Interview de M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du gouvernement, à "Itélé" le 13 janvier 2016, sur l'agression d'un enseignant juif à Marseille, le projet de déchéance de la nationalité française et l'appel à une primaire à gauche pour l'élection présidentielle.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Itélé

Texte intégral

BRUCE TOUSSAINT
Stéphane LE FOLL est l'invité d'I TELE ce matin, bonjour…
STEPHANE LE FOLL
Et merci d'être avec nous.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
BRUCE TOUSSAINT
Les juifs de Marseille ont-ils raison d'avoir peur ?
STEPHANE LE FOLL
Les juifs de Marseille et d'ailleurs ont des raisons aujourd'hui de considérer qu'ils sont les victimes de ce qu'on appelle l'antisémitisme, et ça dure depuis longtemps, et c'est insupportable. Alors, ensuite, je ne rentrerai pas dans le débat qui a été engagé au sein de la communauté juive sur les questions posées par la kippa…
BRUCE TOUSSAINT
Pourquoi vous ne voulez pas rentrer dans le débat ?
STEPHANE LE FOLL
Mais parce que ce n'est pas à moi d'aller faire dans ce débat des choix ou d'autres choix, ils ont un débat entre eux j'ai compris, un certain nombre de responsables, mais ce que je voulais rappeler c'est que l'Etat doit à tous ses concitoyens et aux juifs la protection, le Premier ministre s'est exprimé de manière extrêmement claire et à plusieurs reprises sur ce sujet. C'est vrai que l'antisémitisme, quand on regarde un peu l'histoire, est souvent quelque chose qui anticipe des moments où les tensions racistes sont importantes et on ne l'a pas assez anticipé, il le dit de manière très forte – et c'est une conviction personnelle – mais c'est une vérité sur laquelle il faut être d'une vigilance totale et on doit la protection aux juifs de France comme à tous les concitoyens, mais aux juifs de France car l'antisémitisme est un sujet extrêmement douloureux et qui dure malheureusement depuis trop longtemps, et qui a pris des nouvelles formes aujourd'hui.
BRUCE TOUSSAINT
Vous l'avez rappelé il y a effectivement une position, une division au sein de la communauté juive, on va écouter ensemble justement deux positions sur la question du port de la kippa.
REPRESENTANT DE LA COMMUNAUTE JUIVE A MARSEILLE
Je conseille à la communauté juive de Marseille de ne pas porter la kippa à l'extérieur, dans la rue, provisoirement, très provisoirement, le temps que les choses s'apaisent.
PRESIDENT DU CONSISTOIRE AU NIVEAU NATIONAL
Ce serait un signal gravissime pour notre pays de renoncer à notre identité, aujourd'hui le problème en France ce n'est pas… ce n'est la kippa qu'on doit enlever c'est le terrorisme qu'on doit enlever.
BRUCE TOUSSAINT
Voilà donc le représentant de la communauté à Marseille et le président du consistoire, ça c'est au niveau national bien sûr. Vous êtes d'accord d'ailleurs avec la fin de cette déclaration ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, la question du terrorisme elle est posée et elle est posée… et je voudrais quand même rappeler ce qui s'est passé à la fin de l'année, il y a des agressions qui se multiplient de jeunes ou de moins jeunes malheureusement qui d'un seul coup passent à l'acte, on a vu ce qui s'est passé au commissariat du 18ème…
BRUCE TOUSSAINT
Oui.
STEPHANE LE FOLL
On a vu ce qui vient de se passer à Marseille, on sait ce qui s'est passé au mois de novembre, on s'est ce qui s'est passé en début juillet, en début janvier plutôt de l'année 2015, on est là dans une bataille et une guerre contre le terrorisme. Mais aussi derrière le terrorisme il y a les terroristes, il y a aussi une idéologie, le califat et Daesh s'est aussi un projet politique qui est orthogonal, orthogonal, avec les valeurs de la République et donc cette bataille c'est une guerre avec un ennemi qui a un projet qui est complètement à l'opposé de toutes les valeurs de la République : la liberté, par définition ils ont par leurs actes montré qu'ils s'attaquaient à la liberté, l'égalité bien sûr, la fraternité, la laïcité, tout ça ce sont des choses qu'ils combattent, donc nous les combattons aussi parce que c'est une idéologie.
