Texte intégral
JULIE LECLERC
L'heure de « L'interview vérité », et Thomas, vous recevez ce matin le ministre de l'Intérieur Bruno LE ROUX.
THOMAS SOTTO
Alors que le gouvernement a mis en place un pilotage national quotidien pour éviter les drames dans les rues, alors que le froid arrive. Bonjour Bruno LE ROUX.
BRUNO LE ROUX
Bonjour Thomas SOTTO.
THOMAS SOTTO
Le plus dur est à venir, on annonce une vague de froid majeure à partir de ce soir et de la nuit prochaine, neuf sans-abris sont déjà morts dans la rue depuis le début de l'année. Alors, ce n'est pas lié au froid, mais c'est un constat terrible. Pouvez-vous nous garantir qu'aucun autre sans-abri ne mourra de froid dans nos rues suite à cette vague de froid ?
BRUNO LE ROUX
Je veux en tout cas, et le gouvernement souhaite que tout soit mis en oeuvre pour qu'il n'y ait rien, aucun mort, aucun blessé par grand-froid, et c'est pour cela que le Premier ministre a souhaité que nous activions le plan grand-froid qui va être mis en oeuvre sur tout le territoire et contrôlé de façon permanente tous les jours. Ce matin, à 08h00, il y a eu une première réunion de ce que l'on appelle le COGIC, le COmité de Gestion Interministérielle des Crises, parce qu'avec la ministre du Logement, la ministre de la Santé, je veux être en contact permanent avec les préfets pour savoir quoi mettre en oeuvre, quand les départements seront touchés.
THOMAS SOTTO
Mettre en oeuvre, c'est trouver un lit et de la chaleur pour tout le monde...
BRUNO LE ROUX
Des cas d'urgence.
THOMAS SOTTO
... mais est-ce qu'il y a la place pour tout le monde ?
BRUNO LE ROUX
Oui, il y aura de la place pour tout le monde. Et je demande à nos concitoyens, dès qu'ils verront, dans les prochains jours, des personnes en situation de détresse, des personnes qui resteront dans la rue, de prévenir le 115, de prévenir les pompiers...
THOMAS SOTTO
Vous avez déjà appelé le 115, Bruno LE ROUX ?
BRUNO LE ROUX
Oui, j'ai déjà appelé le 115.
THOMAS SOTTO
Et ils vous ont répondu ?
BRUNO LE ROUX
Eh bien ils m'ont répondu et ils vont être dotés...
THOMAS SOTTO
On ne les met pas en cause, eux, on est bien d'accord.
BRUNO LE ROUX
Non, mais vous avez raison, parce que dans tous ces moments il faut savoir si nous dimensionnons les moyens au risque qui est encouru par notre pays. Nous savons que la vague de froid va être très forte, et donc les moyens...
THOMAS SOTTO
Au mois de décembre, un appel sur deux au 115 qui n'aboutissait pas, qui ne donnait pas de solution de relogement, c'est la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion qui l'a dit.
BRUNO LE ROUX
Oui, mais le Premier ministre a demandé dans le même temps, que toutes les forces de sécurité de notre pays, les policiers, les gendarmes, les sapeurs-pompiers, la Sécurité civile, soient mobilisés. S'il y avait la moindre difficulté à appeler un numéro d'urgence, il faut appeler le 15, il faut appeler pour qu'il y ait une prise en charge, et ensuite, nous organiserons...
THOMAS SOTTO
Donc, si le 115 ne répond pas, vous dites qu'il faut appeler le 15, les urgences.
BRUNO LE ROUX
Il faut, de toute façon, dès qu'une personne est vue comme étant en difficultés ou allant être en difficultés pour cause de froid, il faut prévenir un numéro d'urgence. Le 115 va être dimensionné pour recevoir ces appels, s'il y a les urgences autres et s'il y a des impossibilités à avoir une suite à cet appel, il faut appeler tous les numéros d'urgences.
THOMAS SOTTO
Est-ce qu'il faut ouvrir les halls d'immeubles, Bruno LE ROUX ? Est-ce que les particuliers doivent faire ce geste d'ouvrir les halls d'immeubles ?
