Texte intégral
ELIZABETH MARTICHOUX
Bonjour Bruno LE ROUX...
BRUNO LE ROUX
Bonjour.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et merci beaucoup d'être dans ce studio de RTL ce matin. Le Canard enchaîné révèle que Pénélope FILLON a été rémunérée pendant huit ans comme attachée parlementaire d'abord de son mari, puis du suppléant de son mari à François FILLON, en tout sur huit ans elle a touché 500.000 euros, il y a confirmé - enfin il a fait confirmer par ses porte-paroles - comme vous savez il n'y a rien d'illégal à cela, à partir de là il n'y a pas d'affaire ?
BRUNO LE ROUX
En tout cas, quand il y a une accusation, il faut qu'il y ait des explications. Donc va-t-on se satisfaire de celles qui ont été donnés, de façon d'ailleurs détournée - sur un cas comme ça ce n'était pas aux porte-paroles de s'exprimer, c'est à celui qui est mis en cause de dire la réalité des choses - moi je ne veux rien ajouter puisque le temps doit être à l'explication sur quelque chose qui forcément apparaît très, très grave aux Français s'il n'y avait pas la réalité d'un véritable travail.
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est-à-dire que vous vous interrogez sur la réalité du travail, est-ce que c'est un emploi fictif ou non, c'est ça la question qui est posée ?
BRUNO LE ROUX
Je ne m'interroge pas, je lis l'article de presse dont il est question...
ELIZABETH MARTICHOUX
Du Canard enchaîné !
BRUNO LE ROUX
Et qui dit lui-même qu'il s'agit d'un emploi fictif et, donc, c'est une accusation grave, particulièrement grave, surtout quand on veut accéder à la plus haute fonction dans notre pays, dans notre République et, donc, le temps n'est pas à une mise en cause supplémentaire sur laquelle je n'ai aucun élément, le temps est à l'explication et François FILLON doit en donner de claires.
ELIZABETH MARTICHOUX
François FILLON doit s'expliquer, vous avez été pendant des années président du groupe socialiste à l'Assemblée, des parlementaires qui rémunèrent leur conjoint ça n'a rien d'exceptionnel, il y e en a d'ailleurs au groupe socialiste ?
BRUNO LE ROUX
Il y en a beaucoup et je pense qu'il devrait y avoir une règle simple dans ce cas de figure qui est que ce ne devrait pas être autorisé, parce que cela peut bien entendu prêter à confusion, cela peut prêter à suspicion, je rappelle que les parlementaires rémunèrent leurs collaborateurs dans une enveloppe - donc ils ne peuvent pas dépasser cette enveloppe - mais c'est eux-mêmes qui fixent le montant des rémunérations à l'intérieur de cette enveloppe, je sais que l'Assemblée nationale a fait d'ailleurs plusieurs fois passer un certain nombre de notes sur les dangers qu'il pouvait y avoir...
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc, il faut interdire aux parlementaires d'employer leur conjoint, en particulier...
BRUNO LE ROUX
Moi je ne suis pas et je n'ai pas à édicter...
ELIZABETH MARTICHOUX
Non, c'est une proposition...
BRUNO LE ROUX
Oui, mais je n'ai pas à édicter d'interdiction, je sais que l'Assemblée nationale et notamment Claude BARTOLONE son président - a déjà fait passer depuis le début de la législature un certain nombre de messages sur les dangers qu'il pouvait y avoir...
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais ça ne serait pas plus clair l'interdiction, vraiment de couper, de faire en sorte...
BRUNO LE ROUX
Mais s'il doit y avoir une interdiction, je laisserai au président de l'Assemblée nationale et aux structures de l'Assemblée nationale...
ELIZABETH MARTICHOUX
Et vous, et vous ?
BRUNO LE ROUX
Moi je pense que c'est plus clair, c'est plus clair qu'il n'y ait pas de conjoint qui travaille avec les députés.
ELIZABETH MARTICHOUX
Une attachée parlementaire peut ne jamais mettre les pieds à l'Assemblée nationale et rester dans sa circonscription ?
