Déclaration de M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur, sur la mobilisation des sapeurs-pompiers lors des attentats de 2015, les défis à relever en 2016, notamment le développement d'applications mobiles d'information aux populations et la prise en charge des victimes, Aix-en-Provence le 29 janvier 2016.

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Circonstance : Voeux aux sapeurs-pompiers, à l'Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (Ensosp) d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), le 29 janvier 2016

Texte intégral

Monsieur le Commissaire européen, cher Christos STYLIANIDES,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Madame le Maire,
Monsieur le président du SDIS des Bouches-du-Rhône,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises,
Monsieur le Directeur de l'École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (ENSOSP),
Monsieur le Président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, Mon Colonel,
Monsieur le Président de l'Association des directeurs et directeurs adjoints de SDIS,
Mesdames et Messieurs les présidents des associations agréées de sécurité civile,
Mesdames et Messieurs,
Je me réjouis d'être enfin parmi vous, dans cette prestigieuse École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers, où il avait déjà été prévu, à plusieurs reprises, que je vienne à votre rencontre, mais où, malheureusement, des événements m'en avaient à chaque fois empêché. Aussi, je tenais absolument, cette année, à adresser mes voeux à l'ensemble des sapeurs-pompiers de France depuis votre École.
L'année qui vient de s'achever a été exceptionnelle à plus d'un titre. Elle nous aura tous mis à rude épreuve, et d'abord les femmes et les hommes qui servent au sein des forces de sécurité, parmi lesquels se trouvent bien sûr en première ligne les sapeurs-pompiers, qu'ils soient militaires, professionnels ou volontaires.
Je crois même que l'on peut dire que 2015 aura été l'année de toutes les crises.
Voici un an, en effet, le terrorisme de DAESH nous frappait pour la première fois sur notre sol, à Paris et à Montrouge, provoquant la mort de dix-sept de nos compatriotes. Le 13 novembre dernier, les terroristes ont à nouveau ensanglanté les rues de la capitale et celles de Saint-Denis, assassinant 130 victimes innocentes et faisant en outre des centaines de blessés. Jamais, jusqu'alors, nous n'avions eu à affronter sur notre territoire des attaques terroristes d'une telle ampleur et d'une telle abjection.
Face à la barbarie, la première réponse de la France, en janvier comme en novembre derniers, s'est traduite par la mobilisation exceptionnelle de l'ensemble des forces de sécurité et des services de secours, renforcés par les effectifs de nos Armées. Les femmes et les hommes qui composent la Brigade de Sapeurs-pompiers de Paris ont été alors puissamment mobilisés et, à chaque fois, sont arrivés parmi les premiers sur les lieux de la tragédie pour porter secours, sauver des vies et prendre en charge les blessés le plus rapidement possible.
Je pense notamment au médecin-chef de la BSPP qui, en janvier comme en novembre, a coordonné, sur le terrain, les opérations de secours avec une énergie admirable. Il y a quelques semaines, le Président de la République en personne lui a remis les insignes de Chevalier de l'ordre de la Légion d'Honneur. Ce que représente cette haute distinction rejaillit sur l'ensemble des sapeurs-pompiers. Soyez-en fiers, et soyez fiers de vos camarades qui ont contribué à ce que la France tienne bon malgré les épreuves terribles qu'elle a dû affronter en 2015.
Car, dans des conditions extrêmement difficiles, vos camarades ont accompli une tâche impressionnante : le courage et l'engagement dont ils ont fait preuve en ces heures tragiques font honneur à l'ensemble du corps des sapeurs-pompiers.
Je veux bien sûr saluer également le concours irremplaçable que leur ont apporté les associations agréées de sécurité civile pour les premiers secours et l'évacuation des victimes.
Nous avons la chance, en France, de pouvoir compter sur des femmes et des hommes tels que vous, des femmes et des hommes qui possèdent un sens supérieur du devoir et de l'intérêt général, et qui par conséquent n'hésitent pas à mettre leur vie en péril pour protéger celle de leurs concitoyens.
