Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour Manuel VALLS.
MANUEL VALLS
Bonjour Marc FAUVELLE.
MARC FAUVELLE
Les discussions ont donc duré toute la nuit à Bruxelles, ce matin la France, l'Allemagne, la Grèce et le président du conseil européen semblent d'accord sur un compromis qui va maintenant être soumis aux 19 pays membres de la zone euro, est-ce que vous êtes optimiste ?
MANUEL VALLS
La France a été volontariste surtout par la voix du président de la République qui s'est pleinement engagé dans cette négociation qui est longue mais qui est nécessaire parce qu'il s'agissait tout simplement, il s'agit tout simplement de l'avenir de l'Europe, pas seulement de la Grèce, mais de l'avenir de l'Europe, cette construction unique, sur le plan démocratique et sur le plan économique. Et donc il faut du temps, au moment où nous parlons l'accord n'est pas encore fait et les discussions se poursuivent, mais avec une volonté qui a été celle exprimée par François HOLLANDE tout au long de ces derniers jours, il faut que la Grèce reste dans la zone euro.
MARC FAUVELLE
Cette hypothèse, celle d'un grexit, elle est derrière nous désormais ?
MANUEL VALLS
Je ne sais pas, je l'espère, parce que ce serait un désastre, un désastre d'abord pour les Grecs qui vivraient un choc économique et social sans précédent, encore plus dur que ce qu'ils ont vécu jusqu'à présent, si la Grèce sortait de la zone euro. Les conséquences pour la zone euro elle-même seraient dommageables puisqu'elle s'affaiblirait. Il suffit d'ailleurs de regarder comment les Américains et les Chinois qui sont inquiets aujourd'hui sur le niveau de croissance mondiale regardent cette crise, ils souhaitent eux, que la zone euro reste cohérente, fasse preuve de la cohésion indispensable nécessaire pour la croissance au niveau mondial. Et puis les risques géopolitiques seraient terribles, la Grèce est membre de l'Alliance atlantique, la Grèce, c'est notre frontière au Sud, fait face comme l'Italie à l'afflux des migrants. Nous savons aussi les liens qui existent entre la Grèce et la Russie, puisqu'il s'agit du monde orthodoxe. Nous ne pouvons pas nous permettre par ailleurs enfin de voir se désagréger ce projet européen, ce serait un précédent et ce serait très dangereux pour l'Europe et au fond cela conforterait tous ceux qui veulent voir l'Europe se briser. Donc c'est pour cela que nous nous sommes pleinement engagés, le président de la République n'a cessé de le dire, moi-même je l'ai exprimé, il y a encore quelques jours à l'Assemblée nationale, la Grèce doit rester dans la zone euro et j'espère que nous sommes en train d'y arriver.
MARC FAUVELLE
Est-ce qu'il y a Manuel VALLS, une volonté d'humilier la Grèce de la part de l'Allemagne comme le dit par exemple le prix Nobel d'économie, Paul KRUGMAN, comme le dit Pierre LAURENT ce matin au Parti communiste, quand on voit la teneur des mesures demandées à la Grèce ?
MANUEL VALLS
Vous n'entendrez pas de mot de ma part qui soient désagréables à l'égard de l'Allemagne, pourquoi ? Parce que tout au long de ces dernières heures, le président de la République a aussi souhaité préserver pleinement le couple franco-allemand, dans son rôle moteur pour l'Europe.
MARC FAUVELLE
Il y a encore un couple franco-allemand sur la Grèce ?
MANUEL VALLS
Mais bien sûr contrairement çà ce que j'ai lu et entendu, il est plus que jamais indispensable. L'opinion allemande réagit différemment, l'opinion française vis-à-vis de la Grèce. Madame MERKEL, la chancelière est confrontée aussi aux questionnements au sein de sa propre coalition et pas uniquement avec les socio-démocrates. Donc ça veut bien dire que chaque pays, chaque dirigeant, chaque gouvernement a ses propres défis. Mais s'il y a un accord, et je parle encore au conditionnel, c'est aussi parce que François HOLLANDE et Angela MERKEL ont dialogué, ont proposé, ont dialogué avec Alexis TSIPRAS, avec les institutions européennes pour trouver la bonne solution. Encore une fois l'Europe a besoin de la dynamique du couple franco-allemand aujourd'hui pour sortir de cette crise, demain pour consolider la zone euro et prendre des initiatives.
MARC FAUVELLE
Manuel VALLS, est-ce que vous confirmez que la France a aidé les négociateurs grecs à rédiger leurs propositions en leur prêtant des fonctionnaires français ?
MANUEL VALLS
La France a toujours été en soutien à la Grèce, mais ce sont les Grecs qui ont eux-mêmes formulé bien sûr leurs propositions. Il ne pouvait pas en être autrement.
MARC FAUVELLE
Ce n'est pas la France qui a rédigé ces propositions.
MANUEL VALLS
Non, vous savez nous avons été nous extrêmement attachés à la souveraineté de la Grèce, nous nous sommes interrogés évidemment sur l'annonce du référendum annoncé par Alexis TSIPRAS, qui a mis fin aux négociations qui étaient en cours. Mais c'est un choix souverain, il faut respecter le gouvernement grec. Il faut respecter les choix du peuple grec.
MARC FAUVELLE
Vous trouvez que le référendum est respecté quand on voit les mesures qui sortent du chapeau aujourd'hui, qui sont quasiment les mêmes qu'avant le référendum qui avait été refusé par les Grecs.
MANUEL VALLS
Mais moi je veux saluer le courage d'Alexis TSIPRAS, et de son gouvernement parce qu'après ce référendum qui au fond lui donnait mandat pour poursuivre les négociations, il avait très clairement même si nous nous avions évalué les risques de ce référendum, il ne s'agissait pas de voter pour ou contre une sortie de la zone euro, mais on sentait bien les risques, le saut dans l'inconnu. Mais l'initiative qui a été la sienne de soumettre des mesures difficiles qui s'éloignaient, il l'a dit lui-même de ses engagements de campagne, au Parlement et cela a été ratifié.
MARC FAUVELLE
Il n'a pas trahi ses électeurs.
MANUEL VALLS
Vous savez il y a toujours cette idée de la trahison, il fait face d'abord à une réalité, et cette réalité c'est celle de l'économie grecque, de ce que vivent les grecques eux-mêmes, qui veulent s'en sortir mais qui sont très européens, l'immense majorité des Grecs veut rester dans la zone euro. Cela a été dit il y a un instant, les partis démocratiques soutiennent, de gauche comme de droite, au sein de la coalition de Syriza comme la nouvelle démocratie, le Pasok ou une formation centriste, soutiennent aujourd'hui dans le cadre d'une unité nationale les initiatives de leur Premier ministre. Donc il faut respecter la souveraineté, la Grèce est un grand pays dans notre histoire, dans notre culture, c'est un pays qui compte, c'est un pays qui a des atouts, son tourisme, son espace maritime, son agriculture, donc il faut aider et c'est cela qui a été discuté tout au long de cette nuit, c'est les conditions d'un soutien à l'économie grecque, d'un soutien à sa croissance, c'est indispensable d'abord pour les Grecs.
MARC FAUVELLE
Manuel VALLS, hier à Bruxelles Nicolas SARKOZY a reproché à François HOLLANDE d'avoir affaibli le couple franco-allemand en préférant finalement Athènes à Berlin dans la négociation. Il lui a demandé aussi de se ressaisir.
MANUEL VALLS
Quand on est un ancien chef de l'Etat, un ancien président de la République, on n'affaiblit pas la position de la France, on aide son pays quoi qu'il arrive, on dépasse les petits clivages et les petites positions. Nous sommes dans un moment très particulier pour notre pays, qui est confronté bien sûr au défi de la croissance économique, nous avons le rendez-vous climat à la fin de l'année, il y a une négociation en cours qui peut réussir sur l'Iran avec des conséquences majeures. Il y a la menace terroriste et il y a aujourd'hui cette crise européenne, cette crise grecque. Le président de la République est concentré, c'est le rôle de la France que de trouver un compromis et on viendra affaiblir cela par des prises de position qui d'ailleurs changent au gré des jours ou des semaines en fonction des positions des autres candidats à la primaire de la droite, tout cela n'a aucun sens. Moi, je n'ai pas envie de polémiquer avec l'ancien président de la République, mais ce que je demande à chacun dans ce moment grave, c'est d'être à la hauteur de ses responsabilités actuelles ou passées, c'est comme cela qu'on aide son pays, c'est comme cela qu'on est un vrai patriote.