BRUNO LE ROUX
Moi, jamais je ne condamnerai la solidarité. La solidarité elle peut s'exercer de multiples façons, mais notre responsabilité c'est de dimensionner les places au niveau national, pour que l'accueil puisse se faire, et nous dimensionnons aujourd'hui, la ministre du Logement a pour chacune de nos agglomérations, en liaisons avec les préfets, des plans d'ouverture supplémentaire de lits. Je rappelle que durant ce quinquennat, c'est 120 000 places d'hébergement d'urgence qui ont été mobilisées.
THOMAS SOTTO
Mais, là encore, la FNARS parle d'un des hivers les plus difficiles sur le front de l'hébergement, avec toujours plus de SDF contraints de dormir dehors, ça date du 5 janvier, ça, il y a dix jours.
BRUNO LE ROUX
Mais c'est bien pour cela que nous n'acceptons pas cette situation, et que dans cette période de froid, ce doit être le moment de la prise de conscience. Prise ce conscience pour ceux qui sont dans la rue, qu'il y a des places d'hébergement d'urgence, qu'il y a des prises en charge qui sont possibles, et donc qu'il faut aller vers ces centres, ne pas attendre d'être obligé, dans bien des cas, je constate que nous avons affaire à une trop grande persuasion pour ceux qui sont dehors, qu'ils souhaitent ne pas rejoindre ces places. Donc, je veux que nous arrivions aujourd'hui, dans un mouvement citoyen et parce qu'il y a cette vague de froid, à convaincre chacun de ceux qui sont en difficultés, qu'il faut se mettre à l'abri.
THOMAS SOTTO
Pourquoi ne pas ouvrir les stations de métro la nuit, alors, au moins quelques-unes ? Il fait chaud dans le métro.
BRUNO LE ROUX
Mais là encore, il y a aujourd'hui des places d'hébergement d'urgence qui sont dimensionnées par rapport à ce que va connaitre notre pays. Et donc c'est dans celle-ci que doit s'organiser la prise en charge et la solidarité.
THOMAS SOTTO
Donc vous, vous dites : il faut surtout téléphoner au 115, aux urgences, et il y a de la place pour tout le monde.
BRUNO LE ROUX
Il ne faut laisser absolument personne dans la rue, à souffrir cette semaine, comme toute autre semaine, et notamment du froid.
THOMAS SOTTO
Est-ce à dire que vous allez demander aux forces de police, aux pompiers, d'emmener de force les sans-abris qui ne souhaiteraient pas aller dans les foyers, qui ne souhaiteraient pas aller au chaud ?
BRUNO LE ROUX
Personne ne devra rester dans la rue, ni sans domicile fixe, ni migrant dans des campements de fortune, personne ne devra rester sur la voie publique.
THOMAS SOTTO
Donc, de gré ou de force, ils iront au chaud.
BRUNO LE ROUX
Pas de force, mais il faut convaincre, et pour convaincre, eh bien il faut, avec les acteurs sociaux qui sont sur le terrain, je demande à ce que l'on amplifie les maraudes durant cette semaine, pour essayer de convaincre qu'il faut se mettre à l'abri, mais la mise à l'abri est une obligation, et c'est vrai que quelque fois, il peut y avoir une forme de contrainte à dire à une personne, qui pense qu'elle sera peut-être plus considérée si elle souffre. Non, ce n'est pas en souffrant plus aujourd'hui, sur notre territoire, et je sais que ceux qui sont dans la rue ont déjà beaucoup souffert.
THOMAS SOTTO
Donc vous assumez plutôt une forme de contrainte, au risque mortel pour un sans-abri.
BRUNO LE ROUX
Mais ce serait une non-assistance que de ne pas obliger, dans cette période de grand froid, quelqu'un qui est sur la voie publique, à se mettre à l'abri, surtout quand les places ont été dimensionnées pour le faire.
THOMAS SOTTO
Toujours à propos de la rue, depuis plusieurs jours il y a une polémique qui prend de l'ampleur : MSF, Médecins Sans Frontières, accuse des policiers de se livrer à du harcèlement et des violences contre les migrants se trouvant dans la rue, ils leur piquent leurs couvertures, disent-ils. Qu'est-ce que vous leur répondez ?
BRUNO LE ROUX
Je connais, je connais le travail des policiers, des gendarmes, des forces de sécurité, ils ne le font jamais dans des périodes très calmes, quand ils interviennent c'est toujours sous tension. Ils respectent totalement, et je leur demande de le faire, et je leur demande de le faire parce que je sais qu'ils les font, les principes de dignité humaine, les principes de respect de la personne, et donc je veux que cela soit le postula de départ. Les forces de sécurité n'interviennent que dans ce domaine-là.
