Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bruno LE MAIRE est notre invité, ministre de l'Economie. Bonjour Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être là. GM&S, dans l'Allier, le site de Sept-Fons, c'est un site PSA, qui est bloqué, toujours bloqué. Que dites-vous, là, je sais que vous appelez en direct, et les représentants syndicaux des salariés de GM&S, vous les avez eus, la dernière fois, c'était quand ?
BRUNO LE MAIRE
Oh, je les ai au téléphone très régulièrement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très régulièrement. Que leur dites-vous, là, maintenant à l'instant ?
BRUNO LE MAIRE
Je leur dis : levez le blocage, levez le blocage sur le site PEUGEOT de Sept-Fons, et faites-le tout de suite, il n'y a pas une minute à attendre. C'est votre intérêt, c'est l'intérêt des salariés de GM&S à La Souterraine, et c'est la condition de la reprise du dialogue. Moi, je comprends parfaitement le désarroi des salariés de GM&S qui ont été trimballés d'un repreneur à l'autre pendant des années, je le comprends parfaitement. Je comprends parfaitement la colère de ceux qui se disent : on va perdre notre emploi, mais ce que je ne peux pas accepter, c'est d'entendre dire, comme j'ai entendu un des salariés à la sortie de l'usine de Sept-Fons le dire ce matin, l'Etat ne fait rien, c'est faux. L'Etat fait tout ce qui est possible, je dis bien tout, pour garantir la pérennité du site de GM&S à La Souterraine, dans la Creuse, parce que nous ne pouvons pas accepter que des emplois industriels disparaissent comme ça, tout, nous avons obtenu des investissements de PEUGEOT et de RENAULT, nous avons trouvé un repreneur, nous avons réglé un certain nombre de difficultés techniques. Donc je dis maintenant : levez immédiatement le blocage et retrouvons-nous mardi prochain. Je vous invite tous à une réunion
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez l'organiser ?
BRUNO LE MAIRE
Oui, organiser une réunion avec tous les acteurs qui sont partis à cette discussion sur la reprise de GM&S, les représentants des salariés, bien entendu, le repreneur lui-même, GMD, les donneurs d'ordres
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les donneurs d'ordres ?
BRUNO LE MAIRE
Les représentants des constructeurs, oui, les donneurs d'ordres, PEUGEOT, RENAULT, parce que c'est des commandes de RENAULT et de PEUGEOT que dépend l'avenir du site industriel de GM&S.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'Etat, PEUGEOT, RENAULT, les représentants des salariés, et le repreneur !
BRUNO LE MAIRE
Et le repreneur.
JEAN-JACQUES BOURDIN
GMD
BRUNO LE MAIRE
On se retrouve tous autour de la table, cela fait des jours et des jours que nous travaillons avec Benjamin GRIVEAUX, qui a fait un travail formidable sur ce sujet, nous travaillons depuis des jours, nous ne sommes pas loin d'une solution mais il y a une échéance, mi-juillet, avec la réunion du tribunal de commerce qui va prendre une décision, je souhaite que l'offre
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, le 19 juillet
BRUNO LE MAIRE
Que l'offre du repreneur soit ferme, que les commandes de PEUGEOT et de RENAULT soient confirmées, que les investissements supplémentaires soient confirmés aussi
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais l'offre, c'est 120 emplois sauvé sur 277, c'est ça l'offre aujourd'hui, est-ce qu'on peut en sauver plus ?
BRUNO LE MAIRE
On peut toujours faire mieux. Et ce qui compte, Jean-Jacques BOURDIN, c'est la pérennité du site, et je veux être très clair avec les salariés
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, non, mais on peut toujours faire mieux, ça ne va pas satisfaire les salariés, est-ce qu'on fera mieux ?
BRUNO LE MAIRE
On peut toujours faire mieux, mais je n'ai pas l'habitude de vendre des illusions aux gens. Quand j'étais ministre de l'Agriculture, je n'ai jamais menti aux paysans ce que je pouvais faire et sur ce que je ne pouvais pas faire, je fais les mêmes choses avec les ouvriers, les salariés de GM&S et avec d'ailleurs tous les salariés de France ; nous pouvons sauver le site de La Souterraine, nous en avons la possibilité et nous nous battons avec les constructeurs automobiles pour y arriver depuis des semaines, mais est-ce que tous les emplois seront gardés à La Souterraine ? Je préfère être très clair : non ! Parce que le site ne sera pas compétitif si nous gardons tous les gens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et si les salariés ne lèvent pas le blocus, que se passe-t-il ?
BRUNO LE MAIRE
Le droit de grève, il est constitutionnel en France, le droit de bloquer un site de production, il n'existe pas, donc si les salariés persistent à vouloir bloquer un site de production
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils seront évacués ?
BRUNO LE MAIRE
En contravention avec la loi de la République, eh bien, nous prendrons toutes les décisions nécessaires
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils seront évacués par la force ?
BRUNO LE MAIRE
Nous prendrons toutes les décisions nécessaires pour faire respecter la règle de droit. La règle de droit, elle s'applique sur tout le territoire, on a le droit de manifester, on a le droit de faire grève, on n'a pas le droit de bloquer un site de production. J'ajoute, pour revenir une seconde aux salariés, que tous ceux qui ne pourront pas être gardés dans le site, dont nous garantirons la pérennité, ils feront l'objet d'offres de reclassement, d'offres de formation, sur lesquelles nous travaillons depuis des semaines avec Muriel PENICAUD, pour offrir les meilleures possibilités de reclassement possible. Nous ne laisserons tomber personne
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les salariés qui partiront, qui partent, demandent une prime qui s'ajouterait aux indemnités normales de licenciement, il faut leur accorder cette prime ou pas ?
BRUNO LE MAIRE
Ça, c'est à PEUGEOT et RENAULT de décider, ce n'est pas l'Etat qui fixe les primes
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'est-ce que vous en pensez, mais enfin, vous êtes actionnaire de PEUGEOT, vous êtes actionnaire de RENAULT
BRUNO LE MAIRE
C'est à PEUGEOT et RENAULT de décider. Moi, je considère qu'il y a
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes actionnaire de RENAULT !
BRUNO LE MAIRE
Il y a des primes de départ, il y a des primes de licenciement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, des primes de licenciement
BRUNO LE MAIRE
Qui doivent évidemment être versées
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais dans l'automobile, il y a une tradition aussi, on verse des primes
BRUNO LE MAIRE
Oui, il arrive parfois qu'il y ait, c'est ce qu'on appelle de l'extra légal
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et voilà !
BRUNO LE MAIRE
Eh bien, c'est à PEUGEOT et RENAULT d'évaluer s'il y a lieu
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous leur demandez de verser des primes extra légales ?