MARC FAUVELLE
Un mot Manuel VALLS sur le futur plan d'aide à la Grèce, s'il est adopté, combien coutera t-il à la France ? On évoque un chiffre de 80 milliards d'euros dans son ensemble, est-ce que vous savez déjà combien il va nous coûter ?
MANUEL VALLS
Les 80 milliards, c'est ce qu'on appelle le troisième programme qui va être discuté et qui est envisagé sur trois ans, qui va être discuté dans les prochaines semaines. C'est en effet 80 milliards. Ces 80 milliards sont déjà provisionnés par chaque pays, la France y prend sa part, c'est une décision prise du précédent quinquennat, y prend sa part à hauteur de 20 %, donc cela ne coutera rien à la France. Mais parce que je crois que c'est important que la représentation nationale, c'est-à-dire l'Assemblée nationale soit consultée, mais aussi puisse s'exprimer, nous soumettrons s'il y a un accord, bien sûr, j'ai déjà eu
MARC FAUVELLE
Cet accord a un vote du Parlement ?
MANUEL VALLS
Nous soumettrons cet accord à un vote du parlement mercredi sans doute, mais bien sûr il faut d'abord un accord et c'est là l'essentiel.
MARC FAUVELLE
Deux questions d'actualité en France si vous le voulez bien Monsieur le Premier ministre, d'abord sur la loi Macron, une mesure adoptée en catimini en fin de semaine dernière lors de l'adoption de la loi Macron, fait réagir les Ecologistes, il s'agit d'un amendement qui autorise définitivement l'enfouissement des déchets nucléaires sous terre dans la Meuse, sur le site de Bure, pourquoi ne pas l'avoir fait au grand jour ?
MANUEL VALLS
Mais ça a été débattu.
MARC FAUVELLE
Il y a eu le 49.3.
MANUEL VALLS
C'était dans le texte de loi, ça a été intégré par un amendement à l'Assemblée, puis au Sénat. Et puis nous avons considéré à la fin de ce débat qu'il fallait trancher ce sujet là, parce que c'est un sujet d'intérêt national avec des enjeux industriels, écologiques majeurs et plutôt que d'avoir un débat dans quelques mois avec une proposition de loi, nous avons considéré qu'il fallait que ce sujet soit tranché parce qu'il en allait tout simplement de l'intérêt général.
MARC FAUVELLE
Vous ne reviendrez pas dessus ?
MANUEL VALLS
Non.
MARC FAUVELLE
D'accord. Deuxième sujet, le taux du Livret A qui intéresse des millions d'épargnants français devrait mécaniquement baisser au 1er août prochain, dans quelques jours, il est aujourd'hui à 1 %, le gouvernement a la possibilité de s'opposer à cette baisse du Livret A, est-ce que vous le ferez ?
MANUEL VALLS
Nous attendons la proposition du gouverneur de la Banque de France, c'est dans quelques jours et je ne peux pas faire plus de commentaire à ce stade.
MARC FAUVELLE
Le Livret A qui pourrait passer à 0,5 %, c'est une possibilité aujourd'hui ?
MANUEL VALLS
Nous verrons bien, en même temps vous le savez, il y a aujourd'hui un petit retour de l'inflation, donc il faut faire attention au pouvoir d'achat des ménages, comme il faut faire attention au financement des logements sociaux, attendons la proposition du gouverneur de la Banque de France et le gouvernement aura l'occasion à ce moment là, dans quelques jours de s'exprimer.
MARC FAUVELLE
Manuel VALLS, vous restez avec nous jusqu'à 8h55 pour répondre aux questions des auditeurs de France Inter. 08:30:12.
[Partie Questions avec les auditeurs.]
MARC FAUVELLE
01 45 24 7000, c'est le numéro du standard de France Inter pour poser votre question à Manuel VALLS. C'est le numéro qu'a composé ce matin Christian, qui nous appelle de l'Ariège. Bonjour Christian, Manuel VALLS vous écoute.
CHRISTIAN, AUDITEUR DE L'ARIÈGE
Bonjour messieurs, bonjour monsieur VALLS.
MANUEL VALLS
Bonjour monsieur.
CHRISTIAN
Pensez-vous qu'on peut construire quelque chose de solide en humiliant un peuple ? Est-ce que le traité de Versailles n'est pas là pour rappeler à toute l'Europe et à l'Allemagne en particulier que c'est grave et dangereux d'humilier un peuple ? Voilà ma question, monsieur VALLS.
MARC FAUVELLE
Merci Christian ; Manuel VALLS vous répond.
MANUEL VALLS
Il ne faut jamais humilier un peuple, il ne faut jamais d'ailleurs humilier un gouvernement. C'est la raison pour laquelle nous avons considéré que le gouvernement d'Aléxis TSÍPRAS faisait un choix souverain en convoquant un réfrendum. Il faut écouter ce cri à la fois de fierté, d'inquiétude, de la part des Grecs. C'est pour cela que la position de la France a été constante, faire en sorte que la Grèce reste non seulement dans la zone euro mais ait pleinement tous les attributs de la souveraineté. Vous avez vu qu'il y a un débat sur ce fameux fonds de garantie qui serait doté aujourd'hui - les débats sont en cours donc je reste très prudent de cinquante milliards d'actifs de la Grèce.
MARC FAUVELLE
Qui serait regroupé en dehors de la Grèce.
MANUEL VALLS
Non. C'était la proposition initiale du ministre des Finances allemand et aujourd'hui ce fonds, si j'en crois les dernières informations que nous avons de cette nuit encore une fois, je suis prudent serait en Grèce géré bien sûr par les Grecs. C'est donc très important
MARC FAUVELLE
Il n'y a pas de mise sous tutelle, Manuel VALLS, de l'économie grecque ?
MANUEL VALLS
Non. Il y a des conditions pour réussir le redressement de la Grèce. Il est normal que quand l'Union européenne prête autant d'argent à la Grèce et au vu de ce que nous avons ces dernières années pu connaître, il est normal qu'il y ait et des questions et un contrôle et des conditions, mais le gouvernement grec, le peuple grec, reste pleinement souverain. Pour nous, c'est essentiel ; c'est ça la construction de l'Europe.
MARC FAUVELLE
Bonjour Martine. Manuel VALLS vous écoute, bienvenue sur France Inter.
MARTINE, AUDITRICE
Bonjour monsieur le Premier ministre.
MANUEL VALLS
Bonjour madame.
MARTINE
Je voulais vous poser la question de savoir si la crise grecque actuellement pouvait mettre en péril les rapports franco-allemands. Je pense que le temps de l'histoire est beaucoup plus long que le temps que nous avons actuellement avec une accélération de tous les moyens de communication. Je pense que nous entendons à nouveau proférer des mots, des menaces, et cætera, qui ne sont pas souhaitables d'entendre et je pense que ça n'arrange rien dans cette crise.
MARC FAUVELLE
Je ne sais pas si vous faites référence aux propos de Jean-Luc MELENCHON que je vais rappeler ici-même. C'était sur Twitter cette nuit : « Le gouvernement allemand, pour la troisième fois de son histoire est en train de détruire l'Europe » écrit Jean-Luc MELENCHON.
