Interview de M. Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, à iTélé le 8 avril 2016, sur le lancement par Emmanuel Macron de son mouvement "En marche", l'hypothèse de l'organisation d'une primaire à gauche et la concertation sur la loi Travail.

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Média : Itélé

Texte intégral

BRUCE TOUSSAINT
Jean-Marie LE GUEN est l'invité d'iTélé ce matin. Bonjour.
JEAN-MARIE LE GUEN
Bonjour Bruce TOUSSAINT.
BRUCE TOUSSAINT
Merci d'être avec nous. Emmanuel MACRON a lancé cette semaine son mouvement qui s'appelle En Marche ! Manuel VALLS l'a, comme on dit dans les cours d'école, immédiatement baptisé. Ecoutez Manuel VALLS.
MANUEL VALLS, PREMIER MINISTRE
Il y a forcément des forces politiques. Il y a même une gauche et même une droite. Il y a des extrêmes gauche et des une extrême droite et heureusement. C'est ainsi que fonctionne notre démocratie. Il serait absurde de vouloir effacer ces différences.
BRUCE TOUSSAINT
Emmanuel MACRON ne commencerait pas à tous vous énerver sérieusement ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non. D'abord Emmanuel MACRON s'exprime ; c'est à la fois son droit et je pense que ça peut tout à fait utile, il exprime une gauche réformatrice. Après, il le fait avec des formules qui sont des formules qui appartiennent au champ politique et qui méritent d'être discutées. Je crois pour ma part que la gauche effectivement doit se transformer, se muter. Elle est en train de le faire d'ailleurs en réalité. On aurait mieux aimé le faire avant 2012 mais c'est en étant en responsabilité que, sous le poids des responsabilités et en conscience, il y a une mutation de cette gauche réformatrice qui assume ses responsabilités. Mais en même temps, elle doit se dépasser et s'ouvrir effectivement plus qu'elle ne le fait jusqu'à présent. Mais par contre, et c'est là où j'ai la nuance avec Emmanuel MACRON, je crois effectivement qu'autant la gauche doit muter et autant elle doit s'ouvrir, mais on part de quelque part. On a des racines, on a une histoire, on a des valeurs et je pense que celles-ci effectivement, pour ce qui me concerne, ce sont celles de la gauche. Une gauche ouverte. Mais par contre, sa dynamique nous permet d'avancer et je trouve ça très bien.
BRUCE TOUSSAINT
Vous venez de dire, je crois, cinq fois le mot « gauche », mais vous vous trompez. On avait déjà compris qu'Emmanuel MACRON n'était pas socialiste, mais il n'est pas de gauche non plus. Il l'a dit extrêmement clairement.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, je ne l'ai pas ressenti comme tel. Vous lui poserez la question.
BRUCE TOUSSAINT
Il a dit « ni de gauche, ni de droite ».
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, attendez. En disant cela, il a voulu dire qu'il était pour un dépassement et de ce point de vue, je suis d'accord. Je pense que notre pays a besoin d'une recomposition politique et là, je suis d'accord avec lui. Mais cette recomposition, vous lui poserez la question. Je pense qu'il n'est pas là par hasard. Je pense qu'il est là parce qu'il a des convictions et d'ailleurs quand j'écoute ce qu'il dit, même si je ne suis pas forcément toujours d'accord avec ce qu'il dit, je sens une véritable conviction d'un démocrate, d'un républicain, d'un homme de gauche. Maintenant, c'est un homme ouvert, c'est un homme moderne, c'est un homme de son époque, tant mieux. Du moment que tout ça participe… De quoi ? quel est l'enjeu politique de la période actuelle ? D'une part la mutation dont je vous parle, et au plan plus politicien j'allais dire. L'important, c'est que ce soit utile pour François HOLLANDE. Et de ce point de vue, tant que François HOLLANDE trouve ça utile, je considère que c'est positif.
BRUCE TOUSSAINT
On va écouter d'ailleurs ce qu'en pense le président de la République justement qui a réagi hier soir brièvement au lancement de ce mouvement.
FRANÇOIS HOLLANDE, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Je vous confirme, si vous n'en étiez pas informés, qu'il n'y a pas un gouvernement de coalition en France. Pour le reste, un ministre veut dialoguer citoyen. Ça s'appelle faire de la politique et faire en sorte que les convictions puissent être partagées. Je n'en dirai pas davantage. Voilà.
