Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Stéphane LE FOLL.
STÉPHANE LE FOLL
Bonjour.
APOLLINE DE MALHERBE
Merci d'être avec nous. Vous êtes ministre de l'Agriculture, porte-parole du gouvernement, beaucoup de sujets à vous avec vous, notamment la question de la déchéance de nationalité, la réforme de la Constitution, mais je voudrais qu'on commence par parler dinde, chapon, foie gras, à quelques jours des fêtes. La grippe aviaire, à ce jour il y a 19 foyers dans les Landes, 12 en Dordogne, 10 dans les Pyrénées-Atlantiques, 9 dans le Gers, 2 dans les Hautes-Pyrénées et 1 en Haute-Vienne. Est-ce que les Français doivent être inquiets ?
STÉPHANE LE FOLL
Non, les Français n'ont absolument pas à être inquiets et peuvent consommer ce qu'ils aiment consommer, ce que vous avez cité en introduction de cette question, tout ce qui concerne les volailles. On a un problème d'influenza aviaire, donc d'un virus qui se transmet lorsque les volailles sont en liberté, et qui ne se transmet pas du tout, d'ailleurs, lorsqu'on en mange, on mange de la viande, et il faut qu'on soit suffisamment vigilant pour gérer les cas et faire en sorte que la zone dans laquelle on a trouvé le plus de ce type de virus, c'est-à-dire le Sud-Ouest, on soit capable, à l'intérieur d'une zone qu'on a définie maintenant, d'assurer à la fois ce qu'on appelle les mesures de biosécurité, pour éviter la transmission de ce virus ailleurs. Pour l'instant on a
APOLLINE DE MALHERBE
Vous arrivez à contenir le virus ?
STÉPHANE LE FOLL
Oui, sur 6 départements, 8, sur lesquels on a étendu cette zone de protection, et on essaye, à partir de là, de gérer, au sein de cette zone de protection qu'on considère comme étant
APOLLINE DE MALHERBE
C'est sous contrôle ?
STÉPHANE LE FOLL
C'est sous contrôle, des services sanitaires, et je les salue aujourd'hui, parce que depuis le premier cas la vigilance et les instructions données, au niveau départemental, ont été parfaitement suivies, coordonnées, et on essaye à partir de là de faire au mieux pour traiter le sujet et éviter la diffusion de la grippe, et, je le rappelle, cette influenza aviaire n'a aucune conséquence pour l'homme.
APOLLINE DE MALHERBE
Il n'y a aucun risque aujourd'hui ?
STÉPHANE LE FOLL
Aucune, on a même eu un rapport spécifique, qu'on a même présenté, parce que
APOLLINE DE MALHERBE
Ni dans l'alimentation, ni dans le contact avec les volailles.
STÉPHANE LE FOLL
Voilà, ni dans le contact, ce n'est pas un virus d'origine humaine, c'est de mutations de virus liées à des transmissions au niveau des volailles, donc là-dessus on est clair, il y a eu un rapport de l'ANSES qui est sorti, qu'on a rendu public d'ailleurs, pour que les choses soient transparentes, à partir de là on a une gestion sanitaire
APOLLINE DE MALHERBE
Donc aucune inquiétude.
STÉPHANE LE FOLL
Comme on en a eu d'ailleurs sur la FCO aussi, je le rappelle, au niveau de la viande bovine et ovine, on essaye de faire au mieux, mais ce sont des
APOLLINE DE MALHERBE
Donc pour vous c'est sous contrôle et pas d'inquiétude.
STÉPHANE LE FOLL
Pas d'inquiétude, en tout cas pour les consommateurs, aucune inquiétude.
APOLLINE DE MALHERBE
Un mot sur les agriculteurs. Traditionnellement c'était un électorat qui résistait au vote Front national et ils ont basculé, on estime que 35 % ont voté Front national aux dernières régionales. C'est quoi ? C'est du découragement, c'est votre échec ?
STÉPHANE LE FOLL
Holà là, vous savez, dans ce débat il y a sûrement des causes liées à la conjoncture, qui est très difficile, on a une crise économique au niveau de l'agriculture, en particulier dans les villages.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc crise économique = vote FN ?
STÉPHANE LE FOLL
Il y a une crise économique, il y a l'agriculture dans le rural, le rural a cette tendance aujourd'hui à voter pour le Front national, avec ce sentiment d'être déconnecté du reste de la société, d'être « abandonné », ce qui n'est pas le cas.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous comprenez ce sentiment ?
STÉPHANE LE FOLL
Je le comprends et en même temps je ne veux pas laisser penser que rien ne serait fait et que justement il y aurait un abandon, parce que je connais bien le rural. Moi j'ai été élu d'un village de 300 habitants, je me souviens que mon père a été le premier deuxième regroupement pédagogique en France, je crois, et dans la Sarthe, en 1974, que là où les maires avaient accepté le regroupement pédagogique il y a encore une école. Que là où les maires, à l'époque, avaient refusé de se regrouper
APOLLINE DE MALHERBE
Vous voulez dire qu'il y a eu ceux qui ont réussi à anticiper cela ?
STÉPHANE LE FOLL
Oui, parce que la mutualisation, l'organisation plus collective, et tous ceux qui ne font que s'accrocher, village par village, à tout ce qui existait avant, sans s'ouvrir des perspectives plus intercommunales, de travailler ensemble, ça c'est un risque qui est pris.
APOLLINE DE MALHERBE
Sauf qu'il y a les agriculteurs
STÉPHANE LE FOLL
Alors, les agriculteurs vivent une crise
APOLLINE DE MALHERBE
Mais il y a aussi tous les Français, globalement, qui disent leur découragement, en votant Front national, on le disait à l'instant, mais aussi en disant qu'ils ne croient plus à la parole du président. Les derniers sondages montrent que, sur le chômage, sur la croissance, sur la promesse de baisser les impôts, les Français estiment que ce n'est pas crédible.
STÉPHANE LE FOLL
Ecoutez, alors les Français estiment que ce n'est pas crédible, donc il va falloir répéter et donner de la crédibilité à ce qu'on fait.
APOLLINE DE MALHERBE
Il suffit de répéter ?
STÉPHANE LE FOLL
Non, mais
APOLLINE DE MALHERBE
C'est une question d'entente, c'est une question d'écoute ?
