Déclaration de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national, sur le régionalisme et la décentralisation, l'hégémonie américaine, le déclin de la France, Aix-en-Provence, le 2 septembre 2001.

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Circonstance : Université d'été du Front national, à Aix-en-Provence, le 2 septembre 2001

Texte intégral

Monsieur le Président de l'IFOREL
Mesdames et Messieurs,
Mes Chers Amis,
a. Avant de conclure vos travaux, j'aimerais remercier Bernard Antony, Michel Hubault, Jacques Colombier ainsi que l'ensemble de l'équipe de l'IFOREL, pour le sérieux dont ils ont fait preuve dans l'organisation de ce premier séminaire de notre institut de formation des élus, ainsi que tous les élus et cadres qui ont activement participé à cette université d'été laborieuse.
b. Je rappelle, en effet, que nous n'avons enfin obtenu l'agrément ministériel qu'après deux longues années de tracasseries administratives, d'atermoiements faussement techniques, de refus abusifs.
Sauf à littéralement violer les règles d'équité dont on ne cesse, à tel ou tel propos, de nous rebattre les oreilles, il était impossible au pouvoir socialo-communiste de différer encore l'acceptation de notre dossier.
En matière de formation, nos représentants dans les conseils locaux sortent donc enfin du statut, peu enviable il faut bien dire, " d'élus de seconde zone ", spécialement crée, semble-t-il, à leur intention.
J'en suis heureux, car la France s'enrichit ainsi d'un droit élémentaire lié à l'élection démocratique, celui de l'égalité des membres des différentes assemblées.
On n'arrête pas le progrès...
c. Il n'est pas sans importance de signaler également que c'est ici, à Aix, qu'il nous est donné de jouir pour la première fois de cette miette de liberté.
Cela n'est pas sans importance, car la ville ne déroge pas à sa tradition de liberté : libertés intellectuelles dans cette très vieille cité universitaire, mais aussi libertés politiques locales, puisque nous sommes ici dans la capitale historique du Comté de Provence, toujours fidèle au Roi, mais jalousement attachée à ses franchises ...
Libertés littéraires et poétiques, dans la patrie des Félibres, qui derrière Mistral, Aubanel ou Roumanille, derrière les Manifestes du XIXème siècle pour une langue et une littérature occitane rénovée, ont exhorté les provençaux (" Il provençau " ) à préserver l'héritage des ancêtres occitans.
Nulle terre française n'illustre plus que la Provence la force des racines immédiates, l'amour des petites patries régionales, attachement qui irrigue toute l'oeuvre d'un Giono, que Maurras estimait essentiel au patriotisme national et que Barres jugeait indispensable à la formation et l'épanouissement du Moi.
Bien sûr, l'attachement à sa province est le meilleur antidote au drame du déracinement, maladie hélas terriblement contemporaine !
Bien sûr encore, au plus profond de la psychologie humaine, l'attachement à la nation se nourrit de l'amour d'un endroit particulier, d'un lieu spécifique, forme élevée de l'instinct vital qui porte l'être vivant à se donner une zone de protection : le territoire.
Mais il en va du provincialisme comme de bien d'autres sentiments. On peut en faire un bon ou un mauvais usage, selon que l'esprit public porte au rayonnement ou à la décadence.
Malheureusement aujourd'hui, force est de constater que notre décentralisation n'apporte que de faibles promesses culturelles. Après 1982, elle se révélait déjà pesante et coûteuse. Mais avec les avancées de la construction européenne, elle est littéralement devenue une machine de guerre au service des ennemis de la patrie.
1- Aujourd'hui en effet, le mouvement de décentralisation diffuse en les multipliant les menaces qui pèsent sur notre peuple, et les conditions qui dans la vision de Barres et Maurras rendaient ce mouvement souhaitable, ne sont plus réunies.
Tout d'abord, Maurras conférait au Roi, symbole d'unité, le rôle de fédérateur des différentes provinces, auxquelles on aurait concédé un champ de manoeuvre considérable.
Aujourd'hui, il est bien évident que l'autorité du Président de la République, pourtant bien réelle au début de la Vème République, s'est affaiblie en raison de la faible envergure des successeurs de De Gaulle, du fait également du transfert d'attributs souverains à Bruxelles et de l'institution récente du quinquennat.
Nous ne sommes plus d'ailleurs à l'époque où un Etat républicain jacobin puissant présidait aux destinées de la France, à l'époque où les cultures locales étaient mises à mal par l'uniformisation juridique du pays.
