Texte intégral
Madame la Ministre, chère George PAU-LANGEVIN,
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes rassemblés aujourd'hui pour répondre aux attentes de la jeunesse d'outre-mer, cette jeunesse qui fait face à une situation particulièrement difficile, aux réalités contrastées.
La crise que subit notre pays, nous le savons, touche d'abord les populations fragiles. Aujourd'hui, les jeunes sont ainsi parmi les plus touchés par l'aggravation de la pauvreté : les trois quarts des nouveaux pauvres sont des jeunes adultes ou des mineurs.
La jeunesse ultramarine fait l'objet de difficultés encore aggravées par les contextes locaux.
Je n'ai pas l'habitude parler la langue de bois alors je pose la question : pouvons-nous sérieusement affirmer que l'Etat n'interviendrait pas avec plus de force et plus d'urgence si un département de l'hexagone cumulait les difficultés que rencontrent les DOM ?
Le taux de chômage des jeunes en moyenne pour l'Outre-Mer dépasse les 40%, contre 24% dans l'Hexagone.
Et ce chiffre est sans doute sous-estimé, car combien sont ceux qui ne s'inscrivent même plus à Pôle emploi, faute d'espoir ?
Le faible taux de qualification des jeunes d'Outre-mer ouvre par ailleurs la voie au chômage ; et parallèlement, ceux qui acquièrent des qualifications quittent le territoire pour s'insérer et se rendent pour beaucoup dans l'hexagone. Il est donc grand temps d'agir, et de prendre des mesures à la hauteur de la situation.
J'ai la chance d'être à la tête du Ministère de la Ville, de la Jeunesse et du Sport, que je conçois comme le ministère de l'engagement : engagement de tous et particulièrement des jeunes dans la vie citoyenne, associative, démocratique, engagement pour réduire les inégalités, engagement dans la pratique sportive et ses valeurs.
C'est également le ministère porteur de la coordination de la priorité jeunesse du gouvernement : le plan priorité jeunesse avec ses 13 chantiers et 61 mesures.
A ces deux titres, je porte un regard attentif sur l'Outre-mer, où l'Etat doit agir de façon volontariste, et prioritairement pour les jeunes, auxquels il importe d'offrir des perspectives pour qu'ils continuent à croire en l'avenir du destin commun français et à s'engager dans la vie collective.
Lors de mon déplacement à la Réunion en juin avec le Premier ministre, j'ai organisé l'un des 5 Rendez-vous de la jeunesse, à Saint-Denis : 100 jeunes y sont venus pour s'exprimer, échanger avec des décideurs locaux, 3 ministres, dont George Pau-Langevin, et le Premier ministre.
Ils ont poussé des coups de gueule et fait des propositions d'actions. Ces propositions portaient sur trois thèmes : la lutte contre les discriminations, les pratiques culturelles des jeunes et la citoyenneté.
J'ai été frappé par l'envie de participer de ces jeunes : pour l'anecdote, la salle pouvait contenir 100 personnes, mais le double voulait s'inscrire.
J'ai également ressenti fortement l'attente qui est la leur vis-à-vis de notre action, et j'envisage de me déplacer dans les autres départements et collectivités d'Outre-mer très prochainement, car il ne suffit pas de répondre présent de Paris.
Le Plan Jeunesse Outre-Mer, c'est 5 priorités et 110 mesures. Je ne montrerai pas exhaustif, vous vous en doutez ! Mais permettez-moi de vous en présenter quelques-unes :
La réponse sur l'emploi, d'abord, premier souci et première priorité de la jeunesse, en particulier d'Outre-Mer.
La garantie jeunes présente un bilan très positif à La Réunion. Cette dynamique doit se poursuivre et s'étendre à la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane. Il sera déployé à Mayotte dès que les conditions locales le permettront, au plus tard en 2017.
Les contrats d'avenir eux aussi sont une réussite : pour le premier semestre, les objectifs en matière de contrats d'avenir ont été atteints et dépassés dans chacun des 5 DOM (plus de 4 200 au total). Cet effort sera là aussi poursuivi.
Pour les emplois d'avenir du secteur non marchand, La Réunion bénéficie d'un taux de prise en charge dérogatoire de 90 % au niveau du Smic (contre 75 %). L'impact et l'intérêt de cette dérogation seront évalués cette année.
Afin de garantir une insertion durable dans l'emploi, la formation pour les bénéficiaires des contrats aidés sera renforcée.
Deuxième point : la mobilité internationale.
J'en suis convaincu, vivre une expérience à l'étranger, c'est ouvrir le champ des possibles, et d'autant plus quand on est peu ou pas qualifié.
