Texte intégral
Je suis venu visiter ce salon pour trois raisons :
1/ d'abord pour témoigner de la confiance du Gouvernement dans l'économie mondiale en général et dans les perspectives de croissance en France en particulier. Le drame que nous avons vécu avec nos amis américains ne doit pas entraîner un désordre économique,
2/ ensuite je souhaite apporter mon appui à tous les partenaires de la grande distribution dont l'activité est à 100 lieues des polémiques récentes, sur l'évolution des prix durant ces dernières semaines. Les MDD représentent avec 18 % des ventes, un secteur économique majeur que je respecte en tant que tel.
3/ enfin je voulais remercier le directeur du salon et son équipe pour leur initiative. Faire un salon où sont rassemblées des marques, c'est sans doute bien. Réunir plus de 400 exposants autour de marques de distributeurs alimentaires : c'est beaucoup mieux.
Je voudrais exposer brièvement à travers quelques sujets qui sont les vrais sujets de mon action au Secrétariat d'Etat et qui vous concernent directement : le rôle des marques de distributeurs dans le commerce, la relation entre MDD et distributeur, enfin et surtout la prise en compte des attentes des consommateurs.
I / Le rôle des marques de distributeurs
Il y a un paradoxe, celui qui consiste à penser que le salut vient de la marque, que la notoriété fait le produit. Bref nous serions entrés dans l'ère du " marketing-packaging ".
C'est une illusion, vous le savez aussi bien que moi. Une marque n'efface jamais un produit. Dans la durée, les caractères intrinsèques restent la meilleure garantie pour conquérir de nouveaux acheteurs.
J'ai la chance de connaître un secteur économique qui rencontre depuis longtemps cette problématique : le secteur du vin.
Dans ce secteur il y a des marques, et de très grandes marques (parfois sans terroir précisément identifié) et il y a des marques de distributeur.
Les deux ont leur place dans les linéaires. C'est vrai que ces derniers temps, la place de la MDD s'est renforcée dans la grande distribution.
Il y a plusieurs explications à cette évolution favorable, je veux mettre en avant quelque-unes d'entre-elles :
Les MDD recèlent des capacités d'innovation réelles : un producteur peut apporter des solutions nouvelles à ses clients.
Les MDD sont des moteurs de croissance importants pour les entreprises, le volume d'affaires qu'elles génèrent permet d'investir dans la recherche, de prospecter de nouveaux marchés, parfois de changer d'échelle de production.
Les MDD sont aussi un levier extraordinaire pour les PME. Ce n'est pas un choix industriel simple. Dans l'analyse il faut aussi mettre en balance les coûts de création, de développement et d'entretien d'une marque.
Dire que la marque est porteuse de sens, c'est sans doute vrai si la marque est bonne, la MDD répond aussi à une logique d'entreprise.
Et on est parfois impressionné justement par la notoriété de certains produits MDD du secteur alimentaire.
II/ La relation MDD - distributeur
Je ne veux pas mésestimer devant vous la dureté des relations commerciales. IL y a eu des abus. C'est pour cela que certains fournisseurs ont demandé la protection de la loi, l'appui du législateur pour instaurer une " nouvelle régulation " du commerce.
Vous devez savoir que des fournisseurs ont directement influencé la loi NRE qui assure désormais une protection supérieure aux MDD. Je défends " NRE " aussi parce que c'est une loi " pratique " qui tient compte du réel, qui préfère la concertation (avec la commission des pratiques) à la férule du code pénal.
Je veux donner un exemple de cette souplesse. Le fabricant peut désormais demander à faire figurer son nom sur un emballage MDD.
Le Gouvernement avait pensé dans un premier temps à en faire une obligation. C'est vous les fournisseurs, notamment les PME, qui nous ont convaincus qu'il fallait laisser la liberté du choix.
Tout cela ne doit pas nous écarter de l'essentiel : la relation entre producteur et distributeur doit être plus équitable.
Je déplore que le système actuel fige la négociation commerciale sur les seules marges arrière. Nous réfléchissons très sérieusement à un réexamen de l'obligation des Conditions Générales de Vente, l'alignement et la non discrimination qui sont des principes que je peux comprendre n'ont pas pour vocation un renchérissement des produits pour les consommateurs.
Vous souffrez de cette situation qui fait de la MDD une arme uniquement orientée sur les prix, alors qu'elle peut être autre chose : innovation technologique, création ...
Je ne souhaite pas que la MDD soit l'instrument passif de la distribution contre les grands groupes industriels.
III/ Les attentes des consommateurs
Le consommateur a une relation ambiguë avec les produits MDD : d'abord il les demande, ensuite il les achète, parfois il les dénigre, voire il les affuble d'un nom de marque !
