Texte intégral
E. Martichoux La question est abrupte, elle pourrait vous être posée par les adversaires du processus de Matignon : après combien de cadavres considèrera-t-on que cette négociation passe à côté de son objectif ?
- "Cela dépend de l'objectif"
Ramener la paix.
- "Si l'objectif était d'échanger un nouveau statut pour la Corse contre la paix, c'est raté. J'avais mis en garde depuis le début contre les vices de construction des accords de Matignon. Je rappelle tout de même que ce qu'on appelle " les accords de Matignon ", ce n'est pas une négociation avec les indépendantistes ou avec les terroristes, c'est une négociation avec la majorité des élus corses, républicaine, attachée à la Corse dans la France et qui ont souhaité un nouveau statut pour l'île qui leur donne plus d'autonomie et qui mette fin à ce jacobinisme qui étouffe la Corse."
Il s'agit aussi de ramener une situation de vie sereine sur l'île qui, jusque là, est secouée par la violence chronique.
- "Si M. Jospin pensait que ce statut devait être échangé contre la paix, il se trompait. La preuve est apportée aujourd'hui qu'il s'est trompé. Il faut faire un statut de régionalisation, à mon avis pas seulement pour la Corse mais pour l'ensemble des régions françaises, un statut qui est en soi bon pour la Corse. De l'autre côté, face à la poignée d'indépendantistes et d'attardés mentaux qui rêvent d'imposer l'indépendance de la Corse par la lutte armée, en connivence souvent avec des bandes mafieuses qui vivent de l'extorsion de fonds ou du racket, il faut une politique très ferme de maintien de l'ordre. "
Quelle que soit l'évolution de la situation en Corse, quel que soit le degré de violence, à votre avis, si effectivement l'idée de L. Jospin est d'imposer un nouveau statut, faut-il continuer ? Il n'y a pas de "seuil de tolérance" pour reprendre la formule de M. Rocard ?
- "Je pense que ce statut est bon pour la Corse et la France. On pourrait aller plus loin. Il ouvre la voie à une très forte régionalisation dont peut profiter l'ensemble des provinces françaises. Placer ce statut sous la dépendance des règlements de compte entre terroristes, c'est de la folie. Ce n'est pas parce qu'il y a eu un règlement de compte entre nationalistes et indépendantistes hier qu'il faut arrêter tout règlement politique. Pour quelle politique de rechange d'ailleurs ? A mon avis, il n'y en a pas. A la suite de l'échec de la politique de M. Jospin qui avait conduit à l'assassinat du préfet Erignac, à la pantalonnade du préfet Bonnet, on s'est tourné vers les élus corses qui étaient les seuls qui avaient encore la confiance des Corses. Désavouer, aujourd'hui, les élus corses qui ont mis en uvre ce statut serait sans doute la plus grande erreur politique. Le deuxième vice de construction, c'est encore une fois, d'avoir fait cela seulement pour la Corse. Imaginez que l'on ait fait une grande réforme pour l'ensemble des régions"
Les autres régions françaises ne sont pas dans la situation de la Corse, le préalable n'était pas le même.
- "Cela n'a rien à voir ? Si. Au moment où l'on a parlé du statut corse, j'avais moi-même expliqué que l'on aurait dû non pas faire une exception corse au risque de donner le sentiment de récompenser le terrorisme mais que l'on aurait dû faire une grande politique pour l'ensemble des régions françaises dans laquelle, bien évidemment, aurait pu prendre place un statut corse. Et si nous avions fait cela, aujourd'hui, tout le monde comprendrait bien que ce n'est pas un petit règlement de compte entre nationalistes corses qui arrêterait le nécessaire processus de régionalisation dont la France a besoin. S'il y a une alternance réussie au printemps prochain et si je suis en position, je proposerais une réforme constitutionnelle pour l'ensemble des régions françaises, pour laisser respirer la France et les provinces françaises et pas seulement une exception corse. "
Vous avez parlé de la nécessité de restaurer l'Etat de droit, en tout cas l'autorité de l'Etat en Corse. Hier, F. Bayrou, avec Guillaume Durand sur Europe 1 parlait d'une autorité de l'Etat niée par ces meurtres. Il plaide pour que les signataires de l'accord s'engagent explicitement sur la voie de non-violence. Est-ce que cela vous paraît sage ?