MANUEL VALLS
Madame, vous avez raison. L'histoire, elle peut être tragique. Si le gouvernement de la France et le président de la République ont agi ainsi, je le disais il y a un instant en répondant aux questions de Marc FAUVELLE, c'est parce que nous considérions que la Grèce ne pouvait pas sortir de la zone euro, c'est-à-dire tout simplement du coeur de l'Europe. L'un des pays au fond qui s'identifie le plus à l'Europe, c'est la déesse Europe, c'est la mythologie, c'est au fond le coeur même de notre civilisation. Si la Grèce sortait de la zone euro et rentrait dans un processus de sortie tout simplement de l'Europe pour les raisons que je rappelais il y a un instant géopolitiques, géostratégiques alors oui, l'Europe pouvait être défaite. Nous verrons dans les minutes et dans les heures qui viennent s'il y a cet accord ; je peux vous dire que le président de la République n'a pas ménagé sa peine parce qu'il savait qu'on était dans un moment historique pour l'Europe, mais il faut faire en même temps très attention. Tous ces mots, toutes ces insultes qui sont prononcés à l'égard de l'Allemagne sont insupportables. S'il y a un accord ce matin, et encore une fois je suis au conditionnel, c'est parce que la France et l'Allemagne ont travaillé de concert depuis des jours. Je ne crois pas à ces balivernes sur une rupture ou sur un éloignement du couple franco-allemand. L'histoire, vous savez, elle a changé depuis la réunification de l'Allemagne. Les rapports entre la France et l'Allemagne se sont modifiés, mais cela a été une position constante du président de la République : faire en sorte qu'à chaque fois, on trouve une solution avec la France et avec l'Allemagne qui soit ensuite proposée à la Grèce et aux autres pays. S'il y a accord c'est parce que le couple franco-allemand aura bien travaillé tout au long de cette nuit, en sachant que l'Allemagne a évidemment, je le disais tout à l'heure, son opinion. Il y a les débats, les contradictions au sein de la coalition, de la majorité, ce n'est pas à moi de les commenter. Nous en avons nous aussi et donc il faut également les respecter. Il faut en même temps que l'Allemagne entende également ce que pensent les autres pays. Je vous rappelle que c'est au sein du gouvernement allemand, au-delà même de l'opinion allemande, qu'il y avait le souhait de voir la Grèce sortir de la zone euro. Si la Grèce ne sort pas de la zone euro, c'est parce que la France a agi et c'est parce que la chancelière MERKEL aura ou aurait considéré que ce n'était pas la bonne solution.
DOMINIQUE SEUX
Il y a un point dont on parle moins ces dernières heures, c'est l'annulation d'une partie de la dette grecque. La France est-elle favorable comme Athènes à ce qu'on annule une partie de la dette grecque ? Est-ce que les contribuables européens, les créanciers finalement, seront remboursés un jour ? Est-ce que vous pouvez dire aux Français si les créances seront remboursées ?
MANUEL VALLS
Nous ne sommes pas favorables à l'annulation de la dette ou d'une partie de la dette et nous l'avons toujours dit. Nous sommes favorables à un traitement équilibré de la dette dans le temps, sans diminution de cette dette, mais cela doit permettre une restructuration de la dette comme on dit. Cela permettra à la Grèce de respirer, cela doit faire l'objet des discussions dans les semaines et dans les mois qui viennent.
MARC FAUVELLE
Frédéric nous appelle de la belle ville de Pau. Bonjour Frédéric, bienvenue sur l'antenne de France Inter.
FRÉDÉRIC, AUDITEUR DE PAU (PYRÉNÉES-ATLANTIQUES)
Bonjour à tous, bonjour monsieur VALLS. Juste une remarque pour monsieur Dominique SEUX. Si le contribuable a aujourd'hui une charge de la dette importante, c'est parce que les gouvernements, français en particulier, ont racheté la dette des banques ; c'est-à-dire que ce sont les banques qui devraient nous rembourser cette dette. Monsieur VALLS, je vous entendais ce matin décrire quels seraient les résultats catastrophiques d'une sortie de la Grèce ; on se demande pourquoi vous n'avez pas affirmé dès le début que la Grèce devait rester urbi et orbi dans l'euro. J'aurai donc deux questions à vous poser : comment les gouvernements européens qui ont jeté l'Europe dans la récession et la Grèce dans la misère osent-ils donner des leçons de gestion à la Grèce ? D'autre part, n'est-il pas temps de refaire un nouveau traité européen, d'en finir avec ce traité comptable de la concurrence sauvage pour un nouveau traité des projets solidaires ?
MANUEL VALLS
Mes convictions laïques ne me feront pas reprendre votre urbi et orbi, mais la France depuis le début, à la fois par respect vis-à-vis du peuple grec qui souhaite dans la zone le référendum n'était pas une question pour sortir ou pour rester dans la zone euro par respect vis-à-vis des Grecs qui ont en effet beaucoup souffert des politiques d'austérité mais aussi des erreurs d'un certain nombre de gouvernements. La position de la France a toujours été constante, aussi pour des raisons très géographiques, très politiques, pour l'histoire de l'Europe, a toujours été constante : la Grèce devait et doit rester dans la zone euro. Je suis confiant, je l'espère, dans l'accord qui sera signé et qui marquera la volonté de l'Europe entière de voir la Grèce rester dans la zone euro. Je suis confiant.
BRUCE DE GALZAIN
La Grèce pour l'instant s'en sort uniquement d'un point de vue économique grâce au soutien de la Banque centrale européenne. Les banques grecques étaient censées rouvrir aujourd'hui, il y a de fortes raisons pour qu'elles n'ouvrent pas. La prochaine échéance c'est le 20 juillet, c'est exactement dans une semaine, donc il n'y a pas d'accord politique, c'est la BCE qui gère tout ça. Est-ce normal que la BCE ait un rôle politique aujourd'hui ?
MANUEL VALLS
La Banque centrale européenne est d'abord indépendante mais elle attend un signal politique.
BRUCE DE GALZAIN
Mais il ne vient pas.
MANUEL VALLS
Il va venir. Je suis encore une fois confiant, peut-être même optimiste, sur l'accord qui pourrait être signé dans les minutes, qui pourrait être conclu dans les minutes qui viennent.
MARC FAUVELLE
« Il y a accord » dit il y a quelques instants le Premier ministre belge Charles MICHEL qui n'en dit pas plus. « Il y a accord à Bruxelles. »
MANUEL VALLS
Attendons. Les informations que j'ai depuis quelques secondes vont dans ce sens. Soyons prudents mais s'il y a accord, non seulement la Grèce reste dans la zone euro, non seulement ça veut dire que le président de la République a eu raison de se battre jusqu'au bout, que le couple franco-allemand a pleinement fonctionné au cours de ces dernières heures contrairement à tout ce qui a été dit depuis quelques jours, et ce signal politique permettra en effet à la Banque centrale européenne d'agir parce qu'il y a urgence pour que progressivement, avec méthode je suis prudent les banques puissent rouvrir et que la Grèce puisse sortir, si vous me permettez cette expression, de l'asphyxie qu'elle connaît aujourd'hui déjà depuis plusieurs semaines.
MARC FAUVELLE
Des questions sur les réseaux sociaux au Premier ministre, Bernadette CHAMONAZ.
BERNADETTE CHAMONAZ
Oui. Beaucoup de comparaisons entre la Grèce et la France sur les réseaux sociaux, monsieur le Premier ministre, toutes proportions gardées bien sûr.
MANUEL VALLS
Oui, il vaut mieux.
BERNADETTE CHAMONAZ
Mais l'inquiétude des internautes est réelle, on sent cette inquiétude. « Après la Grèce, l'Europe va-t-elle enfin imposer à la France les réformes structurelles nécessaires ? » se demande, vous demande @ingenu c'est son nom sur Twitter, ou encore cette question sur la dette française : « Quid de la dette française. »
MANUEL VALLS
Tous les pays sont endettés, la France, l'Allemagne, tous les pays sont endettés et parfois à un très haut niveau. On ne peut pas comparer la situation économique de la France et de la Grèce tout de même. Je vous le dis à l'égard de vos internautes anonymes : il y a des comparaisons qui n'ont pas lieu d'être. Les réformes de structure, nous les menons mais là aussi pas parce qu'on nous le demande mais parce qu'elles sont nécessaires pour la compétitivité, pour soutenir la croissance de notre pays et donc pour créer davantage d'emplois et faire baisser le chômage. Mais tout au long de ces derniers jours parce qu'il y a toujours en France un peu de tous les côtés de l'échiquier, et on le retrouve aussi sur les réseaux sociaux parfois, l'idée d'une forme de décadence de la France, de sortie de l'Histoire. Tout ce qui se passe aujourd'hui dans le monde est la démonstration du contraire. La France est en première ligne dans la lutte contre le terrorisme ; sans la France, le Mali aurait été désintégré ; la France est présente dans la coalition en Irak ; c'est Laurent FABIUS au nom de la France qui négocie pour trouver un accord sur l'Iran et c'est le président de la République qui est en train de permettre un accord au niveau de l'Union européenne. C'est essentiel. La France, c'est la deuxième économie européenne, c'est la cinquième du monde, c'est une grande puissance diplomatique et militaire, c'est une culture, c'est une langue, c'est une force et la parole de la France est respectée. Le rôle et la parole du chef de l'Etat de François HOLLANDE sont respectés dans le monde et nous sommes en train d'en faire la démonstration tous les jours. Il aura l'occasion de le rappeler demain à l'occasion du 14 Juillet. Puisqu'on n'est pas loin de cet accord, puisqu'on est en train de l'annoncer, moi je veux dire ma fierté d'être aux côtés de François HOLLANDE et de réussir aujourd'hui ce qui semblait impossible. Parce que tout au long du week-end, on nous disait qu'il y aurait un échec, que la Grèce allait peut-être sortir de la zone euro, et si la Grèce reste dans la zone aux conditions qui ont été rappelées, ça sera grâce à la France et grâce à François HOLLANDE.
