Texte intégral
YVES CALVI
Olivier MAZEROLLE, vous recevez le ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement, Stéphane LE FOLL.
OLIVIER MAZEROLLE
Bonjour Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour monsieur MAZEROLLE.
OLIVIER MAZEROLLE
Juste ou pas, quoi que vous disiez ou décidiez, les agriculteurs disent qu'ils ne veulent plus de vous, ils vous sifflent, ils veulent un ministre à plein temps, qui prenne les dossiers
STEPHANE LE FOLL
Ça commence bien monsieur MAZEROLLE ce matin.
OLIVIER MAZEROLLE
qui prenne les dossiers à bras le corps.
STEPHANE LE FOLL
Vous êtes en pleine forme.
OLIVIER MAZEROLLE
Vous pouvez rester ministre ?
STEPHANE LE FOLL
Bon, d'abord, je suis très heureux d'être invité ce matin à RTL, et accueilli avec cette salve de compliments. Alors, hier soir j'étais effectivement
OLIVIER MAZEROLLE
J'ai dit « juste ou injuste », peu importe.
YVES CALVI
Monsieur le Ministre, on vous entend lointain. Excusez-moi, parce que nous avons un petit problème de micro qui va être réglé tout de suite.
STEPHANE LE FOLL
Ah voilà !
YVES CALVI
Voilà, c'est fait, mais on vous entendait, je vous rassure.
STEPHANE LE FOLL
Donc je disais à monsieur MAZEROLLE que j'étais très content de son introduction et de son invitation. Moi, monsieur MAZEROLLE, je ne vais pas me poser ces questions-là. J'ai une responsabilité. Je voudrais rappeler d'ailleurs qu'on fait souvent ministre de l'Agriculture et porte-parole, vous oubliez une chose, et pourtant j'ai fait un certain nombre de choses, vous pourrez le demander aux forestiers, ministre de la Forêt aussi, en plus, je vous le rappelle. Et moi, j'assume mes responsabilités. Hier soir, j'ai été invité, il se trouve que c'était mon anniversaire, un bel anniversaire à Bourg-en-Bresse, j'ai été invité par la Fédération nationale des éleveurs bovins, qui m'ont demandé de venir, et j'y suis allé. Je n'ai pas, comment dirais-je, dans ma responsabilité, l'idée d'avoir uniquement comme ambition d'être applaudi ou aimé. J'ai parfaitement conscience dans cette crise, monsieur MAZEROLLE, profonde, avec trois crises de marchés, deux crises sanitaires, que le ministre de l'Agriculture, il ne va pas être accueilli les bras ouverts. Mais ça ne m'empêchera pas, ni d'aller, ni de rencontrer, ni d'écouter, ni de comprendre, ni de proposer.
OLIVIER MAZEROLLE
Alors, il y a quand même un vrai problème
STEPHANE LE FOLL
Ah ça, je vous le confirme !
OLIVIER MAZEROLLE
vous avez débloqué près d'un milliard d'euros d'aides aux agriculteurs, vous avez organisé des tables rondes avec les industriels et les distributeurs, mais l'agriculture française continue à s'enfoncer, parce que les problèmes de fond ne sont pas réglés. Qu'est-ce qui bloque ?
STEPHANE LE FOLL
Alors je vais vous donner, juste, un ordre de grandeur. Vous savez combien de litres de lait sont produits en France, par an ? 24 milliards. Les agriculteurs, entre 2014 et 2015, ont pu perdre, sur un litre de lait, autour de 15 à 20 centimes. Faites le calcul, ce que ça représente, en termes de pertes, en termes de produits brut pour les agriculteurs. Donc, cette situation de marché, qui est liée, même pas à une situation uniquement européenne, mais mondiale, des choix stratégique avec la fin des quotas, d'aller exporter, que ça soit pour un certain nombre de pays européens et que ça soit pour la France. Mais le marché chinois, qui était celui qui devait absorber une grande partie de cette production, n'est pas au rendez-vous, donc on a un excédent d'offres. Il est sur le lait, il est sur le porc, et pas depuis aujourd'hui, excédent par rapport à une consommation, en particulier en viande porcine, qui est stable, voire qui baisse. Alors, face à ça, monsieur MAZEROLLE, on peut ne pas être content contre le ministre, j'ai même entendu en venant, dans la voiture, qu'un éleveur disait « il faut en changer », mais ça, ça ne va pas changer, il faut que chacun en ait parfaitement conscience.