BRUCE TOUSSAINT
Encore un mot important sur ce sujet ! Que dit ce matin le porte-parole du gouvernement aux juifs de Marseille et d'ailleurs, qui sont chez eux, qui nous regardent, qui veulent sortir de chez eux, qui se disent : est-ce que je porte la kippa ou pas ?
STEPHANE LE FOLL
Non, écoutez monsieur TOUSSAINT je vois bien là où vous voulez m'emmenez, ce n'est pas moi – alors qu'il y a un débat au sein de la communauté juive sur la question de la kippa avec…
BRUCE TOUSSAINT
Mais le gouvernement n'a pas une position là-dessus ?
STEPHANE LE FOLL
Mais écoutez franchement sur ce sujet le gouvernement a une responsabilité, il n'a pas à avoir une position, il y a une responsabilité d'assurer la protection et d'être là pour protéger et dénoncer les actes antisémites, ça c'est sa responsabilité. Pour le reste, après, c'est un sujet et un débat que j'ai bien vu et que j'ai bien entendu.
BRUCE TOUSSAINT
C'est dommage qu'on n'est pas entendu le ministre des Cultes d'ailleurs sur cette question…
STEPHANE LE FOLL
Ce n'est pas vrai, le ministre des Cultes s'est exprimé…
BRUCE TOUSSAINT
Bernard CAZENEUVE.
STEPHANE LE FOLL
Pourquoi vous dites ça ? J'ai cru comprendre que monsieur BARBIER s'est exprimé ce matin avec un carton rouge, écoutez sur ces sujets je voudrais quand même rappeler à tout le monde un petit peu aussi d'objectivité. Le ministre des Cultes s'est exprimé à de nombreuses reprises sur tous les cultes, dimanche…
BRUCE TOUSSAINT
Depuis hier, c'est ma question.
STEPHANE LE FOLL
Depuis hier, eh bien je ne sais pas si vous avez regardé la séance des Questions d'actualité monsieur TOUSSAINT, mais je vous la rappelle, il s'est exprimé sur ce sujet, et il était dimanche je crois avec ce qui s'était passé dans une église qui avait brûlé, il y est allé, depuis le départ le ministre des Cultes – qui est le ministre de l'Intérieur – il a une mission : effectivement assurer dans le cadre de la laïcité l'exercice libre des cultes pour tout le monde…
BRUCE TOUSSAINT
Oui.
STEPHANE LE FOLL
Et en même temps assurer la sécurité et, à chaque fois, il a été présent pour rappeler et les règles qui sont celles de la République et de la laïcité et aussi la fermeté qui doit être aujourd'hui à l'ordre du jour par rapport à ce que nous vivons et aux menaces nous sommes confrontés et en particulier l'antisémitisme.
BRUCE TOUSSAINT
Je ne disais pas qu'il ne s'était pas exprimé sur ce qui s'est passé à Marseille, je disais qu'il ne s'était pas exprimer depuis hier soir sur cette question précise du port de la kippa.
STEPHANE LE FOLL
Mais par définition, monsieur TOUSSAINT…
BRUCE TOUSSAINT
Non, mais justement...
STEPHANE LE FOLL
Mais est-ce que dans un pays laïc il reviendrait, parce qu'alors là on va aller jusqu'au bout…
BRUCE TOUSSAINT
Eh bien Christiane TAUBIRA l'a fait, la ministre de la Justice.
STEPHANE LE FOLL
Sur ?
BRUCE TOUSSAINT
Elle a dit hier soir : « Oui, les juifs doivent porter la kippa à Marseille ».
STEPHANE LE FOLL
Oui, mais je pense que là…
BRUCE TOUSSAINT
Voilà, bon, c'est tout.
STEPHANE LE FOLL
Oui mais là je dis simplement le ministre des Cultes il est parfaitement dans son rôle et que sur ce sujet-là il a à défendre une communauté, à laisser la liberté de l'exercice de chacune des régions, l'identité – ça été évoqué – c'est une responsabilité, elle est de la protection absolue des juifs en France et de tous ceux qui sont menacés et, en même temps, enfin moi je vous le dis - porte-parole du gouvernement mais Stéphane LE FOLL – je ne vais pas non plus me mettre à faire des commentaires sur un débat qui est né au sein de la communauté juive. Voilà !