MARC FAUVELLE
Il nous reste un peu plus de cinq minutes, Manuel VALLS. Beaucoup de questions à vous poser dont celle d'Anthony BELLANGER.
ANTHONY BELLANGER
Vous venez de l'évoquer, la France est engagée dans des négociations absolument cruciales en ce moment aux côtés des Etats-Unis et avec l'Iran, ça se passe à Vienne, ça devrait se terminer aujourd'hui. Est-ce que vous avez des nouvelles de ces négociations ?
MANUEL VALLS
On a des nouvelles de toutes les négociations. Laurent FABIUS d'ailleurs était avec nous hier matin à l'occasion d'un conseil restreint qui a eu lieu à l'Elysée et qui a traité à la fois du dossier grec, des discussions en cours à Bruxelles, mais aussi de l'Iran. Laurent FABIUS était optimiste sur les conclusions de cet accord mais il y avait encore du travail à faire.
MARC FAUVELLE
Joëlle nous appelle au standard de France Inter. Bonjour Joëlle, vous nous appelez de Nice et on vous écoute, le Premier ministre aussi.
JOËLLE, AUDITRICE DE NICE (ALPES-MARITIMES)
Messieurs, dames, bonjour. Ma question est : des économistes dénoncent le choix de l'austérité pour l'Europe, beaucoup d'économistes y compris les plus connus. Que faites-vous donc de ces avis ? Et deuxièmement, que devient la promesse de François HOLLANDE qu'il avait faite au moment de son élection de renégocier les traités ?
MARC FAUVELLE
La renégociation du traité !
MANUEL VALLS
Moi je considère que même si beaucoup de mes compatriotes, beaucoup de nos concitoyens souffrent et depuis longtemps de la crise économique, du chômage, de la précarité, je considère que nous ne sommes pas dans l'austérité. Si nous étions dans l'austérité, nous n'augmenterions pas les moyens de l'éducation nationale, six cents millions encore cette année ; nous ne créerions pas soixante mille postes d'enseignants au cours de ce quinquennat ; nous ne donnerions pas plus de moyens à la police, à la gendarmerie ou à nos forces armées. Ce sont des budgets en augmentation, le budget de la culture, celui de la création. Nous sommes dans cet été où les festivals aujourd'hui montrent aussi la force de notre culture et nous avons réglé également le problème des intermittents. La culture, le budget de la culture augmente donc ça veut bien dire que nous ne sommes pas dans une politique d'austérité, même s'il faut du sérieux budgétaire et qu'il faut évidemment faire baisser la dépense publique et lutter contre les déficits. Cette question des traités elle se pose et elle se posera d'une manière ou d'une autre. C'est-à-dire que de toute façon, il faudra tirer des leçons de cet épisode, de cette crise.
MARC FAUVELLE
C'est-à-dire ?
MANUEL VALLS
Ça veut dire qu'il faut retravailler sur comment renforcer la zone euro, sa gouvernance et sa gouvernance aussi démocratique. Quel doit être le rôle du Parlement européen ? Quel doit être le rôle des parlements nationaux ? C'est quoi un véritable gouvernement économique et politique de la zone euro avec donc davantage d'intégration ? Ces questions, je les ai rappelées à l'occasion du débat à l'Assemblée nationale mercredi dernier ; il faut désormais y répondre si nous voulons éviter de connaître le type de crise que nous avons vécue ces derniers jours.
DOMINIQUE SEUX
L'auditrice a évoqué les politiques économiques et d'austérité. Vous préparez en ce moment le projet de budget 2016 ces jours-ci, ces semaines-ci. Est-ce que vous pouvez garantir aux Français qu'il n'y aura pas de nouvelle hausse d'impôt dans le budget 2016 ? La question de la pause fiscale est évoquée depuis quand même assez longtemps. Est-ce qu'il n'y aura aucune, aucune hausse d'impôt en 2016 ? Et puis est-ce que pour les entreprises par ailleurs ça, c'était pour les particuliers pour les entreprises par ailleurs, le Pacte de responsabilité sera scrupuleusement respecté ou est-ce qu'on peut s'attendre à des petits ajustements ?
MANUEL VALLS
D'abord je veux rappeler qu'à la rentrée prochaine, neuf millions de foyers, neuf millions de ménages, verront l'impôt sur le revenu baisser et donc il n'y aura pas d'augmentation de la fiscalité. Pour ce qui concerne les entreprises, le Pacte de responsabilité, ces quarante milliards consacrés à la baisse du coût du travail, à la baisse de la fiscalité pour les entreprises pour soutenir la compétitivité des entreprises et notamment des PME, des PMI et des TPE, ce Pacte sera toujours préservé. Il y aura une évaluation sur l'efficacité du Pacte nous l'avions déjà dit sur le CICE.
MARC FAUVELLE
Que vous attendez pour quand ?
MANUEL VALLS
Dans les semaines qui viennent mais une politique économique, une politique fiscale repose sur la constance, sur la clarté, sur la visibilité pour l'ensemble des acteurs et notamment pour les acteurs économiques mais ce sera l'un des débats de la loi de finance.
DOMINIQUE SEUX
Pour les particuliers, zéro hausse d'impôt. Il n'y aura pas de petites choses, vous savez, on découvre discrètement des petites hausses par-ci, par-là. Il y a des débats de dernière minute. Ce matin, vous nous dites non.
MANUEL VALLS
Il y a toujours des évolutions dans la fiscalité de chaque particulier.
MARC FAUVELLE
Il y aura peut-être des taxes qui vont augmenter, non ?
MANUEL VALLS
Non, je n'ai pas dit ça. Mais il y a des évolutions, tout simplement parce que les bases locatives évoluent et quand un gouvernement annonce une baisse d'impôt, vous trouvez toujours des gens qui voient leur impôt augmenter parce que leurs revenus ont changé, parce que les bases locatives ont évolué mais il n'y aura aucune augmentation d'impôt dans le projet de loi de finance.
MARC FAUVELLE
Un mot très rapidement Manuel VALLS. Votre garde des Sceaux, Christiane TAUBIRA, souhaite rouvrir le débat sur le cannabis en France, légalisation ou dépénalisation. Est-ce que vous aussi vous voulez rouvrir ce débat ?
MANUEL VALLS
On peut toujours débattre, mais pour ce qui concerne le gouvernement, le débat est clos.
MARC FAUVELLE
Donc ça sert à quoi de débattre ?
MANUEL VALLS
On peut toujours débattre de ces questions mais le gouvernement ne prendra aucune initiative qui légalise, autorise, dépénalise l'usage du cannabis qui reste un vrai problème de santé publique, de prévention bien évidemment mais la position du gouvernement et du président de la République est très claire sur ce sujet-là depuis 2012 et vous connaissez mes positions, celles que j'ai déjà eu l'occasion de prendre notamment quand j'étais ministre de l'Intérieur.
MARC FAUVELLE
Merci Manuel VALLS d'être venu ce matin au micro de France Inter. Merci à vous et merci aux auditeurs également qui ont bien voulu appeler le standard de France Inter.Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 juillet 2015
Bonjour Manuel VALLS.