BRUNO LE ROUX
Oui ! Oui, oui, oui.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui. Vous avez croisé, vous, Pénélope FILLON à l'Assemblée nationale en tant qu'attachée parlementaire ?
BRUNO LE ROUX
Non, mais je n'ai jamais été véritablement au même étage que François FILLON, vous savez la distribution des bureaux se fait par étage...
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais enfin ça circule beaucoup quand même, il y a beaucoup de couloirs, ça monte et ça descend ?
BRUNO LE ROUX
Oui, mais je ne veux pas... et, si je l'avais rencontrée, j'aurais rencontré qui ? La femme du Premier ministre....
ELIZABETH MARTICHOUX
La femme, oui, oui.
BRUNO LE ROUX
Sa collaboratrice, je ne sais pas quel statut j'aurais pu le donner ? Donc ce n'est pas à moi d'aller plus loin, ni dans la mise en cause, ni dans l'explication, c'est à François FILLON de dire les choses maintenant.
ELIZABETH MARTICHOUX
Qui s'est posé en chantre de l'exemplarité pendant la campagne, ces révélations peuvent changer la donne à votre avis, écorner son image ?
BRUNO LE ROUX
Mais l'exemplarité il faut la voir à la lumière des actes et je note simplement que depuis cinq ans le président de la République, lui, a été à l'abri de toute polémique de cette sorte.
ELIZABETH MARTICHOUX
L'image du Parti socialiste sort, elle, très abîmée du premier tour de la primaire de gauche : cafouillage, tripatouillage, amateurisme par souci d'afficher un bon score de participation, vous regrettez ce qui s'est passé ou non ?
BRUNO LE ROUX
Je regrette le débat, j'observe qu'il n'y a pas de débat sur ces chiffres, j'observe qu'il n'y a pas de contestation des candidats sur la sincérité du scrutin. Mais j'en tire une leçon, c'est que quand on rend compte d'un scrutin il faut le faire avec des totalisations et pas des projections, les projections c'est quand l'on est avant, quand l'on espère, quand l'on décompte, on doit être sûr des totalisations - même si elles sont partielles - plutôt que des projections.
ELIZABETH MARTICHOUX
Qu'est-ce que vous conseillez pour dimanche prochain, il faut absolument éviter que se reproduise ce cafouillage quand même qui jette une ombre quand même sur ce scrutin ?
BRUNO LE ROUX
Pour dimanche prochain, Elizabeth MARTICHOUX, je préconise la participation maximum, c'est-à-dire que ce soit les électeurs qui assurent la réalité...
ELIZABETH MARTICHOUX
Non, mais moi je ne vous parle pas de la participation, c'est l'utilisation des chiffres, en tout cas la publication des chiffres de la participation qui a posé problème.
BRUNO LE ROUX
Mais la publication, je viens une nouvelle fois de vous le dire, il faut faire des totalisations. Moi j'ai une confiance totale dans les militants et les électeurs qui vont se mobiliser dimanche pour tenir les bureaux de vote, ils vont le faire avec grand professionnalisme, et donc il faut que nous fassions honneur à ce qu'ils nous donnent comme temps, à ce qu'ils nous donnent comme énergie et la meilleure façon de leur rendre cela c'est d'avoir une clarté dans l'expression et donc d'annoncer des totalisations et pas des projections.
ELIZABETH MARTICHOUX
Voilà, c'est ce que vous demandez aux organisateurs de la primaire rue de Solferino, c'est eux...
BRUNO LE ROUX
Et c'est ce qu'ils vont faire bien entendu.
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est à eux effectivement de mieux s'organiser. Est-ce que l'élection présidentielle de mai prochain, que vous allez organiser au ministre à l'Intérieur, sera quand même un petit peu justement mieux organisée que la primaire de gauche, on l'espère ?
BRUNO LE ROUX
Ah ! En tout cas je mets, mais Bernard CAZENEUVE l'avait fait avant moi, toutes les énergies qu'il faut en oeuvre pour garantir la sincérité et la bonne organisation du scrutin et, en même temps, le fait qu'ils se tiennent dans les meilleures conditions de sécurité parce que ma responsabilité n'est pas simplement la tenue du vote les quatre fois où il va falloir voter pour les Législatives et les Présidentielles, c'est de faire en sorte que le débat se tienne...
