendre le modèle : la gauche et la République, et les républicains. C'est la défense du modèle.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on pourrait passer à soixante-trois, soixante-quatre ou soixante-cinq ans.
STEPHANE LE FOLL
On est passé de soixante à soixante-deux en intégrant la pénibilité mais en préservant un système qui s'appelle la répartition. C'est ça le compromis. Et ceux qui se disent de gauche ou plus à gauche, parce qu'ils se battent sur soixante ans, ils oublient une chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Marine LE PEN aussi se bat sur soixante ans.
STEPHANE LE FOLL
Ils oublient une chose. Que notre responsabilité d'hommes de gauche, c'est de défendre la solidarité et le système de répartition. C'est ça l'enjeu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour le défendre, il faudra peut-être passer à soixante-trois.
STEPHANE LE FOLL
Mais ce n'est pas la question. Je vous explique que la bataille pour
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que vous ne voulez pas le dire justement. Vous avez peur de fâcher la gauche justement.
STEPHANE LE FOLL
Mais je viens de vous le dire ! Est-ce que je vous rappelle ce que je viens de vous dire ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on va passer à soixante-trois, soixante-quatre ou soixante-cinq ans.
STEPHANE LE FOLL
Mais ce n'est pas ce que je vous ai dit ! C'est l'ajustement nécessaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est ce que vous pensez.
STEPHANE LE FOLL
Mais je ne pense pas ça. Mais enfin, franchement, vous êtes assez comment dirais-je- vous faites des petits procès à deux balles, là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, je ne fais pas de petits procès.
STEPHANE LE FOLL
Je vous explique que le conseil national de la résistance, le départ à la retraite c'est à soixante-cinq ans. Je ne vous ai pas dit qu'on allait le mettre à soixante-cinq ans. Je vous ai dit qu'à l'époque, les communistes ont mis en place un système
JEAN-JACQUES BOURDIN
Moi, je vous demande si on ne sera pas obligé
STEPHANE LE FOLL
J'essaye de vous expliquer ! Est-ce que vous pouvez me laisser expliquer au lieu d'être dans la polémique tout le temps ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y, allez-y.
STEPHANE LE FOLL
J'essaye de vous expliquer que dans le choix politique, quand on est de gauche c'est le modèle qu'on porte. C'est la répartition et la solidarité qui importent et on ne peut pas se juger uniquement sur le niveau et l'âge du départ à la retraite. Ça, c'est la méthode : répartition, capitalisation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous dites que ceux qui ne veulent pas, effectivement qui disent qu'il faudra garder la retraite à soixante ans
STEPHANE LE FOLL
Oui, quitte à dire on va trouver des financements même si ça explose, et puis il n'y a plus de système de répartition.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui mais alors je ne comprends pas, parce que certains parmi les écologistes Alors j'ai vu, François HOLLANDE est prêt à remanier son gouvernement, à prendre certains écologistes. Je ne comprends plus rien. Je suis auditeur, téléspectateur, je ne comprends plus rien. Chez les Verts il y en a qui sont pour, il y en a qui sont contre.
STEPHANE LE FOLL
Ça, je vous accorde que chez les Verts, j'ai du mal aussi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous comprenez, vous ?
STEPHANE LE FOLL
Non, je ne comprends pas. Je ne comprends pas ce qui se passe. Si, je comprends. Je comprends qu'il y a certains chez Europe Ecologie-Les Verts qui veulent aller du côté de MELENCHON. C'est ce qu'a fait Cécile DUFLOT. Elle a choisi, voilà, accord avec le Front de gauche. D'autres disent, non, ce n'est pas ça. On n'a pas crée Europe Ecologie-Les Verts pour aller dans ce sens-là. Après, moi je ne sais pas quelle sera la décision qu'ils prendront et on attendra de voir quelle décision ils prendront.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais remaniement possible a dit François HOLLANDE.
STEPHANE LE FOLL
Il a dit possible, c'est le président de la République qui décide donc ce n'est pas moi. C'est lui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc c'est possible. Je vais quitter la politique un instant. D'abord, non, un mot sur Pierre MOSCOVICI. Je ne quitte pas la politique. Là, je suis dans les déficits publics. Pierre MOSCOVICI quand même qui avertit la France. Est-ce que le braconnier n'est pas devenu garde-chasse ? Non mais franchement ?
STEPHANE LE FOLL
Le braconnier devenu garde-chasse ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Lui qui a laissé courir les déficits. Pardonnez-moi, Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Pierre MOSCOVICI est commissaire européen. Je rappelle une chose : la France a pris des engagements et les respectera.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et les avertissements de Pierre MOSCOVICI sont logiques ?