BRUNO LE MAIRE
Moi, j'ai relayé la demande des salariés auprès de PEUGEOT et auprès de RENAULT, et c'est à deux de décider. Moi, ma responsabilité, c'est de garantir la pérennité du site, je m'y emploie. C'est de garantir le reclassement des salariés, je m'y emploie, c'est de régler un certain nombre de difficultés techniques sur lesquelles je ne vais pas m'étendre, elles sont réglées ces difficultés. Donc nous ne sommes pas loin d'une solution, j'appelle chacun au sens des responsabilités.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Autre dossier, GENERAL ELECTRIC, le pôle Hydro à Grenoble, 345 emplois sur 800 qui vont être supprimés. L'ex-branche d'ALSTOM, l'ex-branche énergie d'ALSTOM, qui a été rachetée en 2015 par GENERAL ELECTRIC, moi, je me souviens des engagements d'Emmanuel MACRON, vous aussi ?
BRUNO LE MAIRE
Mille emplois qui doivent être préservés sur l'ensemble du territoire
JEAN-JACQUES BOURDIN
On en est à 500.
BRUNO LE MAIRE
Je veillerai à ce que ces engagements soient respectés. Quand une entreprise prend un engagement, qu'elle bénéficie du soutien des pouvoirs publics, en particulier avec des crédits d'impôt comme le CICE, il est légitime que l'Etat veille au respect des engagements des entreprises. GENERAL ELECTRIC a le droit de faire évoluer un site ou un autre, bien entendu, c'est la liberté de toute entreprise, mais elle a l'obligation de tenir ses engagements en termes d'emplois. Mille emplois, c'était l'engagement pris par GENERAL ELECTRIC, je veillerai au respect de cet engagement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Bruno LE MAIRE, le plan climat présenté aujourd'hui par Nicolas HULOT. Emmanuel MACRON s'était engagé à mettre en place une taxe européenne sur les transactions financières. Promesse qui sera tenue ou pas ?
BRUNO LE MAIRE
Il y a un Brexit, je vous vois sourire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh oui ! Mais oui, ça me fait sourire parce que c'était une promesse, moi, je me souviens de cette promesse, vous aussi d'ailleurs, Bruno LE MAIRE ?
BRUNO LE MAIRE
Je me souviens de toutes les promesses, je suis comptable de toutes les promesses du président de la République, toutes. Mais il se trouve que la Grande-Bretagne a décidé de sortir de l'Union européenne, que ça nous donne la possibilité de faire revenir à Paris
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ça, Emmanuel MACRON le savait
BRUNO LE MAIRE
De faire revenir à Paris, en France, des milliers d'emplois, d'entreprises financières, de banques qui, aujourd'hui, sont localisées à Londres, et qui hésitent maintenant à se relocaliser, soit à Paris, soit à Francfort, eh bien, moi, je préfèrerais que ce soit à Paris, parce que c'est plus de richesses pour les Français, et plus d'emplois pour les Français. Donc qu'on réfléchisse à une taxe sur les transactions financière au niveau européen, moi, je veux bien, et je suis prêt à poursuivre cette réflexion
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pas tout de suite.
BRUNO LE MAIRE
Je souhaite juste qu'on tienne compte de ce changement de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Je souhaite que ces décisions soient prises de manière collective, avec les dix Etats qui participent à cette réflexion, parce que c'est trop facile d'avoir un Etat qui dit : eh bien, finalement, nous, on n'est pas favorables à cette taxe, donc on va récupérer les activités, et puis, c'est les Français qui vont partir flamberge au vent, et qui vont perdre des emplois qu'ils pourraient gagner. Donc ça ne peut être fait que collectivement, ça ne peut être fait qu'en tenant compte de la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, et en veillant à ce que les emplois, les investissements soient préservés
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc pas tout de suite. Bruno LE MAIRE, vous avez écouté, comme moi, le discours du Premier ministre, mardi à l'Assemblée nationale, moi, j'ai remarqué
BRUNO LE MAIRE
Attentivement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Attentivement, j'ai remarqué qu'il n'avait pas parlé de la défiscalisation des heures supplémentaires, c'était aussi une promesse d'Emmanuel MACRON, ça a disparu ça.
BRUNO LE MAIRE
Non, ça n'a pas disparu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon ? Ça n'a pas disparu ?
BRUNO LE MAIRE
Non, ça n'a pas disparu, mais ça fait partie des possibilités quand la France aura créé davantage de richesses, moi, j'aimerais juste qu'on réfléchisse aux grands choix politiques qui ont été faits par le président de la République et par le Premier ministre. L'idée est toute simple, c'est que, avant de redistribuer des richesses aux Français, et c'est notre objectif, il faut d'abord en créer. C'est trop facile d'arriver, dès la première année du quinquennat, et de dire : je vais redistribuer et faire des largesses à tout le monde, quitte à creuser un peu plus les déficits et la dépense publique, ce n'est pas le choix qui a été fait, le choix qui a été fait est un choix responsable, c'est d'inscrire sur la durée du quinquennat la réduction d'impôts, la réduction de taxes sur les Français pour que, au bout du quinquennat, il y ait un point de prélèvements obligatoires en moins sur la France, c'est ça l'objectif. Et si, dans le courant du quinquennat, il est possible d'arriver à cette défiscalisation, parce que nous aurons retrouvé de la richesse, parce que nous aurons retrouvé des marges de manoeuvre, nous le ferons.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ce n'est pas abandonné ?
BRUNO LE MAIRE
Non, ça n'est pas abandonné. Je vous le confirme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord, non, mais c'est intéressant parce que
BRUNO LE MAIRE
Ce n'est pas abandonné et ça doit être fait en temps et en heure, j'entends bien les reproches ici ou là : ça ne va pas assez vite, vous devriez tout faire tout de suite, non, il faut faire les choses en faisant attention à maintenir les comptes publics, tout en tenant les promesses faites par le président de la République
JEAN-JACQUES BOURDIN
On sait la difficulté de maintenir les comptes publics, on est bien d'accord, Bruno LE MAIRE, mais on sait aussi les promesses du président de la République, par exemple
BRUNO LE MAIRE
Elles seront toutes respectées
JEAN-JACQUES BOURDIN
La suppression de la taxe d'habitation, par exemple, pour 80 % des Français !
BRUNO LE MAIRE
Mais ce sera fait, Jean-Jacques BOURDIN
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais quand ?
BRUNO LE MAIRE
Ce sera fait, je vais peut-être reprendre des éléments de calendrier qui sont importants, la première des promesses faite par le président de la République, elle est essentielle, c'est que le travail paie davantage, nous allons voter dès cette année la suppression de toutes cotisations salariales sur l'assurance maladie et sur l'assurance chômage pour que le travail paie davantage, pour qu'au bas de la feuille de paie, chaque salarié voit qu'il touche davantage à la fin du mois. Ce sera fait dès cette année, et appliqué dès 2018
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dès 2018 ?
