Déclaration de M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie, sur le lancement de l'appel à projets "Performances", destiné à soutenir financièrement les entreprises innovantes, Paris le 20 avril 1999.

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Circonstance : Lancement de l'appel à projets "Performances" à Paris, le 20 avril 1999

Texte intégral

Je suis heureux de vous accueillir pour vous présenter l'appel à projets PERFORMANCES, en présence de Monsieur Philippe JURGENSEN, Président de l'ANVAR.
Vous le savez, un appel à projets nous permet d'inciter les entreprises à prendre des initiatives, à monter des projets présentant un certain risque dont la mise en uvre sera rendue possible ou facilitée par un soutien financier : pour PERFORMANCES nous avons réservé une enveloppe de 300 millions de francs ciblés sur la production performante et les produits à fonctions enrichies.
Lorsque cette opération m'a été proposée, je me suis posé, comme vous certainement, la question de savoir s'il était réellement utile d'ajouter une nouvelle procédure à celles, nombreuses, qui existent déjà. Vous le savez, je suis, en tant que Ministre de l'Industrie, attaché à simplifier les rapports des entreprises, et plus largement des citoyens, avec l'administration ; j'ai en cours un vaste programme en ce sens. Mais, je suis également attaché à adapter, à faire vivre, à innover pour tenir compte des besoins qui évoluent : c'est bien cette volonté que traduit la mise en place de PERFORMANCES.
Cette opération, si elle présente un certain nombre d'orientations nouvelles, s'inscrit également dans la continuité de l'action menée, pour soutenir l'innovation dans les entreprises.
Continuité, car cet appel à projets est le fruit d'un partenariat entre mes services et l'Anvar. La Direction Générale de l'Industrie, des Technologies de l'Information et des Postes (la DiGITIP), les Directions Régionales de l'Industrie (les DRIRE), l'Anvar pratiquent une collaboration de tous les jours, en s'informant des dossiers, en partageant des informations. Nous disposons, de cette sorte, d'un dispositif cohérent et de portée large, où les compétences des uns et des autres trouvent leur place et se complètent. Avec PEFORMANCES, le partenariat va plus loin. Il s'agit en effet d'une opération commune, de sa conception à la mise en uvre, qui a en particulier le mérite de simplifier la vie des entreprises en donnant accès à une seule et même procédure, quel que soit le point de contact. Cela a déjà été le cas avec l'appel à projets technologies clés et nous conserverons le même dispositif, en mobilisant notamment les DRIRE et les Délégations Régionales de l'Anvar.
Continuité, parce que PERFORMANCES est clairement une déclinaison de l'action
" technologies clés ", celles que notre industrie doit impérativement maîtriser si elle veut maintenir sa compétitivité. Ces technologies ont été déterminées par une étude qui s'est très fortement appuyée sur les industriels eux-mêmes, les laboratoires et la recherche collective, et grâce à des comparaisons internationales. Cette première analyse a permis d'identifier 136 technologies clés, dont 50 ont fait l'objet en 1997 et 1998 de l'appel à projets technologies clés. Les projets retenus se déroulent sur plusieurs années et il est naturellement trop tôt pour tirer de cette opération un bilan autre que quantitatif.
Sans entrer dans le détail, je veux simplement vous dire que cet appel à projets technologies clés, ce sont, en deux ans, 306 projets et 787 millions de francs d'aides attribuées. Cette opération a donc rencontré les vux des entreprises et permis de concrétiser nombre d'initiatives. Ce premier bilan traduit un succès certain. Pourquoi donc changer ? D'abord, nous ne changeons pas tout. Nous conservons le cadre des technologies clés et le réseau d'appui aux entreprises de mon ministère.
Mais il nous faut nous adapter, nous efforcer de coller aux besoins, et même si possible de les devancer. En premier lieu, je vous l'ai dit, nous avons fondé l'action technologies clés sur une étude couvrant jusqu'à l'an 2000. Nous sommes donc maintenant proches de son terme et j'ai décidé de renouveler cet exercice afin d'explorer, suivant la même démarche collective, la période " 2000-2005 ". Mes services viennent de mettre cette nouvelle étude en chantier, nous disposerons des résultats d'ici un an et je vous donne rendez-vous pour vous en faire une présentation.
1999 est donc une année charnière. Depuis les premières investigations, des technologies ont pu se développer, prendre de l'importance. J'ai donc souhaité qu'on en tienne compte, dès maintenant, sans attendre de nouvelles analyses approfondies. PERFORMANCES s'ouvre donc aux technologies identifiées comme clés, c'est la continuité que je soulignais, mais également aux technologies dont l'analyse montrera, au cas par cas, projet par projet, qu'elles ont acquis un caractère stratégique.
La deuxième inflexion importante donnée par PERFORMANCES concerne les entreprises et les projets visés. Il faut y voir la traduction concrète des Assises de l'Innovation tenues en 1998, qui ont mis en avant la nécessité de faire porter nos efforts en priorité sur les petites et moyennes entreprises. C'est en effet là où notre intervention est décisive, où beaucoup d'initiatives ne pourraient pas se concrétiser sans accompagnement, que ce soit en matière d'information, de moyens collectifs, de diffusion ou de soutiens financiers.