Le 13 novembre, vos camarades ont été confrontés à une horreur sans nom. Je sais que, malgré l'expérience, personne n'est jamais véritablement préparé à affronter une telle barbarie. Mais, pourtant, tout le monde réagit immédiatement et sans la moindre hésitation. Car il faut secourir. Il faut sécuriser et protéger. Même dans l'urgence, il faut soigner et rassurer, parfois avec les seuls moyens dont on dispose. Bref, il faut sauver des vies.
En 2015, comme je le disais, les crises se seront succédé sans jamais nous laisser un instant de répit – et je sais à quel point vous avez été engagés sur tous les fronts à la fois, sans pourtant jamais cesser de réaliser les millions d'interventions quotidiennes qui constituent le coeur de votre noble métier.
Il y aura eu les attaques terroristes bien sûr. Mais il y aura eu aussi, sur un autre plan, des catastrophes auxquelles nous avons également dû faire face dans l'urgence.
Je pense au crash de l'Airbus de la GermanWings, en mars dernier – et j'ai bien sûr une pensée reconnaissante pour les sapeurs-pompiers du SDIS des Alpes-de-Haute-Provence et les unités de la sécurité civile qui sont intervenus, aux côtés des gendarmes, sur les lieux du crash.
Je pense aussi à la série de graves catastrophes naturelles, dans le sud de la France, qui aura scandé l'année passée.
Je pense aux feux de forêts, notamment en Aquitaine.
Je pense encore au terrible accident routier de Puisseguin en Gironde.
A chaque fois, l'État a réagi avec force, efficacité et promptitude. A chaque fois, c'est l'ensemble de vos compétences et de vos talents qui a été mobilisé.
Face à de tels événements, notre modèle de sécurité civile a prouvé une fois de plus sa solidité, son efficacité et sa pertinence. Il représente une force irremplaçable pour notre pays.
Aussi, je veux vous rendre à tous un hommage appuyé – aux sapeurs-pompiers, aux marins-pompiers, mais aussi aux forces de sécurité civile, aux militaires des régiments de sécurité civile, aux bénévoles des associations agréées, aux démineurs, aux personnels navigants, aux cadres, techniciens et personnels administratifs de la sécurité civile – pour le dévouement dont vous faites tous preuve au quotidien, au service de la vie et au service du bien commun.
Avec vous tous, j'ai également une pensée émue pour vos camarades qui sont tombés, au cours de l'année écoulée, dans l'accomplissement de leur devoir :
- Aurélie SALEL et Florian DUMONT, militaires de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, décédés des suites de leurs blessures alors qu'ils intervenaient sur un incendie à Livry-Gargan ;
- Patricia FILIPPI, sapeur-pompier volontaire au SDIS des Pyrénées-Orientales, tuée en luttant héroïquement contre un feu de forêt sur la commune de Cerbère ;
- Fanny SIMON, sapeur-pompier volontaire au SDIS du Doubs, décédée dans un accident alors qu'elle partait en intervention ;
- Iris EHRMANN et Sylvain BROCHARD, tous deux décédés dans l'accident de l'hélicoptère bombardier d'eau avec lequel ils luttaient contre un feu de forêt en Nouvelle-Calédonie.
Je veux dire à leurs familles, à leurs proches et à leurs camarades que jamais nous ne les oublierons, comme nous n'oublions aucun des sapeurs-pompiers, aucun des personnels de sécurité civile, blessés cette année en opération.
Je connais la force de votre engagement. Je sais la difficulté de votre métier. Je mesure le prix des sacrifices que vous consentez au service de la République. A tous, j'adresse mes plus sincères et mes plus chaleureux remerciements pour tout ce que vous avez accompli tout au long de l'année passée.
En 2016, nous aurons, comme en 2015, bien des défis à relever. La menace terroriste sera tout aussi élevée, chacun doit en être conscient. Nous devons donc renforcer nos dispositifs de réponse aux crises susceptibles de nous frapper.
