Texte intégral
THOMAS SOTTO
L'interview politique d'Europe 1, Jean-Pierre ELKABBACH vous recevez ce matin le secrétaire d'Etat en charge des Transports Alain VIDALIES, au coeur de l'actualité après la tentative d'attentat dans le Thalys, messieurs c'est à vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Comme nous des millions de Français sont en train de rentrer, le plus souvent en train, et en provenance de toute l'Europe, l'inquiétude gagne. Merci d'être avec nous, bienvenue Alain VIDALIES. Pour leur sécurité, qu'est-ce que vous allez renforcer concrètement ?
ALAIN VIDALIES
Concrètement nous allons continuer à renforcer les mesures de sécurité, ça veut dire être très présent avec des moyens humains, militaires, policiers, notamment sur ce qu'on appelle le contrôle aléatoire des bagages, qu'il faut renforcer.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire, contrôle aléatoire ?
ALAIN VIDALIES
Ça veut dire qu'il y a des personnels spécialisés qui peuvent venir dire « Monsieur vous ouvrez votre sac » et, s'il y a un doute, « vous ne pouvez pas monter dans le train », c'est ces mesures-là qui sont aujourd'hui les plus efficaces.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais à quels signes un passager devient-il un suspect ?
ALAIN VIDALIES
C'est un travail de policier, c'est un travail de formation, que les gens connaissent, et c'est probablement, aujourd'hui, l'une des mesures les plus efficaces, elle existe déjà, nous allons la renforcer en liaison avec la SNCF.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc des fouilles aléatoires et discriminatoires, comme disait tout à l'heure un invité spécialisé.
ALAIN VIDALIES
Vous savez, chaque fois qu'on parle de fouilles aléatoires il y a quelqu'un qui dit « oui, mais ça risque d'être discriminatoire », eh bien écoutez, moi je préfère qu'on discrimine effectivement, pour être efficace, plutôt que de rester spectateurs.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le patron de la SNCF, Guillaume PEPY, parlait de contrôle et de visualisation des bagages.
ALAIN VIDALIES
Oui, le contrôle et la visualisation des bagages, c'est exactement la même chose, c'est-à-dire effectivement avoir une vigilance permanente sur la question des bagages, qui est une des mesures les plus efficaces en matière de sécurité sur les trains.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pourtant, quand il est monté à bord, EL KHAZZANI, il avait sa valise, son sac, sa kalachnikov, qui l'a remarqué ? Personne.
ALAIN VIDALIES
Il est monté dans le train, d'abord il est monté dans le train
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Chez les Belges.
ALAIN VIDALIES
Apparemment à Bruxelles, mais, effectivement, il y a aussi la question de la vigilance citoyenne. Nous sommes dans une situation c'est 2 milliards, 2 milliards de voyageurs par an sur l'ensemble des trains du réseau
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Par rapport aux avions, c'est combien par an ?
ALAIN VIDALIES
Les avions c'est 140 millions, c'est 20 fois plus dans les trains, ce qui montre bien qu'un certain nombre de solutions qui paraissent, comme ça, évidentes, ne sont pas transposables.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc jamais de portiques dans les gares ?
ALAIN VIDALIES
Pas jamais de portiques, ça peut se faire d'une manière précise, ponctuelle, éventuellement sur certains trains, ce que font par exemple les Espagnols, mais il n'y a aucun pays, aujourd'hui en Europe, qui a le même système transposé de l'aérien vers le ferroviaire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et puis ça coûterait un argent fou, je suppose, pour transformer les gares.
ALAIN VIDALIES
Oui, je pense que ça demanderait probablement plusieurs années.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'avec Manuel VALLS, Bernard CAZENEUVE, Jean-Yves LE DRIAN, vous préparez aussi des mesures qui sont encore confidentielles ?
