Texte intégral
Il y a dix mois, l'élection d'un Président de la République socialiste et d'une large majorité de députés de gauche à l'Assemblée Nationale a montré la volonté des Français de voir une nouvelle politique se mettre en place. Les Français ont clairement manifesté leur désir de travailler à sortir le pays de la crise. C'est donc à cette tâche que, sans attendre, le gouvernement s'est attaché. Et vous avez vu que, dès l'été dernier, nous avons pris les premières mesures de relance, les premières mesures permettant d'accroître la consommation populaire grâce au relèvement du SMIC, grâce à l'augmentation de diverses allocations : familiales, pour handicapés, pour les personnes âgées,..
Et cette politique, chacun le voit bien, a déjà produit ses premiers fruits.
Oh certes nous ne sommes pas sortis de la crise. Il y faudra encore du temps et des efforts. Chacun le sait bien. Mais il ne faut pas se laisser aveugler. Je sais bien que certaines organisations professionnelles, certains syndicats n'ont jamais de couleurs assez noires pour peindre la réalité. Des cadres aux agriculteurs en passant par les patrons et quelques autres, vos journaux sont pleins de déclarations alarmistes sur les catastrophes qui nous attendent demain.
Ce n'est pas nouveau. C'est déjà ce qu'ils disaient avant le 10 mai. Souvenez-vous : la victoire de la gauche ce devait être la généralisation des grèves, une inflation à 25 %, bref le désordre et la ruine.
Dix mois après que voit-on ? Un pays qui travaille et qui lutte pour vaincre la crise, vaincre le chômage, reconstruire son industrie, développer son agriculture. Nous avons terminé l'année 1981 avec 14 % d'inflation. C'est trop. Mais c'est le niveau d'inflation qu'avait programmé M. Barre. Nous n'avons en rien provoqué la poussée inflationniste que tous les pseudo-spécialistes annonçaient doctement. Le changement s'est fait sans température, sans température inflationniste.
Bien plus, sur le dernier trimestre de l'année écoulée, nous avions ramené la pente de l'inflation à 12 %. Et, vous le savez, nous sommes décidés à poursuivre cet effort. Nous voulons terminer cette année sur une pente de 10 %. Nous le pouvons, ensemble.
Car il est bien évident que dans le cadre du Marché Commun, nous ne pourrions demeurer éternellement avec un niveau d'inflation double de celui de nos principaux partenaires et, notamment, de l'Allemagne fédérale. On voit bien, par exemple, le problème réel que cela pose pour fixer les prix agricoles.
9 % de hausse pour les Allemands, c'est beaucoup alors que leurs prix internes n'ont augmenté que de 6 %. Mais pour nous c'est trop peu puisque nos prix ont progressé de 14 % et qu'en plus le revenu de nos agriculteurs n'a cessé de diminuer depuis 4 ans.
Il faut donc multiplier les efforts pour supprimer ces distorsions qui, à terme, pourraient compromettre le fonctionnement même de l'Europe.
Voilà pourquoi la lutte contre l'inflation est si importante. Voilà pourquoi la rigueur budgétaire est capitale, comme l'a rappelé hier le Président de la République.
Car les grands équilibres que nous avons maintenus depuis dix mois, il n'est pas question de les laisser ébranler aujourd'hui. Et le gouvernement ne s'y prépare absolument pas, bien au contraire.
Nous avons le souci de maintenir, l'an prochain, notre déficit budgétaire dans des limites raisonnables. Il ne devra donc pas dépasser 3 % du PIB, ce qui est d'ailleurs inférieur au pourcentage atteint ces dernières années dans plusieurs grands pays industriels et notamment en Allemagne fédérale.
Pour atteindre cet objectif des économies sont nécessaires. Nous allons donc procéder, à l'occasion de la mise au point du budget pour 1983, à une remise en cause de certaines actions administratives qui ne correspondent pas à nos priorités.
Rendez-vous compte, par exemple, qu'il existe plus d'une centaine d'aides aux entreprises, sans parler de la multitude d'aides aux logements ou des 37 procédures d'aides à l'emploi. Il faut réorganiser tout cela. Il faut rationaliser. C'est ce que nous allons faire.
En deuxième lieu, il nous faut programmer les réformes, notamment les réformes sociales, en fonction de nos possibilités économiques. C'est ce que nous faisons et c'est pourquoi, par exemple, nous nous sommes fixés comme objectif le maintien du pouvoir d'achat moyen. Ce qui signifie notamment que le rattrapage ne pourra jouer que pour les bas salaires.
Je dois dire, à ce propos, que toutes les forces qui participent au changement, les forces syndicales notamment, doivent prendre soin de ne pas accentuer l'aspect catégoriel de certaine revendications. L'une des dérives traditionnelles de la société française est en effet le corporatisme, la montée les égoïsmes catégoriels. Il faut être vigilant sur ce plan, car le changement c'est aussi la responsabilité.
Si je souligne cet aspect, c'est parce que le gouvernement de la gauche est le gouvernement du dialogue social, de la discussion, de la négociation.
