Conseil des ministres du 9 septembre 2015. L'accueil des réfugiés en France et en Europe.

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Auteur(s) moral(aux) : Secrétariat général du Gouvernement

Texte intégral

Le ministre de l’intérieur a présenté une communication relative à l’accueil des réfugiés en France et en Europe.
Depuis le mois de mars 2014, une hausse importante des arrivées irrégulières de migrants dans l’espace Schengen a été constatée. Ainsi, 340 000 entrées y ont été recensées entre janvier et juillet 2015. Ces mouvements d’hommes, de femmes, d’enfants qui cherchent à rejoindre l’Europe, parfois au péril de leur vie en traversant la Méditerranée ou la mer Egée, s’accompagnent de drames humains insupportables et bénéficient à des organisations criminelles de passeurs.
Cette tendance, qui s’est accélérée dans les dernières semaines, a plusieurs causes :
- l’instabilité, la guerre et le terrorisme, singulièrement en Syrie et en Irak : plus de 4 millions de réfugiés vivent dans des camps situés à proximité de la Syrie. La situation dramatique dans laquelle se trouvent nombre de ces camps a jeté sur les routes de l’exil une partie de cette population qui emprunte la voie de la Méditerranée orientale et des Balkans ;
- la déréliction de l’Etat libyen a entraîné le développement d’un flux migratoire à travers la Méditerranée centrale, en provenance majoritaire de la corne de l’Afrique, mais aussi d’Afrique de l’Ouest ;
- à ces flux venus d’Afrique et du Moyen Orient se joignent des ressortissants des pays des Balkans.
Dans ce contexte, le Gouvernement entend tenir le cap qui est le sien et apporter des réponses à la hauteur du défi qui s’adresse à l’Europe toute entière.
Ce cap, c’est d’abord celui de l’adaptation des outils nationaux à cette crise migratoire.
La réforme du système d’asile, engagée par la loi du 29 juillet 2015 relative à la réforme du droit d’asile votée à une très large majorité, poursuit trois objectifs pour l’adapter à cette situation nouvelle : raccourcir les délais d’examen des demandes d’asile ; améliorer et mieux répartir l’accueil des demandeurs d’asile sur le territoire ; enfin, renforcer les droits des demandeurs d’asile par la transposition des normes européennes.
Face à l’augmentation des flux migratoires, le Gouvernement a également adopté un « plan migrants » lors du conseil des ministres le 17 juin 2015, qui prévoit un effort supplémentaire de création de 11 000 places et comprend un important volet de lutte contre l’immigration économique irrégulière et les filières de passeurs. Les résultats enregistrés en la matière sont encourageants.
Ce cap, c’est aussi la recherche d’une solution européenne équilibrée. La France prend depuis plus d’un an des initiatives, avec l’Allemagne et ses partenaires européens, pour y contribuer.
Les contours de cette solution reposent sur les principes de solidarité et de fermeté. Ils visent à :
- gérer l’afflux de migrants en opérant, dans les pays de première entrée, la distinction entre les personnes en besoin de protection – qui doivent être réparties sur le territoire de l’Union par un mécanisme de relocalisation afin de soulager les Etats de première entrée – et les migrants économiques qui doivent être reconduits dans la dignité dans leurs pays d’origine. C’est la fonction attendue des centres d’identification et d’enregistrement (« hot spots ») qui doivent être impérativement mis en œuvre d’ici la fin de l’année dans ces pays ;
- mieux contrôler la frontière extérieure de l’Union en soutenant les pays confrontés à l’afflux massif de migrants. C’est le rôle de Frontex, dont les missions pourraient évoluer, à terme, vers un système européen de gardes-frontières ;
- mieux lutter contre les filières d’immigration clandestine, notamment par un renforcement de la coopération policière européenne.
Ces questions seront débattues lors du Conseil extraordinaire des ministres « Justice et Affaires intérieures » du 14 septembre, en particulier la répartition de 120 000 demandeurs d’asile en provenance des pays de première entrée (Italie ; Grèce ; Hongrie) proposée par la Commission ; la France sera sollicitée pour accueillir, en deux ans, 24 000 personnes en besoin manifeste de protection, en plus des 6 750 personnes qu’elle a acceptées en juillet dernier d’accueillir dans le cadre de la première décision de relocalisation de réfugiés en Europe. Ces relocalisations se feront aux strictes conditions énoncées ci-dessus.
Par ailleurs, dans un cadre volontaire et dans un geste de solidarité envers l’Allemagne, la France organise l’accueil immédiat en France de 1 000 personnes issues de Syrie, d’Irak ou d’Erythrée en besoin manifeste de protection, en provenance de Bavière.
Dans cette perspective, le ministre de l’intérieur a invité les maires de France, samedi 12 septembre, à une réunion destinée à assurer la coordination et l’articulation des initiatives d’accueil des collectivités avec les dispositifs existants, qui devront être adaptés à la situation.
Ce cap, c’est enfin l’élaboration d’une réponse commune avec les pays d’origine et de transit.Pour répondre à l’urgence humanitaire, la France se mobilise afin de doter des moyens indispensables les agences des Nations Unies et les organisations non gouvernementales qui interviennent dans les camps situés dans les pays voisins de la Syrie. Sur le continent européen également, les besoins humanitaires sont croissants.
La lutte contre les réseaux criminels de trafic des migrants agissant depuis la rive Sud de la Méditerranée doit elle aussi se poursuivre. De premières réponses ont été apportées en Méditerranée centrale. Au-delà, les capacités des pays partenaires en matière de surveillance et de gestion des frontières, notamment les pays du Sahel, doivent être renforcées.
Enfin, le Sommet Union européenne-Afrique de La Valette, les 11 et 12 novembre, doit permettre de définir un partenariat renouvelé avec les pays africains. Pour progresser, ce sommet devra prendre en compte les préoccupations des partenaires africains en vue d’une meilleure maîtrise des flux migratoires.Face à la gravité de la crise, la France adapte continuellement ses efforts pour répondre à la demande des Français de respecter le droit d’asile, d’accueillir les réfugiés qui fuient la guerre ou la persécution dans leur pays d’origine, mais, dans le même temps, de lutter sans relâche contre l’immigration irrégulière et les réseaux de trafiquants.