STEPHANE LE FOLL
Réduction des déficits publics, réduction de la dépense publique à hauteur de cinquante milliards et des réformes que nous choisissons et qui sont débattues à l'Assemblée nationale. Point sur ce débat. Là, l'Europe a donné un délai à la France pour réduire son déficit, un délai supplémentaire. Ça a été largement accepté par le conseil européen, par l'ensemble des ministres, et à partir de là, on continue le travail.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca ne vous exaspère pas de voir le commissaire français avertir la France
STEPHANE LE FOLL
Je pense que
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, vous pensez quoi ?
STEPHANE LE FOLL
Je pense que j'ai autre chose à faire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que de commenter Pierre MOSCOVICI.
STEPHANE LE FOLL
Que commenter Pierre MOSCOVICI et surtout écouter de manière assez répétitive des interventions. Je pense qu'aujourd'hui on a besoin de stabilité et de dire aux Français, on travaille, on remet la France en ordre et pour le reste, on respecte nos engagements européens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un amendement voté à l'Assemblée nationale en commission des lois obligeant les entreprises françaises à vérifier si leurs sous traitants étrangers respectent les droits fondamentaux des travailleurs, vous soutenez cet amendement au gouvernement ?
STEPHANE LE FOLL
Je comprends l'amendement, parce que je vois et puis on a vu ce qui s'est passé au Pakistan, on ne peut pas se désintéresser de la manière dont des usines et des travailleurs
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non.
STEPHANE LE FOLL
Ce n'est pas acceptable. La seule question que je pose, c'est que si l'amendement a un sens il doit obligé à avoir une vigilance. Si on y met immédiatement les sanctions financières, je crois, pour les entreprises françaises qui sont avec un siège en France, alors que dans le reste du monde chacun fait ce qu'il veut, ça va être très facile, les sièges partiront ailleurs. Donc il faut qu'il y ait un débat et dans la loi peut-être une perspective, mais que la bataille elle doit se mener au moins à l'échelle européenne et que les règles du bureau international du travail soient enfin respectées.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc le gouvernement français seul, seul ne soutiendra pas cet amendement.
STEPHANE LE FOLL
Je le dis
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne soutiendrez pas cet amendement.
STEPHANE LE FOLL
Il y a un amendement, je ne l'ai pas regardé dans le détail, c'est-à-dire que je sais qu'il y a la sanction qui vient derrière. A ce moment là on met en place un système, parce que dès qu'une loi
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca concerne les entreprises de plus de 5 000 salariés.
STEPHANE LE FOLL
5 000 salariés, il y en a beaucoup qui exportent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, il y en a beaucoup, 150 en France.
STEPHANE LE FOLL
Alors qui exportent ou qui font, qui ont délocalisé, parce que c'est plutôt ça, qui font travailler mais je suis d'accord sur l'esprit de cet amendement et que dans la loi française il y ait une vigilance qui soit demandée et qui s'applique, je suis parfaitement d'accord. Après si on tombe automatiquement dans le cadre d'une loi avec la sanction, c'est vrai que seules les entreprises françaises auront ce risque là, par rapport à toutes les autres, c'est un sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Stéphane LE FOLL, les sociétés d'autoroutes, pas de résiliation des contrats, ça on est d'accord. Aujourd'hui le prix des péages est bloqué, ça va durer ?
STEPHANE LE FOLL
Je vais reprendre parce que sur ce sujet très compliqué
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui vous êtes porte-parole du gouvernement
STEPHANE LE FOLL
Oui porte-parole, et je vais être porte-parole du gouvernement et je vais reprendre ce qu'a dit Gilles SAVARY. Tout ça part d'un rapport de la haute autorité qui nous met sur la table l'idée qu'il y a une polarisation et puis ensuite tout le monde s'engage dans ce débat avec cette idée là, et pour s'apercevoir au bout de discussions et d'un dialogue qui est nécessaire, que ce n'était pas la réalité et qu'on est obligé de réajuster notre dispositif. Je suis assez, comment dirais-je, pas très content de tout le processus et surtout du début. Il faut que chacun ait bien conscience que dans ces débats là dès qu'on est sur la place publique, il faut que les choses soient claires, transparentes et surtout véridiques dès le départ. Je pense que les sociétés d'autoroutes doivent financer plus et les investissements et qu'on ait un souci en terme d'écologie sur la route, ça me parait être une bonne piste.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Thierry nous a écrit ce matin, il nous dit, moi je suis agriculteur, les aides de la PAC, alors les formulaires de demande d'aide sont à notre disposition mais pas les notices explicatives et nous sommes à 20 jours de la demande. Il a des problèmes.