BRUCE TOUSSAINT
Il est moins sévère que VALLS qui lui, on le sent, est agacé.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non. Manuel VALLS a toujours la nécessité d'exprimer, ce qui est logique, ce qui est l'identité politique de ce gouvernement, donc Manuel VALLS le rappelle. François HOLLANDE, lui, il est dans une stratégie de rassemblement beaucoup plus large. Je ne sais pas s'il considère que le discours d'Emmanuel MACRON correspond à ce qui est la marche de son quinquennat. Je pense que oui puisque les choses se passent de cette façon. Donc l'essentiel franchement, autant vous pouvez analyser des nuances qui existent aujourd'hui entre par exemple ce que dit Manuel VALLS et ce que dit Emmanuel MACRON, autant l'important c'est que d'une façon globale tout ça participe au soutien de l'action de François HOLLANDE et à la perspective de l'année prochaine qui est l'élection présidentielle. Donc tant que François HOLLANDE le considère comme ça, je trouve ça très positif.
BRUCE TOUSSAINT
Justement, ça pose quand même une question. Au-delà du débat est-ce qu'il est de gauche, est-ce qu'il est de droite, qu'est-ce que c'est que ce mouvement, il n'y a pas un problème de solidarité, de loyauté ? Voilà un ministre éminent qui, à un an de l'élection présidentielle, lance un mouvement, un parti – c'est quand même la même chose.
JEAN-MARIE LE GUEN
Tout ça converge pour soutenir François HOLLANDE.
BRUCE TOUSSAINT
Ce n'est pas clair. Vous, vous l'avez compris comme ça ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, je pense. Il faudra le préciser mais je pense que c'est…
BRUCE TOUSSAINT
Vous n'avez pas l'impression qu'il roule pour lui Emmanuel MACRON ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Qu'il roule pour lui, qu'il veuille s'affirmer, c'est assez vraisemblable. Mais ce qui est à l'ordre du jour, ce n'est pas l'affirmation en 2017 d'untel ou d'untel. Plus exactement le untel en question, c'est l'affirmation de François HOLLANDE.
BRUCE TOUSSAINT
Allez savoir.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, moi je crois savoir que pour l'instant, l'intérêt de tous, de la gauche, peut-être du pays, c'est de rassembler derrière François HOLLANDE.
BRUCE TOUSSAINT
Il incarne quelque chose. Il incarne un renouvellement, une jeunesse. Même Le Figaro ce matin fait sa une sur MACRON.
JEAN-MARIE LE GUEN
« Il bouscule la gauche ».
BRUCE TOUSSAINT
Oui, mais ils auraient pu prendre une photo moins flatteuse. Il est à la une de Libération, voilà. Ce n'est pas qu'il n'est ni de droite ni de gauche ; il est et de droite et de gauche si l'on en croit les unes de ce matin.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je crois franchement, pour revenir au fond, que notre pays a besoin d'une gauche qui se dépasse et d'une gauche qui assume ses responsabilités. De ce point de vue, Emmanuel MACRON participe à cela. Tant mieux. L'essentiel, c'est de participer à un dispositif global pour faire gagner la gauche l'année prochaine.
BRUCE TOUSSAINT
On ne va pas faire toute l'interview sur Emmanuel MACRON mais vous ne trouvez pas qu'il va aussi donner des boutons – pardon pour l'expression – la gauche, au peuple de gauche.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non. Ne caricaturons pas le peuple de gauche.
BRUCE TOUSSAINT
Le peuple de gauche, il a envie qu'on lui dise : « Je suis de gauche, vous êtes de gauche, nous sommes de gauche ». Vous ne croyez pas ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui bien sûr, et d'ailleurs je crois que ce peuple de gauche en même temps, il est à la recherche. Il sent bien que la gauche doit bouger, il sent que la gauche doit s'ouvrir et de ce point de vue, MACRON exprime d'un certain point de vue cette envie de bouger de la gauche. On a vu quand même beaucoup ces dernières années que ceux qui venaient critiquer, c'était plus la gauche chafouin, la gauche critique, la gauche contestataire. Tout ça, ça exprime des idées qui sont assez négatives. Je préfère personnellement qu'on exprime des idées positives, du changement, de confiance, d'avenir. Tout cela on en a besoin, et la gauche en a besoin. Le peuple de gauche, je ne sais pas si on doit exprimer cette formule, mais en tout cas doit se poser la question avec confiance en lui-même et non pas avoir toujours des calculs identitaires relativement fermés.