En outre, une décentralisation appuyée sur les corps intermédiaires structurants, c'est-à-dire sur les grandes institutions sociales et corporatives n'est plus possible, parce que la famille est en déclin - conséquence de la dénatalité et du refus des engagements contemporains - , parce que la déchristianisation a largement affaibli le poids de l'Église dans la société, parce l'immigration remet en cause jusqu'aux identités locales et régionales, parce que l'école ne remplit plus sa mission d'éducation civique et que les organisations syndicales sont squelettiques.
Aujourd'hui, loin de régénérer le corps de la nation par l'émergence d'authentiques libertés, la décentralisation agit comme une véritable courroie de transmission des grands dysfonctionnements nationaux.
En effet, la décentralisation a eu pour premier résultat de favoriser la contagion de la corruption politique, lorsqu'on songe aux centaines d'élus mis en cause par la justice, notamment à l'occasion de la passation de juteux marchés publics locaux.
Et comment ne pas songer aux formidables réseaux clientélistes constitués par certains Présidents de Conseils généraux ou régionaux, modernes Ducs et Comtes de province ou petits marquis parisiens, tous grands féodaux de la République, alors que celle-ci s'est précisément forgée, dans la foulée de la Révolution française, en réaction au féodalisme.
Il est assez piquant que celui qui lança au début des années 70 le rapport " vivre ensemble ", finira Président de la Région Pays de la Loire épinglé par la Cour Régionale des Comptes et ce n'est pas un hasard, puisque la réforme était souhaitée par tous les grands féodaux (Maires de Lille, Bordeaux, Lyon, Toulouse, Marseille, Toulon), que ce soit Gaston Déferre, ministre de l'intérieur et maire de Marseille qui présenta le projet de loi voté le 2 mars 1982 supprimant la tutelle préfectorale et ouvrant les vannes de la corruption.
C'est la décentralisation qui a permis les affaires des Lycées d'Ile de France, de Paca celles de la Mairie de Paris et tant d'autres qui impliquent justement beaucoup de ces grands féodaux à commencer par le châtelain de Bity. -
La décentralisation a contribué aussi à la construction de la formidable pyramide bureaucratique française, monumental cénotaphe de nos libertés et que François Mitterrand a voulu honorer en plaçant son symbole ésotérique au coeur du coeur de l'Etat, au Louvre, à Paris.
La France compte à ce jour plus de 500.000 élus locaux, conseillers municipaux, généraux ou régionaux, auxquels s'ajoutent plus d'un million et demi de fonctionnaires territoriaux !
C'est dire si la bureaucratie locale s'ajoute à la bureaucratie d'État, pour d'ailleurs accentuer encore le dirigisme dont souffre le pays : les moyens d'intervention économique des collectivités locales sont considérables, puisque la dépense publique locale dépasse les 850 milliards de Francs.
Ainsi, le socialisme municipal, départemental et régional complète la socialisation structurelle de l'économie française, paralysant les activités créatrices de richesse et pénalisant l'efficacité globale de notre système économique.
On reste en outre stupéfait par la mauvaise gestion des collectivités, lorsqu'on sait que les communes, départements et régions accusent une dette globale supérieure à 550 milliards.
Il faut dire qu'en la matière, l'Etat, socialiste et avant lui gaulliste, n'a guère montré l'exemple ....
Enfin, la vocation culturelle de la décentralisation apparaît aujourd'hui comme un extraordinaire échec : loin de favoriser et d'encourager la création locale et traditionnelle, qu'elle soit littéraire, musicale, théâtrale ou architecturale, les administrations locales ont favorisé les " oeuvres ", entre guillemets, les plus désincarnées et les plus décadentes de l'art contemporain.
C'est dire l'immense responsabilité des Fonds Régionaux d'Action Culturelle dans la décérébration mentale de nos compatriotes, c'est dire leur rôle dans le dévotement de l'esprit civique et dans le déclin de la conscience française. Qui donc a dit FRIC-FRAC ?
Mesdames et messieurs, la politique n'est pas seulement affaire d'idées et d'idéaux, c'est un art réaliste et de l'opportunité.
Dans un contexte de déclin de l'Etat, de recul des valeurs traditionnelles et patriotiques, il faut prendre conscience que la responsabilité des institutions décentralisées dans la décadence du pays est considérable.
Quel que soit la place de la décentralisation dans le système de pensée de certains de nos grands maîtres, quand la réalité présente contredit l'objectif idéologique, c'est celui-ci qui doit s'incliner.
