Texte intégral
Monsieur le Président de la République,
Au soir de cette première journée de ma visite dEtat au Vietnam, je veux dabord vous dire mon émotion et ma gratitude pour laccueil que vous-même, le Premier Ministre et le gouvernement vietnamiens, le Secrétaire Général du Parti Communiste nous ont réservé. La délégation et moi-même, nous ne loublierons pas.
Jy vois la marque de nos destins mêlés, le legs de notre longue histoire partagée qui tantôt rapprocha nos deux peuples tantôt les déchira. J'y vois le témoignage de cette attirance profonde qui continue de nous porter lun vers lautre.
Il y a longtemps que Vietnamiens et Français se sont rencontrés. Au XVIIe siècle déjà, des érudits français ont entrepris de mieux connaître votre très ancienne civilisation et votre langue. Depuis, nos deux peuples ont tissé entre eux les liens les plus forts. Des liens qui ont résisté à tous les problèmes qui se sont posés et à notre long éloignement.
Ainsi, après que le temps a passé, après que les plaies de laffrontement colonial se sont peu à peu refermées, après que le Vietnam a recouvré son indépendance et son unité, quand le monde, enfin libéré de la logique des blocs, sest ouvert aux échanges, nos deux pays, Monsieur le Président, se sont naturellement tournés lun vers lautre. Le moment était venu de se retrouver.
Il y a quatre ans, mon prédécesseur, le Président François Mitterrand scellait ici même la réconciliation entre nos deux peuples. Sa visite au Vietnam ouvrait une ère nouvelle pour nos relations.
Que de chemin parcouru depuis 1993 ! Dans tous les domaines, nos relations nont cessé de se renforcer et de sélargir.
Nos relations politiques dabord. Notre dialogue se développe, les rencontres entre dirigeants vietnamiens et français sintensifient. Je vous renouvelle, Monsieur le Président, mon invitation à venir en France, afin dapprofondir encore nos échanges déjà si ouverts et confiants.
Nos relations culturelles bien sûr. Vietnamiens et Français ont en commun la même soif de découvrir et dapprendre. Chez nous, le vietnamien est la langue dont lenseignement a connu la plus forte croissance deffectifs d'étudiants. Ainsi Paris est-il désormais, avec notamment lInstitut National des Langues et Civilisations Orientales, le premier centre mondial détudes de la langue et de la civilisation vietnamiennes. Avec le programme « Vent dEst », de plus en plus de jeunes Français, étudiants ou engagés dans la vie active, pourront se rendre dans votre pays, se familiariser avec votre langue, poursuivre leurs recherches, rencontrer vos compatriotes, vos traditions, votre culture, découvrir le Vietnam daujourdhui.
Je sais aussi, Monsieur le Président, la place qua conservée le français dans votre enseignement et laspiration de nombreux jeunes Vietnamiens à lapprendre et à le parler.
Eh bien, allons plus loin encore. Renforçons notre coopération linguistique, scientifique, médicale. Multiplions les programmes de soutien pédagogique et de formation universitaire. Créons toujours davantage de lycées et de classes bilingues. Développons ensemble de nouvelles filières éducatives, embrassant tous les secteurs de la vie économique, administrative, technologique. Je me réjouis que ma visite au Vietnam soit loccasion de signer de nouveaux accords et dinaugurer ensemble de nouveaux instituts de formation de cadres, de chercheurs, d'ingénieurs dont votre pays a besoin.
Nos relations juridiques aussi. Nous réfléchissons, notamment au sein de la Maison franco-vietnamienne du droit de Hanoï, aux instruments de létat de droit. Avec ladoption hier dun Code Civil, aujourdhui dune loi en matière commerciale et demain dun Code de Procédure Civile. La voie est ainsi ouverte à la négociation entre nos deux pays dune convention dentraide judiciaire en matière civile et commerciale.
Nos relations économiques enfin. Dans ce domaine, la politique de Doï Moï, de renouveau, engagée par le Vietnam a déjà donné des résultats spectaculaires. Votre pays, Monsieur le Président, est lun de ceux qui, ces dernières années, ont le plus bénéficié du développement des échanges et de la croissance. Approfondir et élargir vos réformes, cest assurer le progrès économique et social que souhaitent tous les Vietnamiens.
Et cest un partenaire engagé qui vous le dit. La France est aujourdhui le deuxième contributeur financier au plan bilatéral et le premier partenaire occidental du Vietnam pour le commerce et les investissements. Les accords signés aujourdhui consolideront encore largement nos relations.