STÉPHANE LE FOLL
Ecoutez, Apolline de MALHERBE, vous me dites ce n'est pas crédible, donc je vous dis, s'il y a un problème de crédibilité, perçue par les Français, c'est qu'il y a un problème d'explications et il va falloir répéter.
APOLLINE DE MALHERBE
Ce n'est pas un problème d'application que juste d'explications ?
STÉPHANE LE FOLL
Il y a peut-être si je prends la baisse des impôts, elle va arriver, et à chaque fois qu'on annonce, quelque chose, que ça passe au Parlement, que c'est voté, qu'on a quelquefois deux lectures avant que ce soit définitivement appliqué
APOLLINE DE MALHERBE
On nous dit toujours « ça arrive », « ça arrive », « ça arrive. »
STÉPHANE LE FOLL
Oui, je sais bien, mais qu'est-ce que je peux vous dire d'autre, que les règles démocratiques font qu'aujourd'hui je prends par exemple la question du tiers payant, sur la loi Santé, grande avancée qui va faire que chacun n'aura plus à débourser
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous continuez à parler au futur.
STÉPHANE LE FOLL
Je parle au futur, oui, parce qu'il a fallu deux lectures, deux lectures, donc ça fait 8 mois qu'on est sur le débat.
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce qu'il faut changer les règles ?
STÉPHANE LE FOLL
Je pense que le temps pour légiférer est un temps extrêmement long, ou alors il faudrait complètement déconnecter l'expression publique des choix politiques qui sont faits, du temps législatif nécessaire, puisque ça crée des décalages qui font que, dans la perception que peuvent en avoir les Français, c'est de dire « mais attendez, ils nous ont expliqué ça il y a 1 an, ce n'est toujours pas en application. » Mais non, parce qu'avant que ce soit en application, il faut que ce soit voté, et avant que ce soit voté, ça prend du temps.
APOLLINE DE MALHERBE
A propos du processus législatif, Claude BARTOLONE, qui va remonter au Perchoir, qui est donc censé être, même physiquement, ça se voit, au-dessus de la mêlée, après avoir mené une campagne qui, à la fin, y compris pour certains qui étaient sur sa liste, a été jugée comme une campagne qui a divisé. Ça vous paraît normal ?
STÉPHANE LE FOLL
Claude BARTOLONE a été élu président de l'Assemblée nationale avant d'être candidat, tête de liste en Ile-de-France. Il a mené cette campagne avec la volonté de l'emporter, il a été battu. A partir de là, il était président de l'Assemblée nationale, il avait à partir de là une responsabilité, qui lui avait été confiée par les parlementaires, à une large majorité, bien sûr pas l'opposition, mais je crois que tout le monde avait voté, il a souhaité reprendre ce qui
APOLLINE DE MALHERBE
Et là, pour le coup, c'était à main levée
STÉPHANE LE FOLL
Ça a été à main levée, tout ça on peut en discuter
APOLLINE DE MALHERBE
Vous ne regrettez pas quand même ? Vous dites on peut en discuter, justement discutons-en.
STÉPHANE LE FOLL
Les choses sont maintenant tranchées, ont été faites, je pense que je peux comprendre le fait qu'il y ait quelques discussions, à quelques sujets, à commentaires, mais Claude BARTOLONE a été un président de l'Assemblée nationale qui était parfaitement respecté, et d'ailleurs qui était assez salué par tous ceux qui
APOLLINE DE MALHERBE
C'est vrai, mais une chose a changé depuis.
STÉPHANE LE FOLL
Oui, une chose a changé, c'est qu'il a été candidat, il a mené cette campagne, et je l'ai dit, jusqu'au bout, avec des arguments sur lesquels d'ailleurs il s'est exprimé lui-même
APOLLINE DE MALHERBE
Vous-même vous avez regretté, à titre personnel, l'utilisation de l'expression « race blanche » ?
STÉPHANE LE FOLL
Moi je n'ai pas à regretter, j'ai considéré que chacun menait sa campagne, avait à conduire cette campagne jusqu'au bout, à partit du moment où
APOLLINE DE MALHERBE
Mais il y avait une forme de maladresse ?
STÉPHANE LE FOLL
Claude BARTOLONE a été tête de liste, c'est lui qui la conduisait, il aura, il s'en est déjà expliqué d'ailleurs, je crois, là-dessus, mais moi je ne ferai pas de commentaire.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc pour vous ça ne changera rien, il va remonter au Perchoir comme si de rien n'était.
STÉPHANE LE FOLL
Je ne sais pas si ça change rien, je pense que les choses sont faites dans cet ordre-là, les régionales, il a conduit cette liste
APOLLINE DE MALHERBE
Je ne vous sens pas complètement convaincu, quand même, Stéphane LE FOLL.
STÉPHANE LE FOLL
Il a été battu, et donc maintenant, je m'en rappelle très bien, parce que je sais ce que j'entendais, il était quand même considéré comme un bon président de l'Assemblée nationale.
APOLLINE DE MALHERBE
Encore une fois, Stéphane LE FOLL, moi je vous interroge justement sur ce qui a changé.
STÉPHANE LE FOLL
Ce qui a changé c'est qu'il a fait une campagne régionale et qu'il l'a perdue.
APOLLINE DE MALHERBE
Et donc, pour vous, hop, on tourne la page et on reprend tout comme si de rien n'était.
STÉPHANE LE FOLL
Non, non, ce n'est pas pour moi hop ! Je comprends et je dis qu'il faut toujours prendre toutes les précautions nécessaires pour bien s'expliquer mais que Claude BARTOLONE, en dehors de cette campagne régionale, lorsqu'il était président de l'Assemblée nationale, il est normal qu'après avoir été battu
APOLLINE DE MALHERBE
Il aura encore à s'expliquer, d'après vous ?
STÉPHANE LE FOLL
Il a eu une réputation qui était une très bonne réputation, donc on ne peut pas non plus remettre tout ça en cause.
APOLLINE DE MALHERBE
Déchéance de nationalité, l'engagement de François HOLLANDE, c'était très solennel, c'était quelques jours après les actes terroristes, il a dit qu'effectivement il faudrait pouvoir déchoir de sa nationalité tous les Français, y compris ceux qui sont nés Français. Je voudrais que vous le réécoutiez, c'était juste après les actes terroristes, c'était à Versailles devant tous les parlementaires.