Les négociations qui ont précédé les accords sur la réduction de la durée du travail ont, par exemple, été les plus importantes que la France ait connues depuis 1968. Pensez que, dans certaines branches, aucune discussion n'avait eu lieu depuis 15 ans.
Eh bien, une telle situation n'est plus possible. Il faut bien comprendre qu'au stade de développement où est parvenue la société française, il ne peut plus y avoir de progrès économique sans progrès social. Et la condition du progrès social c'est la négociation entre partenaires qui se reconnaissent mutuellement comme tels. Sinon c'est la société bloquée, la société du conflit.
Alors quand j'entends l'opposition dire que les syndicats jouent aujourd'hui un rôle trop important, je m'étonne. Cela traduit une méconnaissance complète de la réalité sociale française. Les Français sont insuffisamment organisés. Trop peu d'entreprises adhèrent à leurs associations professionnelles. Trop peu de salariés se syndiquent. Trop peu de citoyens participent à la vie associative.
Quant à L'argument selon lequel les syndicats gouverneraient aujourd'hui, il est ridicule et vous le savez bien. Avec la gauche au pouvoir ce ne sont pas les syndicats qui font la loi, ce ne sont pas les journaux qui font la loi, ce n'est pas la droite qui fait la loi.
Avec la gauche au pouvoir, ce sont les Français qui font la loi, par l'intermédiaire du gouvernement et du parlement qui les représentent.
Et puis quand j'entends M. Chirac dire que ce sont les syndicats qui gouvernent, je ne puis m'empêcher de sourire. Car enfin qui a, depuis des années, dirigé en réalité le ministère de l'agriculture ? Etait-ce M. CHIRAC ou n'était-ce pas plutôt certains dirigeants d'une organisation syndicale ? Et certaines des difficultés que nous avons rencontrées avec cette organisation ne découlent-elles pas justement du fait que nous avons décidé de mettre un terme à cette situation ?
Car avec la gauche au pouvoir, ce sont les ministres qui assument les responsabilités, ce sont les ministres qui décident. Gaston Defferre vient d'en apporter la preuve dans son secteur.
Nous assumons nos responsabilités.
Nous tenons et nous continuerons de tenir les grands équilibres. Tous les chiffres que vous pouvez lire concernant le déficit supposé du budget de 1983 sont complètement fantaisistes. Il faut bien voir comment un budget est élaboré. A l'heure actuelle, nous en sommes dans la première partie de la préparation, c'est-à-dire que nous recensons les demandes des différents ministères.
On arrive bien sûr à un total astronomique et c'est là que le Premier ministre intervient justement. C'est à lui qu'il appartient de rassembler les demandes et d'arbitrer. C'est ce j'ai fait l'été dernier à Matignon, dès le lendemain des élections législatives. C'est ce que je referai cette année et, croyez-moi, les dépenses seront ramenées à un niveau acceptable. Vous pouvez demander aux membres du gouvernement ce qu'ils en pensent. Mais bien sûr, comme nous sommes en période électorale, on lance n'importe quel chiffre dans l'espoir d'effrayer les électeurs.
Nous tenons et nous tiendrons les grands équilibres. C'est donc bien clair.
Et nous luttons et nous continuerons de lutter contre l'inflation.
Mais la lutte contre l'inflation ne se mène pas en stoppant les dépenses sociales, en ralentissant l'activité du pays au point de le mettre au seuil de l'asphyxie. Ça c'était la méthode de Valéry Giscard d'Estaing et de Raymond Barre et chacun peut juger du résultat. Ca c'est la méthode de tous les farceurs qui nous proposent la "croissance zéro".
La croissance zéro, la déflation, nous savons ce que cela veut dire. Chez nous, cela s'est traduit par deux millions de chômeurs et 14 % d'inflation. Parce que voilà le bilan. Voilà la situation dont nous avons héritée. Non seulement l'inflation n'a pas diminué, contrairement aux espoirs de nos prédécesseurs, mais ils ont créé deux millions de chômeurs.
Et lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, ce chômage ne cessait d'augmenter. Comme il continue d'augmenter dans la plupart des pays européens. Il faut bien voir que la Communauté européenne compte aujourd'hui plus de chômeurs que d'agriculteurs. Dix millions de chômeurs pour huit millions d'agriculteurs. Et qui osera prétendre que les revenus de ces chômeurs n'ont pas, eux aussi, baissé.
Il faut bien voir qu'aujourd'hui c'est près de 10 % de la population active qui est au chômage, qui est marginalisée, dans les deux principales puissances économiques occidentales, je veux dire les Etats-Unis et la Communauté Européenne.
Il n'est pas possible de laisser une telle situation se prolonger. C'est pourquoi François Mitterrand, dès le premier sommet européen auquel il a participé, a proposé à nos partenaires de faire de la lutte pour l'emploi notre objectif commun. C'est pourquoi il a proposé la mise en place d'un "espace social européen".
Et lorsque je me suis rendu à Bruxelles, la semaine dernière, j'ai plaidé le même dossier devant les commissaires européens qui, pour la première fois, recevaient la visite d'un chef de gouvernement.
Il y a huit, neuf mois, c'est vrai, nos propositions étaient accueillies poliment mais avec un scepticisme marqué. Eh bien tel n'est plus le cas aujourd'hui. Car la situation a continué de se détériorer aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Car l'augmentation du chômage s'est brusquement accélérée en Allemagne fédérale.
