Déclaration de Mme Ségolène Neuville, secrétaire d'Etat aux personnes handicapées et à la lutte contre l'exclusion, sur l'accompagnement des personnes atteintes de handicap psychique, Saint Alban le 3 juin 2016.

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Je suis ravie d'être parmi vous aujourd'hui pour inaugurer la Maison d'accueil spécialisé L'Oustalet, géré par l'Association Marie-Louise et installée dans la belle commune dynamique de Saint-Alban, dans ce beau département de Haute-Garonne.
Monsieur le Maire, je tiens à saluer votre engagement en faveur des personnes handicapées. Je suis moi-même élue locale et je sais la place essentielle que les collectivités tiennent pour rendre la société encore plus inclusive pour nos concitoyens en situation de handicap.
C'est le cas de la commune de Gratentour qui a sur son territoire des établissements gérés par l'Association Marie-Louise.
Je veux donc saluer l'ensemble des élus présents aujourd'hui, chers amis, par votre présence et votre travail quotidien, vous agissez concrètement pour garantir aux personnes handicapées leur libre choix, leur émancipation sociale. Nous sommes toutes et tous, nous devons tous être des ambassadeurs de l'accessibilité des lieux publics, à l'éducation, à l'emploi, la culture, au logement ou à la vie sociale.
La M.A.S. L'Oustalet, sa création et son fonctionnement quotidien, a justement permis à des personnes en situation de handicap psychique, de retrouver une vie sociale et la possibilité d'avoir un chez soi.
J'ai eu l'occasion de le constater et d'échanger au cours de la visite et des discussions avec les personnes et l'équipe de l'établissement.
Je tiens à souligner plusieurs éléments importants. D'abord cet établissement est né du constat que de nombreuses personnes en situation de handicap psychique étaient (et sont encore) durablement hospitalisées en psychiatrie alors que leur état de santé ne le nécessite plus. Je veux le dire et je sais que nous partageons tous cette conviction : l'hôpital n'est un lieu de vie pour personne. L'hôpital est fait pour soigner et ce sont donc dans d'autres lieux, par d'autres moyens, que les attentes et les besoins des personnes en situation de handicap doivent être pris en compte.
Ce constat, vous l'avez fait ensemble, dans un rapport de confiance et dans l'intérêt supérieur des personnes. Et c'est là le second point important. Cet établissement résulte d'une coopération de confiance entre le sanitaire, le médico-social, les associations et les élus. Je veux remercier l'Agence régionale de santé et l'hôpital Gérard Marchant d'avoir accepté de fermer 27 lits d'hospitalisation pour permettre de financer une large partie du fonctionnement de cet établissement. Voilà le sens d'une politique de santé mentale et de coopération réussie qui s'intègre pleinement dans les mesures portées par Marisol TOURAINE et votées dans le cadre de la loi de modernisation de notre système de santé. Je parle ici tout particulièrement de son article 69 portant sur la psychiatrie et le projet territorial de santé mentale.
Cette coopération réussie, elle existe au quotidien depuis l'ouverture de l'établissement en janvier 2015. Les professionnels de l'établissement travaillent en pleine confiance avec les équipes de soins en psychiatrie. Alors tout n'est pas facile mais la confiance prime ici sur le conflit. C'est là l'essentiel. C'est ensemble que vous arrivez au quotidien à accompagner et garantir l'accès aux soins des personnes.
J'ai pu constater, vous me l'avez dit, que tout n'était pas facile dans l'accompagnement de quelques résidents. Il y a des moments où les situations deviennent complexes, surtout lorsque les personnes présentent des troubles du comportement transitoires ou plus durables.
Faire face à ces situations complexes, c'est l'un des enjeux majeurs de la mise en œuvre du rapport « Zéro sans solution » qui se décline depuis novembre 2015 dans le cadre d'une feuille de route qui s'appelle « une réponse accompagnée pour tous ». 24 départements se sont déjà pleinement engagés, en lien avec les agences régionales de santé, dans cette grande réforme.
Cette réforme vise à ne laisser aucune personne en situation de handicap au bord du chemin, sans réponse concrète et adaptée à ses besoins. Et le secteur médico-social est au cœur de cette exigence collective. Il est l'un des moyens essentiels de compensation et d'accompagnement.
Aucune personne en situation de handicap ne doit rester sans solution, sans réponse adaptée.
Le Président de la République a rappelé cet objectif lors de la conférence nationale du handicap qui s'est tenu le 19 mai dernier.