MANUEL VALLS
Bonjour Marc FAUVELLE.
MARC FAUVELLE
Les discussions ont donc duré toute la nuit à Bruxelles, ce matin la France, l'Allemagne, la Grèce et le président du conseil européen semblent d'accord sur un compromis qui va maintenant être soumis aux 19 pays membres de la zone euro, est-ce que vous êtes optimiste ?
MANUEL VALLS
La France a été volontariste surtout par la voix du président de la République qui s'est pleinement engagé dans cette négociation qui est longue mais qui est nécessaire parce qu'il s'agissait tout simplement, il s'agit tout simplement de l'avenir de l'Europe, pas seulement de la Grèce, mais de l'avenir de l'Europe, cette construction unique, sur le plan démocratique et sur le plan économique. Et donc il faut du temps, au moment où nous parlons l'accord n'est pas encore fait et les discussions se poursuivent, mais avec une volonté qui a été celle exprimée par François HOLLANDE tout au long de ces derniers jours, il faut que la Grèce reste dans la zone euro.
MARC FAUVELLE
Cette hypothèse, celle d'un grexit, elle est derrière nous désormais ?
MANUEL VALLS
Je ne sais pas, je l'espère, parce que ce serait un désastre, un désastre d'abord pour les Grecs qui vivraient un choc économique et social sans précédent, encore plus dur que ce qu'ils ont vécu jusqu'à présent, si la Grèce sortait de la zone euro. Les conséquences pour la zone euro elle-même seraient dommageables puisqu'elle s'affaiblirait. Il suffit d'ailleurs de regarder comment les Américains et les Chinois qui sont inquiets aujourd'hui sur le niveau de croissance mondiale regardent cette crise, ils souhaitent eux, que la zone euro reste cohérente, fasse preuve de la cohésion indispensable nécessaire pour la croissance au niveau mondial. Et puis les risques géopolitiques seraient terribles, la Grèce est membre de l'Alliance atlantique, la Grèce, c'est notre frontière au Sud, fait face comme l'Italie à l'afflux des migrants. Nous savons aussi les liens qui existent entre la Grèce et la Russie, puisqu'il s'agit du monde orthodoxe. Nous ne pouvons pas nous permettre par ailleurs enfin de voir se désagréger ce projet européen, ce serait un précédent et ce serait très dangereux pour l'Europe et au fond cela conforterait tous ceux qui veulent voir l'Europe se briser. Donc c'est pour cela que nous nous sommes pleinement engagés, le président de la République n'a cessé de le dire, moi-même je l'ai exprimé, il y a encore quelques jours à l'Assemblée nationale, la Grèce doit rester dans la zone euro et j'espère que nous sommes en train d'y arriver.
MARC FAUVELLE
Est-ce qu'il y a Manuel VALLS, une volonté d'humilier la Grèce de la part de l'Allemagne comme le dit par exemple le prix Nobel d'économie, Paul KRUGMAN, comme le dit Pierre LAURENT ce matin au Parti communiste, quand on voit la teneur des mesures demandées à la Grèce ?
MANUEL VALLS
Vous n'entendrez pas de mot de ma part qui soient désagréables à l'égard de l'Allemagne, pourquoi ? Parce que tout au long de ces dernières heures, le président de la République a aussi souhaité préserver pleinement le couple franco-allemand, dans son rôle moteur pour l'Europe.
MARC FAUVELLE
Il y a encore un couple franco-allemand sur la Grèce ?
MANUEL VALLS
Mais bien sûr contrairement çà ce que j'ai lu et entendu, il est plus que jamais indispensable. L'opinion allemande réagit différemment, l'opinion française vis-à-vis de la Grèce. Madame MERKEL, la chancelière est confrontée aussi aux questionnements au sein de sa propre coalition et pas uniquement avec les socio-démocrates. Donc ça veut bien dire que chaque pays, chaque dirigeant, chaque gouvernement a ses propres défis. Mais s'il y a un accord, et je parle encore au conditionnel, c'est aussi parce que François HOLLANDE et Angela MERKEL ont dialogué, ont proposé, ont dialogué avec Alexis TSIPRAS, avec les institutions européennes pour trouver la bonne solution. Encore une fois l'Europe a besoin de la dynamique du couple franco-allemand aujourd'hui pour sortir de cette crise, demain pour consolider la zone euro et prendre des initiatives.
MARC FAUVELLE
Manuel VALLS, est-ce que vous confirmez que la France a aidé les négociateurs grecs à rédiger leurs propositions en leur prêtant des fonctionnaires français ?
MANUEL VALLS
La France a toujours été en soutien à la Grèce, mais ce sont les Grecs qui ont eux-mêmes formulé bien sûr leurs propositions. Il ne pouvait pas en être autrement.
MARC FAUVELLE
Ce n'est pas la France qui a rédigé ces propositions.
MANUEL VALLS
Non, vous savez nous avons été nous extrêmement attachés à la souveraineté de la Grèce, nous nous sommes interrogés évidemment sur l'annonce du référendum annoncé par Alexis TSIPRAS, qui a mis fin aux négociations qui étaient en cours. Mais c'est un choix souverain, il faut respecter le gouvernement grec. Il faut respecter les choix du peuple grec.
MARC FAUVELLE
Vous trouvez que le référendum est respecté quand on voit les mesures qui sortent du chapeau aujourd'hui, qui sont quasiment les mêmes qu'avant le référendum qui avait été refusé par les Grecs.
MANUEL VALLS
Mais moi je veux saluer le courage d'Alexis TSIPRAS, et de son gouvernement parce qu'après ce référendum qui au fond lui donnait mandat pour poursuivre les négociations, il avait très clairement même si nous nous avions évalué les risques de ce référendum, il ne s'agissait pas de voter pour ou contre une sortie de la zone euro, mais on sentait bien les risques, le saut dans l'inconnu. Mais l'initiative qui a été la sienne de soumettre des mesures difficiles qui s'éloignaient, il l'a dit lui-même de ses engagements de campagne, au Parlement et cela a été ratifié.
MARC FAUVELLE
Il n'a pas trahi ses électeurs.
MANUEL VALLS
Vous savez il y a toujours cette idée de la trahison, il fait face d'abord à une réalité, et cette réalité c'est celle de l'économie grecque, de ce que vivent les grecques eux-mêmes, qui veulent s'en sortir mais qui sont très européens, l'immense majorité des Grecs veut rester dans la zone euro. Cela a été dit il y a un instant, les partis démocratiques soutiennent, de gauche comme de droite, au sein de la coalition de Syriza comme la nouvelle démocratie, le Pasok ou une formation centriste, soutiennent aujourd'hui dans le cadre d'une unité nationale les initiatives de leur Premier ministre. Donc il faut respecter la souveraineté, la Grèce est un grand pays dans notre histoire, dans notre culture, c'est un pays qui compte, c'est un pays qui a des atouts, son tourisme, son espace maritime, son agriculture, donc il faut aider et c'est cela qui a été discuté tout au long de cette nuit, c'est les conditions d'un soutien à l'économie grecque, d'un soutien à sa croissance, c'est indispensable d'abord pour les Grecs.
MARC FAUVELLE
Manuel VALLS, hier à Bruxelles Nicolas SARKOZY a reproché à François HOLLANDE d'avoir affaibli le couple franco-allemand en préférant finalement Athènes à Berlin dans la négociation. Il lui a demandé aussi de se ressaisir.
MANUEL VALLS
Quand on est un ancien chef de l'Etat, un ancien président de la République, on n'affaiblit pas la position de la France, on aide son pays quoi qu'il arrive, on dépasse les petits clivages et les petites positions. Nous sommes dans un moment très particulier pour notre pays, qui est confronté bien sûr au défi de la croissance économique, nous avons le rendez-vous climat à la fin de l'année, il y a une négociation en cours qui peut réussir sur l'Iran avec des conséquences majeures. Il y a la menace terroriste et il y a aujourd'hui cette crise européenne, cette crise grecque. Le président de la République est concentré, c'est le rôle de la France que de trouver un compromis et on viendra affaiblir cela par des prises de position qui d'ailleurs changent au gré des jours ou des semaines en fonction des positions des autres candidats à la primaire de la droite, tout cela n'a aucun sens. Moi, je n'ai pas envie de polémiquer avec l'ancien président de la République, mais ce que je demande à chacun dans ce moment grave, c'est d'être à la hauteur de ses responsabilités actuelles ou passées, c'est comme cela qu'on aide son pays, c'est comme cela qu'on est un vrai patriote.