BRUCE TOUSSAINT
Mais c'est important, Stéphane LE FOLL, et c'est en effet une position qui n‘est pas la même que celle de la garde des Sceaux qui hier soir s'est exprimée en disant le contraire. Bien ! Je voudrais avoir un mot sur le profil de l'agresseur qui a été transféré à Levallois, à la direction antiterroriste. Il n'a pas 16 ans, on le sait depuis lundi ça bien sûr, ses premiers mots - d'après ce qu'on sait des interrogatoires - ont stupéfié les enquêteurs, qu'est-ce qu'on peut faire face à ce mode de radicalisation – parce que visiblement il s'était radicalisé seul face à son ordinateur – comment est-ce qu'on peut lutter contre ça, ça parait difficile et presque indétectable ?
STEPHANE LE FOLL
D'abord, premièrement – et vous avez fait de le rappeler – c'est extrêmement difficile puisque la preuve c'est que ce jeune homme n'avait été repéré par personne, même pas d'ailleurs semble-t-il par ses propres parents et dans l'école où il était considéré comme un élève qui avait des bons résultats, qui était plutôt un bon élève - donc ce qui pouvait être visible était parfaitement acceptable – et puis derrière cette image il y avait, qui sommeillait ou qui était en train de s'activer ce futur assassin, et c'est bien la difficulté à laquelle nous sommes confrontés. Alors après on a pris des décisions sur ces sites qui sont en fait à la source de cette radicalisation, de cet enfermement et qui disparaissent, et l'école et les institutions sont aujourd'hui désarmées, dans le cadre du débat qu'on a organisé dans l'enseignement agricole après les attentats de Charlie j'ai parfaitement compris qu'Internet était à la fois une espèce d'ouverture sur le monde mais surtout, au même moment où on ouvrait la totalité du monde et que chacun pouvait se connecter à l'échelle du monde, on avait ce processus d'enfermement au travers de ces sites djihadistes. Donc lutte contre les sites djihadistes, fermeture de ces sites, surveillance de ces sites. Je me souviens d'ailleurs qu'un certain nombre contestait ce fait qu'on puisse s'introduire dans cette liberté, eh bien plus que jamais avec ce qui s'est passé on a besoin de renforcer nos moyens et je pense aussi de se donner dans les institutions des capacités à pouvoir discuter de ces sujets - ce n'est pas facile – mais à pouvoir discuter, Internet ne doit pas être ce qui est en dehors du monde institutionnel, parce qu'à ce moment-là il s'y passe des choses qu'on découvre ensuite et qui peuvent avoir des conséquences dramatiques. Ce jeune fait partie de ces jeunes qui d'un seul coup se radicalise et le font, comment dirais-je, sans aucun contact et sans aucun signal extérieur, ce qui est le plus dur et qui doit demander encore une vigilance supplémentaire.
BRUCE TOUSSAINT
Alors on verra effectivement s'il est mis en examen et avec quel chef d'accusation dans les prochaines heures ou dans les prochains jours. J'aimerais qu'on parle maintenant de la réforme constitutionnelle qui se profile, on sait depuis hier que c'est Manuel VALLS qui va porter ce projet, ce texte, est-ce que le problème Taubira est réglé du coup ?
STEPHANE LE FOLL
D'abord Manuel VALLS va porter ce projet de réforme constitutionnelle, je le rappelle - et dans l'histoire je ne sais plus exactement à combien de reprises - mais des Premiers ministres ont porté des projets de réformes constitutionnelles, donc il faudrait…
BRUCE TOUSSAINT
Ce n'est pas pour régler le problème Taubira ?
STEPHANE LE FOLL
Non, et il faudra regarder exactement, mais il y en a plusieurs et à plusieurs reprises sur des sujets et en particulier sur cette question, avec la question de l'état d'urgence qui a été le soir du 13 novembre le sujet qui a été présenté, proposé par le Premier ministre, c'est le Premier ministre qui présentera la réforme constitutionnelle et la garde des Sceaux bien sûr la loi pénale qui va accompagner aussi l'ensemble des dispositions pour lutter là encore contre le terrorisme et améliorer et donner de l'efficacité aux procédures judiciaires.
BRUCE TOUSSAINT
Bien ! C'est pratique ?