THOMAS SOTTO
En tout cas, il n'y a pas eu de consignes de votre part ?
BRUNO LE ROUX
Mais bien entendu qu'il n'y a aucune consigne, la consigne c'est la mise à l'abri. Et les retours qui m'en sont fait, c'est qu'il y a des problèmes quelquefois, il y a des rixes sur un certain nombre de campements, entre les occupants mêmes...
THOMAS SOTTO
Vous reconnaissez quelques dérapages ou pas, Bruno LE ROUX ?
BRUNO LE ROUX
Je ne reconnais pas de dérapages, je reconnais qu'il y a une situation tendue sur le terrain, qu'il y a souvent des passeurs qui rodent, qu'il y a aujourd'hui des gens qui veulent profiter de ces migrants, qu'il y a des rixes à l'intérieur même de certains groupes et que les policiers interviennent dans les conditions difficiles. Donc je leur dis ma confiance, mais dans le même temps, ils savent que je leur dis la façon dont je veux que scrupuleusement ils respectent, dans toute intervention, le respect de la personne et la dignité humaine.
THOMAS SOTTO
Sinon il y aura des sanctions, s'il y a des abus de la part des policiers ?
BRUNO LE ROUX
Il y a toujours ces choses-là, mais moi pour l'instant, je veux rappeler ces principes, parce que je sais qu'ils sont les principes d'intervention des policiers sur le terrain, dans des circonstances particulièrement difficiles, et c'est pour cela que je n'accepterai non plus aucune mise en cause injustifiée et caricaturale du travail des policiers.
THOMAS SOTTO
Dans quelques minutes, Manuel VALLS sera l'invité des « Lundis de la primaire », sur Europe 1. Samedi, dans « On n'est pas couché », sur France 2, il a parlé de Notre-Dame-des-Landes, il a dit : « Il y a eu un référendum, il y a eu un choix clair, donc l'Etat doit assurer cette autorité et évacuer clairement cette ZAD ». Donc, ma question est simple : Bruno LE ROUX, vous êtes ministre de l'Intérieur, allez-vous oui ou non évacuer la ZAD de Notre-Dame-des-Landes avant la fin du quinquennat ?
BRUNO LE ROUX
Avant la fin, je ne sais pas. A la fin des procédures, de toutes les procédures, qui ont été ouvertes, oui, sans aucun doute, et c'est pour ça que le ministère de l'Intérieur...
THOMAS SOTTO
Mais on n'y est pas encore, là, à la fin des procédures ?
BRUNO LE ROUX
Non, il reste encore... Il y en a eu 169 qui ont été gagnées par l'Etat, une 170ème qui est en cours aujourd'hui. Je pense que nous avons tout intérêt à ce que le camp du droit, à ce que le camp de l'autorité, soit absolument sans faille, le jour où il faudra évacuer cette zone. En tout cas...
THOMAS SOTTO
Ce n'est pas pour demain, en tout cas.
BRUNO LE ROUX
Moi je suis prêt, le travail du ministre de l'Intérieur c'est de veiller à ce que le moment venu, les forces puissent être mobilisées et que le plan soit préparé. Il l'est.
THOMAS SOTTO
Vous avez regardé le débat, vous, hier soir ou vous étiez au spectacle de Michel DRUCKER, comme François HOLLANDE ?
BRUNO LE ROUX
Non, j'inspectais les dispositifs de sécurité hier soir à Nantes, pour l'accueil du match France Norvège de handball, que j'ai ensuite regardé.
THOMAS SOTTO
Ah ! Donc vous vous êtes fait plaisir, vous êtes allé voir un match de hand plutôt que le débat de la primaire.
BRUNO LE ROUX
Une très belle équipe de France. Une très belle équipe de France.
THOMAS SOTTO
Vous êtes toujours vallsiste ou vous êtes tenté comme Ségolène ROYAL et peut-être dit-on comme François HOLLANDE, par le macronisme ?
BRUNO LE ROUX
Oh je l'ai dit une fois et je le répète pour la dernière fois aujourd'hui avant le premier tour de primaire, je soutiens Manuel VALLS de façon résolue.