- "Les signataires de l'accord, ce sont les élus corses, de mémoire, 41 ou 45 sur 51 élus corses. C'est la majorité démocratiquement élue qui est une majorité très profondément attachée à la Corse dans la République et qui condamne la violence. Vous ne pouvez pas exiger l'arrêt de toute vendetta en Corse. Le gouvernement qui dirait : " Il faut arrêter toute vendetta en Corse " et qui réussirait à obtenir l'arrêt de la vendetta en Corse n'est pas né ! "
Cela ne se décrète pas, mais l'ambiguïté de certains peut quand même nourrir le sentiment d'impunité. On n'a pas encore entendu J. Rossi, votre ami, un des piliers de ces accords de Matignon. Est-ce que le processus ne mérite pas quand même qu'il prenne la parole pour le défendre aujourd'hui ?
- "Je crois que José Rossi, très sagement, souhaite d'abord réunir l'ensemble des élus corses de façon à avoir une position commune et qu'il puisse parler au nom de la Corse. Si vous voulez me faire dire qu'il n'y a pas de politique d'autorité suffisante pour maintenir l'ordre en Corse de la part de M. Jospin et du gouvernement, la réponse est positive bien sûr. La preuve : l'assassin présumé du préfet Erignac, fut-il fils de député socialiste, court toujours. "
Le silence de L. Jospin, de la même façon, ne vous gêne-t-il pas davantage, de même que celui de J. Chirac, sur ce dossier ?
- "Si l'on pouvait effectivement mettre un peu moins de passion et un peu plus de réflexion dans une question d'intérêt national, ce serait plutôt le bon chemin. "
Donc, le silence est plutôt positif ?
- "Je ne dis pas cela. Je dis simplement qu'il faut parfois prendre le temps de réfléchir avant de parler et ne pas mettre de l'huile sur le feu. Ce qui s'est passé cet été, c'est un règlement de compte entre indépendantistes corses. Il y en avait déjà eu un l'été dernier. Les règlements de compte ne doivent pas mettre en cause le règlement politique. "
C'est aussi une adresse à vos amis de la droite qui, selon vous, instrumentaliseraient le dossier corse ?
- "A droite, il y a, à la fois des jacobins qui n'ont pas envie de régionalisation, ni pour la Corse, ni pour aucune région et d'autres qui sont très inquiets par le fait de faire une exception corse parce qu'ils s'interrogent. Est-ce que cela ne risque pas d'affaiblir l'idée régionale ? C'est une inquiétude que l'on peut partager. Et puis, vous avez ceux qui sont inquiets tout simplement pour l'autorité de l'Etat. Cela étant, encore une fois, je crois qu'il faut essayer de faire passer l'intérêt du pays avant l'intérêt de nos partis, fussent-ils de l'opposition. "
Un dernier mot sur ce processus. Est-ce une bonne voie dans laquelle s'est engagé le gouvernement parce que, aujourd'hui, c'est la seule ?
- "Quand je dis " une bonne voie ", il faudrait nuancer. Tout ce qui va dans le sens de déverrouiller le jacobinisme français, de faire des institutions décentralisées, modernes d'une France moderne va dans le bon sens. Bien évidemment, ce statut, je le trouve modeste ; je serais beaucoup plus audacieux, non seulement pour la Corse, mais aussi pour l'ensemble des régions françaises. Néanmoins, il va plutôt dans le bon sens. "
Un petit mot de votre campagne électorale. On sait que vous donnez rendez-vous à vos partenaires et à vos partisans en novembre au Zénith. Quand vous lisez dans Le Figaro que Jean-Claude Gaudin, qui appartient à Démocratie Libérale, votera pour J. Chirac dès le premier tour, qu'en pensez-vous ?