OLIVIER MAZEROLLE
Monsieur LE FOLL, quand même, quand ils vous disent : « Il faut être disponible à plein temps, parce qu'il faut faire le siège de la Commission européenne à Bruxelles, pour obtenir une réorientation de la Politique agricole commune, qui ne tienne compte qui tienne compte de tous les paramètres que vous venez d'indiquer.
STEPHANE LE FOLL
Monsieur MAZEROLLE, vous avez sûrement oublié quelques étapes. La réforme de la Politique agricole commune, si c'était le siège qu'il fallait faire, il a été fait entre 2012 et 2013, puisqu'on a changé de Politique agricole commune. La négociation sur le budget, qui était un enjeu majeur pour l'agriculture à l'échelle européenne, ça a été négocié, le président de la République
OLIVIER MAZEROLLE
Alors il n'y a plus rien à faire en Europe ?
STEPHANE LE FOLL
C'est pas ça, mais monsieur MAZEROLLE, vous avez oublié aussi qu'au mois de septembre, et celui qui vous a indiqué et induit en erreur, la France, après un Conseil des ministres en juin où le Commissaire européen constate qu'il n'y avait pas de crise, a demandé, je vous le rappelle, un conseil des ministres extraordinaire, en septembre, qui a débloqué combien ? 500 millions d'euros. C'est pas venu comme ça, c'est même pas la Commission, c'est la France qui l'a demandé, c'est la France qui l'a obtenu.
OLIVIER MAZEROLLE
Il faut un sommet européen, pour remettre sur pied la Politique agricole commune ?
STEPHANE LE FOLL
Mais il faut, bien sûr, discuter à l'échelle européenne. Je vous indique que ce matin, et c'est sorti dans la Presse, un mémorandum, déposé par la France, qui y-a-t-il un autre pays aujourd'hui, qui met comme à chaque fois, des propositions sur les questions agricoles en Europe, que la France ? Non. Donc il ne s'agit pas de répéter « il suffit de faire le siège », je ne suis pas un VRP qui va passer son temps à frapper à la porte de Bruxelles, je suis un homme politique qui prend des responsabilités et qui essaie de faire bouger les choses. Pour faire bouger les choses, il y a de la méthode, il y a aussi de l'organisation. Il faut trouver des alliés en Europe, et il ne s'agit pas de laisser croire qu'il suffirait de dire, pour que ça se fasse. Malheureusement d'ailleurs, mais c'est comme ça.
OLIVIER MAZEROLLE
Et il y a aussi
STEPHANE LE FOLL
Moi j'ai déposés des propositions, elles sont sur la table ce matin, monsieur MAZEROLLE.
OLIVIER MAZEROLLE
Il y a aussi des blocages inhérents à la France, aujourd'hui les députés vont examiner un projet de loi qui est en provenance du Sénat, qui règle quelques-uns de ces problèmes ou en tout cas des demandes des agriculteurs. Vous souhaitez qu'ils adoptent ce projet de loi ?
STEPHANE LE FOLL
Non, sur ce problème, le Sénat a fait des propositions dans lesquelles il y a un certain nombre de propositions sur lesquelles on est et je suis d'accord. Et je vais en reprendre un certain nombre. Il y a une question qui est posée par le Sénat, dans cette proposition de loi qui consiste à dire que pour accroitre les baisses de charges, déjà obtenues avec le pacte de responsabilité et le CICE en agriculture, qui doivent représenter ensemble 1,9 milliard d'euros, ils font des propositions de baisse de cotisations supplémentaires, gagées, je vous le dis, sur une augmentation de la CSG et de la TVA. Bon, ça, dans un débat agricole, c'est au mieux d'un débat en loi de finance, et augmenter les impôts aujourd'hui, c'est un sujet que chacun comprendra, qui est à manier avec beaucoup de prudence. Donc, sur cette question qui est le coeur de cette proposition, il y a un désaccord. Après, il y a un certain nombre de sujets sur lesquels les sénateurs et d'ailleurs dans le débat au Sénat je l'avais parfaitement dit, en particulier, et je ferai la proposition ce matin, sur la non-cessibilité des contrats laitiers, et sur d'autres sujets, on va trouver des accords et je vais reprendre un certain nombre de propositions du Sénat.