STEPHANE LE FOLL
C'est aussi logique compte tenu de l'enjeu, c'est une réforme constitutionnelle sur la grande question posée par la lutte contre le terrorisme.
BRUCE TOUSSAINT
Cette question elle continue de cristalliser les débats et les tensions, je voudrais qu'on regarde ensemble un échange qui a eu lieu hier à l'Assemblée entre Manuel VALLS et quelqu'un qui est quand même plutôt dans votre camp on va dire, dans votre famille, dans la grande famille…
STEPHANE LE FOLL
Ah oui ! J'en ai entendu parler, parce que moi j'étais parti, j'avais un débat au Sénat.
BRUCE TOUSSAINT
Allez ! Noël MAMERE. Eh bien on va vous montrer...
STEPHANE LE FOLL
Sur la forêt.
BRUCE TOUSSAINT
Comment ça s'est passé.
STEPHANE LE FOLL
Oui, donc je n'ai pas vu.
NOËL MAMERE, EXTRAIT « LES QUESTIONS AU GOUVERNEMENT »
Après le tournant social libéral, les aventures militaires, vous êtes en train d'enfoncer aujourd'hui un clou de plus sur le cercueil de la gauche, avec un cynisme sidérant vous êtes en train de recycler une obsession de l'extrême droite et vous légitimez sa logique xénophobe en la faisant rentrer par la grande porte.
MANUEL VALLS, EXTRAIT « LES QUESTIONS AU GOUVERNEMENT »
Monsieur MAMERE vous ne ratez rien, vous êtes toujours en dehors de la réalité, vous ne comprenez rien, ni à la France, ni à la gauche, moi mon rôle c'est d'être chef du gouvernement et d'assurer la protection des Français.
BRUCE TOUSSAINT
L'attaque était frontale de Noël MAMERE mais alors la réponse elle est tout aussi…
STEPHANE LE FOLL
Frontale !
BRUCE TOUSSAINT
Ferme et violente ?
STEPHANE LE FOLL
Non ! Elle est ferme, mais l'attaque… je rappelle quand même que Noël MAMERE…
BRUCE TOUSSAINT
Je l'ai dit elle est frontale !
STEPHANE LE FOLL
Oui, elle est frontale, elle est même…
BRUCE TOUSSAINT
Elle est dure !
STEPHANE LE FOLL
Il y a cynisme, il y a aventures militaires, sous-entendu ce qui a été fait – que ce soit en Irak, en Syrie, que ce se soit au Mali, sur toute la bande sub-sahélienne aujourd'hui, dans les engagements de la France et vous allez peut-être me poser des questions sur la Libye - ça serait des aventures, c'est vrai que d'entendre de la part d'un parlementaire dont il est supposé être dans la majorité…
BRUCE TOUSSAINT
Oui ! Bon.
STEPHANE LE FOLL
Dont on sait qu'il a à chaque fois été - et d'une manière extrêmement provocante - parce que dans le débat politique il y a des idées et il y a une sincérité, mais la provocation – et c'est encore le cas hier puisque je découvre ces images – la nécessité aussi d'une réponse à la hauteur, il ne faut pas se laisser non plus…
BRUCE TOUSSAINT
Non, mais de toute façon vous n'allez pas me dire ce matin que vous regrettez cette décision, mais vous la payez cher quand même ?
STEPHANE LE FOLL
Laquelle ?
BRUCE TOUSSAINT
Cette déchéance de nationalité, elle a un prix politique. Alors, vous l'assumez ?
STEPHANE LE FOLL
Mais attendez, monsieur TOUSSAINT, est-ce que vous savez que la France…
BRUCE TOUSSAINT
Parce qu'il y a ça et puis il y a aussi la primaire qui est maintenant réclamée par une partie de...
STEPHANE LE FOLL
Oui, on pourra y revenir.
BRUCE TOUSSAINT
C'est une des conséquences !
STEPHANE LE FOLL
Est-ce que la France n'a pas payé cher ce qui s'est passé en 2015 et ce qui risque peut-être…
BRUCE TOUSSAINT
Extrêmement cher !
STEPHANE LE FOLL
D'être extrêmement cher ? Donc, moi je ne vais pas…
BRUCE TOUSSAINT
Donc vous assumez, c'est ça ma question ?