- "Je n'y vois aucun signe d'animosité. Franchement, entre Jean-Claude Gaudin et moi-même, il n'y a aucune animosité. Jean-Claude Gaudin d'ailleurs explique qu'il vote Chirac parce que les sondages lui sont plus favorables qu'à moi-même, et que, en tant qu'élu d'une grande ville, il veut faire le score maximum. C'est un réalisme que je peux comprendre. Cela étant, c'est le même réalisme qui avait conduit certains à soutenir E. Balladur, dont Jean-Claude Gaudin, lorsque celui-ci s'annonçait à 30 % dans les sondages. Cela ne s'est pas terminé tout à fait au même chiffre. Je vous rappelle qu'en 1995, à peu près à la même époque, Jospin faisait entre 2 et 3 % dans les sondages. Donc, je conseille plutôt de faire de la politique avec des convictions que l'il sur le baromètre des sondages. "
Nous ne sommes qu'au mois d'août, c'est ce que vous nous rappelez. Vous êtes allé au mois de juillet en Israël. Vous y avez rencontré les principaux acteurs politiques du pays. Est-ce que vous êtes plutôt pessimiste ou optimiste alors qu'on a vécu une escalade cet été ?
- "Assez pessimiste parce qu'il y a là un engrenage, il y a un risque de conflagration ; on voit une sorte de dérapage. Le conflit israélo-palestinien est en train de devenir un problème entre juifs et musulmans et c'est la raison pour laquelle, je crois, la communauté internationale"
... vous voulez dire par-là que ce n'est plus seulement une question de terre, de partage ?
- "Plus seulement. On le voit bien d'ailleurs avec les mouvements islamistes extrémistes qui appellent à la Guerre Sainte et qui expliquent que ceux qui commettent des actes suicides, en réalité, se retrouveront au paradis d'Allah. Il y a là, un vrai problème qui doit appeler la communauté internationale d'une part, à demander à Israël de résister à l'escalade et puis aussi quand même de faire pression plus fortement sur Arafat pour qu'il manifeste une volonté réelle d'arrêter le terrorisme, de condamner le Hamas etc. La communauté internationale a ouvert le droit aux Palestiniens d'avoir un Etat, mais pas n'importe quel Etat. Il faut que ce soit un Etat démocratique, pacifique et qui arrête de souffler la haine. "
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 22 août 2001)
- "Cela dépend de l'objectif"
Ramener la paix.
- "Si l'objectif était d'échanger un nouveau statut pour la Corse contre la paix, c'est raté. J'avais mis en garde depuis le début contre les vices de construction des accords de Matignon. Je rappelle tout de même que ce qu'on appelle " les accords de Matignon ", ce n'est pas une négociation avec les indépendantistes ou avec les terroristes, c'est une négociation avec la majorité des élus corses, républicaine, attachée à la Corse dans la France et qui ont souhaité un nouveau statut pour l'île qui leur donne plus d'autonomie et qui mette fin à ce jacobinisme qui étouffe la Corse."
Il s'agit aussi de ramener une situation de vie sereine sur l'île qui, jusque là, est secouée par la violence chronique.
- "Si M. Jospin pensait que ce statut devait être échangé contre la paix, il se trompait. La preuve est apportée aujourd'hui qu'il s'est trompé. Il faut faire un statut de régionalisation, à mon avis pas seulement pour la Corse mais pour l'ensemble des régions françaises, un statut qui est en soi bon pour la Corse. De l'autre côté, face à la poignée d'indépendantistes et d'attardés mentaux qui rêvent d'imposer l'indépendance de la Corse par la lutte armée, en connivence souvent avec des bandes mafieuses qui vivent de l'extorsion de fonds ou du racket, il faut une politique très ferme de maintien de l'ordre. "
Quelle que soit l'évolution de la situation en Corse, quel que soit le degré de violence, à votre avis, si effectivement l'idée de L. Jospin est d'imposer un nouveau statut, faut-il continuer ? Il n'y a pas de "seuil de tolérance" pour reprendre la formule de M. Rocard ?