FRANÇOIS HOLLANDE
Nous devons pouvoir déchoir de sa nationalité française un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation, ou un acte terroriste, même s'il est né français, je dis bien même s'il est né français, dès lors qu'il bénéficie d'une autre nationalité.
APOLLINE DE MALHERBE
Et puis finalement non. Qu'est-ce qui a changé, pourquoi finalement pas ?
STÉPHANE LE FOLL
D'abord, Apolline de MALHERBE, vous êtes en train d'anticiper une décision qui sera rendu publique demain au Conseil des ministres, donc « et puis finalement non », c'est ce que vous dites ce matin
APOLLINE DE MALHERBE
Donc pour vous c'est encore possible que François HOLLANDE respecte ce qu'il a dit ?
STÉPHANE LE FOLL
Mais attendez, où est-ce que vous avez vu, Apolline de MALHERBE, une décision qui était prise puisque c'est demain en Conseil des ministres ? Donc, d'abord, on va remettre de l'ordre dans l'information.
APOLLINE DE MALHERBE
Allez-y.
STÉPHANE LE FOLL
Vous me posez une question comme s'il y avait déjà une décision. La décision, c'est demain ; je le rappelle quand même. Ensuite, pourquoi il y a un débat sur la réforme constitutionnelle ? C'est parce que l'état d'urgence qui a été décidé après ces attentats, le soir même des attentats d'ailleurs, pour les douze jours autorisés
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, et qui a ensuite été prolongé.
STÉPHANE LE FOLL
Qui a été prolongé par la loi le 20 décembre, dans la constitution aujourd'hui il y a deux articles qui font référence à l'état de siège ou au transfert des compétences, l'état de siège et puis l'état d'urgence pas l'état d'urgence justement -, et puis d'un autre article, je ne m'en souviens plus. Bref, il n'y a pas
APOLLINE DE MALHERBE
Vous auriez dû rester sur la déchéance de nationalité. C'est là-dessus que je vous ai interrogé, Stéphane LE FOLL. Vous essayez de noyer le poisson.
STÉPHANE LE FOLL
Je ne vais pas noyer le poisson. Je ne vais pas vous répondre à une question alors que ça sera demain qu'il y aura la réponse. Apolline de MALHERBE, le Conseil des ministres est un lieu suffisamment solennel dont il faut garder l'impact et la règle. L'annonce sera faite demain. Je ne vais pas commenter quelque chose comme si c'était décidé. Je suis porte-parole du gouvernement, et j'ai quand même un minimum de respect à avoir dans les règles.
APOLLINE DE MALHERBE
Stéphane LE FOLL, quand on écoutait François HOLLANDE qui faisait ce discours à l'instant, c'était un discours qui ne souffrait pas franchement le doute.
STÉPHANE LE FOLL
C'était un discours que j'ai parfaitement entendu, j'étais au congrès.
APOLLINE DE MALHERBE
Moi aussi.
STÉPHANE LE FOLL
C'est un discours qui est post-attentat, qui fixe des grandes règles et qui, sur la question de la constitutionnalité de l'état d'urgence
APOLLINE DE MALHERBE
En fait il nous disait : « peut-être, mais oui, mais on n'est pas sûr et on verra bien » ?
STÉPHANE LE FOLL
Non. Il avait dit d'ailleurs que tout serait soumis au Conseil d'Etat.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais le Conseil d'Etat a dit qu'il n'y avait pas de problème si c'était inscrit dans la constitution.
STÉPHANE LE FOLL
Mais il a dit, le Conseil d'Etat, avec un certain nombre de règles qui ont été rappelé aussi sur les règles internationales en particulier qui peuvent être sujettes à discussion c'était marqué , mais il a laissé la liberté de choix au président de la République, au Premier ministre, pour présenter cette réforme demain, donc demain on aura la réponse.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous à titre personnel, vous y êtes favorable ?
STÉPHANE LE FOLL
Mais je ne vais pas vous expliquer à titre personnel si j'y suis ou pas favorable. Moi, je suis venu ce matin en tant que porte-parole du gouvernement et demain matin, il y a un Conseil des ministres et il arrive qu'ensuite, après le Conseil des ministres, je fasse le point de presse qui suit le Conseil des ministres. Donc je ne vais pas me mettre dans la situation de dire des choses un matin et d'en dire d'autres le lendemain.
APOLLINE DE MALHERBE
On verra bien si François HOLLANDE reste cohérent avec ce qu'il avait dit à Versailles. Je voudrais vous faire écouter autre chose : Jean-Guy TALAMONI, son discours de nouveau président à la région Corse. C'était un discours officiel en tant que président d'une institution française.
- Extrait de propos corses de Jean-Guy TALAMONI
APOLLINE DE MALHERBE
Un élu de la République qui parle et qui fait son discours en corse, ça vous choque ou ça ne vous choque pas ?
STÉPHANE LE FOLL
Oh là là, cette solennité de comment vous la posez. Jean-Guy TALAMONI, vous connaissez Jean-Guy TALAMONI ?
APOLLINE DE MALHERBE
Pas personnellement mais je vois tout à fait qui c'est.
STÉPHANE LE FOLL
Non, non, non, mais politiquement vous voyez très bien qui c'est.
APOLLINE DE MALHERBE
Bien sûr.
STÉPHANE LE FOLL
C'est donc quelqu'un qui s'est revendiqué indépendantiste depuis longtemps. Pas autonomiste.
APOLLINE DE MALHERBE
D'ailleurs dans les mots, il disait : « En votant pour les nationalistes, le peuple corse a dit que la Corse n'était pas un morceau d'un autre pays mais une nation ».
STÉPHANE LE FOLL
D'abord, il faudrait lui rappeler que s'ils ont été élus, c'est parce qu'ils ont obtenu je crois plus de 30 % des voix, ou 35 je crois. Donc il y a 65 % des Corse qui n'ont pas voté pour les listes autonomistes et nationalistes.
APOLLINE DE MALHERBE
Il n'a pas la majorité absolue.
STÉPHANE LE FOLL
Donc à partir de là, on voit bien le jeu politique de Jean-Guy TALAMONI, et le fait qu'il s'exprime en corse est une volonté de marquer ce choix qui est le sien et qui est historique. Très bien. A partir de là, l'Etat, lui, il a à faire respecter ce qu'est la loi et à travailler avec une collectivité territoriale pour faire en sorte qu'on soit capable de continuer à assurer la sécurité de tous les Corses, à éviter la violence et à assurer aussi le développement économique de la Corse parce que c'est ça qui est aussi en jeu, le tout dans le cadre de la République. C'est ce qu'a passé comme message je crois Manuel VALLS et sur lequel on doit rester.