STEPHANE LE FOLL
Je vais m'expliquer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sans que tout soit bien calé, c'est vrai qu'il va falloir faire une déclaration, si j'ai bien compris annuelle pour toucher la PAC.
STEPHANE LE FOLL
Mais depuis toujours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Depuis toujours, mais là c'est du 27 avril au 9 juin.
STEPHANE LE FOLL
Le problème c'est qu'on change de PAC.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On change de PAC eh oui.
STEPHANE LE FOLL
Donc il faut changer
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les agriculteurs sont un peu perdus.
STEPHANE LE FOLL
Voilà donc on a reporté les débuts des déclarations du 27 au 9 juin pour faire en sorte qu'on ait le temps nécessaire à la mise en oeuvre justement de l'information. Pourquoi on a pris du retard ? Parce que moi pour appliquer une politique agricole, je suis obligé aussi de négocier les conditions d'application avec la Commission européenne. On a pris du retard parce qu'on a eu vous savez ce qu'on appelle la procédure d'apurement l'an dernier, trois milliards nous étaient demandés, on a réduit ça à un milliard. On a été obligé de retravailler l'ensemble de notre cartographie, tout ça se met en place et donc on a demandé un peu plus de temps.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai vu que les haies seraient inclues dans les surfaces agricoles
STEPHANE LE FOLL
Bien sûr dans les surfaces d'intérêt écologique parce qu'ils font partie des 30 % liés au verdissement. Alors à partir de là maintenant qu'est-ce que j'ai fait, hier il y a eu une conférence de presse, j'ai fait trois réunions, une avec tous les services de l'Etat, une autre avec l'ensemble des organisations professionnelles pour mettre en place un dispositif qui dans tous les départements, va s'appeler comité d'appui pour assurer et faciliter les déclarations, qui rassemblera l'Etat sous l'autorité du préfet, les DDT bien sûr, mais des services déconcentrés, les chambres d'agriculture, les centres de gestion et les organisations processionnelles.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc je suis agriculteur aujourd'hui j'attends la réunion de fin mars.
STEPHANE LE FOLL
Réunion de préfiguration pour mettre le dispositif en place et dès l'ouverture des déclarations pour réussir ces déclarations on sera là en appui aux agriculteurs. Et en mise en oeuvre de cette nouvelle politique qui change par rapport à la suivante, donc il faut qu'on soit capable de réussir ces déclarations, parce que l'objectif pour moi c'est de verser des aides aux agriculteurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Stéphane LE FOLL.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 mars 2015
Notre invité ce matin est Stéphane LE FOLL, porte-parole du gouvernement, Ministre de l'Agriculture. Bonjour.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous parlerai d'agriculture tout à l'heure parce que plusieurs auditeurs me l'ont demandé, notamment les aides de la PAC parce qu'il y a des formulaires à remplir. Nous allons y revenir tout à l'heure. Stéphane LE FOLL, vous êtes fan de foot. Vous avez regardé le Paris Saint-Germain hier soir.
STEPHANE LE FOLL
Oui, mais pas la totalité parce que je suis arrivé en retard. Je n'ai vu qu'une partie de la deuxième mi-temps puis bien sûr les prolongations. Je ne peux pas dire autre chose que d'abord c'était un grand match pour ce que j'ai vu, et puis deux beaux buts de la tête par deux Brésiliens de Paris et une victoire enfin, pas une victoire mais une qualification. Un beau match et une belle équipe.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Stéphane LE FOLL, vous êtes en campagne en ce moment partout en France.
STEPHANE LE FOLL
Oui. Je vais soutenir les candidats qui le souhaitent et le demandent. Je suis sur le terrain et je constate à la fois la mobilisation des candidats, et en même temps un accueil qui est plutôt, j'allais dire agréable. C'est tout le paradoxe et je n'en tire aucune conclusion. Il n'est pas du tout revendicatif, ni rejetant ce qui est peut-être d'ailleurs souvent le doute.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais on vous dit la plupart du temps : « Je n'irai pas voter », mais vous le ressentez.
STEPHANE LE FOLL
C'est peut-être ce qu'il faut interpréter. Je n'en sais rien. Je sais que ce ne sera pas facile.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai vu un député Europe Ecologie-Les Verts demander le vote obligatoire. C'est une proposition de loi qui a été déposée. Vous êtes favorable au vote obligatoire ?
