Conférence de presse de M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur, sur les propositions de la France à la veille de la réunion du conseil extraordinaire des ministres de l'intérieur de l'UE sur les réfugiés, à Bruxelles le 22 septembre 2015.

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Circonstance : Réunion du conseil extraordinaire des ministres de l'intérieur de l'UE sur les réfugiés, à Bruxelles le 22 septembre 2015

Texte intégral

Question 1 : Êtes-vous confiant pour que l'on arrive enfin à un accord aujourd'hui ?
En tous les cas, nous sommes déterminés à l'obtenir. La France a une position constante, une position claire, qui est celle de la volonté d'un accord pour que nous puissions procéder à la relocalisation de 120 000 réfugiés, que nous sortions avec un accord fort ce soir. Et cela doit être assorti aussi d'un certain nombre de dispositions, qui, par delà des dispositions humanitaires que nous voulons prendre au travers des 120 000 réfugiés, permettent aussi de maitriser les flux.
La proposition française, pour ce qui concerne la répartition de 120 000 réfugiés, c‘est un dispositif qui doit associer l'ensemble des Etats membres de l'Union européenne, sans mécanisme de compensation financière, avec la volonté de faire en sorte que nous puissions rapidement mettre en œuvre ce processus de relocalisation compte tenu de la situation de détresse des réfugiés. Il y a donc, dans la position française, une préoccupation humanitaire.
Deuxièmement, il faut impérativement que cette décision, que nous souhaitons prendre ce soir avec nos partenaires européens, soit assortie de la mise en place d'autres dispositifs : des « hotspots », qui doivent être mis en place sous maitrise d'ouvrage de la Commission européenne avec un processus de monitoring de la mise en place de ces « hotspots ». C'est très important si nous voulons assurer l'enregistrement des migrants et organiser le retour de ceux qui sont en situation irrégulière. Si nous ne mettons pas en place ce dispositif, il n'y aura pas de soutenabilité de ce que nous faisons pour les réfugiés.
Cela suppose aussi le renforcement considérable des moyens de FRONTEX pour assurer le contrôle des frontières extérieures de l'Union européenne. C'est très important de le faire.
Et nous souhaitons par ailleurs qu'il y ait enfin la mise en place de dispositifs de retour avec les pays de provenance, conformément au mandat qui a été confié par la Commission européenne à la Haute Représentante. Donc c'est l'agenda d'aujourd'hui.
Question 2 : [Par rapport à la semaine dernière] Qu'est-ce qui peut changer aujourd'hui ?
Notre détermination. La volonté aussi de faire en sorte que l'Europe prenne conscience de l'urgence et soit à la hauteur de sa réputation.
Il y a eu de nombreuses propositions nouvelles qui ont été faites par la France, dans la conformité d'ailleurs à ce que nous avions toujours dit. Il y a un travail considérable qui a été fait par la Présidence luxembourgeoise que nous appuyons. Et aujourd'hui il faut aboutir. Et il faut aboutir avec humanité, c'est-à-dire la répartition des 120 000, et la fermeté et la responsabilité, c'est-à-dire tout ce que nous proposons de mettre en place, de façon extrêmement résolue et ferme concernant le contrôle des frontières extérieures de l'Union européenne, la mise en place des « hotspots », le travail avec les pays de provenance, le travail avec la Turquie, la Jordanie et le Liban, en lien avec le HCR pour faire en sorte que nous puissions rehausser le niveau d'aide humanitaire dans les camps de réfugiés pour éviter que le flux ne soit encore alimenté parce qu'il faut être aussi sur ce sujet très clair.
Si nous voulons assurer la soutenabilité de l'accueil des réfugiés en Europe, et c'est la préoccupation de la France, il faut être très clair sur le fait que nous devons maitriser le flux et que nous devons avoir à l'esprit que nous ne pouvons pas bien accueillir si nous envoyons le signal que nous pouvons accueillir tout le monde tout de suite. Cela ne serait pas responsable et cela ne correspond pas à l'équilibre de la position française.
Donc nous sommes très déterminés à faire respecter cet équilibre aujourd'hui. Il est la constance de la position de la France. Toutes les expressions publiques du Président de la République, du Premier ministre, des ministres français ont toujours été la réaffirmation de cet équilibre. Et je pense, pour avoir lu avec attention les propositions de la Présidence luxembourgeoise, et avec d'autant plus d'attention que nous avons contribué à leur élaboration, que c'est cet équilibre qui aujourd'hui préside à l'élaboration des propositions de la Présidence du Conseil et que c'est autour de cet équilibre que nous devons pouvoir trouver une solution.
En tous les cas, conformément au mandat du Président de la République et du Premier ministre et en cohérence avec ce que nous avons déjà fait, je me battrai jusqu'à la dernière minute pour que nous sortions avec un accord autour de la volonté de l'Europe d'être dans l'humanité, la responsabilité et la fermeté.
Merci.Source http://www.rpfrance.eu, le 24 septembre 2015