APOLLINE DE MALHERBE
Il a dit qu'il y aurait un dialogue avec eux, mais vous dites qu'il faut faire respecter la loi. L'article 2 de la constitution, c'est : « la langue de la République est le français ».
STÉPHANE LE FOLL
Oui, mais écoutez Apolline de MALHERBE, je vais répéter encore ce que j'ai dit tout à l'heure. Est-ce que monsieur SIMEONI s'est exprimé en corse lui ?
APOLLINE DE MALHERBE
Non.
STÉPHANE LE FOLL
Monsieur TALAMONI, on connaît.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais ce n'est pas parce qu'on connaît qu'on peut accepter, si ?
STÉPHANE LE FOLL
Mais ce n'est pas parce qu'on connaît qu'on peut accepter lorsque certains, et j'en suis - je parle un tout petit peu breton, je le sais aussi, je connais
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous ne parlez peut-être pas breton dans vos discours officiels de porte-parole à l'Elysée.
STÉPHANE LE FOLL
Non, mais je pourrais dire des mots. Je le dis, j'en dis des mots ; ça peut être aussi indiqué d'ailleurs par Jean-Yves LE DRIAN. Il faut aussi qu'on soit, sur ces sujets, un tout petit peu
APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous êtes assez tolérant en fait.
STÉPHANE LE FOLL
Je suis assez tolérant, oui. A condition que les règles de la République ensuite soient respectées, parce que ceux qui un jour s'expriment en corse, mais si derrière ils voulaient remettre en cause ce qu'est la République aujourd'hui et dans la République ce qu'est la Corse, ça c'est un autre sujet. Mais on ne va pas non plus faire monter comme ça des débats, parce que quelqu'un qu'on connaît très bien
APOLLINE DE MALHERBE
Non, Stéphane LE FOLL, on ne fait pas monter un débat. C'est quand même un acte fort.
STÉPHANE LE FOLL
Mais bien entendu, et c'est fait par quelqu'un qui voulait le faire mais, je le dis, qui au premier tour a fait moins encore que la somme
APOLLINE DE MALHERBE
Donc en gros vous lui dites : « Calmez-vous un tout petit peu ».
STÉPHANE LE FOLL
Exactement.
APOLLINE DE MALHERBE
« Calmez le jeu ». Le pacte républicain sur le chômage qui sera annoncé en janvier par Manuel VALLS, qui promet des mesures-choc, des mesures d'urgence, des mesures efficaces, ça veut dire que vous n'aviez pas tout essayé ?
STÉPHANE LE FOLL
Ça veut dire que je pense qu'avec les nouveaux exécutifs régionaux qui sont issus de ces élections régionales parce que c'était quand même ça la question qui était posée, les compétences des régions sur les questions de formation professionnelle, sur les questions d'apprentissage on a bien vu qu'un certain nombre de candidats en ont fait un élément extrêmement important et sur les questions d'investissement, il faut qu'on trouve un pacte qui fasse que sur ces questions, Etat et régions s'engagent vraiment à poursuivre ou à amplifier et à mettre en oeuvre partout, dans tous les territoires, des politiques qui sont des politiques essentielles pour sortir beaucoup de nos jeunes et beaucoup d'autres d'ailleurs de la situation du chômage voire aussi du chômage
APOLLINE DE MALHERBE
Jusqu'à présent les présidents de régions, ils étaient d'ailleurs très largement socialistes, vous auriez pu déjà appliquer ce pacte avec eux.
STÉPHANE LE FOLL
Mais on l'a fait. Par exemple, le plan sur les 150 000 formations pour répondre aux emplois non formés a été fait et il a très bien marché. Mais on est parfaitement conscient qu'après les élections, ç'a été dit d'ailleurs, on a aussi, puisque c'est des nouveaux exécutifs, à reconstruire un pacte qui permette d'aller le plus vite et le plus loin possible pour trouver des solutions au chômage, en particulier dans tous les territoires de France.
APOLLINE DE MALHERBE
Stéphane LE FOLL, est-ce que comme beaucoup de Français vous avez assez hâte de tourner la page de 2015 et d'ouvrir celle de 2016 ?
STÉPHANE LE FOLL
2015 était une année, je ne peux pas dire autre chose quand même, qui a été terrible avec des événements terribles, que ce soit en début d'année au mois de janvier, et que ce soit à la fin de l'année avec ce qui s'est passé à Paris. Je m'en souviendrai longtemps. Je me souviens que l'année 2015 est aussi marquée par ce qui s'est passé en Syrie avec la dégradation et la situation qu'on connaît. Et je sais aussi que l'année 2015, c'est une année pendant laquelle on est sorti de ce qu'était pratiquement la stagnation en termes de croissance économique dans laquelle on était et qu'on ouvre une perspective sur laquelle il faut qu'on soit capable d'amplifier le mouvement.
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que les Français peuvent espérer qu'en 2016 le chômage va baisser ?
STÉPHANE LE FOLL
Je le pense.
APOLLINE DE MALHERBE
Ils peuvent l'espérer, c'est ce que vous leur souhaitez ou vous pensez que c'est faisable ?
STÉPHANE LE FOLL
Ce n'est pas ce que je leur souhaite, et c'est ce que je souhaite à tous les chômeurs. Ce que je souhaite, c'est qu'on fasse que la création d'emplois permette à ceux qui sont dans le chômage aujourd'hui d'en sortir. Donc je le souhaite et je pense que l'année 2016 pourrait être une année, après avoir remis l'économie française sur une voie de croissance minime mais qui est là, il faut l'amplifier et cette amplification doit déboucher sur une diminution du chômage qui est absolument essentielle pour de nombreux Français.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc pour vous, ce n'est pas seulement un voeu, ce sera une réalité en 2016.
STÉPHANE LE FOLL
Je pense que ce sera une réalité en 2016.
APOLLINE DE MALHERBE
Bonnes fêtes de fin d'année, Stéphane LE FOLL.
STÉPHANE LE FOLL
Bonnes fêtes à vous.
APOLLINE DE MALHERBE
Merci d'avoir été avec nous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 décembre 2015
Bonjour Stéphane LE FOLL.