Pour faciliter l'accès aux dispositifs de mobilité, des plateformes de la mobilité internationale se monteront prochainement, en Guadeloupe, Nouvelle-Calédonie, Martinique, à la Réunion et à Mayotte. Par ailleurs, nous avons souhaité sensibiliser la Commission européenne sur le problème des frais de transports supplémentaires des jeunes ultra marins jusque-là non pris en charge dans le volet jeunesse du programme Erasmus+ : la France a porté la voix des jeunes des « régions ultra périphériques », selon le vocable européen, et nous avons eu gain de cause, puisque des prises en charge aux frais réels sont désormais possibles. Petite victoire, mais grande avancée pour les jeunes ultramarins qui veulent en bénéficier!
Troisièmement, il est primordial d'encourager l'engagement et l'initiative des jeunes.
A ce titre, le ministère que je dirige va accentuer son action en direction des jeunes ultra-marins, notamment en faveur du Service Civique.
Les jeunes ultramarins sont surreprésentés dans le dispositif ; ils représentaient, en 2014, 7,58 % des volontaires alors que leur part parmi les jeunes de 15 à 24 ans dans la population est de 3,4 %. Je souhaite que les jeunes ultramarins puissent continuer à bénéficier du service civique dans les mêmes proportions qu'aujourd'hui.
Nous encouragerons ainsi le déploiement du grand programme de service civique « Education » en outre-mer au sein des établissements scolaires du premier et du second degré autour de missions pour la lutte contre le décrochage ou le développement de projets culturels et sportifs.
Nous continuerons par ailleurs à mobiliser le fonds d'expérimentations pour la jeunesse au profit de l'Outre-mer, qui a déjà fait vivre 4 appels à projets spécifiques pour ces territoires et permis à 75 projets d'innovations sociales d'y voir le jour, en territorialisant certains appels à projets pour qu'ils correspondant aux besoins des territoires et en continuant à co-financer le fonds qui permet la mobilité des jeunes dans un but éducatif, sportif ou culturel.
Voilà donc ce plan que nous sommes fiers de vous présenter aujourd'hui : un large panel d'actions au service d'un projet de lutte contre les inégalités plus que nécessaire.
Des mesures qui prennent en compte les spécificités de l'Outre-Mer, et la force que représente sa jeunesse, pour porter l'avenir.Source http://www.patrickkanner.fr, le 7 juillet 2016
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes rassemblés aujourd'hui pour répondre aux attentes de la jeunesse d'outre-mer, cette jeunesse qui fait face à une situation particulièrement difficile, aux réalités contrastées.
La crise que subit notre pays, nous le savons, touche d'abord les populations fragiles. Aujourd'hui, les jeunes sont ainsi parmi les plus touchés par l'aggravation de la pauvreté : les trois quarts des nouveaux pauvres sont des jeunes adultes ou des mineurs.
La jeunesse ultramarine fait l'objet de difficultés encore aggravées par les contextes locaux.
Je n'ai pas l'habitude parler la langue de bois alors je pose la question : pouvons-nous sérieusement affirmer que l'Etat n'interviendrait pas avec plus de force et plus d'urgence si un département de l'hexagone cumulait les difficultés que rencontrent les DOM ?
Le taux de chômage des jeunes en moyenne pour l'Outre-Mer dépasse les 40%, contre 24% dans l'Hexagone.
Et ce chiffre est sans doute sous-estimé, car combien sont ceux qui ne s'inscrivent même plus à Pôle emploi, faute d'espoir ?
Le faible taux de qualification des jeunes d'Outre-mer ouvre par ailleurs la voie au chômage ; et parallèlement, ceux qui acquièrent des qualifications quittent le territoire pour s'insérer et se rendent pour beaucoup dans l'hexagone. Il est donc grand temps d'agir, et de prendre des mesures à la hauteur de la situation.
J'ai la chance d'être à la tête du Ministère de la Ville, de la Jeunesse et du Sport, que je conçois comme le ministère de l'engagement : engagement de tous et particulièrement des jeunes dans la vie citoyenne, associative, démocratique, engagement pour réduire les inégalités, engagement dans la pratique sportive et ses valeurs.
C'est également le ministère porteur de la coordination de la priorité jeunesse du gouvernement : le plan priorité jeunesse avec ses 13 chantiers et 61 mesures.
A ces deux titres, je porte un regard attentif sur l'Outre-mer, où l'Etat doit agir de façon volontariste, et prioritairement pour les jeunes, auxquels il importe d'offrir des perspectives pour qu'ils continuent à croire en l'avenir du destin commun français et à s'engager dans la vie collective.