BRUNO LE MAIRE
Nous allons engager dès maintenant la baisse de la taxe d'habitation, nous le ferons
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, mais attendez
BRUNO LE MAIRE
Progressivement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais alors, c'est-à-dire ?
BRUNO LE MAIRE
Nous avons supprimé l'ISF
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez l'engager quand ? Vous allez l'engager quand, dès janvier, la baisse de la taxe d'habitation ou de suppression ?
BRUNO LE MAIRE
Ce sera voté cette année, et je souhaite que ça puisse s'engager le plus vite possible
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire, mais le plus vite possible, ça, c'est comme le fût du canon
BRUNO LE MAIRE
Moi, je vous donne ma position, ensuite, il y a un arbitrage qui sera rendu par le président de la République et par le Premier ministre
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous souhaitez que la taxe d'habitation soit supprimée, enfin, que ça soit enclenché, cette suppression en janvier
BRUNO LE MAIRE
Je pense que commencer à partir de 2019 la suppression de la taxe d'habitation pour y aboutir d'ici la fin du quinquennat, ça me paraît un bon calendrier. Mais c'est au président de la République et au Premier ministre de trancher, même chose sur l'ISF, on nous a beaucoup reproché : vous ne le faites pas assez vite, moi, j'ai plaidé pour qu'on le fasse rapidement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, impôt stupide, disiez-vous !
BRUNO LE MAIRE
Eh bien, c'est bien pour ça que j'ai poussé pour que cet ISF, qui porte sur toutes les valeurs mobilières et immobilières, soit remplacé par un ISF ne pesant que sur les valeurs immobilières, pour favoriser l'investissement, l'audace
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'IFI !
BRUNO LE MAIRE
Et que ce soit appliqué dès 2019.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dès 2019, ce sera en place. Mais je reviens sur la suppression des cotisations salariales, chômage et maladie. Parce que, parallèlement, il y aura cette hausse de la CSG !
BRUNO LE MAIRE
Parce qu'il faut bien financer l'augmentation du pouvoir d'achat des salariés
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais alors la hausse de la CSG, dites-moi, vous étiez contre, archi contre, moi, je me souviens quand vous étiez en campagne
BRUNO LE MAIRE
Bien sûr, mais je l'assume, Jean-Jacques BOURDIN, je l'assume totalement, mais ce qui compte, ce n'est pas les mesures techniques, ce qui compte, c'est l'objectif politique qu'on fixe pour la nation française. Mon objectif politique était que le travail paie davantage, et j'avais pour ça pris un moyen qui était différent, qui était la baisse de la CSG, mais je ne proposai pas de suppression de toutes les cotisations salariales portant sur l'assurance-maladie et l'assurance-chômage. Emmanuel MACRON, lui, a choisi une voie différente pour arriver exactement au même objectif, que le travail paie en France, parce que vous savez comme moi qu'il n'y a rien de plus insupportable pour les Français que de se lever le matin, de prendre sa voiture, de faire garder ses enfants, de rentrer chez soi le soir et de toucher le SMIC, 1.140 euros nets par mois, et se dire qu'on ferait mieux de rester chez soi, à vivre avec des aides sociales. C'est insupportable pour les Français. Donc l'objectif d'Emmanuel MACRON est le même que celui que je défendais pendant la primaire, le travail doit payer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sauf que la hausse de la CSG interviendra très vite, dès janvier prochain, et que la suppression de la taxe d'habitation prendra un peu plus de temps, et pourtant, et pourtant le président de la République
BRUNO LE MAIRE
Mais je me permets de vous couper, Jean-Jacques BOURDIN, la hausse de la CSG n'est pas faite pour financer la baisse de la taxe d'habitation, elle est faite pour financer la suppression des cotisations salariales qui interviendront dès début 2018
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais, je pensais quand même que la suppression de la taxe d'habitation, ça allait compenser en partie la hausse de la CSG ?
BRUNO LE MAIRE
Pour les retraités
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, eh bien, justement, tiens, écoutez ce dialogue !
BRUNO LE MAIRE
Pour les retraités.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ecoutez ce dialogue entre le président de la République et un retraité. Ecoutez et regardez.
EMMANUEL MACRON, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, AU TELEPHONE
En fait, ce qu'on va faire, on va augmenter un peu la CSG, au-dessus de 1.500 euros par personne, on va la monter de 1,7 point. Donc ce n'est pas la mer à boire. On va en même temps supprimer la taxe d'habitation. Ce que j'ai demandé, c'est que l'évolution de la CSG se fasse en même temps que la baisse de la taxe d'habitation pour que vous ne perdiez jamais de pouvoir d'achat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
En même temps que
BRUNO LE MAIRE
La baisse sur la taxe d'habitation sera
JEAN-JACQUES BOURDIN
En même temps ?
BRUNO LE MAIRE
Sera engagée
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ce n'est pas du en même temps, si j'ai bien compris
BRUNO LE MAIRE
Ce n'est pas exactement en même temps, je vous le confirme, mais je pense que l'objectif politique est le bon, et je l'assume totalement, que le travail paie, que nous demandions un effort dont j'ai parfaitement conscience aux retraités, pas à tous les retraités, puisque ceux qui ont une pension inférieure à 1.200 euros ne seront pas concernés. Mais l'objectif, c'est que la France retrouve le goût du travail, sache que le travail va davantage payer, et l'effort qui est demandé à un certain nombre de retraités sera compensé d'ici la fin du quinquennat, pour la plupart des retraités, par la suppression de la taxe d'habitation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bruno LE MAIRE, l'Etat a besoin d'argent, on le sait
BRUNO LE MAIRE
Je vous le confirme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous me le confirmez. J'ai vu la croissance, 1,6 dit la BANQUE DE FRANCE, vous pensez qu'on sera à 1,6 à la fin de l'année ? Mieux que ça ou ?
BRUNO LE MAIRE
Moi, je ne suis pas là pour faire des prévisions, je suis là pour transformer l'économie française pour qu'elle crée davantage de richesses, et j'ai la conviction que nous avons en France tous les atouts pour le faire, et c'est ça la première de mes responsabilités, vous parliez d'impôts, vous parliez de taxes, ce sont des sujets majeurs, mais si nous voulons que ça aille mieux pour les Français, il faut d'abord qu'il y ait une économie qui fonctionne mieux, qui se transforme et qui crée plus d'emplois. C'est ça le premier de mes objectifs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, l'Etat a besoin d'argent, est-ce que vous allez céder des actifs ?
BRUNO LE MAIRE
Mais je ne cède pas des actifs pour renflouer les caisses de l'Etat, oui, je vais céder des actifs, je vous le confirme
JEAN-JACQUES BOURDIN
Lesquels ? Lesquels ?
BRUNO LE MAIRE
Et je vous confirme que je ne vous dirai pas ce matin lesquels parce que sinon, ça s'appellerait un délit d'initié
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ce sont des actifs immobiliers, ce sont des je ne sais pas non ?