BRUCE TOUSSAINT
Je voudrais qu'on écoute ensemble un artiste qui est à la une aujourd'hui parce qu'il sort un nouvel album après dix ans d'absence. C'est un peu plus qu'un artiste, c'est une icône : c'est Renaud. Il était hier soir au vingt heures de TF1. Ecoutez ce qu'il dit de François HOLLANDE et de la gauche.
RENAUD, AUTEUR-COMPOSITEUR-INTERPRETE
Je lui dirais que sa politique de gauche me désespère. Je lui dirais que je n'irai plus jamais voter pour lui, lui pour lequel j'ai voté aux dernières élections mais sans aveuglement et sans espoir, sans illusion. Dans ce cas-là, dans ces circonstances, je n'ai pas été trahi.
BRUCE TOUSSAINT
Qu'est-ce que ça vous inspire ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, je ne sais pas. Il y a des chanteurs de moins de soixante-dix ans en France ? Ça existe ? Je veux dire, à un moment on renvoie toujours les mêmes idées, les gens qui ont une vision négative de l'avenir. On le voit bien. (soupir) Passons, quoi. La France, bien sûr que c'est aussi ça mais essayons d'exprimer autre chose, de la confiance, de la volonté de se battre.
BRUCE TOUSSAINT
En fait vous n'avez pas de bol, parce que les artistes sont en général de gauche. Il y avait peu d'artistes déçus de SARKOZY en 2012. Là, vous allez tous vous les prendre. Ils vont tous venir les uns après les autres à la télévision et à la radio expliquer qu'ils sont déçus.
JEAN-MARIE LE GUEN
Vous croyez…
BRUCE TOUSSAINT
Vous ne croyez pas que ce que dit Renaud ressemble un peu aussi à ce que pensent beaucoup de Français ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, non, non, non. Attendez, que beaucoup de Français expriment de la déception… Renaud, j'imagine que c'est tout simplement parce qu'il ressent les mêmes choses. Qu'il exprime un certain nombre de déceptions, je le comprends. Mais vous savez, ça fait trois ans que vous avez la gauche face à la gauche. Un jour ou l'autre, il faudra que la gauche se présente face à la droite et que la droite existe face à la gauche. Ce jour-là, peut-être que les compteurs seront un peu remis à zéro parce que lorsqu'on aura à comparer ce que propose et ce que fait la gauche, et ce que propose la droite, alors on verra que la gauche est à gauche et que la droite est à droite. Ce qui ne veut pas dire d'ailleurs qu'il n'y a pas d'extrême droite dans le pays, qu'il n'y a pas des enjeux qui sont au-delà de la gauche et de la droite.
BRUCE TOUSSAINT
La primaire à gauche, on en parle de moins en moins et pourtant, c'est quand même toujours un peu dans les tuyaux, non ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, moi je n'ai jamais été convaincu par cette idée. Je la trouve un peu confuse. Je sais qu'elle a été reçue de façon positive par beaucoup de gens qui aspirent à avoir un débat, qui aspirent un peu à un renouvellement. Là-dessus, je suis d'accord avec eux. Mais le processus, les arrière-pensées des uns et des autres, tout ça est assez compliqué.
BRUCE TOUSSAINT
Je vous livre à l'instant une information de RTL : François HOLLANDE a validé les dates du scrutin pour la primaire à gauche. Samedi 9 avril, un conseil national du PS sera consacré à cette future primaire de la gauche. Officiellement François HOLLANDE ne s'en mêle pas selon RTL, mais le chef de l'Etat est loin d'être indifférent à ce qui se trame et il a validé lui-même cette semaine les dates du scrutin les 4 et 11 décembre.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, si c'est RTL qui le dit c'est que c'est vrai. Je n'ai pas de commentaires à faire.
BRUCE TOUSSAINT
4 et 11 décembre. C'est les bonnes dates ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je n'en sais rien.
BRUCE TOUSSAINT
Non mais sérieusement…
JEAN-MARIE LE GUEN
Je ne sais pas ce qu'il en sera de cette primaire ni d'une autre. Nous verrons. Pour l'instant, il y a suffisamment de gens qui sont d'accord pour ne pas être d'accord pour que tout ça soit un peu confus.