MARC FAUVELLE
Un mot Manuel VALLS sur le futur plan d'aide à la Grèce, s'il est adopté, combien coutera t-il à la France ? On évoque un chiffre de 80 milliards d'euros dans son ensemble, est-ce que vous savez déjà combien il va nous coûter ?
MANUEL VALLS
Les 80 milliards, c'est ce qu'on appelle le troisième programme qui va être discuté et qui est envisagé sur trois ans, qui va être discuté dans les prochaines semaines. C'est en effet 80 milliards. Ces 80 milliards sont déjà provisionnés par chaque pays, la France y prend sa part, c'est une décision prise du précédent quinquennat, y prend sa part à hauteur de 20 %, donc cela ne coutera rien à la France. Mais parce que je crois que c'est important que la représentation nationale, c'est-à-dire l'Assemblée nationale soit consultée, mais aussi puisse s'exprimer, nous soumettrons s'il y a un accord, bien sûr, j'ai déjà eu
MARC FAUVELLE
Cet accord a un vote du Parlement ?
MANUEL VALLS
Nous soumettrons cet accord à un vote du parlement mercredi sans doute, mais bien sûr il faut d'abord un accord et c'est là l'essentiel.
MARC FAUVELLE
Deux questions d'actualité en France si vous le voulez bien Monsieur le Premier ministre, d'abord sur la loi Macron, une mesure adoptée en catimini en fin de semaine dernière lors de l'adoption de la loi Macron, fait réagir les Ecologistes, il s'agit d'un amendement qui autorise définitivement l'enfouissement des déchets nucléaires sous terre dans la Meuse, sur le site de Bure, pourquoi ne pas l'avoir fait au grand jour ?
MANUEL VALLS
Mais ça a été débattu.
MARC FAUVELLE
Il y a eu le 49.3.
MANUEL VALLS
C'était dans le texte de loi, ça a été intégré par un amendement à l'Assemblée, puis au Sénat. Et puis nous avons considéré à la fin de ce débat qu'il fallait trancher ce sujet là, parce que c'est un sujet d'intérêt national avec des enjeux industriels, écologiques majeurs et plutôt que d'avoir un débat dans quelques mois avec une proposition de loi, nous avons considéré qu'il fallait que ce sujet soit tranché parce qu'il en allait tout simplement de l'intérêt général.
MARC FAUVELLE
Vous ne reviendrez pas dessus ?
MANUEL VALLS
Non.
MARC FAUVELLE
D'accord. Deuxième sujet, le taux du Livret A qui intéresse des millions d'épargnants français devrait mécaniquement baisser au 1er août prochain, dans quelques jours, il est aujourd'hui à 1 %, le gouvernement a la possibilité de s'opposer à cette baisse du Livret A, est-ce que vous le ferez ?
MANUEL VALLS
Nous attendons la proposition du gouverneur de la Banque de France, c'est dans quelques jours et je ne peux pas faire plus de commentaire à ce stade.
MARC FAUVELLE
Le Livret A qui pourrait passer à 0,5 %, c'est une possibilité aujourd'hui ?
MANUEL VALLS
Nous verrons bien, en même temps vous le savez, il y a aujourd'hui un petit retour de l'inflation, donc il faut faire attention au pouvoir d'achat des ménages, comme il faut faire attention au financement des logements sociaux, attendons la proposition du gouverneur de la Banque de France et le gouvernement aura l'occasion à ce moment là, dans quelques jours de s'exprimer.
MARC FAUVELLE
Manuel VALLS, vous restez avec nous jusqu'à 8h55 pour répondre aux questions des auditeurs de France Inter. 08:30:12.
[Partie Questions avec les auditeurs.]
MARC FAUVELLE
01 45 24 7000, c'est le numéro du standard de France Inter pour poser votre question à Manuel VALLS. C'est le numéro qu'a composé ce matin Christian, qui nous appelle de l'Ariège. Bonjour Christian, Manuel VALLS vous écoute.
CHRISTIAN, AUDITEUR DE L'ARIÈGE
Bonjour messieurs, bonjour monsieur VALLS.
MANUEL VALLS
Bonjour monsieur.
CHRISTIAN
Pensez-vous qu'on peut construire quelque chose de solide en humiliant un peuple ? Est-ce que le traité de Versailles n'est pas là pour rappeler à toute l'Europe et à l'Allemagne en particulier que c'est grave et dangereux d'humilier un peuple ? Voilà ma question, monsieur VALLS.
MARC FAUVELLE
Merci Christian ; Manuel VALLS vous répond.
MANUEL VALLS
Il ne faut jamais humilier un peuple, il ne faut jamais d'ailleurs humilier un gouvernement. C'est la raison pour laquelle nous avons considéré que le gouvernement d'Aléxis TSÍPRAS faisait un choix souverain en convoquant un réfrendum. Il faut écouter ce cri à la fois de fierté, d'inquiétude, de la part des Grecs. C'est pour cela que la position de la France a été constante, faire en sorte que la Grèce reste non seulement dans la zone euro mais ait pleinement tous les attributs de la souveraineté. Vous avez vu qu'il y a un débat sur ce fameux fonds de garantie qui serait doté aujourd'hui - les débats sont en cours donc je reste très prudent de cinquante milliards d'actifs de la Grèce.
MARC FAUVELLE
Qui serait regroupé en dehors de la Grèce.
MANUEL VALLS
Non. C'était la proposition initiale du ministre des Finances allemand et aujourd'hui ce fonds, si j'en crois les dernières informations que nous avons de cette nuit encore une fois, je suis prudent serait en Grèce géré bien sûr par les Grecs. C'est donc très important
MARC FAUVELLE
Il n'y a pas de mise sous tutelle, Manuel VALLS, de l'économie grecque ?
MANUEL VALLS
Non. Il y a des conditions pour réussir le redressement de la Grèce. Il est normal que quand l'Union européenne prête autant d'argent à la Grèce et au vu de ce que nous avons ces dernières années pu connaître, il est normal qu'il y ait et des questions et un contrôle et des conditions, mais le gouvernement grec, le peuple grec, reste pleinement souverain. Pour nous, c'est essentiel ; c'est ça la construction de l'Europe.
MARC FAUVELLE
Bonjour Martine. Manuel VALLS vous écoute, bienvenue sur France Inter.
MARTINE, AUDITRICE
Bonjour monsieur le Premier ministre.
MANUEL VALLS
Bonjour madame.
MARTINE
Je voulais vous poser la question de savoir si la crise grecque actuellement pouvait mettre en péril les rapports franco-allemands. Je pense que le temps de l'histoire est beaucoup plus long que le temps que nous avons actuellement avec une accélération de tous les moyens de communication. Je pense que nous entendons à nouveau proférer des mots, des menaces, et cætera, qui ne sont pas souhaitables d'entendre et je pense que ça n'arrange rien dans cette crise.
MARC FAUVELLE
Je ne sais pas si vous faites référence aux propos de Jean-Luc MELENCHON que je vais rappeler ici-même. C'était sur Twitter cette nuit : « Le gouvernement allemand, pour la troisième fois de son histoire est en train de détruire l'Europe » écrit Jean-Luc MELENCHON.