THOMAS SOTTO
Merci Bruno LE ROUX d'être venue ce matin en direct sur Europe 1, merci, bonne journée à vous.Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 janvier 2017
L'heure de « L'interview vérité », et Thomas, vous recevez ce matin le ministre de l'Intérieur Bruno LE ROUX.
THOMAS SOTTO
Alors que le gouvernement a mis en place un pilotage national quotidien pour éviter les drames dans les rues, alors que le froid arrive. Bonjour Bruno LE ROUX.
BRUNO LE ROUX
Bonjour Thomas SOTTO.
THOMAS SOTTO
Le plus dur est à venir, on annonce une vague de froid majeure à partir de ce soir et de la nuit prochaine, neuf sans-abris sont déjà morts dans la rue depuis le début de l'année. Alors, ce n'est pas lié au froid, mais c'est un constat terrible. Pouvez-vous nous garantir qu'aucun autre sans-abri ne mourra de froid dans nos rues suite à cette vague de froid ?
BRUNO LE ROUX
Je veux en tout cas, et le gouvernement souhaite que tout soit mis en oeuvre pour qu'il n'y ait rien, aucun mort, aucun blessé par grand-froid, et c'est pour cela que le Premier ministre a souhaité que nous activions le plan grand-froid qui va être mis en oeuvre sur tout le territoire et contrôlé de façon permanente tous les jours. Ce matin, à 08h00, il y a eu une première réunion de ce que l'on appelle le COGIC, le COmité de Gestion Interministérielle des Crises, parce qu'avec la ministre du Logement, la ministre de la Santé, je veux être en contact permanent avec les préfets pour savoir quoi mettre en oeuvre, quand les départements seront touchés.
THOMAS SOTTO
Mettre en oeuvre, c'est trouver un lit et de la chaleur pour tout le monde...
BRUNO LE ROUX
Des cas d'urgence.
THOMAS SOTTO
... mais est-ce qu'il y a la place pour tout le monde ?
BRUNO LE ROUX
Oui, il y aura de la place pour tout le monde. Et je demande à nos concitoyens, dès qu'ils verront, dans les prochains jours, des personnes en situation de détresse, des personnes qui resteront dans la rue, de prévenir le 115, de prévenir les pompiers...
THOMAS SOTTO
Vous avez déjà appelé le 115, Bruno LE ROUX ?
BRUNO LE ROUX
Oui, j'ai déjà appelé le 115.
THOMAS SOTTO
Et ils vous ont répondu ?
BRUNO LE ROUX
Eh bien ils m'ont répondu et ils vont être dotés...
THOMAS SOTTO
On ne les met pas en cause, eux, on est bien d'accord.
BRUNO LE ROUX
Non, mais vous avez raison, parce que dans tous ces moments il faut savoir si nous dimensionnons les moyens au risque qui est encouru par notre pays. Nous savons que la vague de froid va être très forte, et donc les moyens...
THOMAS SOTTO
Au mois de décembre, un appel sur deux au 115 qui n'aboutissait pas, qui ne donnait pas de solution de relogement, c'est la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion qui l'a dit.
BRUNO LE ROUX
Oui, mais le Premier ministre a demandé dans le même temps, que toutes les forces de sécurité de notre pays, les policiers, les gendarmes, les sapeurs-pompiers, la Sécurité civile, soient mobilisés. S'il y avait la moindre difficulté à appeler un numéro d'urgence, il faut appeler le 15, il faut appeler pour qu'il y ait une prise en charge, et ensuite, nous organiserons...
THOMAS SOTTO
Donc, si le 115 ne répond pas, vous dites qu'il faut appeler le 15, les urgences.
BRUNO LE ROUX
Il faut, de toute façon, dès qu'une personne est vue comme étant en difficultés ou allant être en difficultés pour cause de froid, il faut prévenir un numéro d'urgence. Le 115 va être dimensionné pour recevoir ces appels, s'il y a les urgences autres et s'il y a des impossibilités à avoir une suite à cet appel, il faut appeler tous les numéros d'urgences.
THOMAS SOTTO
Est-ce qu'il faut ouvrir les halls d'immeubles, Bruno LE ROUX ? Est-ce que les particuliers doivent faire ce geste d'ouvrir les halls d'immeubles ?
