Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie d'avoir bien voulu me convier à cette conférence, dont le thème est " le nucléaire comme facteur de puissance à l'aube du 21ème siècle ".
Le nucléaire, y compris dans sa dimension civile, fait partie de ces sujets stratégiques qui méritent les débats et réflexions que l'Institut de relations internationales et stratégiques a le mérite d'organiser.
Après vous avoir rappelé pour quelles raisons je considère le nucléaire comme un facteur de puissance de la politique française sur le plan énergétique mais aussi sur le plan général, je préciserai les conditions qu'il me semble nécessaire de réunir pour l'utilisation du nucléaire dans une perspective de développement à long terme. Je conclurai en vous donnant ma vision sur la situation du nucléaire civil au plan international.
Je voudrais tout d'abord préciser quels sont de mon point de vue les facteurs de puissance portés par le nucléaire.
On peut les classer en facteurs d'indépendance énergétique, de respect de l'environnement et d'intérêt économique et social.
A l'issue du premier choc pétrolier de 1973, la France s'est engagée dans une politique énergétique volontariste visant le renforcement de la sécurité de ses approvisionnements à long terme. Pour la production d'électricité, la France s'est ainsi largement appuyée sur le nucléaire.
Grâce à un important effort d'investissement, la France dispose aujourd'hui d'un parc standardisé de 57 réacteurs représentant en 1998, 76 % de la production nationale d'électricité.
Cet ambitieux programme a considérablement renforcé la sûreté des approvisionnements, en multipliant par 2.5 la production domestique d'énergie et en élevant notre taux d'indépendance énergétique de 22 % en 1973 à près de 50 % aujourd'hui.
Second facteur de puissance, l'industrie électronucléaire a largement participé à la protection de l'environnement. Or, la qualité de l'environnement est un facteur de bien être, de développement équilibré et, pourtant, de puissance.
En effet, le nucléaire ne rejette ni gaz à effet de serre, ni polluant acide, ni poussières.
Les rejets de polluants acides (oxydes d'azote et de soufre) ont ainsi diminué en France de plus de 60 % lors des vingt dernières années, essentiellement grâce au nucléaire. De la même façon, les rejets de CO2 ont diminué de plus de 20 % en volume et d'un facteur 9 par kWh produit. Cette évolution positive est redevable pour 60 % au nucléaire, le solde étant dû aux économies d'énergie.
Troisième facteur de puissance, le nucléaire génère des emplois et crée de la richesse.
Le solde exportateur des échanges d'électricité, ventes de chaudières nucléaires et services du cycle du combustible induit une rentrée en devises de 25 à 30 milliards de francs chaque année et une économie d'importation d'énergies fossiles chiffrée à plus de 40 milliards en 1998. Cette valeur reste d'ailleurs relativement modeste en raison du faible prix actuel des énergies fossiles.
Par ailleurs, le nucléaire voit ainsi l'essentiel de sa valeur ajoutée, et donc des emplois créés, localisés en France. Les entreprises du secteur (hors EDF) emploient directement environ
50 000 personnes en France.
Nombre de sites nucléaires sont implantés sur des zones économiquement fragiles et constituent de ce fait la principale activité industrielle de la région : c'est notamment le cas pour la Hague, Cadarache, Marcoule ou Pierrelatte ainsi que pour la plupart des sites de centrales nucléaires.
Par ailleurs, l'industrie nucléaire s'appuie sur une sous-traitance importante, notamment pour les opérations de travaux publics, de démantèlement ou de maintenance. Ajoutés aux 20 000 agents EDF chargés de l'exploitation des 57 tranches du parc nucléaire et autant d'intervenants d'entreprises extérieures, on peut considérer que l'ensemble du secteur nucléaire emploie donc au total environ 130 000 personnes.
Enfin, sur le plan économique, le prix très compétitif de l'électricité d'origine nucléaire permet d'améliorer la compétitivité des entreprises françaises et joue ainsi un rôle indirect mais non négligeable sur l'emploi.
Ces facteurs de puissance me semblent devoir persister et sans doute s'accroître sur le long terme.
En effet, les engagements pris par la France à Kyoto exigent de ramener le niveau des émissions de CO2 en 2010 à leur niveau de 1990. De par la structure de son parc de production d'électricité actuel (fondée à plus de 90 % sur le nucléaire et l'hydraulique).
Plusieurs solutions apparaissent cependant et il convient de garder la possibilité de faire appel à chacune au moment du renouvellement du parc actuel de production d'électricité.