ALAIN VIDALIES
Il y a toujours un travail sur ces questions-là. depuis le moment où le président de la République, le Premier ministre, ont annoncé le plan Vigipirate nous sommes aujourd'hui avec un système qui est le plus important qui n'ait jamais été mis en place en France, 30.000 fonctionnaires, de police, militaires, sont aujourd'hui sur les lieux, 5000 lieux qui sont protégés, et principalement les gares. Nous avons une vigilance, chacun le voit.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous vous dites bien qu'une gare ne peut jamais être traitée comme un aéroport ?
ALAIN VIDALIES
Mais une gare ne peut pas être traitée comme un aéroport, mais ça veut dire justement qu'il faut ces mesures spécifiques, et chacun voit aujourd'hui la présence des militaires et des policiers.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous dites le numéro un, vert, de vigilance citoyenne, ça c'est le mot à la mode, va fonctionner à partir du 1er septembre.
ALAIN VIDALIES
Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce sera le numéro 31.17. Donc, on peut penser que des dénonciations vont se multiplier contre et Thomas le disait tout à l'heure les visages basanés, colorés, les barbus. Comment éviter les délits de faciès, Monsieur VIDALIES ?
ALAIN VIDALIES
Vous savez, il ne faut pas rester si j'ose dire l'arme au pied dans cette affaire. Effectivement, quand on parle du contrôle des bagages, on dit « ah oui, mais ça risque d'être discriminatoire », quand on parle des appels qui sont le résultat de la vigilance citoyenne, on dit « attention, il va y avoir des débordements », c'est vrai, mais justement, il faut des professionnels, c'est le travail des militaires, c'est le travail des policiers, c'est le travail de ceux qui seront justement à l'coute au 31.17, et ils savent le faire. Mais imaginez quand même la situation, vous êtes aujourd'hui dans un train - quand il vous arrive un problème de santé, vous savez qu'on fait le SAMU, c'est le 15, ou les pompiers, c'est le 18, est-ce que les Français connaissent un numéro pour justement appeler s'ils sont témoins de ce genre de situation ? Non.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais quand c'est le Paris-Lille qui est direct, qui vous appelez ? Vendredi, qui il aurait fallu appeler ?
ALAIN VIDALIES
Mais le 31.17
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On peut arrêter les trains, dans ces conditions on arrêterait les trains ?
ALAIN VIDALIES
Mais évidemment, évidemment, il y a un lien direct qui se fait, entre celui qui reçoit l'appel, la mobilisation des forces de police. Ce n'est pas le remède miracle, ce n'est pas la réponse
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il n'y a pas de remède miracle.
ALAIN VIDALIES
Il n'y en n'a pas, et ce n'est pas la réponse unique du gouvernement. La réponse c'est ce que nous avons mis en place, 30.000 fonctionnaires sur le terrain, c'est ça
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais Monsieur VIDALIES, pardon de vous dire les miracles ne peuvent pas se reproduire tout le temps. Il y a des risques qu'un événement prenne une plus grande ampleur, et qu'il faut prévenir.
ALAIN VIDALIES
Justement, je vous réponds que ce niveau là bien sûr prévenir mais celui qui viendrait pour dire aujourd'hui nous avons toutes les réponses, non. Ce que je pense, les citoyens peuvent nous demander, c'est de faire tous les efforts, et le gouvernement le fait.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, vous avez parlé des espagnols. Presque toutes les gares de grandes lignes sont maintenant contrôlées depuis 2004, l'attentat terrible qu'ils ont connu, et puis d'autre part il y a l'Eurostar, les contrôles sont stricts, je sais bien qu'il n'y a pas Schengen là, parce qu'il y a un problème de frontière, mais comment on peut accepter qu'il y ait des contrôles sur l'Eurostar et pas pour les TGV qui vont à Marseille, à Toulouse, etc. ? Comment accepter, longtemps encore, deux systèmes ?