En effet, mes chers amis, le véritable danger qui guette l'avenir de la France, nous le connaissons tous, c'est la dissolution de la Nation sous la pression du mondialisme, lequel a trouvé dans l'Union européenne un allié de poids dans son projet hégémonique de gouvernement global.
D'ores et déjà, les gouvernements français successifs ont accepté de transférer vers Bruxelles l'essentiel des attributs de la puissance publique et 60 % des normes appliquées en France sont désormais d'origine européenne !
Nous n'aurons bientôt plus de monnaie, plus de marges de manoeuvre budgétaires, fiscales, salariales, commerciales, plus de droit du travail spécifique, plus de contrôle sur l'immigration, plus d'armée nationale.
L'Etat-nation est rogné par le haut, par la construction fédéraliste européenne, mais il est également rogné par le bas.
En effet, les partisans de l'Europe fédérale affaiblissent encore l'Etat en encourageant la régionalisation des décisions et de l'autorité politique, comme pour émietter encore d'avantage les centres de pouvoir.
Depuis quelques années, les interventions de l'Union Européenne en direction des Régions se multiplient et la coopération interrégionale est sans cesse encouragée. Certaines organisations privées financent les mouvements autonomistes en France.
Le Comité des Régions créé en 1994, mais aussi le lobbying permanent au sein des institutions communautaires, permettent aux acteurs locaux de faire " valoir " leurs préoccupations auprès du seigneur bruxellois. Bien évidemment, l'intérêt porté par l'Union européenne vise d'abord à restreindre les compétences des Etats.
Plus encore, l'Etat organise lui-même sa dépossession, au travers du transfert massif aux régions d'attributs régaliens.
En Polynésie Française par exemple, à cause de la loi du 12 avril 1996, les compétences cumulées conférées à la région et au département touchent à la possession d'un domaine maritime propre, l'institution de restrictions quantitatives à l'importation, et même à la signature d'accords internationaux à champs d'application régional.
On parle d'ambassades régionales, de capacité des régions à signer des engagements internationaux au nom de la France...
Parfois même, on a reconnu aux régions un pouvoir législatif autonome, prélude bien sûr à l'indépendance. Ce pouvoir législatif propre se substitue au traditionnel principe de spécialité législative qui s'appliquait aux territoires d'outre-mer, et qui respectait l'unité nationale.
En Nouvelle-Calédonie, la loi du 19 mars 1999 donne à l'Assemblée du Territoire compétence pour décider de normes de valeur législative, lesquelles pour la première fois n'émaneront pas de la volonté générale, mais d'une assemblée infra-nationale. Les matières législatives seront transférées de 1999 à 2013, date du référendum d'autodétermination.
De la même façon, en rupture absolue avec la tradition française, une citoyenneté néo-calédonienne est instituée, reposant sur un droit de suffrage restreint et un droit prioritaire à l'emploi.
C'est la même logique qui préside à la reconnaissance d'un pouvoir législatif " encadré " à -l'assemblée de Corse, ou encore à l'enseignement obligatoire du Corse à l'école, et à son emploi dans les documents officiels.
C'est également le sens des travaux de la Commission Mauroy, qui vise à donner encore, à lâcher toujours plus, sans prévoir évidemment de contreparties, le tout aux frais du contribuable...
En réalité, l'Etat cède aux minorités agissantes, surtout lorsqu'il négocie un régime d'autonomie avec des partisans de l'indépendance, sans d'ailleurs avoir préalablement obtenu le désarmement des groupes armés.
On voit bien comment la marche à l'indépendance est l'aboutissement logique du processus d'hyper décentralisation, alors même que dans le cas corse l'indépendance est rejetée par une très large majorité d'insulaires.
Mais dans les plus hautes sphères du pouvoir, on prépare bien évidemment l'opinion à l'abandon.
Ce sont là les fruits vénéneux de l'impuissance publique et de la trahison des élites.
Voilà pourquoi la décentralisation est un concept dangereux. Il est généreux et a une apparence démocratique, mais, entre les mains des mondialistes et des fédéralistes de tous poils, il devient un instrument au service de leur funeste dessein de dissolution nationale. L'objectif de Bruxelles est de créer des " euro-régions ", de grande dimension, par exemple (Languedoc-Roussillon + Midi-Pyrénées + Aquitaine ou PACA + Rhône-Alpes). Celles-ci devenant les nouvelles circonscriptions des élections européennes.