Si nous avons été aussi réactifs en 2015, face aux crises et aux drames que j'ai rappelés, ce n'est pas le fait du hasard, mais bien grâce au travail quotidien d'anticipation, d'entraînement et de collaboration interservices que nous menons depuis plusieurs années. Nous devons impérativement continuer dans cette direction.
La collaboration des forces doit s'inscrire dans le cadre de la chaîne opérationnelle définie par les dispositions ORSEC. Au maire ou, dans les crises les plus graves, au préfet, reviennent la direction des opérations et la coordination générale. Aux sapeurs-pompiers, reviennent le commandement des opérations de secours et la coordination des moyens publics et privés de secours engagés sur le théâtre de crise.
Ces principes ont un sens et une utilité que chaque crise est venue confirme : ils permettent en effet de garantir la lisibilité, la cohérence et par conséquent l'efficacité des actions entreprises.
Les événements que nous avons traversés en 2015 interrogent forcément nos pratiques, nos principes d'actions et nos organisations.
Si Paris est une cible privilégiée pour les terroristes – nul ne l'ignore –, la menace n'en concerne pas moins l'ensemble du territoire national. Aussi, nous devons nous tenir prêts partout. Or, s'il n'y a qu'une seule doctrine opérationnelle, nos capacités d'intervention ne sont pas identiques en tout point du territoire. Nous devons progresser sur ce point décisif : c'est une nécessité absolue. Car aucun de nos concitoyens n'accepterait un traitement différencié selon son lieu de résidence. Nous devons un égal niveau de protection à tous les Français, où qu'ils vivent.
C'est précisément la raison pour laquelle j'ai obtenu du Président de la République et du Premier Ministre le renforcement des moyens dont dispose la sécurité civile. Au titre du Plan de lutte contre le terrorisme, 41 millions d'euros vont être ainsi dégagés pour financer l'acquisition d'équipements et de matériels supplémentaires qui contribueront à améliorer la couverture opérationnelle.
Par ailleurs, comme après toute crise, un retour d'expérience est nécessaire. Je piloterai personnellement les travaux de synthèse des retours d'expériences qui ont déjà été formalisés.
D'autres initiatives ont d'ores et déjà été prises, concernant par exemple le volet spécifique de l'accompagnement, dans la durée, des victimes et de leurs proches, ou bien le fonctionnement des cellules d'information du public.
Nous devons nous assurer de notre capacité collective à projeter des renforts ou des équipes spécialisées pour soutenir, partout en France, les effectifs mobilisés dans chaque département. C'est le sens de la démarche initiée dans les zones de défense de Paris et du Sud-Est pour élaborer un nouveau contrat territorial de réponse aux risques et aux menaces, à travers une approche globale des enjeux et des moyens d'intervention.
Nous devons également travailler à améliorer l'information du public. En situation de crise, les appels sont aussi nombreux que les inquiétudes sont grandes. Des messages doivent pouvoir être rapidement diffusés à nos concitoyens pour qu'ils se conforment aux consignes de prudence. Des réponses doivent pouvoir être apportées à leurs interrogations. Cela suppose à la fois de disposer des capacités techniques pour répondre à leurs appels (la préfecture de police en a reçu plusieurs dizaines de milliers, le 13 novembre dernier), et avoir recours à des moyens de communication diversifiés.
Par ailleurs, le Premier Ministre a demandé d'accélérer le développement d'applications mobiles d'information aux populations, en cohérence avec le Système d'alerte et d'information des populations (SAIP). Le Directeur général de la sécurité civile et le Service d'information du Gouvernement y travaillent.
Troisième point d'attention : la prise en charge des victimes, laquelle constitue un volet à part entière dans la gestion des crises. La cellule interministérielle d'aide aux victimes, placée sous l'autorité du Premier Ministre et activée au Quai d'Orsay en cas de crise terroriste, a prouvé son efficacité à maintes reprises. L'articulation entre cette cellule et les préfectures, notamment en cas d'attentats en province, sera clarifiée, dans les prochains jours, dans une instruction du Premier Ministre.