ALAIN VIDALIES
D'abord parce que Schengen, vous avez fait la question et la réponse. En réalité, Schengen, il y a des contrôles parce que justement pardon, l'Eurostar parce qu'on sort de Schengen, et donc c'est comme si vous franchissez une frontière, donc c'est quelque chose de très particulier. Et les Espagnols ont mis en place ce système uniquement sur quelques lignes, TGV, il n'y a aucun pays, aujourd'hui, en Europe, qui a un système de contrôle préalable dans le transport.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais, par exemple, KHAZZANI, là, il se dit SDF, il voyage d'Espagne, en Belgique, en Allemagne, en Autriche, sans doute en France, librement, librement, sans ressource, sans papier, sans complice. Comment imaginez cela ?
ALAIN VIDALIES
Ça, sans ressource, sans papiers, je n'en sais rien, je n'ai pas toutes ces informations, mais il est rentré la seule chose que l'on sait aujourd'hui, c'est qu'il est rentré dans l'espace Schengen, c'est-à-dire en Europe, par l'Espagne, depuis 2006.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc il y a une faiblesse de l'Espagne à ce moment-là, et le type, à l'intérieur, peut circuler. Est-ce que ça ne veut pas dire qu'il faudra renforcer, Monsieur VIDALIES, Schengen aux frontières nationales, pas remettre en cause Schengen, mais le renforcer pour plus de sécurité ?
ALAIN VIDALIES
Le problème de Schengen, c'est soit vous acceptez qu'il y ait un espace avec un contrôle aux frontières de cet espace, soit vous recréez des frontières nationales, ça paraît souvent une solution de facilité. Imaginez un instant que ce soit la France seule qui ait à protéger ses frontières, ce n'est pas un Calais qu'on aurait, c'est des dizaines de Calais avec des gens qui voudraient venir ici. Donc je crois que la construction de Schengen, probablement, elle peut être améliorée, Bernard CAZENEUVE y travaille, mais c'est aujourd'hui la construction européenne en matière de sécurité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous dites, Alain VIDALIES, que les Etats européens ne devront pas être chez eux impuissants face à la guerre multiforme qui leur est livrée aujourd'hui par le terrorisme ?
ALAIN VIDALIES
Ecoutez, les Etats européens, et la France en premier lieu, mais les autres pays aussi, ils sont dans cette situation, de vigilance, de combat, ils le savent, on sait ce qui se passe, on connaît l'origine, mais il ne faut pas baisser les prix. Et quand on dit le gouvernement a aujourd'hui comme principale priorité la sécurité des Français, mais qu'on appelle aussi à la vigilance citoyenne, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que c'est l'esprit du 11 janvier, ça veut dire qu'il faut qu'on résiste, mais qu'on résiste, pas simplement le gouvernement, pas simplement l'Etat
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Nous devons être tous des héros, alors ça, c'est du boulot !
ALAIN VIDALIES
Mais nous devons tous être des héros, nous devons surtout tous être des citoyens libres dans une République dont la devise est : liberté, égalité, fraternité
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dans les trains internationaux, est-ce qu'il faut armer les contrôleurs ?
ALAIN VIDALIES
Dans les trains internationaux
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a déjà 3.000, mais est-ce qu'il faut les armer, les entraîner ?
ALAIN VIDALIES
D'abord, il y a déjà des patrouilles armées qui circulent dans ces trains, nous sommes en train de faire un travail, ça aussi, c'est très concret, depuis quelques jours, on ne peut pas annoncer le résultat avec les gouvernements belges et des Pays-Bas pour essayer d'améliorer la situation mais sur les THALYS, mais ça ne règle pas toute la question du ferroviaire évidemment.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On est parti pour un long travail. Vous êtes un fervent d'une démocratie sociale, ça, je le lis souvent, vous avez la compétence. Est-ce qu'il est vrai que vous refusez d'être ministre du Travail ?
ALAIN VIDALIES
Eh bien, je pense que, d'abord, c'est une question qui appartient uniquement au président de la République et au Premier ministre
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous, si on vous proposait le poste, vous ne diriez pas non, alors, si je comprends ?