OLIVIER MAZEROLLE
Alors, vous êtes toujours porte-parole du gouvernement, et si on a bien compris, alors, pour faire plaisir à sa majorité, le gouvernement propose maintenant qu'il puisse y avoir la création d'apatrides, alors qu'il avait dit exactement le contraire précédemment.
STEPHANE LE FOLL
Ouh lala, je crois que ce matin vous avez compliqué un peu les choses. Le gouvernement va proposer deux choses, deux articles pour la réforme de la Constitution, un article 1 qui va constitutionnaliser l'état d'urgence, vous êtes d'accord ?
OLIVIER MAZEROLLE
Oui oui.
STEPHANE LE FOLL
Il faudrait quand même le rappeler. Etat d'urgence qui a été demandé, je vous le rappelle
OLIVIER MAZEROLLE
Et l'article 2 qui pose problème.
STEPHANE LE FOLL
après les attentats du 13 novembre qui ont fait 130 morts et 350 blessés.
OLIVIER MAZEROLLE
D'accord, mais c'est l'article 2 qui pose problème.
STEPHANE LE FOLL
Article 2, fameux article 2 qui posait problème, d'abord, un, sur la question de la stigmatisation des binationaux, ce qui n'est plus dans l'écriture de la réforme constitutionnelle. Ensuite, à la demande d'ailleurs de Nicolas SARKOZY, avait été demandé que soit présentée la loi qui allait accompagner la réforme constitutionnelle, et dans ce débat sur la loi, ce qui existe déjà, va être revu et remis en cohérence
OLIVIER MAZEROLLE
Ça va créer, on va créer des apatrides.
STEPHANE LE FOLL
D'abord, on ne va pas, c'est pas vous, c'est pas moi, ce n'est pas monsieur CALVI, qui va créer des apatrides
OLIVIER MAZEROLLE
Non non, mais
STEPHANE LE FOLL
... c'est qui monsieur MAZEROLLE ?
OLIVIER MAZEROLLE
Les juges.
STEPHANE LE FOLL
Ah, ah
OLIVIER MAZEROLLE
S'ils prononcent la déchéance.
STEPHANE LE FOLL
Alors, attendez, attendez, c'est un champ majeur, puisque dorénavant, comme l'avait demandé l'opposition, la peine qui condamne un terroriste, pourra être complétée par une peine de déchéance. Et comme c'est la peine qui condamne le terroriste et la peine complémentaire, c'est le juge. Donc on ne va pas déchoir
OLIVIER MAZEROLLE
D'accord, alors, quand même, vous êtes revenu
STEPHANE LE FOLL
C'est très important pour les auditeurs de RTL.
OLIVIER MAZEROLLE
Le gouvernement est revenu sur sa rédaction, Jean-Christophe CAMBADELIS, Premier secrétaire du Parti socialiste dit « on fait du bricolage », Gérard LARCHER, qui était présent ici hier matin, à votre place, dit « dans ces conditions, il vaut mieux tout arrêter ».
STEPHANE LE FOLL
Non, il y a eu un engagement du président de la République, dans un congrès, devant tout
OLIVIER MAZEROLLE
Avec du bricolage, comme dit Jean-Christophe CAMBADELIS ?
STEPHANE LE FOLL
avec tous les députés et tous les sénateurs
OLIVIER MAZEROLLE
Bricolage sur la nationalité.
STEPHANE LE FOLL
Je ne sais pas s'il bricolait, vous leur demanderez, lorsqu'ils ont applaudit le président de la République. Moi je me pose des questions, toujours
OLIVIER MAZEROLLE
Non mais aujourd'hui, bricolage sur la nationalité ?
STEPHANE LE FOLL
Comment on passe sur un discours de, donc, ça fait combien, 700 à 800 parlementaires, qui se lèvent et qui applaudissent, à un débat lorsqu'on donne la possibilité et ça a été la responsabilité du Parlement, et c'est normal d'ouvrir un débat et de discuter, à cette espèce d'incapacité à rester cohérent sur l'essentiel. Donc, une fois que je vous ai dit ça, la cohérence, le texte est sur la table, le débat commence vendredi, il faut qu'il aille jusqu'au bout.
OLIVIER MAZEROLLE
Merci Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Merci beaucoup.
YVES CALVI
Stéphane LE FOLL qui assume donc ses doubles fonctions ministérielles. L'entretien est à réécouter à retrouver sur le site RTL
STEPHANE LE FOLL
Triples ! Forêt.