STEPHANE LE FOLL
Je me dis qu'à dix jours du premier tour des élections départementales, je rappelle le 22 mars, la première des choses eut été pour la gauche d'être en capacité de se rassembler. Parce que c'est une manière de rendre obligatoire pour les électeurs le vote alors qu'on n'est pas capable, nous, et je pense en particulier aux Verts, de rendre obligatoire l'idée toute simple quand il y a une menace celle du Front national existe- on commence par se rassembler. Je ne veux pas rentrer dans le débat pour savoir si je serais ou pas favorable à cette loi. Je rappelle simplement que chacun a des obligations.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A titre personnel, vous y êtes favorable ou pas ?
STEPHANE LE FOLL
Non, non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que Manuel VALLS avait cosigné en 2003 une proposition de loi identique pour rendre le vote obligatoire. François HOLLANDE avait approuvé mais vous, vous dites non.
STEPHANE LE FOLL
Non. Vous me demandez personnellement et pour le coup, voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord, on va oublier ça. Vous parliez de désunion, elle est patente. Je me mets à la place de l'électeur. L'électeur socialiste qui a voté François HOLLANDE, qui a vu les frondeurs ne pas voter l'un des textes majeurs du quinquennat de François HOLLANDE, ces mêmes frondeurs reçus à l'Elysée pour un apéritif sympathique hier soir. Mais l'électeur ne comprend plus !
STEPHANE LE FOLL
Les électeurs doivent savoir d'abord que le président de la République reçoit des députés, des députés de la majorité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il ne devait pas le faire d'ailleurs.
STEPHANE LE FOLL
Oui. Ce n'est pas des grandes réunions mais c'est normal qu'il ait des rencontres avec ceux qui votent
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il avait dit : »e ne recevrai jamais de députés à l'Elysée ».
STEPHANE LE FOLL
Non. Il avait dit : « Je ne ferai pas de réunions politiques avec les députés à l'Elysée », ce que faisait Nicolas SARKOZY qui faisait un grand discours en rassemblant tout le monde.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il a même beaucoup critiqué Nicolas SARKOZY pour ça.
STEPHANE LE FOLL
Personne ne parle de tous ces apéros qui ont lieu et c'est normal qu'il y ait aussi de temps en temps de la part du président un dialogue pour remonter et voir remonter ce que chacun de ses députés dans sa circonscription, et lui d'ailleurs sur la perception que les Français peuvent avoir et des choix, et de la politique qui est conduite. C'est normal. A partir du moment où c'est normal, il y a des députés socialistes et dans les députés socialistes, il y a ce qu'on appelle, et je vais mettre ça entre guillemets, des frondeurs qui souhaitaient avoir une rencontre et une discussion. Il est normal d'écouter de discuter. Voilà ce qui s'est passé, rien de plus. Je n'étais pas là, je n'étais pas à cet apéritif mais j'imagine que ça a été une discussion où chacun a pu évoquer ce qu'il avait à dire, mais le président de la République l'a dit dans une interview, la ligne, le cap est fixé et donc il faut continuer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, on ne changera pas de politique. « Je ne changerai pas de politique, je ne changerai pas de Premier ministre, et éventuellement un petit remaniement pour rassembler et pour préparer l'élection présidentielle de 2017 ». Non ?
STEPHANE LE FOLL
En politique et dans une sortie de crise, et gestion d'abord de la crise
JEAN-JACQUES BOURDIN
Une sortie de crise vraiment ?
STEPHANE LE FOLL
Elle est là, elle est là. Tous les indicateurs, et j'écoutais ce matin BFM en prenant mon café, j'ai bien vu qu'économiquement ceux qui s'exprimaient disaient : « Oui, il y a des indicateurs positifs que ce soit sur la consommation des ménages, la production industrielle, les questions d'investissement, la question de la confiance ». On a là des indicateurs positifs. Il faut donc être attentif à garder la dynamique qui est en train d'émerger. Je n'ai pas dit que c'était fait mais c'est en train d'émerger. L'éclaircie est là. Mais on sait, même dans les Cévennes, qu'une éclaircie ce n'est pas toujours demain le beau temps. Il faut faire attention.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même s'il fait souvent beau dans les Cévennes.
STEPHANE LE FOLL
Et une éclaircie en Bretagne, c'est pour longtemps.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Plus que pour la politique française.