De ce point de vue, l'amélioration du système d'identification et de suivi des victimes constitue à mes yeux une priorité, également partagée par ma collègue Marisol TOURAINE, ministre de la Santé. L'objectif est de disposer, au niveau national, d'un outil performant utilisé par tous les acteurs de la chaîne de secours et du monde judiciaire, garantissant la cohérence du suivi des victimes.
Quatrième point d'attention : la sécurité des personnels de secours et de sécurité lors de situations de crise. J'ai souligné tout à l'heure le courage des premiers intervenants. Face à une menace d'une nature et d'une intensité inédites, il est nécessaire d'aborder, dans vos retours d'expérience, la question primordiale de votre propre sécurité.
Enfin, je voudrais insister sur un dernier sujet, qui me tient tout particulièrement à coeur : je veux parler de la responsabilisation de nos concitoyens, qui doivent devenir des acteurs à part entière de leur propre sécurité.
En effet, la capacité de résilience d'un pays ne peut dépendre des seuls services de secours, aussi efficaces et compétents soient-ils. C'est la raison pour laquelle les Français doivent être davantage sensibilisés aux risques et formés aux gestes qui sauvent. Ils doivent se préparer à être surpris ; les bons comportements à adopter en cas de situation critique doivent devenir des réflexes. Il nous faut donc collectivement faire en sorte que l'objectif affiché par la loi du 13 août 2004 de modernisation de la sécurité civile – « faire de la sécurité civile l'affaire de tous » - devienne enfin une réalité.
Cette grande ambition implique des pouvoirs publics qu'ils conduisent une action résolue pour accompagner la formation de chaque Français à tout âge de la vie. Car, quand un territoire est bouleversé et déstabilisé par une crise, quand certains de nos concitoyens se retrouvent dans la détresse, chacun doit pouvoir contribuer, aux côtés des pouvoirs publics, à l'oeuvre de solidarité et de reconstruction.
Après que la BSPP a pris l'initiative d'accueillir dans ses casernes, dès janvier, toutes celles et ceux qui souhaitent s'initier aux gestes qui sauvent, j'ai décidé de généraliser ce dispositif à l'ensemble du territoire en partenariat avec les associations agréées de sécurité civile et la Fédération nationale des sapeurs-pompiers. Pendant tout le mois de février, partout en France, des actions similaires seront organisées pour sensibiliser les Français, pour les encourager à poursuivre cette démarche citoyenne en passant une formation qualifiante dispensée par les associations agrées de sécurité civile et ainsi obtenir l'attestation « Prévention et Secours Civiques de niveau 1 ». Cette formation « PSC 1 » est d'ores et déjà enseignée dans de très nombreux collèges, en classes de 3e. A terme, l'objectif est bien de former l'ensemble de ces jeunes.
Car, si le ministère de l'Intérieur est le ministère de la Sécurité, il est aussi, à mes yeux, le ministère de l'Engagement citoyen. Pas seulement l'engagement des hommes et des femmes qui le servent et se dévouent déjà pour lui, mais bien l'engagement de toutes celles et ceux qui, ébranlés par les tragiques événements de 2015, se sont sentis animés d'un sens civique parfois oublié, endormi ou refoulé. Il nous faut entretenir cette flamme pour qu'elle ne vacille pas, impliquer nos concitoyens à vos côtés au service de notre sécurité à tous, explorer toutes les voies qui permettent à nos compatriotes de donner corps à leur envie de se consacrer aussi à la collectivité.
Encore une fois, en cas de situation de violence extrême ou de crise, je souhaite que chacun soit en mesure de réagir avec sang-froid et discernement, grâce aux réflexes acquis auprès de spécialistes. C'est ainsi, lorsque le pire survient, que l'on peut sauver des vies ou se sauver soi-même.
Venir à votre rencontre, c'est également pour moi l'occasion d'aborder avec vous l'évolution des dossiers généraux de la sécurité civile et des sapeurs-pompiers. Puisque je me trouve dans l'enceinte de votre école, je veux vous dire la manière dont je conçois les choses du point de vue de votre formation.