En revanche, chacun le constate et d'abord nos partenaires, la reprise de l'économie française s'effectue dans de bonnes conditions et, depuis le mois de novembre, la progression du nombre des demandeurs d'emplois se ralentit.
Tels sont les faits.
Il existe en France un organisme qui s'appelle l'INSEE et qui, régulièrement, analyse la situation économique et, surtout, s'attache à évaluer l'attitude des Français face à l'évolution de cette situation économique. Il y a encore trois mois la tendance était au pessimisme et à la morosité. A présent, les huit mille ménages interrogés font preuve d'un regain d'optimisme certain. Et c'est important. Car dans notre lutte contre la crise, contre le chômage, nous ne réussirons que si toutes les forces du pays se mobilisent. Et pour qu'elle se mobilisent, il nous faut de l'optimisme, de l'enthousiasme.
La victoire du 10 mai c'est aussi le refus de la résignation qui nous était prêchée depuis 7 ans. C'est un sursaut du pays. Ce n'est pas, comme a osé le dire Valéry Giscard d'Estaing, la pause au milieu de l'effort, c'est au contraire la volonté lucide des Français de reprendre leur destin en mains, de relever les défis de l'avenir.
Le gouvernement de la droite s'était donné pour règle "gérer l'imprévisible".
Le gouvernement de la gauche a, quant à lui, pour principe que "gouverner c'est prévoir".
Voilà aussi l'une des différences fondamentales entre la droite et la gauche.
Parce que le pays se rassemble, parce que le pays lutte, parce que le pays se redresse, l'opposition s'impatiente et s'énerve.
Au lieu de prendre sa part de cet effort collectif, au lieu de faire des propositions, d'élaborer un programme, elle prêche la haine et la division. Elle attaque les hommes plutôt, que de défendre des idées.
Je vois bien qu'elle est déçue.
Déçue d'avoir perdu en mai. Déçue d'avoir perdu en juin.
Déçue de voir que le gouvernement de gauche, que la majorité de gauche ne se sont pas effondrés en trois mois, ne se sont pas effondrés en six mois.
Déçue de devoir attendre.
Je sais bien que cela risque d'être long. Mais n'avons-nous pas attendu 23 ans ? Et lorsque nous étions dans l'opposition, nous n'avons progressé, nous n'avons gagné du terrain qu'en faisant progresser notre réflexion politique, en nous rassemblant autour d'un programme. L'opposition d'aujourd'hui devrait y réfléchir. Elle devrait en tirer des leçons.
Car elle s'est engagée dans une bien mauvaise voie. Celle des faits divers artificiellement transformés en "affaires" politiques. Celle des manipulations de texte.
Bref la voie du sectarisme et de l'intolérance.
Car la droite possède l'art d'inverser les thèmes. Elle nous accuse d'étatisme elle qui, par exemple, avait transformé le prix de l'essence en véritable tarif public alors que nous lui rendons de la souplesse et la possibilité de suivre les évolutions du marché.
Elle nous accuse de mettre en cause les libertés, elle qui a créé la loi anti-casseurs que nous avons abrogée ;
elle qui a maintenu la peine de mort que nous avons supprimée ;
elle qui a instauré une juridiction d'exception, la Cour de Sûreté de l'Etat, que nous avons dissoute.
Elle ose nous accuser d'intolérance, elle qui n'hésite pas à qualifier tout un courant politique de notre pays "d'agents de Moscou", elle qui conteste la volonté majoritaire des Français en parlant de "pouvoir totalitaire" ou de "révolution contraire à la Constitution".
Cette évolution de l'opposition est négative et elle peut même, à terme, être dangereuse.
Car quand même, on entend de curieuses choses depuis quelques mois. Nous sommes des démocrates et nous respectons l'expression des opinions, mais le mensonge et la manipulation érigés en système ne peuvent que pervertir le débat public. Il est de notre responsabilité collective - gouvernement majorité et aussi opposition - d'éviter une telle dérive. Il est de notre responsabilité collective de ne pas laisser la rumeur se substituer aux faits.
Croyez-vous que j'ignore ce bouche à oreille, ces tracts dans les foyers de personnes âgées, ces articles des organes de combat de l'opposition accusant le Conseiller spécial du Président de la République, Jacques Attali, de vouloir faire tuer les vieillards ? Et qu'on ne me dise pas que ces calomnie, que ces mensonges, ne sont pas diffusés par l'opposition puisqu'ils sont même repris en réunion publique voire dans les débats de certains Conseils généraux.
Croyez-vous que j'ignore les fuites délibérément provoquées et qui font, par exemple, qu'une lettre du terroriste Carlos ou de mystérieuses bandes magnétiques sont remises à la presse et exploitées en pleine période électorale ?
Croyez-vous que je suis dupe quand je vois le secrétaire général du R.P.R. se précipiter à Marseille pour enquêter sur de soi-disant fraudes dont la réalité ne résiste pas au premier examen? N'importe quel maire de grande ville peut en témoigner. Moi-même comme maire de Lille ou M. Jacques CHIRAC comme maire de Paris.
