Point de presse conjoint de MM. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, et Jaswant Singh, ministre indien des affaires étrangères, sur le renforcement des relations franco-indiennes, les conséquences des attentats terroristes aux Etats-Unis et la coalition internationale contre le terrorisme, la coopération internationale en matière de sécurité, l'attitude du Pakistan et la question du Cachemire, Paris le 28 septembre 2001.

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Circonstance : Visite en France de M. Jaswant Singh, ministre indien des affaires étrangères, le 28 septembre 2001

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
J'ai reçu avec plaisir mon homologue indien M. Singh pour poursuivre avec lui un dialogue régulier entre la France et l'Inde qui a une très grande importance à nos yeux.
Cela fait plusieurs fois que nous nous rencontrons. Nous avons bien sûr fait le point des relations bilatérales et nous voulons, notamment, accélérer la mise en oeuvre de quatre conventions bilatérales dans le domaine judiciaire, conclues en 1998. Nous avons également parlé d'échanges culturels et d'un projet d'exposition d'art Gupta qui se tiendrait en 2004 mais, compte tenu de la situation, nous avons consacré l'essentiel de notre entretien aux conséquences de la tragédie du 11 septembre. Nous avons examiné cette situation, la solidarité qui a été exprimée très largement dans le monde à l'égard du peuple américain et nous avons fait nos analyses sur tous les aspects de la situation et tous les événements qui peuvent suivre dans les prochaines semaines.
Nos deux pays ont, comme les autres pays des Nations unies, reconnu la légitimité d'une réaction américaine ; c'est l'article 51 de la Charte. Nos deux pays sont très engagés en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, en sachant que cela peut prendre à un certain moment une tournure militaire mais que pour l'essentiel, c'est une lutte dans la durée par toutes sortes d'autres moyens. Aussi bien en ce qui concerne les prochains développements que pour cette lutte dans la durée contre le terrorisme, nous avons décidé d'une part de rester en contact très étroit et d'autre part d'analyser ensemble l'évolution de la situation et les attitudes à adopter. Tout cela dans un contexte de renforcement et de resserrement constant des relations franco-indiennes.
Q - Le Quai d'Orsay vient d'annoncer que vous vous rendez en Tunisie, Algérie et au Maroc. Est-ce que combattre le terrorisme et étudier des mesures avec les trois pays voisins fait partie de ces entretiens ? C'est ma première question. La deuxième : quelle est votre appréciation sur ce qu'a dit le Premier ministre italien et sa déclaration est-elle de nature à consolider la coalition internationale contre le terrorisme ?
R - Je vais lundi et mardi en Tunisie, Algérie et Maroc parce que dans la situation mondiale créée par la tragédie du 11 septembre et ses suites, la France trouve normal d'avoir des consultations politiques avec trois pays qui sont des partenaires, pour nous, extrêmement importants et proches. Nous voulons échanger avec eux nos réflexions sur la situation actuelle et nos réflexions sur ce qui doit être fait dans les temps à venir. Quant à la deuxième question, je reprendrai ce qu'a dit M. Jospin, qu'il n'y a pas de hiérarchie à établir entre les différentes civilisations et cultures.
Q - Après le discours du président Poutine au Bundestag, lors de sa visite ultérieure à Bruxelles pour les pourparlers au sein de l'OTAN, à votre avis, de quelle façon la sécurité européenne peut-elle changer non seulement en Europe mais également en Asie et aussi en général ?
R - C'est une question un peu académique. Nous avons une position très simple. C'est que nous pensons que la sécurité, que ce soit de l'Europe, de l'Asie ou de toute autre région du monde, doit être de plus en plus établie par le dialogue, par la coopération et non pas par des systèmes antagonistes et qu'il faut surmonter tous les vieux clivages par rapport à cela et que les gouvernements dans le monde, de plus en plus nombreux, voient bien qu'ils ne peuvent pas assurer la sécurité selon les méthodes archaïques. Il faut donc plus de coopération internationale.
Q - Je voudrais savoir quelle est votre position sur le rôle du Pakistan dans toute cette affaire. Evidemment, nous savons quelles sont les préoccupations indiennes quant aux activités pakistanaises au Cachemire mais nous avons vu un certain nombres de déclarations européennes selon lesquelles l'Union européenne était satisfaite de la coopération pakistanaise. Faut-il donc s'attendre à ce que le Pakistan redevienne bientôt un allié de l'Europe et que l'on oublie de regarder ce qui se passe au Cachemire ?
R - Je pense que dans la situation actuelle, les Etats-Unis ont évidemment besoin du Pakistan pour un certain nombre de choses précises. Mais cela ne doit pas faire disparaître pour autant les autres problèmes qui peuvent exister par exemple entre le Pakistan et l'Inde, ni d'ailleurs la nécessité de revenir à une situation constitutionnelle plus acceptable et plus démocratique au Pakistan.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 octobre 2001)