Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Merci beaucoup pour cette introduction brillante, passionnante, enthousiasmante. Et puis, je vais vous dire franchement que je suis très heureux que vous soyez présents ce soir au ministère des affaires étrangères au Quai d'Orsay. Certains m'ont dit qu'ils étaient un peu intimidés mais je n'y crois pas. Vous n'avez pas l'air intimidé du tout mais il est vrai que ce n'est pas forcément un lieu habituel pour vos activités. C'est quand même un lieu qui est chargé d'histoire, donc cela a du sens que vous soyez là. Ce bâtiment prestigieux qui date du XIXe siècle a été construit spécifiquement pour le ministère des affaires étrangères. À l'époque, lorsqu'il a été commandé, la commande c'était montrer, avec les artistes, les artisans, tout ce qu'il y a de plus beau pour marquer les esprits des visiteurs étrangers. Je ne sais pas si cela vous impressionne, cela impressionne toujours un peu mais, enfin, ce n'est plus tout à fait la mode d'aujourd'hui.
Pourtant, il n'y a aucune raison pour que dans ce lieu historique qui porte un sens lié à l'histoire diplomatique de notre pays, ne se rencontrent pas justement les créateurs français d'aujourd'hui, qui, eux aussi, par leur travail, leurs capacités, leur intelligence, leur créativité, apportent un message de la France. Donc, c'est le sens de l'accueil de cette soirée, je voulais vous le dire avant de poursuivre mon propos.
(...)
Le numérique est aujourd'hui bien plus qu'une activité économique parmi d'autres. Il est la nouvelle grammaire de notre civilisation. Il irrigue l'ensemble de nos sociétés. Il est aussi vecteur de progrès, vecteur de croissance économique. Il peut, hélas, aussi, parfois, être porteur de menaces pour notre sécurité. Il est donc fondamental que nous en maîtrisions parfaitement les enjeux.
Je voudrais brièvement évoquer avec vous trois aspects du numérique qui me paraissent essentiels, trois domaines bouleversés par son irruption: la démocratie et la participation citoyenne, l'économie et l'innovation et, enfin, la diplomatie et les relations internationales.
Le numérique, c'est évident, donne un élan nouveau à la pratique démocratique. Je le sais d'autant mieux que j'ai été chargé par le président de la République, avec mon collègue du gouvernement, Jean-Vincent Placé, d'organiser un sommet international d'un genre nouveau, qui aura lieu en décembre à Paris. Il s'agit du sommet du Partenariat pour un gouvernement ouvert, l'OGP, dont la France assume cette année la présidence depuis la semaine dernière conjointement avec l'ONG World Resource Institute. C'était, d'ailleurs, l'un des principaux sujets à l'ordre du jour du conseil des ministres ce matin.
Ce sommet sera d'un genre nouveau car il réunira non seulement 70 États, mais aussi des membres de la société civile, il y aura des milliers de participants, quand ce ne sont que les chefs d'État et de gouvernement, il y en a quelques centaines. Ensemble, nous allons nous engager en faveur de la transparence de l'action publique et d'une meilleure association des citoyens à la prise de décisions, en tirant profit de l'innovation numérique. L'enjeu majeur du Sommet de Paris, c'est précisément de démontrer que le gouvernement ouvert a un impact très concret sur la vie des citoyens et sur la manière dont la démocratie peut fonctionner. Comme l'a montré la COP21, événement pionnier en matière de participation citoyenne, avec une grande participation des ONG, des élus des collectivités territoriales, des associations, parfois même modestes, avec l'idée de transparence, notamment avec l'ouverture des données et la consultation citoyenne qui sont des outils clés pour relever les grands défis globaux. Un an après l'accord de Paris sur le climat, nous souhaitons faire de ce sommet de décembre le rendez-vous mondial de toutes celles et tous ceux qui souhaitent transformer l'action publique et revitaliser la démocratie. Les acteurs du numérique auront, j'en suis sûr, un rôle essentiel à jouer.
Le deuxième grand domaine bouleversé par le numérique, c'est bien sûr l'économie. La révolution numérique - on peut l'appeler comme cela - transforme en profondeur les mécanismes de création de valeur. La croissance d'Internet, fondée sur les principes d'ouverture, de confiance et de libre accès met en relation plus de la moitié de l'humanité. Cette dynamique change la vie quotidienne des individus. Plus largement, les potentialités de cette révolution numérique ne cessent de se déployer, à travers l'économie collaborative, les réseaux sociaux, l'interconnexion des objets, le traitement massif des données ou encore l'intelligence artificielle.