ALAIN VIDALIES
Eh bien, j'essaie d'être cohérent, c'est-à-dire que, je ne peux pas, à la fois, dire que cette question appartient uniquement au président de la République et qu'il n'y a que lui et le Premier ministre qui peuvent me la poser, et puis, vous répondre ce matin.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, le ministre du Travail, il paie les pots cassés par Bercy, par le MEDEF et par les syndicats, il devient vite le bouc émissaire du chômage. Est-ce que le vrai, les vrais ministres du Travail, si vous me permettez, sont ceux qui, d'abord, relancent l'économie et l'emploi, c'est-à-dire qui sont à Bercy, non ?
ALAIN VIDALIES
Mais, il y a quelque chose de vrai dans votre question, c'est que, ce n'est pas le ministre du Travail qui est responsable tout seul de la politique économique du gouvernement, mais en même temps, il n'y a qu'une seule politique économique du gouvernement, c'est donc une équipe. Et quant à la question de la démocratie sociale, peut-être que, effectivement, il y a des tensions, il y a des difficultés, mais je crois beaucoup, je crois beaucoup à ce qu'on puisse avancer par du dialogue à l'intérieur de l'entreprise, à l'intérieur
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien. Manuel VALLS et surtout le président de la République vous ont écouté ce matin. Dernière remarque, à Calais, deux bateaux ferries sont occupés par 600 salariés depuis un mois. On peut se demander si c'est admissible, c'est MyFerryLink, un vieux conflit, la coopérative a échoué, EUROTUNNEL n'en veut plus, est-ce que c'est l'Etat qui va casquer là encore ?
ALAIN VIDALIES
Ce n'est certainement pas l'Etat qui va casquer, c'est aujourd'hui une négociation avec un repreneur, avec EUROTUNNEL. Et mon objectif, depuis le début, c'est de sauver un maximum d'emplois.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous demandez la liberté du travail, là ?
ALAIN VIDALIES
Bien sûr, je demande que les bateaux soient libérés et que, en contrepartie, on puisse sauver un maximum d'emplois.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bonne journée. Vous allez à l'Elysée, là, pour les décorations des Américains, les Français, ça sera plus tard, c'est ça ?
ALAIN VIDALIES
Les héros, et les deux Français, ce sera plus tard.Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 août 2015
L'interview politique d'Europe 1, Jean-Pierre ELKABBACH vous recevez ce matin le secrétaire d'Etat en charge des Transports Alain VIDALIES, au coeur de l'actualité après la tentative d'attentat dans le Thalys, messieurs c'est à vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Comme nous des millions de Français sont en train de rentrer, le plus souvent en train, et en provenance de toute l'Europe, l'inquiétude gagne. Merci d'être avec nous, bienvenue Alain VIDALIES. Pour leur sécurité, qu'est-ce que vous allez renforcer concrètement ?
ALAIN VIDALIES
Concrètement nous allons continuer à renforcer les mesures de sécurité, ça veut dire être très présent avec des moyens humains, militaires, policiers, notamment sur ce qu'on appelle le contrôle aléatoire des bagages, qu'il faut renforcer.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire, contrôle aléatoire ?
ALAIN VIDALIES
Ça veut dire qu'il y a des personnels spécialisés qui peuvent venir dire « Monsieur vous ouvrez votre sac » et, s'il y a un doute, « vous ne pouvez pas monter dans le train », c'est ces mesures-là qui sont aujourd'hui les plus efficaces.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais à quels signes un passager devient-il un suspect ?
ALAIN VIDALIES
C'est un travail de policier, c'est un travail de formation, que les gens connaissent, et c'est probablement, aujourd'hui, l'une des mesures les plus efficaces, elle existe déjà, nous allons la renforcer en liaison avec la SNCF.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc des fouilles aléatoires et discriminatoires, comme disait tout à l'heure un invité spécialisé.
ALAIN VIDALIES
Vous savez, chaque fois qu'on parle de fouilles aléatoires il y a quelqu'un qui dit « oui, mais ça risque d'être discriminatoire », eh bien écoutez, moi je préfère qu'on discrimine effectivement, pour être efficace, plutôt que de rester spectateurs.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le patron de la SNCF, Guillaume PEPY, parlait de contrôle et de visualisation des bagages.
