Texte intégral
Q - Les migrants et les réfugiés vont-ils changer le visage de la France ?
R - La France, surtout, doit afficher le visage qu'elle a toujours affiché dans l'histoire lorsqu'il s'agit de faire face à des drames humanitaires. Je ne souhaite pas que le visage de la France change, je souhaite que le visage de la France s'affirme face à ces hommes et à ces femmes confrontés à des tragédies humanitaires. La France est un pays qui, de manière multiséculaire, a toujours accueilli ceux qui dans leur pays étaient persécutés, torturés, emprisonnés. Le message du gouvernement, c'est qu'il faut le faire, mais dans le cadre d'une politique migratoire globale, où l'ensemble des sujets sont traités. Parce que si nous voulons le faire conformément à notre tradition, il faut le faire en maîtrise.
Q - N'exagère-t-on pas un petit peu la vague qui arrive, qui est très faible par rapport à l'Allemagne ?
R - On entend tout et n'importe quoi, et parfois surtout n'importe quoi. Une série de discours laisse à penser qu'il y aurait une déferlante, une situation en France qu'on ne pourrait maîtriser. La demande d'asile en France a diminué l'an dernier. Elle avait beaucoup augmenté dans une période récente, elle a diminué de 34%. Depuis le début de l'année, elle est étale, mais il y a effectivement près de 500.000 réfugiés qui sont arrivés depuis le début de l'année en franchissant les frontières extérieures de l'UE. Ils arrivent en Allemagne.
Q - La chancelière Merkel vient de dénoncer l'échec complet des contrôles aux frontières. Schengen n'est-il pas mort ?
R - Ce qu'il faut, c'est transformer Schengen. Et faire en sorte que ces contrôles soient possibles.
Q - Comment ?
R - De façon très simple. Un, contrôler davantage les frontières extérieures de l'UE. On a augmenté les moyens de Frontex, mais il faut surtout qu'aux frontières extérieures de l'Union, il y ait la mise en place de centres d'accueil de réfugiés et de contrôle des frontières, ce qu'on appelle les «hotspots». S'il n'y a pas un contrôle par Frontex, tout ce que nous faisons pour l'accueil des réfugiés ne tiendra pas.
Q - Au début, on critiquait la Hongrie pour avoir construit un mur, et maintenant on l'accuse de laisser passer tout le monde...
R - La méthode qu'a utilisée la Hongrie n'est pas celle qui doit prévaloir en Europe. C'est la mise en place de centres d'accueil de réfugiés et de contrôle des frontières. Que la Hongrie accepte un «hotspot» sur son territoire, comme on propose en Italie et en Grèce, et nous parviendrons à maîtriser la situation.
Q - On sent une inquiétude monter en Allemagne...
R - Nous avons une position extrêmement claire : déclarer l'accueil des réfugiés sans être capable d'assurer la soutenabilité de cet accueil est irresponsable. Donc il faut assurer le contrôle des frontières à l'extérieur de l'UE, sinon il n'y a pas de mécanisme européen de solidarité qui fonctionne. Et il faut que les pays qui demandent la solidarité de l'UE, la Grèce, l'Italie, le comprennent.
Q - Sarkozy a-t-il raison quand il dit : «Il faut revoir Schengen» ?
Il n'a pas tort, et nous le faisons, de façon rationnelle, équilibrée, méthodique. Contrairement à ce que préconise Nicolas Sarkozy, ni l'Allemagne ni la France ne préconisent le rétablissement des frontières à l'intérieur de l'UE. Mais j'ai fait des propositions très concrètes concernant la réforme de Schengen, compatibles avec les «hotspots». Deuxièmement, je souhaite qu'il y ait des contrôles aux frontières intérieures qui soient simultanés et coordonnés dans les aéroports et également dans les gares, de manière à ce que nous puissions lutter efficacement contre le terrorisme.
Je souhaiterais que l'opposition, plutôt que de s'engager dans des choses aventureuses sur Schengen, constate la rationalité de ce que nous faisons avec les Allemands. Je comprends que le parti de Nicolas Sarkozy souhaite que nous fassions tout avec les Allemands, mais ce qu'il propose est le contraire de ce que les Allemands sont prêts à accepter.
Q - Nicolas Sarkozy vous fait tellement peur qu'à chaque fois qu'il s'exprime vous lui tapez tous dessus ?