Les possibilités économiques permises par le numérique sont donc infinies. Pour autant, nous aurions tort de croire que ces possibilités vont se réaliser toutes seules. Car si nous ne faisons rien, c'est une vision oligarchique qui risque de s'installer. C'est pourquoi il est si important de faire émerger des champions européens, des champions français du numérique. Nous comptons bien sûr sur le dynamisme des entrepreneurs et des investisseurs que vous êtes. Mais les pouvoirs publics ont aussi un rôle à jouer. Ils ont un rôle à jouer dans la régulation du secteur, car les modèles économiques qui se développent avec le numérique ne doivent pas pour autant porter atteinte aux équilibres sociaux auxquels nous sommes tous attachés, ce qui ne veut pas dire immobilisme, mais en même temps donner des garanties, elles sont parfaitement légitimes ces demandes.
Ils doivent également le faire à travers la mise en place d'un environnement fiscal et règlementaire - j'ai entendu votre message. Déjà des choses ont été faites, déjà des messages anciens ont été entendus : il y le CICE, le crédit impôt recherche et le crédit impôt innovation. Il y a aussi les nouveaux outils de financement pour les start-ups à fort potentiel de croissance, développés par Bpifrance. C'est l'ambition de la loi pour une République numérique portée par Axelle Lemaire. C'est enfin le sens d'initiatives prises par les collectivités, il y en a beaucoup, j'ai été moi-même maire, j'ai participé à l'ouverture des données, j'ai soutenu l'ouverture de lieux comme le Cargo. Je crois que cela existe partout en France, c'est important de le rappeler.
Les pouvoirs publics doivent aussi attirer les talents et accompagner le développement international de nos pépites de la Tech. C'est notre ambition, en tout cas celle du ministère des affaires étrangères et du développement international. Nous pouvons ainsi compter sur l'engagement de Xavier Duportet, brillant chercheur et jeune entrepreneur que vous connaissez bien et qui est notre fédérateur à l'export dans le domaine des nouvelles technologies. Aider les start-ups à se lancer, c'est aussi la préoccupation constante de nos ambassadeurs qui se mobilisent fortement en ce sens. Je puis témoigner que c'est vrai, 40% de leur temps est consacré au développement économique, dont le volet du numérique. J'ai eu l'occasion de m'en rendre compte lors de mes déplacements à l'étranger, par exemple à Séoul où nous avons inauguré le French Tech Hub, j'ai pu m'en rendre au Japon, plusieurs fois aux États-Unis avec le très populaire Digital Lab à New York qui permet de faire se rencontrer des jeunes entrepreneurs français et américains. La semaine dernière, à l'occasion de l'assemblée générale des Nations unies, j'ai visité les nouveaux locaux de l'entreprise Datadog qui sont vraiment magnifiques, ils sont installés dans les locaux du New York Times d'où il y a une vue magnifique sur New York, et, surtout, c'est l'histoire d'une entreprise qui est jeune, qui a été créée par deux Français qui ont réussi à se développer. On a parlé aussi de leurs difficultés, de leurs problèmes, mais aussi de leurs perspectives positives et qui ont su très bien convaincre les investisseurs de leur faire confiance pour ouvrir ces bureaux magnifiques. Et puis, ils ont décidé d'ouvrir un bureau de R&D à Paris. Ce sont de jeunes Français qui, pour autant, n'abandonnent pas la France. Ils sont en connexion permanente évidemment, les kilomètres ne les éloignent pas vraiment. Mais ils ont souhaité que la R&D soit à Paris car ils considèrent finalement qu'ils ont davantage de potentialité. C'est aussi pour avoir un message positif. C'est aussi la France, c'est la France qui est là avec Datadog, c'est la France qui s'exporte, c'est la France qui investit aux États-Unis, c'est la France qui n'oublie pas la France. Pour autant, justement, ce qui était formidable, c'est que nous avons discuté des recrutements, comment trouver du personnel. Ils m'ont dit : la formation de nos universités, de nos grandes écoles produit des jeunes ingénieurs, des hommes et des femmes qui correspondent mieux à nos besoins et nous avons besoin de recruter également des personnes formées par des Français, qui ne sont pas forcément que des Français.