BRUCE TOUSSAINT
Vous venez de nous dire : « Si c'est RTL qui le dit, c'est que c'est vrai ».
JEAN-MARIE LE GUEN
C'était une formule un peu…
BRUCE TOUSSAINT
Faites gaffe parce qu'on prend ça pour une confirmation.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, il y avait un peu d'ironie dans mes propos. Je précise.
BRUCE TOUSSAINT
D'accord, donc vous ne savez pas.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je n'en sais rien, non.
BRUCE TOUSSAINT
On parle de la loi Travail. Là, il y a les vacances parlementaires qui démarrent ce soir. Ça veut dire que pendant quinze jours, on ne s'occupe plus de cette loi.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non. Il y a des rencontres. La ministre travaille avec les partenaires sociaux. Elle aura sûrement des échanges encore avec les parlementaires. Les choses avancent. D'ailleurs le groupe socialiste se réunit la semaine prochaine. Ce sont des vacances effectivement où il y a un peu de respiration.
BRUCE TOUSSAINT
Est-ce que ça va permettre, ces vacances parlementaires, au gouvernement de faire de nouvelles concessions à la jeunesse par exemple ? Les organisations d'étudiants ont été reçues cette semaine. Est-ce que ça c'est dans les tuyaux ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Il y a une concertation qui se fait avec les organisations de jeunesse, une réflexion, qui dépasse très largement et qui ne concerne pas à proprement parler la loi Travail, la loi de Myriam EL KHOMRI. Au passage, sur la loi de Myriam EL KHOMRI je voudrais juste souligner qu'il y a eu un travail qui s'est fait et qui a abouti cette nuit, qui est un travail en commission, qui donne des nouvelles mesures. Les parlementaires ont adopté un certain nombre de mesures pour les TPE-PME qui sont tout à fait fondamentales, notamment la capacité pour ces TPE d'avoir une capacité à évoluer et à être réactives par rapport à leur carnet de commandes au bout d'un trimestre. C'est une énorme avancée qui a été faite cette nuit dans le sens justement d'une plus grande solidarité avec les entreprises.
BRUCE TOUSSAINT
Ça, ça ne concerne pas directement la jeunesse.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non.
BRUCE TOUSSAINT
C'est pour l'ensemble des salariés.
JEAN-MARIE LE GUEN
Voilà. Par ailleurs, il y a des débats avec la jeunesse qui ont lieu sur plein d'aspects, notamment sur toutes les problématiques d'insertion, le passage d'une formation à une insertion mais aussi tous ces jeunes – parce qu'il ne faudrait peut-être pas les oublier – qui malheureusement, et c'est peut-être le coeur de nos problèmes, n'a pas de qualification et de formation. Là-dessus, il y a la garantie jeunes qui a été donnée et qui va se mettre en oeuvre d'une façon beaucoup plus active. Des précisions doivent être apportées, c'est bien normal. Ce sont des enjeux majeurs de société parce que la manière dont la jeunesse est traitée dans notre société depuis trente ans en France, aux Etats-Unis, dans tout le monde développé est effectivement problématique.
BRUCE TOUSSAINT
Je rappelle que vous êtes Secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement. Quels sont justement dans les prochaines semaines et les prochains mois les grands textes qui vont arriver ? Ou est-ce que, on est à un an des élections, et ça va être un peu les vacances qui vont se prolonger ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non. Nous avons trois grands textes très importants : la loi Travail qui sera débattue début mai ; nous avons ensuite la loi Egalité citoyenneté qui est une loi qui vise à lutter contre les discriminations à la fois individuelles mais aussi territoriales et qui sera une loi très importante et qui s'accompagnera d'une action politique, parce qu'il n'y a pas que la loi mais la loi en sera le coeur. Il y aura des actions politiques qui mettront les idéaux républicains dans la pratique concrète de la vie quotidienne et il y a une troisième loi qui est la loi qui sera présentée par Michel SAPIN, qui est une loi qui permettra notamment d'aborder tous les éléments économiques d'une nouvelle économie numérique, qui apportera de nouveaux financements à l'économie active, et qui sera une loi aussi de lutte contre les phénomènes de corruption qui sera très renforcée. Cette loi d'ailleurs, je tiens à le souligner, a été préparée avant les révélations de Panama Papers.