Le même M. PONS qui se précipite ensuite à Fontainebleau aux obsèques de René Lucet. Et que quelqu'un vienne me dire qu'il ne s'agit pas là d'opérations politiques !
Les attaques portées contre Madame Questiaux, Ministre de la solidarité nationale, à cette occasion, déshonorent leurs auteurs.
J'ai encore le souvenir d'un article d'un hebdomadaire de l'opposition qui, il y a seulement deux mois, présentait le rapport de l'inspection général de l'action sociale concernant René Lucet comme une preuve de la mauvaise gestion socialiste. La Sécurité sociale rembourse même le champagne, expliquait-on à l'époque.
Et maintenant que par un geste dramatique qui n'appartient qu'à lui-même, ce geste personnel par lequel toute une vie est remise en question et que nul ne peut prétendre expliquer, et qui ne s'explique jamais par un seul argument, par une seule cause, eh bien, depuis ce geste dramatique voilà que cette gestion, qui hier servait à vilipender le gouvernement, est devenue un modèle. Voilà que le gestionnaire abusif qui était présenté hier comme un socialiste, est aujourd'hui l'innocente, victime de ce même pouvoir socialiste.
Eh bien, je dis : c'est trop facile. Je recevrai dans quelques heures une délégation de Force Ouvrière et je discuterai avec elle des problèmes réels qui se posent aux directeurs des organismes de Sécurité sociale, surtout compte-tenu de la réforme que nous allons engagé. Ils ont droit à des garanties et ils les auront. Cela ne fait pas l'ombre d'un doute.
Mais le spectacle indécent qui nous est offert depuis quelques jours est d'une toute autre nature. Il s'inscrit dans le prolongement d'autres affaires, d'autres rumeurs scandaleusement exploitées. Il prolonge une série d'opérations qui, ces derniers mois, ont toutes eu le même objectif : déstabiliser la gauche.
Et le premier visé a été le Président de la République lui-même. Souvenez-vous de ces interrogations hypocrites sur son état de santé. Souvenez-vous de cette campagne sournoise.
Elle a échoué.
Et puis ce fut le Premier ministre, présenté comme ne maîtrisant pas son gouvernement, échouant dans sa stratégie.
Cette campagne elle aussi a échoué.
C'est à présent au tour du Ministre d'Etat, Ministre de l'Intérieur de subir l'assaut. Dix pages d'attaques - je dis bien dix pages - hier dans un quotidien parisien. Une manière de record.
Mais je suis sans crainte. Gaston Defferre en a vu d'autres et ce n'est pas une campagne de ce genre qui peut être de nature à modifier son action et à modifier sa politique. Il en a déjà donné la preuve.
Et si, au sein de ses services, certains croient pouvoir imposer leur volonté au gouvernement ; si - fait plus grave encore - certains sont tentés par des manoeuvre de sabotage, qu'ils sachent bien que le gouvernement assumera toutes ses responsabilités comme il les assume depuis le 21 mai. Il ne prendra aucune mesure exceptionnelle, mais il appliquera la loi, toute la loi.
Il ne faudrait pas que les copains et les coquins perdent trop vite la mémoire. Les Français eux n'ont pas oublié. Ils savent ce que c'est que de vraies "affaires". Ils savent ce que c'est qu'un gouvernement faible ou compromis.
S'ils ont choisi le changement, c'est aussi pour rompre avec ces pratiques, avec ce passé. Le changement c'est d'autres moeurs, des moeurs assainies.
Le changement c'est refuser que les grands corps de l'Etat dictent leur loi. C'est refuser que les fonctionnaires se cooptent entre eux. C'est refuser l'affairisme. C'est refuser que des gestionnaires de l'argent public puissent se livrer à des manipulations financières.
Voilà ce que c'est que le changement.
Sous l'autorité du Président de la République et du Gouvernement, c'est l'action qui est engagée et que nous mènerons jusqu'au bout quels que soient les obstacles que certains cherchent à accumuler sur notre route.
L'air de la calomnie les Français connaissent. Ils ne sont pas dupes.
Ils le montreront d'ailleurs dimanche et le dimanche suivant.
Ils le montreront en appuyant la majorité de gauche qui rend aux citoyens leurs pouvoirs. Ils le montreront en appuyant ceux qui veulent vraiment la décentralisation et non ceux qui l'ont refusée pendant plus de vingt ans.
Car les Conseils Généraux vont voir leurs pouvoirs élargis. Comme le seront aussi les pouvoirs des Conseils Régionaux. C'est cela la démocratie, c'est cela la responsabilité. C'est rapprocher le plus possible du citoyen le niveau de la gestion.
C'est ce que fait la gauche. C'est ce que la droite a toujours refusé. Car elle parle de la liberté mais elle a peur et elle ne cesse de multiplier les contrôles, les réglementations, les interdictions.Le Président de la République, le Gouvernement que je dirige, la majorité de gauche, veulent répondre aux immenses espoirs que notre peuple a exprimés en mai et juin derniers. Il met en oeuvre des réformes fondamentales, dont l'effet sur la vie quotidienne des Français, des travailleurs notamment, commence à se faire sentir. Mais ces réformes n'aboutiront que si elles sont prises en charge par toutes les catégories sociales qu'elles concernent et pour qui elles sont faites. C'est pourquoi nous devons construire des rapports sociaux fondés sur le dialogue, un pays solidaire où les travailleurs se mobilisent pour le progrès économique et social.