STEPHANE LE FOLL
Mais bien sûr, mais totalement, ce n'est pas un problème de payer cher politiquement, c'est de se poser la question, mais attendez, c'est de se poser la question face aux Français, face à ce qu'on vient de vivre en 2015 et ce qu'on risque toujours de vivre peut-être et je ne l'espère pas, on fera tout pour l'éviter, mais il n'y a pas de risque zéro. On fait quoi ? On se dit politiquement, peut-être que si je fais comme ça, ou si… non, on prend des décisions qui semblent être nécessaires et en tout cas en rapport avec la menace. Voilà c'est tout. Après ça a un coût politique, mais il faut que chacun assume ses responsabilités.
BRUCE TOUSSAINT
Dans les conséquences politiques, on peut imaginer que c'est parce qu'il y a eu cette décision prise que le débat sur la primaire est relancé. Alors qu'est-ce que ça vous inspire ? Vous avez vu cet appel lancé notamment par Daniel COHN-BENDIT. Ça vous concerne ? Ça vous intéresse ? Ça vous fait rire ?
STEPHANE LE FOLL
Non, ça ne me fait rire. Moi ça ne me concerne pas parce que je vois bien que ceux qui se sont exprimés il y a, je vais le dire comme ça, chez eux une absence de mesure de ce qu'est l'exercice du pouvoir. Et je dirais même qu'ils se sont toujours construits politiquement sans avoir à penser à assumer vraiment le pouvoir, la responsabilité. Et donc ils sont toujours dans des constructions politiques qui sont intéressantes et légitimes – les débats sont nécessaires – mais…
BRUCE TOUSSAINT
Ils ne sont pas irresponsables ?
STEPHANE LE FOLL
Ils ne sont pas irresponsables mais je pense que dans leur conception – j'ai bien vu, je connais bien Daniel COHN-BENDIT, je connais bien Yannick JADOT – ils ne mesurent pas que quand on est à la tête d'un pays, dans un contexte comme celui dans lequel on est, avec toute une Méditerranée et des enjeux de déstabilisation complets, avec le terrorisme bien sûr et Daesh, on l'a évoqué. Avec une crise en Europe qui n'est pas finie, après ce qui s'est passé avec la Grèce qui aurait pu quitter la zone euro. On va avoir le débat sur la sortie de la Grande-Bretagne ou pas et dans une Europe qui est confrontée à une crise migratoire sans précédent. Dans ce moment-là, la responsabilité et l'exercice du pouvoir est extrêmement difficile. On peut après discuter des choix ; c'est l'objet du débat démocratique donc moi, ça ne me dérange pas.
BRUCE TOUSSAINT
Ça, c'est sur l'appel mais la primaire, oui ou non ?
STEPHANE LE FOLL
Mais moi, je vous l'ai dit, ça ne me concerne pas. Je ne cherche même pas.
BRUCE TOUSSAINT
Vous savez que c'est dans les statuts de votre parti.
STEPHANE LE FOLL
Oui, j'en suis parfaitement conscient, j'y étais. Mais dans les statuts du parti, c'est toujours pareil. Quand on était dans l'opposition, on voulait conquérir le pouvoir.
BRUCE TOUSSAINT
Oui, donc c'est quand ça vous arrange.
STEPHANE LE FOLL
Mais ce n'est pas quand ça nous arrange. Mais est-ce que vous imaginez deux secondes qu'on organise, parce que c'est dans les statuts du parti, il faut mettre en place une grande primaire et puis bien sûr, comme c'est un grand débat démocratique, le président de la République il est président de la République la journée, puis le soir il fait des grands débats toutes les soirées.
BRUCE TOUSSAINT
Il sera sûrement en campagne un jour.
STEPHANE LE FOLL
Même vous, même vous, vous le critiqueriez et vous en rigoleriez, d'ailleurs vous le faites.
BRUCE TOUSSAINT
Il sera en campagne un jour ! Il sera en campagne dans un peu plus d'un an.
STEPHANE LE FOLL
Ce n'est même pas le sujet d'aujourd'hui. Le sujet d'aujourd'hui, on est en début janvier…
BRUCE TOUSSAINT
OK, on a compris. On a compris que ce n'était pas votre truc. Bien, j'aimerais avoir votre sentiment sur l'aéroport Notre-Dame-des-Landes. C'est une journée importante puisqu'on sait aujourd'hui qu'on va avoir une décision de justice pour contester une procédure d'expulsion de quatre fermes historiques. Il y a onze familles qui sont sur zone. Christophe BARBIER vous disait avec malice tout à l'heure à la fin de son édito : est-ce qu'il y aura un jour un avion qui décollera de Notre-Dame-des-Landes ?