ELIZABETH MARTICHOUX
Ce sera une élection sous l'état d'urgence.
BRUNO LE ROUX
Voilà, se tienne dans les meilleures conditions de sécurité, je m'y attelle chaque jour.
ELIZABETH MARTICHOUX
En attendant, vous soutenez toujours Manuel VALLS...
BRUNO LE ROUX
Toujours.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous voterez pour lui dimanche sans hésiter ?
BRUNO LE ROUX
Mais absolument sans hésitation, parce que...
ELIZABETH MARTICHOUX
Pas du bout des lèvres comme certains de vos collègues ?
BRUNO LE ROUX
Ah ! Non, pas du bout de lèvres, je l'ai soutenu au premier tour, je le soutiendrai au second tour, parce que la seule question que je me poserai dimanche c'est quel est le candidat capable d'être présent dans l'élection présidentielle, de rassembler une gauche qui est encore beaucoup trop éparpillée et d'avoir ensuite la capacité à être président de la République ? Moi je ne pars jamais battu d'avance, le candidat...
ELIZABETH MARTICHOUX
Benoît HAMON n'est pas capable, n'a pas la capacité d'être un président de la République ?
BRUNO LE ROUX
Je ne crois toujours pas que Benoît HAMON soit véritablement candidat à l'élection présidentielle, il incarne un courant d'idées au sein du Parti socialiste - qui est un courant de congrès - là nous sommes sur un vote pour l'élection présidentielle, il faut une force pour l'élection présidentielle, il faut une expérience, il faut une volonté tout simplement d'être au pouvoir et de prendre ses responsabilités.
ELIZABETH MARTICHOUX
Le frondeur HAMON n'a pas cette volonté de gouverner, il y a la volonté de quoi, de gouverner le PS, il n'a pas cette capacité de gouverner ?
BRUNO LE ROUX
Mais, lorsque je regarde ceux qui ont voté au premier tour pour Benoît HAMON, je m'aperçois d'une chose...
ELIZABETH MARTICHOUX
Plus nombreux !
BRUNO LE ROUX
Plus nombreux que Manuel VALLS, mais une partie de ceux qui ont voté Benoît HAMON, ils voteront pour d'autres candidats, ils le disent eux-mêmes, ils sont venus voter Benoît HAMON...
ELIZABETH MARTICHOUX
Ils votent pour rien ? Vous leur dites : « vous votez pour rien ».
BRUNO LE ROUX
Non, je ne dis pas : « vous votez pour rien », je dis que l'électorat... mais comprenons-nous bien, je dis qu'au premier tour de cette primaire un certain nombre d'électeurs de Benoît HAMON ne voteront pas pour lui au premier tour de la Présidentielle, ils sont venus voter à la primaire pour être sur une candidature qui leur apparaissaient celle de la gauche résistante, celle de la gauche qui est plus sur les valeurs que sur l'implication dans le quotidien...
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais la gauche irréaliste...
BRUNO LE ROUX
Dans la réforme...
ELIZABETH MARTICHOUX
La gauche irréaliste ?
BRUNO LE ROUX
Mais vous employez des mots que je n'emploie pas.
ELIZABETH MARTICHOUX
Les mots de Manuel VALLS ici même lundi matin.
BRUNO LE ROUX
Mais laissez-moi les mots qui sont les miens, moi je veux une gauche qui se confronte à la réalité, une gauche ce qui soit dans l'histoire et dans la filiation de François MITTERRAND, de Pierre MAUROY, de Michel ROCARD, de Lionel JOSPIN, de François HOLLANDE et, dans cette filiation de gauche qui prend ses responsabilités, qui prépare l'avenir, je mets aujourd'hui Manuel VALLS comme le successeur de ceux dont je viens de citer le nom.
ELIZABETH MARTICHOUX
Il a raison d'être à l'attaque Manuel VALLS, justement lundi matin il a commencé son offensive et il la poursuit jour après jour, il accuse HAMON d'ambiguïté par exemple sur la laïcité ?
