Texte intégral
NICOLAS PIERRON
La secrétaire d'Etat en charge du Numérique est donc mon invitée ce matin, bonjour Axelle LEMAIRE.
AXELLE LEMAIRE
Bonjour.
NICOLAS PIERRON
Vous participerez demain au lancement officiel de la 3ème édition de la French Touch Conférence qui se tiendra en juin à New York, de quoi s'agit-il ? On connaissait la French Tech, mais la French Touch un peu moins ?
AXELLE LEMAIRE
Tout à fait, mais ça fait partie disons de l'écosystème de la French Tech, c'est une initiative privée qui a été prise par des entrepreneurs qui ont compris qu'il fallait créer des ponts, des liens entre des écosystèmes, entre les startups françaises et le marché américain, que ce soit des clients, des investisseurs, des journalistes, des influenceurs et donc cette French Touch Conférence qui va avoir lieu à New York au mois de juin, elle permet à nos entreprises françaises très innovantes d'avoir une visibilité et ça débouche sur des actions très concrètes, notamment la signature de contrats ou le fait de trouver des investisseurs.
NICOLAS PIERRON
Parce qu'aujourd'hui c'est le financement du développement des startups qui pose encore problème, ce n'est pas tant l'amorçage, le financement initial des boites qui pose problème en France, c'est quand on doit développer le business d'un point de vue commercial, c'est là qu'il manque quelque chose ?
AXELLE LEMAIRE
C'est vrai même si ça l'est de moins en moins. On compare souvent le marché du capital risque, le fait d'investir par des investisseurs privés dans des startups pour aider à leur croissance. Le marché français au marché américain, d'abord ce sont deux marchés qui n'ont pas la même taille, je crois qu'il faudrait comparer le marché européen au marché américain
NICOLAS PIERRON
Par rapport aux Britanniques par exemple, un pays que vous connaissez bien, la Grande Bretagne, on est quand même sensiblement, on a sensiblement moins de Business Angel.
AXELLE LEMAIRE
Oui, alors ce que j'allais dire, c'est que le marché européen, il est fragmenté et effectivement aujourd'hui eh bien, on trouve des investisseurs ou des Business angel en France, au Royaume Uni, en Allemagne. La bonne nouvelle, c'est que ces personnes regardent de plus en plus sur les autres marchés et, des Britanniques par exemple et c'est assez récent, commencent à investir en France, des Français peuvent investir en Allemagne. Et puis ce marché, il reste encore un peu inférieur en volume et en nombre de transaction au marché britannique, en revanche il est le plus dynamique à l'heure actuelle, la dynamique de croissance du marché de capital risque est formidable, plus 90 %, les six premiers mois de 2015 par rapport aux six premiers mois de l'année précédente. Donc on voit bien que les choses bougent.
NICOLAS PIERRON
Et c'est vrai qu'il y a beaucoup d'entreprises qui se créent, on l'a vu au salon de Las Vegas où il y avait une délégation très importantes de startups innovantes françaises, mais pour un créateur d'entreprise française dans le secteur du digital, où la nécessité est d'être global, d'être international d'emblée, on peut se dire que c'est quand même beaucoup plus attractif et facile d'aller s'installer dans la Silicon Valley aux Etats-Unis d'emblée ?
AXELLE LEMAIRE
Le choix est de plus en plus ouvert et c'est de moins en moins une fatalité. Je me souviens quand je suis entrée au gouvernement, il y a deux ans, c'est vraiment ce que l'on me disait, et franchement des histoires réelles d'entrepreneurs français qui décident de rester en France pour y développer leur startup, ce qui ne signifie pas ne pas avoir une présence aux Etats-Unis, c'est quasiment incontournable, ne serait-ce que pour aborder le marché américain et convaincre sur place des investisseurs américains, mais garder ses équipes en France, et notamment ses équipes technologiques, ça devient de plus en plus un choix complètement assumé par nos entrepreneurs. Ce choix, il doit être ouvert, il doit être libre, il ne s'agit pas de porter un jugement sur les décisions qui sont prises, mais ce n'est plus une fatalité que de partir dans la Silicon Valley.
NICOLAS PIERRON
Axelle LEMAIRE, comment vous réagissez quand vous apprenez qu'une des pépites françaises du Digital, Captain Train, qui est une plateforme de réservation de billet de train par Internet, se fait racheter par son concurrent britannique ? Est-ce que ce n'est pas dommage ? Ça arrive régulièrement, on se souvient notamment de PriceMinister qui a été racheté par un Japonais en 2010.