MANUEL VALLS
Madame, vous avez raison. L'histoire, elle peut être tragique. Si le gouvernement de la France et le président de la République ont agi ainsi, je le disais il y a un instant en répondant aux questions de Marc FAUVELLE, c'est parce que nous considérions que la Grèce ne pouvait pas sortir de la zone euro, c'est-à-dire tout simplement du coeur de l'Europe. L'un des pays au fond qui s'identifie le plus à l'Europe, c'est la déesse Europe, c'est la mythologie, c'est au fond le coeur même de notre civilisation. Si la Grèce sortait de la zone euro et rentrait dans un processus de sortie tout simplement de l'Europe pour les raisons que je rappelais il y a un instant géopolitiques, géostratégiques alors oui, l'Europe pouvait être défaite. Nous verrons dans les minutes et dans les heures qui viennent s'il y a cet accord ; je peux vous dire que le président de la République n'a pas ménagé sa peine parce qu'il savait qu'on était dans un moment historique pour l'Europe, mais il faut faire en même temps très attention. Tous ces mots, toutes ces insultes qui sont prononcés à l'égard de l'Allemagne sont insupportables. S'il y a un accord ce matin, et encore une fois je suis au conditionnel, c'est parce que la France et l'Allemagne ont travaillé de concert depuis des jours. Je ne crois pas à ces balivernes sur une rupture ou sur un éloignement du couple franco-allemand. L'histoire, vous savez, elle a changé depuis la réunification de l'Allemagne. Les rapports entre la France et l'Allemagne se sont modifiés, mais cela a été une position constante du président de la République : faire en sorte qu'à chaque fois, on trouve une solution avec la France et avec l'Allemagne qui soit ensuite proposée à la Grèce et aux autres pays. S'il y a accord c'est parce que le couple franco-allemand aura bien travaillé tout au long de cette nuit, en sachant que l'Allemagne a évidemment, je le disais tout à l'heure, son opinion. Il y a les débats, les contradictions au sein de la coalition, de la majorité, ce n'est pas à moi de les commenter. Nous en avons nous aussi et donc il faut également les respecter. Il faut en même temps que l'Allemagne entende également ce que pensent les autres pays. Je vous rappelle que c'est au sein du gouvernement allemand, au-delà même de l'opinion allemande, qu'il y avait le souhait de voir la Grèce sortir de la zone euro. Si la Grèce ne sort pas de la zone euro, c'est parce que la France a agi et c'est parce que la chancelière MERKEL aura ou aurait considéré que ce n'était pas la bonne solution.
DOMINIQUE SEUX
Il y a un point dont on parle moins ces dernières heures, c'est l'annulation d'une partie de la dette grecque. La France est-elle favorable comme Athènes à ce qu'on annule une partie de la dette grecque ? Est-ce que les contribuables européens, les créanciers finalement, seront remboursés un jour ? Est-ce que vous pouvez dire aux Français si les créances seront remboursées ?
MANUEL VALLS
Nous ne sommes pas favorables à l'annulation de la dette ou d'une partie de la dette et nous l'avons toujours dit. Nous sommes favorables à un traitement équilibré de la dette dans le temps, sans diminution de cette dette, mais cela doit permettre une restructuration de la dette comme on dit. Cela permettra à la Grèce de respirer, cela doit faire l'objet des discussions dans les semaines et dans les mois qui viennent.
MARC FAUVELLE
Frédéric nous appelle de la belle ville de Pau. Bonjour Frédéric, bienvenue sur l'antenne de France Inter.
FRÉDÉRIC, AUDITEUR DE PAU (PYRÉNÉES-ATLANTIQUES)
Bonjour à tous, bonjour monsieur VALLS. Juste une remarque pour monsieur Dominique SEUX. Si le contribuable a aujourd'hui une charge de la dette importante, c'est parce que les gouvernements, français en particulier, ont racheté la dette des banques ; c'est-à-dire que ce sont les banques qui devraient nous rembourser cette dette. Monsieur VALLS, je vous entendais ce matin décrire quels seraient les résultats catastrophiques d'une sortie de la Grèce ; on se demande pourquoi vous n'avez pas affirmé dès le début que la Grèce devait rester urbi et orbi dans l'euro. J'aurai donc deux questions à vous poser : comment les gouvernements européens qui ont jeté l'Europe dans la récession et la Grèce dans la misère osent-ils donner des leçons de gestion à la Grèce ? D'autre part, n'est-il pas temps de refaire un nouveau traité européen, d'en finir avec ce traité comptable de la concurrence sauvage pour un nouveau traité des projets solidaires ?
MANUEL VALLS
Mes convictions laïques ne me feront pas reprendre votre urbi et orbi, mais la France depuis le début, à la fois par respect vis-à-vis du peuple grec qui souhaite dans la zone le référendum n'était pas une question pour sortir ou pour rester dans la zone euro par respect vis-à-vis des Grecs qui ont en effet beaucoup souffert des politiques d'austérité mais aussi des erreurs d'un certain nombre de gouvernements. La position de la France a toujours été constante, aussi pour des raisons très géographiques, très politiques, pour l'histoire de l'Europe, a toujours été constante : la Grèce devait et doit rester dans la zone euro. Je suis confiant, je l'espère, dans l'accord qui sera signé et qui marquera la volonté de l'Europe entière de voir la Grèce rester dans la zone euro. Je suis confiant.
BRUCE DE GALZAIN
La Grèce pour l'instant s'en sort uniquement d'un point de vue économique grâce au soutien de la Banque centrale européenne. Les banques grecques étaient censées rouvrir aujourd'hui, il y a de fortes raisons pour qu'elles n'ouvrent pas. La prochaine échéance c'est le 20 juillet, c'est exactement dans une semaine, donc il n'y a pas d'accord politique, c'est la BCE qui gère tout ça. Est-ce normal que la BCE ait un rôle politique aujourd'hui ?
MANUEL VALLS
La Banque centrale européenne est d'abord indépendante mais elle attend un signal politique.
BRUCE DE GALZAIN
Mais il ne vient pas.
MANUEL VALLS
Il va venir. Je suis encore une fois confiant, peut-être même optimiste, sur l'accord qui pourrait être signé dans les minutes, qui pourrait être conclu dans les minutes qui viennent.
MARC FAUVELLE
« Il y a accord » dit il y a quelques instants le Premier ministre belge Charles MICHEL qui n'en dit pas plus. « Il y a accord à Bruxelles. »
MANUEL VALLS
Attendons. Les informations que j'ai depuis quelques secondes vont dans ce sens. Soyons prudents mais s'il y a accord, non seulement la Grèce reste dans la zone euro, non seulement ça veut dire que le président de la République a eu raison de se battre jusqu'au bout, que le couple franco-allemand a pleinement fonctionné au cours de ces dernières heures contrairement à tout ce qui a été dit depuis quelques jours, et ce signal politique permettra en effet à la Banque centrale européenne d'agir parce qu'il y a urgence pour que progressivement, avec méthode je suis prudent les banques puissent rouvrir et que la Grèce puisse sortir, si vous me permettez cette expression, de l'asphyxie qu'elle connaît aujourd'hui déjà depuis plusieurs semaines.
MARC FAUVELLE
Des questions sur les réseaux sociaux au Premier ministre, Bernadette CHAMONAZ.
BERNADETTE CHAMONAZ
Oui. Beaucoup de comparaisons entre la Grèce et la France sur les réseaux sociaux, monsieur le Premier ministre, toutes proportions gardées bien sûr.
MANUEL VALLS
Oui, il vaut mieux.
BERNADETTE CHAMONAZ
Mais l'inquiétude des internautes est réelle, on sent cette inquiétude. « Après la Grèce, l'Europe va-t-elle enfin imposer à la France les réformes structurelles nécessaires ? » se demande, vous demande @ingenu c'est son nom sur Twitter, ou encore cette question sur la dette française : « Quid de la dette française. »
MANUEL VALLS
Tous les pays sont endettés, la France, l'Allemagne, tous les pays sont endettés et parfois à un très haut niveau. On ne peut pas comparer la situation économique de la France et de la Grèce tout de même. Je vous le dis à l'égard de vos internautes anonymes : il y a des comparaisons qui n'ont pas lieu d'être. Les réformes de structure, nous les menons mais là aussi pas parce qu'on nous le demande mais parce qu'elles sont nécessaires pour la compétitivité, pour soutenir la croissance de notre pays et donc pour créer davantage d'emplois et faire baisser le chômage. Mais tout au long de ces derniers jours parce qu'il y a toujours en France un peu de tous les côtés de l'échiquier, et on le retrouve aussi sur les réseaux sociaux parfois, l'idée d'une forme de décadence de la France, de sortie de l'Histoire. Tout ce qui se passe aujourd'hui dans le monde est la démonstration du contraire. La France est en première ligne dans la lutte contre le terrorisme ; sans la France, le Mali aurait été désintégré ; la France est présente dans la coalition en Irak ; c'est Laurent FABIUS au nom de la France qui négocie pour trouver un accord sur l'Iran et c'est le président de la République qui est en train de permettre un accord au niveau de l'Union européenne. C'est essentiel. La France, c'est la deuxième économie européenne, c'est la cinquième du monde, c'est une grande puissance diplomatique et militaire, c'est une culture, c'est une langue, c'est une force et la parole de la France est respectée. Le rôle et la parole du chef de l'Etat de François HOLLANDE sont respectés dans le monde et nous sommes en train d'en faire la démonstration tous les jours. Il aura l'occasion de le rappeler demain à l'occasion du 14 Juillet. Puisqu'on n'est pas loin de cet accord, puisqu'on est en train de l'annoncer, moi je veux dire ma fierté d'être aux côtés de François HOLLANDE et de réussir aujourd'hui ce qui semblait impossible. Parce que tout au long du week-end, on nous disait qu'il y aurait un échec, que la Grèce allait peut-être sortir de la zone euro, et si la Grèce reste dans la zone aux conditions qui ont été rappelées, ça sera grâce à la France et grâce à François HOLLANDE.