Et cette politique, chacun le voit bien, a déjà produit ses premiers fruits.
Oh certes nous ne sommes pas sortis de la crise. Il y faudra encore du temps et des efforts. Chacun le sait bien. Mais il ne faut pas se laisser aveugler. Je sais bien que certaines organisations professionnelles, certains syndicats n'ont jamais de couleurs assez noires pour peindre la réalité. Des cadres aux agriculteurs en passant par les patrons et quelques autres, vos journaux sont pleins de déclarations alarmistes sur les catastrophes qui nous attendent demain.
Ce n'est pas nouveau. C'est déjà ce qu'ils disaient avant le 10 mai. Souvenez-vous : la victoire de la gauche ce devait être la généralisation des grèves, une inflation à 25 %, bref le désordre et la ruine.
Dix mois après que voit-on ? Un pays qui travaille et qui lutte pour vaincre la crise, vaincre le chômage, reconstruire son industrie, développer son agriculture. Nous avons terminé l'année 1981 avec 14 % d'inflation. C'est trop. Mais c'est le niveau d'inflation qu'avait programmé M. Barre. Nous n'avons en rien provoqué la poussée inflationniste que tous les pseudo-spécialistes annonçaient doctement. Le changement s'est fait sans température, sans température inflationniste.
Bien plus, sur le dernier trimestre de l'année écoulée, nous avions ramené la pente de l'inflation à 12 %. Et, vous le savez, nous sommes décidés à poursuivre cet effort. Nous voulons terminer cette année sur une pente de 10 %. Nous le pouvons, ensemble.
Car il est bien évident que dans le cadre du Marché Commun, nous ne pourrions demeurer éternellement avec un niveau d'inflation double de celui de nos principaux partenaires et, notamment, de l'Allemagne fédérale. On voit bien, par exemple, le problème réel que cela pose pour fixer les prix agricoles.
9 % de hausse pour les Allemands, c'est beaucoup alors que leurs prix internes n'ont augmenté que de 6 %. Mais pour nous c'est trop peu puisque nos prix ont progressé de 14 % et qu'en plus le revenu de nos agriculteurs n'a cessé de diminuer depuis 4 ans.
Il faut donc multiplier les efforts pour supprimer ces distorsions qui, à terme, pourraient compromettre le fonctionnement même de l'Europe.
Voilà pourquoi la lutte contre l'inflation est si importante. Voilà pourquoi la rigueur budgétaire est capitale, comme l'a rappelé hier le Président de la République.
Car les grands équilibres que nous avons maintenus depuis dix mois, il n'est pas question de les laisser ébranler aujourd'hui. Et le gouvernement ne s'y prépare absolument pas, bien au contraire.
Nous avons le souci de maintenir, l'an prochain, notre déficit budgétaire dans des limites raisonnables. Il ne devra donc pas dépasser 3 % du PIB, ce qui est d'ailleurs inférieur au pourcentage atteint ces dernières années dans plusieurs grands pays industriels et notamment en Allemagne fédérale.
Pour atteindre cet objectif des économies sont nécessaires. Nous allons donc procéder, à l'occasion de la mise au point du budget pour 1983, à une remise en cause de certaines actions administratives qui ne correspondent pas à nos priorités.
Rendez-vous compte, par exemple, qu'il existe plus d'une centaine d'aides aux entreprises, sans parler de la multitude d'aides aux logements ou des 37 procédures d'aides à l'emploi. Il faut réorganiser tout cela. Il faut rationaliser. C'est ce que nous allons faire.
En deuxième lieu, il nous faut programmer les réformes, notamment les réformes sociales, en fonction de nos possibilités économiques. C'est ce que nous faisons et c'est pourquoi, par exemple, nous nous sommes fixés comme objectif le maintien du pouvoir d'achat moyen. Ce qui signifie notamment que le rattrapage ne pourra jouer que pour les bas salaires.
Je dois dire, à ce propos, que toutes les forces qui participent au changement, les forces syndicales notamment, doivent prendre soin de ne pas accentuer l'aspect catégoriel de certaine revendications. L'une des dérives traditionnelles de la société française est en effet le corporatisme, la montée les égoïsmes catégoriels. Il faut être vigilant sur ce plan, car le changement c'est aussi la responsabilité.
Si je souligne cet aspect, c'est parce que le gouvernement de la gauche est le gouvernement du dialogue social, de la discussion, de la négociation.
Les négociations qui ont précédé les accords sur la réduction de la durée du travail ont, par exemple, été les plus importantes que la France ait connues depuis 1968. Pensez que, dans certaines branches, aucune discussion n'avait eu lieu depuis 15 ans.
Eh bien, une telle situation n'est plus possible. Il faut bien comprendre qu'au stade de développement où est parvenue la société française, il ne peut plus y avoir de progrès économique sans progrès social. Et la condition du progrès social c'est la négociation entre partenaires qui se reconnaissent mutuellement comme tels. Sinon c'est la société bloquée, la société du conflit.