STEPHANE LE FOLL
Bon, très bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais c'est vrai. Trente-six millions d'électeurs qui vont aller voter. On leur demande d'aller voter. Ils vont voter sans même connaître les compétences des élus territoriaux qui vont être élus.
STEPHANE LE FOLL
Là, il y a eu une chose que j'ai signalée au moment du point du porte-parolat après le conseil des ministres qui est quand même quelque chose qui est passée, parce que ça n'intéresse pas directement les électeurs : la réforme territoriale, la réorganisation territoriale de la France, elle a été faite en trois grandes lois. La dernière qui a été votée, c'est la loi NOTRe qui définit les compétences pour les départements après 2020 parce que rien n'est changé pour le mandat qui s'engage, après 2021 plutôt. On a donc à la fois ce qui a été voté sur les grandes agglomérations urbaines, les agglos, les communautés urbaines, communautés de villes, renforçant leurs compétences. Il y a les régions qui ont été redessinées, la carte des treize grandes régions françaises votée, adoptée, mise en oeuvre, et puis la loi NOTRe qui fixe les compétences de chacun, maintenant en particulier des départements. En un an, voyez le chemin qui a été parcouru sans que, j'en suis parfaitement conscient, ça n'intéresse beaucoup les Français, même si derrière
JEAN-JACQUES BOURDIN
Malheureusement, tout le monde s'en moque.
STEPHANE LE FOLL
Même si derrière ce sont des choix stratégiques. C'est une organisation différente, c'est des enjeux pour l'investissement et l'économie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr, bien sûr. Nous sommes allés voir les programmes des candidats qu'ils soient de gauche ou de droite. Rien, pratiquement rien dans les programmes sur justement les compétences des départements, peu en tous les cas, assez peu.
STEPHANE LE FOLL
D'ailleurs, le Premier secrétaire du Parti socialiste a raison de rappeler que personne ne conteste les bilans des départements socialistes aujourd'hui. Les investissements dans le collège on va donner des exemples.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Personne ne conteste. Pourquoi les électeurs ne voteront pas socialiste ?
STEPHANE LE FOLL
Mais parce qu'il y a la fois, et vous avez raison de le dire, sur cet enjeu de la proximité, collèges, routes. Vous connaissez ça, Jean-Jacques BOURDIN. On utilise les routes, qui se préoccupe de savoir qui s'en occupe, sauf quand il y a des nids de poule et qu'on commence à dire : « Les routes sont mal entretenues ».
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le conseil général a financé tels ou tels travaux.
STEPHANE LE FOLL
Voilà. Mais tout le monde considère que c'est fait ça, que c'est dû. Le conseil général c'est ça, c'est les collèges, c'est toute l'action sociale. Et je le dis, la question de la solidarité. Quand je vois les programmes pour le coup nationaux, le Front national n'a pas de programme départementaux : il n'y en a pas, il n'en ont rien à faire. Par contre nationalement, la solidarité pour eux, c'est l'assistanat. Ça conduit certains dans certaines communes à supprimer la cantine gratuite pour des enfants qui sont issus de familles de chômeurs. Je le dis aux électeurs : posez-vous les bonnes questions. Mais je sais, et j'ai parfaitement conscience, que sur ces questions-là la définition des compétences, de l'action du département, n'est pas toujours perçue et loin s'en faut.
JEAN-JACQUES BOURDIN
« Suicide politique de la gauche » dit Jean-Christophe CAMBADELIS. Vous êtes d'accord ? Vous diriez la même chose, « suicide politique » ?
STEPHANE LE FOLL
Je dis que la gauche, elle est dans
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais elle est où la gauche ? C'est qui la gauche ? Parce que j'entends Jean-Luc MELENCHON : « Mais c'est nous la gauche ». J'entends le gouvernement dire : « Non, non, c'est nous la gauche ». J'entends les écologistes dire : « Non, non, c'est nous ».
STEPHANE LE FOLL
Vous avez raison, où est-ce qu'elle est ? Elle est dans cette espèce de cacophonie et une forme d'irresponsabilité par rapport à ce qu'est le contexte politique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui est irresponsable ? Qui ?
STEPHANE LE FOLL
Ceux qui considèrent qu'aujourd'hui, la bataille consiste à savoir si on est plus à gauche que le gouvernement et que ça, c'est le critère sur lequel on s'engage et qu'il faut se compter pour savoir qui est le plus à gauche, alors que la bataille politique aujourd'hui dans le contexte politique, c'est de savoir si la République et les valeurs de la gauche sont défendues aujourd'hui et par qui. Une gauche rassemblée défendrait ses valeurs. Une gauche divisée, c'est le risque au deuxième tour qu'il y ait un choix à faire entre le Front national et l'UMP. Voilà le résultat de la division de la gauche et de l'irresponsabilité d'un certain nombre de responsables.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais qui ? qui ? Qui est irresponsable ?