Les entreprises françaises, les grandes comme les petites ou moyennes, qui ont les savoir-faire de la croissance et qui sont prêtes à les partager avec vous, se tiennent naturellement à votre disposition. Jappelle nos responsables économiques, nos chefs dentreprise, nos investisseurs, dont un certain nombre sont ici, aujourd'hui, à poursuivre leurs efforts dans votre pays, à sy engager plus nombreux et à saisir les multiples opportunités offertes par le Vietnam.
La France les y encourage. Et je sais, Monsieur le Président, votre volonté de favoriser la présence et linvestissement étrangers.
Mais, au-delà de nos relations bilatérales, notre dialogue sétend à lAsie, aux relations de l'Asie avec lEurope, et plus généralement au monde.
Depuis longtemps, la France sest faite lavocat le plus ardent de votre pays sur la scène mondiale. Elle a soutenu la signature dun accord de coopération entre le Vietnam et lUnion européenne. Dans les grandes enceintes de négociation comme dans les institutions multilatérales, la France a milité sans relâche pour apporter son soutien à votre pays.
Naturellement, nous nous sommes réjouis de votre adhésion à lASEAN. Comme en Europe il y a quarante ans, les pays de lAsie du Sud-Est, réconciliés, en paix, se sont engagés dans ce grand mouvement dintégration régionale qui parcourt le monde. LASEAN vient de célébrer son 30ème anniversaire. Elle achève son élargissement avec aujourdhui le Laos et la Birmanie, demain je lespère, le Cambodge. Elle saffirme comme un pôle de stabilité, de coopération et de développement. Elle demeurera, malgré les difficultés du moment, un moteur essentiel de la croissance mondiale.
Comme en Europe, la levée des barrières douanières, lharmonisation des règles juridiques et fiscales, la création dun vaste marché signifieront plus de croissance, de prospérité, de richesses et demplois. Comme en Europe, de nouvelles solidarités, une communauté de destins, et c'est là l'essentiel ancreront la sécurité et la paix.
Il y a un an et demi, lAsie orientale et lUnion européenne ont entrepris leur rapprochement. En mars 1996, à Bangkok, un grand Sommet, le premier de lHistoire, à l'initiative de Singapour et de la France, a réuni les chefs dEtat et de gouvernement dEurope et dAsie. Il a jeté les bases dune ambitieuse coopération économique, commerciale et industrielle. Le Vietnam et la France, qui ont joué un rôle majeur dans cette négociation, doivent continuer dagir ensemble pour que notre nouveau partenariat Euro-asiatique tienne toutes ses promesses.
Au moment où votre région traverse dimportantes turbulences économiques et financières, je tiens à réaffirmer ma confiance en lAsie. Les fondements de la croissance demeurent. Ce sont le dynamisme et la capacité de travail et dépargne de vos peuples, et dabord de votre jeunesse. Ce sont chez vous, Monsieur le Président, le talent, le courage, le génie des Vietnamiens, leur détermination à poursuivre leur développement, leur capacité à lever les obstacles à la croissance.
Enfin, Vietnamiens et Français doivent se concerter sur toutes les grandes questions de notre temps.
Nous avons, Monsieur le Président, cette chance dappartenir à la grande famille francophone. Nous pouvons y discuter librement et en confiance des problèmes qui nous tiennent à coeur et nous pouvons ensemble y apporter des solutions.
Espace de dialogue, de tolérance, de solidarité, où se croisent, en se respectant, nos cultures, nos traditions, nos identités respectives, la Francophonie doit désormais saffirmer comme un acteur à part entière des relations internationales. Pour faire valoir dans le monde une certaine idée de lhomme, de sa dignité, de sa richesse.
Dans trois jours, nous aurons élu notre Secrétaire général. Ce moment dHistoire, il est heureux quil se tienne au Vietnam, qui est lun des pères fondateurs de la Francophonie.
Monsieur le Président, le monde change et votre pays change. Depuis quelques années, un nouveau Vietnam se dessine, moderne, ouvert. Un Vietnam dont le développement impressionne. Un Vietnam résolu à occuper toute sa place dans le monde et dabord dans ce Sud-Est asiatique qui se rassemble et qui sorganise. Votre pays, Monsieur le Président, auquel nous rattachent lHistoire, les liens de lesprit et du coeur, une volonté partagée daborder ensemble lavenir.
Cest confiant dans notre amitié, dans notre détermination à être lun pour lautre des partenaires privilégiés, que je voudrais maintenant lever mon verre.
Je le lève, Monsieur le Président, en votre honneur et en lhonneur des hautes personnalités vietnamiennes et françaises qui nous font ce soir lamitié de leur présence.
Je le lève en lhonneur du Vietnam et du peuple vietnamien, notre ami, auquel je souhaite bonheur et prospérité. Je bois à la grande amitié entre le Vietnam et la France.