AXELLE LEMAIRE
Ça arrive régulièrement, ça arrive à l'inverse aussi, des startups françaises qui rachètent des concurrents étrangers, je pense à BlaBlaCar qui pour son expansion à l'international a racheté son concurrent allemand par exemple. Je dirais que c'est un peu la loi du genre et ce qu'il faut voir, c'est que Captain Train a désormais des perspectives de croissance parce que l'entreprise a des perspectives d'investissement notamment dans la technologie, notamment dans le recrutement des meilleurs développeurs, qu'elle n'aurait pas eu sans ce rachat. Le but c'est d'aborder sereinement la totalité du marché ferroviaire européen pour vendre des billets de train en ligne, quel que soit le pays dans lequel on habite et pour pouvoir voyager dans toute l'Europe à partir d'une seul plateforme d'achat de billet, eh bien ça ce n'était pas possible pour le moment, pour cette entreprise française. Ca le sera parce qu'il y a un afflux de capital très important. Alors donc regretter non, pourquoi regretter, il n'y a pas eu d'acheteur français sur ce marché en particulier, à ce moment X, il n'y a pas eu d'acheteur français, ça aurait pu être l'inverse.
NICOLAS PIERRON
Vous êtes bien briffé sur vos dossiers Axelle LEMAIRE. Dans l'ordre protocolaire du nouveau gouvernement, le secrétariat d'Etat au Numérique n'arrive qu'au 37ème rang, sur un total de 39, c'est quand même terrible ça, non ?
AXELLE LEMAIRE
Alors d'abord ceux qui me connaissent savent que je n'accorde pas tellement d'importance au protocole, mais au-delà de ça, il se trouve que les secrétaires d'Etat sont liés de facto à leur ministre de tutelle
NICOLAS PIERRON
Vous c'est Emmanuel MACRON.
AXELLE LEMAIRE
Voilà exactement.
NICOLAS PIERRON
Il n'est que 14ème désormais.
AXELLE LEMAIRE
Les journalistes n'ont pas réalisé que si j'ai baissé dans c'est un effet direct. Blague mise à part, moi ce qui m'importe c'est la réalité de mon action et de mon pouvoir d'influence, eh bien il se trouve que je défends et je défends seule et depuis le début un projet de loi pour une république numérique.
NICOLAS PIERRON
Qui a été adoptée fin janvier à l'Assemblée.
AXELLE LEMAIRE
Qui a été adopté, on peut dire à l'unanimité, puisque c'est moins une voix, et qui est en cours de préparation pour aller au Sénat le 26 avril. Eh bien ce texte qui est un texte très transversal, très interministériel, très ambitieux, aujourd'hui il a près de 100 articles, il couvre les questions sociétales, par les données personnelles, les questions sociales, les questions économiques par l'innovation, par l'économie de la donnée, par l'ouverture des données publiques. C'est un très beau texte du numérique, eh bien le Premier ministre, le président de la République me font suffisamment confiance pour que ce texte, je l'ai écrit, je l'ai négocié, et je le défends au Parlement. Donc vous voyez bien le protocole ne compte pas beaucoup.
NICOLAS PIERRON
Vous aviez à cette occasion organisé une consultation publique pour élaborer la loi qui a été donc adoptée par l'Assemblée, le gouvernement aurait dû s'inspirer de votre méthode pour la réforme du code du travail, attention une question pige ?
AXELLE LEMAIRE
Je crois que la réponse est simple, oui. Oui parce qu'on voit bien qu'aujourd'hui il y a une grande défiance dans la politique de manière générale, qu'il y a un besoin de renouveau, peut-être du personnel politique, mais aussi des méthodes, de faire action publique et que si on peut tirer une leçon de la culture numérique, c'est bien la nécessité de travailler en mode collaboratif de manière plus horizontale, plus concertée et en s'appuyant sur l'intelligence collective. C'est ce que j'ai voulu faire avec cette concertation et je crois que le résultat du vote à l'Assemblée nationale n'est pas étranger à ce très large assentiment, cette très large majorité venant de tous les membres de l'Assemblée, n'est pas étranger à la manière dont le texte est arrivé sur les bancs de l'hémicycle. Il avait été longuement préparé et longuement concerté. Et puis il y a eu des ajouts vraiment importants venant de nos concitoyens, cinq nouveaux articles complètement qui sont arrivés dans le texte, plus de 80 amendements, enfin 80 modifications au texte tel que l'avait pensé le gouvernement à l'origine. Moi, je ne prétends pas avoir la science infuse, et je sais que sur ces sujets, il faut que je puisse compter sur mes pairs, sur nos concitoyens pour avancer dans la bonne direction.
NICOLAS PIERRON
Merci Axelle LEMAIRE, secrétaire d'Etat en charge du Numérique.