ALAIN VIDALIES
Oui, le contrôle et la visualisation des bagages, c'est exactement la même chose, c'est-à-dire effectivement avoir une vigilance permanente sur la question des bagages, qui est une des mesures les plus efficaces en matière de sécurité sur les trains.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pourtant, quand il est monté à bord, EL KHAZZANI, il avait sa valise, son sac, sa kalachnikov, qui l'a remarqué ? Personne.
ALAIN VIDALIES
Il est monté dans le train, d'abord il est monté dans le train
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Chez les Belges.
ALAIN VIDALIES
Apparemment à Bruxelles, mais, effectivement, il y a aussi la question de la vigilance citoyenne. Nous sommes dans une situation c'est 2 milliards, 2 milliards de voyageurs par an sur l'ensemble des trains du réseau
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Par rapport aux avions, c'est combien par an ?
ALAIN VIDALIES
Les avions c'est 140 millions, c'est 20 fois plus dans les trains, ce qui montre bien qu'un certain nombre de solutions qui paraissent, comme ça, évidentes, ne sont pas transposables.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc jamais de portiques dans les gares ?
ALAIN VIDALIES
Pas jamais de portiques, ça peut se faire d'une manière précise, ponctuelle, éventuellement sur certains trains, ce que font par exemple les Espagnols, mais il n'y a aucun pays, aujourd'hui en Europe, qui a le même système transposé de l'aérien vers le ferroviaire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et puis ça coûterait un argent fou, je suppose, pour transformer les gares.
ALAIN VIDALIES
Oui, je pense que ça demanderait probablement plusieurs années.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'avec Manuel VALLS, Bernard CAZENEUVE, Jean-Yves LE DRIAN, vous préparez aussi des mesures qui sont encore confidentielles ?
ALAIN VIDALIES
Il y a toujours un travail sur ces questions-là. depuis le moment où le président de la République, le Premier ministre, ont annoncé le plan Vigipirate nous sommes aujourd'hui avec un système qui est le plus important qui n'ait jamais été mis en place en France, 30.000 fonctionnaires, de police, militaires, sont aujourd'hui sur les lieux, 5000 lieux qui sont protégés, et principalement les gares. Nous avons une vigilance, chacun le voit.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous vous dites bien qu'une gare ne peut jamais être traitée comme un aéroport ?
ALAIN VIDALIES
Mais une gare ne peut pas être traitée comme un aéroport, mais ça veut dire justement qu'il faut ces mesures spécifiques, et chacun voit aujourd'hui la présence des militaires et des policiers.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous dites le numéro un, vert, de vigilance citoyenne, ça c'est le mot à la mode, va fonctionner à partir du 1er septembre.
ALAIN VIDALIES
Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce sera le numéro 31.17. Donc, on peut penser que des dénonciations vont se multiplier contre et Thomas le disait tout à l'heure les visages basanés, colorés, les barbus. Comment éviter les délits de faciès, Monsieur VIDALIES ?
ALAIN VIDALIES
Vous savez, il ne faut pas rester si j'ose dire l'arme au pied dans cette affaire. Effectivement, quand on parle du contrôle des bagages, on dit « ah oui, mais ça risque d'être discriminatoire », quand on parle des appels qui sont le résultat de la vigilance citoyenne, on dit « attention, il va y avoir des débordements », c'est vrai, mais justement, il faut des professionnels, c'est le travail des militaires, c'est le travail des policiers, c'est le travail de ceux qui seront justement à l'coute au 31.17, et ils savent le faire. Mais imaginez quand même la situation, vous êtes aujourd'hui dans un train - quand il vous arrive un problème de santé, vous savez qu'on fait le SAMU, c'est le 15, ou les pompiers, c'est le 18, est-ce que les Français connaissent un numéro pour justement appeler s'ils sont témoins de ce genre de situation ? Non.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais quand c'est le Paris-Lille qui est direct, qui vous appelez ? Vendredi, qui il aurait fallu appeler ?