Mais ce n'est là qu'une étape vers les " mondialo-régions ". Dans le livre blanc sur la gouvernance européenne paru le 21 juillet 2001, la Commission reconnaît que son but est de métastaser l'idée européenne. Il y est écrit " Le Livre Blanc élargit le débat de l'Europe à celui de la gouvernance mondiale. " Aujourd'hui le moteur de la décentralisation est à Bruxelles.
Mes chers camarades, il ne faut pas croire que cette alliance de l'Europe et des régions soit une nouveauté.
On peut même dire que la France est devenue ce qu'elle est après avoir vaincu les pouvoirs locaux et supranationaux qui la menaçaient.
Ainsi, l'idée de souveraineté française est apparue dès le XIIème siècle, au travers du désir des Capétiens de limiter les ambitions des grands féodaux et de s'émanciper de la tutelle de l'Empereur romain germanique et du Pape, prompts à s'allier aux Ducs et aux Comtes de France contre le Roi. Ainsi, au début du XIVème siècle, selon la formule de Guillaume de Plaisians, le Roi devint " empereur en son royaume ", c'est-à-dire souverain. Nous commémorerons d'ailleurs, dans le cadre de la campagne présidentielle, deux anniversaires symboliques. 741, bataille de Fontenoy en Puisaye, qui permit le Traité de Verdun, acte de naissance de la France et 1302, les premiers Etats-généraux.
Aujourd'hui, du fait de l'alliance de l'Europe et des régions, on croit dérouler l'histoire de France à l'envers ....
Or la France s'est faîte contre la décentralisation comme elle s'est faîte contre le Saint Empire Romain Germanique. Sans exception, toute l'histoire de la Monarchie française est l'histoire d'une centralisation.
II- Dès lors, on voit bien comment l'évolution actuelle porte un coup fatal aux valeurs fondatrices de notre peuple.
En effet, la souveraineté est à la nation ce que la liberté est à l'individu.
Pour vous le démontrer, laissez-moi évoquer quelques rudiments de théorie politique.
Dans la conception moderne du pouvoir politique, l'Etat met en oeuvre la volonté générale, c'est-à-dire la volonté majoritaire. Il est donc, à titre principal, le garant des choix collectifs.
La souveraineté marque donc, au plan interne, la suprématie de l'Etat sur les autres pouvoirs et au plan international, l'indépendance de notre pays.

En abandonnant ses compétences, l'Etat perd l'instrument de sa volonté, c'est à dire son pouvoir de décision.
Toutefois l'Etat n'exerce dans ses missions qu'une souveraineté déléguée : c'est le peuple qui est le détenteur en premier et dernier ressort du pouvoir souverain. ( article 3 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, article 3 de la Constitution de 1958 ).
Or, en perdant également sa souveraineté, le peuple perd la maîtrise de sa destinée, c'est à dire sa liberté de choix.
Même si au regard du droit européen, le déplacement de souveraineté peut être légal, au regard du droit des peuples, il est absolument illégitime et inconstitutionnel.
La souveraineté est en effet un attribut inaliénable de la nation, communauté d'appartenance qui regroupe les générations passées, présentes et futures. En conséquence, le corps électoral d'aujourd'hui n'avait pas le droit de transférer à l'Europe ou aux régions un attribut appartenant au peuple en corps, car nul collège ne peut disposer de ce qui appartient aussi aux générations futures.
La souveraineté nationale est la première valeur mise en cause par les fédéralismes régionaux et européens. Mais elle n'est pas la seule.
L'indivisibilité de la République est également battue en brèche, je vous le disais tout à l'heure, par la reconnaissance et l'officialisation de langues locales, de citoyennetés et de lois locales.
Notre unité nationale elle-même risque d'être mise en cause par la multiplication des aspirations centrifuges, que l'Etat lui-même, par sa coupable faiblesse, aura encouragé : on voit monter en puissance le séparatisme basque, breton, savoyard, voire occitan ! C'est lui qui, peut-être même de façon préméditée, a permis la naissance et le développement du terrorisme en Corse pour se donner un interlocuteur apparemment irrésistible.
Le résultat est là, hélas : la France semble se déliter, tant territorialement et juridiquement que psychologiquement.
Elle ne peut dès lors que s'affaiblir sur le plan international. Les langues régionales portent un coup au Français, déjà ravalé à un rang subalterne par l'Anglais dans la hiérarchie des langues les plus parlées dans le monde et même dans les congrès et colloques internationaux se tenant en France ou dans les communications scientifiques (ex: Bicentenaire de Bastiat - Madelin.)