BRUNO LE MAIRE
Ce seront des actifs que l'Etat possède dans un certain nombre d'entreprises, qui ne sont pas stratégiques à mes yeux. Et je ne le fais pas pour désendetter l'Etat
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'Etat actionnaire qui va vendre des actions, ses parts
BRUNO LE MAIRE
Qui va vendre certaines de ses participations, mais pourquoi est-ce que je le fais ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais où ? Dans quoi ? Vous ne voulez pas le dire, vous ne pouvez pas le dire ?
BRUNO LE MAIRE
Ce matin, je ne peux pas vous le dire, parce que ce serait un délit d'initié, et je risquerais, vous, de perdre votre poste de journaliste, et moi, mon poste de ministre. Ce qui serait regrettable pour vous comme pour moi. Mais, l'objectif, c'est de trouver des financements à hauteur de dix milliards d'euros pour l'innovation, parce que l'innovation est la clef des emplois de demain.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous vous engagez, cet argent ira à l'innovation ?
BRUNO LE MAIRE
Il doit aller à l'innovation, et notamment, l'innovation de rupture, c'est-à-dire celle qui permettra à la France de rattraper un certain nombre de retards qu'elle a pris dans les révolutions technologiques en cours. Nous avons manqué, il y a une vingtaine d'années, la révolution des logiciels, nous, la France et les pays européens, moyennant quoi, c'est les Etats-Unis qui ont tiré, avec GOOGLE, avec AMAZON, avec FACEBOOK, tout le bénéfice de cette révolution des logiciels, ils ont créé des champions mondiaux qui ont aujourd'hui une puissance phénoménale, eh bien, nous avons la possibilité aujourd'hui, une possibilité historique, de gagner la révolution des données, qui est la nouvelle révolution en cours, qui va ouvrir des champs de créations d'emplois, de technologies, de ré-industrialisation de la France essentiels, simplement, il faut financer ça. Ça coûte cher, et parfois, il faut le financer à perte, parce que l'intelligence artificielle, les données, la maîtrise des données, tout ça n'est pas forcément rentable immédiatement. Et c'est là que le rôle de l'Etat est utile, parce que l'Etat va investir sur le long terme, et va permettre à notre industrie de devenir une industrie conquérante, les dix milliards d'euros de ce fonds d'innovation iront principalement à l'innovation de rupture pour que la France rattrape son retard, prenne à bras le corps ces révolutions technologiques en cours, et devienne en Europe le leader des nouvelles technologies.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bruno LE MAIRE, deux questions, d'abord, Hinkley Point, parce que coût des deux réacteurs, une hausse de 1,845 milliard d'euros, la facture est déjà lourde, on en est à 22,4 milliard d'euros, et encore, ça risque de s'alourdir, ça ne vous inquiète pas, franchement, parce que quand on voit qu'EDF est en péril, 37 milliards d'euros de dettes !
BRUNO LE MAIRE
Vous avez vu que j'ai tapé du poing sur la table, je n'accepte pas ces retards
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, j'ai vu ça, oui
BRUNO LE MAIRE
Je n'accepte pas ces coûts supplémentaires, parce que c'est trop facile de dire : ce n'est pas grave, ça ne coûte qu'un milliard de plus ou deux milliards de plus, sauf que c'est l'argent des Français, et que je suis comptable de l'argent des Français et du bon emploi de l'argent des Français. Je ne suis pas satisfait de ce qui s'est passé sur Hinkley Point. Je l'ai dit au président d'EDF, et je lui ai demandé de prendre des mesures immédiates pour que la situation s'améliore et pour me donner des garanties sur cet investissement qui est fait à Hinkley Point par EDF. De manière plus générale, je souhaite, et j'en ai parlé hier avec la ministre des Transports, que nous regardions plus attentivement la gestion et les équilibres économiques des grandes entreprises publiques, de l'énergie ou du transport, pour garantir que ces entreprises publiques soient gérées de la meilleure façon possible, la plus rentable possible et la plus conforme aux intérêts des Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais attendez, EDF, 37 milliards d'euros de dettes ! La SNCF, 40 combien ?
BRUNO LE MAIRE
C'est ce qui m'amène à penser, Jean-Jacques BOURDIN, 40 milliards, c'est ce qui m'amène
JEAN-JACQUES BOURDIN
44 milliards
BRUNO LE MAIRE
Et encore, ça dépend si on regarde uniquement les voies ferrées ou le transport de voyageurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Exact.
BRUNO LE MAIRE
C'est ce qui m'amène à penser qu'en matière de gestion des entreprises publiques, on peut faire beaucoup mieux et on doit faire beaucoup mieux. On doit aussi préparer
JEAN-JACQUES BOURDIN
Six millions d'euros dépensés pour inaugurer des ça vous paraît excessif ? Vous avez vu ça, la SNCF a dépensé six millions d'euros pour inaugurer les lignes rapides Rennes-Bordeaux !
BRUNO LE MAIRE
C'est très bien qu'on ait des lignes rapides, mais ce qui serait encore mieux, c'est que nous garantissions la bonne gestion des entreprises publiques françaises. Et je suis convaincu, quelle que soit la qualité des dirigeants, qu'on peut faire beaucoup mieux, et dans la grande transformation de l'économie française que je veux porter, il y a la modernisation, il y a le soutien à l'investissement, il y a l'innovation de rupture, il y a la cession d'actifs de l'Etat, qui ne sont pas stratégiques, il y a aussi une meilleure gestion des entreprises publiques, et sachez-le, je serai intraitable sur ce sujet, parce que je suis comptable du bon emploi des deniers publics du contribuable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dernière question politique, vous allez peut-être exclu des Républicains ?
BRUNO LE MAIRE
Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ?
BRUNO LE MAIRE
Non, parce que je suis parti de moi-même.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah, vous êtes parti
BRUNO LE MAIRE
Vous savez, moi, j'avance toujours dans la clarté
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez créer un nouveau parti de droite ?
BRUNO LE MAIRE
Je me suis présenté aux élections législatives sous l'étiquette de la majorité présidentielle, et le choix politique que j'ai fait, je l'ai fait en toute transparence, et il a été validé par le peuple français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous, vous allez créer un nouveau parti de droite ? Vous êtes ministre de droite, vous êtes toujours de droite ?
BRUNO LE MAIRE
Oui, mais je suis ministre tout court, totalement engagé dans son travail de redressement de l'économie française, de transformation de l'économie française, de transformation aussi on n'en a pas parlé de la zone monétaire unique, l'Eurozone, en union économique, capable de rivaliser avec la Chine et avec les Etats-Unis, c'est ça ma seule ambition aujourd'hui, c'est réussir comme ministre au service des Français. C'est ma seule ambition.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Bruno LE MAIRE d'être venu nous voir.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 juillet 2017
Bruno LE MAIRE est notre invité, ministre de l'Economie. Bonjour Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être là. GM&S, dans l'Allier, le site de Sept-Fons, c'est un site PSA, qui est bloqué, toujours bloqué. Que dites-vous, là, je sais que vous appelez en direct, et les représentants syndicaux des salariés de GM&S, vous les avez eus, la dernière fois, c'était quand ?