STEPHANE LE FOLL
Le Parti communiste, vous avez évoqué Jean-Luc MELENCHON. J'ai lu ce qu'a dit Cécile DUFLOT.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Cécile DUFLOT est irresponsable ?
STEPHANE LE FOLL
Mais bien sûr. Il y a des choses essentielles. Je vais rappeler une question aussi simple. Sur la question de la retraite, on a souvent entendu parler du fait que remettre et d'allonger la durée de cotisation et d'aller au-delà de soixante ans, c'était pour ceux qui considéraient que soixante ans, c'était être de gauche, et que soixante-deux ans c'était ne plus être à gauche ou être à droite. C'est ça l'enjeu. Etre à gauche, je vais le dire à tous ceux qui m'écoutent, quand le conseil national de la résistance a fait le choix du régime général de la Sécurité sociale et de la retraite par répartition je répète, conseil national de la résistance- communistes, gaullistes, socialistes, radicaux font un choix de société : répartition et Sécurité sociale. L'âge de départ à la retraite, monsieur BOURDIN, il était à quel âge ? Soixante-cinq ans et les communistes font ce choix historique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Soixante-cinq ans avec de GAULLE mais dans une période
STEPHANE LE FOLL
Attendez, je finis, parce que là il était question d'un modèle, d'un choix de société et de relancer la France mais à un moment historique. Aujourd'hui, on doit défendre le modèle : la gauche et la République, et les républicains. C'est la défense du modèle.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on pourrait passer à soixante-trois, soixante-quatre ou soixante-cinq ans.
STEPHANE LE FOLL
On est passé de soixante à soixante-deux en intégrant la pénibilité mais en préservant un système qui s'appelle la répartition. C'est ça le compromis. Et ceux qui se disent de gauche ou plus à gauche, parce qu'ils se battent sur soixante ans, ils oublient une chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Marine LE PEN aussi se bat sur soixante ans.
STEPHANE LE FOLL
Ils oublient une chose. Que notre responsabilité d'hommes de gauche, c'est de défendre la solidarité et le système de répartition. C'est ça l'enjeu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour le défendre, il faudra peut-être passer à soixante-trois.
STEPHANE LE FOLL
Mais ce n'est pas la question. Je vous explique que la bataille pour
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que vous ne voulez pas le dire justement. Vous avez peur de fâcher la gauche justement.
STEPHANE LE FOLL
Mais je viens de vous le dire ! Est-ce que je vous rappelle ce que je viens de vous dire ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on va passer à soixante-trois, soixante-quatre ou soixante-cinq ans.
STEPHANE LE FOLL
Mais ce n'est pas ce que je vous ai dit ! C'est l'ajustement nécessaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est ce que vous pensez.
STEPHANE LE FOLL
Mais je ne pense pas ça. Mais enfin, franchement, vous êtes assez comment dirais-je- vous faites des petits procès à deux balles, là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, je ne fais pas de petits procès.
STEPHANE LE FOLL
Je vous explique que le conseil national de la résistance, le départ à la retraite c'est à soixante-cinq ans. Je ne vous ai pas dit qu'on allait le mettre à soixante-cinq ans. Je vous ai dit qu'à l'époque, les communistes ont mis en place un système
JEAN-JACQUES BOURDIN
Moi, je vous demande si on ne sera pas obligé
STEPHANE LE FOLL
J'essaye de vous expliquer ! Est-ce que vous pouvez me laisser expliquer au lieu d'être dans la polémique tout le temps ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y, allez-y.
STEPHANE LE FOLL
J'essaye de vous expliquer que dans le choix politique, quand on est de gauche c'est le modèle qu'on porte. C'est la répartition et la solidarité qui importent et on ne peut pas se juger uniquement sur le niveau et l'âge du départ à la retraite. Ça, c'est la méthode : répartition, capitalisation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous dites que ceux qui ne veulent pas, effectivement qui disent qu'il faudra garder la retraite à soixante ans
STEPHANE LE FOLL
Oui, quitte à dire on va trouver des financements même si ça explose, et puis il n'y a plus de système de répartition.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui mais alors je ne comprends pas, parce que certains parmi les écologistes Alors j'ai vu, François HOLLANDE est prêt à remanier son gouvernement, à prendre certains écologistes. Je ne comprends plus rien. Je suis auditeur, téléspectateur, je ne comprends plus rien. Chez les Verts il y en a qui sont pour, il y en a qui sont contre.