D'où aussi la priorité que met ce ministère à favoriser l'accueil des étudiants étrangers en France. J'étais, il y a quelques instants, dans une conférence à Sciences Po international, il y avait là des jeunes étudiants du monde entier et c'était vraiment une ambiance formidable, positive. Là, il faut le dire, la France doit être encore plus accueillante pour les étudiants étrangers. Mais nous avons passé le cap cette année pour la première fois des 300.000 étudiants étrangers, nous sommes le troisième pays. Donc, il faut continuer ; la France doit rester ouverte, il ne faut pas avoir peur ; il y a quelques années, on faisait des circulaires parce qu'il y avait trop d'étudiants étrangers, n'oublions pas cela car c'est vraiment négatif pour notre pays.
Nous avons eu à New York, dans ces locaux, une discussion, une table ronde avec d'autres Français, d'autres entrepreneurs français, qui a été, pour moi, très éclairante. On a parlé de l'écosystème qui, il est vrai, est pointu mais en tout cas il existe. On a parlé aussi du premier étage des financements et, finalement, on arrive à répondre, puis ensuite du deuxième, du troisième où c'est plus compliqué. Donc, on va essayer de trouver ensemble des solutions. Je crois que c'est important que ces entreprises puissent vraiment se développer. Mais il y a là de la ressource.
Le dernier point que je voulais évoquer ce soir concerne la diplomatie numérique. Dans ces salons, je vous l'ai dit, cela peut être un oxymore de parler de diplomatie numérique. Et pourtant j'ai déjà évoqué le sommet du Partenariat pour un gouvernement ouvert, je pourrais parler de la diplomatie 2.0, il y a aussi beaucoup d'initiatives qui sont prises par nos ambassadeurs notamment en faveur des start-ups du numérique. J'aurais pu parler davantage de la place grandissante du numérique dans notre politique de coopération et de développement avec la Stratégie pour l'Afrique que nous avons lancée pour contribuer à réduire la fracture numérique. Ou encore de notre politique d'enseignement français à l'étranger avec le projet de l'École numérique. Vous savez que nous disposons du plus grand réseau d'enseignement à l'étranger, eh bien nous voulons lui donner cette dimension pour qu'il puisse continuer à se développer et à se déployer. J'aurais enfin pu évoquer la cybersécurité, devenue un pan entier de notre politique de sécurité internationale, ou bien notre rôle dans la gouvernance de l'Internet, aux côtés de la société civile.
En réalité, il n'y a pas un domaine de notre diplomatie qui échappe au numérique. C'est pourquoi j'ai décidé de consolider notre réflexion à travers une stratégie internationale de la France pour le numérique. Cette stratégie sera le fruit d'échanges ouverts avec la société civile, car la diplomatie du XXIe siècle ne saurait être une diplomatie du secret. Je vous donne d'ailleurs rendez-vous en novembre pour le lancement d'une plateforme de consultation sur cette stratégie de diplomatie numérique.
Nous avons eu, il y a quelques semaines de cela, la semaine des ambassadeurs ; nous avons consacré une soirée à la culture, à l'action culturelle de la France. Nous avons voulu, là aussi, associer le numérique. Le numérique, création culturelle, création de valeur économique, etc. Nous nous sommes appuyés pour cela sur French Tech Provence Culture avec Olivier Py et également le directeur du festival d'Aix-en-Provence. Cela a été une soirée franchement passionnante et surtout très éclairante sur tout ce que l'on est capable de faire en France en innovation, en création.