YVES CALVI
Ah oui, la forêt, oui, j'avais Hop hop hop, restez assis, j'ai une question à vous poser avant de nous séparer.
STEPHANE LE FOLL
J'espère qu'elle sera gentille.
YVES CALVI
Eh bien
STEPHANE LE FOLL
Non.
YVES CALVI
Non, elle ne sera pas méchante en tout cas.
OLIVIER MAZEROLLE
Vous avez vu comment il vous obéit ?
YVES CALVI
Ça dépend. La CGT RATP, ne le rappelle, appelle à la grève aujourd'hui, et ce qu'on peut lire sur les tracts, c'est que c'est un soutien finalement aux syndicalistes de GOODYEAR Amiens, et on a du mal, beaucoup d'auditeurs nous ont appelés pour réagir à ça, à comprendre le rapport être RATP et GOODYEAR. Est-ce que vous estimez qu'il s'agit d'un détournement de grève et est-ce que ça vous choque ?
STEPHANE LE FOLL
Moi je suis comme les auditeurs, j'ai du mal à comprendre, comment on fait pour soutenir des salariés, en ayant pris une décision qui met des salariés aujourd'hui dans la difficulté toute la journée. Je demande à ce que la CGT aussi, de temps en temps, ait la mesure de ce qui se des décisions qu'ils prennent, parce que soutenir les salariés de GOODYEAR, pour mettre des milliers de gens et de salariés, parce que c'est ça la vérité, aujourd'hui, dans la difficulté, je ne vois pas, je ne vois pas comment on peut expliquer ça. Voilà.
YVES CALVI
Merci Stéphane LE FOLL. Alors, on a compris en plus que vous vouliez rester porte-parole, en plus d'être intéressé à
STEPHANE LE FOLL
Mais moi je ne veux rester rien du tout, ça dépendra du Président de la République et du Premier ministre. En tout cas, tant que je suis là où je suis, j'assume, je parle et j'agis.
YVES CALVI
Bonne journée à vous. Je rappelle que c'est l'objet de notre débat aujourd'hui sur RTL, à 08h20 nous aurons « Six minutes pour trancher », avec l'avocat de la CGT GOODYEAR, Fiodor RILOV, et le président de l'Association nationale des DRH, Jean-Christophe SCIBERRAS.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 février 2016
Olivier MAZEROLLE, vous recevez le ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement, Stéphane LE FOLL.
OLIVIER MAZEROLLE
Bonjour Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour monsieur MAZEROLLE.
OLIVIER MAZEROLLE
Juste ou pas, quoi que vous disiez ou décidiez, les agriculteurs disent qu'ils ne veulent plus de vous, ils vous sifflent, ils veulent un ministre à plein temps, qui prenne les dossiers
STEPHANE LE FOLL
Ça commence bien monsieur MAZEROLLE ce matin.
OLIVIER MAZEROLLE
qui prenne les dossiers à bras le corps.
STEPHANE LE FOLL
Vous êtes en pleine forme.
OLIVIER MAZEROLLE
Vous pouvez rester ministre ?
STEPHANE LE FOLL
Bon, d'abord, je suis très heureux d'être invité ce matin à RTL, et accueilli avec cette salve de compliments. Alors, hier soir j'étais effectivement
OLIVIER MAZEROLLE
J'ai dit « juste ou injuste », peu importe.
YVES CALVI
Monsieur le Ministre, on vous entend lointain. Excusez-moi, parce que nous avons un petit problème de micro qui va être réglé tout de suite.
STEPHANE LE FOLL
Ah voilà !
YVES CALVI
Voilà, c'est fait, mais on vous entendait, je vous rassure.
STEPHANE LE FOLL
Donc je disais à monsieur MAZEROLLE que j'étais très content de son introduction et de son invitation. Moi, monsieur MAZEROLLE, je ne vais pas me poser ces questions-là. J'ai une responsabilité. Je voudrais rappeler d'ailleurs qu'on fait souvent ministre de l'Agriculture et porte-parole, vous oubliez une chose, et pourtant j'ai fait un certain nombre de choses, vous pourrez le demander aux forestiers, ministre de la Forêt aussi, en plus, je vous le rappelle. Et moi, j'assume mes responsabilités. Hier soir, j'ai été invité, il se trouve que c'était mon anniversaire, un bel anniversaire à Bourg-en-Bresse, j'ai été invité par la Fédération nationale des éleveurs bovins, qui m'ont demandé de venir, et j'y suis allé. Je n'ai pas, comment dirais-je, dans ma responsabilité, l'idée d'avoir uniquement comme ambition d'être applaudi ou aimé. J'ai parfaitement conscience dans cette crise, monsieur MAZEROLLE, profonde, avec trois crises de marchés, deux crises sanitaires, que le ministre de l'Agriculture, il ne va pas être accueilli les bras ouverts. Mais ça ne m'empêchera pas, ni d'aller, ni de rencontrer, ni d'écouter, ni de comprendre, ni de proposer.