AXELLE LEMAIRE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 mars 2016
La secrétaire d'Etat en charge du Numérique est donc mon invitée ce matin, bonjour Axelle LEMAIRE.
AXELLE LEMAIRE
Bonjour.
NICOLAS PIERRON
Vous participerez demain au lancement officiel de la 3ème édition de la French Touch Conférence qui se tiendra en juin à New York, de quoi s'agit-il ? On connaissait la French Tech, mais la French Touch un peu moins ?
AXELLE LEMAIRE
Tout à fait, mais ça fait partie disons de l'écosystème de la French Tech, c'est une initiative privée qui a été prise par des entrepreneurs qui ont compris qu'il fallait créer des ponts, des liens entre des écosystèmes, entre les startups françaises et le marché américain, que ce soit des clients, des investisseurs, des journalistes, des influenceurs et donc cette French Touch Conférence qui va avoir lieu à New York au mois de juin, elle permet à nos entreprises françaises très innovantes d'avoir une visibilité et ça débouche sur des actions très concrètes, notamment la signature de contrats ou le fait de trouver des investisseurs.
NICOLAS PIERRON
Parce qu'aujourd'hui c'est le financement du développement des startups qui pose encore problème, ce n'est pas tant l'amorçage, le financement initial des boites qui pose problème en France, c'est quand on doit développer le business d'un point de vue commercial, c'est là qu'il manque quelque chose ?
AXELLE LEMAIRE
C'est vrai même si ça l'est de moins en moins. On compare souvent le marché du capital risque, le fait d'investir par des investisseurs privés dans des startups pour aider à leur croissance. Le marché français au marché américain, d'abord ce sont deux marchés qui n'ont pas la même taille, je crois qu'il faudrait comparer le marché européen au marché américain
NICOLAS PIERRON
Par rapport aux Britanniques par exemple, un pays que vous connaissez bien, la Grande Bretagne, on est quand même sensiblement, on a sensiblement moins de Business Angel.
AXELLE LEMAIRE
Oui, alors ce que j'allais dire, c'est que le marché européen, il est fragmenté et effectivement aujourd'hui eh bien, on trouve des investisseurs ou des Business angel en France, au Royaume Uni, en Allemagne. La bonne nouvelle, c'est que ces personnes regardent de plus en plus sur les autres marchés et, des Britanniques par exemple et c'est assez récent, commencent à investir en France, des Français peuvent investir en Allemagne. Et puis ce marché, il reste encore un peu inférieur en volume et en nombre de transaction au marché britannique, en revanche il est le plus dynamique à l'heure actuelle, la dynamique de croissance du marché de capital risque est formidable, plus 90 %, les six premiers mois de 2015 par rapport aux six premiers mois de l'année précédente. Donc on voit bien que les choses bougent.
NICOLAS PIERRON
Et c'est vrai qu'il y a beaucoup d'entreprises qui se créent, on l'a vu au salon de Las Vegas où il y avait une délégation très importantes de startups innovantes françaises, mais pour un créateur d'entreprise française dans le secteur du digital, où la nécessité est d'être global, d'être international d'emblée, on peut se dire que c'est quand même beaucoup plus attractif et facile d'aller s'installer dans la Silicon Valley aux Etats-Unis d'emblée ?
AXELLE LEMAIRE
Le choix est de plus en plus ouvert et c'est de moins en moins une fatalité. Je me souviens quand je suis entrée au gouvernement, il y a deux ans, c'est vraiment ce que l'on me disait, et franchement des histoires réelles d'entrepreneurs français qui décident de rester en France pour y développer leur startup, ce qui ne signifie pas ne pas avoir une présence aux Etats-Unis, c'est quasiment incontournable, ne serait-ce que pour aborder le marché américain et convaincre sur place des investisseurs américains, mais garder ses équipes en France, et notamment ses équipes technologiques, ça devient de plus en plus un choix complètement assumé par nos entrepreneurs. Ce choix, il doit être ouvert, il doit être libre, il ne s'agit pas de porter un jugement sur les décisions qui sont prises, mais ce n'est plus une fatalité que de partir dans la Silicon Valley.
NICOLAS PIERRON
Axelle LEMAIRE, comment vous réagissez quand vous apprenez qu'une des pépites françaises du Digital, Captain Train, qui est une plateforme de réservation de billet de train par Internet, se fait racheter par son concurrent britannique ? Est-ce que ce n'est pas dommage ? Ça arrive régulièrement, on se souvient notamment de PriceMinister qui a été racheté par un Japonais en 2010.