La France a souhaité ainsi relancer la politique d'utilisation rationnelle de l'énergie ainsi que les énergies renouvelables, que le Gouvernement a replacé depuis 18 mois au centre des priorités nationales.
Les centrales fonctionnant avec du combustible fossile sont, pour leur part, de plus en plus performantes en termes environnementaux. Elles représentent donc un moyen compétitif pour remplacer les centrales les plus polluantes. Néanmoins, leur compétitivité est soumise à l'incertitude à l'horizon 2010-2020 sur le prix du combustible; et l'internalisation des effets négatifs de ces émissions dans le coût du kWh reste difficile à déterminer à l'horizon 2010-2020.
L'évolution future des différentes sources d'énergie dépendra de ces nombreux facteurs. Cependant, quels que soient les efforts faits en matière d'économies d'énergie et d'énergies renouvelables, le choix de l'énergie nucléaire pour lutter efficacement et concrètement contre l'effet de serre paraît incontournable.
Le nucléaire doit cependant confirmer ces avantages potentiels en répondant aux défis auxquels il est aujourd'hui confronté :
L'achèvement de l'aval du cycle doit tout d'abord apporter des solutions à la gestion de l'ensemble des déchets radioactifs
Dans ce domaine, des solutions industrielles définitives à la gestion des déchets de haute activité ou à vie longue restent à trouver.
Pour atteindre cet objectif, la France s'est dotée de la loi du 30 décembre 1991 organisant les recherches sur trois axes.
Cette action est menée avec détermination, dans l'esprit de la loi, sans privilégier l'un des domaines de recherches fixés par la loi : séparation et transmutation des éléments à vie longue, étude de la possibilité de stockage en couches géologiques profondes, entreposage de longue durée en surface ou subsurface et conditionnement associé.
Cet effort sera poursuivi à un rythme soutenu de façon à permettre au Parlement français de prendre une décision adaptée en 2006 au vu des résultats des recherches conduites.
Il s'agit également de préparer le renouvellement de l'outil de production, tout en soutenant le parc actuel.
Le but de ces recherches est d'assurer la compétitivité du cycle du combustible et de préparer les nouvelles générations de réacteurs encore plus sûrs et plus compétitifs.
Je tiens à rappeler à ce sujet l'importance du projet de réacteur EPR (European Pressurized water Reactor).
Ce projet, conçu comme une évolution des réacteurs à eau sous pression actuels, vise l'établissement d'un standard en matière de sûreté nucléaire et le maintien, grâce à l'amélioration des performances techniques, d'une forte compétitivité.
Ce programme a fait l'objet d'une coopération européenne exemplaire, tant au niveau des électriciens (EDF, électriciens allemands), que des constructeurs (FRAMATOME et de SIEMENS à travers leur filiale commune : Nuclear Power International), et des autorités de sûreté et de leurs appuis techniques (IPSN et GRS).
Lors du débat qui s'est tenu à l'Assemblée nationale le 21 janvier 1999, la très grande majorité des formations politiques françaises s'est déclarée favorable à la construction d'une tête de série EPR en France. J'ai annoncé à cette occasion que le Gouvernement étudiait cette possibilité et serait amené à prendre une décision sur ce sujet d'ici la fin de l'année 1999.
Enfin, nous devons progresser vers plus de transparence dans le domaine nucléaire.
Aujourd'hui, l'organisation française de contrôle et d'expertise dans le domaine du nucléaire est techniquement satisfaisante. Elle peut pourtant être améliorée en termes de cohérence d'ensemble et de transparence démocratique. Il semble en effet aujourd'hui utile de soumettre ces règles au législateur.
Le 9 décembre 1998, le Premier Ministre a souhaité que soit instituée une Autorité indépendante en charge de la sûreté nucléaire. Un projet de loi en ce sens sera prochainement présenté au Parlement. Un renforcement des moyens du contrôle de la radioprotection et du rôle du Conseil supérieur de la sûreté et de l'information nucléaire (le CSSIN)ont été annoncé. La séparation de l'Institut de protection de sûreté nucléaire (IPSN) du CEA marquera enfin la volonté de confier à des mains différentes l'exploitation et l'expertise.
La filière nucléaire loin de craindre la transparence se doit de la promouvoir sans réserve.
