Texte intégral
« Savoir, c'est pouvoir ». Je me réfère souvent à cette phrase du scientifique et philosophe anglais Francis Bacon, que j'ai faite accrocher à l'entrée de mon cabinet. Parce que derrière cette phrase, il y a une grande idée : la progression de nos connaissances multiplie nos capacités d'action. Savoir, c'est permettre aux pouvoirs publics d'agir. Savoir, c'est permettre à nos concitoyens de s'emparer des sujets qui touchent à leur quotidien et ainsi de faire valoir leurs droits.
Cette philosophie, elle est au cur des missions de l'ANSES. Depuis 5 ans votre agence évalue les risques que font porter l'environnement, l'alimentation et le travail sur les consommateurs et les travailleurs. Au service de la santé des Français, l'agence informe, préconise, recommande, interpelle. Nous le savons, les enjeux environnementaux au sens large du terme- préoccupent nos concitoyens. Ils savent que l'air qu'ils respirent, les produits auxquels ils sont exposés, les aliments qu'ils consomment, ont un impact sur leur santé. Ils attendent de nous, responsables politiques, que nous agissions pour les protéger. Et c'est en nous appuyant sur vos travaux que nous le faisons.
L'inauguration de vos nouveaux locaux est une étape importante. Elle marque, d'abord, l'aboutissement du développement réussi de votre agence. Elle ouvre, ensuite, la voie à un renforcement de vos missions.
1. En 5 ans, l'ANSES est devenue un acteur incontournable de la sécurité sanitaire.
1. Son expertise est reconnue en France et à l'international, parce qu'elle est construite sur une approche transversale, résolument moderne.
Ce qui est profondément novateur, c'est bien l'idée d'une « approche globale » de la sécurité sanitaire. Vous appréhendez la sécurité sanitaire dans une perspective transversale, intégrant santé humaine, santé animale, santé végétale et santé des écosystèmes et de la biodiversité. Cette approche est très largement soutenue par les organisations internationales, notamment l'organisation mondiale de la Santé (OMS). Vous disposez aujourd'hui d'une très forte crédibilité auprès des Français, et d'une large visibilité en Europe et à l'international.
Risques liés aux agents physiques, biologiques et chimiques. Risques au travail, dans les transports, pendant les loisirs, ou encore via l'alimentation. En un sens, vous êtes devenu « l'agence des risques du quotidien » pour les Français. Cela, vous le devez beaucoup à votre personnel et à vos scientifiques dont je veux saluer le travail.
Une agence moderne, vous l'êtes donc par l'objet de vos travaux, mais vous l'êtes aussi dans votre fonctionnement. Vous êtes une agence de la démocratie sanitaire. Votre conseil d'administration regroupe associations, syndicats, fédérations professionnelles et élus. Un comité de déontologie et de prévention des conflits garantit la qualité et l'indépendance de votre expertise. L'ANSES est ainsi devenue un modèle de transparence : en encourageant les démarches participatives, elle permet à la société civile de s'exprimer et de faire valoir ses droits.
2. Ces nouveaux locaux et le regroupement de l'ensemble des équipes sur un seul site vont donner une nouvelle impulsion à l'agence.
Ce nouvel immeuble, situé sur le campus de l'école vétérinaire à Maisons-Alfort, a été baptisé « Copernic ». Le choix de ce nom est évidemment tout sauf anodin ! Nicolas Copernic, c'est le symbole même du scientifique doté de la qualité rare mais essentielle - de savoir remettre en cause des croyances solidement ancrées. Proposer des ruptures radicales en allant au-delà de la simple observation, tout un programme pour l'ANSES ! Ces locaux sont situés à proximité immédiate des laboratoires, ce sera donc plus de fluidité et plus de coopérations scientifiques. A quelques mois de la COP21 comment ne pas noter que votre nouveau bâtiment est labellisé « haute qualité environnementale » ? Il est alimenté par la géothermie et consomme très peu d'énergie. A l'ANSES, la transition énergétique est pleinement engagée !
2. Dans ces nouveaux locaux, vous aurez au cours des prochaines années à traiter de sujets majeurs pour la santé des Français.
C'est à se demander si, ces dernières années, il y a eu une loi d'importance qui ne concernait pas l'ANSES ! La loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt, et le projet de loi sur la biodiversité, l'ont encore montré récemment. Le projet de loi de modernisation de notre système de santé, que je porte actuellement au Parlement, s'inscrit pleinement dans l'idée d'une approche globale de la santé. Il s'appuie, pour beaucoup, sur les analyses portées par l'ANSES que votre directeur général Marc MORTUREUX nous avait présentées lors de la conférence environnementale de novembre dernier. Avec Stéphane LE FOLL, François REBSAMEN et Geneviève FIORASO, nous avions discuté des impacts du changement climatique sur la santé. Le projet de loi que je porte s'est très largement appuyé sur les conclusions de ces journées.
Avec ce texte, nous introduisons la notion d'exposome dans la définition de notre politique de santé. Tous les risques auxquels un individu est exposé dans sa vie via son environnement seront enfin pris en compte. C'est une avancée majeure, très attendue. C'est aussi un défi pour nous tous. En matière de pollution de l'air, le projet de loi contient des mesures fortes pour mieux informer le grand public. La communication sur l'impact sanitaire de la pollution de l'air sera plus importante, plus précise, plus accessible. S'agissant de l'air intérieur, le texte renforce la lutte contre le radon, dont l'ANSES a souligné la nocivité.
Le texte introduit de nouvelles dispositions s'agissant de la qualité de l'alimentation. Nous créons une information nutritionnelle simple et accessible à tous sur les emballages alimentaires. Les modalités de cet étiquetage seront définies par décret en Conseil d'État, après avis de l'ANSES. Vous aurez donc un rôle à jouer dans la mise en place de ce dispositif très attendu par nos concitoyens.
En matière de perturbateurs endocriniens, la France assume à nouveau son rôle pionnier à l'échelle mondiale. Nous avons déjà interdit le Bisphenol A dans les biberons, puis dans l'ensemble des contenants alimentaires. Avec ce texte, il sera désormais interdit de l'utiliser dans la fabrication des jouets pour enfants.
Enfin, l'ANSES doit devenir un acteur central de la toxicovigilance. La visite que nous venons d'effectuer au sein de votre laboratoire de sécurité sanitaire des aliments a bien montré que vous êtes à la pointe de l'innovation en matière d'identification des contaminations. Grâce aux nouvelles technologies de séquençage et de biologie moléculaire haut débit, vous pouvez aujourd'hui identifier de manière précise et rapide les contaminations environnementales ou industrielles.
Le projet de loi vous confie la mission d'assurer la mise en uvre du système de toxicovigilance. Vous en définirez les orientations, coordonnerez les actions des différents intervenants et participerez à l'évaluation scientifique des informations recueillies. Je sais pouvoir compter sur la mobilisation de vos équipes.
Mesdames et messieurs,
De nouveaux locaux pour une nouvelle page dans l'histoire de l'ANSES. Vous aurez ici tous les instruments pour poursuivre votre action et votre engagement au service de la sécurité sanitaire des Français. Vous pourrez compter sur le soutien et l'écoute du Gouvernement dans la réalisation de vos recherches, de vos expertises et - pourquoi pas de révolutions coperniciennes !
Je vous remercie.
Source http://www.social-sante.gouv.fr, le 17 juillet 2015