L'ENSOSP ne cesse de diversifier ses activités et de développer ses capacités. 5 200 stagiaires accueillis en 2015 pour 84 000 journées stagiaires : c'est un véritable record.
Aux femmes et aux hommes ici présents, qui ont fait le choix de devenir officiers de sapeurs-pompiers et qui sont actuellement en scolarité à l'ENSOSP, je veux dire ma fierté qu'ils aient choisi de suivre une formation aussi rigoureuse.
Pour les sapeurs-pompiers que vous commanderez, vous représenterez en effet une référence, un point de repère. De vous, ils attendront les qualités que l'on exige d'un officier : l'exemplarité, le respect de ses subordonnés, la capacité à décider, l'expertise opérationnelle, l'engagement et le courage.
Je sais le travail important qu'ont dû accomplir les équipes pédagogiques de l'ENSOSP pour mettre en place les nouveaux cursus de formation des officiers, qui résultent de la refonte de la filière, dans une approche dite par compétences. Je sais les efforts déployés en matière de recherche, de partenariats universitaires, de relations internationales. La réalisation de la plateforme européenne de formation contre les risques hydrogènes ou l'accueil d'une première doctorante au sein du Centre d'étude et de recherche de l'ENSOSP constituent autant d'avancées concrètes qui devront en inspirer d'autres.
L'ENSOSP doit encourager le croisement des cultures en préparant celles et ceux qui s'y forment, quels que soient leurs parcours antérieurs, à travailler ensemble dans un objectif de coopération opérationnelle.
Comme vous le savez, la sécurité civile relève d'une compétence partagée entre l'État et les collectivités locales Mais la gestion des crises s'appuie également sur d'autres acteurs tels que les grands opérateurs ou les associations de service public. Si les sapeurs-pompiers se trouvent incontestablement au coeur de notre modèle de sécurité civile, celui-ci intègre donc également des acteurs d'horizons et de statuts variés, qu'il fédère autour d'un seul et unique objectif : apporter, en cas de crise, la réponse la plus efficace, la plus complète et la plus cohérente possible, au service des Français.
C'est la raison pour laquelle je considère que l'ENSOSP doit évoluer dans ses missions et dans ses compétences. Dans cette perspective, j'ai confié à l'Inspection générale de l'administration une mission visant d'une part à dresser un état des lieux des formations proposées par les différents acteurs concernés et d'autre part à dessiner des pistes d'évolution pour l'ENSOSP.
Je sais que vous travaillez à l'ouverture sur l'extérieur des enseignements que vous délivrez ici. Je vous demande de poursuivre dans cette voie pour valoriser notre savoir-faire et notre expérience, au niveau européen comme au niveau international.
Cette ouverture sur l'extérieur est l'un des enjeux définis dans le contrat d'établissement qui sera prochainement signé entre l'État, le Centre national de la fonction publique territoriale et l'ENSOSP. Ce contrat fixe les objectifs stratégiques et les moyens d'action de l'école pour que celle-ci puisse exercer toutes les missions qui sont les siennes tout en respectant son mode de gouvernance hybride, fruit de l'histoire.
Je veux donc aujourd'hui remercier le Colonel Francis MENE, qui a dirigé l'école pendant trois ans, et Pascal PERTUSA, qui en a présidé le Conseil d'administration au cours de ces sept dernières années. Si l'ENSOSP a atteint un tel niveau d'excellence, si elle est aujourd'hui reconnue comme une institution prestigieuse par l'ensemble des écoles du service public, c'est en effet d'abord grâce à vous et à vos équipes.
Je veux également saluer la nomination et l'arrivée de Martine VASSAL, qui a présidé il y a quelques semaines à peine son premier Conseil d'administration. Je tiens enfin à remercier le Colonel François PRADON, qui assure l'intérim à la tête de l'école, ainsi que l'ensemble des personnels de l'équipe pédagogique, dont les missions qu'ils accomplissent ici revêtent à mes yeux une grande importance.