BRUNO LE MAIRE
Oh, je les ai au téléphone très régulièrement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très régulièrement. Que leur dites-vous, là, maintenant à l'instant ?
BRUNO LE MAIRE
Je leur dis : levez le blocage, levez le blocage sur le site PEUGEOT de Sept-Fons, et faites-le tout de suite, il n'y a pas une minute à attendre. C'est votre intérêt, c'est l'intérêt des salariés de GM&S à La Souterraine, et c'est la condition de la reprise du dialogue. Moi, je comprends parfaitement le désarroi des salariés de GM&S qui ont été trimballés d'un repreneur à l'autre pendant des années, je le comprends parfaitement. Je comprends parfaitement la colère de ceux qui se disent : on va perdre notre emploi, mais ce que je ne peux pas accepter, c'est d'entendre dire, comme j'ai entendu un des salariés à la sortie de l'usine de Sept-Fons le dire ce matin, l'Etat ne fait rien, c'est faux. L'Etat fait tout ce qui est possible, je dis bien tout, pour garantir la pérennité du site de GM&S à La Souterraine, dans la Creuse, parce que nous ne pouvons pas accepter que des emplois industriels disparaissent comme ça, tout, nous avons obtenu des investissements de PEUGEOT et de RENAULT, nous avons trouvé un repreneur, nous avons réglé un certain nombre de difficultés techniques. Donc je dis maintenant : levez immédiatement le blocage et retrouvons-nous mardi prochain. Je vous invite tous à une réunion
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez l'organiser ?
BRUNO LE MAIRE
Oui, organiser une réunion avec tous les acteurs qui sont partis à cette discussion sur la reprise de GM&S, les représentants des salariés, bien entendu, le repreneur lui-même, GMD, les donneurs d'ordres
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les donneurs d'ordres ?
BRUNO LE MAIRE
Les représentants des constructeurs, oui, les donneurs d'ordres, PEUGEOT, RENAULT, parce que c'est des commandes de RENAULT et de PEUGEOT que dépend l'avenir du site industriel de GM&S.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'Etat, PEUGEOT, RENAULT, les représentants des salariés, et le repreneur !
BRUNO LE MAIRE
Et le repreneur.
JEAN-JACQUES BOURDIN
GMD
BRUNO LE MAIRE
On se retrouve tous autour de la table, cela fait des jours et des jours que nous travaillons avec Benjamin GRIVEAUX, qui a fait un travail formidable sur ce sujet, nous travaillons depuis des jours, nous ne sommes pas loin d'une solution mais il y a une échéance, mi-juillet, avec la réunion du tribunal de commerce qui va prendre une décision, je souhaite que l'offre
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, le 19 juillet
BRUNO LE MAIRE
Que l'offre du repreneur soit ferme, que les commandes de PEUGEOT et de RENAULT soient confirmées, que les investissements supplémentaires soient confirmés aussi
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais l'offre, c'est 120 emplois sauvé sur 277, c'est ça l'offre aujourd'hui, est-ce qu'on peut en sauver plus ?
BRUNO LE MAIRE
On peut toujours faire mieux. Et ce qui compte, Jean-Jacques BOURDIN, c'est la pérennité du site, et je veux être très clair avec les salariés
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, non, mais on peut toujours faire mieux, ça ne va pas satisfaire les salariés, est-ce qu'on fera mieux ?
BRUNO LE MAIRE
On peut toujours faire mieux, mais je n'ai pas l'habitude de vendre des illusions aux gens. Quand j'étais ministre de l'Agriculture, je n'ai jamais menti aux paysans ce que je pouvais faire et sur ce que je ne pouvais pas faire, je fais les mêmes choses avec les ouvriers, les salariés de GM&S et avec d'ailleurs tous les salariés de France ; nous pouvons sauver le site de La Souterraine, nous en avons la possibilité et nous nous battons avec les constructeurs automobiles pour y arriver depuis des semaines, mais est-ce que tous les emplois seront gardés à La Souterraine ? Je préfère être très clair : non ! Parce que le site ne sera pas compétitif si nous gardons tous les gens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et si les salariés ne lèvent pas le blocus, que se passe-t-il ?
BRUNO LE MAIRE
Le droit de grève, il est constitutionnel en France, le droit de bloquer un site de production, il n'existe pas, donc si les salariés persistent à vouloir bloquer un site de production
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils seront évacués ?
BRUNO LE MAIRE
En contravention avec la loi de la République, eh bien, nous prendrons toutes les décisions nécessaires
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils seront évacués par la force ?
BRUNO LE MAIRE
Nous prendrons toutes les décisions nécessaires pour faire respecter la règle de droit. La règle de droit, elle s'applique sur tout le territoire, on a le droit de manifester, on a le droit de faire grève, on n'a pas le droit de bloquer un site de production. J'ajoute, pour revenir une seconde aux salariés, que tous ceux qui ne pourront pas être gardés dans le site, dont nous garantirons la pérennité, ils feront l'objet d'offres de reclassement, d'offres de formation, sur lesquelles nous travaillons depuis des semaines avec Muriel PENICAUD, pour offrir les meilleures possibilités de reclassement possible. Nous ne laisserons tomber personne
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les salariés qui partiront, qui partent, demandent une prime qui s'ajouterait aux indemnités normales de licenciement, il faut leur accorder cette prime ou pas ?
BRUNO LE MAIRE
Ça, c'est à PEUGEOT et RENAULT de décider, ce n'est pas l'Etat qui fixe les primes
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'est-ce que vous en pensez, mais enfin, vous êtes actionnaire de PEUGEOT, vous êtes actionnaire de RENAULT
BRUNO LE MAIRE
C'est à PEUGEOT et RENAULT de décider. Moi, je considère qu'il y a
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes actionnaire de RENAULT !
BRUNO LE MAIRE
Il y a des primes de départ, il y a des primes de licenciement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, des primes de licenciement
BRUNO LE MAIRE
Qui doivent évidemment être versées
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais dans l'automobile, il y a une tradition aussi, on verse des primes
BRUNO LE MAIRE
Oui, il arrive parfois qu'il y ait, c'est ce qu'on appelle de l'extra légal
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et voilà !
BRUNO LE MAIRE
Eh bien, c'est à PEUGEOT et RENAULT d'évaluer s'il y a lieu
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous leur demandez de verser des primes extra légales ?