Il n'y a pas la culture d'un côté, l'économie de l'autre, il y a une même France avec ses talents, ses capacités. C'est cela que je voulais vous dire pour conclure. C'est un message de confiance en tous ceux et toutes celles qui sont là, avec leur talent, leur ambition, leurs projets. Mais il y en a beaucoup d'autres comme vous en France. Et il faut qu'on le fasse savoir davantage parce que cela donne envie aux autres, cela donne confiance. Et quand on ressent cette force, cette puissance, alors, on se dit que tout est possible pour le mieux, pour l'avenir de notre pays. Merci d'y contribuer et puis bon rendez-vous. Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 octobre 2016
Merci beaucoup pour cette introduction brillante, passionnante, enthousiasmante. Et puis, je vais vous dire franchement que je suis très heureux que vous soyez présents ce soir au ministère des affaires étrangères au Quai d'Orsay. Certains m'ont dit qu'ils étaient un peu intimidés mais je n'y crois pas. Vous n'avez pas l'air intimidé du tout mais il est vrai que ce n'est pas forcément un lieu habituel pour vos activités. C'est quand même un lieu qui est chargé d'histoire, donc cela a du sens que vous soyez là. Ce bâtiment prestigieux qui date du XIXe siècle a été construit spécifiquement pour le ministère des affaires étrangères. À l'époque, lorsqu'il a été commandé, la commande c'était montrer, avec les artistes, les artisans, tout ce qu'il y a de plus beau pour marquer les esprits des visiteurs étrangers. Je ne sais pas si cela vous impressionne, cela impressionne toujours un peu mais, enfin, ce n'est plus tout à fait la mode d'aujourd'hui.
Pourtant, il n'y a aucune raison pour que dans ce lieu historique qui porte un sens lié à l'histoire diplomatique de notre pays, ne se rencontrent pas justement les créateurs français d'aujourd'hui, qui, eux aussi, par leur travail, leurs capacités, leur intelligence, leur créativité, apportent un message de la France. Donc, c'est le sens de l'accueil de cette soirée, je voulais vous le dire avant de poursuivre mon propos.
(...)
Le numérique est aujourd'hui bien plus qu'une activité économique parmi d'autres. Il est la nouvelle grammaire de notre civilisation. Il irrigue l'ensemble de nos sociétés. Il est aussi vecteur de progrès, vecteur de croissance économique. Il peut, hélas, aussi, parfois, être porteur de menaces pour notre sécurité. Il est donc fondamental que nous en maîtrisions parfaitement les enjeux.
Je voudrais brièvement évoquer avec vous trois aspects du numérique qui me paraissent essentiels, trois domaines bouleversés par son irruption: la démocratie et la participation citoyenne, l'économie et l'innovation et, enfin, la diplomatie et les relations internationales.
Le numérique, c'est évident, donne un élan nouveau à la pratique démocratique. Je le sais d'autant mieux que j'ai été chargé par le président de la République, avec mon collègue du gouvernement, Jean-Vincent Placé, d'organiser un sommet international d'un genre nouveau, qui aura lieu en décembre à Paris. Il s'agit du sommet du Partenariat pour un gouvernement ouvert, l'OGP, dont la France assume cette année la présidence depuis la semaine dernière conjointement avec l'ONG World Resource Institute. C'était, d'ailleurs, l'un des principaux sujets à l'ordre du jour du conseil des ministres ce matin.
Ce sommet sera d'un genre nouveau car il réunira non seulement 70 États, mais aussi des membres de la société civile, il y aura des milliers de participants, quand ce ne sont que les chefs d'État et de gouvernement, il y en a quelques centaines. Ensemble, nous allons nous engager en faveur de la transparence de l'action publique et d'une meilleure association des citoyens à la prise de décisions, en tirant profit de l'innovation numérique. L'enjeu majeur du Sommet de Paris, c'est précisément de démontrer que le gouvernement ouvert a un impact très concret sur la vie des citoyens et sur la manière dont la démocratie peut fonctionner. Comme l'a montré la COP21, événement pionnier en matière de participation citoyenne, avec une grande participation des ONG, des élus des collectivités territoriales, des associations, parfois même modestes, avec l'idée de transparence, notamment avec l'ouverture des données et la consultation citoyenne qui sont des outils clés pour relever les grands défis globaux. Un an après l'accord de Paris sur le climat, nous souhaitons faire de ce sommet de décembre le rendez-vous mondial de toutes celles et tous ceux qui souhaitent transformer l'action publique et revitaliser la démocratie. Les acteurs du numérique auront, j'en suis sûr, un rôle essentiel à jouer.
Le deuxième grand domaine bouleversé par le numérique, c'est bien sûr l'économie. La révolution numérique - on peut l'appeler comme cela - transforme en profondeur les mécanismes de création de valeur. La croissance d'Internet, fondée sur les principes d'ouverture, de confiance et de libre accès met en relation plus de la moitié de l'humanité. Cette dynamique change la vie quotidienne des individus. Plus largement, les potentialités de cette révolution numérique ne cessent de se déployer, à travers l'économie collaborative, les réseaux sociaux, l'interconnexion des objets, le traitement massif des données ou encore l'intelligence artificielle.