La MDD accroît l'offre en produits et en prix, à ce titre elle est un élément favorable à la consommation. Elle doit aussi garantir " une sécurité équivalente " aux produits de marque. C'est pour nous un enjeu considérable. De même ce n'est pas parce qu'il n'y a pas un nom de marque qu'il n'y a pas de traçabilité. Cela doit être clair pour nous tous.
Les distributeurs sont les premiers touchés par un problème sanitaire sur un produit alimentaire MDD.
Je leur demande d'être aussi exigeants sur les règles de traçabilité des MDD qu'ils le sont dans leurs cahiers des charges sur la maîtrise des coûts de revient des produits.
La qualité perçue des MDD peut encore progresser. 65 % des consommateurs estiment que les MDD ont une qualité aussi constante que les produits des marques. C'est déjà beaucoup mais les MDD valent mieux que cela.
Conclusion
Vous l'avez compris, je suis venu ici soutenir les entreprises qui font le pari de la MDD, les fournisseurs bien sûr, mais les distributeurs de vos produits aussi.
Vous êtes en train de devenir un acteur majeur du paysage commercial français. C'est une évolution dont je me félicite.
Je sais que ces positions nouvelles sont acquises au prix d'une compétition très rude, plus rude certainement que dans l'univers des marques.
Le Gouvernement a entrepris, avec la loi Nouvelles Régulations Economiques, avec les contrôles renforcés des services de la DGCCRF une régulation de ce secteur d'activité.
L'avenir de la MDD passe par des contrats équitables qui ont un sens dans la durée, où le risque industriel est correctement contrebalancé par les perspectives de débouchés.
Je m'attache à ce que cet équilibre soit réel. Les grandes marques savent très bien se défendre toutes seules, j'ai, comme ministre des PME, un rôle à jouer pour la défense des fournisseurs.
Soyez assurés de mon soutien et de l'attention vigilante des Pouvoirs publics à l'équilibre de la relation commerciale.
Vous avez un seul juge : le consommateur, vous savez que votre présence dans les linéaires ne suffit pas, vous devez assurer non seulement la qualité et la sécurité mais aussi le service et l'information aux consommateurs. La MDD peut même devenir une référence de gamme. Je souhaite que tous les distributeurs travaillent, avec vous, dans cet esprit là.
(source http://www.minefi.gouv.fr, le 25 septembre 2001)
1/ d'abord pour témoigner de la confiance du Gouvernement dans l'économie mondiale en général et dans les perspectives de croissance en France en particulier. Le drame que nous avons vécu avec nos amis américains ne doit pas entraîner un désordre économique,
2/ ensuite je souhaite apporter mon appui à tous les partenaires de la grande distribution dont l'activité est à 100 lieues des polémiques récentes, sur l'évolution des prix durant ces dernières semaines. Les MDD représentent avec 18 % des ventes, un secteur économique majeur que je respecte en tant que tel.
3/ enfin je voulais remercier le directeur du salon et son équipe pour leur initiative. Faire un salon où sont rassemblées des marques, c'est sans doute bien. Réunir plus de 400 exposants autour de marques de distributeurs alimentaires : c'est beaucoup mieux.
Je voudrais exposer brièvement à travers quelques sujets qui sont les vrais sujets de mon action au Secrétariat d'Etat et qui vous concernent directement : le rôle des marques de distributeurs dans le commerce, la relation entre MDD et distributeur, enfin et surtout la prise en compte des attentes des consommateurs.
I / Le rôle des marques de distributeurs
Il y a un paradoxe, celui qui consiste à penser que le salut vient de la marque, que la notoriété fait le produit. Bref nous serions entrés dans l'ère du " marketing-packaging ".
C'est une illusion, vous le savez aussi bien que moi. Une marque n'efface jamais un produit. Dans la durée, les caractères intrinsèques restent la meilleure garantie pour conquérir de nouveaux acheteurs.
J'ai la chance de connaître un secteur économique qui rencontre depuis longtemps cette problématique : le secteur du vin.
Dans ce secteur il y a des marques, et de très grandes marques (parfois sans terroir précisément identifié) et il y a des marques de distributeur.
Les deux ont leur place dans les linéaires. C'est vrai que ces derniers temps, la place de la MDD s'est renforcée dans la grande distribution.
Il y a plusieurs explications à cette évolution favorable, je veux mettre en avant quelque-unes d'entre-elles :
Les MDD recèlent des capacités d'innovation réelles : un producteur peut apporter des solutions nouvelles à ses clients.
Les MDD sont des moteurs de croissance importants pour les entreprises, le volume d'affaires qu'elles génèrent permet d'investir dans la recherche, de prospecter de nouveaux marchés, parfois de changer d'échelle de production.