MARC FAUVELLE
Il nous reste un peu plus de cinq minutes, Manuel VALLS. Beaucoup de questions à vous poser dont celle d'Anthony BELLANGER.
ANTHONY BELLANGER
Vous venez de l'évoquer, la France est engagée dans des négociations absolument cruciales en ce moment aux côtés des Etats-Unis et avec l'Iran, ça se passe à Vienne, ça devrait se terminer aujourd'hui. Est-ce que vous avez des nouvelles de ces négociations ?
MANUEL VALLS
On a des nouvelles de toutes les négociations. Laurent FABIUS d'ailleurs était avec nous hier matin à l'occasion d'un conseil restreint qui a eu lieu à l'Elysée et qui a traité à la fois du dossier grec, des discussions en cours à Bruxelles, mais aussi de l'Iran. Laurent FABIUS était optimiste sur les conclusions de cet accord mais il y avait encore du travail à faire.
MARC FAUVELLE
Joëlle nous appelle au standard de France Inter. Bonjour Joëlle, vous nous appelez de Nice et on vous écoute, le Premier ministre aussi.
JOËLLE, AUDITRICE DE NICE (ALPES-MARITIMES)
Messieurs, dames, bonjour. Ma question est : des économistes dénoncent le choix de l'austérité pour l'Europe, beaucoup d'économistes y compris les plus connus. Que faites-vous donc de ces avis ? Et deuxièmement, que devient la promesse de François HOLLANDE qu'il avait faite au moment de son élection de renégocier les traités ?
MARC FAUVELLE
La renégociation du traité !
MANUEL VALLS
Moi je considère que même si beaucoup de mes compatriotes, beaucoup de nos concitoyens souffrent et depuis longtemps de la crise économique, du chômage, de la précarité, je considère que nous ne sommes pas dans l'austérité. Si nous étions dans l'austérité, nous n'augmenterions pas les moyens de l'éducation nationale, six cents millions encore cette année ; nous ne créerions pas soixante mille postes d'enseignants au cours de ce quinquennat ; nous ne donnerions pas plus de moyens à la police, à la gendarmerie ou à nos forces armées. Ce sont des budgets en augmentation, le budget de la culture, celui de la création. Nous sommes dans cet été où les festivals aujourd'hui montrent aussi la force de notre culture et nous avons réglé également le problème des intermittents. La culture, le budget de la culture augmente donc ça veut bien dire que nous ne sommes pas dans une politique d'austérité, même s'il faut du sérieux budgétaire et qu'il faut évidemment faire baisser la dépense publique et lutter contre les déficits. Cette question des traités elle se pose et elle se posera d'une manière ou d'une autre. C'est-à-dire que de toute façon, il faudra tirer des leçons de cet épisode, de cette crise.
MARC FAUVELLE
C'est-à-dire ?
MANUEL VALLS
Ça veut dire qu'il faut retravailler sur comment renforcer la zone euro, sa gouvernance et sa gouvernance aussi démocratique. Quel doit être le rôle du Parlement européen ? Quel doit être le rôle des parlements nationaux ? C'est quoi un véritable gouvernement économique et politique de la zone euro avec donc davantage d'intégration ? Ces questions, je les ai rappelées à l'occasion du débat à l'Assemblée nationale mercredi dernier ; il faut désormais y répondre si nous voulons éviter de connaître le type de crise que nous avons vécue ces derniers jours.
DOMINIQUE SEUX
L'auditrice a évoqué les politiques économiques et d'austérité. Vous préparez en ce moment le projet de budget 2016 ces jours-ci, ces semaines-ci. Est-ce que vous pouvez garantir aux Français qu'il n'y aura pas de nouvelle hausse d'impôt dans le budget 2016 ? La question de la pause fiscale est évoquée depuis quand même assez longtemps. Est-ce qu'il n'y aura aucune, aucune hausse d'impôt en 2016 ? Et puis est-ce que pour les entreprises par ailleurs ça, c'était pour les particuliers pour les entreprises par ailleurs, le Pacte de responsabilité sera scrupuleusement respecté ou est-ce qu'on peut s'attendre à des petits ajustements ?
MANUEL VALLS
D'abord je veux rappeler qu'à la rentrée prochaine, neuf millions de foyers, neuf millions de ménages, verront l'impôt sur le revenu baisser et donc il n'y aura pas d'augmentation de la fiscalité. Pour ce qui concerne les entreprises, le Pacte de responsabilité, ces quarante milliards consacrés à la baisse du coût du travail, à la baisse de la fiscalité pour les entreprises pour soutenir la compétitivité des entreprises et notamment des PME, des PMI et des TPE, ce Pacte sera toujours préservé. Il y aura une évaluation sur l'efficacité du Pacte nous l'avions déjà dit sur le CICE.
MARC FAUVELLE
Que vous attendez pour quand ?
MANUEL VALLS
Dans les semaines qui viennent mais une politique économique, une politique fiscale repose sur la constance, sur la clarté, sur la visibilité pour l'ensemble des acteurs et notamment pour les acteurs économiques mais ce sera l'un des débats de la loi de finance.
DOMINIQUE SEUX
Pour les particuliers, zéro hausse d'impôt. Il n'y aura pas de petites choses, vous savez, on découvre discrètement des petites hausses par-ci, par-là. Il y a des débats de dernière minute. Ce matin, vous nous dites non.
MANUEL VALLS
Il y a toujours des évolutions dans la fiscalité de chaque particulier.
MARC FAUVELLE
Il y aura peut-être des taxes qui vont augmenter, non ?
MANUEL VALLS
Non, je n'ai pas dit ça. Mais il y a des évolutions, tout simplement parce que les bases locatives évoluent et quand un gouvernement annonce une baisse d'impôt, vous trouvez toujours des gens qui voient leur impôt augmenter parce que leurs revenus ont changé, parce que les bases locatives ont évolué mais il n'y aura aucune augmentation d'impôt dans le projet de loi de finance.
MARC FAUVELLE
Un mot très rapidement Manuel VALLS. Votre garde des Sceaux, Christiane TAUBIRA, souhaite rouvrir le débat sur le cannabis en France, légalisation ou dépénalisation. Est-ce que vous aussi vous voulez rouvrir ce débat ?
MANUEL VALLS
On peut toujours débattre, mais pour ce qui concerne le gouvernement, le débat est clos.
MARC FAUVELLE
Donc ça sert à quoi de débattre ?
MANUEL VALLS
On peut toujours débattre de ces questions mais le gouvernement ne prendra aucune initiative qui légalise, autorise, dépénalise l'usage du cannabis qui reste un vrai problème de santé publique, de prévention bien évidemment mais la position du gouvernement et du président de la République est très claire sur ce sujet-là depuis 2012 et vous connaissez mes positions, celles que j'ai déjà eu l'occasion de prendre notamment quand j'étais ministre de l'Intérieur.
MARC FAUVELLE
Merci Manuel VALLS d'être venu ce matin au micro de France Inter. Merci à vous et merci aux auditeurs également qui ont bien voulu appeler le standard de France Inter.Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 juillet 2015