Les possibilités économiques permises par le numérique sont donc infinies. Pour autant, nous aurions tort de croire que ces possibilités vont se réaliser toutes seules. Car si nous ne faisons rien, c'est une vision oligarchique qui risque de s'installer. C'est pourquoi il est si important de faire émerger des champions européens, des champions français du numérique. Nous comptons bien sûr sur le dynamisme des entrepreneurs et des investisseurs que vous êtes. Mais les pouvoirs publics ont aussi un rôle à jouer. Ils ont un rôle à jouer dans la régulation du secteur, car les modèles économiques qui se développent avec le numérique ne doivent pas pour autant porter atteinte aux équilibres sociaux auxquels nous sommes tous attachés, ce qui ne veut pas dire immobilisme, mais en même temps donner des garanties, elles sont parfaitement légitimes ces demandes.
Ils doivent également le faire à travers la mise en place d'un environnement fiscal et règlementaire - j'ai entendu votre message. Déjà des choses ont été faites, déjà des messages anciens ont été entendus : il y le CICE, le crédit impôt recherche et le crédit impôt innovation. Il y a aussi les nouveaux outils de financement pour les start-ups à fort potentiel de croissance, développés par Bpifrance. C'est l'ambition de la loi pour une République numérique portée par Axelle Lemaire. C'est enfin le sens d'initiatives prises par les collectivités, il y en a beaucoup, j'ai été moi-même maire, j'ai participé à l'ouverture des données, j'ai soutenu l'ouverture de lieux comme le Cargo. Je crois que cela existe partout en France, c'est important de le rappeler.
Les pouvoirs publics doivent aussi attirer les talents et accompagner le développement international de nos pépites de la Tech. C'est notre ambition, en tout cas celle du ministère des affaires étrangères et du développement international. Nous pouvons ainsi compter sur l'engagement de Xavier Duportet, brillant chercheur et jeune entrepreneur que vous connaissez bien et qui est notre fédérateur à l'export dans le domaine des nouvelles technologies. Aider les start-ups à se lancer, c'est aussi la préoccupation constante de nos ambassadeurs qui se mobilisent fortement en ce sens. Je puis témoigner que c'est vrai, 40% de leur temps est consacré au développement économique, dont le volet du numérique. J'ai eu l'occasion de m'en rendre compte lors de mes déplacements à l'étranger, par exemple à Séoul où nous avons inauguré le French Tech Hub, j'ai pu m'en rendre au Japon, plusieurs fois aux États-Unis avec le très populaire Digital Lab à New York qui permet de faire se rencontrer des jeunes entrepreneurs français et américains. La semaine dernière, à l'occasion de l'assemblée générale des Nations unies, j'ai visité les nouveaux locaux de l'entreprise Datadog qui sont vraiment magnifiques, ils sont installés dans les locaux du New York Times d'où il y a une vue magnifique sur New York, et, surtout, c'est l'histoire d'une entreprise qui est jeune, qui a été créée par deux Français qui ont réussi à se développer. On a parlé aussi de leurs difficultés, de leurs problèmes, mais aussi de leurs perspectives positives et qui ont su très bien convaincre les investisseurs de leur faire confiance pour ouvrir ces bureaux magnifiques. Et puis, ils ont décidé d'ouvrir un bureau de R&D à Paris. Ce sont de jeunes Français qui, pour autant, n'abandonnent pas la France. Ils sont en connexion permanente évidemment, les kilomètres ne les éloignent pas vraiment. Mais ils ont souhaité que la R&D soit à Paris car ils considèrent finalement qu'ils ont davantage de potentialité. C'est aussi pour avoir un message positif. C'est aussi la France, c'est la France qui est là avec Datadog, c'est la France qui s'exporte, c'est la France qui investit aux États-Unis, c'est la France qui n'oublie pas la France. Pour autant, justement, ce qui était formidable, c'est que nous avons discuté des recrutements, comment trouver du personnel. Ils m'ont dit : la formation de nos universités, de nos grandes écoles produit des jeunes ingénieurs, des hommes et des femmes qui correspondent mieux à nos besoins et nous avons besoin de recruter également des personnes formées par des Français, qui ne sont pas forcément que des Français.