C'est en trouvant une réponse adaptée à ces trois questions qui conditionnent l'acceptation du public sur le long terme: achèvement de l'aval du cycle, et préparation de l'avenir et amélioration de la transparence des décisions et du contrôle de la sûreté et de la radioprotection, que l'option nucléaire restera ouverte.
Loin d'être isolée, la France est accompagnée dans son choix du nucléaire par de très nombreux pays industrialisés
Si spécificité française il y a, c'est en raison de la part importante de la production d'électricité nucléaire dans la production totale française, due à la standardisation d'un parc de production sûr et producteur d'une énergie bon marché.
Sur le plan général de la production d'électricité nucléaire, plus de 30 pays, parmi les plus industrialisés, les plus dynamiques dans le monde et répartis sur les 5 continents, ont recours à l'énergie nucléaire.
Au total, 434 réacteurs sont couplés au réseau. 7 pays du G8 sont " nucléaires ".
Les programmes nucléaires chinois, japonais, coréens du Sud, indiens, correspondent au total à 2 à 3 tranches nouvelles commencées chaque année. Le Japon prévoit ainsi de construire 10 à 20 tranches nucléaires d'ici 2010. La Finlande étudie la construction d'une cinquième tranche.
La dernière tranche nucléaire américaine a été mise en service en 1996, il y a trois ans seulement. Le Département de la défense américain vient de choisir le consortium Duke / Cogéma / Stone Webster pour un premier contrat concernant la conception d'une usine de fabrication de combustible MOX et la qualification de ce combustible dans le cadre de la gestion des excédents stratégiques de plutonium militaire américain.
S'agissant du traitement des déchets et du stockage géologique, le caractère équilibré de la politique française, fondée sur la loi du 30 décembre 1991, la fait apparaître en exemple à de nombreux pays.
La France a une politique de retraitement de son combustible usé suivie par de nombreux autres pays nucléaires.
La France, la Grande-Bretagne, le Japon, la Suisse, la Belgique, les Pays-Bas, l'Espagne, la Chine, la Russie et jusqu'à une date récente l'Allemagne avaient retenu cette option. La Corée du Sud et Taiwan l'envisagent.
Au total, le nucléaire représente en 1998, 16 % de la production mondiale d'électricité et 36 % dans l'Union Européenne.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 10 mai 1999)
Je vous remercie d'avoir bien voulu me convier à cette conférence, dont le thème est " le nucléaire comme facteur de puissance à l'aube du 21ème siècle ".
Le nucléaire, y compris dans sa dimension civile, fait partie de ces sujets stratégiques qui méritent les débats et réflexions que l'Institut de relations internationales et stratégiques a le mérite d'organiser.
Après vous avoir rappelé pour quelles raisons je considère le nucléaire comme un facteur de puissance de la politique française sur le plan énergétique mais aussi sur le plan général, je préciserai les conditions qu'il me semble nécessaire de réunir pour l'utilisation du nucléaire dans une perspective de développement à long terme. Je conclurai en vous donnant ma vision sur la situation du nucléaire civil au plan international.
Je voudrais tout d'abord préciser quels sont de mon point de vue les facteurs de puissance portés par le nucléaire.
On peut les classer en facteurs d'indépendance énergétique, de respect de l'environnement et d'intérêt économique et social.
A l'issue du premier choc pétrolier de 1973, la France s'est engagée dans une politique énergétique volontariste visant le renforcement de la sécurité de ses approvisionnements à long terme. Pour la production d'électricité, la France s'est ainsi largement appuyée sur le nucléaire.
Grâce à un important effort d'investissement, la France dispose aujourd'hui d'un parc standardisé de 57 réacteurs représentant en 1998, 76 % de la production nationale d'électricité.
Cet ambitieux programme a considérablement renforcé la sûreté des approvisionnements, en multipliant par 2.5 la production domestique d'énergie et en élevant notre taux d'indépendance énergétique de 22 % en 1973 à près de 50 % aujourd'hui.
Second facteur de puissance, l'industrie électronucléaire a largement participé à la protection de l'environnement. Or, la qualité de l'environnement est un facteur de bien être, de développement équilibré et, pourtant, de puissance.
En effet, le nucléaire ne rejette ni gaz à effet de serre, ni polluant acide, ni poussières.
Les rejets de polluants acides (oxydes d'azote et de soufre) ont ainsi diminué en France de plus de 60 % lors des vingt dernières années, essentiellement grâce au nucléaire. De la même façon, les rejets de CO2 ont diminué de plus de 20 % en volume et d'un facteur 9 par kWh produit. Cette évolution positive est redevable pour 60 % au nucléaire, le solde étant dû aux économies d'énergie.