Alors quand j'entends l'opposition dire que les syndicats jouent aujourd'hui un rôle trop important, je m'étonne. Cela traduit une méconnaissance complète de la réalité sociale française. Les Français sont insuffisamment organisés. Trop peu d'entreprises adhèrent à leurs associations professionnelles. Trop peu de salariés se syndiquent. Trop peu de citoyens participent à la vie associative.
Quant à L'argument selon lequel les syndicats gouverneraient aujourd'hui, il est ridicule et vous le savez bien. Avec la gauche au pouvoir ce ne sont pas les syndicats qui font la loi, ce ne sont pas les journaux qui font la loi, ce n'est pas la droite qui fait la loi.
Avec la gauche au pouvoir, ce sont les Français qui font la loi, par l'intermédiaire du gouvernement et du parlement qui les représentent.
Et puis quand j'entends M. Chirac dire que ce sont les syndicats qui gouvernent, je ne puis m'empêcher de sourire. Car enfin qui a, depuis des années, dirigé en réalité le ministère de l'agriculture ? Etait-ce M. CHIRAC ou n'était-ce pas plutôt certains dirigeants d'une organisation syndicale ? Et certaines des difficultés que nous avons rencontrées avec cette organisation ne découlent-elles pas justement du fait que nous avons décidé de mettre un terme à cette situation ?
Car avec la gauche au pouvoir, ce sont les ministres qui assument les responsabilités, ce sont les ministres qui décident. Gaston Defferre vient d'en apporter la preuve dans son secteur.
Nous assumons nos responsabilités.
Nous tenons et nous continuerons de tenir les grands équilibres. Tous les chiffres que vous pouvez lire concernant le déficit supposé du budget de 1983 sont complètement fantaisistes. Il faut bien voir comment un budget est élaboré. A l'heure actuelle, nous en sommes dans la première partie de la préparation, c'est-à-dire que nous recensons les demandes des différents ministères.
On arrive bien sûr à un total astronomique et c'est là que le Premier ministre intervient justement. C'est à lui qu'il appartient de rassembler les demandes et d'arbitrer. C'est ce j'ai fait l'été dernier à Matignon, dès le lendemain des élections législatives. C'est ce que je referai cette année et, croyez-moi, les dépenses seront ramenées à un niveau acceptable. Vous pouvez demander aux membres du gouvernement ce qu'ils en pensent. Mais bien sûr, comme nous sommes en période électorale, on lance n'importe quel chiffre dans l'espoir d'effrayer les électeurs.
Nous tenons et nous tiendrons les grands équilibres. C'est donc bien clair.
Et nous luttons et nous continuerons de lutter contre l'inflation.
Mais la lutte contre l'inflation ne se mène pas en stoppant les dépenses sociales, en ralentissant l'activité du pays au point de le mettre au seuil de l'asphyxie. Ça c'était la méthode de Valéry Giscard d'Estaing et de Raymond Barre et chacun peut juger du résultat. Ca c'est la méthode de tous les farceurs qui nous proposent la "croissance zéro".
La croissance zéro, la déflation, nous savons ce que cela veut dire. Chez nous, cela s'est traduit par deux millions de chômeurs et 14 % d'inflation. Parce que voilà le bilan. Voilà la situation dont nous avons héritée. Non seulement l'inflation n'a pas diminué, contrairement aux espoirs de nos prédécesseurs, mais ils ont créé deux millions de chômeurs.
Et lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, ce chômage ne cessait d'augmenter. Comme il continue d'augmenter dans la plupart des pays européens. Il faut bien voir que la Communauté européenne compte aujourd'hui plus de chômeurs que d'agriculteurs. Dix millions de chômeurs pour huit millions d'agriculteurs. Et qui osera prétendre que les revenus de ces chômeurs n'ont pas, eux aussi, baissé.
Il faut bien voir qu'aujourd'hui c'est près de 10 % de la population active qui est au chômage, qui est marginalisée, dans les deux principales puissances économiques occidentales, je veux dire les Etats-Unis et la Communauté Européenne.
Il n'est pas possible de laisser une telle situation se prolonger. C'est pourquoi François Mitterrand, dès le premier sommet européen auquel il a participé, a proposé à nos partenaires de faire de la lutte pour l'emploi notre objectif commun. C'est pourquoi il a proposé la mise en place d'un "espace social européen".
Et lorsque je me suis rendu à Bruxelles, la semaine dernière, j'ai plaidé le même dossier devant les commissaires européens qui, pour la première fois, recevaient la visite d'un chef de gouvernement.
Il y a huit, neuf mois, c'est vrai, nos propositions étaient accueillies poliment mais avec un scepticisme marqué. Eh bien tel n'est plus le cas aujourd'hui. Car la situation a continué de se détériorer aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Car l'augmentation du chômage s'est brusquement accélérée en Allemagne fédérale.
En revanche, chacun le constate et d'abord nos partenaires, la reprise de l'économie française s'effectue dans de bonnes conditions et, depuis le mois de novembre, la progression du nombre des demandeurs d'emplois se ralentit.