D'où aussi la priorité que met ce ministère à favoriser l'accueil des étudiants étrangers en France. J'étais, il y a quelques instants, dans une conférence à Sciences Po international, il y avait là des jeunes étudiants du monde entier et c'était vraiment une ambiance formidable, positive. Là, il faut le dire, la France doit être encore plus accueillante pour les étudiants étrangers. Mais nous avons passé le cap cette année pour la première fois des 300.000 étudiants étrangers, nous sommes le troisième pays. Donc, il faut continuer ; la France doit rester ouverte, il ne faut pas avoir peur ; il y a quelques années, on faisait des circulaires parce qu'il y avait trop d'étudiants étrangers, n'oublions pas cela car c'est vraiment négatif pour notre pays.
Nous avons eu à New York, dans ces locaux, une discussion, une table ronde avec d'autres Français, d'autres entrepreneurs français, qui a été, pour moi, très éclairante. On a parlé de l'écosystème qui, il est vrai, est pointu mais en tout cas il existe. On a parlé aussi du premier étage des financements et, finalement, on arrive à répondre, puis ensuite du deuxième, du troisième où c'est plus compliqué. Donc, on va essayer de trouver ensemble des solutions. Je crois que c'est important que ces entreprises puissent vraiment se développer. Mais il y a là de la ressource.
Le dernier point que je voulais évoquer ce soir concerne la diplomatie numérique. Dans ces salons, je vous l'ai dit, cela peut être un oxymore de parler de diplomatie numérique. Et pourtant j'ai déjà évoqué le sommet du Partenariat pour un gouvernement ouvert, je pourrais parler de la diplomatie 2.0, il y a aussi beaucoup d'initiatives qui sont prises par nos ambassadeurs notamment en faveur des start-ups du numérique. J'aurais pu parler davantage de la place grandissante du numérique dans notre politique de coopération et de développement avec la Stratégie pour l'Afrique que nous avons lancée pour contribuer à réduire la fracture numérique. Ou encore de notre politique d'enseignement français à l'étranger avec le projet de l'École numérique. Vous savez que nous disposons du plus grand réseau d'enseignement à l'étranger, eh bien nous voulons lui donner cette dimension pour qu'il puisse continuer à se développer et à se déployer. J'aurais enfin pu évoquer la cybersécurité, devenue un pan entier de notre politique de sécurité internationale, ou bien notre rôle dans la gouvernance de l'Internet, aux côtés de la société civile.
En réalité, il n'y a pas un domaine de notre diplomatie qui échappe au numérique. C'est pourquoi j'ai décidé de consolider notre réflexion à travers une stratégie internationale de la France pour le numérique. Cette stratégie sera le fruit d'échanges ouverts avec la société civile, car la diplomatie du XXIe siècle ne saurait être une diplomatie du secret. Je vous donne d'ailleurs rendez-vous en novembre pour le lancement d'une plateforme de consultation sur cette stratégie de diplomatie numérique.
Nous avons eu, il y a quelques semaines de cela, la semaine des ambassadeurs ; nous avons consacré une soirée à la culture, à l'action culturelle de la France. Nous avons voulu, là aussi, associer le numérique. Le numérique, création culturelle, création de valeur économique, etc. Nous nous sommes appuyés pour cela sur French Tech Provence Culture avec Olivier Py et également le directeur du festival d'Aix-en-Provence. Cela a été une soirée franchement passionnante et surtout très éclairante sur tout ce que l'on est capable de faire en France en innovation, en création.
Il n'y a pas la culture d'un côté, l'économie de l'autre, il y a une même France avec ses talents, ses capacités. C'est cela que je voulais vous dire pour conclure. C'est un message de confiance en tous ceux et toutes celles qui sont là, avec leur talent, leur ambition, leurs projets. Mais il y en a beaucoup d'autres comme vous en France. Et il faut qu'on le fasse savoir davantage parce que cela donne envie aux autres, cela donne confiance. Et quand on ressent cette force, cette puissance, alors, on se dit que tout est possible pour le mieux, pour l'avenir de notre pays. Merci d'y contribuer et puis bon rendez-vous. Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 octobre 2016