Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères et du développement international, en réponse à une question sur la situation politique en Turquie, à l'Assemblée nationale le 8 novembre 2016.

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Circonstance : Questions d'actualité à l'Assemblée nationale, le 8 novembre 2016

Texte intégral


Merci Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député,
En effet, depuis plusieurs semaines, la Turquie connaît une évolution préoccupante. Vous venez de le rappeler, vous avez décrit les situations, les arrestations qui se sont succédées : des journalistes, des députés et le maire de la ville de Diyarbakir par exemple. La répression continue et surtout, elle s'est amplifiée depuis le coup d'État du 15 juillet dernier et, en effet, elle prend un tour préoccupant.
Il faut faire face à ces évolutions, il faut être lucide sur la situation et clair sur nos principes. La lucidité, c'est de reconnaître que la Turquie est la cible du terrorisme, qu'il vienne de Daech ou du PKK. La tentative du coup d'État du 15 juillet qu'il ne faut pas oublier, au cours de laquelle le parlement, symbole démocratique a été bombardé, ce qui a provoqué un véritable choc dans le pays. J'ai pu m'en rendre compte lors de mon récent déplacement à Ankara le 24 octobre dernier.
La Turquie a donc le droit de se défendre, mais à nos yeux, elle ne peut pas le faire sans respecter les principes de l'État de droit.
Je l'ai dit très clairement à mes interlocuteurs et ce n'est pas le cas des mesures qui viennent d'être prises depuis plusieurs semaines.
Vous venez de le rappeler, avec nos partenaires, nous nous sommes concertés, et nous avons clairement dénoncé ce qui vient de se passer. Nous pensons qu'il faut maintenir le dialogue avec la Turquie, mais ce dialogue doit être clair et franc. En particulier, il est nécessaire de rappeler que la Turquie fait partie du Conseil de l'Europe - comme nous - et que cela implique le respect d'un certain nombre de valeurs fondamentales, par exemple, le refus de la peine de mort. Nous devons faire comprendre à la Turquie qui se replie aujourd'hui, qu'elle n'a aucun intérêt à agir ainsi. Si elle veut respecter le droit, elle doit commencer par respecter l'État de droit.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 novembre 2016