Tels sont les faits.
Il existe en France un organisme qui s'appelle l'INSEE et qui, régulièrement, analyse la situation économique et, surtout, s'attache à évaluer l'attitude des Français face à l'évolution de cette situation économique. Il y a encore trois mois la tendance était au pessimisme et à la morosité. A présent, les huit mille ménages interrogés font preuve d'un regain d'optimisme certain. Et c'est important. Car dans notre lutte contre la crise, contre le chômage, nous ne réussirons que si toutes les forces du pays se mobilisent. Et pour qu'elle se mobilisent, il nous faut de l'optimisme, de l'enthousiasme.
La victoire du 10 mai c'est aussi le refus de la résignation qui nous était prêchée depuis 7 ans. C'est un sursaut du pays. Ce n'est pas, comme a osé le dire Valéry Giscard d'Estaing, la pause au milieu de l'effort, c'est au contraire la volonté lucide des Français de reprendre leur destin en mains, de relever les défis de l'avenir.
Le gouvernement de la droite s'était donné pour règle "gérer l'imprévisible".
Le gouvernement de la gauche a, quant à lui, pour principe que "gouverner c'est prévoir".
Voilà aussi l'une des différences fondamentales entre la droite et la gauche.
Parce que le pays se rassemble, parce que le pays lutte, parce que le pays se redresse, l'opposition s'impatiente et s'énerve.
Au lieu de prendre sa part de cet effort collectif, au lieu de faire des propositions, d'élaborer un programme, elle prêche la haine et la division. Elle attaque les hommes plutôt, que de défendre des idées.
Je vois bien qu'elle est déçue.
Déçue d'avoir perdu en mai. Déçue d'avoir perdu en juin.
Déçue de voir que le gouvernement de gauche, que la majorité de gauche ne se sont pas effondrés en trois mois, ne se sont pas effondrés en six mois.
Déçue de devoir attendre.
Je sais bien que cela risque d'être long. Mais n'avons-nous pas attendu 23 ans ? Et lorsque nous étions dans l'opposition, nous n'avons progressé, nous n'avons gagné du terrain qu'en faisant progresser notre réflexion politique, en nous rassemblant autour d'un programme. L'opposition d'aujourd'hui devrait y réfléchir. Elle devrait en tirer des leçons.
Car elle s'est engagée dans une bien mauvaise voie. Celle des faits divers artificiellement transformés en "affaires" politiques. Celle des manipulations de texte.
Bref la voie du sectarisme et de l'intolérance.
Car la droite possède l'art d'inverser les thèmes. Elle nous accuse d'étatisme elle qui, par exemple, avait transformé le prix de l'essence en véritable tarif public alors que nous lui rendons de la souplesse et la possibilité de suivre les évolutions du marché.
Elle nous accuse de mettre en cause les libertés, elle qui a créé la loi anti-casseurs que nous avons abrogée ;
elle qui a maintenu la peine de mort que nous avons supprimée ;
elle qui a instauré une juridiction d'exception, la Cour de Sûreté de l'Etat, que nous avons dissoute.
Elle ose nous accuser d'intolérance, elle qui n'hésite pas à qualifier tout un courant politique de notre pays "d'agents de Moscou", elle qui conteste la volonté majoritaire des Français en parlant de "pouvoir totalitaire" ou de "révolution contraire à la Constitution".
Cette évolution de l'opposition est négative et elle peut même, à terme, être dangereuse.
Car quand même, on entend de curieuses choses depuis quelques mois. Nous sommes des démocrates et nous respectons l'expression des opinions, mais le mensonge et la manipulation érigés en système ne peuvent que pervertir le débat public. Il est de notre responsabilité collective - gouvernement majorité et aussi opposition - d'éviter une telle dérive. Il est de notre responsabilité collective de ne pas laisser la rumeur se substituer aux faits.
Croyez-vous que j'ignore ce bouche à oreille, ces tracts dans les foyers de personnes âgées, ces articles des organes de combat de l'opposition accusant le Conseiller spécial du Président de la République, Jacques Attali, de vouloir faire tuer les vieillards ? Et qu'on ne me dise pas que ces calomnie, que ces mensonges, ne sont pas diffusés par l'opposition puisqu'ils sont même repris en réunion publique voire dans les débats de certains Conseils généraux.
Croyez-vous que j'ignore les fuites délibérément provoquées et qui font, par exemple, qu'une lettre du terroriste Carlos ou de mystérieuses bandes magnétiques sont remises à la presse et exploitées en pleine période électorale ?
Croyez-vous que je suis dupe quand je vois le secrétaire général du R.P.R. se précipiter à Marseille pour enquêter sur de soi-disant fraudes dont la réalité ne résiste pas au premier examen? N'importe quel maire de grande ville peut en témoigner. Moi-même comme maire de Lille ou M. Jacques CHIRAC comme maire de Paris.
Le même M. PONS qui se précipite ensuite à Fontainebleau aux obsèques de René Lucet. Et que quelqu'un vienne me dire qu'il ne s'agit pas là d'opérations politiques !
Les attaques portées contre Madame Questiaux, Ministre de la solidarité nationale, à cette occasion, déshonorent leurs auteurs.