- "Je pense que ce statut est bon pour la Corse et la France. On pourrait aller plus loin. Il ouvre la voie à une très forte régionalisation dont peut profiter l'ensemble des provinces françaises. Placer ce statut sous la dépendance des règlements de compte entre terroristes, c'est de la folie. Ce n'est pas parce qu'il y a eu un règlement de compte entre nationalistes et indépendantistes hier qu'il faut arrêter tout règlement politique. Pour quelle politique de rechange d'ailleurs ? A mon avis, il n'y en a pas. A la suite de l'échec de la politique de M. Jospin qui avait conduit à l'assassinat du préfet Erignac, à la pantalonnade du préfet Bonnet, on s'est tourné vers les élus corses qui étaient les seuls qui avaient encore la confiance des Corses. Désavouer, aujourd'hui, les élus corses qui ont mis en uvre ce statut serait sans doute la plus grande erreur politique. Le deuxième vice de construction, c'est encore une fois, d'avoir fait cela seulement pour la Corse. Imaginez que l'on ait fait une grande réforme pour l'ensemble des régions"
Les autres régions françaises ne sont pas dans la situation de la Corse, le préalable n'était pas le même.
- "Cela n'a rien à voir ? Si. Au moment où l'on a parlé du statut corse, j'avais moi-même expliqué que l'on aurait dû non pas faire une exception corse au risque de donner le sentiment de récompenser le terrorisme mais que l'on aurait dû faire une grande politique pour l'ensemble des régions françaises dans laquelle, bien évidemment, aurait pu prendre place un statut corse. Et si nous avions fait cela, aujourd'hui, tout le monde comprendrait bien que ce n'est pas un petit règlement de compte entre nationalistes corses qui arrêterait le nécessaire processus de régionalisation dont la France a besoin. S'il y a une alternance réussie au printemps prochain et si je suis en position, je proposerais une réforme constitutionnelle pour l'ensemble des régions françaises, pour laisser respirer la France et les provinces françaises et pas seulement une exception corse. "
Vous avez parlé de la nécessité de restaurer l'Etat de droit, en tout cas l'autorité de l'Etat en Corse. Hier, F. Bayrou, avec Guillaume Durand sur Europe 1 parlait d'une autorité de l'Etat niée par ces meurtres. Il plaide pour que les signataires de l'accord s'engagent explicitement sur la voie de non-violence. Est-ce que cela vous paraît sage ?
- "Les signataires de l'accord, ce sont les élus corses, de mémoire, 41 ou 45 sur 51 élus corses. C'est la majorité démocratiquement élue qui est une majorité très profondément attachée à la Corse dans la République et qui condamne la violence. Vous ne pouvez pas exiger l'arrêt de toute vendetta en Corse. Le gouvernement qui dirait : " Il faut arrêter toute vendetta en Corse " et qui réussirait à obtenir l'arrêt de la vendetta en Corse n'est pas né ! "
Cela ne se décrète pas, mais l'ambiguïté de certains peut quand même nourrir le sentiment d'impunité. On n'a pas encore entendu J. Rossi, votre ami, un des piliers de ces accords de Matignon. Est-ce que le processus ne mérite pas quand même qu'il prenne la parole pour le défendre aujourd'hui ?
- "Je crois que José Rossi, très sagement, souhaite d'abord réunir l'ensemble des élus corses de façon à avoir une position commune et qu'il puisse parler au nom de la Corse. Si vous voulez me faire dire qu'il n'y a pas de politique d'autorité suffisante pour maintenir l'ordre en Corse de la part de M. Jospin et du gouvernement, la réponse est positive bien sûr. La preuve : l'assassin présumé du préfet Erignac, fut-il fils de député socialiste, court toujours. "
Le silence de L. Jospin, de la même façon, ne vous gêne-t-il pas davantage, de même que celui de J. Chirac, sur ce dossier ?
- "Si l'on pouvait effectivement mettre un peu moins de passion et un peu plus de réflexion dans une question d'intérêt national, ce serait plutôt le bon chemin. "
Donc, le silence est plutôt positif ?
- "Je ne dis pas cela. Je dis simplement qu'il faut parfois prendre le temps de réfléchir avant de parler et ne pas mettre de l'huile sur le feu. Ce qui s'est passé cet été, c'est un règlement de compte entre indépendantistes corses. Il y en avait déjà eu un l'été dernier. Les règlements de compte ne doivent pas mettre en cause le règlement politique. "
C'est aussi une adresse à vos amis de la droite qui, selon vous, instrumentaliseraient le dossier corse ?