PERFORMANCES s'adresse donc prioritairement aux PMI et aux entreprises employant moins de 5000 personnes, que nous appelons " médianes ". Ce ne sont plus des PME, pas encore des " grands groupes " et elles jouent dans notre industrie un rôle très important. Elles ont les moyens de mener une stratégie sur le marché mondial, elles consentent des efforts importants en recherche et développement. Elles ont aussi la capacité d'entraîner les PMI, de dynamiser des réseaux, de transférer leurs savoirs. Avec PERFORMANCES, nous souhaitons les conforter dans leur action, mais aussi les inciter et les aider à remplir cette fonction d'entraînement. La possibilité de présenter des projets individuels, sans partenaires, leur est réservée, mais elles sont également invitées à s'ouvrir au partenariat.
Les Assises de l'Innovation ont en effet mis en évidence la nécessité de rapprocher les entreprises des laboratoires de recherche publics et de la recherche collective. La situation est bien connue. Nous disposons de nombreux centres de recherche d'excellent niveau, mais leurs liens avec l'industrie sont trop faibles. L'innovation reste souvent confinée à un petit cercle, avant d'être diffusée diffuser, d'être transformée en produit commercialisable. Les uns et les autres, laboratoires et entreprises, perdent un temps précieux, faute souvent de se connaître. C'est pourquoi PERFORMANCES accorde une priorité aux projets collectifs, qui rassemblent des entreprises, petites et grandes, et des laboratoires, des Centres Techniques. Ce sont des projets difficiles à monter, la preuve en est qu'ils sont rares alors même que les bénéfices qu'ils apportent sont importants. J'ai donc demandé à mes services de se mobiliser pour faciliter le montage de tels projets, par exemple, en provoquant des réunions, des rencontres entre partenaires potentiels. Il est en effet clair qu'en cette matière, il faut investir lourdement en amont car le soutien financier n'est pas déterminant à lui seul.
J'en viens maintenant au contenu des projets PERFORMANCES, c'est-à-dire la production performante et les produits à fonctions enrichies. La compétitivité de l'industrie, sa " performance " tiennent en grande partie en effet à sa capacité à innover sur ces deux axes, production et produits.
La production doit rester une de nos priorités : c'est là qu'en grande partie se joue la maîtrise des coûts, la qualité, le respect des délais. C'est là aussi que se joue l'avenir de beaucoup d'emplois. Pour faire face à une concurrence qui a choisi de s'appuyer sur des coûts du travail faibles, il nous faut rendre nos ateliers plus performants, plus " intelligents ". Concrètement, cela signifie des moyens innovants de production, de logistique ou de conception plus fiables, plus rapides, respectueux de l'environnement, faciles à mettre en uvre.
Pour illustrer les projets que PERFORMANCES veut aider à développer, je citerai deux exemples. Le premier : les machines " reconfigurables " ou adaptables, c'est-à-dire pouvant passer d'un produit à un autre à moindre coût. Le second : les moyens de production facilement " maintenables ", voire autoréparables, permettant donc de limiter les temps d'indisponibilité ou les arrêts intempestifs de production. Deux pistes parmi beaucoup d'autres : le champ d'action est largement ouvert.
Les produits sont depuis longtemps un axe d'innovation fort : c'est un effort permanent, ne serait-ce que parce que les besoins des marchés mais aussi les technologies évoluent. En s'appuyant sur les technologies nouvelles, il est possible d'offrir de nouvelles performances, de nouvelles fonctions qui donneront un avantage décisif auprès des clients. Un exemple : le roulement intelligent développé par la SNR, le fabricant français de roulements. Ce produit assure en plus de sa fonction première, inhérente à tout roulement, une fonction de mesure de différents paramètres, dont la vitesse. Autre exemple, les nouvelles fibres textiles qui permettent d'améliorer les capacités thermiques des vêtements.
Il y a donc beaucoup à faire, beaucoup de points à marquer et PERFORMANCES permettra d'accompagner les initiatives des entreprises.
Pour finir, je voudrais insister sur un point particulier, la protection de l'innovation. Il y a en France beaucoup d'entreprises qui innovent, qui développent de nouveaux produits. Des outils comme PERFORMANCES doivent les aider à faire plus. Mais, comment espérer conserver un avantage si dès la mise sur le marché d'un nouveau produit, d'une nouvelle technologie, la concurrence s'en saisit pour copier, s'épargner travail et talent. Par rapport à la pratique des autres grands pays, il y a encore une faiblesse de notre industrie sur ce domaine. J'ai donc engagé, vous le savez, un programme d'actions afin d'y remédier. Je ne veux pas ici développer plus avant, mais saisir l'occasion d'attirer une nouvelle fois l'attention sur la nécessité de mieux protéger l'innovation. PERFORMANCES y contribuera, puisque j'ai donné pour instruction que ce problème de la propriété industrielle soit systématiquement abordé lors de l'instruction des dossiers et pris en compte dans les aides.
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 22 avril 1999)