AXELLE LEMAIRE
Ça arrive régulièrement, ça arrive à l'inverse aussi, des startups françaises qui rachètent des concurrents étrangers, je pense à BlaBlaCar qui pour son expansion à l'international a racheté son concurrent allemand par exemple. Je dirais que c'est un peu la loi du genre et ce qu'il faut voir, c'est que Captain Train a désormais des perspectives de croissance parce que l'entreprise a des perspectives d'investissement notamment dans la technologie, notamment dans le recrutement des meilleurs développeurs, qu'elle n'aurait pas eu sans ce rachat. Le but c'est d'aborder sereinement la totalité du marché ferroviaire européen pour vendre des billets de train en ligne, quel que soit le pays dans lequel on habite et pour pouvoir voyager dans toute l'Europe à partir d'une seul plateforme d'achat de billet, eh bien ça ce n'était pas possible pour le moment, pour cette entreprise française. Ca le sera parce qu'il y a un afflux de capital très important. Alors donc regretter non, pourquoi regretter, il n'y a pas eu d'acheteur français sur ce marché en particulier, à ce moment X, il n'y a pas eu d'acheteur français, ça aurait pu être l'inverse.
NICOLAS PIERRON
Vous êtes bien briffé sur vos dossiers Axelle LEMAIRE. Dans l'ordre protocolaire du nouveau gouvernement, le secrétariat d'Etat au Numérique n'arrive qu'au 37ème rang, sur un total de 39, c'est quand même terrible ça, non ?
AXELLE LEMAIRE
Alors d'abord ceux qui me connaissent savent que je n'accorde pas tellement d'importance au protocole, mais au-delà de ça, il se trouve que les secrétaires d'Etat sont liés de facto à leur ministre de tutelle
NICOLAS PIERRON
Vous c'est Emmanuel MACRON.
AXELLE LEMAIRE
Voilà exactement.
NICOLAS PIERRON
Il n'est que 14ème désormais.
AXELLE LEMAIRE
Les journalistes n'ont pas réalisé que si j'ai baissé dans c'est un effet direct. Blague mise à part, moi ce qui m'importe c'est la réalité de mon action et de mon pouvoir d'influence, eh bien il se trouve que je défends et je défends seule et depuis le début un projet de loi pour une république numérique.
NICOLAS PIERRON
Qui a été adoptée fin janvier à l'Assemblée.
AXELLE LEMAIRE
Qui a été adopté, on peut dire à l'unanimité, puisque c'est moins une voix, et qui est en cours de préparation pour aller au Sénat le 26 avril. Eh bien ce texte qui est un texte très transversal, très interministériel, très ambitieux, aujourd'hui il a près de 100 articles, il couvre les questions sociétales, par les données personnelles, les questions sociales, les questions économiques par l'innovation, par l'économie de la donnée, par l'ouverture des données publiques. C'est un très beau texte du numérique, eh bien le Premier ministre, le président de la République me font suffisamment confiance pour que ce texte, je l'ai écrit, je l'ai négocié, et je le défends au Parlement. Donc vous voyez bien le protocole ne compte pas beaucoup.
NICOLAS PIERRON
Vous aviez à cette occasion organisé une consultation publique pour élaborer la loi qui a été donc adoptée par l'Assemblée, le gouvernement aurait dû s'inspirer de votre méthode pour la réforme du code du travail, attention une question pige ?
AXELLE LEMAIRE
Je crois que la réponse est simple, oui. Oui parce qu'on voit bien qu'aujourd'hui il y a une grande défiance dans la politique de manière générale, qu'il y a un besoin de renouveau, peut-être du personnel politique, mais aussi des méthodes, de faire action publique et que si on peut tirer une leçon de la culture numérique, c'est bien la nécessité de travailler en mode collaboratif de manière plus horizontale, plus concertée et en s'appuyant sur l'intelligence collective. C'est ce que j'ai voulu faire avec cette concertation et je crois que le résultat du vote à l'Assemblée nationale n'est pas étranger à ce très large assentiment, cette très large majorité venant de tous les membres de l'Assemblée, n'est pas étranger à la manière dont le texte est arrivé sur les bancs de l'hémicycle. Il avait été longuement préparé et longuement concerté. Et puis il y a eu des ajouts vraiment importants venant de nos concitoyens, cinq nouveaux articles complètement qui sont arrivés dans le texte, plus de 80 amendements, enfin 80 modifications au texte tel que l'avait pensé le gouvernement à l'origine. Moi, je ne prétends pas avoir la science infuse, et je sais que sur ces sujets, il faut que je puisse compter sur mes pairs, sur nos concitoyens pour avancer dans la bonne direction.
NICOLAS PIERRON
Merci Axelle LEMAIRE, secrétaire d'Etat en charge du Numérique.
AXELLE LEMAIRE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 mars 2016