BRUNO LE ROUX
Moi, jamais je ne condamnerai la solidarité. La solidarité elle peut s'exercer de multiples façons, mais notre responsabilité c'est de dimensionner les places au niveau national, pour que l'accueil puisse se faire, et nous dimensionnons aujourd'hui, la ministre du Logement a pour chacune de nos agglomérations, en liaisons avec les préfets, des plans d'ouverture supplémentaire de lits. Je rappelle que durant ce quinquennat, c'est 120 000 places d'hébergement d'urgence qui ont été mobilisées.
THOMAS SOTTO
Mais, là encore, la FNARS parle d'un des hivers les plus difficiles sur le front de l'hébergement, avec toujours plus de SDF contraints de dormir dehors, ça date du 5 janvier, ça, il y a dix jours.
BRUNO LE ROUX
Mais c'est bien pour cela que nous n'acceptons pas cette situation, et que dans cette période de froid, ce doit être le moment de la prise de conscience. Prise ce conscience pour ceux qui sont dans la rue, qu'il y a des places d'hébergement d'urgence, qu'il y a des prises en charge qui sont possibles, et donc qu'il faut aller vers ces centres, ne pas attendre d'être obligé, dans bien des cas, je constate que nous avons affaire à une trop grande persuasion pour ceux qui sont dehors, qu'ils souhaitent ne pas rejoindre ces places. Donc, je veux que nous arrivions aujourd'hui, dans un mouvement citoyen et parce qu'il y a cette vague de froid, à convaincre chacun de ceux qui sont en difficultés, qu'il faut se mettre à l'abri.
THOMAS SOTTO
Pourquoi ne pas ouvrir les stations de métro la nuit, alors, au moins quelques-unes ? Il fait chaud dans le métro.
BRUNO LE ROUX
Mais là encore, il y a aujourd'hui des places d'hébergement d'urgence qui sont dimensionnées par rapport à ce que va connaitre notre pays. Et donc c'est dans celle-ci que doit s'organiser la prise en charge et la solidarité.
THOMAS SOTTO
Donc vous, vous dites : il faut surtout téléphoner au 115, aux urgences, et il y a de la place pour tout le monde.
BRUNO LE ROUX
Il ne faut laisser absolument personne dans la rue, à souffrir cette semaine, comme toute autre semaine, et notamment du froid.
THOMAS SOTTO
Est-ce à dire que vous allez demander aux forces de police, aux pompiers, d'emmener de force les sans-abris qui ne souhaiteraient pas aller dans les foyers, qui ne souhaiteraient pas aller au chaud ?
BRUNO LE ROUX
Personne ne devra rester dans la rue, ni sans domicile fixe, ni migrant dans des campements de fortune, personne ne devra rester sur la voie publique.
THOMAS SOTTO
Donc, de gré ou de force, ils iront au chaud.
BRUNO LE ROUX
Pas de force, mais il faut convaincre, et pour convaincre, eh bien il faut, avec les acteurs sociaux qui sont sur le terrain, je demande à ce que l'on amplifie les maraudes durant cette semaine, pour essayer de convaincre qu'il faut se mettre à l'abri, mais la mise à l'abri est une obligation, et c'est vrai que quelque fois, il peut y avoir une forme de contrainte à dire à une personne, qui pense qu'elle sera peut-être plus considérée si elle souffre. Non, ce n'est pas en souffrant plus aujourd'hui, sur notre territoire, et je sais que ceux qui sont dans la rue ont déjà beaucoup souffert.
THOMAS SOTTO
Donc vous assumez plutôt une forme de contrainte, au risque mortel pour un sans-abri.
BRUNO LE ROUX
Mais ce serait une non-assistance que de ne pas obliger, dans cette période de grand froid, quelqu'un qui est sur la voie publique, à se mettre à l'abri, surtout quand les places ont été dimensionnées pour le faire.
THOMAS SOTTO
Toujours à propos de la rue, depuis plusieurs jours il y a une polémique qui prend de l'ampleur : MSF, Médecins Sans Frontières, accuse des policiers de se livrer à du harcèlement et des violences contre les migrants se trouvant dans la rue, ils leur piquent leurs couvertures, disent-ils. Qu'est-ce que vous leur répondez ?
BRUNO LE ROUX
Je connais, je connais le travail des policiers, des gendarmes, des forces de sécurité, ils ne le font jamais dans des périodes très calmes, quand ils interviennent c'est toujours sous tension. Ils respectent totalement, et je leur demande de le faire, et je leur demande de le faire parce que je sais qu'ils les font, les principes de dignité humaine, les principes de respect de la personne, et donc je veux que cela soit le postula de départ. Les forces de sécurité n'interviennent que dans ce domaine-là.