BRUNO LE ROUX
Oh ! Il y a des propos qui peuvent être ambigus, ils s'en expliqueront dans le débat qu'ils vont avoir chacun ce soir, mais il a raison bien entendu Manuel VALLS d'être offensif...
ELIZABETH MARTICHOUX
Il a raison. Mais sur l'ambiguïté, sur la laïcité, est-ce qu'il y a effectivement une tentation d'être indulgent avec les islamistes de la part de Benoît HAMON ?
BRUNO LE ROUX
Non ! Non, non, non, que le débat fasse la lumière sur tout cela. Il y a peut-être des conceptions différentes, ce n'est pas à moi de me mettre à l'intérieur et en juge dans ce débat, par contre ce soir je pense qu'ils s'en expliqueront chacun.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous le regarderez ce débat ?
BRUNO LE ROUX
Je suis dans une réunion, mais je le regarderai, je l'écouterai.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ah ! Pas sûr, pas sûr que vous le regarderez, vous l'écouterez sur RTL c'est bien.
BRUNO LE ROUX
Mais vous savez, Elizabeth MARTICHOUX, vous pouvez comprendre que le ministre de l'Intérieur peut avoir aussi quelques autres sujets d'actualité
ELIZABETH MARTICHOUX
Et on va y venir. Il sera violent, en un mot ?
BRUNO LE ROUX
Le débat ?
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui.
BRUNO LE ROUX
Mais il n'a pas à être violent, il faut qu'il soit clair et qu'il réponde à la seule question : qui de ces deux candidats est capable demain d'être le prochain président de la République ? Pour ma part, je n'ai pas de doute.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous êtes ministre de l'Intérieur, ministre de la Sécurité, Le Parisien révèle ce matin que 15.000 à 16.000 personnes sont enregistrées dans le Fichier des Signalements pour la Prévention de la Radicalisation à caractère Terroriste, FSPRT, vous confirmez ? Et ces personnes, c'est quoi, ce sont des islamiques radicaux ?
BRUNO LE ROUX
Non, ce sont...
ELIZABETH MARTICHOUX
15.000.
BRUNO LE ROUX
Le FSPRT est un fichier de signalements qui nous permet d'assurer un suivi, il y a là-dedans des signalements que l'on appelle actifs, des signalements qui sont en vérification, d'autres qui sont en sommeil...
ELIZABETH MARTICHOUX
Sur 15.000, combien sont vraiment taxés de dangereux ?
BRUNO LE ROUX
Non, non, là vous ne me trouverez pas, parce que la radicalisation ne correspond pas à une case dans laquelle on peut enfermer quelqu'un, c'est quelque chose de compliquée, sur lequel il faut un suivi régulier, ce fichier nous montre que nous nous sommes dotés d'un outil qui nous permet de suivre par des remontées de terrain très précises, département par département, il nous permet de suivre les personnes qui apparaissent à leur entourage ou qui sont signalés comme étant radicalisés.
ELIZABETH MARTICHOUX
Monsieur le Ministre, combien d'attentats ont été évités depuis le début de l'année si c'est le cas ?
BRUNO LE ROUX
Il y a tous les jours ce que je peux appeler des levées de doute et qui permettent à nos services de renseignements de procéder à des vérifications, la situation est tendue vous le savez très bien et la menace est toujours très, très forte, elle n'a pas baissé malgré les reculs de Daesh sur le terrain et il y a toujours fortes menaces, tous les jours nos services s'emploient à lever les doutes et à faire en sorte d'éviter de nouveaux attentats.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc, pas de réponse précise ?
BRUNO LE ROUX
Non, nous y travaillons chaque jour et chaque nuit.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup Bruno LE ROUX...
BRUNO LE ROUX
Merci, merci.
ELIZABETH MARTICHOUX
D'avoir été ce matin dans le studio de RTL.
YVES CALVI
Le ministre de l'Intérieur qui estime que c'est à François FILLON désormais de donner des explications sur le travail de son épouse, qui renouvelle son soutien à Manuel VALLS et qui confirme en tout cas le chiffre de 15 à 16.000 islamistes radicaux perçus et aujourd'hui écoutés comme affichés de personnes à surveiller.Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 janvier 2017