STÉPHANE LE FOLL
Bonjour.
APOLLINE DE MALHERBE
Merci d'être avec nous. Vous êtes ministre de l'Agriculture, porte-parole du gouvernement, beaucoup de sujets à vous avec vous, notamment la question de la déchéance de nationalité, la réforme de la Constitution, mais je voudrais qu'on commence par parler dinde, chapon, foie gras, à quelques jours des fêtes. La grippe aviaire, à ce jour il y a 19 foyers dans les Landes, 12 en Dordogne, 10 dans les Pyrénées-Atlantiques, 9 dans le Gers, 2 dans les Hautes-Pyrénées et 1 en Haute-Vienne. Est-ce que les Français doivent être inquiets ?
STÉPHANE LE FOLL
Non, les Français n'ont absolument pas à être inquiets et peuvent consommer ce qu'ils aiment consommer, ce que vous avez cité en introduction de cette question, tout ce qui concerne les volailles. On a un problème d'influenza aviaire, donc d'un virus qui se transmet lorsque les volailles sont en liberté, et qui ne se transmet pas du tout, d'ailleurs, lorsqu'on en mange, on mange de la viande, et il faut qu'on soit suffisamment vigilant pour gérer les cas et faire en sorte que la zone dans laquelle on a trouvé le plus de ce type de virus, c'est-à-dire le Sud-Ouest, on soit capable, à l'intérieur d'une zone qu'on a définie maintenant, d'assurer à la fois ce qu'on appelle les mesures de biosécurité, pour éviter la transmission de ce virus ailleurs. Pour l'instant on a
APOLLINE DE MALHERBE
Vous arrivez à contenir le virus ?
STÉPHANE LE FOLL
Oui, sur 6 départements, 8, sur lesquels on a étendu cette zone de protection, et on essaye, à partir de là, de gérer, au sein de cette zone de protection qu'on considère comme étant
APOLLINE DE MALHERBE
C'est sous contrôle ?
STÉPHANE LE FOLL
C'est sous contrôle, des services sanitaires, et je les salue aujourd'hui, parce que depuis le premier cas la vigilance et les instructions données, au niveau départemental, ont été parfaitement suivies, coordonnées, et on essaye à partir de là de faire au mieux pour traiter le sujet et éviter la diffusion de la grippe, et, je le rappelle, cette influenza aviaire n'a aucune conséquence pour l'homme.
APOLLINE DE MALHERBE
Il n'y a aucun risque aujourd'hui ?
STÉPHANE LE FOLL
Aucune, on a même eu un rapport spécifique, qu'on a même présenté, parce que
APOLLINE DE MALHERBE
Ni dans l'alimentation, ni dans le contact avec les volailles.
STÉPHANE LE FOLL
Voilà, ni dans le contact, ce n'est pas un virus d'origine humaine, c'est de mutations de virus liées à des transmissions au niveau des volailles, donc là-dessus on est clair, il y a eu un rapport de l'ANSES qui est sorti, qu'on a rendu public d'ailleurs, pour que les choses soient transparentes, à partir de là on a une gestion sanitaire
APOLLINE DE MALHERBE
Donc aucune inquiétude.
STÉPHANE LE FOLL
Comme on en a eu d'ailleurs sur la FCO aussi, je le rappelle, au niveau de la viande bovine et ovine, on essaye de faire au mieux, mais ce sont des
APOLLINE DE MALHERBE
Donc pour vous c'est sous contrôle et pas d'inquiétude.
STÉPHANE LE FOLL
Pas d'inquiétude, en tout cas pour les consommateurs, aucune inquiétude.
APOLLINE DE MALHERBE
Un mot sur les agriculteurs. Traditionnellement c'était un électorat qui résistait au vote Front national et ils ont basculé, on estime que 35 % ont voté Front national aux dernières régionales. C'est quoi ? C'est du découragement, c'est votre échec ?
STÉPHANE LE FOLL
Holà là, vous savez, dans ce débat il y a sûrement des causes liées à la conjoncture, qui est très difficile, on a une crise économique au niveau de l'agriculture, en particulier dans les villages.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc crise économique = vote FN ?
STÉPHANE LE FOLL
Il y a une crise économique, il y a l'agriculture dans le rural, le rural a cette tendance aujourd'hui à voter pour le Front national, avec ce sentiment d'être déconnecté du reste de la société, d'être « abandonné », ce qui n'est pas le cas.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous comprenez ce sentiment ?
STÉPHANE LE FOLL
Je le comprends et en même temps je ne veux pas laisser penser que rien ne serait fait et que justement il y aurait un abandon, parce que je connais bien le rural. Moi j'ai été élu d'un village de 300 habitants, je me souviens que mon père a été le premier deuxième regroupement pédagogique en France, je crois, et dans la Sarthe, en 1974, que là où les maires avaient accepté le regroupement pédagogique il y a encore une école. Que là où les maires, à l'époque, avaient refusé de se regrouper
APOLLINE DE MALHERBE
Vous voulez dire qu'il y a eu ceux qui ont réussi à anticiper cela ?
STÉPHANE LE FOLL
Oui, parce que la mutualisation, l'organisation plus collective, et tous ceux qui ne font que s'accrocher, village par village, à tout ce qui existait avant, sans s'ouvrir des perspectives plus intercommunales, de travailler ensemble, ça c'est un risque qui est pris.
APOLLINE DE MALHERBE
Sauf qu'il y a les agriculteurs
STÉPHANE LE FOLL
Alors, les agriculteurs vivent une crise
APOLLINE DE MALHERBE
Mais il y a aussi tous les Français, globalement, qui disent leur découragement, en votant Front national, on le disait à l'instant, mais aussi en disant qu'ils ne croient plus à la parole du président. Les derniers sondages montrent que, sur le chômage, sur la croissance, sur la promesse de baisser les impôts, les Français estiment que ce n'est pas crédible.
STÉPHANE LE FOLL
Ecoutez, alors les Français estiment que ce n'est pas crédible, donc il va falloir répéter et donner de la crédibilité à ce qu'on fait.
APOLLINE DE MALHERBE
Il suffit de répéter ?
STÉPHANE LE FOLL
Non, mais
APOLLINE DE MALHERBE
C'est une question d'entente, c'est une question d'écoute ?