BRUCE TOUSSAINT
Justement à ce sujet, deux dernières questions. La première question concerne justement Panama Papers. David CAMERON a reconnu avoir possédé des parts dans un compte offshore et certains parlementaires sur place en Grande-Bretagne demandent sa démission. Il doit rester au pouvoir ?
JEAN-MARIE LE GUEN
C'est une affaire anglaise.
BRUCE TOUSSAINT
Mais il y a le référendum sur le Brexit qui approche.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je ne vous cache pas que ceci pose tout un tas de questions sans doute sur l'évolution de la campagne interne à la Grande-Bretagne.
BRUCE TOUSSAINT
Mais vous avez besoin de lui là. L'Europe a besoin de CAMERON.
JEAN-MARIE LE GUEN
On ne peut pas, nous, s'ingérer dans le débat politique britannique. Evidemment ce que vous signalez est un élément du débat mais maintenant, les Britanniques doivent trancher. Ils ont un référendum, c'est à eux de trancher les choses.
BRUCE TOUSSAINT
Et enfin, la une de Marianne cette semaine. Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de la voir. C'est assez inattendu, vous allez voir, puisque c'est une proposition, regardez. Puisque le PS cherche un candidat désespérément : Anne HIDALGO – vous la connaissez bien, vous qui êtes élu parisien – et si c'était elle ? Que répondez-vous à cette question ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, je crois qu'elle-même a déjà répondu cette semaine - c'était peut-être en préparation - qu'elle était totalement impliquée dans la vie municipale. Mais Anne HIDALGO est une personnalité de qualité et elle appartient effectivement à l'avenir de la gauche.
BRUCE TOUSSAINT
Vous n'étiez pas au premier séminaire de campagne qui était organisé, selon le Journal du Dimanche, par François HOLLANDE le week-end dernier pour préparer donc sa candidature.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je ne sais pas si c'était un séminaire de campagne mais si c'est un dîner dont vous parlez, je n'y étais pas.
BRUCE TOUSSAINT
J'ai la liste : Ségolène ROYAL, Emmanuel MACRON, Guillaume BACHELAY, Julien DRAY, Gaspard GANTZER, Vincent FELTESSE, Brice TEINTURIER, Daniel VAILLANT. Je ne vois pas votre nom.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, je n'y étais pas. Je n'y étais pas, je vous le confirme.
BRUCE TOUSSAINT
Mais vous allez participer à la campagne du président quand ce sera lancé ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, à la place qui sera la mienne.
BRUCE TOUSSAINT
Et pour terminer, la toute dernière question. Elle est posée par Christophe BARBIER d'ailleurs à la fin de son édito tout à l'heure. Il vous disait c'est quoi le bon moment pour François HOLLANDE, pour annoncer sa candidature ? C'est l'automne, c'est l'hiver, c'est au dernier moment comme MITTERRAND en 88 pour sa réélection ? Je ne vous demande pas une date précise.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je n'ai pas de conseil à lui donner, encore moins de conseil public à lui donner.
BRUCE TOUSSAINT
Mais c'est quoi, le plus tard possible ? Le plus tôt ?
JEAN-MARIE LE GUEN
On verra. On ne sait pas exactement ce que sera la situation politique. Vous savez, on est à une période de rupture profonde. Et donc l'année qui vient est une année pleine de très lourdes incertitudes, à la fois le contexte général, international, économique aussi, même si de ce côté-là c'est plutôt rassurant. Et puis au plan politique parce que encore une fois on parle beaucoup des débats à l'intérieur de la gauche objectivement, et je crois qu'on va peut-être franchir une étape, on en parlera un peu moins, mais il y a indiscutablement à voir aussi ce que la droite a à proposer ! Et puis dans ce pays, n'oublions pas, parce que personne n'en parle, mais enfin il y a toujours une extrême droite qui est là et qui est peut-être pas loin de 30 %. Donc ayons ces idées là clairement en tête. Donc un calendrier très compliqué, une situation extrêmement mouvante et une gravité certaine, donc tous ceux qui sont des commentateurs faciles – pas vous mais je parle de nos compatriotes - ils doivent bien avoir ça en tête.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup Jean-Marie LE GUEN, bonne journée à vous.
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 avril 2016