BRUNO LE MAIRE
Moi, j'ai relayé la demande des salariés auprès de PEUGEOT et auprès de RENAULT, et c'est à deux de décider. Moi, ma responsabilité, c'est de garantir la pérennité du site, je m'y emploie. C'est de garantir le reclassement des salariés, je m'y emploie, c'est de régler un certain nombre de difficultés techniques sur lesquelles je ne vais pas m'étendre, elles sont réglées ces difficultés. Donc nous ne sommes pas loin d'une solution, j'appelle chacun au sens des responsabilités.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Autre dossier, GENERAL ELECTRIC, le pôle Hydro à Grenoble, 345 emplois sur 800 qui vont être supprimés. L'ex-branche d'ALSTOM, l'ex-branche énergie d'ALSTOM, qui a été rachetée en 2015 par GENERAL ELECTRIC, moi, je me souviens des engagements d'Emmanuel MACRON, vous aussi ?
BRUNO LE MAIRE
Mille emplois qui doivent être préservés sur l'ensemble du territoire
JEAN-JACQUES BOURDIN
On en est à 500.
BRUNO LE MAIRE
Je veillerai à ce que ces engagements soient respectés. Quand une entreprise prend un engagement, qu'elle bénéficie du soutien des pouvoirs publics, en particulier avec des crédits d'impôt comme le CICE, il est légitime que l'Etat veille au respect des engagements des entreprises. GENERAL ELECTRIC a le droit de faire évoluer un site ou un autre, bien entendu, c'est la liberté de toute entreprise, mais elle a l'obligation de tenir ses engagements en termes d'emplois. Mille emplois, c'était l'engagement pris par GENERAL ELECTRIC, je veillerai au respect de cet engagement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Bruno LE MAIRE, le plan climat présenté aujourd'hui par Nicolas HULOT. Emmanuel MACRON s'était engagé à mettre en place une taxe européenne sur les transactions financières. Promesse qui sera tenue ou pas ?
BRUNO LE MAIRE
Il y a un Brexit, je vous vois sourire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh oui ! Mais oui, ça me fait sourire parce que c'était une promesse, moi, je me souviens de cette promesse, vous aussi d'ailleurs, Bruno LE MAIRE ?
BRUNO LE MAIRE
Je me souviens de toutes les promesses, je suis comptable de toutes les promesses du président de la République, toutes. Mais il se trouve que la Grande-Bretagne a décidé de sortir de l'Union européenne, que ça nous donne la possibilité de faire revenir à Paris
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ça, Emmanuel MACRON le savait
BRUNO LE MAIRE
De faire revenir à Paris, en France, des milliers d'emplois, d'entreprises financières, de banques qui, aujourd'hui, sont localisées à Londres, et qui hésitent maintenant à se relocaliser, soit à Paris, soit à Francfort, eh bien, moi, je préfèrerais que ce soit à Paris, parce que c'est plus de richesses pour les Français, et plus d'emplois pour les Français. Donc qu'on réfléchisse à une taxe sur les transactions financière au niveau européen, moi, je veux bien, et je suis prêt à poursuivre cette réflexion
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pas tout de suite.
BRUNO LE MAIRE
Je souhaite juste qu'on tienne compte de ce changement de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Je souhaite que ces décisions soient prises de manière collective, avec les dix Etats qui participent à cette réflexion, parce que c'est trop facile d'avoir un Etat qui dit : eh bien, finalement, nous, on n'est pas favorables à cette taxe, donc on va récupérer les activités, et puis, c'est les Français qui vont partir flamberge au vent, et qui vont perdre des emplois qu'ils pourraient gagner. Donc ça ne peut être fait que collectivement, ça ne peut être fait qu'en tenant compte de la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, et en veillant à ce que les emplois, les investissements soient préservés
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc pas tout de suite. Bruno LE MAIRE, vous avez écouté, comme moi, le discours du Premier ministre, mardi à l'Assemblée nationale, moi, j'ai remarqué
BRUNO LE MAIRE
Attentivement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Attentivement, j'ai remarqué qu'il n'avait pas parlé de la défiscalisation des heures supplémentaires, c'était aussi une promesse d'Emmanuel MACRON, ça a disparu ça.
BRUNO LE MAIRE
Non, ça n'a pas disparu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon ? Ça n'a pas disparu ?
BRUNO LE MAIRE
Non, ça n'a pas disparu, mais ça fait partie des possibilités quand la France aura créé davantage de richesses, moi, j'aimerais juste qu'on réfléchisse aux grands choix politiques qui ont été faits par le président de la République et par le Premier ministre. L'idée est toute simple, c'est que, avant de redistribuer des richesses aux Français, et c'est notre objectif, il faut d'abord en créer. C'est trop facile d'arriver, dès la première année du quinquennat, et de dire : je vais redistribuer et faire des largesses à tout le monde, quitte à creuser un peu plus les déficits et la dépense publique, ce n'est pas le choix qui a été fait, le choix qui a été fait est un choix responsable, c'est d'inscrire sur la durée du quinquennat la réduction d'impôts, la réduction de taxes sur les Français pour que, au bout du quinquennat, il y ait un point de prélèvements obligatoires en moins sur la France, c'est ça l'objectif. Et si, dans le courant du quinquennat, il est possible d'arriver à cette défiscalisation, parce que nous aurons retrouvé de la richesse, parce que nous aurons retrouvé des marges de manoeuvre, nous le ferons.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ce n'est pas abandonné ?
BRUNO LE MAIRE
Non, ça n'est pas abandonné. Je vous le confirme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord, non, mais c'est intéressant parce que
BRUNO LE MAIRE
Ce n'est pas abandonné et ça doit être fait en temps et en heure, j'entends bien les reproches ici ou là : ça ne va pas assez vite, vous devriez tout faire tout de suite, non, il faut faire les choses en faisant attention à maintenir les comptes publics, tout en tenant les promesses faites par le président de la République
JEAN-JACQUES BOURDIN
On sait la difficulté de maintenir les comptes publics, on est bien d'accord, Bruno LE MAIRE, mais on sait aussi les promesses du président de la République, par exemple
BRUNO LE MAIRE
Elles seront toutes respectées
JEAN-JACQUES BOURDIN
La suppression de la taxe d'habitation, par exemple, pour 80 % des Français !
BRUNO LE MAIRE
Mais ce sera fait, Jean-Jacques BOURDIN
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais quand ?
BRUNO LE MAIRE
Ce sera fait, je vais peut-être reprendre des éléments de calendrier qui sont importants, la première des promesses faite par le président de la République, elle est essentielle, c'est que le travail paie davantage, nous allons voter dès cette année la suppression de toutes cotisations salariales sur l'assurance maladie et sur l'assurance chômage pour que le travail paie davantage, pour qu'au bas de la feuille de paie, chaque salarié voit qu'il touche davantage à la fin du mois. Ce sera fait dès cette année, et appliqué dès 2018
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dès 2018 ?