STÉPHANE LE FOLL
Ecoutez, Apolline de MALHERBE, vous me dites ce n'est pas crédible, donc je vous dis, s'il y a un problème de crédibilité, perçue par les Français, c'est qu'il y a un problème d'explications et il va falloir répéter.
APOLLINE DE MALHERBE
Ce n'est pas un problème d'application que juste d'explications ?
STÉPHANE LE FOLL
Il y a peut-être si je prends la baisse des impôts, elle va arriver, et à chaque fois qu'on annonce, quelque chose, que ça passe au Parlement, que c'est voté, qu'on a quelquefois deux lectures avant que ce soit définitivement appliqué
APOLLINE DE MALHERBE
On nous dit toujours « ça arrive », « ça arrive », « ça arrive. »
STÉPHANE LE FOLL
Oui, je sais bien, mais qu'est-ce que je peux vous dire d'autre, que les règles démocratiques font qu'aujourd'hui je prends par exemple la question du tiers payant, sur la loi Santé, grande avancée qui va faire que chacun n'aura plus à débourser
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous continuez à parler au futur.
STÉPHANE LE FOLL
Je parle au futur, oui, parce qu'il a fallu deux lectures, deux lectures, donc ça fait 8 mois qu'on est sur le débat.
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce qu'il faut changer les règles ?
STÉPHANE LE FOLL
Je pense que le temps pour légiférer est un temps extrêmement long, ou alors il faudrait complètement déconnecter l'expression publique des choix politiques qui sont faits, du temps législatif nécessaire, puisque ça crée des décalages qui font que, dans la perception que peuvent en avoir les Français, c'est de dire « mais attendez, ils nous ont expliqué ça il y a 1 an, ce n'est toujours pas en application. » Mais non, parce qu'avant que ce soit en application, il faut que ce soit voté, et avant que ce soit voté, ça prend du temps.
APOLLINE DE MALHERBE
A propos du processus législatif, Claude BARTOLONE, qui va remonter au Perchoir, qui est donc censé être, même physiquement, ça se voit, au-dessus de la mêlée, après avoir mené une campagne qui, à la fin, y compris pour certains qui étaient sur sa liste, a été jugée comme une campagne qui a divisé. Ça vous paraît normal ?
STÉPHANE LE FOLL
Claude BARTOLONE a été élu président de l'Assemblée nationale avant d'être candidat, tête de liste en Ile-de-France. Il a mené cette campagne avec la volonté de l'emporter, il a été battu. A partir de là, il était président de l'Assemblée nationale, il avait à partir de là une responsabilité, qui lui avait été confiée par les parlementaires, à une large majorité, bien sûr pas l'opposition, mais je crois que tout le monde avait voté, il a souhaité reprendre ce qui
APOLLINE DE MALHERBE
Et là, pour le coup, c'était à main levée
STÉPHANE LE FOLL
Ça a été à main levée, tout ça on peut en discuter
APOLLINE DE MALHERBE
Vous ne regrettez pas quand même ? Vous dites on peut en discuter, justement discutons-en.
STÉPHANE LE FOLL
Les choses sont maintenant tranchées, ont été faites, je pense que je peux comprendre le fait qu'il y ait quelques discussions, à quelques sujets, à commentaires, mais Claude BARTOLONE a été un président de l'Assemblée nationale qui était parfaitement respecté, et d'ailleurs qui était assez salué par tous ceux qui
APOLLINE DE MALHERBE
C'est vrai, mais une chose a changé depuis.
STÉPHANE LE FOLL
Oui, une chose a changé, c'est qu'il a été candidat, il a mené cette campagne, et je l'ai dit, jusqu'au bout, avec des arguments sur lesquels d'ailleurs il s'est exprimé lui-même
APOLLINE DE MALHERBE
Vous-même vous avez regretté, à titre personnel, l'utilisation de l'expression « race blanche » ?
STÉPHANE LE FOLL
Moi je n'ai pas à regretter, j'ai considéré que chacun menait sa campagne, avait à conduire cette campagne jusqu'au bout, à partit du moment où
APOLLINE DE MALHERBE
Mais il y avait une forme de maladresse ?
STÉPHANE LE FOLL
Claude BARTOLONE a été tête de liste, c'est lui qui la conduisait, il aura, il s'en est déjà expliqué d'ailleurs, je crois, là-dessus, mais moi je ne ferai pas de commentaire.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc pour vous ça ne changera rien, il va remonter au Perchoir comme si de rien n'était.
STÉPHANE LE FOLL
Je ne sais pas si ça change rien, je pense que les choses sont faites dans cet ordre-là, les régionales, il a conduit cette liste
APOLLINE DE MALHERBE
Je ne vous sens pas complètement convaincu, quand même, Stéphane LE FOLL.
STÉPHANE LE FOLL
Il a été battu, et donc maintenant, je m'en rappelle très bien, parce que je sais ce que j'entendais, il était quand même considéré comme un bon président de l'Assemblée nationale.
APOLLINE DE MALHERBE
Encore une fois, Stéphane LE FOLL, moi je vous interroge justement sur ce qui a changé.
STÉPHANE LE FOLL
Ce qui a changé c'est qu'il a fait une campagne régionale et qu'il l'a perdue.
APOLLINE DE MALHERBE
Et donc, pour vous, hop, on tourne la page et on reprend tout comme si de rien n'était.
STÉPHANE LE FOLL
Non, non, ce n'est pas pour moi hop ! Je comprends et je dis qu'il faut toujours prendre toutes les précautions nécessaires pour bien s'expliquer mais que Claude BARTOLONE, en dehors de cette campagne régionale, lorsqu'il était président de l'Assemblée nationale, il est normal qu'après avoir été battu
APOLLINE DE MALHERBE
Il aura encore à s'expliquer, d'après vous ?
STÉPHANE LE FOLL
Il a eu une réputation qui était une très bonne réputation, donc on ne peut pas non plus remettre tout ça en cause.
APOLLINE DE MALHERBE
Déchéance de nationalité, l'engagement de François HOLLANDE, c'était très solennel, c'était quelques jours après les actes terroristes, il a dit qu'effectivement il faudrait pouvoir déchoir de sa nationalité tous les Français, y compris ceux qui sont nés Français. Je voudrais que vous le réécoutiez, c'était juste après les actes terroristes, c'était à Versailles devant tous les parlementaires.