ALAIN VIDALIES
Mais le 31.17
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On peut arrêter les trains, dans ces conditions on arrêterait les trains ?
ALAIN VIDALIES
Mais évidemment, évidemment, il y a un lien direct qui se fait, entre celui qui reçoit l'appel, la mobilisation des forces de police. Ce n'est pas le remède miracle, ce n'est pas la réponse
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il n'y a pas de remède miracle.
ALAIN VIDALIES
Il n'y en n'a pas, et ce n'est pas la réponse unique du gouvernement. La réponse c'est ce que nous avons mis en place, 30.000 fonctionnaires sur le terrain, c'est ça
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais Monsieur VIDALIES, pardon de vous dire les miracles ne peuvent pas se reproduire tout le temps. Il y a des risques qu'un événement prenne une plus grande ampleur, et qu'il faut prévenir.
ALAIN VIDALIES
Justement, je vous réponds que ce niveau là bien sûr prévenir mais celui qui viendrait pour dire aujourd'hui nous avons toutes les réponses, non. Ce que je pense, les citoyens peuvent nous demander, c'est de faire tous les efforts, et le gouvernement le fait.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, vous avez parlé des espagnols. Presque toutes les gares de grandes lignes sont maintenant contrôlées depuis 2004, l'attentat terrible qu'ils ont connu, et puis d'autre part il y a l'Eurostar, les contrôles sont stricts, je sais bien qu'il n'y a pas Schengen là, parce qu'il y a un problème de frontière, mais comment on peut accepter qu'il y ait des contrôles sur l'Eurostar et pas pour les TGV qui vont à Marseille, à Toulouse, etc. ? Comment accepter, longtemps encore, deux systèmes ?
ALAIN VIDALIES
D'abord parce que Schengen, vous avez fait la question et la réponse. En réalité, Schengen, il y a des contrôles parce que justement pardon, l'Eurostar parce qu'on sort de Schengen, et donc c'est comme si vous franchissez une frontière, donc c'est quelque chose de très particulier. Et les Espagnols ont mis en place ce système uniquement sur quelques lignes, TGV, il n'y a aucun pays, aujourd'hui, en Europe, qui a un système de contrôle préalable dans le transport.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais, par exemple, KHAZZANI, là, il se dit SDF, il voyage d'Espagne, en Belgique, en Allemagne, en Autriche, sans doute en France, librement, librement, sans ressource, sans papier, sans complice. Comment imaginez cela ?
ALAIN VIDALIES
Ça, sans ressource, sans papiers, je n'en sais rien, je n'ai pas toutes ces informations, mais il est rentré la seule chose que l'on sait aujourd'hui, c'est qu'il est rentré dans l'espace Schengen, c'est-à-dire en Europe, par l'Espagne, depuis 2006.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc il y a une faiblesse de l'Espagne à ce moment-là, et le type, à l'intérieur, peut circuler. Est-ce que ça ne veut pas dire qu'il faudra renforcer, Monsieur VIDALIES, Schengen aux frontières nationales, pas remettre en cause Schengen, mais le renforcer pour plus de sécurité ?
ALAIN VIDALIES
Le problème de Schengen, c'est soit vous acceptez qu'il y ait un espace avec un contrôle aux frontières de cet espace, soit vous recréez des frontières nationales, ça paraît souvent une solution de facilité. Imaginez un instant que ce soit la France seule qui ait à protéger ses frontières, ce n'est pas un Calais qu'on aurait, c'est des dizaines de Calais avec des gens qui voudraient venir ici. Donc je crois que la construction de Schengen, probablement, elle peut être améliorée, Bernard CAZENEUVE y travaille, mais c'est aujourd'hui la construction européenne en matière de sécurité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous dites, Alain VIDALIES, que les Etats européens ne devront pas être chez eux impuissants face à la guerre multiforme qui leur est livrée aujourd'hui par le terrorisme ?