Au soir de cette première journée de ma visite dEtat au Vietnam, je veux dabord vous dire mon émotion et ma gratitude pour laccueil que vous-même, le Premier Ministre et le gouvernement vietnamiens, le Secrétaire Général du Parti Communiste nous ont réservé. La délégation et moi-même, nous ne loublierons pas.
Jy vois la marque de nos destins mêlés, le legs de notre longue histoire partagée qui tantôt rapprocha nos deux peuples tantôt les déchira. J'y vois le témoignage de cette attirance profonde qui continue de nous porter lun vers lautre.
Il y a longtemps que Vietnamiens et Français se sont rencontrés. Au XVIIe siècle déjà, des érudits français ont entrepris de mieux connaître votre très ancienne civilisation et votre langue. Depuis, nos deux peuples ont tissé entre eux les liens les plus forts. Des liens qui ont résisté à tous les problèmes qui se sont posés et à notre long éloignement.
Ainsi, après que le temps a passé, après que les plaies de laffrontement colonial se sont peu à peu refermées, après que le Vietnam a recouvré son indépendance et son unité, quand le monde, enfin libéré de la logique des blocs, sest ouvert aux échanges, nos deux pays, Monsieur le Président, se sont naturellement tournés lun vers lautre. Le moment était venu de se retrouver.
Il y a quatre ans, mon prédécesseur, le Président François Mitterrand scellait ici même la réconciliation entre nos deux peuples. Sa visite au Vietnam ouvrait une ère nouvelle pour nos relations.
Que de chemin parcouru depuis 1993 ! Dans tous les domaines, nos relations nont cessé de se renforcer et de sélargir.
Nos relations politiques dabord. Notre dialogue se développe, les rencontres entre dirigeants vietnamiens et français sintensifient. Je vous renouvelle, Monsieur le Président, mon invitation à venir en France, afin dapprofondir encore nos échanges déjà si ouverts et confiants.
Nos relations culturelles bien sûr. Vietnamiens et Français ont en commun la même soif de découvrir et dapprendre. Chez nous, le vietnamien est la langue dont lenseignement a connu la plus forte croissance deffectifs d'étudiants. Ainsi Paris est-il désormais, avec notamment lInstitut National des Langues et Civilisations Orientales, le premier centre mondial détudes de la langue et de la civilisation vietnamiennes. Avec le programme « Vent dEst », de plus en plus de jeunes Français, étudiants ou engagés dans la vie active, pourront se rendre dans votre pays, se familiariser avec votre langue, poursuivre leurs recherches, rencontrer vos compatriotes, vos traditions, votre culture, découvrir le Vietnam daujourdhui.
Je sais aussi, Monsieur le Président, la place qua conservée le français dans votre enseignement et laspiration de nombreux jeunes Vietnamiens à lapprendre et à le parler.
Eh bien, allons plus loin encore. Renforçons notre coopération linguistique, scientifique, médicale. Multiplions les programmes de soutien pédagogique et de formation universitaire. Créons toujours davantage de lycées et de classes bilingues. Développons ensemble de nouvelles filières éducatives, embrassant tous les secteurs de la vie économique, administrative, technologique. Je me réjouis que ma visite au Vietnam soit loccasion de signer de nouveaux accords et dinaugurer ensemble de nouveaux instituts de formation de cadres, de chercheurs, d'ingénieurs dont votre pays a besoin.
Nos relations juridiques aussi. Nous réfléchissons, notamment au sein de la Maison franco-vietnamienne du droit de Hanoï, aux instruments de létat de droit. Avec ladoption hier dun Code Civil, aujourdhui dune loi en matière commerciale et demain dun Code de Procédure Civile. La voie est ainsi ouverte à la négociation entre nos deux pays dune convention dentraide judiciaire en matière civile et commerciale.
Nos relations économiques enfin. Dans ce domaine, la politique de Doï Moï, de renouveau, engagée par le Vietnam a déjà donné des résultats spectaculaires. Votre pays, Monsieur le Président, est lun de ceux qui, ces dernières années, ont le plus bénéficié du développement des échanges et de la croissance. Approfondir et élargir vos réformes, cest assurer le progrès économique et social que souhaitent tous les Vietnamiens.
Et cest un partenaire engagé qui vous le dit. La France est aujourdhui le deuxième contributeur financier au plan bilatéral et le premier partenaire occidental du Vietnam pour le commerce et les investissements. Les accords signés aujourdhui consolideront encore largement nos relations.