- "A droite, il y a, à la fois des jacobins qui n'ont pas envie de régionalisation, ni pour la Corse, ni pour aucune région et d'autres qui sont très inquiets par le fait de faire une exception corse parce qu'ils s'interrogent. Est-ce que cela ne risque pas d'affaiblir l'idée régionale ? C'est une inquiétude que l'on peut partager. Et puis, vous avez ceux qui sont inquiets tout simplement pour l'autorité de l'Etat. Cela étant, encore une fois, je crois qu'il faut essayer de faire passer l'intérêt du pays avant l'intérêt de nos partis, fussent-ils de l'opposition. "
Un dernier mot sur ce processus. Est-ce une bonne voie dans laquelle s'est engagé le gouvernement parce que, aujourd'hui, c'est la seule ?
- "Quand je dis " une bonne voie ", il faudrait nuancer. Tout ce qui va dans le sens de déverrouiller le jacobinisme français, de faire des institutions décentralisées, modernes d'une France moderne va dans le bon sens. Bien évidemment, ce statut, je le trouve modeste ; je serais beaucoup plus audacieux, non seulement pour la Corse, mais aussi pour l'ensemble des régions françaises. Néanmoins, il va plutôt dans le bon sens. "
Un petit mot de votre campagne électorale. On sait que vous donnez rendez-vous à vos partenaires et à vos partisans en novembre au Zénith. Quand vous lisez dans Le Figaro que Jean-Claude Gaudin, qui appartient à Démocratie Libérale, votera pour J. Chirac dès le premier tour, qu'en pensez-vous ?
- "Je n'y vois aucun signe d'animosité. Franchement, entre Jean-Claude Gaudin et moi-même, il n'y a aucune animosité. Jean-Claude Gaudin d'ailleurs explique qu'il vote Chirac parce que les sondages lui sont plus favorables qu'à moi-même, et que, en tant qu'élu d'une grande ville, il veut faire le score maximum. C'est un réalisme que je peux comprendre. Cela étant, c'est le même réalisme qui avait conduit certains à soutenir E. Balladur, dont Jean-Claude Gaudin, lorsque celui-ci s'annonçait à 30 % dans les sondages. Cela ne s'est pas terminé tout à fait au même chiffre. Je vous rappelle qu'en 1995, à peu près à la même époque, Jospin faisait entre 2 et 3 % dans les sondages. Donc, je conseille plutôt de faire de la politique avec des convictions que l'il sur le baromètre des sondages. "
Nous ne sommes qu'au mois d'août, c'est ce que vous nous rappelez. Vous êtes allé au mois de juillet en Israël. Vous y avez rencontré les principaux acteurs politiques du pays. Est-ce que vous êtes plutôt pessimiste ou optimiste alors qu'on a vécu une escalade cet été ?
- "Assez pessimiste parce qu'il y a là un engrenage, il y a un risque de conflagration ; on voit une sorte de dérapage. Le conflit israélo-palestinien est en train de devenir un problème entre juifs et musulmans et c'est la raison pour laquelle, je crois, la communauté internationale"
... vous voulez dire par-là que ce n'est plus seulement une question de terre, de partage ?
- "Plus seulement. On le voit bien d'ailleurs avec les mouvements islamistes extrémistes qui appellent à la Guerre Sainte et qui expliquent que ceux qui commettent des actes suicides, en réalité, se retrouveront au paradis d'Allah. Il y a là, un vrai problème qui doit appeler la communauté internationale d'une part, à demander à Israël de résister à l'escalade et puis aussi quand même de faire pression plus fortement sur Arafat pour qu'il manifeste une volonté réelle d'arrêter le terrorisme, de condamner le Hamas etc. La communauté internationale a ouvert le droit aux Palestiniens d'avoir un Etat, mais pas n'importe quel Etat. Il faut que ce soit un Etat démocratique, pacifique et qui arrête de souffler la haine. "
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 22 août 2001)