BRUNO LE MAIRE
Nous allons engager dès maintenant la baisse de la taxe d'habitation, nous le ferons
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, mais attendez
BRUNO LE MAIRE
Progressivement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais alors, c'est-à-dire ?
BRUNO LE MAIRE
Nous avons supprimé l'ISF
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez l'engager quand ? Vous allez l'engager quand, dès janvier, la baisse de la taxe d'habitation ou de suppression ?
BRUNO LE MAIRE
Ce sera voté cette année, et je souhaite que ça puisse s'engager le plus vite possible
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire, mais le plus vite possible, ça, c'est comme le fût du canon
BRUNO LE MAIRE
Moi, je vous donne ma position, ensuite, il y a un arbitrage qui sera rendu par le président de la République et par le Premier ministre
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous souhaitez que la taxe d'habitation soit supprimée, enfin, que ça soit enclenché, cette suppression en janvier
BRUNO LE MAIRE
Je pense que commencer à partir de 2019 la suppression de la taxe d'habitation pour y aboutir d'ici la fin du quinquennat, ça me paraît un bon calendrier. Mais c'est au président de la République et au Premier ministre de trancher, même chose sur l'ISF, on nous a beaucoup reproché : vous ne le faites pas assez vite, moi, j'ai plaidé pour qu'on le fasse rapidement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, impôt stupide, disiez-vous !
BRUNO LE MAIRE
Eh bien, c'est bien pour ça que j'ai poussé pour que cet ISF, qui porte sur toutes les valeurs mobilières et immobilières, soit remplacé par un ISF ne pesant que sur les valeurs immobilières, pour favoriser l'investissement, l'audace
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'IFI !
BRUNO LE MAIRE
Et que ce soit appliqué dès 2019.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dès 2019, ce sera en place. Mais je reviens sur la suppression des cotisations salariales, chômage et maladie. Parce que, parallèlement, il y aura cette hausse de la CSG !
BRUNO LE MAIRE
Parce qu'il faut bien financer l'augmentation du pouvoir d'achat des salariés
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais alors la hausse de la CSG, dites-moi, vous étiez contre, archi contre, moi, je me souviens quand vous étiez en campagne
BRUNO LE MAIRE
Bien sûr, mais je l'assume, Jean-Jacques BOURDIN, je l'assume totalement, mais ce qui compte, ce n'est pas les mesures techniques, ce qui compte, c'est l'objectif politique qu'on fixe pour la nation française. Mon objectif politique était que le travail paie davantage, et j'avais pour ça pris un moyen qui était différent, qui était la baisse de la CSG, mais je ne proposai pas de suppression de toutes les cotisations salariales portant sur l'assurance-maladie et l'assurance-chômage. Emmanuel MACRON, lui, a choisi une voie différente pour arriver exactement au même objectif, que le travail paie en France, parce que vous savez comme moi qu'il n'y a rien de plus insupportable pour les Français que de se lever le matin, de prendre sa voiture, de faire garder ses enfants, de rentrer chez soi le soir et de toucher le SMIC, 1.140 euros nets par mois, et se dire qu'on ferait mieux de rester chez soi, à vivre avec des aides sociales. C'est insupportable pour les Français. Donc l'objectif d'Emmanuel MACRON est le même que celui que je défendais pendant la primaire, le travail doit payer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sauf que la hausse de la CSG interviendra très vite, dès janvier prochain, et que la suppression de la taxe d'habitation prendra un peu plus de temps, et pourtant, et pourtant le président de la République
BRUNO LE MAIRE
Mais je me permets de vous couper, Jean-Jacques BOURDIN, la hausse de la CSG n'est pas faite pour financer la baisse de la taxe d'habitation, elle est faite pour financer la suppression des cotisations salariales qui interviendront dès début 2018
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais, je pensais quand même que la suppression de la taxe d'habitation, ça allait compenser en partie la hausse de la CSG ?
BRUNO LE MAIRE
Pour les retraités
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, eh bien, justement, tiens, écoutez ce dialogue !
BRUNO LE MAIRE
Pour les retraités.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ecoutez ce dialogue entre le président de la République et un retraité. Ecoutez et regardez.
EMMANUEL MACRON, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, AU TELEPHONE
En fait, ce qu'on va faire, on va augmenter un peu la CSG, au-dessus de 1.500 euros par personne, on va la monter de 1,7 point. Donc ce n'est pas la mer à boire. On va en même temps supprimer la taxe d'habitation. Ce que j'ai demandé, c'est que l'évolution de la CSG se fasse en même temps que la baisse de la taxe d'habitation pour que vous ne perdiez jamais de pouvoir d'achat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
En même temps que
BRUNO LE MAIRE
La baisse sur la taxe d'habitation sera
JEAN-JACQUES BOURDIN
En même temps ?
BRUNO LE MAIRE
Sera engagée
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ce n'est pas du en même temps, si j'ai bien compris
BRUNO LE MAIRE
Ce n'est pas exactement en même temps, je vous le confirme, mais je pense que l'objectif politique est le bon, et je l'assume totalement, que le travail paie, que nous demandions un effort dont j'ai parfaitement conscience aux retraités, pas à tous les retraités, puisque ceux qui ont une pension inférieure à 1.200 euros ne seront pas concernés. Mais l'objectif, c'est que la France retrouve le goût du travail, sache que le travail va davantage payer, et l'effort qui est demandé à un certain nombre de retraités sera compensé d'ici la fin du quinquennat, pour la plupart des retraités, par la suppression de la taxe d'habitation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bruno LE MAIRE, l'Etat a besoin d'argent, on le sait
BRUNO LE MAIRE
Je vous le confirme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous me le confirmez. J'ai vu la croissance, 1,6 dit la BANQUE DE FRANCE, vous pensez qu'on sera à 1,6 à la fin de l'année ? Mieux que ça ou ?
BRUNO LE MAIRE
Moi, je ne suis pas là pour faire des prévisions, je suis là pour transformer l'économie française pour qu'elle crée davantage de richesses, et j'ai la conviction que nous avons en France tous les atouts pour le faire, et c'est ça la première de mes responsabilités, vous parliez d'impôts, vous parliez de taxes, ce sont des sujets majeurs, mais si nous voulons que ça aille mieux pour les Français, il faut d'abord qu'il y ait une économie qui fonctionne mieux, qui se transforme et qui crée plus d'emplois. C'est ça le premier de mes objectifs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, l'Etat a besoin d'argent, est-ce que vous allez céder des actifs ?
BRUNO LE MAIRE
Mais je ne cède pas des actifs pour renflouer les caisses de l'Etat, oui, je vais céder des actifs, je vous le confirme
JEAN-JACQUES BOURDIN
Lesquels ? Lesquels ?
BRUNO LE MAIRE
Et je vous confirme que je ne vous dirai pas ce matin lesquels parce que sinon, ça s'appellerait un délit d'initié
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ce sont des actifs immobiliers, ce sont des je ne sais pas non ?