De même, le relâchement des liens avec les départements et territoires d'outre-mer diminue le rayonnement de la France et ébranle notre position géopolitique. C'est par exemple le cas dans le Pacifique, qui se transforme peu à peu en lac australo - américain du fait du recul de l'influence française en Polynésie et Nouvelle Calédonie.
Mesdames et messieurs, la dérive actuelle scelle le déclin de nos valeurs, de notre rayonnement, en un mot de notre civilisation.
Mais loin de fournir un nouveau cadre protecteur aux Français, le processus en cours sera fatal aux régions et in fine à l'Europe elle-même.
Pour détruire les nations, derniers obstacles à l'émergence d'une Europe fédérale, Bruxelles joue la carte régionale.
Mais les régionalistes auraient tort de se réjouir de cette évolution. Car lorsque les Etats nations auront disparu de la scène politico-administrative, un autre pouvoir central s'imposera, celui de l'Union Européenne.
Plus éloigné encore que les Etats-Nations des réalités régionales, le nouveau pouvoir pliera facilement à sa volonté politique, économique, sociale et culturelle, tous les européens.
Et les régions, petites unités politiques, seront mille fois plus soumises à la puissance publique européenne qu'elles ne le sont aujourd'hui aux Etats centraux.
Ce sera la pax federalista, c'est à dire une paix par la force.
Qu'aucune région ne s'avise alors de vouloir sortir de cette Europe-là, même si la prospérité des " régionaux " est gravement menacée par l'ouverture des économies à tous les vents d'un libreéchangisme débridé ou leur sécurité par celle des frontières à l'invasion migratoire.
Ce libre-échangisme promu par l'Europe mais impulsé en sous-main par les Etats-Unis ....
A ce stade de réflexion, il apparaît que la victoire apparemment des institutions européennes sera rien moins qu'illusoire.
Comment l'Europe résistera-t-elle à la première puissance mondiale ou à l'anarchie mondialiste ?
Déjà, en matière commerciale, Bruxelles plie devant les Etats -Unis: alors même que ce pays n'hésite pas à taxer à 100% les produits des pays qui envahissent trop son marché intérieur - grâce à la section Super-301 et Spécial 301 de la législation commerciale américaine- , l'Europe unie ouvre de plus en plus nos marchés aux multinationales de l'agroalimentaire, telles Monsanto.
En matière culturelle, les films hollywoodiens inondent nos écrans, au mépris des quotas prévus dans les conventions passées entre Bruxelles et Washington.
Enfin, dans le domaine international, une autorité mondiale sous l'égide des Etats-Unis existe déjà largement. Ainsi, durant la guerre du Golfe, en acceptant l'intervention de troupes européennes aux côtés de l'US Army, les institutions européennes se sont révélées pour ce qu'elles sont : un relais des choix militaires et diplomatiques américains.
A la vérité, après que la nation ait disparu, l'Europe écrasera les régions, avant d'être, ellemême courbée, sous le joug des Etats-Unis, prélude à un gouvernement mondial aux ordres de BigBrother.
Dès lors, l'individu sera isolé, sans défense, face à l'Etat universel.
Mesdames et messieurs, voilà en quoi les modèles fédéralistes sont forcément les alliés conscients ou inconscients du mondialisme.
111- Pour préserver nos libertés et notre sécurité, pour protéger nos enfants, le rétablissement de l'autorité de l'Etat et de la souveraineté nationale doivent donc précéder toute réflexion sur notre organisation interne.
Sûr du droit imprescriptible de notre peuple, un gouvernement de salut national aura donc pour première mission de dénoncer les traités iniques mentionnés plus haut, comme la France le fit lorsque ces intérêts vitaux étaient enjeu.

Le 4 avril 1949, la France signait le Pacte Atlantique, qui donna naissance à l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord.
En 1966, la France quittait l'organisation militaire intégrée de l'OTAN, à l'initiative du général De Gaulle. Pour autant, la terre ne s'est pas arrêtée de tourner.
En revanche, était confirmé une nouvelle fois le vieil adage selon lequel, en politique, là où il y a une volonté, il y a un chemin.
Au plan interne, il faut aussi comprendre que les régions sont malades de la France.
Elles languissent de l'impuissance française, et l'impotence de l'Etat les fait douter.
C'est la raison pour laquelle l'autorité juridico-politique de l'Etat doit être rétablie dans les domaines régaliens : citoyenneté, monnaie, police, justice, défense, relations internationales.
C'est là, je le répète, une urgence correspondant tant à l'intérêt des régions qu'à celui de la nation.
