Texte intégral
Madame la députée, Loire Atlantique (Monique RABIN)
Mesdames et Messieurs en vos qualités respectives,
Je vous remercie pour cette invitation à prendre la parole lors de votre 9ème colloque de formation sur les approches non médicamenteuses. Cette année, vous avez choisi la thématique « de la douleur au bonheur ». Je salue les nombreux professionnels présents pendant ces deux jours.
A travers les thèmes et les interrogations que vous posez, vous prouvez que les questions liées au vieillissement et à la perte d'autonomie ne peuvent être traitées autrement qu'en mettant l'humain au cur de vos métiers et de nos décisions politiques.
Ce n'est ni un slogan, ni une posture. C'est bel et bien une exigence fondamentale. Une exigence première. Car on aura beau soigner le corps, lutter contre les méfaits de l'avancée en âge, si on oublie tout ce qui fait de nous des humains, avec nos ressentis, nos souvenirs, nos attentes, nos envies alors on n'aura pas répondu correctement aux défis du vieillissement.
Nous avons, chacun à notre niveau, une ambition plus haute de ce que nous sommes capables d'inventer et de mettre en place. Nous avons cette ambition commune de mettre les progrès scientifiques et médicaux au service de relations et de soins plus humains.
Pour reprendre une phrase, entendue dans le beau documentaire de Chantal Hébert qui suivra, (« Et guérir de tendresse »), « c'est parce que nous ressentons que nous existons ».
Et ressentir, cela passe d'abord et avant tout par le regard, le toucher, la parole. Ce sont d'ailleurs 3 des 4 piliers de la méthode que vous enseignez aux soignants, aux aidants, aux proches et aux équipes dirigeantes des établissements et services sanitaires, sociaux et médico-sociaux.
Car être bien-traitant, même lorsqu'on le veut, n'est pas toujours si évident. On peut, sous couvert de bonne volonté ou de certitudes héritées, se tromper et faire l'inverse de ce qui était souhaité. Les habitudes professionnelles peuvent parfois être obsolètes.
Vous l'avez bien compris vous qui, depuis près de 10 ans, avez initié l'humanitude, cette méthode basée sur l'humain dans sa globalité. Vous avez réinventé l'approche, en mettant au cur de vos pratiques, la personne âgée, ses besoins, ses attentes, son parcours. En formant les personnels et en développant, de fait, de nouvelles relations quotidiennes, basées sur la parole, le toucher, l'attention.
Remettre la question de l'humain au cur des décisions devenait urgent.
C'est ce que nous avons fait, à travers la loi d'adaptation de la société au vieillissement. Cette loi, adoptée le 28 décembre 2015, nous avons voulu qu'elle soit co-construite et qu'elle reflète la philosophie politique que nous partageons, je veux bien sûr parler de la personne.
C'est pourquoi elle prend en compte toutes les questions liées à l'avancée en âge et à la perte d'autonomie. C'est également pourquoi elle a pour ambition de prévenir, autant que faire se peut, cette perte d'autonomie. Nous n'avons éludé aucune question, nous n'avons exclu aucune population et avons apporté des réponses à la fois collectives et individuelles. De l'habitat aux transports, des soins aux relations intergénérationnelles, de l'extraordinaire travail quotidien des professionnels à l'engagement sans faille des aidants : nous construisons une société plus respectueuse, plus inclusive.
Cette République du Respect, pour qu'elle se matérialise et se pérennise, doit s'appuyer sur chacun d'entre nous, sans exception. Que l'on soit professionnel, citoyen, politique, associatif, particulier nous avons tous ce devoir : considérer nos aînés, partir de leurs besoins, de leurs souhaits et construire une société nouvelle. Je le répète souvent : ce n'est pas aux personnes âgées de s'adapter à notre société. Il appartient, au contraire, à la société dans son ensemble de s'adapter à ses aînés, et plus globalement aux personnes les plus fragiles.
C'est pourquoi la loi d'adaptation de la société au vieillissement s'articule autour de 3 volets complémentaires que sont :
- L'anticipation et la prévention,
- L'adaptation de notre société,
- L'accompagnement de la perte d'autonomie.
Inventer des solutions qui soient à la fois humaines, réalistes et pragmatiques est de notre responsabilité. Cela dans un but : améliorer la qualité de vie des personnes âgées.
Cela se traduit notamment par une revalorisation de l'Allocation personnalisée d'autonomie (APA) et une baisse du reste à charge. Cette mesure doit permettre aux personnes âgées de bénéficier de davantage d'heures d'aide à domicile. Je le disais tout à l'heure : tous les aspects de la vie sont concerné. C'est la raison pour laquelle depuis le 18 octobre, un décret précise que toute personne âgée résidant dans un établissement spécialisé a désormais la possibilité de désigner une personne de confiance (un proche, un membre de sa famille ou son médecin traitant), pour l'aider dans ses décisions et sa vie citoyenne.
L'exercice de la citoyenneté par les individus ne doit souffrir d'aucune parenthèse, et ce à tous les âges.
Améliorer la qualité de vie de nos aînés exige aussi de prendre en compte les proches. Un certain nombre de mesures ont été prises dans ce sens.
Que ce soit la reconnaissance du statut de proche aidant, la mise en place d'un droit au répit ou encore la création du congé de proche aidant (qui entrera en vigueur le 1er janvier 2017). Car, aux côtés des personnes âgées et des professionnels, plusieurs milliers d'aidants sont mobilisés chaque jour. Souvent au détriment de leur propre vie personnelle, professionnelle et sociale. Mais ils sont indispensables, dans cette chaîne bienveillante.
La bientraitance doit englober tous les champs de la vie, toutes les personnes. Que ce soient nos aînés, leurs proches, les professionnels, qui interviennent à domicile ou dans les établissements, les équipes dirigeantes
Je tiens d'ailleurs à saluer votre mobilisation auprès de nos aînés. Votre travail, votre engagement, sont indispensables. Prendre soin, écouter, faire les bons gestes, établir les bons diagnostics et y apporter les réponses les plus adaptées : voilà votre quotidien.
C'est pourquoi je suis contente de remettre aujourd'hui 6 nouveaux labels Humanitude. Cela démontre que notre exigence commune, celle de la bientraitance et de la prise en compte des personnes âgées est en train de se généraliser. C'est une bonne nouvelle. Ensemble, nous réalisons, mine de rien une petite révolution. Celle qui nous permettra de construire collectivement une société plus bienveillante.
Je vous remercie
source http://social-sante.gouv.fr, le 17 novembre 2016