STEPHANE LE FOLL
Ecoutez, je ne vais pas rentrer dans ce débat et me poser à moi la question. Je vous indique quand même que je suis un élu de la Sarthe qui est dans les pays de la Loire, pays de la Loire avec la Loire-Atlantique et le fameux débat. Si ça ne fait pas vingt ans que j'entends parler de Notre-Dame-des-Landes, je n'en ai jamais entendu parler.
BRUCE TOUSSAINT
Ça va encore durer vingt ans ou pas ?
STEPHANE LE FOLL
Je ne sais pas. Je ne suis pas là pour faire des pronostics. Je sais une chose, c'est qu'aujourd'hui il y a une décision de justice. Je sais une chose, qu'il y a des opposants radicaux à cet aéroport mais qu'il y a aussi des gens – ça je le sais – qui, dans Nantes et ailleurs, voient des avions passer au-dessus de leurs têtes et auraient envie que ça change. Donc ce débat je le connais, il faut faire respecter les règles, respecter la démocratie. On a fait des travaux, d'ailleurs je m'en souviens quand il y a eu les premiers problèmes, on avait discuté pour revoir une partie des compensations environnementales et puis surtout des surfaces, en particulier pour les parkings. On avait fait ce travail d'ailleurs avec le ministère de l'Agriculture. On a essayé de répondre aux questions qui sont posées en termes environnemental. Après il y a une question qui est celle d'un nouvel aéroport sachant que celui de Nantes aujourd'hui, je le rappelle, quoi qu'on en dise, et ceux qui s'y opposent à ce nouvel aéroport l'oublient, de temps en temps il y a des avions qui passent au-dessus de la tête des Nantais. Voilà, ça c'est la vérité et ça je le sais puisque je suis bien placé pour en avoir entendu parler aussi.
BRUCE TOUSSAINT
J'ai une dernière question. On est au terme de cette interview, complètement anecdotique, mais j'aimerais avoir votre sentiment. Le Parisien dit ce matin que Manuel VALLS va participer à l'émission de Laurent RUQUIER sur France 2 « On n'est pas couché », ce serait samedi prochain. Je crois que ce serait une première d'ailleurs pour un Premier ministre en exercice. Vous êtes déjà allé dans cette émission ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, j'y suis déjà allé. La dernière fois d'ailleurs j'ai eu droit à une salve concentrée de plusieurs intervieweuses et interviewers qui a donné à une heure de passe d'armes et de questions-réponses. Je m'en souviens d'ailleurs parce que le lendemain de la diffusion, ça m'avait frappé, j'étais sur le marché au Mans et c'est là que je me disais qu'il y avait des gens qui regardaient parce que combien sont venus me voir pour me dire : « Eh bien dites donc, vous avez du courage ! »
BRUCE TOUSSAINT
Pourquoi ? Ce n'était pas un bon souvenir ?
STEPHANE LE FOLL
Ce n'est pas que ce n'est pas un bon souvenir, c'est que c'était… Je me souviens puisque c'étaient des anciens présentateurs et commentateurs politiques de l'émission, anciennes en plus, Natacha POLONY, Audrey PULVAR…
BRUCE TOUSSAINT
En effet
STEPHANE LE FOLL
NAULLEAU, Yann MOIX, donc vous aviez un plateau qui était tout à fait favorable au ministre et au porte-parole et qui n'avaient que des questions sympathiques à lui poser. Ça a duré une heure, donc ça a été long. Si c'est le cas, je souhaite simplement…
BRUCE TOUSSAINT
Attendez, un conseil à donner à Manuel VALLS.
STEPHANE LE FOLL
Je ne vais pas lui donner de conseils !
BRUCE TOUSSAINT
Si, pour « On n'est pas couché » vous pouvez le faire. Sur ce sujet-là, vous pouvez bien lui donner un petit conseil.
STEPHANE LE FOLL
Oui, de se méfier de tout le monde.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup Stéphane LE FOLL. Merci d'avoir été avec nous ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 janvier 2016