La nation ne peut en effet se passer des régions, qui sont son corps organique, mais les régions ne peuvent se passer de l'Etat national.
Durant tout le Moyen Âge, chaque fois que le roi de France fit preuve de faiblesse, les grands féodaux régionaux, Ducs et Comtes de France, guerroyèrent entre eux, afin d'accroître leur puissance ou leur prestige. Seule la crainte du pouvoir royal limita leurs appétits.
Une autorité supérieure, impartiale et souveraine est donc indispensable à la concorde intérieure et à la prospérité des régions, comme l'illustre encore une fois le cas de la Corse.
Laissée à elle-même, la Corse serait livrée à la dérive maffieuse et aux appétits d'autres puissances. Comment résisterait-elle au bétonnage des grandes du tourisme ? Comment résisterait-elle à la pression migratoire de l'Afrique ?
Il n' y a jamais de liberté sans moyens d'exercer concrètement cette liberté. Une proclamation formelle de liberté n'est qu'un leurre, lorsqu'une collectivité n'a ni l'assise démographique, ni l'assise économique, pour en jouir pleinement.
L'autorité de l'Etat et la souveraineté nationale constituent ainsi un cadre protecteur autant qu'une garantie de liberté.
Le rétablissement des grandes institutions juridiques et morales est le préalable à toute réforme d'envergure de notre organisation territoriale.
Il faut bien dire que celle-ci est lourde, complexe et ruineuse.
Trop d'échelons, trop de superpositions d'autorités et d'enchevêtrements de compétences nuisent à la bonne administration de notre pays.
Le patrimoine communal, au-delà même du charme qu'il suscite, a participé à son niveau au façonnage de la France telle que nous la connaissons et, je le dis tout de suite, revenir sur la multiplicité de ces communes, avec leurs places, leurs mairies, leurs écoles, leurs fermes et leurs Eglises, reviendrait à défigurer un peu plus ce qu'il reste de prestigieux de notre histoire, de notre culture et de nos traditions.
Alexis de Tocqueville disait que " c'est dans la commune que réside la force des peuples libres. Les institutions communales sont à la portée du peuple. Sans institutions communales, une nation peut se donner un gouvernement libre, mais elle n'a pas l'esprit de la liberté ".
Enracinée dans l'affectivité populaire, l'institution communale doit être préservée.
De même, le département a le mérite de maintenir l'unité du pays.
En outre, la suppression de l'administration départementale sonnerait le glas d'une soixantaine de villes moyennes, chefs-lieux, et déboucherait sur un renforcement des mégapoles et de leurs risques.
La question régionale est différente : c'est elle qui doit retenir notre attention.
Les régions actuelles sont, je vous le disais, le jouet de l'euro-fédéralisme et elles ne correspondent pas aux anciennes provinces.
Peut-être convient-ils d'orienter nos réflexions autour d'un redécoupage, voire d'envisager leur suppression dans un souci de simplification administrative.
Relançons en parallèle une grande politique d'aménagement du territoire et défendons nos modèles rural et agricole et alors, avec les moyens modernes de communication, nous pourrions allier le traditionnel à la modernité.
Tradition et modernité, c'est la subtile alchimie qui doit présider à notre organisation administrative, et plus largement, à toute conception de la politique qui prétend assurer le salut de l'homme et la pérennité de notre avenir français.
Nos débats, nécessaires, sur les problèmes institutionnels vous auront détourné quelques jours durant, des questions brûlantes qui se posent au pays et que vous connaissez bien puisque, avec moi, vous les posez depuis des années et des années. Elles ont noms : chômage, immigration, insécurité, fiscalisme dénatalité, santé, corruption morale et sociale.
Vous savez et vous dîtes que le système politicien qu'il soit de gauche ou de droite où, connu avec Jospin et Chirac de gauche et de droite, n'a rien fait, rien voulu faire, se contentant en échange des prébendes, de gérer la décadence et d'abandonner les responsabilités de l'Etat et le salut de la Nation à l'Étranger.
Vous allez le dire plus fort et plus haut, au nom du peuple français. Malgré la scandaleuse omerta médiatique, malgré les manoeuvres sondagiques vous devez agir concrètement pendant ces deux campagnes électorales où va se jouer, et ce n'est pas une simple image, le sort de notre Patrie, celui de notre Peuple et de notre civilisation.
Vous trouverez, j'en suis sur, dans cet objectif vital et noble la force de vous battre et si Dieu le veut, de vaincre !
(source http://www.front-national.com, le 05 septembre 2001)