ALAIN VIDALIES
Ecoutez, les Etats européens, et la France en premier lieu, mais les autres pays aussi, ils sont dans cette situation, de vigilance, de combat, ils le savent, on sait ce qui se passe, on connaît l'origine, mais il ne faut pas baisser les prix. Et quand on dit le gouvernement a aujourd'hui comme principale priorité la sécurité des Français, mais qu'on appelle aussi à la vigilance citoyenne, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que c'est l'esprit du 11 janvier, ça veut dire qu'il faut qu'on résiste, mais qu'on résiste, pas simplement le gouvernement, pas simplement l'Etat
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Nous devons être tous des héros, alors ça, c'est du boulot !
ALAIN VIDALIES
Mais nous devons tous être des héros, nous devons surtout tous être des citoyens libres dans une République dont la devise est : liberté, égalité, fraternité
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dans les trains internationaux, est-ce qu'il faut armer les contrôleurs ?
ALAIN VIDALIES
Dans les trains internationaux
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a déjà 3.000, mais est-ce qu'il faut les armer, les entraîner ?
ALAIN VIDALIES
D'abord, il y a déjà des patrouilles armées qui circulent dans ces trains, nous sommes en train de faire un travail, ça aussi, c'est très concret, depuis quelques jours, on ne peut pas annoncer le résultat avec les gouvernements belges et des Pays-Bas pour essayer d'améliorer la situation mais sur les THALYS, mais ça ne règle pas toute la question du ferroviaire évidemment.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On est parti pour un long travail. Vous êtes un fervent d'une démocratie sociale, ça, je le lis souvent, vous avez la compétence. Est-ce qu'il est vrai que vous refusez d'être ministre du Travail ?
ALAIN VIDALIES
Eh bien, je pense que, d'abord, c'est une question qui appartient uniquement au président de la République et au Premier ministre
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous, si on vous proposait le poste, vous ne diriez pas non, alors, si je comprends ?
ALAIN VIDALIES
Eh bien, j'essaie d'être cohérent, c'est-à-dire que, je ne peux pas, à la fois, dire que cette question appartient uniquement au président de la République et qu'il n'y a que lui et le Premier ministre qui peuvent me la poser, et puis, vous répondre ce matin.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, le ministre du Travail, il paie les pots cassés par Bercy, par le MEDEF et par les syndicats, il devient vite le bouc émissaire du chômage. Est-ce que le vrai, les vrais ministres du Travail, si vous me permettez, sont ceux qui, d'abord, relancent l'économie et l'emploi, c'est-à-dire qui sont à Bercy, non ?
ALAIN VIDALIES
Mais, il y a quelque chose de vrai dans votre question, c'est que, ce n'est pas le ministre du Travail qui est responsable tout seul de la politique économique du gouvernement, mais en même temps, il n'y a qu'une seule politique économique du gouvernement, c'est donc une équipe. Et quant à la question de la démocratie sociale, peut-être que, effectivement, il y a des tensions, il y a des difficultés, mais je crois beaucoup, je crois beaucoup à ce qu'on puisse avancer par du dialogue à l'intérieur de l'entreprise, à l'intérieur
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien. Manuel VALLS et surtout le président de la République vous ont écouté ce matin. Dernière remarque, à Calais, deux bateaux ferries sont occupés par 600 salariés depuis un mois. On peut se demander si c'est admissible, c'est MyFerryLink, un vieux conflit, la coopérative a échoué, EUROTUNNEL n'en veut plus, est-ce que c'est l'Etat qui va casquer là encore ?
ALAIN VIDALIES
Ce n'est certainement pas l'Etat qui va casquer, c'est aujourd'hui une négociation avec un repreneur, avec EUROTUNNEL. Et mon objectif, depuis le début, c'est de sauver un maximum d'emplois.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous demandez la liberté du travail, là ?
ALAIN VIDALIES
Bien sûr, je demande que les bateaux soient libérés et que, en contrepartie, on puisse sauver un maximum d'emplois.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bonne journée. Vous allez à l'Elysée, là, pour les décorations des Américains, les Français, ça sera plus tard, c'est ça ?
ALAIN VIDALIES
Les héros, et les deux Français, ce sera plus tard.Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 août 2015