Déclaration de M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur, sur la position de la France concernant la mise en place de points de contrôle aux frontières extérieures de l'Union européenne préalablement au processus de relocalisation des migrants, à Bruxelles le 14 septembre 2015.

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Circonstance : Conférence de presse conjointe franco-allemande, précédant la réunion du Conseil extraordinaire des ministres de l'Intérieur de l'UE, à Bruxelles le 14 septembre 2015

Texte intégral

Vous le savez, depuis le début de la crise migratoire qui est d'abord et avant tout une crise humanitaire à laquelle l'Union européenne se trouve confrontée, la France et l'Allemagne agissent de concert. Il ne peut pas y avoir de solution humanitaire à la crise à laquelle nous sommes confrontés s'il n'y a pas aussi de responsabilité. Pour nous, ce conseil justice affaires intérieures est le conseil de la responsabilité partagée par l'ensemble des pays de l'Union européenne. La présidence luxembourgeoise comme la Commission européenne ont fait un travail qui constitue une bonne base de discussion entre les différents pays de l'Union mais nous avons souhaité, la France et l'Allemagne ensemble, que ce texte puisse être complété de telle sorte à ce qu'il n'y ait pas d'ambigüité dans la position qui sortira ce soir des discussions entre les ministres de l'Intérieur de l'Union européenne. Les précisions que nous avons souhaité apporter portent sur des sujets totalement stratégiques. Il ne peut pas y avoir de processus de relocalisation s'il n'y a pas la mise en place d'un dispositif puissant et efficace de contrôle des frontières extérieures de l'Union européenne et la mise en place de ces fameux hotspots dont on parle depuis plusieurs semaines.
Ces hotspots doivent être des lieux d'enregistrement des migrants au moment du franchissement des frontières extérieures de l'Union européenne ; ils doivent permettre de distinguer ceux qui relèvent du statut de réfugié de ceux qui sont migrants économiques irréguliers et qui doivent être reconduits à la frontière, et pour cela il est urgent que les accords de retour avec les pays de provenance soient signés dans les meilleurs délais conformément au mandat qui a été confié à la Commission européenne pour ce faire.
Le deuxième point sur lequel nous voudrions insister, c'est qu'il est indispensable que nous puissions aussi travailler avec les pays dans lesquels existent des centres d'accueil de ces réfugiés de manière à ce que la protection de ces réfugiés, je pense notamment à la Turquie, soit garantie et rehaussée. Il faut donc que nous puissions engager le dialogue avec ces pays, avec le HCR pour que nous soyons garantis que les moyens d'un accompagnement humanitaire existent bien.
Troisièmement, le processus de relocalisation doit se faire à partir des hotspots et non pas dans le désordre et sans maîtrise. Enfin, il est indispensable que tous les pays participent au processus de relocalisation parce qu'il en va de la cohésion et de la solidarité au sein des institutions européennes. Nous avons souhaité avec Thomas de MAIZIERE, avec lequel nous sommes en contact permanent, nous travaillons constamment ensemble que ces points soient précisés, que le texte de la présidence et de la Commission soit complété de telle sorte à ce qu'il y ait un accord qui repose sur un équilibre entre humanité et responsabilité qui permette de maîtriser la situation actuelle sans quoi nous ne pourrons pas assurer la soutenabilité de l'accueil des réfugiés, ce qui est le souhait de la France et de l'Allemagne, c'est un acte digne, et nous devons le faire dans l'urgence parce que les drames humanitaires nous incitent à agir avec rapidité, c'est de notre responsabilité à la fois politique et morale.Source http://www.rpfrance.eu, le 18 septembre 2015