OLIVIER MAZEROLLE
Alors, il y a quand même un vrai problème
STEPHANE LE FOLL
Ah ça, je vous le confirme !
OLIVIER MAZEROLLE
vous avez débloqué près d'un milliard d'euros d'aides aux agriculteurs, vous avez organisé des tables rondes avec les industriels et les distributeurs, mais l'agriculture française continue à s'enfoncer, parce que les problèmes de fond ne sont pas réglés. Qu'est-ce qui bloque ?
STEPHANE LE FOLL
Alors je vais vous donner, juste, un ordre de grandeur. Vous savez combien de litres de lait sont produits en France, par an ? 24 milliards. Les agriculteurs, entre 2014 et 2015, ont pu perdre, sur un litre de lait, autour de 15 à 20 centimes. Faites le calcul, ce que ça représente, en termes de pertes, en termes de produits brut pour les agriculteurs. Donc, cette situation de marché, qui est liée, même pas à une situation uniquement européenne, mais mondiale, des choix stratégique avec la fin des quotas, d'aller exporter, que ça soit pour un certain nombre de pays européens et que ça soit pour la France. Mais le marché chinois, qui était celui qui devait absorber une grande partie de cette production, n'est pas au rendez-vous, donc on a un excédent d'offres. Il est sur le lait, il est sur le porc, et pas depuis aujourd'hui, excédent par rapport à une consommation, en particulier en viande porcine, qui est stable, voire qui baisse. Alors, face à ça, monsieur MAZEROLLE, on peut ne pas être content contre le ministre, j'ai même entendu en venant, dans la voiture, qu'un éleveur disait « il faut en changer », mais ça, ça ne va pas changer, il faut que chacun en ait parfaitement conscience.
OLIVIER MAZEROLLE
Monsieur LE FOLL, quand même, quand ils vous disent : « Il faut être disponible à plein temps, parce qu'il faut faire le siège de la Commission européenne à Bruxelles, pour obtenir une réorientation de la Politique agricole commune, qui ne tienne compte qui tienne compte de tous les paramètres que vous venez d'indiquer.
STEPHANE LE FOLL
Monsieur MAZEROLLE, vous avez sûrement oublié quelques étapes. La réforme de la Politique agricole commune, si c'était le siège qu'il fallait faire, il a été fait entre 2012 et 2013, puisqu'on a changé de Politique agricole commune. La négociation sur le budget, qui était un enjeu majeur pour l'agriculture à l'échelle européenne, ça a été négocié, le président de la République
OLIVIER MAZEROLLE
Alors il n'y a plus rien à faire en Europe ?
STEPHANE LE FOLL
C'est pas ça, mais monsieur MAZEROLLE, vous avez oublié aussi qu'au mois de septembre, et celui qui vous a indiqué et induit en erreur, la France, après un Conseil des ministres en juin où le Commissaire européen constate qu'il n'y avait pas de crise, a demandé, je vous le rappelle, un conseil des ministres extraordinaire, en septembre, qui a débloqué combien ? 500 millions d'euros. C'est pas venu comme ça, c'est même pas la Commission, c'est la France qui l'a demandé, c'est la France qui l'a obtenu.
OLIVIER MAZEROLLE
Il faut un sommet européen, pour remettre sur pied la Politique agricole commune ?
STEPHANE LE FOLL
Mais il faut, bien sûr, discuter à l'échelle européenne. Je vous indique que ce matin, et c'est sorti dans la Presse, un mémorandum, déposé par la France, qui y-a-t-il un autre pays aujourd'hui, qui met comme à chaque fois, des propositions sur les questions agricoles en Europe, que la France ? Non. Donc il ne s'agit pas de répéter « il suffit de faire le siège », je ne suis pas un VRP qui va passer son temps à frapper à la porte de Bruxelles, je suis un homme politique qui prend des responsabilités et qui essaie de faire bouger les choses. Pour faire bouger les choses, il y a de la méthode, il y a aussi de l'organisation. Il faut trouver des alliés en Europe, et il ne s'agit pas de laisser croire qu'il suffirait de dire, pour que ça se fasse. Malheureusement d'ailleurs, mais c'est comme ça.