Je veux maintenant dire un mot des évolutions et des parcours de carrière qui seront les vôtres. Concernant d'abord les officiers membres du service de santé et du secours médical : je connais leur compétence et je mesure justement leur apport décisif à notre organisation des secours – j'ai pu le constater une fois de plus en novembre dernier. Comme prévu, le statut des infirmiers de sapeurs-pompiers professionnels, après passage devant le Conseil national d'évaluation des normes début février, sera présenté devant le Conseil d'État. Par ailleurs, le statut des médecins et des pharmaciens de sapeurs-pompiers professionnels achève son cycle de concertation interministérielle et sera présenté très prochainement devant la Conférence nationale des services d'incendie et de secours.
Concernant les emplois supérieurs de direction, je voudrai réaffirmer ma détermination à faire aboutir ce dossier destiné à valoriser l'engagement des officiers chargés de l'encadrement supérieur, en raison des responsabilités éminentes qu'ils exercent. La création d'un cadre d'emploi de conception et direction des sapeurs-pompiers sera organisé après un processus de sélection spécifique, un cursus transversal de formation de haut niveau et l'organisation des mobilités géographiques autant que fonctionnelles. Je souhaite que cette évolution, au-delà de l'aspect lié la reconnaissance des fonctions exercées, permette de valoriser ces postes à forte responsabilité, au sein des SDIS mais également au sein de l'État, notamment grâce à des passerelles vers la haute fonction publique.
Après un cycle de concertation intense, les projets de textes nécessaires à la création de ce corps devront aboutir dans les meilleurs délais. J'en profite pour remercier les organisations syndicales, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France et l'Association nationale des directeurs et directeurs adjoints de SDIS, qui, sur ce dossier comme sur bien d'autres, ont apporté leur précieuses analyses et leurs réflexions, contribuant ainsi à l'enrichissement du projet.
Je veux enfin profiter de la présence parmi nous de nombreux officiers volontaires pour redire combien je suis attaché au développement du volontariat sapeur-pompier, aux côtés des bénévoles du service civique, des cadets de la sécurité civile et des jeunes sapeurs-pompiers. Il représente à mes yeux un magnifique exemple d'engagement citoyen.
Il est essentiel de préserver le modèle français reposant sur la complémentarité entre professionnels et volontaires. Je serai donc toujours très attentif à la place qui est accordée aux sapeurs-pompiers volontaires, que ce soit à l'ENSOSP ou dans vos SDIS. Cette place doit se développer.
D'ores et déjà, la présence d'un officier volontaire référent du volontariat dans les équipes de direction va dans ce sens. Dans la même perspective, j'ai signé un certain nombre de conventions avec la ministre du Logement, avec la ministre de l'Éducation nationale, ou plus récemment avec le MEDEF, afin de soutenir et conforter l'exercice du volontariat. Il convient de décliner ces conventions dans les territoires pour mieux faciliter, encourager et valoriser cet engagement citoyen hors-normes qui est celui des sapeurs-pompiers volontaires.
J'attends de vous, jeunes officiers, que, dans le cadre de vos futures responsabilités, vous contribuiez à développer ce volontariat indispensable à la réussite de vos missions.
A vous tous, je veux donc vous dire à nouveau que la Nation compte sur vous, sur vos compétences et sur votre engagement. A travers vous, civils, militaires, professionnels, volontaires et bénévoles, je veux dire toute ma gratitude et mon profond respect pour celles et ceux qui font vivre au quotidien la sécurité civile. Sachez que je serai toujours à vos côtés pour vous aider à accomplir au mieux vos missions.
En ce début d'année, j'adresse tous mes voeux de bonheur et de réussite à l'ensemble sapeurs-pompiers de France, et, plus largement, à l'ensemble des forces de sécurité civile. A travers vous, j'adresse également tous mes voeux à vos familles, qui vous soutiennent au quotidien, dans les bons moments comme dans les moments plus difficiles.
A tous, bonne et heureuse année 2016 !
Vive les sapeurs-pompiers,
Vive la Sécurité civile,
Vive la République,
Et vive la France !
Source http://www.interieur.gouv.fr, le 8 février 2016