STEPHANE LE FOLL
Ça, je vous accorde que chez les Verts, j'ai du mal aussi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous comprenez, vous ?
STEPHANE LE FOLL
Non, je ne comprends pas. Je ne comprends pas ce qui se passe. Si, je comprends. Je comprends qu'il y a certains chez Europe Ecologie-Les Verts qui veulent aller du côté de MELENCHON. C'est ce qu'a fait Cécile DUFLOT. Elle a choisi, voilà, accord avec le Front de gauche. D'autres disent, non, ce n'est pas ça. On n'a pas crée Europe Ecologie-Les Verts pour aller dans ce sens-là. Après, moi je ne sais pas quelle sera la décision qu'ils prendront et on attendra de voir quelle décision ils prendront.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais remaniement possible a dit François HOLLANDE.
STEPHANE LE FOLL
Il a dit possible, c'est le président de la République qui décide donc ce n'est pas moi. C'est lui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc c'est possible. Je vais quitter la politique un instant. D'abord, non, un mot sur Pierre MOSCOVICI. Je ne quitte pas la politique. Là, je suis dans les déficits publics. Pierre MOSCOVICI quand même qui avertit la France. Est-ce que le braconnier n'est pas devenu garde-chasse ? Non mais franchement ?
STEPHANE LE FOLL
Le braconnier devenu garde-chasse ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Lui qui a laissé courir les déficits. Pardonnez-moi, Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Pierre MOSCOVICI est commissaire européen. Je rappelle une chose : la France a pris des engagements et les respectera.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et les avertissements de Pierre MOSCOVICI sont logiques ?
STEPHANE LE FOLL
Réduction des déficits publics, réduction de la dépense publique à hauteur de cinquante milliards et des réformes que nous choisissons et qui sont débattues à l'Assemblée nationale. Point sur ce débat. Là, l'Europe a donné un délai à la France pour réduire son déficit, un délai supplémentaire. Ça a été largement accepté par le conseil européen, par l'ensemble des ministres, et à partir de là, on continue le travail.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca ne vous exaspère pas de voir le commissaire français avertir la France
STEPHANE LE FOLL
Je pense que
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, vous pensez quoi ?
STEPHANE LE FOLL
Je pense que j'ai autre chose à faire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que de commenter Pierre MOSCOVICI.
STEPHANE LE FOLL
Que commenter Pierre MOSCOVICI et surtout écouter de manière assez répétitive des interventions. Je pense qu'aujourd'hui on a besoin de stabilité et de dire aux Français, on travaille, on remet la France en ordre et pour le reste, on respecte nos engagements européens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un amendement voté à l'Assemblée nationale en commission des lois obligeant les entreprises françaises à vérifier si leurs sous traitants étrangers respectent les droits fondamentaux des travailleurs, vous soutenez cet amendement au gouvernement ?
STEPHANE LE FOLL
Je comprends l'amendement, parce que je vois et puis on a vu ce qui s'est passé au Pakistan, on ne peut pas se désintéresser de la manière dont des usines et des travailleurs
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non.
STEPHANE LE FOLL
Ce n'est pas acceptable. La seule question que je pose, c'est que si l'amendement a un sens il doit obligé à avoir une vigilance. Si on y met immédiatement les sanctions financières, je crois, pour les entreprises françaises qui sont avec un siège en France, alors que dans le reste du monde chacun fait ce qu'il veut, ça va être très facile, les sièges partiront ailleurs. Donc il faut qu'il y ait un débat et dans la loi peut-être une perspective, mais que la bataille elle doit se mener au moins à l'échelle européenne et que les règles du bureau international du travail soient enfin respectées.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc le gouvernement français seul, seul ne soutiendra pas cet amendement.
STEPHANE LE FOLL
Je le dis
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne soutiendrez pas cet amendement.
STEPHANE LE FOLL
Il y a un amendement, je ne l'ai pas regardé dans le détail, c'est-à-dire que je sais qu'il y a la sanction qui vient derrière. A ce moment là on met en place un système, parce que dès qu'une loi
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca concerne les entreprises de plus de 5 000 salariés.
STEPHANE LE FOLL
5 000 salariés, il y en a beaucoup qui exportent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, il y en a beaucoup, 150 en France.