THOMAS SOTTO
En tout cas, il n'y a pas eu de consignes de votre part ?
BRUNO LE ROUX
Mais bien entendu qu'il n'y a aucune consigne, la consigne c'est la mise à l'abri. Et les retours qui m'en sont fait, c'est qu'il y a des problèmes quelquefois, il y a des rixes sur un certain nombre de campements, entre les occupants mêmes...
THOMAS SOTTO
Vous reconnaissez quelques dérapages ou pas, Bruno LE ROUX ?
BRUNO LE ROUX
Je ne reconnais pas de dérapages, je reconnais qu'il y a une situation tendue sur le terrain, qu'il y a souvent des passeurs qui rodent, qu'il y a aujourd'hui des gens qui veulent profiter de ces migrants, qu'il y a des rixes à l'intérieur même de certains groupes et que les policiers interviennent dans les conditions difficiles. Donc je leur dis ma confiance, mais dans le même temps, ils savent que je leur dis la façon dont je veux que scrupuleusement ils respectent, dans toute intervention, le respect de la personne et la dignité humaine.
THOMAS SOTTO
Sinon il y aura des sanctions, s'il y a des abus de la part des policiers ?
BRUNO LE ROUX
Il y a toujours ces choses-là, mais moi pour l'instant, je veux rappeler ces principes, parce que je sais qu'ils sont les principes d'intervention des policiers sur le terrain, dans des circonstances particulièrement difficiles, et c'est pour cela que je n'accepterai non plus aucune mise en cause injustifiée et caricaturale du travail des policiers.
THOMAS SOTTO
Dans quelques minutes, Manuel VALLS sera l'invité des « Lundis de la primaire », sur Europe 1. Samedi, dans « On n'est pas couché », sur France 2, il a parlé de Notre-Dame-des-Landes, il a dit : « Il y a eu un référendum, il y a eu un choix clair, donc l'Etat doit assurer cette autorité et évacuer clairement cette ZAD ». Donc, ma question est simple : Bruno LE ROUX, vous êtes ministre de l'Intérieur, allez-vous oui ou non évacuer la ZAD de Notre-Dame-des-Landes avant la fin du quinquennat ?
BRUNO LE ROUX
Avant la fin, je ne sais pas. A la fin des procédures, de toutes les procédures, qui ont été ouvertes, oui, sans aucun doute, et c'est pour ça que le ministère de l'Intérieur...
THOMAS SOTTO
Mais on n'y est pas encore, là, à la fin des procédures ?
BRUNO LE ROUX
Non, il reste encore... Il y en a eu 169 qui ont été gagnées par l'Etat, une 170ème qui est en cours aujourd'hui. Je pense que nous avons tout intérêt à ce que le camp du droit, à ce que le camp de l'autorité, soit absolument sans faille, le jour où il faudra évacuer cette zone. En tout cas...
THOMAS SOTTO
Ce n'est pas pour demain, en tout cas.
BRUNO LE ROUX
Moi je suis prêt, le travail du ministre de l'Intérieur c'est de veiller à ce que le moment venu, les forces puissent être mobilisées et que le plan soit préparé. Il l'est.
THOMAS SOTTO
Vous avez regardé le débat, vous, hier soir ou vous étiez au spectacle de Michel DRUCKER, comme François HOLLANDE ?
BRUNO LE ROUX
Non, j'inspectais les dispositifs de sécurité hier soir à Nantes, pour l'accueil du match France Norvège de handball, que j'ai ensuite regardé.
THOMAS SOTTO
Ah ! Donc vous vous êtes fait plaisir, vous êtes allé voir un match de hand plutôt que le débat de la primaire.
BRUNO LE ROUX
Une très belle équipe de France. Une très belle équipe de France.
THOMAS SOTTO
Vous êtes toujours vallsiste ou vous êtes tenté comme Ségolène ROYAL et peut-être dit-on comme François HOLLANDE, par le macronisme ?
BRUNO LE ROUX
Oh je l'ai dit une fois et je le répète pour la dernière fois aujourd'hui avant le premier tour de primaire, je soutiens Manuel VALLS de façon résolue.
THOMAS SOTTO
Merci Bruno LE ROUX d'être venue ce matin en direct sur Europe 1, merci, bonne journée à vous.Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 janvier 2017