J'ai encore le souvenir d'un article d'un hebdomadaire de l'opposition qui, il y a seulement deux mois, présentait le rapport de l'inspection général de l'action sociale concernant René Lucet comme une preuve de la mauvaise gestion socialiste. La Sécurité sociale rembourse même le champagne, expliquait-on à l'époque.
Et maintenant que par un geste dramatique qui n'appartient qu'à lui-même, ce geste personnel par lequel toute une vie est remise en question et que nul ne peut prétendre expliquer, et qui ne s'explique jamais par un seul argument, par une seule cause, eh bien, depuis ce geste dramatique voilà que cette gestion, qui hier servait à vilipender le gouvernement, est devenue un modèle. Voilà que le gestionnaire abusif qui était présenté hier comme un socialiste, est aujourd'hui l'innocente, victime de ce même pouvoir socialiste.
Eh bien, je dis : c'est trop facile. Je recevrai dans quelques heures une délégation de Force Ouvrière et je discuterai avec elle des problèmes réels qui se posent aux directeurs des organismes de Sécurité sociale, surtout compte-tenu de la réforme que nous allons engagé. Ils ont droit à des garanties et ils les auront. Cela ne fait pas l'ombre d'un doute.
Mais le spectacle indécent qui nous est offert depuis quelques jours est d'une toute autre nature. Il s'inscrit dans le prolongement d'autres affaires, d'autres rumeurs scandaleusement exploitées. Il prolonge une série d'opérations qui, ces derniers mois, ont toutes eu le même objectif : déstabiliser la gauche.
Et le premier visé a été le Président de la République lui-même. Souvenez-vous de ces interrogations hypocrites sur son état de santé. Souvenez-vous de cette campagne sournoise.
Elle a échoué.
Et puis ce fut le Premier ministre, présenté comme ne maîtrisant pas son gouvernement, échouant dans sa stratégie.
Cette campagne elle aussi a échoué.
C'est à présent au tour du Ministre d'Etat, Ministre de l'Intérieur de subir l'assaut. Dix pages d'attaques - je dis bien dix pages - hier dans un quotidien parisien. Une manière de record.
Mais je suis sans crainte. Gaston Defferre en a vu d'autres et ce n'est pas une campagne de ce genre qui peut être de nature à modifier son action et à modifier sa politique. Il en a déjà donné la preuve.
Et si, au sein de ses services, certains croient pouvoir imposer leur volonté au gouvernement ; si - fait plus grave encore - certains sont tentés par des manoeuvre de sabotage, qu'ils sachent bien que le gouvernement assumera toutes ses responsabilités comme il les assume depuis le 21 mai. Il ne prendra aucune mesure exceptionnelle, mais il appliquera la loi, toute la loi.
Il ne faudrait pas que les copains et les coquins perdent trop vite la mémoire. Les Français eux n'ont pas oublié. Ils savent ce que c'est que de vraies "affaires". Ils savent ce que c'est qu'un gouvernement faible ou compromis.
S'ils ont choisi le changement, c'est aussi pour rompre avec ces pratiques, avec ce passé. Le changement c'est d'autres moeurs, des moeurs assainies.
Le changement c'est refuser que les grands corps de l'Etat dictent leur loi. C'est refuser que les fonctionnaires se cooptent entre eux. C'est refuser l'affairisme. C'est refuser que des gestionnaires de l'argent public puissent se livrer à des manipulations financières.
Voilà ce que c'est que le changement.
Sous l'autorité du Président de la République et du Gouvernement, c'est l'action qui est engagée et que nous mènerons jusqu'au bout quels que soient les obstacles que certains cherchent à accumuler sur notre route.
L'air de la calomnie les Français connaissent. Ils ne sont pas dupes.
Ils le montreront d'ailleurs dimanche et le dimanche suivant.
Ils le montreront en appuyant la majorité de gauche qui rend aux citoyens leurs pouvoirs. Ils le montreront en appuyant ceux qui veulent vraiment la décentralisation et non ceux qui l'ont refusée pendant plus de vingt ans.
Car les Conseils Généraux vont voir leurs pouvoirs élargis. Comme le seront aussi les pouvoirs des Conseils Régionaux. C'est cela la démocratie, c'est cela la responsabilité. C'est rapprocher le plus possible du citoyen le niveau de la gestion.
C'est ce que fait la gauche. C'est ce que la droite a toujours refusé. Car elle parle de la liberté mais elle a peur et elle ne cesse de multiplier les contrôles, les réglementations, les interdictions.Le Président de la République, le Gouvernement que je dirige, la majorité de gauche, veulent répondre aux immenses espoirs que notre peuple a exprimés en mai et juin derniers. Il met en oeuvre des réformes fondamentales, dont l'effet sur la vie quotidienne des Français, des travailleurs notamment, commence à se faire sentir. Mais ces réformes n'aboutiront que si elles sont prises en charge par toutes les catégories sociales qu'elles concernent et pour qui elles sont faites. C'est pourquoi nous devons construire des rapports sociaux fondés sur le dialogue, un pays solidaire où les travailleurs se mobilisent pour le progrès économique et social.