Lors de mon déplacement à la Réunion en juin avec le Premier ministre, j'ai organisé l'un des 5 Rendez-vous de la jeunesse, à Saint-Denis : 100 jeunes y sont venus pour s'exprimer, échanger avec des décideurs locaux, 3 ministres, dont George Pau-Langevin, et le Premier ministre.
Ils ont poussé des coups de gueule et fait des propositions d'actions. Ces propositions portaient sur trois thèmes : la lutte contre les discriminations, les pratiques culturelles des jeunes et la citoyenneté.
J'ai été frappé par l'envie de participer de ces jeunes : pour l'anecdote, la salle pouvait contenir 100 personnes, mais le double voulait s'inscrire.
J'ai également ressenti fortement l'attente qui est la leur vis-à-vis de notre action, et j'envisage de me déplacer dans les autres départements et collectivités d'Outre-mer très prochainement, car il ne suffit pas de répondre présent de Paris.
Le Plan Jeunesse Outre-Mer, c'est 5 priorités et 110 mesures. Je ne montrerai pas exhaustif, vous vous en doutez ! Mais permettez-moi de vous en présenter quelques-unes :
La réponse sur l'emploi, d'abord, premier souci et première priorité de la jeunesse, en particulier d'Outre-Mer.
La garantie jeunes présente un bilan très positif à La Réunion. Cette dynamique doit se poursuivre et s'étendre à la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane. Il sera déployé à Mayotte dès que les conditions locales le permettront, au plus tard en 2017.
Les contrats d'avenir eux aussi sont une réussite : pour le premier semestre, les objectifs en matière de contrats d'avenir ont été atteints et dépassés dans chacun des 5 DOM (plus de 4 200 au total). Cet effort sera là aussi poursuivi.
Pour les emplois d'avenir du secteur non marchand, La Réunion bénéficie d'un taux de prise en charge dérogatoire de 90 % au niveau du Smic (contre 75 %). L'impact et l'intérêt de cette dérogation seront évalués cette année.
Afin de garantir une insertion durable dans l'emploi, la formation pour les bénéficiaires des contrats aidés sera renforcée.
Deuxième point : la mobilité internationale.
J'en suis convaincu, vivre une expérience à l'étranger, c'est ouvrir le champ des possibles, et d'autant plus quand on est peu ou pas qualifié.
Pour faciliter l'accès aux dispositifs de mobilité, des plateformes de la mobilité internationale se monteront prochainement, en Guadeloupe, Nouvelle-Calédonie, Martinique, à la Réunion et à Mayotte. Par ailleurs, nous avons souhaité sensibiliser la Commission européenne sur le problème des frais de transports supplémentaires des jeunes ultra marins jusque-là non pris en charge dans le volet jeunesse du programme Erasmus+ : la France a porté la voix des jeunes des « régions ultra périphériques », selon le vocable européen, et nous avons eu gain de cause, puisque des prises en charge aux frais réels sont désormais possibles. Petite victoire, mais grande avancée pour les jeunes ultramarins qui veulent en bénéficier!
Troisièmement, il est primordial d'encourager l'engagement et l'initiative des jeunes.
A ce titre, le ministère que je dirige va accentuer son action en direction des jeunes ultra-marins, notamment en faveur du Service Civique.
Les jeunes ultramarins sont surreprésentés dans le dispositif ; ils représentaient, en 2014, 7,58 % des volontaires alors que leur part parmi les jeunes de 15 à 24 ans dans la population est de 3,4 %. Je souhaite que les jeunes ultramarins puissent continuer à bénéficier du service civique dans les mêmes proportions qu'aujourd'hui.
Nous encouragerons ainsi le déploiement du grand programme de service civique « Education » en outre-mer au sein des établissements scolaires du premier et du second degré autour de missions pour la lutte contre le décrochage ou le développement de projets culturels et sportifs.
Nous continuerons par ailleurs à mobiliser le fonds d'expérimentations pour la jeunesse au profit de l'Outre-mer, qui a déjà fait vivre 4 appels à projets spécifiques pour ces territoires et permis à 75 projets d'innovations sociales d'y voir le jour, en territorialisant certains appels à projets pour qu'ils correspondant aux besoins des territoires et en continuant à co-financer le fonds qui permet la mobilité des jeunes dans un but éducatif, sportif ou culturel.
Voilà donc ce plan que nous sommes fiers de vous présenter aujourd'hui : un large panel d'actions au service d'un projet de lutte contre les inégalités plus que nécessaire.
Des mesures qui prennent en compte les spécificités de l'Outre-Mer, et la force que représente sa jeunesse, pour porter l'avenir.Source http://www.patrickkanner.fr, le 7 juillet 2016