Troisième facteur de puissance, le nucléaire génère des emplois et crée de la richesse.
Le solde exportateur des échanges d'électricité, ventes de chaudières nucléaires et services du cycle du combustible induit une rentrée en devises de 25 à 30 milliards de francs chaque année et une économie d'importation d'énergies fossiles chiffrée à plus de 40 milliards en 1998. Cette valeur reste d'ailleurs relativement modeste en raison du faible prix actuel des énergies fossiles.
Par ailleurs, le nucléaire voit ainsi l'essentiel de sa valeur ajoutée, et donc des emplois créés, localisés en France. Les entreprises du secteur (hors EDF) emploient directement environ
50 000 personnes en France.
Nombre de sites nucléaires sont implantés sur des zones économiquement fragiles et constituent de ce fait la principale activité industrielle de la région : c'est notamment le cas pour la Hague, Cadarache, Marcoule ou Pierrelatte ainsi que pour la plupart des sites de centrales nucléaires.
Par ailleurs, l'industrie nucléaire s'appuie sur une sous-traitance importante, notamment pour les opérations de travaux publics, de démantèlement ou de maintenance. Ajoutés aux 20 000 agents EDF chargés de l'exploitation des 57 tranches du parc nucléaire et autant d'intervenants d'entreprises extérieures, on peut considérer que l'ensemble du secteur nucléaire emploie donc au total environ 130 000 personnes.
Enfin, sur le plan économique, le prix très compétitif de l'électricité d'origine nucléaire permet d'améliorer la compétitivité des entreprises françaises et joue ainsi un rôle indirect mais non négligeable sur l'emploi.
Ces facteurs de puissance me semblent devoir persister et sans doute s'accroître sur le long terme.
En effet, les engagements pris par la France à Kyoto exigent de ramener le niveau des émissions de CO2 en 2010 à leur niveau de 1990. De par la structure de son parc de production d'électricité actuel (fondée à plus de 90 % sur le nucléaire et l'hydraulique).
Plusieurs solutions apparaissent cependant et il convient de garder la possibilité de faire appel à chacune au moment du renouvellement du parc actuel de production d'électricité.
La France a souhaité ainsi relancer la politique d'utilisation rationnelle de l'énergie ainsi que les énergies renouvelables, que le Gouvernement a replacé depuis 18 mois au centre des priorités nationales.
Les centrales fonctionnant avec du combustible fossile sont, pour leur part, de plus en plus performantes en termes environnementaux. Elles représentent donc un moyen compétitif pour remplacer les centrales les plus polluantes. Néanmoins, leur compétitivité est soumise à l'incertitude à l'horizon 2010-2020 sur le prix du combustible; et l'internalisation des effets négatifs de ces émissions dans le coût du kWh reste difficile à déterminer à l'horizon 2010-2020.
L'évolution future des différentes sources d'énergie dépendra de ces nombreux facteurs. Cependant, quels que soient les efforts faits en matière d'économies d'énergie et d'énergies renouvelables, le choix de l'énergie nucléaire pour lutter efficacement et concrètement contre l'effet de serre paraît incontournable.
Le nucléaire doit cependant confirmer ces avantages potentiels en répondant aux défis auxquels il est aujourd'hui confronté :
L'achèvement de l'aval du cycle doit tout d'abord apporter des solutions à la gestion de l'ensemble des déchets radioactifs
Dans ce domaine, des solutions industrielles définitives à la gestion des déchets de haute activité ou à vie longue restent à trouver.
Pour atteindre cet objectif, la France s'est dotée de la loi du 30 décembre 1991 organisant les recherches sur trois axes.
Cette action est menée avec détermination, dans l'esprit de la loi, sans privilégier l'un des domaines de recherches fixés par la loi : séparation et transmutation des éléments à vie longue, étude de la possibilité de stockage en couches géologiques profondes, entreposage de longue durée en surface ou subsurface et conditionnement associé.
Cet effort sera poursuivi à un rythme soutenu de façon à permettre au Parlement français de prendre une décision adaptée en 2006 au vu des résultats des recherches conduites.
Il s'agit également de préparer le renouvellement de l'outil de production, tout en soutenant le parc actuel.
Le but de ces recherches est d'assurer la compétitivité du cycle du combustible et de préparer les nouvelles générations de réacteurs encore plus sûrs et plus compétitifs.