OLIVIER MAZEROLLE
Et il y a aussi
STEPHANE LE FOLL
Moi j'ai déposés des propositions, elles sont sur la table ce matin, monsieur MAZEROLLE.
OLIVIER MAZEROLLE
Il y a aussi des blocages inhérents à la France, aujourd'hui les députés vont examiner un projet de loi qui est en provenance du Sénat, qui règle quelques-uns de ces problèmes ou en tout cas des demandes des agriculteurs. Vous souhaitez qu'ils adoptent ce projet de loi ?
STEPHANE LE FOLL
Non, sur ce problème, le Sénat a fait des propositions dans lesquelles il y a un certain nombre de propositions sur lesquelles on est et je suis d'accord. Et je vais en reprendre un certain nombre. Il y a une question qui est posée par le Sénat, dans cette proposition de loi qui consiste à dire que pour accroitre les baisses de charges, déjà obtenues avec le pacte de responsabilité et le CICE en agriculture, qui doivent représenter ensemble 1,9 milliard d'euros, ils font des propositions de baisse de cotisations supplémentaires, gagées, je vous le dis, sur une augmentation de la CSG et de la TVA. Bon, ça, dans un débat agricole, c'est au mieux d'un débat en loi de finance, et augmenter les impôts aujourd'hui, c'est un sujet que chacun comprendra, qui est à manier avec beaucoup de prudence. Donc, sur cette question qui est le coeur de cette proposition, il y a un désaccord. Après, il y a un certain nombre de sujets sur lesquels les sénateurs et d'ailleurs dans le débat au Sénat je l'avais parfaitement dit, en particulier, et je ferai la proposition ce matin, sur la non-cessibilité des contrats laitiers, et sur d'autres sujets, on va trouver des accords et je vais reprendre un certain nombre de propositions du Sénat.
OLIVIER MAZEROLLE
Alors, vous êtes toujours porte-parole du gouvernement, et si on a bien compris, alors, pour faire plaisir à sa majorité, le gouvernement propose maintenant qu'il puisse y avoir la création d'apatrides, alors qu'il avait dit exactement le contraire précédemment.
STEPHANE LE FOLL
Ouh lala, je crois que ce matin vous avez compliqué un peu les choses. Le gouvernement va proposer deux choses, deux articles pour la réforme de la Constitution, un article 1 qui va constitutionnaliser l'état d'urgence, vous êtes d'accord ?
OLIVIER MAZEROLLE
Oui oui.
STEPHANE LE FOLL
Il faudrait quand même le rappeler. Etat d'urgence qui a été demandé, je vous le rappelle
OLIVIER MAZEROLLE
Et l'article 2 qui pose problème.
STEPHANE LE FOLL
après les attentats du 13 novembre qui ont fait 130 morts et 350 blessés.
OLIVIER MAZEROLLE
D'accord, mais c'est l'article 2 qui pose problème.
STEPHANE LE FOLL
Article 2, fameux article 2 qui posait problème, d'abord, un, sur la question de la stigmatisation des binationaux, ce qui n'est plus dans l'écriture de la réforme constitutionnelle. Ensuite, à la demande d'ailleurs de Nicolas SARKOZY, avait été demandé que soit présentée la loi qui allait accompagner la réforme constitutionnelle, et dans ce débat sur la loi, ce qui existe déjà, va être revu et remis en cohérence
OLIVIER MAZEROLLE
Ça va créer, on va créer des apatrides.
STEPHANE LE FOLL
D'abord, on ne va pas, c'est pas vous, c'est pas moi, ce n'est pas monsieur CALVI, qui va créer des apatrides
OLIVIER MAZEROLLE
Non non, mais
STEPHANE LE FOLL
... c'est qui monsieur MAZEROLLE ?
OLIVIER MAZEROLLE
Les juges.
STEPHANE LE FOLL
Ah, ah
OLIVIER MAZEROLLE
S'ils prononcent la déchéance.