FRANÇOIS HOLLANDE
Nous devons pouvoir déchoir de sa nationalité française un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation, ou un acte terroriste, même s'il est né français, je dis bien même s'il est né français, dès lors qu'il bénéficie d'une autre nationalité.
APOLLINE DE MALHERBE
Et puis finalement non. Qu'est-ce qui a changé, pourquoi finalement pas ?
STÉPHANE LE FOLL
D'abord, Apolline de MALHERBE, vous êtes en train d'anticiper une décision qui sera rendu publique demain au Conseil des ministres, donc « et puis finalement non », c'est ce que vous dites ce matin
APOLLINE DE MALHERBE
Donc pour vous c'est encore possible que François HOLLANDE respecte ce qu'il a dit ?
STÉPHANE LE FOLL
Mais attendez, où est-ce que vous avez vu, Apolline de MALHERBE, une décision qui était prise puisque c'est demain en Conseil des ministres ? Donc, d'abord, on va remettre de l'ordre dans l'information.
APOLLINE DE MALHERBE
Allez-y.
STÉPHANE LE FOLL
Vous me posez une question comme s'il y avait déjà une décision. La décision, c'est demain ; je le rappelle quand même. Ensuite, pourquoi il y a un débat sur la réforme constitutionnelle ? C'est parce que l'état d'urgence qui a été décidé après ces attentats, le soir même des attentats d'ailleurs, pour les douze jours autorisés
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, et qui a ensuite été prolongé.
STÉPHANE LE FOLL
Qui a été prolongé par la loi le 20 décembre, dans la constitution aujourd'hui il y a deux articles qui font référence à l'état de siège ou au transfert des compétences, l'état de siège et puis l'état d'urgence pas l'état d'urgence justement -, et puis d'un autre article, je ne m'en souviens plus. Bref, il n'y a pas
APOLLINE DE MALHERBE
Vous auriez dû rester sur la déchéance de nationalité. C'est là-dessus que je vous ai interrogé, Stéphane LE FOLL. Vous essayez de noyer le poisson.
STÉPHANE LE FOLL
Je ne vais pas noyer le poisson. Je ne vais pas vous répondre à une question alors que ça sera demain qu'il y aura la réponse. Apolline de MALHERBE, le Conseil des ministres est un lieu suffisamment solennel dont il faut garder l'impact et la règle. L'annonce sera faite demain. Je ne vais pas commenter quelque chose comme si c'était décidé. Je suis porte-parole du gouvernement, et j'ai quand même un minimum de respect à avoir dans les règles.
APOLLINE DE MALHERBE
Stéphane LE FOLL, quand on écoutait François HOLLANDE qui faisait ce discours à l'instant, c'était un discours qui ne souffrait pas franchement le doute.
STÉPHANE LE FOLL
C'était un discours que j'ai parfaitement entendu, j'étais au congrès.
APOLLINE DE MALHERBE
Moi aussi.
STÉPHANE LE FOLL
C'est un discours qui est post-attentat, qui fixe des grandes règles et qui, sur la question de la constitutionnalité de l'état d'urgence
APOLLINE DE MALHERBE
En fait il nous disait : « peut-être, mais oui, mais on n'est pas sûr et on verra bien » ?
STÉPHANE LE FOLL
Non. Il avait dit d'ailleurs que tout serait soumis au Conseil d'Etat.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais le Conseil d'Etat a dit qu'il n'y avait pas de problème si c'était inscrit dans la constitution.
STÉPHANE LE FOLL
Mais il a dit, le Conseil d'Etat, avec un certain nombre de règles qui ont été rappelé aussi sur les règles internationales en particulier qui peuvent être sujettes à discussion c'était marqué , mais il a laissé la liberté de choix au président de la République, au Premier ministre, pour présenter cette réforme demain, donc demain on aura la réponse.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous à titre personnel, vous y êtes favorable ?
STÉPHANE LE FOLL
Mais je ne vais pas vous expliquer à titre personnel si j'y suis ou pas favorable. Moi, je suis venu ce matin en tant que porte-parole du gouvernement et demain matin, il y a un Conseil des ministres et il arrive qu'ensuite, après le Conseil des ministres, je fasse le point de presse qui suit le Conseil des ministres. Donc je ne vais pas me mettre dans la situation de dire des choses un matin et d'en dire d'autres le lendemain.
APOLLINE DE MALHERBE
On verra bien si François HOLLANDE reste cohérent avec ce qu'il avait dit à Versailles. Je voudrais vous faire écouter autre chose : Jean-Guy TALAMONI, son discours de nouveau président à la région Corse. C'était un discours officiel en tant que président d'une institution française.
- Extrait de propos corses de Jean-Guy TALAMONI
APOLLINE DE MALHERBE
Un élu de la République qui parle et qui fait son discours en corse, ça vous choque ou ça ne vous choque pas ?
STÉPHANE LE FOLL
Oh là là, cette solennité de comment vous la posez. Jean-Guy TALAMONI, vous connaissez Jean-Guy TALAMONI ?
APOLLINE DE MALHERBE
Pas personnellement mais je vois tout à fait qui c'est.
STÉPHANE LE FOLL
Non, non, non, mais politiquement vous voyez très bien qui c'est.
APOLLINE DE MALHERBE
Bien sûr.
STÉPHANE LE FOLL
C'est donc quelqu'un qui s'est revendiqué indépendantiste depuis longtemps. Pas autonomiste.
APOLLINE DE MALHERBE
D'ailleurs dans les mots, il disait : « En votant pour les nationalistes, le peuple corse a dit que la Corse n'était pas un morceau d'un autre pays mais une nation ».
STÉPHANE LE FOLL
D'abord, il faudrait lui rappeler que s'ils ont été élus, c'est parce qu'ils ont obtenu je crois plus de 30 % des voix, ou 35 je crois. Donc il y a 65 % des Corse qui n'ont pas voté pour les listes autonomistes et nationalistes.
APOLLINE DE MALHERBE
Il n'a pas la majorité absolue.
STÉPHANE LE FOLL
Donc à partir de là, on voit bien le jeu politique de Jean-Guy TALAMONI, et le fait qu'il s'exprime en corse est une volonté de marquer ce choix qui est le sien et qui est historique. Très bien. A partir de là, l'Etat, lui, il a à faire respecter ce qu'est la loi et à travailler avec une collectivité territoriale pour faire en sorte qu'on soit capable de continuer à assurer la sécurité de tous les Corses, à éviter la violence et à assurer aussi le développement économique de la Corse parce que c'est ça qui est aussi en jeu, le tout dans le cadre de la République. C'est ce qu'a passé comme message je crois Manuel VALLS et sur lequel on doit rester.