Il ne me fait pas peur du tout : il suscite chez moi un abîme d'interrogations, plutôt qu'une crainte, quant à la pertinence de ce qu'il propose.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 septembre 2015
R - La France, surtout, doit afficher le visage qu'elle a toujours affiché dans l'histoire lorsqu'il s'agit de faire face à des drames humanitaires. Je ne souhaite pas que le visage de la France change, je souhaite que le visage de la France s'affirme face à ces hommes et à ces femmes confrontés à des tragédies humanitaires. La France est un pays qui, de manière multiséculaire, a toujours accueilli ceux qui dans leur pays étaient persécutés, torturés, emprisonnés. Le message du gouvernement, c'est qu'il faut le faire, mais dans le cadre d'une politique migratoire globale, où l'ensemble des sujets sont traités. Parce que si nous voulons le faire conformément à notre tradition, il faut le faire en maîtrise.
Q - N'exagère-t-on pas un petit peu la vague qui arrive, qui est très faible par rapport à l'Allemagne ?
R - On entend tout et n'importe quoi, et parfois surtout n'importe quoi. Une série de discours laisse à penser qu'il y aurait une déferlante, une situation en France qu'on ne pourrait maîtriser. La demande d'asile en France a diminué l'an dernier. Elle avait beaucoup augmenté dans une période récente, elle a diminué de 34%. Depuis le début de l'année, elle est étale, mais il y a effectivement près de 500.000 réfugiés qui sont arrivés depuis le début de l'année en franchissant les frontières extérieures de l'UE. Ils arrivent en Allemagne.
Q - La chancelière Merkel vient de dénoncer l'échec complet des contrôles aux frontières. Schengen n'est-il pas mort ?
R - Ce qu'il faut, c'est transformer Schengen. Et faire en sorte que ces contrôles soient possibles.
Q - Comment ?
R - De façon très simple. Un, contrôler davantage les frontières extérieures de l'UE. On a augmenté les moyens de Frontex, mais il faut surtout qu'aux frontières extérieures de l'Union, il y ait la mise en place de centres d'accueil de réfugiés et de contrôle des frontières, ce qu'on appelle les «hotspots». S'il n'y a pas un contrôle par Frontex, tout ce que nous faisons pour l'accueil des réfugiés ne tiendra pas.
Q - Au début, on critiquait la Hongrie pour avoir construit un mur, et maintenant on l'accuse de laisser passer tout le monde...
R - La méthode qu'a utilisée la Hongrie n'est pas celle qui doit prévaloir en Europe. C'est la mise en place de centres d'accueil de réfugiés et de contrôle des frontières. Que la Hongrie accepte un «hotspot» sur son territoire, comme on propose en Italie et en Grèce, et nous parviendrons à maîtriser la situation.
Q - On sent une inquiétude monter en Allemagne...
R - Nous avons une position extrêmement claire : déclarer l'accueil des réfugiés sans être capable d'assurer la soutenabilité de cet accueil est irresponsable. Donc il faut assurer le contrôle des frontières à l'extérieur de l'UE, sinon il n'y a pas de mécanisme européen de solidarité qui fonctionne. Et il faut que les pays qui demandent la solidarité de l'UE, la Grèce, l'Italie, le comprennent.
Q - Sarkozy a-t-il raison quand il dit : «Il faut revoir Schengen» ?
Il n'a pas tort, et nous le faisons, de façon rationnelle, équilibrée, méthodique. Contrairement à ce que préconise Nicolas Sarkozy, ni l'Allemagne ni la France ne préconisent le rétablissement des frontières à l'intérieur de l'UE. Mais j'ai fait des propositions très concrètes concernant la réforme de Schengen, compatibles avec les «hotspots». Deuxièmement, je souhaite qu'il y ait des contrôles aux frontières intérieures qui soient simultanés et coordonnés dans les aéroports et également dans les gares, de manière à ce que nous puissions lutter efficacement contre le terrorisme.
Je souhaiterais que l'opposition, plutôt que de s'engager dans des choses aventureuses sur Schengen, constate la rationalité de ce que nous faisons avec les Allemands. Je comprends que le parti de Nicolas Sarkozy souhaite que nous fassions tout avec les Allemands, mais ce qu'il propose est le contraire de ce que les Allemands sont prêts à accepter.
Q - Nicolas Sarkozy vous fait tellement peur qu'à chaque fois qu'il s'exprime vous lui tapez tous dessus ?
Il ne me fait pas peur du tout : il suscite chez moi un abîme d'interrogations, plutôt qu'une crainte, quant à la pertinence de ce qu'il propose.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 septembre 2015