STEPHANE LE FOLL
Alors qui exportent ou qui font, qui ont délocalisé, parce que c'est plutôt ça, qui font travailler mais je suis d'accord sur l'esprit de cet amendement et que dans la loi française il y ait une vigilance qui soit demandée et qui s'applique, je suis parfaitement d'accord. Après si on tombe automatiquement dans le cadre d'une loi avec la sanction, c'est vrai que seules les entreprises françaises auront ce risque là, par rapport à toutes les autres, c'est un sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Stéphane LE FOLL, les sociétés d'autoroutes, pas de résiliation des contrats, ça on est d'accord. Aujourd'hui le prix des péages est bloqué, ça va durer ?
STEPHANE LE FOLL
Je vais reprendre parce que sur ce sujet très compliqué
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui vous êtes porte-parole du gouvernement
STEPHANE LE FOLL
Oui porte-parole, et je vais être porte-parole du gouvernement et je vais reprendre ce qu'a dit Gilles SAVARY. Tout ça part d'un rapport de la haute autorité qui nous met sur la table l'idée qu'il y a une polarisation et puis ensuite tout le monde s'engage dans ce débat avec cette idée là, et pour s'apercevoir au bout de discussions et d'un dialogue qui est nécessaire, que ce n'était pas la réalité et qu'on est obligé de réajuster notre dispositif. Je suis assez, comment dirais-je, pas très content de tout le processus et surtout du début. Il faut que chacun ait bien conscience que dans ces débats là dès qu'on est sur la place publique, il faut que les choses soient claires, transparentes et surtout véridiques dès le départ. Je pense que les sociétés d'autoroutes doivent financer plus et les investissements et qu'on ait un souci en terme d'écologie sur la route, ça me parait être une bonne piste.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Thierry nous a écrit ce matin, il nous dit, moi je suis agriculteur, les aides de la PAC, alors les formulaires de demande d'aide sont à notre disposition mais pas les notices explicatives et nous sommes à 20 jours de la demande. Il a des problèmes.
STEPHANE LE FOLL
Je vais m'expliquer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sans que tout soit bien calé, c'est vrai qu'il va falloir faire une déclaration, si j'ai bien compris annuelle pour toucher la PAC.
STEPHANE LE FOLL
Mais depuis toujours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Depuis toujours, mais là c'est du 27 avril au 9 juin.
STEPHANE LE FOLL
Le problème c'est qu'on change de PAC.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On change de PAC eh oui.
STEPHANE LE FOLL
Donc il faut changer
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les agriculteurs sont un peu perdus.
STEPHANE LE FOLL
Voilà donc on a reporté les débuts des déclarations du 27 au 9 juin pour faire en sorte qu'on ait le temps nécessaire à la mise en oeuvre justement de l'information. Pourquoi on a pris du retard ? Parce que moi pour appliquer une politique agricole, je suis obligé aussi de négocier les conditions d'application avec la Commission européenne. On a pris du retard parce qu'on a eu vous savez ce qu'on appelle la procédure d'apurement l'an dernier, trois milliards nous étaient demandés, on a réduit ça à un milliard. On a été obligé de retravailler l'ensemble de notre cartographie, tout ça se met en place et donc on a demandé un peu plus de temps.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai vu que les haies seraient inclues dans les surfaces agricoles
STEPHANE LE FOLL
Bien sûr dans les surfaces d'intérêt écologique parce qu'ils font partie des 30 % liés au verdissement. Alors à partir de là maintenant qu'est-ce que j'ai fait, hier il y a eu une conférence de presse, j'ai fait trois réunions, une avec tous les services de l'Etat, une autre avec l'ensemble des organisations professionnelles pour mettre en place un dispositif qui dans tous les départements, va s'appeler comité d'appui pour assurer et faciliter les déclarations, qui rassemblera l'Etat sous l'autorité du préfet, les DDT bien sûr, mais des services déconcentrés, les chambres d'agriculture, les centres de gestion et les organisations processionnelles.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc je suis agriculteur aujourd'hui j'attends la réunion de fin mars.
STEPHANE LE FOLL
Réunion de préfiguration pour mettre le dispositif en place et dès l'ouverture des déclarations pour réussir ces déclarations on sera là en appui aux agriculteurs. Et en mise en oeuvre de cette nouvelle politique qui change par rapport à la suivante, donc il faut qu'on soit capable de réussir ces déclarations, parce que l'objectif pour moi c'est de verser des aides aux agriculteurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Stéphane LE FOLL.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 mars 2015