STEPHANE LE FOLL
Alors, attendez, attendez, c'est un champ majeur, puisque dorénavant, comme l'avait demandé l'opposition, la peine qui condamne un terroriste, pourra être complétée par une peine de déchéance. Et comme c'est la peine qui condamne le terroriste et la peine complémentaire, c'est le juge. Donc on ne va pas déchoir
OLIVIER MAZEROLLE
D'accord, alors, quand même, vous êtes revenu
STEPHANE LE FOLL
C'est très important pour les auditeurs de RTL.
OLIVIER MAZEROLLE
Le gouvernement est revenu sur sa rédaction, Jean-Christophe CAMBADELIS, Premier secrétaire du Parti socialiste dit « on fait du bricolage », Gérard LARCHER, qui était présent ici hier matin, à votre place, dit « dans ces conditions, il vaut mieux tout arrêter ».
STEPHANE LE FOLL
Non, il y a eu un engagement du président de la République, dans un congrès, devant tout
OLIVIER MAZEROLLE
Avec du bricolage, comme dit Jean-Christophe CAMBADELIS ?
STEPHANE LE FOLL
avec tous les députés et tous les sénateurs
OLIVIER MAZEROLLE
Bricolage sur la nationalité.
STEPHANE LE FOLL
Je ne sais pas s'il bricolait, vous leur demanderez, lorsqu'ils ont applaudit le président de la République. Moi je me pose des questions, toujours
OLIVIER MAZEROLLE
Non mais aujourd'hui, bricolage sur la nationalité ?
STEPHANE LE FOLL
Comment on passe sur un discours de, donc, ça fait combien, 700 à 800 parlementaires, qui se lèvent et qui applaudissent, à un débat lorsqu'on donne la possibilité et ça a été la responsabilité du Parlement, et c'est normal d'ouvrir un débat et de discuter, à cette espèce d'incapacité à rester cohérent sur l'essentiel. Donc, une fois que je vous ai dit ça, la cohérence, le texte est sur la table, le débat commence vendredi, il faut qu'il aille jusqu'au bout.
OLIVIER MAZEROLLE
Merci Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Merci beaucoup.
YVES CALVI
Stéphane LE FOLL qui assume donc ses doubles fonctions ministérielles. L'entretien est à réécouter à retrouver sur le site RTL
STEPHANE LE FOLL
Triples ! Forêt.
YVES CALVI
Ah oui, la forêt, oui, j'avais Hop hop hop, restez assis, j'ai une question à vous poser avant de nous séparer.
STEPHANE LE FOLL
J'espère qu'elle sera gentille.
YVES CALVI
Eh bien
STEPHANE LE FOLL
Non.
YVES CALVI
Non, elle ne sera pas méchante en tout cas.
OLIVIER MAZEROLLE
Vous avez vu comment il vous obéit ?
YVES CALVI
Ça dépend. La CGT RATP, ne le rappelle, appelle à la grève aujourd'hui, et ce qu'on peut lire sur les tracts, c'est que c'est un soutien finalement aux syndicalistes de GOODYEAR Amiens, et on a du mal, beaucoup d'auditeurs nous ont appelés pour réagir à ça, à comprendre le rapport être RATP et GOODYEAR. Est-ce que vous estimez qu'il s'agit d'un détournement de grève et est-ce que ça vous choque ?
STEPHANE LE FOLL
Moi je suis comme les auditeurs, j'ai du mal à comprendre, comment on fait pour soutenir des salariés, en ayant pris une décision qui met des salariés aujourd'hui dans la difficulté toute la journée. Je demande à ce que la CGT aussi, de temps en temps, ait la mesure de ce qui se des décisions qu'ils prennent, parce que soutenir les salariés de GOODYEAR, pour mettre des milliers de gens et de salariés, parce que c'est ça la vérité, aujourd'hui, dans la difficulté, je ne vois pas, je ne vois pas comment on peut expliquer ça. Voilà.
YVES CALVI
Merci Stéphane LE FOLL. Alors, on a compris en plus que vous vouliez rester porte-parole, en plus d'être intéressé à
STEPHANE LE FOLL
Mais moi je ne veux rester rien du tout, ça dépendra du Président de la République et du Premier ministre. En tout cas, tant que je suis là où je suis, j'assume, je parle et j'agis.
YVES CALVI
Bonne journée à vous. Je rappelle que c'est l'objet de notre débat aujourd'hui sur RTL, à 08h20 nous aurons « Six minutes pour trancher », avec l'avocat de la CGT GOODYEAR, Fiodor RILOV, et le président de l'Association nationale des DRH, Jean-Christophe SCIBERRAS.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 février 2016