Je tiens à rappeler à ce sujet l'importance du projet de réacteur EPR (European Pressurized water Reactor).
Ce projet, conçu comme une évolution des réacteurs à eau sous pression actuels, vise l'établissement d'un standard en matière de sûreté nucléaire et le maintien, grâce à l'amélioration des performances techniques, d'une forte compétitivité.
Ce programme a fait l'objet d'une coopération européenne exemplaire, tant au niveau des électriciens (EDF, électriciens allemands), que des constructeurs (FRAMATOME et de SIEMENS à travers leur filiale commune : Nuclear Power International), et des autorités de sûreté et de leurs appuis techniques (IPSN et GRS).
Lors du débat qui s'est tenu à l'Assemblée nationale le 21 janvier 1999, la très grande majorité des formations politiques françaises s'est déclarée favorable à la construction d'une tête de série EPR en France. J'ai annoncé à cette occasion que le Gouvernement étudiait cette possibilité et serait amené à prendre une décision sur ce sujet d'ici la fin de l'année 1999.
Enfin, nous devons progresser vers plus de transparence dans le domaine nucléaire.
Aujourd'hui, l'organisation française de contrôle et d'expertise dans le domaine du nucléaire est techniquement satisfaisante. Elle peut pourtant être améliorée en termes de cohérence d'ensemble et de transparence démocratique. Il semble en effet aujourd'hui utile de soumettre ces règles au législateur.
Le 9 décembre 1998, le Premier Ministre a souhaité que soit instituée une Autorité indépendante en charge de la sûreté nucléaire. Un projet de loi en ce sens sera prochainement présenté au Parlement. Un renforcement des moyens du contrôle de la radioprotection et du rôle du Conseil supérieur de la sûreté et de l'information nucléaire (le CSSIN)ont été annoncé. La séparation de l'Institut de protection de sûreté nucléaire (IPSN) du CEA marquera enfin la volonté de confier à des mains différentes l'exploitation et l'expertise.
La filière nucléaire loin de craindre la transparence se doit de la promouvoir sans réserve.
C'est en trouvant une réponse adaptée à ces trois questions qui conditionnent l'acceptation du public sur le long terme: achèvement de l'aval du cycle, et préparation de l'avenir et amélioration de la transparence des décisions et du contrôle de la sûreté et de la radioprotection, que l'option nucléaire restera ouverte.
Loin d'être isolée, la France est accompagnée dans son choix du nucléaire par de très nombreux pays industrialisés
Si spécificité française il y a, c'est en raison de la part importante de la production d'électricité nucléaire dans la production totale française, due à la standardisation d'un parc de production sûr et producteur d'une énergie bon marché.
Sur le plan général de la production d'électricité nucléaire, plus de 30 pays, parmi les plus industrialisés, les plus dynamiques dans le monde et répartis sur les 5 continents, ont recours à l'énergie nucléaire.
Au total, 434 réacteurs sont couplés au réseau. 7 pays du G8 sont " nucléaires ".
Les programmes nucléaires chinois, japonais, coréens du Sud, indiens, correspondent au total à 2 à 3 tranches nouvelles commencées chaque année. Le Japon prévoit ainsi de construire 10 à 20 tranches nucléaires d'ici 2010. La Finlande étudie la construction d'une cinquième tranche.
La dernière tranche nucléaire américaine a été mise en service en 1996, il y a trois ans seulement. Le Département de la défense américain vient de choisir le consortium Duke / Cogéma / Stone Webster pour un premier contrat concernant la conception d'une usine de fabrication de combustible MOX et la qualification de ce combustible dans le cadre de la gestion des excédents stratégiques de plutonium militaire américain.
S'agissant du traitement des déchets et du stockage géologique, le caractère équilibré de la politique française, fondée sur la loi du 30 décembre 1991, la fait apparaître en exemple à de nombreux pays.
La France a une politique de retraitement de son combustible usé suivie par de nombreux autres pays nucléaires.
La France, la Grande-Bretagne, le Japon, la Suisse, la Belgique, les Pays-Bas, l'Espagne, la Chine, la Russie et jusqu'à une date récente l'Allemagne avaient retenu cette option. La Corée du Sud et Taiwan l'envisagent.
Au total, le nucléaire représente en 1998, 16 % de la production mondiale d'électricité et 36 % dans l'Union Européenne.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 10 mai 1999)