Les entreprises françaises, les grandes comme les petites ou moyennes, qui ont les savoir-faire de la croissance et qui sont prêtes à les partager avec vous, se tiennent naturellement à votre disposition. Jappelle nos responsables économiques, nos chefs dentreprise, nos investisseurs, dont un certain nombre sont ici, aujourd'hui, à poursuivre leurs efforts dans votre pays, à sy engager plus nombreux et à saisir les multiples opportunités offertes par le Vietnam.
La France les y encourage. Et je sais, Monsieur le Président, votre volonté de favoriser la présence et linvestissement étrangers.
Mais, au-delà de nos relations bilatérales, notre dialogue sétend à lAsie, aux relations de l'Asie avec lEurope, et plus généralement au monde.
Depuis longtemps, la France sest faite lavocat le plus ardent de votre pays sur la scène mondiale. Elle a soutenu la signature dun accord de coopération entre le Vietnam et lUnion européenne. Dans les grandes enceintes de négociation comme dans les institutions multilatérales, la France a milité sans relâche pour apporter son soutien à votre pays.
Naturellement, nous nous sommes réjouis de votre adhésion à lASEAN. Comme en Europe il y a quarante ans, les pays de lAsie du Sud-Est, réconciliés, en paix, se sont engagés dans ce grand mouvement dintégration régionale qui parcourt le monde. LASEAN vient de célébrer son 30ème anniversaire. Elle achève son élargissement avec aujourdhui le Laos et la Birmanie, demain je lespère, le Cambodge. Elle saffirme comme un pôle de stabilité, de coopération et de développement. Elle demeurera, malgré les difficultés du moment, un moteur essentiel de la croissance mondiale.
Comme en Europe, la levée des barrières douanières, lharmonisation des règles juridiques et fiscales, la création dun vaste marché signifieront plus de croissance, de prospérité, de richesses et demplois. Comme en Europe, de nouvelles solidarités, une communauté de destins, et c'est là l'essentiel ancreront la sécurité et la paix.
Il y a un an et demi, lAsie orientale et lUnion européenne ont entrepris leur rapprochement. En mars 1996, à Bangkok, un grand Sommet, le premier de lHistoire, à l'initiative de Singapour et de la France, a réuni les chefs dEtat et de gouvernement dEurope et dAsie. Il a jeté les bases dune ambitieuse coopération économique, commerciale et industrielle. Le Vietnam et la France, qui ont joué un rôle majeur dans cette négociation, doivent continuer dagir ensemble pour que notre nouveau partenariat Euro-asiatique tienne toutes ses promesses.
Au moment où votre région traverse dimportantes turbulences économiques et financières, je tiens à réaffirmer ma confiance en lAsie. Les fondements de la croissance demeurent. Ce sont le dynamisme et la capacité de travail et dépargne de vos peuples, et dabord de votre jeunesse. Ce sont chez vous, Monsieur le Président, le talent, le courage, le génie des Vietnamiens, leur détermination à poursuivre leur développement, leur capacité à lever les obstacles à la croissance.
Enfin, Vietnamiens et Français doivent se concerter sur toutes les grandes questions de notre temps.
Nous avons, Monsieur le Président, cette chance dappartenir à la grande famille francophone. Nous pouvons y discuter librement et en confiance des problèmes qui nous tiennent à coeur et nous pouvons ensemble y apporter des solutions.
Espace de dialogue, de tolérance, de solidarité, où se croisent, en se respectant, nos cultures, nos traditions, nos identités respectives, la Francophonie doit désormais saffirmer comme un acteur à part entière des relations internationales. Pour faire valoir dans le monde une certaine idée de lhomme, de sa dignité, de sa richesse.
Dans trois jours, nous aurons élu notre Secrétaire général. Ce moment dHistoire, il est heureux quil se tienne au Vietnam, qui est lun des pères fondateurs de la Francophonie.
Monsieur le Président, le monde change et votre pays change. Depuis quelques années, un nouveau Vietnam se dessine, moderne, ouvert. Un Vietnam dont le développement impressionne. Un Vietnam résolu à occuper toute sa place dans le monde et dabord dans ce Sud-Est asiatique qui se rassemble et qui sorganise. Votre pays, Monsieur le Président, auquel nous rattachent lHistoire, les liens de lesprit et du coeur, une volonté partagée daborder ensemble lavenir.
Cest confiant dans notre amitié, dans notre détermination à être lun pour lautre des partenaires privilégiés, que je voudrais maintenant lever mon verre.
Je le lève, Monsieur le Président, en votre honneur et en lhonneur des hautes personnalités vietnamiennes et françaises qui nous font ce soir lamitié de leur présence.
Je le lève en lhonneur du Vietnam et du peuple vietnamien, notre ami, auquel je souhaite bonheur et prospérité. Je bois à la grande amitié entre le Vietnam et la France.