Et pour cela le secteur médico-social doit poursuivre son évolution. Le Président de la République a fixé deux priorités. D'abord, il faut confirmer et renforcer le virage inclusif des établissements et services médico-sociaux. Notre système médico-social, l'histoire du handicap en France est marquée par le recours important à des établissements là où d'autres pays ont fait très tôt le choix de favoriser les solutions plus inclusives.
Nous avons un système médico-social qui est une vraie force, avec des compétences remarquables. Elles doivent être au service de l'éducation inclusive, de l'emploi, du logement, de la participation sociale.
La seconde priorité fixée par le Président de la République est de répondre aux besoins quotidiens des personnes qui nécessitent une attention toute particulière et ce à tous les âges de la vie. Il m'a donc demandé de faire des propositions concernant le polyhandicap, le handicap psychique et bien entendu l'autisme dans la continuité du 3ème Plan.
Afin de soutenir ces évolutions, le Président de la République a décidé de consacrer 240 millions d'euros supplémentaires au secteur médico-social. Cette stratégie pluriannuelle permettra de lier les créations de réponses nouvelles et la transformation des modalités actuelles de prise en charge et cela démarrera dès 2017. 180 M€ de cette enveloppe seront consacrés, sur 5 ans, à l'accompagnement des personnes et 60 M€ sur 3 ans à un plan d'aide à l'investissement incluant les ESAT car la qualité de vie des personnes passe aussi par la qualité de l'environnement d'accueil.
Le handicap psychique est donc bien l'une des priorités fixées par le Président de la République. C'est dans ce cadre et toujours dans le sens d'une société plus inclusive que nous allons travailler tous ensemble pour développer les formules de logement en ville avec services, de soutien à l'accès et de maintien dans l'emploi, de participation sociale et d'entraide mutuelle.
Plusieurs des personnes accueillies au sein de cet établissement recouvreront au fur et à mesure des compétences, des envies, des projets qui iront vers cette plus grande émancipation. D'autres auront plus durablement besoin d'un accompagnement en établissement.
Je veux saluer les qualités professionnelles, l'engagement de l'équipe de cet établissement qui mène au quotidien une action résolue visant cette plus grande autonomie des personnes accueillies.
Cet établissement est plus qu'un lieu d'accueil, il doit être porteur d'espoir et de rétablissement pour les personnes. Il agit pour la réhabilitation psychosociale de ces adultes qui, malgré leurs troubles et leurs difficultés, ont un potentiel des compétences, des projets. Comme nous tous ici.
Ce combat pour l'autonomie et l'émancipation est aussi un combat pour le vivre ensemble ; et ce combat est porté au plus haut niveau de l'Etat. Ce combat est le vôtre, ce combat est le mien, nous le portons ensemble.
La société plus inclusive, c'est une société qui considère la différence, les différences comme une partie d'elle-même et est attentive aux plus vulnérables ; une société dans laquelle nos concitoyens en situation de handicap se savent non seulement soutenus, aidés mais aussi reconnus dans leur pleine citoyenneté. Cela doit devenir une habitude dans toutes nos politiques publiques, c'est une exigence collective. La France a pris cet engagement au niveau international, en ratifiant la Convention des droits des personnes handicapées des Nations-Unies.
C'est le message que je tenais à vous adresser à l'occasion de l'inauguration de cet établissement.
Votre projet n'en est qu'à son début, il est déjà remarquable même s'il traverse des difficultés inhérentes à l'accompagnement spécialisé des personnes en situation de handicap. Vous n'êtes pas seuls et je sais la confiance et l'implication de l'Agence régionale de santé à vos côtés ; la compétence des équipes de l'Agence sous la responsabilité de sa directrice générale, Monique CAVALIER dont je tiens à saluer le professionnalisme et le sens du service de l'Etat.
L'ARS est à vos côtés pour vous aider à améliorer l'accompagnement quotidien des personnes, pour soutenir les évolutions que vous porterez, je n'en doute pas, dans la durée.
Mesdames, Messieurs, chers amis, je souhaite à cet établissement, à son association gestionnaire, une pleine réussite dans la gestion de ses établissements et services et dans l'aide concrète apportée aux personnes et aux familles.
Bravo pour le chemin déjà parcouru. Vous pouvez compter sur mon engagement, mon écoute et ma disponibilité.
Je vous remercie.
Source http://social-sante.gouv.fr, le 10 juin 2016