Les MDD sont aussi un levier extraordinaire pour les PME. Ce n'est pas un choix industriel simple. Dans l'analyse il faut aussi mettre en balance les coûts de création, de développement et d'entretien d'une marque.
Dire que la marque est porteuse de sens, c'est sans doute vrai si la marque est bonne, la MDD répond aussi à une logique d'entreprise.
Et on est parfois impressionné justement par la notoriété de certains produits MDD du secteur alimentaire.
II/ La relation MDD - distributeur
Je ne veux pas mésestimer devant vous la dureté des relations commerciales. IL y a eu des abus. C'est pour cela que certains fournisseurs ont demandé la protection de la loi, l'appui du législateur pour instaurer une " nouvelle régulation " du commerce.
Vous devez savoir que des fournisseurs ont directement influencé la loi NRE qui assure désormais une protection supérieure aux MDD. Je défends " NRE " aussi parce que c'est une loi " pratique " qui tient compte du réel, qui préfère la concertation (avec la commission des pratiques) à la férule du code pénal.
Je veux donner un exemple de cette souplesse. Le fabricant peut désormais demander à faire figurer son nom sur un emballage MDD.
Le Gouvernement avait pensé dans un premier temps à en faire une obligation. C'est vous les fournisseurs, notamment les PME, qui nous ont convaincus qu'il fallait laisser la liberté du choix.
Tout cela ne doit pas nous écarter de l'essentiel : la relation entre producteur et distributeur doit être plus équitable.
Je déplore que le système actuel fige la négociation commerciale sur les seules marges arrière. Nous réfléchissons très sérieusement à un réexamen de l'obligation des Conditions Générales de Vente, l'alignement et la non discrimination qui sont des principes que je peux comprendre n'ont pas pour vocation un renchérissement des produits pour les consommateurs.
Vous souffrez de cette situation qui fait de la MDD une arme uniquement orientée sur les prix, alors qu'elle peut être autre chose : innovation technologique, création ...
Je ne souhaite pas que la MDD soit l'instrument passif de la distribution contre les grands groupes industriels.
III/ Les attentes des consommateurs
Le consommateur a une relation ambiguë avec les produits MDD : d'abord il les demande, ensuite il les achète, parfois il les dénigre, voire il les affuble d'un nom de marque !
La MDD accroît l'offre en produits et en prix, à ce titre elle est un élément favorable à la consommation. Elle doit aussi garantir " une sécurité équivalente " aux produits de marque. C'est pour nous un enjeu considérable. De même ce n'est pas parce qu'il n'y a pas un nom de marque qu'il n'y a pas de traçabilité. Cela doit être clair pour nous tous.
Les distributeurs sont les premiers touchés par un problème sanitaire sur un produit alimentaire MDD.
Je leur demande d'être aussi exigeants sur les règles de traçabilité des MDD qu'ils le sont dans leurs cahiers des charges sur la maîtrise des coûts de revient des produits.
La qualité perçue des MDD peut encore progresser. 65 % des consommateurs estiment que les MDD ont une qualité aussi constante que les produits des marques. C'est déjà beaucoup mais les MDD valent mieux que cela.
Conclusion
Vous l'avez compris, je suis venu ici soutenir les entreprises qui font le pari de la MDD, les fournisseurs bien sûr, mais les distributeurs de vos produits aussi.
Vous êtes en train de devenir un acteur majeur du paysage commercial français. C'est une évolution dont je me félicite.
Je sais que ces positions nouvelles sont acquises au prix d'une compétition très rude, plus rude certainement que dans l'univers des marques.
Le Gouvernement a entrepris, avec la loi Nouvelles Régulations Economiques, avec les contrôles renforcés des services de la DGCCRF une régulation de ce secteur d'activité.
L'avenir de la MDD passe par des contrats équitables qui ont un sens dans la durée, où le risque industriel est correctement contrebalancé par les perspectives de débouchés.
Je m'attache à ce que cet équilibre soit réel. Les grandes marques savent très bien se défendre toutes seules, j'ai, comme ministre des PME, un rôle à jouer pour la défense des fournisseurs.
Soyez assurés de mon soutien et de l'attention vigilante des Pouvoirs publics à l'équilibre de la relation commerciale.
Vous avez un seul juge : le consommateur, vous savez que votre présence dans les linéaires ne suffit pas, vous devez assurer non seulement la qualité et la sécurité mais aussi le service et l'information aux consommateurs. La MDD peut même devenir une référence de gamme. Je souhaite que tous les distributeurs travaillent, avec vous, dans cet esprit là.
(source http://www.minefi.gouv.fr, le 25 septembre 2001)