BRUNO LE MAIRE
Ce seront des actifs que l'Etat possède dans un certain nombre d'entreprises, qui ne sont pas stratégiques à mes yeux. Et je ne le fais pas pour désendetter l'Etat
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'Etat actionnaire qui va vendre des actions, ses parts
BRUNO LE MAIRE
Qui va vendre certaines de ses participations, mais pourquoi est-ce que je le fais ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais où ? Dans quoi ? Vous ne voulez pas le dire, vous ne pouvez pas le dire ?
BRUNO LE MAIRE
Ce matin, je ne peux pas vous le dire, parce que ce serait un délit d'initié, et je risquerais, vous, de perdre votre poste de journaliste, et moi, mon poste de ministre. Ce qui serait regrettable pour vous comme pour moi. Mais, l'objectif, c'est de trouver des financements à hauteur de dix milliards d'euros pour l'innovation, parce que l'innovation est la clef des emplois de demain.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous vous engagez, cet argent ira à l'innovation ?
BRUNO LE MAIRE
Il doit aller à l'innovation, et notamment, l'innovation de rupture, c'est-à-dire celle qui permettra à la France de rattraper un certain nombre de retards qu'elle a pris dans les révolutions technologiques en cours. Nous avons manqué, il y a une vingtaine d'années, la révolution des logiciels, nous, la France et les pays européens, moyennant quoi, c'est les Etats-Unis qui ont tiré, avec GOOGLE, avec AMAZON, avec FACEBOOK, tout le bénéfice de cette révolution des logiciels, ils ont créé des champions mondiaux qui ont aujourd'hui une puissance phénoménale, eh bien, nous avons la possibilité aujourd'hui, une possibilité historique, de gagner la révolution des données, qui est la nouvelle révolution en cours, qui va ouvrir des champs de créations d'emplois, de technologies, de ré-industrialisation de la France essentiels, simplement, il faut financer ça. Ça coûte cher, et parfois, il faut le financer à perte, parce que l'intelligence artificielle, les données, la maîtrise des données, tout ça n'est pas forcément rentable immédiatement. Et c'est là que le rôle de l'Etat est utile, parce que l'Etat va investir sur le long terme, et va permettre à notre industrie de devenir une industrie conquérante, les dix milliards d'euros de ce fonds d'innovation iront principalement à l'innovation de rupture pour que la France rattrape son retard, prenne à bras le corps ces révolutions technologiques en cours, et devienne en Europe le leader des nouvelles technologies.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bruno LE MAIRE, deux questions, d'abord, Hinkley Point, parce que coût des deux réacteurs, une hausse de 1,845 milliard d'euros, la facture est déjà lourde, on en est à 22,4 milliard d'euros, et encore, ça risque de s'alourdir, ça ne vous inquiète pas, franchement, parce que quand on voit qu'EDF est en péril, 37 milliards d'euros de dettes !
BRUNO LE MAIRE
Vous avez vu que j'ai tapé du poing sur la table, je n'accepte pas ces retards
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, j'ai vu ça, oui
BRUNO LE MAIRE
Je n'accepte pas ces coûts supplémentaires, parce que c'est trop facile de dire : ce n'est pas grave, ça ne coûte qu'un milliard de plus ou deux milliards de plus, sauf que c'est l'argent des Français, et que je suis comptable de l'argent des Français et du bon emploi de l'argent des Français. Je ne suis pas satisfait de ce qui s'est passé sur Hinkley Point. Je l'ai dit au président d'EDF, et je lui ai demandé de prendre des mesures immédiates pour que la situation s'améliore et pour me donner des garanties sur cet investissement qui est fait à Hinkley Point par EDF. De manière plus générale, je souhaite, et j'en ai parlé hier avec la ministre des Transports, que nous regardions plus attentivement la gestion et les équilibres économiques des grandes entreprises publiques, de l'énergie ou du transport, pour garantir que ces entreprises publiques soient gérées de la meilleure façon possible, la plus rentable possible et la plus conforme aux intérêts des Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais attendez, EDF, 37 milliards d'euros de dettes ! La SNCF, 40 combien ?
BRUNO LE MAIRE
C'est ce qui m'amène à penser, Jean-Jacques BOURDIN, 40 milliards, c'est ce qui m'amène
JEAN-JACQUES BOURDIN
44 milliards
BRUNO LE MAIRE
Et encore, ça dépend si on regarde uniquement les voies ferrées ou le transport de voyageurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Exact.
BRUNO LE MAIRE
C'est ce qui m'amène à penser qu'en matière de gestion des entreprises publiques, on peut faire beaucoup mieux et on doit faire beaucoup mieux. On doit aussi préparer
JEAN-JACQUES BOURDIN
Six millions d'euros dépensés pour inaugurer des ça vous paraît excessif ? Vous avez vu ça, la SNCF a dépensé six millions d'euros pour inaugurer les lignes rapides Rennes-Bordeaux !
BRUNO LE MAIRE
C'est très bien qu'on ait des lignes rapides, mais ce qui serait encore mieux, c'est que nous garantissions la bonne gestion des entreprises publiques françaises. Et je suis convaincu, quelle que soit la qualité des dirigeants, qu'on peut faire beaucoup mieux, et dans la grande transformation de l'économie française que je veux porter, il y a la modernisation, il y a le soutien à l'investissement, il y a l'innovation de rupture, il y a la cession d'actifs de l'Etat, qui ne sont pas stratégiques, il y a aussi une meilleure gestion des entreprises publiques, et sachez-le, je serai intraitable sur ce sujet, parce que je suis comptable du bon emploi des deniers publics du contribuable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dernière question politique, vous allez peut-être exclu des Républicains ?
BRUNO LE MAIRE
Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ?
BRUNO LE MAIRE
Non, parce que je suis parti de moi-même.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah, vous êtes parti
BRUNO LE MAIRE
Vous savez, moi, j'avance toujours dans la clarté
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez créer un nouveau parti de droite ?
BRUNO LE MAIRE
Je me suis présenté aux élections législatives sous l'étiquette de la majorité présidentielle, et le choix politique que j'ai fait, je l'ai fait en toute transparence, et il a été validé par le peuple français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous, vous allez créer un nouveau parti de droite ? Vous êtes ministre de droite, vous êtes toujours de droite ?
BRUNO LE MAIRE
Oui, mais je suis ministre tout court, totalement engagé dans son travail de redressement de l'économie française, de transformation de l'économie française, de transformation aussi on n'en a pas parlé de la zone monétaire unique, l'Eurozone, en union économique, capable de rivaliser avec la Chine et avec les Etats-Unis, c'est ça ma seule ambition aujourd'hui, c'est réussir comme ministre au service des Français. C'est ma seule ambition.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Bruno LE MAIRE d'être venu nous voir.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 juillet 2017