APOLLINE DE MALHERBE
Il a dit qu'il y aurait un dialogue avec eux, mais vous dites qu'il faut faire respecter la loi. L'article 2 de la constitution, c'est : « la langue de la République est le français ».
STÉPHANE LE FOLL
Oui, mais écoutez Apolline de MALHERBE, je vais répéter encore ce que j'ai dit tout à l'heure. Est-ce que monsieur SIMEONI s'est exprimé en corse lui ?
APOLLINE DE MALHERBE
Non.
STÉPHANE LE FOLL
Monsieur TALAMONI, on connaît.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais ce n'est pas parce qu'on connaît qu'on peut accepter, si ?
STÉPHANE LE FOLL
Mais ce n'est pas parce qu'on connaît qu'on peut accepter lorsque certains, et j'en suis - je parle un tout petit peu breton, je le sais aussi, je connais
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous ne parlez peut-être pas breton dans vos discours officiels de porte-parole à l'Elysée.
STÉPHANE LE FOLL
Non, mais je pourrais dire des mots. Je le dis, j'en dis des mots ; ça peut être aussi indiqué d'ailleurs par Jean-Yves LE DRIAN. Il faut aussi qu'on soit, sur ces sujets, un tout petit peu
APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous êtes assez tolérant en fait.
STÉPHANE LE FOLL
Je suis assez tolérant, oui. A condition que les règles de la République ensuite soient respectées, parce que ceux qui un jour s'expriment en corse, mais si derrière ils voulaient remettre en cause ce qu'est la République aujourd'hui et dans la République ce qu'est la Corse, ça c'est un autre sujet. Mais on ne va pas non plus faire monter comme ça des débats, parce que quelqu'un qu'on connaît très bien
APOLLINE DE MALHERBE
Non, Stéphane LE FOLL, on ne fait pas monter un débat. C'est quand même un acte fort.
STÉPHANE LE FOLL
Mais bien entendu, et c'est fait par quelqu'un qui voulait le faire mais, je le dis, qui au premier tour a fait moins encore que la somme
APOLLINE DE MALHERBE
Donc en gros vous lui dites : « Calmez-vous un tout petit peu ».
STÉPHANE LE FOLL
Exactement.
APOLLINE DE MALHERBE
« Calmez le jeu ». Le pacte républicain sur le chômage qui sera annoncé en janvier par Manuel VALLS, qui promet des mesures-choc, des mesures d'urgence, des mesures efficaces, ça veut dire que vous n'aviez pas tout essayé ?
STÉPHANE LE FOLL
Ça veut dire que je pense qu'avec les nouveaux exécutifs régionaux qui sont issus de ces élections régionales parce que c'était quand même ça la question qui était posée, les compétences des régions sur les questions de formation professionnelle, sur les questions d'apprentissage on a bien vu qu'un certain nombre de candidats en ont fait un élément extrêmement important et sur les questions d'investissement, il faut qu'on trouve un pacte qui fasse que sur ces questions, Etat et régions s'engagent vraiment à poursuivre ou à amplifier et à mettre en oeuvre partout, dans tous les territoires, des politiques qui sont des politiques essentielles pour sortir beaucoup de nos jeunes et beaucoup d'autres d'ailleurs de la situation du chômage voire aussi du chômage
APOLLINE DE MALHERBE
Jusqu'à présent les présidents de régions, ils étaient d'ailleurs très largement socialistes, vous auriez pu déjà appliquer ce pacte avec eux.
STÉPHANE LE FOLL
Mais on l'a fait. Par exemple, le plan sur les 150 000 formations pour répondre aux emplois non formés a été fait et il a très bien marché. Mais on est parfaitement conscient qu'après les élections, ç'a été dit d'ailleurs, on a aussi, puisque c'est des nouveaux exécutifs, à reconstruire un pacte qui permette d'aller le plus vite et le plus loin possible pour trouver des solutions au chômage, en particulier dans tous les territoires de France.
APOLLINE DE MALHERBE
Stéphane LE FOLL, est-ce que comme beaucoup de Français vous avez assez hâte de tourner la page de 2015 et d'ouvrir celle de 2016 ?
STÉPHANE LE FOLL
2015 était une année, je ne peux pas dire autre chose quand même, qui a été terrible avec des événements terribles, que ce soit en début d'année au mois de janvier, et que ce soit à la fin de l'année avec ce qui s'est passé à Paris. Je m'en souviendrai longtemps. Je me souviens que l'année 2015 est aussi marquée par ce qui s'est passé en Syrie avec la dégradation et la situation qu'on connaît. Et je sais aussi que l'année 2015, c'est une année pendant laquelle on est sorti de ce qu'était pratiquement la stagnation en termes de croissance économique dans laquelle on était et qu'on ouvre une perspective sur laquelle il faut qu'on soit capable d'amplifier le mouvement.
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que les Français peuvent espérer qu'en 2016 le chômage va baisser ?
STÉPHANE LE FOLL
Je le pense.
APOLLINE DE MALHERBE
Ils peuvent l'espérer, c'est ce que vous leur souhaitez ou vous pensez que c'est faisable ?
STÉPHANE LE FOLL
Ce n'est pas ce que je leur souhaite, et c'est ce que je souhaite à tous les chômeurs. Ce que je souhaite, c'est qu'on fasse que la création d'emplois permette à ceux qui sont dans le chômage aujourd'hui d'en sortir. Donc je le souhaite et je pense que l'année 2016 pourrait être une année, après avoir remis l'économie française sur une voie de croissance minime mais qui est là, il faut l'amplifier et cette amplification doit déboucher sur une diminution du chômage qui est absolument essentielle pour de nombreux Français.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc pour vous, ce n'est pas seulement un voeu, ce sera une réalité en 2016.
STÉPHANE LE FOLL
Je pense que ce sera une réalité en 2016.
APOLLINE DE MALHERBE
Bonnes fêtes de fin d'année, Stéphane LE FOLL.
STÉPHANE LE FOLL
Bonnes fêtes à vous.
APOLLINE DE MALHERBE
Merci d'avoir été avec nous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 décembre 2015